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L’hypothèque Le Pen, un casse-tête aussi pour ses adversaires

Tabou vertigineux au sein du Rassemblement national, le possible empêchement judiciaire de Marine Le Pen pour 2027 rebat aussi les cartes pour ses concurrents, chacun réévaluant les chances d’accéder au second tour face à la triple candidate ou à son dauphin Jordan Bardella.Condamnée, Marine Le Pen laisse toute la classe politique en sursis. A l’extrême droite d’abord, où dans l’attente du procès en appel qui lèvera ou confirmera son inéligibilité à l’été 2026, la patronne du RN affirme qu’elle “ne lâchera rien”. Opiniâtreté qui ferme la porte à tout “plan B” – comme Bardella.Mais les stratèges sont bien obligés de revoir leurs pronostics. Comme ce baron socialiste qui estime que le jeune président du parti d’extrême droite “a intérêt à se préparer” car “un second tour sera peut-être plus dur pour lui” que pour son expérimentée cheffe de file. Tout en soulignant avec malice que sans Marine Le Pen, à l’autre bout du ring “Jean-Luc Mélenchon perd son sparring-partner”.Argument balayé par le fidèle lieutenant Insoumis Manuel Bompard, qui fait au contraire le pari que “Bardella explosera en vol pendant la campagne”, parce qu'”une fois qu’on a gratté les éléments de langage à la surface, il n’y a plus rien”. Trop tendre, à l’en croire: “Mélenchon n’en ferait qu’une bouchée”.Une figure historique de la droite fait un calcul diamétralement opposé, partant du principe que le patriarche de la gauche radicale “ne sera probablement pas au second tour”, avec un ticket d’entrée attendu “autour de 20% à 25%”.Par conséquent, “il y a une place à prendre” face au RN, dont “le candidat restera à un niveau très élevé” et sera “qualifié y compris si c’est Bardella”, prédit cet observateur chevronné, pour qui “même Louis Aliot doit pouvoir le faire”.Le maire de Perpignan (lui aussi condamné dans l’affaire des assistants parlementaires européens) n’est cependant pas testé par les instituts de sondage. Notamment l’Ifop qui créditait Marine Le Pen de 34% à 37% à la veille de son verdict, et Harris Interractive qui situait Jordan Bardella entre 35% et 36% au lendemain de la décision du tribunal.- “Le vent en poupe” -Preuve par l’opinion que la condamnation de la favorite à deux ans de l’échéance “ne crée pas d’appel d’air pour ses adversaires”, constate la directrice générale d’Odoxa Céline Bracq, qui voit pour la première fois Mme Le Pen arriver en tête de son baromètre mensuel des personnalités politiques, suivie de près par M. Bardella sur la troisième marche du podium.”Pour le moment le RN a le vent en poupe” et cela “pose plutôt un problème à ceux qui voudraient lui reprendre des parts de marché”, d’autant que les sympathisants LR sont partagés sur la question de l’indépendance de la justice, souligne-t-elle.Ce qui expliquerait la surenchère entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, en lutte pour la présidence des Républicains. Dans leur logique, “Marine Le Pen n’étant plus candidate, il y a une course à droite pour conquérir la légitimité, faire l’union derrière soi et espérer l’emporter en 2027”, analyse le spécialiste en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet.Une “convergence” des électorats de droite que le RN serait moins en mesure de réaliser à cause de ses critiques virulentes du “système” en général et de l’institution judiciaire en particulier, selon Luc Rouban. Ce parti “qui s’était dédiabolisé (…) retourne un peu à ses vieux démons”, au risque de perdre les électeurs “des classes moyennes supérieures diplômées” conquis aux dernières législatives, explique le politologue rattaché au CNRS et à Sciences Po.Mais gare à ceux qui s’imaginent siphonner les voix lepénistes. “S’ils pensent que le jugement pourrait conduire à un affaissement des intentions de vote, ils n’ont rien compris aux ressorts du vote RN”, avertit Emeric Bréhier, ancien député PS aujourd’hui directeur de l’Observatoire de la vie politique à la Fondation Jean-Jaurès.Et “peu importent les soubresauts judiciaires de Marine Le Pen”, les autres prétendants ont encore “beaucoup de haies à franchir”, qu’il s’agisse de “travailler sur leurs programmes” ou de “préparer les municipales”, rappelle-t-il. Après tout, si bien placé soit-il, “Edouard Philippe aussi aura besoin des 500 parrainages”.

Bébé empoisonné au Destop à Lyon: le parquet fait appel du verdict

Le parquet général de Lyon a annoncé vendredi avoir fait appel du verdict rendu contre une ancienne employée de crèche, condamnée à 25 ans de prison pour avoir tué un bébé en lui faisant boire un produit caustique en 2022.Myriam Jaouen, 30 ans, a été condamnée le 3 avril par la cour d’assises du Rhône pour “torture ou actes de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, mais les jurés avaient écarté la qualification de meurtre, requise par l’avocat général.Ce dernier avait demandé 30 ans de réclusion contre l’ex-employée de crèche, estimant qu’elle avait agi “en parfaite conscience” et “lâchement retiré la vie à une enfant sans défense”.Dès sa garde à vue, Myriam Jaouen avait reconnu avoir fait ingérer le liquide corrosif, un déboucheur de canalisation de type Destop, à la petite Lisa, 11 mois. Mais elle a toujours nié avoir voulu la tuer. Après avoir présenté plusieurs versions, elle a admis avoir tenu la tête de l’enfant et versé le produit directement dans sa bouche. Elle ne supportait plus, selon ses explications, les pleurs de la petite fille. La requalification est “difficilement compréhensible pour les parents”, avait réagi leur conseil Me Catherine Bourgade, à l’issue du procès. Ils sont “choqués” par un jugement qui “rajoute de la douleur à la douleur”, avait-elle ajouté.L’appel du parquet général “ne m’étonne pas”, a réagi auprès de l’AFP Me Jean Sannier, avocat de l’association Innocence en danger, partie civile au procès, en relevant que le parquet avait “pendant toute l’instruction” puis lors du procès estimé qu’il y avait eu “intention” de donner la mort.”La famille avait exprimé que ce verdict était une seconde mort pour leur enfant, le parquet général a respecté cette souffrance complémentaire infligée par la cour”, en faisant appel, a-t-il ajouté.La mort de Lisa dans une micro-crèche du groupe People & Baby avait suscité une profonde émotion et enclenché une série d’enquêtes administrative, parlementaires et journalistiques qui ont épinglé la course au rendement dans le secteur des crèches privées.Les parents de la fillette avaient toutefois souhaité garder ce débat à l’écart du procès qui s’était concentré sur la responsabilité de Myriam Jaouen. Mais en trois jours d’audience, ni l’accusée ni les experts psychiatres n’avaient pu parvenir à expliquer son geste.

Les vins de Bourgogne dans la course à la décarbonation

Moins de verre et de métal, plus d’engrais naturels et de haies: les vins de Bourgogne se sont lancés dans un plan tous azimuts pour atteindre la neutralité carbone dès 2035, quinze ans avant l’objectif de la France.C’est “très ambitieux”, confesse à l’AFP Laurent Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). “Mais le dérèglement climatique est quelque chose de très grave. On est bien placés pour le voir”, dit-il en référence aux dégâts causés à la vigne par les aléas climatiques.D’ici à 2035, les vins de Bourgogne ambitionnent donc de réduire de 60% leur émission de gaz à effet de serre. Les 40% restants, un “minimum incompressible” selon M. Delaunay, doivent être “compensés” par des mesures de stockage de carbone, comme la plantation de haies et d’arbres.Le plan n’en est encore qu’à ses débuts: sur les quelque 3.500 domaines de Bourgogne, seuls 150 comptes ont été ouverts sur la plateforme WinePilot, qui permet aux vignerons d’évaluer leur empreinte carbone et de la réduire. “Mais il n’y en avait que 60 il y a six mois”, se félicite Mathieu Oudot, chef du projet neutralité au BIVB, qui veut y voir une “dynamique en train de prendre”.Pour atteindre son objectif, la profession s’attaque d’abord au plus gros contributeur : la bouteille, qui pèse 25% du carbone. “Nos bouteilles passent cette année à 420 grammes, contre 520 auparavant. Cela représente 500 tonnes de verre en moins, soit 100 tonnes de CO2″, l’équivalent de plus de 50 allers-retours Paris-New York en avion, se félicite Frédéric Drouhin, de la Maison Drouhin, à Beaune (Côte d’Or).Mais toucher à la dive bouteille, même si elle est devenue diabolique par son empreinte carbone, nécessite de s’attaquer à un tabou dans une Bourgogne où on estime souvent qu’un bon vin nécessite un flacon de poids.”On a sondé nos clients”, rétorque Frédéric Drouhin. “Et ils ne sont pas choqués, même pour les grands vins.”- Tondeuses naturelles -Alléger la bouteille ne suffira pas. “Il va falloir qu’il y ait des pratiques qui changent”, avertit Boris Champy, à la tête d’un des premiers domaines de France à être passé, dès 1984, en biodynamie, forme plus exigeante de l’agriculture biologique qui lutte contre les maladies à l’aide de tisanes ou de bouses de vaches, et émet moins de gaz à effets de serre.Le résultat est visible: alors que la parcelle de son voisin est revêtue d’un triste sol nu, des milliers de pâquerettes pointent leurs couleurs au milieu du domaine de Boris, à Nantoux (Côte d’Or). Entre les rangs, des moutons pâturent, véritables tondeuses naturelles qui “évitent un passage en tracteur” tout en laissant au sol un engrais naturel. Boris Champy n’a pas la prétention de demander à tous de suivre son exemple mais certaines de ses pratiques peuvent être reprises, croit-il, par exemple l’abolition des capsules en métal qui recouvrent les bouchons.Autre usage à éradiquer, selon lui: le brûlage des sarments (tiges coupées lors de la taille) qui charge l’air de C02 alors que, broyés, ils peuvent apporter aux sols de précieuses matières organiques.Outre la vigne, la neutralité se fera également dans les chais, estime la coopérative de La Chablisienne, premier producteur de Chablis (Yonne). Quand il a fallu penser à un nouvel entrepôt, elle a opté pour la réhabilitation d’une ancienne carrière plutôt qu’une nouvelle construction.”Elle aurait coûté 8 millions d’euros, contre 2,5 millions pour cette carrière. Et ici, la température reste toute l’année à 12-14 degrés, donc pas besoin de climatiser, ce qui économise beaucoup d’énergie. C’est une belle opération pour nous et pour la planète”, se réjouit Damien Leclerc, directeur général de La Chablisienne.Pour lui, l’objectif de neutralité en 2035 “semble réaliste”. “De toute façon, même si on s’arrête aux trois quarts du chemin, on aura quand même déjà parcouru trois quarts du chemin”.

Les vins de Bourgogne dans la course à la décarbonation

Moins de verre et de métal, plus d’engrais naturels et de haies: les vins de Bourgogne se sont lancés dans un plan tous azimuts pour atteindre la neutralité carbone dès 2035, quinze ans avant l’objectif de la France.C’est “très ambitieux”, confesse à l’AFP Laurent Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). “Mais le dérèglement climatique est quelque chose de très grave. On est bien placés pour le voir”, dit-il en référence aux dégâts causés à la vigne par les aléas climatiques.D’ici à 2035, les vins de Bourgogne ambitionnent donc de réduire de 60% leur émission de gaz à effet de serre. Les 40% restants, un “minimum incompressible” selon M. Delaunay, doivent être “compensés” par des mesures de stockage de carbone, comme la plantation de haies et d’arbres.Le plan n’en est encore qu’à ses débuts: sur les quelque 3.500 domaines de Bourgogne, seuls 150 comptes ont été ouverts sur la plateforme WinePilot, qui permet aux vignerons d’évaluer leur empreinte carbone et de la réduire. “Mais il n’y en avait que 60 il y a six mois”, se félicite Mathieu Oudot, chef du projet neutralité au BIVB, qui veut y voir une “dynamique en train de prendre”.Pour atteindre son objectif, la profession s’attaque d’abord au plus gros contributeur : la bouteille, qui pèse 25% du carbone. “Nos bouteilles passent cette année à 420 grammes, contre 520 auparavant. Cela représente 500 tonnes de verre en moins, soit 100 tonnes de CO2″, l’équivalent de plus de 50 allers-retours Paris-New York en avion, se félicite Frédéric Drouhin, de la Maison Drouhin, à Beaune (Côte d’Or).Mais toucher à la dive bouteille, même si elle est devenue diabolique par son empreinte carbone, nécessite de s’attaquer à un tabou dans une Bourgogne où on estime souvent qu’un bon vin nécessite un flacon de poids.”On a sondé nos clients”, rétorque Frédéric Drouhin. “Et ils ne sont pas choqués, même pour les grands vins.”- Tondeuses naturelles -Alléger la bouteille ne suffira pas. “Il va falloir qu’il y ait des pratiques qui changent”, avertit Boris Champy, à la tête d’un des premiers domaines de France à être passé, dès 1984, en biodynamie, forme plus exigeante de l’agriculture biologique qui lutte contre les maladies à l’aide de tisanes ou de bouses de vaches, et émet moins de gaz à effets de serre.Le résultat est visible: alors que la parcelle de son voisin est revêtue d’un triste sol nu, des milliers de pâquerettes pointent leurs couleurs au milieu du domaine de Boris, à Nantoux (Côte d’Or). Entre les rangs, des moutons pâturent, véritables tondeuses naturelles qui “évitent un passage en tracteur” tout en laissant au sol un engrais naturel. Boris Champy n’a pas la prétention de demander à tous de suivre son exemple mais certaines de ses pratiques peuvent être reprises, croit-il, par exemple l’abolition des capsules en métal qui recouvrent les bouchons.Autre usage à éradiquer, selon lui: le brûlage des sarments (tiges coupées lors de la taille) qui charge l’air de C02 alors que, broyés, ils peuvent apporter aux sols de précieuses matières organiques.Outre la vigne, la neutralité se fera également dans les chais, estime la coopérative de La Chablisienne, premier producteur de Chablis (Yonne). Quand il a fallu penser à un nouvel entrepôt, elle a opté pour la réhabilitation d’une ancienne carrière plutôt qu’une nouvelle construction.”Elle aurait coûté 8 millions d’euros, contre 2,5 millions pour cette carrière. Et ici, la température reste toute l’année à 12-14 degrés, donc pas besoin de climatiser, ce qui économise beaucoup d’énergie. C’est une belle opération pour nous et pour la planète”, se réjouit Damien Leclerc, directeur général de La Chablisienne.Pour lui, l’objectif de neutralité en 2035 “semble réaliste”. “De toute façon, même si on s’arrête aux trois quarts du chemin, on aura quand même déjà parcouru trois quarts du chemin”.

Aux Etats-Unis, la promesse folle du retour de loups disparus

Trois petits loups au pelage blanc comme neige: difficile d’imaginer que ces adorables canidés soient des animaux revenus de la préhistoire. C’est pourtant ce qu’assure une entreprise américaine dont le projet de ressusciter des espèces disparues agite le monde scientifique. La start-up texane Colossal a réalisé cette semaine un joli coup de publicité en diffusant des images de ce qu’elle décrit comme de très jeunes “canis dirus”, loups géants d’Amérique du Nord ayant disparu il y a plus de 12.000 ans. “Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, Colossal a réussi à restaurer une espèce autrefois éradiquée”, clame-t-elle. Les photos et vidéos de ces trois petits “loups sinistres” – autre nom donné à l’espèce – ont inondé les réseaux sociaux et secoué la communauté scientifique, partagée entre enthousiasme et scepticisme.”Ces affirmations sont largement exagérées”, s’agace auprès de l’AFP Alan Cooper, spécialiste en biologie de l’évolution ayant étudié l’ADN des “canis dirus”. “C’est comme si je mettais en vous quelques gènes de Néandertalien qui vous rendraient plus poilu et plus musclé, et que je vous appelais +Néandertalien+. Vous seriez à mille lieues d’un Néandertalien, vous seriez un humain poilu”.”Ils ont créé un animal qui a des caractéristiques phénotypiques du loup sinistre, pas un loup sinistre”, abonde l’écologue américaine Lisette Waits, qui reconnaît néanmoins une “avancée importante”.Baptisés Romulus et Rémus, en référence à la mythologie romaine, et Khaleesi, clin d’oeil à la série à succès “Games of Thrones” qui a rendu célèbre cette espèce disparue, ces louveteaux ont été conçus grâce à des technologies génétiques innovantes.- “Débat sémantique” – Après avoir analysé de l’ADN de loup sinistre retrouvé sur deux fossiles -une dent et un os vieux de 13.000 et 72.000 ans- et l’avoir comparé à celui de l’actuel loup gris, Colossal a établi que les deux espèces étaient à “99,5% identiques”, explique à l’AFP Beth Shapiro, cheffe scientifique du projet.Un examen des différences a alors mis en lumière celles potentiellement responsables de la taille, de la musculature ou encore du pelage du loup sinistre.Sur cette base, l’équipe a modifié le génome d’un loup gris pour y placer certaines de ces différences d’ADN. Vingt modifications ont été réalisées grâce à des ciseaux moléculaires Crispr-Cas9, utilisés en génétique humaine.Un nombre réduit qui ne couvre pas l’ensemble des variations entre espèces mais que Mme Shapiro assume: “Plus nous limitons le nombre de changements, plus nous avons de chances d’avoir un animal en bonne santé”.Quant à savoir si les animaux nés de ce processus -via un embryon génétiquement modifié porté par une chienne- sont des loups OGM ou des loups sinistres, “c’est un débat sémantique”, balaye-t-elle.”Il ne sera jamais possible de créer quelque chose qui soit à 100% identique génétiquement”, admet-elle. “Mais ce n’est pas l’objectif. Notre objectif, c’est de créer des équivalents fonctionnels de ces espèces” disparues.- Dodos et mammouths -Un projet qu’elle entend notamment appliquer aux célèbres dodos, oiseaux endémiques de l’île Maurice, ou encore au mammouth laineux. Début mars, l’entreprise a publié des photos de souris au patrimoine génétique en partie mammouth, suscitant déjà la controverse.Pour certains scientifiques, cet objectif est tout simplement impossible et même dangereux. Pour d’autres, il s’agit d’une initiative ambitieuse qui pourrait permettre de lutter contre l’effondrement de la biodiversité.Pour Lisette Waits, qui travaille sur les enjeux de conservation, cela “pourrait contribuer à sauver des espèces en voie de disparition” car menacées par le manque de diversité génétique dû à leur trop faible nombre.En 2020, d’autres chercheurs ont ainsi cloné pour la première fois une espèce menacée endémique des Etats-Unis, le putois à pieds noirs.Avec ses promesses folles, Colossal a réussi à lever plus de 200 millions de dollars, une somme qui n’aurait probablement pas été investie dans d’autres efforts de conservation, selon Mme Waits.Mais leurs prouesses techniques soulèvent des questions éthiques, tant sur le bien-être animal que sur les règles à respecter et le bien-fondé de la démarche.”Je ne pense pas que les gens vont se dire +On peut laisser ces animaux disparaître car nous pourrons les faire revenir plus tard+, souligne Ronald Sandler, directeur de l’institut d’éthique de la Northeastern University. “Mais je m’inquiète un peu plus (…) qu’on perde de vue ce qui est vraiment important, c’est-à-dire s’attaquer aux causes profondes de l’extinction”.

Le Théâtre du Soleil en pleine introspection après des accusations de “dérives sexuelles”

Introspection forcée au Théâtre du Soleil: l’emblématique troupe d’Ariane Mnouchkine s’interroge sur ses pratiques après les accusations de “dérives sexuelles” portées fin mars par une comédienne à l’Assemblée nationale et dont la justice vient d’être saisie.Installée en bordure du bois de Vincennes, dans l’est parisien, la compagnie, qui a fêté l’année dernière son 60e anniversaire, a fait part de sa “sidération” après les déclarations d’Agathe Pujol devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles dans la culture.Elle y a affirmé avoir découvert le Soleil en tant que jeune bénévole en mars 2010, quelques mois avant d’y être, selon ses dires, victime d’une tentative de viol devant “plusieurs témoins” lors d’une fête. Elle a décrit plus généralement un climat de “dérives sexuelles” sur fond d’omerta. “Il fallait toujours étouffer l’affaire”, a-t-elle affirmé. Après ce témoignage, la commission de l’Assemblée nationale, qui a rendu son rapport mercredi, a indiqué avoir saisi la justice. Contacté par l’AFP pour connaître les suites de ce signalement, le parquet de Paris n’a pas fait de commentaires.Au Soleil, lieu d’expérimentation théâtrale et d’utopie artistique, célèbre pour ses grandes épopées et son engagement politique, ces accusations ont fait l’effet d’une bombe. “Ca a été un choc”, décrit à l’AFP une source interne sous couvert d’anonymat, qui ne se retrouve pas dans le tableau dessiné par Agathe Pujol.”Il y a pu avoir des comédiens un peu lourds mais pas de climat sexuel constant”, dit-elle.Dans deux communiqués successifs, la troupe, elle, a d’abord fait part de sa “sidération”, avant d’annoncer le lancement d’une enquête interne pour “déceler les éventuelles négligences, erreurs, fautes, délits ou crime qui auraient pu être commis dans ses murs, il y a quinze ans, ou même avant, ou depuis”.- Information auprès du public -Au lendemain des accusations d’Agathe Pujol, la troupe s’est par ailleurs réunie pour échanger les points de vue, dire sa consternation ou son incompréhension. “Cette réunion est l’une des plus graves de l’histoire du Théâtre du Soleil”, a alors déclaré Mme Mnouchkine, selon le journal le Monde, qui y a assisté.L’émotion peine à retomber depuis. Par souci de transparence, les deux communiqués diffusés par le Soleil sont désormais affichés dans le théâtre, afin que “notre public sache ce qui nous arrive et notre position”, explique à l’AFP Mme Mnouchkine, 86 ans.De l’extérieur, la compagnie semble faire bloc et se montre peu encline à épancher ses états d’âme. Les membres de la troupe sollicités par l’AFP n’ont ainsi pas souhaité s’exprimer publiquement.Le Soleil n’est toutefois pas resté inerte sur le sujet des violences sexuelles.L’AFP a ainsi appris qu’une référente dédiée à ces questions avait été nommée l’an dernier après un comportement “inapproprié” qui avait été signalé à Ariane Mnouchkine. Contactée, cette dernière a confirmé ces informations sans donner plus de précisions.Par ailleurs, deux membres de la troupe ont été exclus ces derniers mois, a également appris l’AFP. Un événement “douloureux” mais “sans rapport” avec les faits dénoncés par Agathe Pujol, a confirmé Mme Mnouchkine, sans détailler.Membre de la troupe dans les années 70, Clémence Massart certifie, elle, que le Soleil n’a jamais été un lieu où les pressions sexuelles avaient cours.”Je n’ai jamais subi la moindre pression physique. Je n’ai jamais senti aucune pression autre que celle du travail”, dit à l’AFP cette comédienne de 80 ans, qui a fait partie de la troupe entre 1971 et 1979.La comédienne se souvient avec bonheur de ses années passées au sein de cette “utopie artistique”, même si le degré d’exigence y est très élevé.”Ce n’est pas philanthropique, c’est un métier dur et c’est un endroit où il faut être bon, raconte-t-elle. Il faut une bonne santé mentale et physique et il faut accepter de se poser des questions”. 

Sans les géants du prêt-à-porter, la Suède peine à trier ses habits usés

Les centres de collecte croulent sous les vêtements en Suède depuis le début de l’année en raison de l’obligation de trier les textiles, mais en attendant le soutien des géants de l’habillement, les communes sont débordées.”D’énormes quantités arrivent chaque jour, c’est dingue”, constate Brian Kelly, secrétaire général de l’association Artikel2 (ex-Emmaüs), face à la rangée de chariots remplis de leur point tri.Depuis le 1er janvier 2025, les pays européens doivent opérer une collecte séparée des textiles, comme pour le verre ou le papier. L’objectif est de favoriser une gestion circulaire de ces déchets: après le tri, ils sont réemployés ou recyclés s’ils sont trop abîmés. “Nous avons enregistré une augmentation d’environ 60% des textiles collectés entre janvier et février cette année, par rapport à la même période l’année dernière”, souligne Karin Sundin, spécialiste de ces déchets chez Stockholm Vatten och Avfall.Une fois triés, environ 60 à 70% sont destinés à la réutilisation, 20 à 30% seront recyclés (rembourrage, isolation, matériaux composites) et environ 7 à 10% seront brûlés à des fins énergétiques, selon l’agence suédoise de la protection de l’environnement.- Gros volumes -Une nette amélioration, selon les professionnels du secteur, qui rappellent qu’avant cette loi, un pull jeté finissait systématiquement incinéré. Faute d’infrastructures suffisantes, les vêtements usagés en Suède sont néanmoins encore largement exportés vers l’étranger, surtout en Lituanie, où ils sont triés, ou brûlés et transformés en énergie sur place. “Nous ne disposons pas de grandes installations de tri capables de valoriser l’ensemble des textiles, comme c’est le cas, par exemple, en Europe de l’Est. Cela s’explique par le fait que ce tri est très intensif en main-d’Å“uvre, ce qui le rend très coûteux”, explique Mme Sundin en faisant visiter à l’AFP le centre de collecte d’Östberga (sud de Stockholm).Les volumes en circulation sont gigantesques: en Suède, les déchets textiles représentent 90.000 tonnes par an, soit 10 kilos par personne, selon l’association Naturskyddsföreningen. Au sein de l’UE, elle atteint en moyenne 19 kilos par personne en 2022, contre 17 en 2019, selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).Sans compter la pollution générée par le secteur de l’habillement.  Fabriquer un tee-shirt de 135 grammes nécessite 2.500 litres d’eau et un kilo de produits chimiques, relève Yvonne Augustsson, conseillère au sein de l’agence suédoise pour la protection de l’environnement. “Cela entraîne une émission d’environ 2 à 5 kilos de gaz à effet de serre. En Suède, un vêtement est utilisé en moyenne 30 fois. Si on double cette durée d’usage à 60 utilisations — ce qui semble raisonnable — on réduit de moitié son impact climatique”, expose-t-elle.La gestion des déchets repose uniquement sur les communes, souvent dépassées par la quantité de textiles reçus. Dans le nord, certaines comme Kiruna continuent à tout brûler malgré la loi, faute de trouver preneur.  Les géants de l’industrie comme H&M et Zara sont attendus au tournant, et des négociations sont en cours au niveau européen pour établir leur responsabilité.Selon un accord provisoire conclu entre les pays membres de l’UE le 18 février, ces acteurs devront assumer les coûts liés à la gestion de leurs déchets textiles, y compris la mise en place de systèmes de collecte et de traitement. – Changement des mentalités -L’idée est de les inciter à produire “des vêtements conçus pour durer plus longtemps, tant en termes de qualité que de réparabilité”, décrypte Mme Augustsson. Un changement des mentalités chez le consommateur est également nécessaire. Pour rester dans les “limites planétaires”, il faudrait ne “pas acheter plus de cinq vêtements neufs par an”, prévient Beatrice Rindevall, présidente de Naturskyddsföreningen, association qui organise régulièrement des journées d’échange de vêtements.Dans la ville de Linköping, par une journée ensoleillée de mars, Eva Vollmer, une bénévole, s’affaire sur un campus étudiant. Veste rose fuschia aux manches garnies de plumes, jeans délavés, sacs, marinières… il y en a pour tous les goûts.”Les gens peuvent nous donner des vêtements en bon état, qu’ils ne portent plus (…) et les échanger contre d’autres”, dit-elle. “Notre objectif, c’est de créer une solution concrète pour offrir une réelle alternative”.Mais le marché de la seconde main a changé, avec des produits de plus en plus défectueux, note Karin Sundin.Â