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Essonne: un adolescent de 17 ans meurt poignardé dans une rixe, six suspects interpellés

Un adolescent de 17 ans est décédé lundi des suites de ses blessures après avoir été mortellement poignardé devant le lycée Louis-Armand de Yerres (Essonne) dans un contexte de rixe entre quartiers, a indiqué à l’AFP le procureur de la République d’Évry.Une enquête pour homicide volontaire et violences volontaires en réunion a été ouverte, a précisé Grégoire Dulin, sollicité par l’AFP. Le nombre d’interpellations est passé de quatre à six suspects, a-t-il également précisé. Le jeune homme, originaire du quartier des Hautes-Mardelles de Brunoy (Essonne), a été poignardé aux alentours de 17H00 alors qu’il se trouvait devant le lycée professionnel Louis-Armand de Yerres, où il n’était pas scolarisé, a indiqué le magistrat, confirmant des informations du journal Le Parisien. Le jeune homme est décédé des suites de ses blessures.Selon les premiers éléments de l’enquête, ce décès intervient dans un contexte d’affrontement entre bandes rivales.Contacté par l’AFP, le maire de Yerres Olivier Clodong s’est dit “effondré” par ce drame qui survient alors que les deux communes essoniennes faisaient face à une “montée en puissance des invectives” entre bandes rivales.Selon lui, plusieurs bagarres opposant des jeunes issues des deux communes auraient eu lieu ces derniers jours.La dernière d’entre elles, qui opposait “une quinzaine” de jeunes, “aurait débuté dans un bus” avant de s’achever mortellement devant le lycée.L’élu a souhaité lancer “un cri d’alarme” après ce drame “inhabituel” dans cette commune “très sûre” de l’Essonne, exhortant les jeunes “à ce qu’il n’y ait pas de match retour”. – “Un acte de plus” -Interrogé sur BFMTV, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a quant à lui pointé du doigt “un ensauvagement des mineurs” et une politique pénale “trop laxiste” les concernant.”Un mineur peut aussi être un individu dangereux. Il n’y a pas de prévention s’il n’y a pas de sanction”, a-t-il insisté.”C’est un acte de plus, un acte de trop, d’une extrême violence qui traduit la montée de la violence des rixes entre bandes, la montée de la violence dans notre pays, de plus en plus forte, de plus en plus précoce, présente chez de plus en plus de mineurs”, a quant à lui martelé sur BFMTV le président du groupe UDR à l’Assemblée nationale, Éric Ciotti.Une réunion était en cours lundi en début de soirée à la préfecture de l’Essonne entre maires du département et services de police et de gendarmerie sur la question des rixes, a-t-on appris auprès de la préfecture, confirmant une information de BFMTV.”La semaine dernière ça s’est pas mal agité sur les rixes, notamment sur ce secteur là, à Brunoy… On a voulu monter une réunion pour remobiliser un peu tout le monde”, a indiqué à l’AFP la préfète de l’Essonne Frédérique Camilleri.”Je les ai informés qu’on avait engagé des CRS pour +saturer+ le terrain” après l’annonce de la mort de l’adolescent. “Je vais engager des moyens pour les jours qui viennent”, a-t-elle précisé.Selon le maire de Yerres, il s’agit de la CRS 8, unité spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines.Le département de l’Essonne, territoire comptant 1,3 million d’habitants dans le sud de l’ÃŽle-de-France, est régulièrement le théâtre d’affrontements entre bandes de jeunes adolescents venus de quartiers rivaux.Un quart des rixes recensées en France ont en effet lieu dans ce département, avaient noté des responsables politiques lors d’une conférence sur le sujet il y a quelques mois.

Première journée sous tension au procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles

Doigt pointé vers les plaignantes, accusation de complot, multiples demandes procédurales: au procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d’un tournage, la première journée d’audience a été marquée par les nombreuses attaques de la défense de l’acteur envers les parties civiles. L’acteur de 76 ans, le plus connu à avoir été rattrapé par la vague #Metoo en France, n’a pas fait de déclaration et n’a pas eu un regard pour les nombreuses caméras présentes à son arrivée au tribunal.Vêtu d’une chemise et d’une veste noires, Gérard Depardieu s’est assis sur un tabouret face au tribunal. A la demande du président, il s’est avancé tout doucement à la barre pour décliner son identité, en grimaçant de douleur.Plusieurs de ses proches ont pris place sur un banc derrière lui: sa fille, Roxane Depardieu, vêtue d’un sweat noir recouvert de l’inscription “fuck you”, à ses côtés sa mère Karine Silla, et l’acteur Vincent Perez. Citée comme témoin par la défense, la comédienne Fanny Ardant a dû elle quitter la salle.De l’autre côté de la travée centrale, les deux plaignantes, Amélie, 54 ans, cheveux blonds et pull beige, et Sarah (prénom modifié), 34 ans, cheveux longs bruns et veste bleu marine, sont assises au premier rang. La décoratrice et l’assistante réalisatrice sur le film “Les Volets verts” de Jean Becker, accusent Gérard Depardieu d’agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes lors du tournage.Le procès, qui devait initialement se tenir à l’automne, avait été renvoyé, la défense invoquant des raisons médicales.- “Méthodes staliniennes” -Le prévenu a depuis été déclaré apte à comparaître par un médecin expert qui a demandé des aménagements. Le président a donc expliqué que les audiences ne devraient pas excéder six heures avec une collation pour M. Depardieu après trois heures, un accès privé à des toilettes et la possibilité de contrôler sa glycémie.Prenant la parole en premier, l’avocat de Gérard Depardieu a longuement plaidé la nullité de la procédure, dénonçant une “enquête de police bâclée” ou encore “des méthodes staliniennes” de la part du parquet.Élevant la voix à de nombreuses reprises, Me Jérémie Assous a pointé du doigt les plaignantes mais aussi les journalistes, dénonçant pour finir un complot auquel la police aurait également pris part, selon lui afin de “faire tomber un monstre sacré”.”Tout ce que la défense cherche, c’est à gagner du temps pour qu’on ne puisse pas aborder le fonds du dossier”, a rétorqué, en colère, Me Carine Durrieu-Diebolt, conseil d’Amélie.Même mécontentement du côté des parties civiles lorsque Me Assous a déposé des demandes d’actes sans en avoir informé leurs avocates. Et Anouk Grinberg de protester dans le public, révoltée par la méthode de la défense, avant d’être expulsée de la salle. L’actrice, présente sur le tournage du film “Les volets Verts”, avait dénoncé auprès de l’AFP le comportement de Gérard Depardieu.Sous le regard du prévenu qui s’est régulièrement retourné vers elles, Amélie et Sarah ont également à plusieurs reprises montré leur impatience.- “Attrapée avec brutalité” -Dans son récit au site d’investigation Mediapart, Amélie, la décoratrice, expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé, lors d’une conversation, qu’il voulait un “ventilateur”, car il ne pouvait “même plus bander” avec cette chaleur, puis il aurait assuré pouvoir “faire jouir les femmes sans les toucher”.Une heure plus tard, il l’aurait “attrapée avec brutalité” et l’aurait “bloquée en refermant ses jambes sur (elle) comme un crabe”, puis lui aurait “pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à (ses) seins”, assure-t-elle. Il lui aurait également tenu des “propos obscènes”.Assistante réalisatrice sur ce même film, Sarah accuse Gérard Depardieu de lui avoir touché à deux reprises “la poitrine et les fesses” en août 2021, d’après Mediapart.Figure du cinéma français connue dans le monde entier, Gérard Depardieu a été accusé de comportements identiques par une vingtaine de femmes mais plusieurs procédures ont été classées pour cause de prescription des faits.En août dernier, le parquet de Paris a requis un procès pour viols et agressions sexuelles à l’encontre de l’acteur, après une plainte de la comédienne Charlotte Arnoult en 2018. Un juge d’instruction doit encore décider de l’issue du dossier.”Jamais, au grand jamais je n’ai abusé d’une femme”, avait assuré l’acteur dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro en octobre 2023.L’audience reprendra mardi matin et devrait se poursuivre au moins mercredi.cbr-al-str-mep/cal/dsa

Au procès du féminicide de Chahinez Daoud, brûlée vive, l’accusé crie au complot

Quatre ans après le féminicide retentissant de Chahinez Daoud, brûlée vive à Mérignac en Gironde, le procès de son ex-mari pour assassinat s’est ouvert lundi à Bordeaux, l’accusé se décrivant comme un “gentleman” et se disant victime d’un complot ourdi pour le “détruire”.Mounir Boutaa, 48 ans aujourd’hui, est jugé jusqu’à vendredi devant la cour d’assises de la Gironde pour avoir tué, en mai 2021, son épouse qui cherchait à le quitter après avoir déposé plusieurs plaintes pour violences. Il est accusé de lui avoir tiré une balle dans chaque jambe, d’avoir aspergé son corps d’essence et mis le feu avec un briquet, après avoir surveillé depuis l’aube la victime, âgée de 31 ans.L’ouvrier maçon franco-algérien était sorti de prison fin 2020 après une condamnation pour des faits de strangulation et de menace avec un couteau sur son épouse.Il avait interdiction d’entrer en contact avec Chahinez Daoud, qu’il avait connue en Algérie en 2015. Mais leur vie commune avait repris jusqu’en mars 2021, cette mère de trois enfants, dont deux issus d’une première union, déposant alors une nouvelle plainte.Mais celle-ci fut mal enregistrée par un policier qui venait lui-même d’être condamné pour violences conjugales, parmi une série de “défaillances” pointées ultérieurement par une enquête administrative.- “Des pros” -Devant la cour lundi, Mounir Boutaa s’est dit victime d’un complot ourdi par “des pros” venus d’Algérie, une “association de malfaiteurs (…) réunis pour me voler, pour me détruire”.”Ce sont des propos qu’il a toujours tenus” au cours de l’instruction, a commenté Me Elena Badescu, l’une de ses avocates. “Il pense exactement ce qu’il a dit à la cour.”Mounir Boutaa a aussi accusé Chahinez “d’avoir eu un plan diabolique” à son encontre. “Elle cherchait à m’empoisonner”, a-t-il dit, demandant aux magistrats “pourquoi son amant n’est pas présent ici ?”. Au début de l’enquête, il avait déclaré avoir voulu “punir” son épouse, sans la tuer, persuadé qu’elle lui était infidèle.Il est “dans la continuité de son positionnement durant l’instruction”, a estimé Me Julien Plouton, avocat de la famille Daoud, reprochant à l’accusé d'”inverser les rôles” et d'”imaginer des complots”.Depuis le box, à la présidente qui lui demandait s’il se considérait comme “violent”, l’accusé a répondu: “non”, se décrivant comme un “gentleman”, “gentil” mais parfois “têtu”.Devenant nerveux au fil des échanges, il s’est dit “strictement innocent” des violences conjugales ayant précédé les faits, dénonçant des “mensonges” motivés “par l’argent”.- “Défaillances” -La mère de la victime a passé les premières heures du procès sans regarder l’accusé. “Je ne peux pas voir l’assassin devant moi”, avait-elle dit en amont.Après la mort de Chahinez, ses deux parents sont venus en Gironde s’occuper de leurs trois petits-enfants, âgés aujourd’hui de 16, 11 et huit ans.Pour eux, “l’enjeu de ce procès, c’est qu’on s’attache au parcours de cet homme et à ce qu’a vécu Chahinez avant”, a souligné Me Plouton, décrivant une situation “d’emprise”, de “contrôle coercitif”.Chahinez Daoud n’avait pas de téléphone grave danger et son conjoint ne s’était pas vu attribuer de bracelet anti-rapprochement à sa remise en liberté.Une inspection diligentée sur le suivi de ce mari violent et récidiviste, en 2021, avait relevé une série de “défaillances”, tandis qu’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pointait fautes et erreurs d’appréciation. Cinq policiers ont été sanctionnés.L’affaire a conduit le ministère de l’Intérieur à préconiser une révocation automatique des policiers et gendarmes condamnés définitivement pour certains faits, dont les violences intrafamiliales.Une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées devant le palais de justice pour l’ouverture du procès.”On dénonce surtout les pouvoirs publics, l’État qui ne fait pas son travail par manque de moyens financiers et par manque aussi de moyens humains, surtout au niveau de la police qui ne protège pas les femmes”, a déclaré une manifestante sous couvert d’anonymat.Parallèlement au dossier pénal, la famille de la victime a lancé une procédure pour “faute lourde” contre l’État.

Évasion d’Amra: plus d’une vingtaine de nouvelles interpellations, le rappeur Koba LaD en garde à vue

Un total de 24 nouvelles personnes, dont le rappeur Koba LaD, ont été placées en garde à vue lundi dans le cadre de l’enquête sur l’évasion sanglante en mai 2024 du narcotrafiquant Mohamed Amra et de sa cavale de neuf mois, jusqu’à son arrestation fin février en Roumanie.Le parquet de Paris a confirmé à l’AFP que 22 nouvelles gardes à vue étaient en cours depuis lundi matin, dont le rappeur Koba LaD, et précisé que deux personnes ont été interpellées en Allemagne, à la demande des juges d’instruction de Juridiction nationale chargée des affaires de criminalité organisée (Junalco).Confirmant une information de franceinfo, deux sources proches du dossier ont indiqué un peu plus tôt à l’AFP que le rappeur Koba LaD, actuellement incarcéré, avait été extrait de sa cellule et placé en garde à vue lundi. Son avocat n’a pas souhaité s’exprimer.De son vrai nom Marcel Junior Loutarila, Koba LaD est actuellement en détention provisoire en attendant d’être jugé pour homicide involontaire aggravé, quatre mois après la mort d’un de ses passagers dans un accident de voiture en septembre 2024 à Créteil.En janvier, il a été condamné à 15 mois d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de Melun (Seine-et-Marne) pour des violences commises en 2022 sur son manager historique, que le musicien accuse de l’avoir escroqué.Jusqu’à présent, 27 personnes, plus Mohamed Amra, ont été mises en examen. Elles ont pour la plupart été placées en détention provisoire, à l’isolement.Dans cette enquête “hors normes” menée par la police judiciaire, les chefs de mise en examen – meurtres, tentatives de meurtre, évasion, le tout en bande organisée, et association de malfaiteurs – font encourir la réclusion criminelle à perpétuité “pour les plus élevés d’entre eux”, avait détaillé en conférence de presse le 7 mars la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.- “Dimensions tentaculaires” -Parmi les mis en examen figurent des membres présumés du commando qui a attaqué, à la voiture-bélier et aux fusils d’assaut, un fourgon pénitentiaire véhiculant  Mohamed Amra lors d’un transfèrement, au péage d’Incarville (Eure), tuant deux agents pénitentiaires et en blessant trois le 14 mai 2024.Outre Amra, six personnes sont suspectées d’avoir fait partie du commando: deux guetteurs – dont l’un a aussi conduit un véhicule – deux autres conducteurs de véhicule et deux passagers.Parmi eux, Fernando D., 32 ans, surnommé “Abe”, interpellé fin février dans une luxueuse villa dotée d’un important dispositif de sécurité à Mijas, dans la province de Malaga (sud de l’Espagne), puis remis à la justice française, et placé en détention provisoire.Mais aussi des personnes semblant avoir un rôle plus secondaire: aide à la préparation d’autres tentatives d’évasion d’Amra, à son évasion effective le 14 mai (vol de véhicules par exemple), à sa fuite (location d’appartements, etc.) ou à la fuite des autres membres du commando.A également été mis en examen Saïd Agouni, déjà condamné pour l’attaque d’un fourgon blindé en 2011 en compagnie du braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd.Deux autres suspects dans ce dossier aux “dimensions tentaculaires” sont “en attente d’extradition” du Maroc, avait aussi précisé Mme Beccuau et un autre “fait l’objet d’une notice Interpol”.En visite à Rabat le 10 mars, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a dit espérer que les deux suspects arrêtés au Maroc soient extradés “dans les prochains jours”.Interrogés sur l’implication éventuelle de membres de la “Black Manjak Family”, présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants avec de possibles liens avec Koba LaD, le directeur national de la police judiciaire, Christian Sainte, avait simplement indiqué le 7 mars que certains suspects avaient “des liens de proximité” entre eux.Selon une source proche du dossier, un “certain nombre de suspects appartiennent” à la “BMF”, qui serait d’abord une “sorte de label, un signe de reconnaissance autour de Koba LaD”.Mohamed Amra est, depuis sa remise à la justice française fin février, incarcéré à l’isolement dans la prison ultra sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).

Le voyage de Yoko, le chimpanzé solitaire de Colombie, envoyé au Brésil pour retrouver des congénères

Il peint, mange avec des couverts, regarde la télé… mais il est seul depuis deux ans : Yoko, dernier chimpanzé captif de Colombie, a pris l’avion pour le Brésil où il retrouvera des compagnons de son espèce dans un sanctuaire pour primates.Yoko, 38 ans, pesant 60 kg et presque édenté en raison des mauvais soins qu’il a reçus après avoir été acheté au marché noir, a été transféré à Sorocaba, dans l’État de Sao Paulo au Brésil, le plus grand sanctuaire de grands primates d’Amérique latine, qui abrite 250 animaux. L’AFP l’a accompagné dimanche lors de l’un des deux vols de ce voyage, baptisé “Opération Arche de Noé”, qu’il a effectué dans une caisse, en compagnie d’un vétérinaire inquiet de sa future intégration. Joueur, amateur de sucreries et auteur de dessins aux crayons de couleur sur papier et toile, Yoko n’a plus vu d’individus de son espèce depuis près de deux ans. Acquis illégalement par un narcotrafiquant, Yoko avait été repris par la police en 2017 et placé dans le Bioparc Ukumarí, à Pereira (centre-ouest de la Colombie).En 2023, Ses seuls congénères encore en captivité en Colombie, Chita et Pancho, une femelle et un mâle, se sont échappés de ce zoo et ont été tués par les forces de sécurité en raison du risque qu’ils représentaient pour les communautés voisines. Cet événement a suscité des protestations de la part des défenseurs des droits des animaux. Élevé comme un humain, habitué à regarder la télévision, Yoko avait des difficultés à socialiser avec les autres chimpanzés, selon ses gardiens.Cependant, il entretenait une relation étroite avec Chita, si bien qu’il a perdu son lien avec sa propre espèce après la mort de cette dernière.Le chimpanzé est considéré comme une espèce “en danger” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).- Socialisation difficile -Les autorités ont décidé de transférer Yoko à Sorocaba, au Brésil. Ses soigneurs croisent les doigts pour qu’il soit accepté par les autres primates et qu’il pourra interagir avec eux.”C’est un chimpanzé très humanisé, son degré de domestication est très élevé (…) il se comporte comme un enfant, ce qui ne devrait pas être le cas, il devrait se comporter comme un chimpanzé”, explique son vétérinaire, Javier Guerrero. Par excentricité, les mafieux colombiens ont acquis toutes sortes d’animaux exotiques comme animaux de compagnie ou pour entretenir leurs propres zoos. Privé de son habitat naturel, Yoko adore le poulet et les fruits sucrés comme les bananes, les mangues et les raisins. Nourri avec des aliments de fast-food qui lui ont causé des problèmes dentaires, il n’a plus que quatre dents. On lui a aussi appris à fumer et on l’habillait avec des vêtements de luxe, qui ont provoqué des problèmes de peau et une perte partielle de son pelage. Dans la nature, cette espèce originaire d’Afrique vit entre 40 et 45 ans et peut atteindre 60 ans sous soins professionnels. N’ayant pas été en contact avec d’autres chimpanzés dans ses premières années, Yoko a développé des comportements et des modes de communication différents.- “Pleurer” -“On lui a refusé la possibilité d’être un chimpanzé et de grandir avec sa famille”, déplore l’auxiliaire vétérinaire Alejandra Marin. Le transfert à Sorocaba, où vivent plus de 40 chimpanzés, clôt le chapitre douloureux de la mort de Chita et Pancho. “Pour moi, ça a été une douleur horrible (…) au point de me faire pleurer”, se souvient Silvana Rodríguez, une médecin qui, comme des centaines de visiteurs, a fait ses adieux à Yoko samedi derrière une vitre au Bioparc d’Ukumari. D’après l’ONG internationale Projet Grand Singe, la Colombie devient ainsi le premier pays au monde à volontairement ne plus détenir aucun grand primate en captivité. “Le départ de Yoko est profondément symbolique (…) aucune de ces espèces n’est endémique (…) et elles n’ont pas leur place dans le pays”, affirme Andrea Padilla, une sénatrice écologiste qui a facilité son transfert. Reste à savoir si son intégration au Brésil sera un succès. César Gómez, biologiste coordinateur de la condition animale au Bioparc Ukumarí, espère que Yoko trouvera à Sorocaba des chimpanzés compatibles avec son comportement.”Yoko est un individu qui, au sens strict, n’est pas un chimpanzé (…) c’est un animal qui s’identifie beaucoup plus aux humains”, explique-t-il. “Pour donner un exemple, un sourire est un signe positif pour nous, mais pour les chimpanzés, c’est un signe négatif, et ce genre de signaux de communication, Yoko ne les comprend pas”, conclut-il.

Nancy: accusés de viols sur des enfants, l’un reconnaît, l’autre nie

L’un reconnait, l’autre nie : les deux hommes rejugés en appel à Nancy depuis lundi dans une affaire de pédocriminalité sur six enfants, après avoir été condamnés à 20 ans de réclusion en première instance, ont choisi des stratégies de défense opposées.Questionné, Denis A., Mosellan de 45 ans, a reconnu la plupart des faits qui lui sont reproché : agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, corruption de mineurs et détention d’images pédopornographiques. Il a cependant nié les accusations de viol, faits qu’il aurait commis sur une mineure et pour lesquels il avait été acquitté en première instance. Durant l’examen de sa personnalité, Denis A. s’est décrit comme “quelqu’un de serviable, attiré par les gens en détresse”. En prison, il dit être “là pour aider” ces derniers. “Ceux qui vont mal, ce sont ceux qui n’assument pas leur culpabilité, alors je les aide à accepter la leur comme j’ai accepté la mienne”.Brice M., Gardois de 40 ans, a nié au contraire tous les viols sur mineur pour lesquels il est accusé.Un huis clos partiel pour la déposition de trois parties civiles mineures a été accordé par la cour d’assises d’appel de la Meurthe-et-Moselle. En première instance, en 2023 devant la cour d’assises de la Meuse, le procès s’était déroulé à huis clos.- “Moment difficile” -“Nous sommes quasiment un an et demi après la première instance, c’est un moment difficile pour” les victimes, a dit avant l’ouverture des débats Xavier Nodé, avocat de sept parties civiles, dont quatre mineurs plaignants. “Elles sont dans l’attente et l’angoisse de devoir redire devant la cour”. “Lorsque les faits se sont arrêtés, la plus jeune (plaignante) avait 7 ans, aujourd’hui elle en a 13. Et nous espérons de ce procès en appel, la confirmation de la peine prononcée en Meuse”, a-t-il poursuivi.Les deux accusés ont indiqué qu’ils avaient l’intention de répondre aux questions qui leur seraient posées durant le procès. “C’est un procès qui va être difficile, la peine maximale a été prononcée en première instance”, rappelle Marlène Schott, avocate de Denis A. “Mon client a donc souhaité pouvoir s’expliquer dans le cadre d’un autre procès. Il est forcément inquiet, angoissé et honteux à l’idée qu’on ré-évoque les faits mais il va s’expliquer comme il l’a déjà fait.”- Suicide en prison -L’affaire débute en avril 2019, quand l’arrestation en région parisienne d’un pédocriminel permet aux enquêteurs de remonter à Jean-Claude T., un quinquagénaire vivant à Belleville-sur-Meuse avec sa femme et leurs six enfants, dont trois mineurs. Il est arrêté, soupçonné de viol. Il se vantait notamment sur internet d’avoir des relations sexuelles avec sa fille de 11 ans.Le mis en cause, qui aurait dû être jugé par les assises de la Meuse en 2023, s’est suicidé en prison. Il avait rencontré en ligne fin 2016 Denis A., à qui il avait envoyé des photos et vidéos des viols commis sur ses trois enfants mineurs.Jean-Claude T. livrait également ses enfants à des rapports sexuels tarifés entre 10 et 150 euros, le plus souvent à Hayange (Moselle), dans l’appartement de Denis A.En août 2017 est aussi organisée dans ce même appartement une rencontre entre les enfants de Jean-Claude T. et un autre couple, originaire du sud de la France, Brice M. et sa compagne, accompagnés eux aussi de leurs deux jeunes enfants.La femme qui partageait la vie de Brice M. au moment des faits a été condamnée en première instance à 10 ans de prison assortis d’un sursis des deux tiers pour agression sexuelle incestueuse et corruption de mineur. Elle n’a pas fait appel de cette décision.Denis A. avait déjà été condamné, en 2014, pour agression sexuelle par le tribunal correctionnel de Metz, après un massage avec sa cousine mineure, au cours duquel il lui a touché la poitrine. “J’avais l’impression qu’elle avait envie”, dit-il à l’audience lundi. Quant à sa minorité : “C’est comme si je ne faisais pas la différence entre mineur et majeur”.Le verdict est attendu le 1er avril.

Le procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles s’est ouvert

Le procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles sur le tournage du film “Les Volets verts” en 2021 s’est ouvert lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris, en présence de l’acteur mondialement connu et des deux plaignantes. L’audience s’est ouverte vers 13H45 dans une salle comble. Le procès, qui devait initialement se tenir à l’automne, avait été renvoyé pour raisons médicales. Le prévenu a depuis été déclaré apte à comparaître par un médecin expert qui a demandé des aménagements. Dès l’ouverture du procès, le président du tribunal a donc expliqué que les audiences ne devraient pas excéder six heures avec une collation pour M. Depardieu après trois heures, un accès privé à des toilettes et la possibilité de contrôler sa glycémie. L’acteur de 76 ans, le plus connu à avoir été rattrapé par la vague #Metoo en France, n’a pas fait de déclaration et n’a pas eu un regard pour les nombreuses caméras présentes à son arrivée au tribunal vers 13H00.Seul son avocat, Me Jérémie Assous, s’est exprimé un peu avant l’ouverture des débats, affirmant que “l’ensemble des accusations” visant l’acteur étaient “mensongères”. “La vérité est de notre côté”, a-t-il assuré à la presse.- “Procédure piétinée” -Devant le tribunal, le conseil de Gérard Depardieu a dénoncé “une procédure pénale piétinée depuis le début par le ministère public”, dans une salle surchauffée et coupée en deux camps.Gérard Depardieu, vêtu d’une chemise et d’une veste noires, s’est assis sur un tabouret face au tribunal. A la demande du président, il s’est avancé tout doucement et en grimaçant à la barre pour décliner son identité. Plusieurs de ses proches ont pris place sur un banc derrière lui: sa fille Roxane Depardieu, accompagnée de sa mère Karine Silla, et l’acteur Vincent Perez. Citée comme témoin par la défense, la comédienne Fanny Ardant a dû elle quitter la salle. De l’autre côté de la travée centrale, les deux plaignantes, Amélie, 54 ans, cheveux blonds et pull beige, et Sarah (prénom modifié), 34 ans, cheveux longs bruns et veste bleu marine, sont assises au premier rang.Elles avaient reçu le soutien en milieu de journée de plusieurs dizaines de personnes, qui ont scandé devant le tribunal judiciaire “Violences sexistes, justice complice”, “les victimes on vous croit, les violeurs on vous voit”, “Vous en touchez une ? On répond toutes!”.Les plaignantes, décoratrice et assistante réalisatrice sur le film “Les Volets verts” de Jean Becker, accusent Gérard Depardieu d’agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes lors du tournage.Dans sa plainte déposée en février 2024, Amélie dénonçait des faits remontant à septembre 2021, qui se seraient déroulés pendant le tournage dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris.Dans son récit au site d’investigation Mediapart, la décoratrice expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé, lors d’une conversation, qu’il voulait un “ventilateur”, car il ne pouvait “même plus bander” avec cette chaleur, puis il aurait assuré pouvoir “faire jouir les femmes sans les toucher”.- “Attrapée avec brutalité” -Une heure plus tard, il l’aurait “attrapée avec brutalité” et l’aurait “bloquée en refermant ses jambes sur (elle) comme un crabe”, puis lui aurait “pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à (ses) seins”, assure-t-elle. Il lui aurait également tenu des “propos obscènes” tels que “Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte”.Assistante réalisatrice sur ce même film, Sarah accuse Gérard Depardieu de lui avoir touché à deux reprises “la poitrine et les fesses” en août 2021, d’après Mediapart. Figure du cinéma français connue dans le monde entier, Gérard Depardieu a été accusé de comportements identiques par une vingtaine de femmes mais plusieurs procédures ont été classées pour cause de prescription des faits. La comédienne française Charlotte Arnould a été la première à porter plainte en 2018. En août dernier, le parquet de Paris a requis un procès pour viols et agressions sexuelles à l’encontre de l’acteur. Un juge d’instruction doit encore décider de l’issue du dossier. “Jamais, au grand jamais je n’ai abusé d’une femme”, avait assuré l’acteur dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro en octobre 2023. Deux mois plus tard, Emmanuel Macron avait choqué les associations féministes en saluant un “immense acteur” qui “rend fière la France” et en dénonçant “une chasse à l’homme” après la diffusion d’un reportage dans l’émission “Complément d’Enquête” sur la chaîne France 2 au cours duquel l’acteur multipliait les propos misogynes.cbr-al-str-mep/asl/ybl

Début du procès du féminicide de Chahinez Daoud, brûlée vive devant chez elle

“Je voulais la cramer”: le procès pour assassinat de l’ex-mari de Chahinez Daoud, brûlée vive en 2021 à Mérignac, s’est ouvert lundi devant la cour d’assises de la Gironde, quatre ans après cette affaire retentissante dans laquelle des policiers avaient été sanctionnés.Mounir Boutaa, 48 ans aujourd’hui, était sorti de prison fin 2020 après une condamnation pour des faits de strangulation et de menace avec un couteau sur son épouse.L’ouvrier maçon, déjà mis en cause par une première conjointe, avait interdiction d’entrer en contact avec Chahinez Daoud, qu’il avait connue en Algérie en 2015, mais leur vie commune avait repris jusqu’en mars 2021.Cette mère de trois enfants dont deux issus d’une première union, âgée de 31 ans, avait alors déposé une nouvelle plainte contre lui, mal enregistrée par un policier qui venait lui-même d’être condamné pour violences conjugales, parmi une série de “défaillances” pointées ultérieurement par une enquête administrative.La victime n’avait pas de téléphone grave danger et son conjoint ne s’était pas vu attribuer de bracelet anti-rapprochement à sa remise en liberté.Une cinquantaine de personnes ont dénoncé lundi ces dysfonctionnements avant l’ouverture du procès qui dure jusqu’à vendredi à Bordeaux.”On dénonce surtout les pouvoirs publics, l’État qui ne fait pas son travail par manque de moyens financiers et par manque aussi de moyens humains, surtout au niveau de la police qui ne protège pas les femmes”, a déclaré une manifestante sous couvert d’anonymat.- “Annihiler” -Quelques jours avant l’audience, l’avocat des parties civiles, Me Julien Plouton, a évoqué devant la presse “une traque, un harcèlement, une surveillance quasi quotidienne” de la victime pendant les deux mois qui ont suivi sa dernière plainte, avant le “déchaînement de violences inhumain” du 4 mai 2021.Ce jour-là, l’accusé gare près du domicile familial, en banlieue bordelaise, un fourgon récemment acheté et aménagé pour observer discrètement l’extérieur. Il scrute les allées et venues de sa femme, qui ne peut le repérer, avant de l’attaquer dans la rue.Il lui tire dans les cuisses avec un fusil, l’asperge d’essence et met le feu, filmant une partie des faits avec son téléphone. Un voisin ayant entendu hurler tente de s’interposer, en vain.Le corps de la victime est retrouvé presque entièrement carbonisé, la tête dans le caniveau.Pour Me Plouton, Mounir Boutaa voulait “tuer une femme, l’effacer, l’annihiler, la châtier”.L’homme est arrêté peu après. En garde à vue, il affirme d’emblée qu’il voulait “la cramer”, “pour tout le mal qu’elle et la justice (lui) ont fait” en le faisant condamner, à tort selon lui.Il ajoute avoir voulu “la punir”, “lui laisser des traces” en la brûlant “un peu”, “lui faire la peur de sa vie” mais nie avoir voulu la tuer.- “Défaillances” -“Pour lui, il n’y a pas de préméditation”, affirment ses avocates, Me Anaïs Divot et Me Elena Badescu, soulignant que “les trois experts psychiatres” intervenus dans l’enquête ont conclu à “une altération de son discernement au moment des faits”.”En Algérie, il était doux mais une fois revenu ici c’est devenu un monstre”, raconte la mère de la victime, Djohar Daoud, pointant avec son mari, Kamel, l’isolement de leur fille en France, dépourvue de protection familiale.Après sa mort, les deux grands-parents sont venus en Gironde s’occuper de leurs trois petits-enfants, âgés aujourd’hui de 16, 11 et huit ans.Une inspection diligentée par le gouvernement de l’époque sur les conditions de remise en liberté et le suivi de l’ex-mari a relevé une série de “défaillances”, tandis qu’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pointait fautes et erreurs d’appréciation.Cinq fonctionnaires ont été sanctionnés, dont le directeur de la police en Gironde et le commissaire de Mérignac alors en poste, pour avoir omis d’informer leur hiérarchie et la mission d’inspection que le policier ayant mal enregistré la plainte du 15 mars 2021 venait lui-même d’être condamné pour violences conjugales.Son cas a conduit le ministère de l’Intérieur à préconiser une révocation automatique des policiers et gendarmes condamnés définitivement pour certains faits, dont les violences intrafamiliales.Parallèlement au dossier pénal, la famille a lancé une procédure pour “faute lourde” contre l’État.En 2023, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19% par rapport à 2022, selon le bilan du ministère de l’Intérieur publié le 26 novembre 2024.