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Perrier: l’appellation “eau minérale naturelle” en jeu après l’avis “défavorable” d’experts

Perrier pourra-t-il garder l’appellation “eau minérale naturelle”? Des hydrogéologues mandatés par la préfecture du Gard ont rendu un “avis défavorable” pour la production de la célèbre eau sous cette dénomination, a-t-on appris mercredi lors de l’audition du directeur général de Nestlé au Sénat.Ce rapport d’experts doit contribuer à nourrir la décision de la préfecture et de l’Agence régionale de santé sur le renouvellement de l’autorisation d’exploitation de la source de Vergèze (Gard) sous l’appellation eau minérale.”Je viens de prendre connaissance de l’avis défavorable rendu par les hydrogéologues et de leurs recommandations concernant la poursuite de l’exploitation des puits pour la production d’eau minérale naturelle”, a annoncé Laurent Freixe devant la commission d’enquête sénatoriale sur les eaux en bouteille, ajoutant que “Nestlé Waters [était] en désaccord avec certaines des conclusions de ce rapport”.Le rapporteur de la commission, Alexandre Ouizille (PS), a ensuite lu un extrait du rapport qui indique que les hydrogéologues ont émis “un avis sanitaire défavorable pour une exploitation en tant qu’eau minérale naturelle”.Pour être étiquetée eau minérale naturelle, la pureté de l’eau doit être garantie à l’émergence et celle-ci ne doit pas subir de traitement qui modifie la flore microbienne de l’eau.La filiale eaux du géant suisse fait l’objet d’une polémique concernant son usage, par le passé, de traitements de désinfection de ses eaux, non dangereux mais interdits pour les eaux minérales.Le rapporteur s’est étonné que les dirigeantes de Nestlé Waters, Muriel Lienau, et Nestlé France, Sophie Dubois, aient assuré lors d’auditions précédentes que “toutes les eaux” de l’entreprise étaient “pures à la source”.Le groupe a remplacé ces traitements par une microfiltration dans le cadre d’un plan de transformation validé par le gouvernement, mais les seuils de filtration retenus font débat quant à leur caractère désinfectant ou non, ce qui ferait aussi perdre à l’eau son appellation “minérale naturelle”.Tout au long de la commission d’enquête, au cours de laquelle plus d’une centaine de personnes, dont trois ministres, ont été auditionnées, Nestlé a défendu la conformité de sa microfiltration.- “Rassurer sur l’avenir” -“Les conclusions des hydrogéologues doivent être intégrées par les autorités régionales et rien n’a été encore décidé”, a indiqué M. Freixe mercredi. “Mais le message que je veux [faire] passer très clairement, c’est que nous souhaitons continuer à opérer dans la conformité, quel que soit le scénario”.Les hydrogéologues “donnent des perspectives ou des pistes pour améliorer la qualité de la ressource”, a-t-il affirmé, précisant que Nestlé Waters n’avait pas encore eu de “discussion approfondie” à ce sujet mais que le groupe était “prêt” à prendre les mesures nécessaires.La direction de Nestlé Waters a dans la foulée tenu une conférence de presse, indiquant avoir reçu ce rapport de plus de 150 pages “il y a trois jours”.”Il reconnaît d’abord la stabilité chimique de tous les forages, mais il pointe l’évidence de déviations microbiologiques très ponctuelles et, sur cette base, il émet un avis défavorable”, a déclaré Muriel Lienau, depuis Vergèze où elle est allée présenter le rapport “aux équipes et les rassurer sur l’avenir”.”Nous nous tenons bien sûr à disposition de l’ARS d’Occitanie et des préfets du Gard pour comprendre les suites qu’ils entendent donner à cet avis, afin de pouvoir envisager de notre côté l’adaptation de la stratégie industrielle de notre site de Vergèze”, a-t-elle ajouté, indiquant ne pas connaître la date de décision, mais réitérant la “conviction que ces forages [étaient] conformes à la classification +eau minérale naturelle+”.L’ARS avait invité en août Nestlé Waters à “s’interroger” sur un autre “usage alimentaire” de son site de conditionnement de Perrier.Le groupe a lancé récemment la marque Maison Perrier, qui ne s’appelle pas “eau minérale” et peut donc faire l’objet de traitements de désinfection.Devant les sénateurs mercredi, le DG de Nestlé a par ailleurs annoncé le lancement d’une “revue interne en France sur ses pratiques passées”.”Au nom du groupe Nestlé, je souhaite réitérer mes plus sincères regrets pour cette situation du passé”, a-t-il dit.Les sénateurs s’étaient plusieurs fois étonnés de l’absence d’enquête interne.Le DG de Nestlé a enfin assuré que le groupe ne comptait pas sortir de l’activité des eaux: “nous croyons au potentiel de cette activité. Nous cherchons un partenaire, mais il n’est en aucune sorte question d’une vente à 100% et de sortir de l’activité, absolument pas”.

Présidence LR: Wauquiez et Retailleau à droite toute

Laurent Wauquiez veut envoyer les étrangers sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, Bruno Retailleau attaque les “juges rouges” : à plus d’un mois du congrès qui désignera le nouveau président des Républicains, la campagne des deux candidats vire très à droite pour séduire les militants.Provocation, surenchère, voire une “tentative désespérée” de se relancer face à des sondages défavorables comme l’insinue un soutien de son rival ? L’idée controversée de Laurent Wauquiez de miser sur le climat “dissuasif” de Saint-Pierre-et-Miquelon pour convaincre les étrangers frappés d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) de rentrer dans leur pays consterne le politologue Jean-Yves Camus.”C’est à côté de la plaque. Une façon de ne pas traiter sérieusement le problème”, affirme-t-il à l’AFP, déplorant que “40 ans après, la droite n’ait toujours pas compris comment on combattait le Rassemblement national”. On y parvient “en ayant une approche de fond, une panoplie de mesures qui tiennent la route et non pas en lâchant une petite phrase qui ne trompe absolument personne, car on sait bien que ça ne se fera pas”, regrette-t-il.Ce virage à droite d’une campagne où le patron des députés LR revendiquait jusqu’alors l’héritage de Jacques Chirac en allant à la rencontre des militants, sème doute ou désarroi, parfois auprès de certains de ses soutiens.Il a en tout cas provoqué la colère du groupe indépendant Liot à l’Assemblée nationale, dans lequel siège notamment le député Saint-Pierrais Stéphane Lenormand, qui a réclamé “des excuses sincères aux habitants” de la collectivité ultramarine.”Vu les réactions, l’idée est mauvaise, le buzz aussi”, regrette un cadre du parti qui aurait préféré que son candidat profite de la campagne “pour se démarquer du RN en défendant une droite moderne et non celle beaucoup plus rance”.- Le “petit manuel” de Ciotti -Une opinion que ne partage pas un conseiller de l’Union de la droite républicaine (UDR), le parti fondé par Eric Ciotti qui avait lui-même conquis en 2021 la présidence de LR face à Bruno Retailleau, avant de s’allier au RN l’été dernier lors des législatives. A l’en croire, Laurent Wauquiez aurait puisé son idée dans ce qu’il présente comme le “petit manuel pour gagner les élections internes”, en d’autres termes la campagne victorieuse du député des Alpes-Maritimes qui avait proposé dans la dernière ligne droite la création “d’un Guantanamo à la française”.   “C’est habile, car si Bruno Retailleau réagit de manière trop modérée il va déplaire aux adhérents et s’il va plus loin il se mettra en porte-à-faux avec le gouvernement”, souligne cette source, justifiant ainsi le refus du ministre de l’Intérieur de commenter les propos de son rival.”La base de LR est plus radicale que la tête”, explique un soutien du député de Haute-Loire, rappelant que l’élection du président les 17 et 18 mai est limitée aux adhérents.Pas de quoi convaincre Jean-Yves Camus pour autant: “Quand on lance une mesure qui ne se fait pas, on ajoute du carburant au moteur de Marine Le Pen qui passe son temps à attaquer Les Républicains en disant qu’ils promettent la lune en période électorale” et ne tiennent pas leurs promesses une fois au pouvoir. Pour le spécialiste de communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, Laurent Wauquiez espère “capter l’attention sur soi, être un marqueur d’extrême droite, de droite dure”, tout en soulignant que son rival vendéen “s’est d’ailleurs positionné bien avant lui” sur ce terrain-là.Le ministre de l’Intérieur, qui a le vent en poupe dans les sondages, a également multiplié les déclarations polémiques ces dernières semaines.Dans les jours qui ont suivi la condamnation à 5 ans d’inéligibilité de Marine Le Pen, il s’en est pris au Syndicat de la magistrature, classé à gauche, évoquant des “juges rouges”.  “Vive le sport, et donc à bas le voile”, a-t-il également déclaré fin mars lors d’un rassemblement intitulé “Pour la République, la France contre l’islamisme”.La justice ayant peut-être mis hors course Marine Le Pen pour la présidentielle, “il y a une course (pour) conquérir la légitimité à droite, faire l’union des droites derrière soi et espérer l’emporter en 2027”, analyse Philippe Moreau-Chevrolet.Le soutien du ministre de l’Intérieur dément toutefois un virage : “Il dit ce qu’il a toujours dit. Il est bien à droite, une droite assumée qui n’est pas honteuse”.

Le maire de Lyon défend, en garde à vue, l’emploi de chargés de mission de la Ville

Le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet a défendu mercredi, lors d’une longue garde à vue, l’emploi de chargés de mission par sa municipalité, assurant qu’il s’agit “bien d’agents administratifs” et non de postes politiques.A un an des élections municipales, lors desquelles il briguera un second mandat, Grégory Doucet a été convoqué à 08H00 à l’hôtel de police de Lyon dans le cadre d’une enquête pour détournements de fonds publics.La mesure de garde à vue a été levée en fin d’après-midi, mais “les investigations se poursuivent sous l’autorité des juges d’instruction”, a déclaré le parquet à l’issue de son audition.Pendant une dizaine d’heures, l’édile a été interrogé sur 24 chargés de mission payés par la ville et qui, selon la Chambre régionale des comptes (CRC), exercent des taches de nature politique, en violation de la loi.”Nous défendons que ces emplois sont bien des agents administratifs parce qu’ils travaillent pour la collectivité, au service des Lyonnaises et des Lyonnais. Ce sont des vrais emplois avec des vraies personnes”, a assuré aux médias Grégory Doucet en sortant du commissariat. Même si l’interrogatoire était “épuisant”, le maire s’est dit “très heureux” d’avoir eu le temps de présenter sa version aux enquêteurs. “Je considère que mon rôle, c’est aussi de contribuer à la justice”, a-t-il dit.- 1,4 million -Le parquet de Lyon a confié début 2024 une information judiciaire à trois magistrats instructeurs, à la suite d’un signalement de la Chambre régionale des comptes, elle-même saisie par un opposant au maire.La CRC a poursuivi en parallèle ses investigations et a conclu, dans un rapport publié en septembre, que depuis 2016, le système des chargés de mission de la Ville de Lyon viole la loi, qui l’autorise à recruter uniquement douze personnes sur des fonctions politiques.Outre ces 12 collaborateurs de cabinet, une vingtaine d’agents, contractuels ou fonctionnaires de la mairie, exercent aussi “des missions clairement politiques”, estime la CRC qui évalue la “masse salariale concernée” à “environ 1,4 million d’euros en 2022”.Ces chargés de mission “sont souvent recrutés hors du cadre légal”, “sans publication de l’offre de recrutement”; ils sont choisis directement par les adjoints et non par la hiérarchie administrative et ont été “pour partie recrutés à la suite de l’alternance”, pointe la chambre dans son rapport.Les faits couvrent les mandats du maire socialiste Gérard Collomb (décédé en 2023), de son ancien adjoint Georges Képénékian qui l’a remplacé en 2017 et 2018 quand il est entré au gouvernement d’Emmanuel Macron, puis de Grégory Doucet, élu en 2020.- “La limite” -Georges Képénékian, qui compte se présenter en 2026, a déclaré à l’AFP qu’il avait lui aussi été interrogé mardi pendant deux heures et demie, sous le régime de la garde à vue, dans le cadre de cette enquête. “J’ai eu à expliquer comment fonctionnaient les chargés de mission et le cabinet du maire (…) j’ai dit que jusqu’en 2020, on n’avait jamais franchi la limite des 12” postes politiques, a-t-il relaté, en niant lui aussi toute irrégularité. Selon le Journal du Dimanche, d’autres cadres municipaux, dont des directeurs de cabinet, ont également été entendus mais en audition libre.Le 13 mars 2024, une vingtaine de policiers avaient déjà mené une perquisition à l’Hôtel de Ville et questionné plusieurs chargés de mission.A la suite de la publication du rapport de la CRC, la Ville a supprimé 24 postes de chargés de mission, tout en soulignant ne pas “partager l’analyse juridique” de la chambre.Ces chargés de mission “thématique, à l’interface entre les services et les élus, sont nécessaires pour la bonne mise en Å“uvre des grandes politiques publiques de la collectivité” et “sont essentiels à l’action municipale”, défendait-elle alors dans un communiqué.

L’incendie d’un McDonald’s près de Toulouse d’origine “criminelle”, selon le parquet

L’incendie d’un restaurant McDonald’s en construction près de Toulouse, qui n’a pas fait de victimes dans la nuit de lundi à mardi et a été revendiqué par un groupe jusque-là inconnu, est bien “d’origine criminelle”, a indiqué mercredi le parquet de Toulouse.L’enquête a été “ouverte du chef de destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes”, des “faits passibles de 20 ans de réclusion criminelle”, précise le parquet dans un communiqué.L’implantation de ce restaurant dans la commune de Montrabé (Haute-Garonne), près de Toulouse, était contestée sans incident jusqu’à l’incendie.Un groupe inconnu, les “Frites Insoumises”, a revendiqué l’incendie, dans un communiqué transmis à l’AFP, au nom du “soutien au peuple palestinien, et contre la nouvelle stratégie d’expansion de la firme, qui souhaite ouvrir 50 nouveaux restaurants cette année et imposer sa présence dans tout le territoire français afin de compenser les pertes financières dues au boycott” du groupe américain.Selon un communiqué de la direction du futur McDonald’s condamnant les dégradations, le feu n’aurait “que partiellement impacté le chantier” et les travaux reprendront dès que possible.

Incendies et pollution au Népal avec le changement climatique

Le dérèglement climatique et la sécheresse intensifient les feux de forêts au Népal, ont souligné des experts mercredi, alors que Katmandou, prise dans la fumée, souffre de la pollution atmosphérique.Le Népal a vu une importante diminution des précipitations post-mousson depuis octobre dernier, avec près de 80% de précipitations en moins durant l’hiver, a indiqué le Département d’hydrologie et météorologie dans un communiqué mardi.Plus de 1.800 feux de forêt ont été observés dans le pays depuis le début de l’année, et plus d’un tiers sont survenus le mois dernier.”Les feux de forêt ont augmenté de manière significative à cause d’une saison sèche. Il y a abondance de bois sec dans la forêt, ce qui fait que le moindre petit feu peut devenir incontrôlable”, a indiqué à l’AFP Prakash Malla, un membre des services forestiers népalais. “C’est un défi. Les autorités locales ont des moyens limités, et le terrain est difficile”, a-t-il ajouté.La qualité de l’air dans la capitale népalaise a pour sa part été classée au dernier rang mondial depuis une semaine, selon le site spécialisé IQAir, et certains vols internationaux ont été reportés en raison de l’épaisse fumée qui couvre la ville.Les niveaux de microparticules PM2,5 – qui pénètrent le système sanguin par les poumons et sont susceptibles de causer des cancers – a été mesuré à plus de 175 microgrammes par mètre cube mercredi, selon ce site suisse.Un niveau supérieur à 15 sur une période de 24 heures est considéré comme néfaste par l’OMS.Les experts du centre international pour le développement durable de la région de l’Himalaya (Icimod) basé à Katmandou ont attribué dans un communiqué la semaine dernière le pic de pollution aux feux de forêt, en particulier dans l’ouest “où beaucoup de districts sont en situation de sécheresse modérée à extrême”.”Notre analyse montre que l’air de Katmandou n’était pas sain même avant. Mais les feux de forêt et une masse d’air stagnante ont accru la pollution préexistante”, a déclaré l’expert Sagar Adhikari à l’AFP. Il a ajouté que des pluies étaient attendues dans les semaines à venir.Le Népal a connu le plus d’incendies de forêt en 2021, avec plus de 6.500 foyers observés. Cette année-là, les écoles avaient été fermées quatre jours en raison des niveaux de particules fines.Malgré une amélioration en 2022, la situation a continué de se détériorer depuis.Le ministère de la Santé a “d’éviter les déplacements superflus” et de porter un masque respiratoire à l’extérieur.

Pour protéger les oiseaux, la justice met à l’arrêt un deuxième parc éolien en trois jours

Pour la deuxième fois cette semaine, le tribunal correctionnel de Montpellier a ordonné l’arrêt d’un parc éolien responsable de la mort d’oiseaux protégés, un nouveau point marqué par les associations de défense de l’environnement face à cette source d’énergie renouvelable souvent critiquée.Dans une première sur le plan pénal, le tribunal avait ordonné lundi l’arrêt pour quatre mois des 31 éoliennes du parc d’Aumelas, dans le centre de l’Hérault, soit la période de présence sur le site du faucon crécerellette, et infligé de lourdes amendes à la société EDF Renouvelables, son ex-PDG et neuf de ses filiales, jugés responsables de la mort de 160 oiseaux d’espèces protégées.Rebelote mercredi: une autre chambre correctionnelle du même tribunal a ordonné l’arrêt pour un an du parc éolien de Bernagues, dans le nord du même département, jugeant ses exploitants responsables de la mort d’un aigle royal.La société Energie Renouvelable du Languedoc (ERL), filiale du groupe Valeco, qui exploite ces sept éoliennes sur le massif de l’Escandorgue, sur les contreforts du Massif central, a aussi été condamnée à 200.000 euros d’amende, dont 100.000 avec sursis, son dirigeant, François Daumard, écopant d’une amende de 40.000 euros, dont 20.000 avec sursis.Comme dans le cas d’Aumelas, le tribunal a ordonné l'”exécution provisoire” de ses décisions “pour éviter la réitération de l’infraction”.Et comme pour EDF Renouvelables, qui avait immédiatement annoncé faire appel de sa condamnation, l’avocat d’ERL, Me Philippe Bouchez-El Ghozi, a déclaré à l’AFP qu’un “appel s’impose”.Le 10 janvier 2023, un aigle royal muni d’un GPS et volant à 50 km/h avait percuté une pale d’une éolienne de Bernagues, selon l’enquête sur cet incident de l’Office français de la biodiversité (OFB).L’OFB avait mis en évidence un “dysfonctionnement du système de détection des oiseaux” lors de l’approche de l’aigle, qui avait, après avoir été percuté, “chuté lourdement” au pied de l’éolienne, où il sera retrouvé six jours plus tard.- Démolition -L’oiseau, espèce protégée, était le mâle reproducteur d’un couple ayant installé son nid dès 2008 à trois kilomètres du lieu où ERL a construit ses éoliennes en 2016, selon France Nature Environnement (FNE), l’une des six associations parties civiles dans cette affaire.Le tribunal a condamné ERL et son dirigeant à verser un total de 35.000 euros à ces six associations au titre de dommages et intérêts, ainsi que 3.000 euros au titre du préjudice écologique et 1.000 à chacune pour les frais de justice.Lors de l’audience en janvier, le parquet avait réclamé 750.000 euros d’amende, dont 500.000 avec sursis, contre ERL, assortie d’une suspension d’activité avec exécution provisoire, ainsi que 150.000 euros d’amende (dont 100.000 avec sursis) contre le gérant.”Les condamnations financières, c’est une chose, et elles sont bien sévères, mais la suspension de l’activité du parc pendant un an nous remplit bien plus de joie, parce qu’il n’y aura pas d’oiseaux et de chiroptères (chauve-souris) qui vont mourir pendant cette période-là”, a réagi auprès de l’AFP Marjolaine Villey-Migraine, de la Fédération Environnement Durable (FED), en pointe dans cette affaire.”Ca va servir d’exemple, de sorte que les sociétés n’implantent pas des éoliennes n’importe où, en particulier dans les parcs naturels régionaux et dans les montagnes”, a-t-elle ajouté.”La justice vient de rappeler qu’aucun projet ne peut s’exonérer du respect du vivant. Les énergies renouvelables sont un outil essentiel de la transition énergétique mais leur déploiement doit s’effectuer sans précipitation et avec précaution,” a renchéri Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.Avocat spécialisé en environnement, Arnaud Gossement avait jugé lundi “assez triste” que partisans de l’éolien et défenseurs de la biodiversité s’affrontent devant les tribunaux, appelant à un “débat de société” sur cette question.Toujours dans ce dossier, la cour d’appel de Nîmes avait ordonné le 7 décembre 2023 la démolition des éoliennes de Bernagues pour défaut de permis de construire valide. ERL a formé un pourvoi devant la Cour de cassation, dont la décision est attendue fin avril.

Pour protéger les oiseaux, la justice met à l’arrêt un deuxième parc éolien en trois jours

Pour la deuxième fois cette semaine, le tribunal correctionnel de Montpellier a ordonné l’arrêt d’un parc éolien responsable de la mort d’oiseaux protégés, un nouveau point marqué par les associations de défense de l’environnement face à cette source d’énergie renouvelable souvent critiquée.Dans une première sur le plan pénal, le tribunal avait ordonné lundi l’arrêt pour quatre mois des 31 éoliennes du parc d’Aumelas, dans le centre de l’Hérault, soit la période de présence sur le site du faucon crécerellette, et infligé de lourdes amendes à la société EDF Renouvelables, son ex-PDG et neuf de ses filiales, jugés responsables de la mort de 160 oiseaux d’espèces protégées.Rebelote mercredi: une autre chambre correctionnelle du même tribunal a ordonné l’arrêt pour un an du parc éolien de Bernagues, dans le nord du même département, jugeant ses exploitants responsables de la mort d’un aigle royal.La société Energie Renouvelable du Languedoc (ERL), filiale du groupe Valeco, qui exploite ces sept éoliennes sur le massif de l’Escandorgue, sur les contreforts du Massif central, a aussi été condamnée à 200.000 euros d’amende, dont 100.000 avec sursis, son dirigeant, François Daumard, écopant d’une amende de 40.000 euros, dont 20.000 avec sursis.Comme dans le cas d’Aumelas, le tribunal a ordonné l'”exécution provisoire” de ses décisions “pour éviter la réitération de l’infraction”.Et comme pour EDF Renouvelables, qui avait immédiatement annoncé faire appel de sa condamnation, l’avocat d’ERL, Me Philippe Bouchez-El Ghozi, a déclaré à l’AFP qu’un “appel s’impose”.Le 10 janvier 2023, un aigle royal muni d’un GPS et volant à 50 km/h avait percuté une pale d’une éolienne de Bernagues, selon l’enquête sur cet incident de l’Office français de la biodiversité (OFB).L’OFB avait mis en évidence un “dysfonctionnement du système de détection des oiseaux” lors de l’approche de l’aigle, qui avait, après avoir été percuté, “chuté lourdement” au pied de l’éolienne, où il sera retrouvé six jours plus tard.- Démolition -L’oiseau, espèce protégée, était le mâle reproducteur d’un couple ayant installé son nid dès 2008 à trois kilomètres du lieu où ERL a construit ses éoliennes en 2016, selon France Nature Environnement (FNE), l’une des six associations parties civiles dans cette affaire.Le tribunal a condamné ERL et son dirigeant à verser un total de 35.000 euros à ces six associations au titre de dommages et intérêts, ainsi que 3.000 euros au titre du préjudice écologique et 1.000 à chacune pour les frais de justice.Lors de l’audience en janvier, le parquet avait réclamé 750.000 euros d’amende, dont 500.000 avec sursis, contre ERL, assortie d’une suspension d’activité avec exécution provisoire, ainsi que 150.000 euros d’amende (dont 100.000 avec sursis) contre le gérant.”Les condamnations financières, c’est une chose, et elles sont bien sévères, mais la suspension de l’activité du parc pendant un an nous remplit bien plus de joie, parce qu’il n’y aura pas d’oiseaux et de chiroptères (chauve-souris) qui vont mourir pendant cette période-là”, a réagi auprès de l’AFP Marjolaine Villey-Migraine, de la Fédération Environnement Durable (FED), en pointe dans cette affaire.”Ca va servir d’exemple, de sorte que les sociétés n’implantent pas des éoliennes n’importe où, en particulier dans les parcs naturels régionaux et dans les montagnes”, a-t-elle ajouté.”La justice vient de rappeler qu’aucun projet ne peut s’exonérer du respect du vivant. Les énergies renouvelables sont un outil essentiel de la transition énergétique mais leur déploiement doit s’effectuer sans précipitation et avec précaution,” a renchéri Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.Avocat spécialisé en environnement, Arnaud Gossement avait jugé lundi “assez triste” que partisans de l’éolien et défenseurs de la biodiversité s’affrontent devant les tribunaux, appelant à un “débat de société” sur cette question.Toujours dans ce dossier, la cour d’appel de Nîmes avait ordonné le 7 décembre 2023 la démolition des éoliennes de Bernagues pour défaut de permis de construire valide. ERL a formé un pourvoi devant la Cour de cassation, dont la décision est attendue fin avril.

Après une parenthèse de dix mois, la fin de vie fait son retour à l’Assemblée

Dix mois après avoir vu son examen interrompu par la dissolution, le texte sur la fin de vie fait son retour mercredi à l’Assemblée nationale, scindé en deux propositions de loi, portant l’une sur les soins palliatifs, et l’autre sur “l’aide à mourir”.Objectif: “garantir à chacun une fin de vie digne, dans le respect de son autonomie”, a résumé la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, à l’ouverture de l’examen des deux textes par la commission des Affaires sociales.La proposition de loi sur les soins palliatifs, portée par Annie Vidal (Renaissance) et globalement consensuelle, devrait être adoptée sans difficulté. Les controverses se concentreront probablement sur la seconde, déposée par Olivier Falorni (apparenté Modem).Elle légalise le suicide assisté – et, dans certains cas, l’euthanasie – avec de strictes conditions et sans employer ces termes.Le Premier ministre, François Bayrou, avait souhaité cette scission pour permettre aux députés de “pouvoir voter sur chacun de ces deux textes différemment”.Mais ces derniers “ne s’opposent pas, (ils) se complètent”, a assuré Mme Vautrin. S’il faut “permettre à chaque Français” un accès aux soins palliatifs, l’ouverture d’une aide à mourir est “essentielle pour celles et ceux dont la souffrance (…) ne peut être soulagée”, a-t-elle insisté, assurant que cela n’ouvrait pas “une rupture anthropologique” en raison des multiples conditions fixées.- Cinq critères -Les deux propositions de loi sont un quasi copié-collé du projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie, dans l’état où il se trouvait au moment de la dissolution de juin 2024.Les députés avaient eu le temps de voter son article clé, créant un droit à une aide à mourir conditionné à cinq critères: être âgé d’au moins 18 ans ; français ou résidant en France ;  atteint d’une “affection grave et incurable, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale” ; cette dernière provoquant une “souffrance physique ou psychologique” réfractaire aux traitements ou insupportable ; être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée.Une définition différente de ce que proposait le texte initial du gouvernement. Porté à l’époque par Mme Vautrin, il prévoyait que ce pronostic vital soit engagé “à court ou moyen terme” – la difficulté étant de savoir ce que recouvre cette notion de “moyen terme”. Autres points qui devraient susciter de vifs débats : le rôle des directives anticipées, a priori exclues de l’aide à mourir, ou le fait que le texte prévoit pour l’instant de laisser à un seul médecin la décision d’approuver celle-ci, ce que conteste Yannick Neuder, ministre délégué à la Santé.Ce dernier, qui comme Mme Vautrin s’est exprimé mercredi devant les députés, est apparu moins affirmatif sur l’aide à mourir, promettant d’être “très attentif” aux “limites et garanties éthiques”- Deux votes solennels -Pour le député LR Thibault Bazin, en pointe sur le sujet, le texte de M. Falorni “ne correspond plus à l’équilibre affiché” par le gouvernement dans son projet de loi initial, et son adoption est incertaine, alors que chaque groupe laissera la liberté de vote à ses membres.M. Falorni estime au contraire que les députés sont parvenus à un “équilibre satisfaisant”, et espère que son texte va recueillir une “majorité de suffrages”.Engagé de longue date pour une fin de vie “libre et choisie”, il met en garde les parlementaires qui se livreraient au “petit jeu de l’obstruction” pour empêcher son texte d’aboutir, comme ce fut le cas en 2021, lors de l’examen d’une proposition de loi sur le sujet dont il était déjà le premier signataire.”Ils seraient très mal jugés par l’opinion publique”, estime-t-il, alors que la légalisation d’une forme d’aide à mourir, promesse de campagne d’Emmanuel Macron en 2017, bénéficie d’un large soutien des Français.Deux votes solennels sont prévus de manière simultanée le 27 mai, une manière selon M. Falorni de contrer d’éventuelles tentatives d’obstruction. Il sait pouvoir compter sur la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, qui n’a eu de cesse de soutenir l’inscription d’un texte à l’ordre du jour des travaux des députés.

Chikungunya à La Réunion: “épidémie généralisée et majeure”, qui continue de progresser

L’épidémie de chikungunya à La Réunion est “généralisée et majeure” et “poursuit sa progression”, a souligné mercredi Santé publique France, faisant état de près de 6.300 nouveaux cas dans la dernière semaine de mars.Depuis le début de l’année, un total de 27.521 cas de chikungunya ont été recensés sur l’île, a noté l’agence sanitaire publique. Du 24 au 30 mars, 6.289 nouveaux cas de ce virus transmis par les moustiques ont ainsi été comptabilisés, a-t-elle précisé. Si elle touche davantage le sud et l’ouest de La Réunion, “l’épidémie continue de s’étendre sur tout le territoire et l’analyse combinée de tous les indicateurs laisse penser que le pic épidémique ne semble pas encore atteint”, a souligné SpF.Les indicateurs en médecine de ville, aux urgences ainsi qu’à l’hôpital ont ainsi poursuivi leur hausse fin mars, selon son bulletin. L’impact des hospitalisations et des cas graves s’observe chez les personnes fragiles, les nourrissons, les personnes âgées, les personnes avec des pathologies chroniques et les femmes enceintes, chez qui la maladie peut être grave.Jusqu’alors, 189 hospitalisations dépassant 24 heures ont été signalées, dont près de la moitié concernait des personnes de plus de 65 ans, et un quart des moins de 6 mois, a précisé l’agence sanitaire.Et 36 cas graves ont été enregistrés pour l’instant: 19 seniors de plus de 65 ans, une personne avec des comorbidités et 16 nourrissons de moins de 2 mois.Depuis début 2025, deux décès de personnes de plus 75 ans ont été directement liés au chikungunya. Plusieurs décès sont en cours d’investigation pour savoir s’ils sont imputables à la maladie.Il n’existe pas de traitement spécifique contre la maladie, mais une campagne de vaccination a été lancée lundi par le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, venu dans l’île.Les 40.000 premières doses du vaccin Ixchiq (Valneva) sont destinées à des personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités, qui peuvent se faire vacciner gratuitement.La campagne de vaccination sera élargie aux plus de 18 ans ayant des comorbidités dès la réception de 50.000 nouvelles doses, attendue “fin avril”, selon le ministre.Vendredi, le centre hospitalier universitaire (CHU) a annoncé l’activation du plan blanc face à “une situation de tension persistante concernant la disponibilité des lits d’hospitalisation (et) une augmentation très importante de l’activité des (…) urgences depuis plusieurs jours”.Avant la flambée actuelle, aucun cas de chikungunya n’avait été signalé depuis 2010 à La Réunion. Une grande épidémie y avait touché 260.000 personnes et fait 225 morts entre 2005 et 2006.

#MeToo dans la culture: la commission d’enquête appelle à passer aux actes

Après le constat accablant, l’appel aux “responsabilités”: la commission d’enquête de l’Assemblée sur les violences sexuelles dans la culture a exhorté mercredi à passer à l’action pour freiner “la machine à broyer les talents”, après avoir dévoilé ses 86 recommandations.”Ce moment est la fin du premier acte, mais ce n’est pas la fin de la pièce. Ce moment est un moment où nous posons sur la table, nous mettons à l’agenda de notre société un certain nombre de propositions”, a déclaré le rapporteur de la commission, le député centriste Erwan Balanant, en dévoilant son rapport lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale.Fruit de six mois d’auditions de quelque 350 personnalités, dont des stars du cinéma (Juliette Binoche, Jean Dujardin…), le volumineux rapport dresse le constat de violences “systémiques” et “endémiques” dans la culture. Il dessine un état des lieux sombre d’un secteur où le “culte absolu de l’auteur” autoriserait toutes les dérives.”Les violences sont de toute nature: morales, sexistes, sexuelles, économiques aussi, physiques parfois”, a énuméré la présidente de la commission d’enquête, Sandrine Rousseau, en présence notamment de l’actrice Judith Godrèche qui a été à l’initiative début 2024 de la mise en place de cette commission.Plus généralement, la députée écologiste a fustigé “l’omerta” et la “complaisance avec celles et ceux qui commettent les violences”, tout en reconnaissant qu’il manquait encore une “photographie objectivable de la situation”.  Pour tenter d’inverser la tendance, la commission appelle notamment à interdire la “sexualisation” des mineurs à l’écran, à réglementer les castings, le travail des enfants acteurs ou encore les scènes d’intimité dans les films.L’instance souhaiterait également que les employeurs soient tenus de signaler à la justice des infractions et violences dont ils seraient témoins. Ces questions relèvent à la fois de la filière culturelle, des pouvoirs publics mais aussi du législateur, a reconnu Erwan Balanant, appelant chacun “à prendre ses responsabilités” pour éviter le statu quo. Sans donner plus de précisions, lui-même a annoncé un travail collectif sur une prochaine proposition de loi. – Maintenir l’élan -Pour la ministre de la Culture Rachida Dati, qui a été auditionnée et “a suivi les travaux” de la commission, ces questions sont “une priorité” et la membre du gouvernement “n”a pas attendu ce rapport pour agir”, a indiqué une source gouvernementale à l’AFP. “Forcément, il va y avoir des échanges avec les parlementaires”, a-t-on ajouté de même source, soulignant que “c’est aussi un sujet (à traiter, NDLR) pour les secteurs” pointés du doigt.Sans attendre, Sandrine Rousseau a estimé qu’il y avait “urgence” à agir sur les castings, décrits dans le rapport comme “le lieu de tous les dangers”.  “Il y a quelque chose (qui relève du pouvoir) réglementaire qui consisterait à interdire les castings sauvages immédiatement”, a-t-elle dit.La députée a également profité de la conférence de presse pour appeler le Festival de Cannes à devenir le lieu de “renversement des mentalités” sur les violences sexuelles. “Vous avez une responsabilité en tant que lieu de pouvoir. Cette responsabilité, elle est de dire: nous vous entendons, nous vous croyons, nous vous accompagnerons, et nous ne voulons plus que ce monde-là soit structuré de cette manière”, a-t-elle estimé, à la veille de l’annonce de la sélection officielle de la prochaine édition de ce festival (13-24 mai).Le risque, selon la commission, est que l’élan créé finisse par retomber. Selon Judith Godrèche, devenue fer de lance de #MeToo, il faut que ce travail “se traduise en loi, en législation, (…) ne soit pas rangé dans les bureaux de l’Assemblée nationale”.”Je ne veux pas que, dans cinq ans, il y ait une actrice célèbre comme Judith qui pousse un coup de gueule sur ce sujet”, a averti Erwan Balanant. “A chaque fois, la vague est retombée, a-t-il reconnu. Nous souhaitons aujourd’hui que ce mouvement s’amplifie et permette tout simplement à la société (…) d’en finir avec les inégalités femmes-hommes et les violences sexistes et sexuelles.”