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Robert Badinter entrera au Panthéon le 9 octobre

L’ancien résistant et ministre de la Justice Robert Badinter entrera au Panthéon lors d’une cérémonie d’hommage le 9 octobre, date anniversaire de la promulgation de la loi d’abolition de la peine de mort dont il est l’auteur, a appris l’AFP mardi de l’entourage d’Emmanuel Macron.L’historien et résistant juif Marc Bloch sera à son tour panthéonisé le 16 juin 2026, 82 ans après son exécution par la Gestapo en 1944, a ajouté la même source, confirmant une information du Figaro.Le président de la République avait annoncé l’entrée au Panthéon de l’ancien Garde des Sceaux socialiste lors d’un hommage national rendu après sa mort le 9 février 2024. Son nom “devra s’inscrire au côté de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France”, avait-il dit.Robert Badinter était “la République faite homme”, “une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort”, avait ajouté le chef de l’Etat.Né dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l’actuelle Moldavie), Robert Badinter avait été témoin de l’arrestation de son père à Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale, qui était mort en déportation en Pologne.Son grand combat fut celui contre la peine de mort, abolie en France par la loi du 9 octobre 1981.En novembre, Emmanuel Macron avait annoncé que Marc Bloch rejoindrait aussi les grands personnages de l’Histoire de France, en louant son “courage” et sa “lucidité”.Dans une lettre au président de la République, la famille de l’historien lui avait demandé que “l’extrême droite, dans toutes ses formes, soit exclue de toute participation à la cérémonie” d’entrée au Panthéon.Issu d’une famille juive alsacienne, professeur d’histoire du Moyen-Age à l’université de Strasbourg de 1919 à 1936, l’auteur de “L’étrange défaite”, écrit en 1940 et publié après la guerre, est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades. Selon le Figaro, les familles ont souhaité qu’il n’y ait pas de “transfert” des deux défunts. Mais un cénotaphe – monument funéraire – sera érigé en hommage à chacun de ces “grands hommes”, auxquels “la patrie” se dira “reconnaissante”, selon la fameuse formule inscrite au fronton du Panthéon.Emmanuel Macron, qui poursuit un long cycle mémoriel autour de la fin de la Seconde guerre mondiale, a déjà fait accueillir quatre autres grandes personnalités dans ce temple républicain: Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et Missak Manouchian.Sous la Ve République, le chef de l’Etat est seul décisionnaire en matière de panthéonisation.

Fin du procès libyen: Sarkozy attaque une dernière fois et fait allusion au jugement Le Pen

Une relaxe longuement plaidée pour Nicolas Sarkozy et des derniers mots à la tonalité politique: le procès libyen s’est achevé mardi à Paris après trois mois d’audiences, l’ex-président critiquant un “réquisitoire politique” mais aussi un “contexte détestable”, en référence à l’affaire Le Pen.La décision du tribunal correctionnel de Paris sera rendue le 25 septembre à 10H00.L’ancien chef de l’Etat est l’ultime prévenu à s’avancer à la barre pour prendre la parole une dernière fois. Ses avocats viennent de longuement plaider pour tenter de convaincre le tribunal d’oublier “l’idée folle” d’un pacte de corruption passé avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, pour qu’il finance son accession à l’Elysée en 2007.A-t-il quelque chose à dire avant que le tribunal ne parte délibérer ?”Non… pour deux raisons”, répond Nicolas Sarkozy, déclenchant des rires dans la salle d’audience.”D’abord parce que mes avocats ont parlé et bien parlé, deuxièmement parce que le contexte médiatique et politique est détestable”, lance-t-il en référence aux charges répétées du Rassemblement national contre la justice, après le jugement rendu contre Marine Le Pen le 31 mars dernier.”J’aurais eu envie de répondre à un réquisitoire politique et violent”, ajoute néanmoins Nicolas Sarkozy, contre qui le parquet national financier (PNF) a réclamé 7 ans de prison, 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité.”Je ne le ferai pas, parce que je veux la vérité et je ne veux rien dire devant votre tribunal” qui “puisse alimenter cette polémique”, dit-il à la présidente Nathalie Gavarino. “Je ne suis pas ici pour faire de la politique mais pour défendre mon honneur et que la vérité soit faite”, ajoute l’ancien président, qui ne s’est pourtant pas privé de critiquer certains magistrats et leur “combat politique” tout au long de ses nombreuses affaires judiciaires – il en est à son cinquième procès en cinq ans. Avant lui, les trois anciens ministres jugés à ses côtés Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth ont réitéré à la barre leur innocence. – “Indice mou” -“J’aurais souhaité me défendre plus vigoureusement”, déclare Claude Guéant, 80 ans, absent à de nombreuses audiences pour raisons de santé. “Jamais je n’ai eu connaissance d’un financement libyen” que “(je n’ai) a fortiori jamais sollicité ni réceptionné”, estime celui contre qui l’accusation a requis 6 ans de prison. “On a dit qu’il m’arrivait d’être naïf mais je suis quelqu’un de parfaitement honnête” et “j’affirme que je suis innocent”.Plus tôt, les avocats de Nicolas Sarkozy ont plaidé pendant cinq heures pour tenter de convaincre le tribunal que le “pacte de corruption n’existe pas”, en fustigeant les “reculades” et “failles béantes” du raisonnement du PNF.Les procureurs financiers ont voulu “salir” Nicolas Sarkozy en entretenant l’image d’un homme “malhonnête, cupide, voyou”, avait commencé par accuser l’un de ses conseils Jean-Michel Darrois. L’ex-président, 70 ans, les a écoutés sur les chaises dédiées aux prévenus, assis au côté de ses trois anciens ministres – une image identique à celle du premier jour de ce procès inédit trois mois plus tôt, le 6 janvier. Sur les bancs fournis du public, sa femme Carla Bruni et ses fils Jean et Pierre Sarkozy.En 2005, Nicolas Sarkozy est au sommet de sa “popularité” parmi les électeurs de droite, président de l’UMP, pour “quelle raison éprouve-t-il le besoin d’un autre mode de financement que celui que lui assure déjà l’UMP et le soutien incontesté de ses adhérents ?”, demande Me Christophe Ingrain.”L’accusation ne le dit pas”, poursuit-il. “Quel montant aurait-il demandé ? Comment cet argent serait-il arrivé en France ? Comment il aurait été utilisé dans la campagne ? L’accusation ne le dit pas, car ce financement n’existe pas”.”Les investigations n’ont pas trouvé l’argent du prétendu pacte de corruption. Pourtant, on ne parle pas ici de petites sommes” mais de millions d’euros, “ça ne peut pas disparaître comme ça !” plaide un autre conseil, Me Tristan Gautier, qui s’attaque à démonter sous les hochements de tête approbateurs de Nicolas Sarkozy les “prétendus” canaux de financement libyen.”L’accusation a inventé la preuve molle, l’indice mou”, ironise Me Ingrain, dénonçant le “quoi qu’il en coûte judiciaire” du PNF.Il finit par demander au tribunal d’avoir le “courage” de relaxer Nicolas Sarkozy au vu de preuves “réduites à peau de chagrin” et de reconnaître “que ces 13 années de procédure aboutissent à une impasse”. “Le dossier est à terre, ces excès, ces mensonges l’ont détruit”.

Municipales: les maires toujours enclins à se représenter, malgré les obstacles

Malgré le sentiment d’un manque de reconnaissance de l’État et l’exigence croissante de leurs concitoyens, les maires sortants n’envisagent pas de ranger l’écharpe aux élections municipales de 2026, à l’exception des élus des petites communes, plus indécis.Selon l’enquête présentée mardi sur “les intentions des maires sortants”, réalisée auprès de plus de 5.000 d’entre eux, 42% souhaitent se représenter en mars 2026, un taux “conforme aux mandats précédents” à la même période, tandis que 28% renoncent et que 30% sont indécis.”Le climat autour des démissions aurait pu laisser penser qu’il y a un mouvement de ras-le-bol. Ce mouvement n’est pas à écarter (…) mais l’enquête montre qu’au-delà des difficultés, il y a vraiment l’envie de servir, d’être utile”, explique à l’AFP l’auteur de l’étude Martial Foucault, professeur à Sciences Po.”Depuis 2014, nous avons un renouvellement des municipalités à hauteur de 40%, donc nous aurons très certainement en mars prochain 65% ou 66% de maires qui vont se représenter, 5 à 6% d’entre eux qui vont perdre les élections et 60% qui seront élus”, a-t-il détaillé lors d’une conférence de presse.S’il n’y a pas de “renoncement généralisé”, il règne en revanche un “climat d’incertitude, accentué par les crises”, les élus de 2020 ayant été confrontés tour à tour à la pandémie de Covid-19, à la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine puis à une rare instabilité politique doublée d’une crise budgétaire.”Les élus locaux font preuve d’un réel mérite civique face à leurs responsabilités, quitte à y laisser un peu de leur santé (physique et morale)”, souligne néanmoins la note.Moins la commune est grande et moins la volonté de se réengager est importante: seuls 37% des maires des communes de moins de 500 habitants souhaitent ainsi se représenter contre 70% des maires de communes de plus de 9.000 habitants.Un écart “révélateur de moyens inégaux, de charges administratives vécues comme écrasantes, mais aussi d’un isolement plus pesant dans les petites communes”, selon la synthèse, qui évoque aussi l’âge avancé de certains élus comme facteur de renoncement.   – “Fragilité” -Si près d’un maire sur deux est aujourd’hui retraité, seuls 33% des maires retraités envisagent de se représenter, contre 53% des actifs.Un “signal d’alerte”, selon le politologue, “compte tenu des contraintes fortes liées à la conciliation d’une vie professionnelle et d’un mandat de maire”.Parmi les causes de renoncement, les maires “heureux” sont presque trois fois plus nombreux à se déclarer être candidats que les maires “malheureux”.Les raisons institutionnelles les plus citées sont le manque de ressources financières (17%) et l’exigence trop forte des citoyens (15%), tandis que le “sens du devoir accompli” (20%) et le “sentiment d’insécurité personnelle et de surexposition face aux comportements des citoyens” (19%) arrivent en tête des raisons personnelles évoquées.”La relation avec les concitoyens est plus tendue, c’est-à-dire que la discussion, les remarques, la manière de se comporter est plus violente symboliquement que par le passé”, souligne Martial Foucault.Quelque 61% des répondants déclarent avoir subi des incivilités, un chiffre en baisse de huit points par rapport à 2023, tandis que les agressions physiques sont stables (7%) et que les attaques sur les réseaux sociaux concernent 25% d’entre eux.Jean-Claude Girard, maire d’Ouges (Côte-d’Or), a témoigné avoir été “attaqué à coups de barre de fer” en mai 2021. “J’attends toujours la date du procès en appel”, a-t-il déploré en évoquant un “sentiment d’abandon”.En moyenne, les maires disent travailler 32 heures par semaine, contre 27 heures en 2023. Les dossiers jugés “les plus ardus” concernent l’urbanisme.Les cérémonies font partie des moments les plus agréables (84%) mais le mandat reste malgré tout “usant”, les maires souffrant notamment d’un “manque de reconnaissance ou de considération de la part de l’exécutif”.”Nous ne sommes pas au bord du gouffre, c’est une surprise, mais il y a quand même une fragilité”, a réagi Guy Geoffroy, vice-président de l’Association des maires de France.”On doit pouvoir améliorer la situation en donnant encore plus envie à des jeunes de s’engager”, a relevé le ministre de l’Aménagement du territoire François Rebsamen, promettant l’inscription du texte sur le statut de l’élu “fin mai début juin” à l’Assemblée nationale.L’enquête, réalisée en partenariat avec le ministère de l’Aménagement du territoire et six associations d’élus, a été administrée en ligne auprès de plus de 5.200 maires entre le 3 et le 31 mars. 

The Metals Company, l’entreprise qui courtise Donald Trump pour exploiter les fonds marins

L’entreprise canadienne The Metals Company (TMC), pionnière dans la prospection minière sous-marine, ne veut plus attendre pour lancer cette industrie décriée, tentant désormais sa chance auprès de Donald Trump qui convoite des minerais stratégiques à travers le monde.”Nous sommes prêts”, a proclamé fin mars son PDG, Gerard Barron.Espérant être la première à aller aspirer les “nodules polymétalliques”, sorte de galets riches en métaux sur les plaines abyssales du Pacifique, l’entreprise veut solliciter au deuxième trimestre le premier contrat d’extraction minière commerciale en haute mer, via l’administration américaine.Un changement de stratégie choc: initialement, la société voulait déposer sa demande en juin auprès de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales.Ce court-circuitage de l’AIFM provoque la colère de nombreux Etats et des ONG de défense des océans qui dénoncent le geste “désespéré” d’une industrie accusée de violer des écosystèmes sous-marins encore peu connus.Créée en 2011 sous le nom de DeepGreen Metals, elle a été rebaptisée en 2021 pour son introduction en Bourse à New York.Ses filiales explorent depuis plusieurs années des parcelles dans la zone de Clarion-Clipperton (CCZ) dans le Pacifique, via des contrats octroyés par l’AIFM et sponsorisés en particulier par le petit Etat insulaire Nauru.L’AIFM n’a pour l’instant accordé que des contrats d’exploration, qui permettent de tester les technologies. Mais après plus de dix ans de négociations, elle n’a toujours pas finalisé les règles pour l’extraction industrielle.Au grand dam de TMC qui a investi en dix ans “plus d’un demi-milliard de dollars”.”Nous avons montré que nous pouvons ramasser des nodules au fond de la mer, les remonter à la surface et les transformer sur terre en des produits raffinés, avec des impacts environnementaux minimaux et une dépense limitée en capital”, assure Gerard Barron.Lors de tests “historiques” en 2022, sa filiale NORI (Nauru Ocean Resources Inc.) a remonté plus de 3.000 tonnes de nodules, grâce à l’ancien navire de forage reconverti “Hidden Gem”, de son partenaire Allseas.- “Le plus destructeur” -La collecte se fait à plus de 4 kilomètres de profondeur avec un véhicule sous-marin monté sur chenilles qui envoie les nodules vers le navire par un tuyau géant.A l’autre bout de la chaîne, TMC et le fondeur japonais Pamco ont annoncé en février la transformation de nodules en un “alliage de haute qualité nickel-cuivre-cobalt”.Selon les estimations, la CCZ abrite 21 milliards de tonnes de nodules riches en cobalt, nickel, cuivre et manganèse: des métaux stratégiques pour l’électrification croissante du monde et notamment les batteries des voitures électriques.”Les nodules dans nos zones sous contrat représentent la plus grande ressource non exploitée au monde de ces minéraux critiques”, assure TMC.Une justification rejetée en bloc par les défenseurs de l’environnement qui plaident pour une baisse de la consommation et pour le recyclage.L’extraction sous-marine est “le pire moyen, le plus destructeur de l’environnement, et le plus cher (…), ce n’est pas l’avenir”, déclare à l’AFP Bobbi-Jo Dobush, de l’ONG The Ocean Foundation, qui doute de la viabilité du secteur et de TMC.L’entreprise a perdu l’an dernier 81,9 millions de dollars. Mais sans revenus, ce n’est pas inhabituel pour ce modèle d’entreprises, selon des experts du secteur.La situation actuelle laisse penser que “l’entreprise sera en mesure de respecter son engagement de commencer la production en 2026”, estime Dmitry Silversteyn, analyste chez Water Tower Research, pariant sur la volonté de l’administration Trump de libérer les Etats-Unis de la dépendance aux métaux chinois.TMC joue d’ailleurs sur cet argument pour séduire Washington, affirmant qu’à l’aune de la consommation américaine actuelle, un milliard de tonnes de nodules assureront “456 années de manganèse, 165 ans de cobalt, 81 ans de nickel et 4 ans de cuivre”.Les nodules “sont la pièce manquante critique de la réindustrialisation américaine”, plaide le directeur financier de TMC, Craig Shesky, soulignant que les Etats-Unis, qui ne sont pas membres de l’AIFM, ont la législation nécessaire pour autoriser l’extraction.”Il manquait un appétit politique aux Etats-Unis pour en tirer partie. Et c’est le changement principal de cette nouvelle administration”.

L’avenir des orques du Marineland d’Antibes, un casse-tête pour le gouvernement

À l’approche du délai fixé pour le départ des orques du Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), trouver une solution honorable pour les cétacés relève du casse-tête pour le gouvernement, entre pression des associations de défense des animaux et volonté du parc de fermer ses portes.  Installé sur la Côte d’Azur depuis 1970, Marineland a fermé au public en janvier, miné par la désaffection du public et la loi de 2021 sur le bien-être animal qui interdira à partir de décembre 2026 les spectacles et le maintien en captivité d’orques et de dauphins en France.La direction du parc a déposé en février une demande pour transférer avant la mi-avril ses deux orques –Wikie, 24 ans, et son fils Keijo, 11 ans– et ses 12 dauphins dans deux parcs en Espagne.Et elle insiste désormais sur “l’extrême urgence” de ces transferts, dans la mesure où les contrats de ses salariés, et en particulier des soigneurs, expirent à la mi-avril, et où des travaux de maintenance seraient nécessaires en cas de maintien des bassins.Mais les associations de défense des animaux font valoir que les conditions de vie des cétacés en Espagne seraient pires qu’à Antibes. Estimant qu’un tel  transfert serait une trahison de l’esprit de la loi de 2021, elles réclament la création de sanctuaires où ces animaux nés en captivité pourraient vivre en semi-liberté.Problème: si la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, assure depuis février y travailler avec ses homologues espagnol, italien et grec, le projet le plus avancé ne sera pas prêt avant 2026 et ne pourra de toutes façons pas accueillir tous les animaux.En janvier 2024, la justice avait interdit au parc de transférer les orques avant la conclusion d’une expertise sur leurs conditions de vie et leurs capacités à enchaîner les spectacles, expertise ordonnée en septembre 2023 après une longue bataille judiciaire de l’association One Voice.Ce rapport d’expertise est finalement tombé lundi, concluant que l’eau et les infrastructures du parc étaient conformes aux normes en vigueur et que les spectacles constituaient des dérivatifs et des stimuli utiles pour la santé mentale des cétacés en captivité.- “Transferts de la honte” -Dénonçant les “platitudes” de ces conclusions, One Voice a relevé dans le rapport “des constats inquiétants” sur les soins qui étaient prodigués aux orques, en particulier à Moana, décédé à 12 ans d’une septicémie en octobre 2023, et à Inouk, mort à 23 ans de l’ingestion d’un petit ressort en métal en mars 2024.Dans les huit mois qui avaient précédé sa mort, Moana avait ainsi été sous antibiotiques pendant 107 jours, sous corticoïdes pendant 31 jours, sous antidouleurs pendant 36 jours et sous antifongiques pendant 21 jours. Malgré cela, les autopsies des deux orques avaient révélé des infections lourdes non traitées.Lors de l’adoption de la loi sur le bien-être animal, Bérangère Abba, alors secrétaire d’État à la Biodiversité, avait promis que le gouvernement serait au rendez-vous pour aider à trouver des solutions d’accueil des orques et des dauphins des parcs français.Interrogé par l’AFP, le cabinet de Mme Pannier-Runacher a rappelé que ses premiers appels à manifestation d’intérêt n’avaient reçu aucune réponse. En 2024, le cabinet avait finalement reçu cinq projets de sanctuaires, mais aucune solution n’était directement opérationnelle.Mi-mars, la ministre a donc évoqué l’idée que les cétacés partent en Espagne, en attendant de pouvoir gagner ce futur refuge.Mais “du jour où les animaux seront sur le territoire espagnol, la France n’aura plus aucune emprise sur leur destin”, a réagi Sea Shepherd France dans une lettre ouverte à la ministre qui a recueilli 91.000 signatures.L’association a proposé de verser immédiatement 5 millions d’euros pour maintenir les orques à Antibes, en attendant que les sanctuaires soient prêts. Une proposition que Marineland n’a pas souhaité commenter.”Nous mettrons tout en Å“uvre pour empêcher ces transferts de la honte”, a promis Sea Shepherd France.

L’avenir des orques du Marineland d’Antibes, un casse-tête pour le gouvernement

À l’approche du délai fixé pour le départ des orques du Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes), trouver une solution honorable pour les cétacés relève du casse-tête pour le gouvernement, entre pression des associations de défense des animaux et volonté du parc de fermer ses portes.  Installé sur la Côte d’Azur depuis 1970, Marineland a fermé au public en janvier, miné par la désaffection du public et la loi de 2021 sur le bien-être animal qui interdira à partir de décembre 2026 les spectacles et le maintien en captivité d’orques et de dauphins en France.La direction du parc a déposé en février une demande pour transférer avant la mi-avril ses deux orques –Wikie, 24 ans, et son fils Keijo, 11 ans– et ses 12 dauphins dans deux parcs en Espagne.Et elle insiste désormais sur “l’extrême urgence” de ces transferts, dans la mesure où les contrats de ses salariés, et en particulier des soigneurs, expirent à la mi-avril, et où des travaux de maintenance seraient nécessaires en cas de maintien des bassins.Mais les associations de défense des animaux font valoir que les conditions de vie des cétacés en Espagne seraient pires qu’à Antibes. Estimant qu’un tel  transfert serait une trahison de l’esprit de la loi de 2021, elles réclament la création de sanctuaires où ces animaux nés en captivité pourraient vivre en semi-liberté.Problème: si la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, assure depuis février y travailler avec ses homologues espagnol, italien et grec, le projet le plus avancé ne sera pas prêt avant 2026 et ne pourra de toutes façons pas accueillir tous les animaux.En janvier 2024, la justice avait interdit au parc de transférer les orques avant la conclusion d’une expertise sur leurs conditions de vie et leurs capacités à enchaîner les spectacles, expertise ordonnée en septembre 2023 après une longue bataille judiciaire de l’association One Voice.Ce rapport d’expertise est finalement tombé lundi, concluant que l’eau et les infrastructures du parc étaient conformes aux normes en vigueur et que les spectacles constituaient des dérivatifs et des stimuli utiles pour la santé mentale des cétacés en captivité.- “Transferts de la honte” -Dénonçant les “platitudes” de ces conclusions, One Voice a relevé dans le rapport “des constats inquiétants” sur les soins qui étaient prodigués aux orques, en particulier à Moana, décédé à 12 ans d’une septicémie en octobre 2023, et à Inouk, mort à 23 ans de l’ingestion d’un petit ressort en métal en mars 2024.Dans les huit mois qui avaient précédé sa mort, Moana avait ainsi été sous antibiotiques pendant 107 jours, sous corticoïdes pendant 31 jours, sous antidouleurs pendant 36 jours et sous antifongiques pendant 21 jours. Malgré cela, les autopsies des deux orques avaient révélé des infections lourdes non traitées.Lors de l’adoption de la loi sur le bien-être animal, Bérangère Abba, alors secrétaire d’État à la Biodiversité, avait promis que le gouvernement serait au rendez-vous pour aider à trouver des solutions d’accueil des orques et des dauphins des parcs français.Interrogé par l’AFP, le cabinet de Mme Pannier-Runacher a rappelé que ses premiers appels à manifestation d’intérêt n’avaient reçu aucune réponse. En 2024, le cabinet avait finalement reçu cinq projets de sanctuaires, mais aucune solution n’était directement opérationnelle.Mi-mars, la ministre a donc évoqué l’idée que les cétacés partent en Espagne, en attendant de pouvoir gagner ce futur refuge.Mais “du jour où les animaux seront sur le territoire espagnol, la France n’aura plus aucune emprise sur leur destin”, a réagi Sea Shepherd France dans une lettre ouverte à la ministre qui a recueilli 91.000 signatures.L’association a proposé de verser immédiatement 5 millions d’euros pour maintenir les orques à Antibes, en attendant que les sanctuaires soient prêts. Une proposition que Marineland n’a pas souhaité commenter.”Nous mettrons tout en Å“uvre pour empêcher ces transferts de la honte”, a promis Sea Shepherd France.

Paris adopte son troisième plan biodiversité en misant sur les haies

Des kilomètres de haies, plus de zones de réserves dans les bois et des berges de Seine plus “végétales”: le Conseil Paris a adopté mardi le plan biodiversité 2025-2030 de la ville, destiné à enrayer le déclin de la faune sauvage, mais sans financement, regrette l’opposition.”Chaque parc, square, rue et toit végétalisés doivent devenir des refuges pour la faune et la flore”, a affirmé la maire socialiste Anne Hidalgo en présentant le projet.Ce troisième plan du genre depuis 2011 “s’inscrit dans un contexte de régression des politiques nationales de protection de la nature”, a affirmé Christophe Nadjowski, adjoint à l’Hôtel de ville en charge des espaces verts, s’en prenant notamment à la loi d’orientation agricole “qui autorise la destruction d’espèces protégées”.Plus de 3.400 espèces sauvages sont observées à Paris, soit 600 de plus que lors du précédent bilan des données naturalistes de 2020, a indiqué l’élu qui a fait valoir la politique “zéro produit phytosanitaire” engagée par la ville il y a 15 ans.”La biodiversité à Paris se porte mieux, en témoigne la présence de renards roux au cimetière du Père-Lachaise, ou de moules d’eau douce dans la Seine”, a décrit Christophe Nadjowski. Plusieurs espèces connaissent néanmoins un effondrement, comme les moineaux domestiques dont plus de 70% de la population a disparu en 20 ans.Le plan biodiversité prévoit une dizaine de mesures, à commencer par le renforcement de la place des haies, habitats propices à la petite faune. Objectif: déployer, d’ici 2030, au moins 500 mètres linéaires de haies diverses dans les arrondissements centraux, voire “plusieurs kilomètres” dans les arrondissements périphériques.Cent nouveaux quartiers avec aménagements dédiés à certaines espèces comme le hérisson d’Europe ou la chauve-souris, devraient voir le jour, sur le modèle des “quartiers moineaux” créés avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO).La mairie promet aussi de “retrouver des berges naturelles sur la Seine”, axe de déplacement majeur pour les oiseaux, avec la désimperméabilisation et la végétalisation des berges “partout où c’est possible”.  D’ici 2030, les parcs et jardins de moins d’un hectare devraient tous disposer d’une mare, selon le plan qui intègre par ailleurs le résultat de la votation citoyenne du 23 mars dernier sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 nouvelles rues.Les bois de Boulogne et de Vincennes, principaux réservoirs de biodiversité de la capitale, devraient disposer de 10% d’espaces de réserves supplémentaires, pour réduire le morcellement des habitats naturels par le trafic routier. La ville va aussi mesurer l'”empreinte biodiversité” de ses achats.Autant de “belles intentions” pour les élus d’opposition qui ont déploré “l’absence de budget et de planification” de cet “énième plan”. Valérie Montandon (LR), du groupe de Rachida Dati, a pointé “l’incohérence flagrante” de la mairie qui “autorise les festivals de grande ampleur au coeur du bois de Vincennes”.La sénatrice LR Agnès Evren, co-présidente du premier groupe d’opposition, a également fustigé la “contradiction” de la mairie qui “multiplie la surdensification minéralisée à coup de construction de tours comme la Tour Triangle”.

Paris adopte son troisième plan biodiversité en misant sur les haies

Des kilomètres de haies, plus de zones de réserves dans les bois et des berges de Seine plus “végétales”: le Conseil Paris a adopté mardi le plan biodiversité 2025-2030 de la ville, destiné à enrayer le déclin de la faune sauvage, mais sans financement, regrette l’opposition.”Chaque parc, square, rue et toit végétalisés doivent devenir des refuges pour la faune et la flore”, a affirmé la maire socialiste Anne Hidalgo en présentant le projet.Ce troisième plan du genre depuis 2011 “s’inscrit dans un contexte de régression des politiques nationales de protection de la nature”, a affirmé Christophe Nadjowski, adjoint à l’Hôtel de ville en charge des espaces verts, s’en prenant notamment à la loi d’orientation agricole “qui autorise la destruction d’espèces protégées”.Plus de 3.400 espèces sauvages sont observées à Paris, soit 600 de plus que lors du précédent bilan des données naturalistes de 2020, a indiqué l’élu qui a fait valoir la politique “zéro produit phytosanitaire” engagée par la ville il y a 15 ans.”La biodiversité à Paris se porte mieux, en témoigne la présence de renards roux au cimetière du Père-Lachaise, ou de moules d’eau douce dans la Seine”, a décrit Christophe Nadjowski. Plusieurs espèces connaissent néanmoins un effondrement, comme les moineaux domestiques dont plus de 70% de la population a disparu en 20 ans.Le plan biodiversité prévoit une dizaine de mesures, à commencer par le renforcement de la place des haies, habitats propices à la petite faune. Objectif: déployer, d’ici 2030, au moins 500 mètres linéaires de haies diverses dans les arrondissements centraux, voire “plusieurs kilomètres” dans les arrondissements périphériques.Cent nouveaux quartiers avec aménagements dédiés à certaines espèces comme le hérisson d’Europe ou la chauve-souris, devraient voir le jour, sur le modèle des “quartiers moineaux” créés avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO).La mairie promet aussi de “retrouver des berges naturelles sur la Seine”, axe de déplacement majeur pour les oiseaux, avec la désimperméabilisation et la végétalisation des berges “partout où c’est possible”.  D’ici 2030, les parcs et jardins de moins d’un hectare devraient tous disposer d’une mare, selon le plan qui intègre par ailleurs le résultat de la votation citoyenne du 23 mars dernier sur la végétalisation et la piétonnisation de 500 nouvelles rues.Les bois de Boulogne et de Vincennes, principaux réservoirs de biodiversité de la capitale, devraient disposer de 10% d’espaces de réserves supplémentaires, pour réduire le morcellement des habitats naturels par le trafic routier. La ville va aussi mesurer l'”empreinte biodiversité” de ses achats.Autant de “belles intentions” pour les élus d’opposition qui ont déploré “l’absence de budget et de planification” de cet “énième plan”. Valérie Montandon (LR), du groupe de Rachida Dati, a pointé “l’incohérence flagrante” de la mairie qui “autorise les festivals de grande ampleur au coeur du bois de Vincennes”.La sénatrice LR Agnès Evren, co-présidente du premier groupe d’opposition, a également fustigé la “contradiction” de la mairie qui “multiplie la surdensification minéralisée à coup de construction de tours comme la Tour Triangle”.

Le Parlement durcit les conditions du droit du sol à Mayotte

Le Parlement a définitivement adopté mardi, par un ultime vote à l’Assemblée, un texte très contesté pour durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, archipel dévasté par le cyclone Chido et en proie à une forte pression migratoire.Adopté au Sénat jeudi après un accord sur la version finale entre députés et sénateurs, le texte porté par Les Républicains, et soutenu par le gouvernement, a passé sans difficulté son dernier obstacle à la chambre basse, avec des voix de la coalition gouvernementale et des députés d’extrême droite.La gauche est vent debout contre cette proposition qui ne réglera selon elle rien à la surpopulation liée à l’immigration en provenance des Comores, tout en portant atteinte au principe d’égalité devant la loi. Elle a déjà promis de saisir le Conseil constitutionnel en espérant le voir censuré.”Les causes des migrations sont multiples, mais les perspectives d’accès à la nationalité française constituent un facteur indéniable d’attraction pour l’immigration irrégulière” dans l’archipel, a justifié le député Philippe Gosselin (LR), auteur du texte, tout en estimant qu’il ne serait pas “suffisant”.Il a promis “d’élargir” le débat sur l’ordre et la sécurité à Mayotte dans le cadre d’un vaste projet de loi pour “refonder” Mayotte, attendu en mai au Sénat puis par la suite à l’Assemblée.”Mayotte est en passe de devenir le laboratoire des idées de l’extrême droite”, a rétorqué Dominique Voynet (Écologiste), affirmant que le texte “présage de la fin du droit du sol en France”.”Son impact sur la vie de nos compatriotes mahorais ou sur le déferlement migratoire (…) sera minime”, a jugé la présidente du groupe RN Marine Le Pen, estimant que “la première urgence (…) consisterait à supprimer purement et simplement le droit du sol (…) sur l’ensemble du territoire national”.Elle a également appelé le gouvernement à dévoiler sa feuille de route pour “rendre à Mayotte les moyens et la dignité qu’elle mérite”.- Dérogation au droit du sol -Dans le détail, la proposition de loi renforce une dérogation spécifique au droit du sol qui existe à Mayotte depuis 2018. Actuellement, les enfants nés dans l’archipel doivent avoir un parent résidant régulièrement sur le sol français depuis au moins trois mois au moment de leur naissance, pour obtenir plus tard la nationalité française.Avec ce texte, les deux parents devront résider régulièrement en France depuis au moins un an. Une exception a été aménagée pour les familles monoparentales. Le texte a été élaboré avant le passage du cyclone Chido qui a ravagé le 14 décembre le département le plus pauvre de France, faisant au moins 40 morts et exacerbant les maux dont souffrait déjà l’archipel: pauvreté, habitat indigne, manque d’écoles et d’hôpitaux, etc..Mais le cyclone a également ravivé la sensible question migratoire et les demandes appuyées des élus locaux.Environ 320.000 personnes s’entassent sur ce territoire d’un peu plus de 300 km2, dont près de la moitié sont des étrangers, estime l’Insee. Selon une enquête menée en 2016, environ “la moitié des étrangers” étaient alors “en situation irrégulière”.- “Cheval de Troie” -Le texte permettra de “renforcer la cohésion sociale à Mayotte”, a appuyé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas devant les députés.Un leurre pour la gauche, et une “attaque fondamentale à l’identité française”, selon les mots d’Aurélien Taché, pour qui le texte est “un cheval de Troie” pour “rouvrir le débat sur le droit du sol au niveau national”.”À gauche, vous profitez que Mayotte soit à terre après la pire catastrophe climatique de notre pays en vous disant qu’il est temps d’achever notre île”, lui a rétorqué Estelle Youssouffa, députée de ce département (groupe centriste Liot), accusant par ailleurs le gouvernement Bayrou d’attendre pour lancer les grands travaux de reconstruction.Lors de l’adoption en première lecture à l’Assemblée, le ministre de la Justice Gérald Darmanin s’était empressé de déclarer être favorable à l’ouverture d’un tel débat.Des voix contraires s’étaient élevées dans le gouvernement, notamment celle de la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne.François Bayrou avait déclaré vouloir un débat plus large, sur “qu’est-ce qu’être Français?”, dont il a confié l’organisation le 1er avril au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

MeToo: des députés livrent leurs pistes contre la “machine à broyer” dans la culture

Interdire la “sexualisation” des mineurs à l’écran, réglementer les castings et le travail des enfants-acteurs: la commission d’enquête de l’Assemblée sur les violences sexuelles dans la culture livre près de 90 recommandations pour freiner “la machine à broyer les talents”.Pendant près de six mois, 350 personnalités du cinéma, de l’audiovisuel ou du spectacle vivant ont été questionnées sur leurs pratiques après l’onde de choc soulevée par Judith Godrèche, qui a accusé début 2024 les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon de l’avoir violée alors qu’elle était mineure.Consigné dans un rapport devant être publié mercredi et consulté mardi par l’AFP, le constat des membres de la commission d’enquête est sans appel. “Les violences morales, sexistes et sexuelles dans le monde de la culture sont systémiques, endémiques et persistantes”, écrit sa présidente, l’écologiste Sandrine Rousseau, dans ce document qui étrille les abus commis sous couvert de création artistique. “Dans notre pays, on a un culte du talent et du génie créateur”, détaille pour l’AFP Erwan Balanant, député centriste et rapporteur de la commission. “Et ce génie créateur a une sorte de quitus pour créer son Å“uvre, qui serait, pour certains, plus importante que les règles de notre République”. “+L’exception culturelle+, mais à quel prix?”, s’interroge le rapport. Pour y répondre, la commission brasse large au gré de 86 recommandations. Elle appelle notamment à “poser le principe d’une interdiction de la sexualisation des mineurs” à l’écran et dans les photos de mode et à “réglementer” les castings, “lieu de tous les dangers”, en imposant qu’ils se tiennent dans des locaux professionnels et excluent les scènes dénudées. “Trop nombreux sont les directeurs de casting et les agents artistiques à profiter de l’extrême vulnérabilité (des acteurs et actrices) pour obtenir, de gré ou de force, des faveurs sexuelles”, estime le rapport. La commission recommande également d’étendre la présence obligatoire d’un responsable des enfants “à toutes les productions artistiques”, alors que la présence de référents mineurs sur les tournages était encore facultative jusqu’à très récemment en France. Pour les majeurs, elle recommande d’encadrer les scènes d’intimité en imposant “des clauses détaillées au contrat” et la possibilité pour les comédiens d’avoir recours à un coordinateur dédié et formé, une profession encore balbutiante en France. Du côté des institutions, la commission étrille le fonctionnement de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, vivier réputé de jeunes chanteurs d’opéra dont le chef Gaël Darchen est visé par cinq plaintes pour agressions sexuelles. “Un gâchis humain et un désastre moral”, cingle le rapport. – “Insécurités et dérives” -La commission indique également avoir saisi la justice au sujet du Théâtre du Soleil, après qu’une comédienne a affirmé en audition avoir été victime d’une tentative de viol en 2010, dans un climat de “pression sexuelle constante”. La troupe fondée en 1964 par Ariane Mnouchkine a fait part de sa “sidération” et lancé une enquête interne.Plus généralement et malgré les critiques d’avocats dénonçant des atteintes à la présomption d’innocence, la commission se félicite d’avoir “levé enfin le voile sur les insécurités et dérives” dans la culture, en faisant entendre des témoignages de victimes. L’actrice doublement césarisée Sara Forestier a ainsi raconté les metteurs en scène qui “voulaient coucher (avec elle) en (la) menaçant de (lui) retirer un rôle”, tandis que Judith Godrèche a déploré le “silence” des personnes de pouvoir dans le cinéma. Parfois accusés de frilosité sur le sujet, des acteurs stars sont venus faire amende honorable. “On ne voit pas forcément tout – et on n’a peut-être pas envie de voir. Je pense que le mouvement MeToo aura été utile de ce point de vue-là”, a déclaré Jean Dujardin.Grâce à ces travaux, “nul ne pourra dire qu’il ne savait pas, nul ne pourra refuser d’aller de l’avant et d’agir. Fermer les yeux revient à être complice”, soulignent les députés de la commission.Interrogés par l’AFP, ni Erwan Balanant ni Sandrine Rousseau n’imaginent toutefois que leurs propositions puissent à elles seules mettre un terme aux “dysfonctionnements systémiques” du monde de la culture, qui nourrissent le fléau des violences sexuelles.