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Vélo de fonction: la filière veut séduire les employeurs

La filière française du vélo a appelé lundi le gouvernement à faciliter le développement du vélo de fonction en entreprise, sur les modèles allemand ou belge.La France a pris beaucoup de retard sur ses voisins comme l’Allemagne ou la Belgique, où beaucoup d’entreprises facilitent l’accès de leurs salariés à des vélos sur abonnement, souligne France Vélo dans un rapport présenté lundi au salon Pro Days à Paris.En France, la poignée d’employeurs qui financent déjà des vélos (à hauteur du coût de l’abonnement de 70% en général) doivent pour le moment prélever le reste à charge chaque mois sur le salaire net du salarié. Ils bénéficient ensuite d’une déduction fiscale de 25% du coût d’achat ou de location des vélos.La filière vélo demande au gouvernement d’officialiser la “conversion de salaire”: celle-ci, pratiquée en Allemagne ou en Belgique, permet de prélever le coût du vélo sur le salaire brut du salarié, rendant l’abonnement plus avantageux pour lui, et moins cher pour l’entreprise.La filière demande également que le Forfait mobilités durables (jusqu’à 900 euros par an et par salarié) soit cumulable avec cette conversion de salaire.Ces mesures, doublées de campagnes de promotion, pourraient permettre d’accompagner 400.000 salariés d’ici 2030, selon la filière, et de créer 10.000 emplois alors que le secteur a fortement ralenti après de folles années pendant l’épidémie de Covid.La conversion de salaire aurait un coût pour les finances publiques estimé à 40 millions d’euros par an, largement compensé, selon la filière, par les bénéfices pour l’environnement et la santé des salariés.En Allemagne, où la conversion de salaire est en place depuis 2012, deux millions de vélos de fonction circulent actuellement, représentant 50% des ventes de vélos électriques chaque année. Et 200.000 circulent en Belgique, alors qu’ils ne sont que 20.000 en France.Après deux ou trois ans de location, le salarié peut généralement choisir de racheter son vélo à prix réduit.”Pour introduire  une démarche vélo dans une entreprise, il faut un +sponsoring+ hyper fort, et de l’exemplarité. Quand tout le comité exécutif dit qu’il faut développer le vélo et que pas un seul ne quitte son véhicule, ça fait tache”, a témoigné lundi Barbara Blanc, directrice de la mobilité pour la banque BNP Paribas, soulignant que certains cadres avaient pris le mouvement en marche.”Et il faut des règles hyper simples pour les ressources humaines”, a-t-elle précisé.

Du jamais vu depuis 30 ans : le taux de pauvreté atteint un niveau record en France

Du jamais vu depuis au moins trente ans: le taux de pauvreté a battu un record en 2023 en France métropolitaine où les inégalités se creusent selon l’Insee. Des chiffres loin d’être “surprenants” pour les associations, qui exhortent l’Etat à passer aux actes. Entre 2022 et 2023, le taux de pauvreté a augmenté de 0,9 point, passant de 14,4% à 15,4%, précise l’Institut national de la statistique et des études économiques dans son étude annuelle parue lundi. Il s’agit du taux le plus élevé depuis le lancement de l’indicateur Insee en 1996.Concrètement, 9,8 millions de personnes se trouvaient en 2023 en situation de pauvreté monétaire, c’est-à-dire qu’elles disposaient de revenus mensuels inférieurs au seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu médian, soit 1.288 euros pour une personne seule. En un an, 650.000 personnes ont basculé dans la pauvreté. “C’est un niveau inégalé depuis près de 30 ans” relève auprès de l’AFP Michel Duée, chef du département ressources et conditions de vie des ménages à l’Insee. “Si on veut remonter encore plus loin, il faut revenir au début des années 1970 pour avoir des niveaux de pauvreté à peu près comparables”.”Cette hausse s’explique par l’arrêt des aides exceptionnelles, notamment l’indemnité inflation et la prime exceptionnelle de rentrée, qui avaient été mises en place en 2022 pour soutenir le pouvoir d’achat”, ajoute-t-il. “L’autre élément d’explication, c’est la hausse, parmi les non-salariés, de la part des micro-entrepreneurs dont les revenus sont faibles”.Les inégalités des niveaux de vie ont également “fortement” augmenté en 2023, conséquence de la baisse du niveau de vie des plus modestes concomitante à la hausse de celui des plus aisés.”Les inégalités atteignent des niveaux parmi les plus élevés depuis 30 ans”, note Michel Duée. “Le niveau de vie des plus modestes a augmenté moins rapidement que l’inflation tandis que le niveau de vie des plus aisés a été dynamique, notamment grâce à la bonne situation sur le marché du travail et au rendement des produits financiers”.Le profil des personnes pauvres reste quant à lui globalement inchangé, avec une forte représentation des familles monoparentales – dont le taux de pauvreté augmente de 2,9 points – et des personnes au chômage, en hausse de 0,8 point. Autre enseignement de l’étude de l’Insee, une hausse de la pauvreté moins marquée chez les retraités (11,1%, +0,3 point contre +0,9 point pour l’ensemble de la population), sous l’effet notamment de la revalorisation du minimum contribution prévue dans le cadre de la réforme des retraites. – “Inaction” politique -Contactée par l’AFP, la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) évoque des chiffres “alarmants” mais “loin d’être étonnants” au vu de la situation sur le terrain et de la fin des mesures en faveur du pouvoir d’achat.”Les coupures d’électricité et de gaz pour impayés explosent, le nombre de personnes qui disent avoir froid chez eux a presque doublé et on voit une montée très forte des expulsions locatives”, souligne Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation. “On est sur une dynamique qui est très inquiétante de l’action politique ou plutôt de l’inaction politique”, ajoute-t-il. “L’heure n’est plus aux mesures ponctuelles, il faut des mesures structurelles”.”Nous avons rencontré le Premier ministre François Bayrou la semaine dernière, il a évoqué un objectif de réduction de la pauvreté à 10 ans. En soi c’est une bonne chose mais avec quels moyens ?”, s’interroge de son côté Delphine Rouilleault, présidente du collectif Alerte qui réunit 37 associations de lutte contre la pauvreté.”Derrière les paroles d’humanité et l’affichage d’un soutien au secteur associatif on attend du gouvernement des mesures ambitieuses et une prise de conscience”, ajoute-t-elle. “On entend des rumeurs sur l’idée d’une année blanche de non-revalorisation des prestations sociales: ce serait inadmissible vu le contexte”. L’étude annuelle de l’Insee sur la pauvreté ne comprend pas les habitants des départements d’outre-mer, les personnes sans abri et les personnes vivant en institution. La dernière enquête menée sur la totalité de la population française avait estimé à 11,2 millions le nombre de personnes en situation de pauvreté en 2021. 

Désarmer toutes les polices municipales? La proposition de LFI provoque un tollé

Faut-il désarmer les polices municipales? À moins d’un an des élections municipales de 2026, la proposition de la cheffe des députés de La France insoumise Mathilde Panot créé la polémique – et reste loin de refléter l’état d’esprit des possibles candidats insoumis sur le terrain.”Une police municipale de proximité n’a pas besoin d’être armée”, a déclaré Mathilde Panot dimanche sur BFMTV, rappelant que La France insoumise souhaitait que la police municipale soit réintégrée dans la police nationale “avec une police de proximité”.”Une police de proximité, ça a existé, ça fonctionnait extrêmement bien et nous regrettons qu’elle ait été démantelée”, a-t-elle insisté, rappelant qu’une présence de la police nationale armée restait la règle.”Traduction: avec cette gauche, vous n’aurez plus le droit à la sécurité. La gauche sans le peuple”, a rapidement réagi sur X le ministre de la Justice Gérald Darmanin (Renaissance).”LFI fait le choix de l’insécurité dans nos communes!”, a pour sa part accusé la présidente (LR) de la région ÃŽle-de-France Valérie Pécresse.À gauche, pas vraiment de soutien non plus pour cette proposition.”Je ne me mettrais pas derrière un maire insoumis qui annoncerait qu’il va supprimer la vidéoprotection ou qu’il va supprimer l’armement des policiers. Ça n’a aucun sens. Comment peut-on même l’imaginer?”, a critiqué de son côté le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.Car Mathilde Panot a également estimé que les caméras de surveillance “n’ont jamais prouvé leur utilité”.Interrogé lundi sur TF1, le coordinateur du mouvement Manuel Bompard n’a pas franchement répondu sur un possible désarmement des policiers municipaux dans les communes qui passeraient sous pavillon insoumis au printemps 2026, se concentrant sur sa “préférence pour de la présence humaine” par rapport à la vidéosurveillance.”C’est beaucoup plus efficace pour lutter contre les problèmes d’insécurité”, a-t-il insisté.Car le sujet du désarmement de la police municipale ne fait pas l’unanimité dans le mouvement de gauche radicale, où une dizaine de députés se préparent à être têtes de liste l’année prochaine.- “Chacun se positionnera” -“Il faut des gages de sérieux. Il y a une demande de bonne gestion de la ville de la part des habitants. Moi je ne pourrais pas désarmer ma municipale par exemple”, indiquait récemment l’un d’eux à l’AFP.”Ça ne sera pas un tabou la délinquance, loin de là. Je ne proposerais pas de désarmer la municipale”, ajoutait un autre.”La réalité locale impose de ne pas désarmer la police municipale de Roubaix, compte tenu de l’augmentation de ses missions et de ses responsabilités”, précise pour sa part à l’AFP David Guiraud, candidat dans la ville du Nord, en précisant que “les policiers municipaux font un usage de leur arme nettement inférieur à celui des policiers nationaux”.Cet hiver le député et cadre insoumis Louis Boyard, candidat à une municipale partielle à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), ne proposait pas de désarmer la police municipale en cas de victoire.Au même moment, les Insoumis publiaient leur “boîte à outils programmatique”, une longue série de propositions, pour les élections de 2026, sur lesquelles ils comptent pour améliorer leur implantation locale à un an de la présidentielle.Parmi ces idées, figurait la volonté de “refuser l’armement létal des policiers municipaux”. Ce qui pour les Insoumis inclut les armes à feu et les lanceurs de balles de défense (LBD).”On veut retirer des armes létales, ça ne veut pas dire empêcher les policiers municipaux de se défendre”, explique pour l’AFP le député et co-responsable du programme de LFI, Hadrien Clouet.”Mathilde Panot a repris une des propositions de la boîte à outils. Après chacun se positionnera, il faudra des délibérations locales”, nuance-t-il également.Les Insoumis ne sont pas le seul parti à être traversé par des hésitations sur cette question, alors que la gauche fait régulièrement face aux accusations de laxisme, venues de la droite et de l’extrême droite, sur la question de la sécurité.Les Écologistes, qui ont remporté plusieurs grandes villes lors des dernières élections de 2020, sont eux-mêmes partagés.À Grenoble, le maire et porte-parole du parti vert Éric Piolle refuse d’armer sa police municipale. À l’inverse à Bordeaux, le maire Pierre Hurmic a annoncé l’année dernière qu’un quart de ses 200 agents seraient dorénavant dotés d’armes à feu.

Europe, Asie, Afrique équatoriale : un mois de juin exceptionnellement chaud

Du Nigeria au Japon, du Pakistan à l’Espagne, le mois de juin a enregistré une chaleur record dans 12 pays et exceptionnellement chaude dans 26 autres, d’après des calculs de l’AFP à partir des données du programme européen Copernicus.Quelque 790 millions d’habitants au total, dans 12 pays en Europe, Asie et Afrique ont subi des températures jamais enregistrées auparavant en juin. Pour 26 autres pays, le mois écoulé a été le deuxième plus chaud, comme en Chine, en France, au Royaume-Uni mais aussi en République démocratique du Congo et en Ethiopie. Tour du monde de ces chaleurs précoces et extrêmes, conséquences du réchauffement climatique qui augmente l’intensité et la fréquence des canicules.- Europe : 3°C au-dessus des normales -Les habitants du sud et de l’ouest de l’Europe ont connu fin juin une vague de chaleur précoce, mettant à l’épreuve des populations encore peu habituées à de telles chaleurs extrêmes comme dans la région parisienne en France, en Belgique et aux Pays-Bas.Une quinzaine de pays dont la Suisse, l’Italie ou l’ensemble des Balkans ont subi des températures 3°C au-dessus de leurs normales de saison. L’Espagne, la Bosnie et le Monténégro ont même connu leur mois de juin le plus chaud jamais enregistré. Respectant une tradition annuelle, la télévision andalouse Canal Sur a déjà réussi à cuire un Å“uf dans la rue à Séville directement sur une poêle.- Asie-Pacifique : records sur terre et sur mer -Avant l’Europe, le Japon a connu une vague de chaleur dès la mi-juin et son mois de juin le plus chaud depuis le début des relevés en 1898. La température des eaux côtières autour de l’archipel a été supérieure de 1,20°C à la normale, égalant le record de juin 2024.Ces records surviennent alors que le pays a déjà connu son été le plus chaud en 2024, à égalité avec 2023, et suivi de l’automne le plus chaud jamais enregistré. L’iconique calotte neigeuse du mont Fuji n’est ainsi apparue que début novembre, un mois plus tard qu’en moyenne.En Asie-Pacifique, la Corée du Sud et la Corée du Nord ont aussi connu le mois de juin le plus chaud depuis l’existence des données de températures, presque 2°C au-dessus de leurs normales de saison. En Chine, 102 stations météorologiques ont enregistré des records absolus pour une journée de juin, dont certaines au-dessus de 40°C, selon les médias d’Etat.- Asie centrale : le printemps le plus chaud -Le Pakistan, 250 millions d’habitants, et le Tadjikistan, 10 millions, ont aussi battu des records de températures pour un mois de juin. Cela s’inscrit dans un printemps exceptionnellement chaud sur l’ensemble de l’Asie centrale, puisque outre ces deux pays, l’Iran, l’Afghanistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizstan, viennent d’achever leur printemps (avril-juin) le plus chaud jamais enregistré. Selon les pays, le thermomètre est monté 2 à 4°C au-dessus de la moyenne des printemps des années 1981-2010. Avec des pics ponctuels au-delà de 50°C dans certaines régions arides. – Afrique équatoriale : presque aussi chaud que 2024 -Le Nigeria, sixième pays le plus peuplé du monde avec 230 millions d’habitants, a égalé son record de température pour un mois de juin, qui date de 2024.Dans d’autres pays du Sahel et d’Afrique équatoriale comme la Centrafrique, le Soudan du Sud, le Cameroun, la République démocratique du Congo et l’Ethiopie, ce mois de juin est le deuxième plus chaud sur l’ensemble des données disponibles, juste derrière juin 2024.Le Soudan du Sud, où les températures étaient 2,1°C au-dessus des normales pour un mois de juin, avait déjà connu une première vague de chaleur en mars, habituellement le mois le plus chaud de l’année. La chaleur avait alors poussé le gouvernement à fermer les écoles, une mesure inédite dans ce pays instable et extrêmement pauvre. “Les températures extrêmes et les conséquences du réchauffement climatique affectent tous les aspects du développement socio-économique de l’Afrique et aggravent les famines, l’insécurité et les mouvements de population”, avertissait en mai l’Organisation météorologique mondiale (OMM), agence de l’Onu.

“Préparer” sa peau au soleil : de nombreuses idées fausses et des risques

Cabines UV, compléments alimentaires, auto-bronzants : de nombreuses idées fausses persistent autour du soleil et du bronzage, et les conseils pour “préparer” sa peau à l’exposition aux rayons UV, principal facteur des cancers cutanés, alimentent toujours des comportements à risques.”Il n’existe aucun moyen de préparer la peau aux effets du soleil”, assure à l’AFP le Pr Claude Linassier, directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins à l’Institut national du cancer (INCa).Chaque année, en France, de 141.200 à 243.500 cancers de la peau sont diagnostiqués, dont 112.960 à 194.800 provoqués par une exposition excessive aux UV, selon Santé publique France.Sur les réseaux sociaux, dans des magazines ou dans l’imaginaire collectif, de nombreuses idées erronées perdurent.La plus inquiétante : 20% des Français pensent que des séances en cabines UV artificiels, avant l’été, diminuent les dangers d’attraper des coups de soleil, selon un sondage Ipsos de 2023 pour le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV).Or, “ces pratiques augmentent considérablement les risques de cancer cutané”, alerte le syndicat, alors que 33% des jeunes de 25 à 34 ans y ont recours.”20 minutes de bronzage en cabine, c’est une journée de soleil tropical sur la peau ! Cette pratique est encore plus dangereuse que l’exposition au soleil sans protection”, souligne à l’AFP Catherine Olivérès Ghouti, membre du SNDV.Les rayonnements UV artificiels sont d’ailleurs classés “cancérogènes certains pour l’homme” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) depuis 2009 et ces cabines sont interdites dans plusieurs pays, comme l’Australie.Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l’âge de 35 ans “augmentent de 59% le risque de développer un mélanome cutané”.Chaque année, environ “380 nouveaux cas de mélanomes” sont liés à ces cabines auto-bronzantes, complète le Pr Linassier, qui les déconseille vivement.- “Pas de bronzage sain” -Autre option souvent plébiscitée : foncer sa carnation avant de s’exposer, en prenant des compléments alimentaires ou grâce à de l’auto-bronzant, afin d’être mieux protégé.Les peaux foncées produisant davantage de mélanine protectrice contre le soleil, l’idée pourrait sembler tentante, mais ce raccourci est trompeur.En effet, les compléments alimentaires ne sont souvent que “de simples colorants à base de carotène”, qui vont donner un teint hâlé, “mais ne remplacent pas la mélanine et ne confèrent donc aucune protection contre les rayons ultraviolets”, insiste le Pr Linassier.A fortes doses, certains compléments alimentaires à base de bêta-carotène ont même un effet néfaste sur la santé, prévient l’oncologue, car ils “représentent un surrisque de cancers du poumon pour les fumeurs ou ex-fumeurs, et les personnes qui ont été exposées à l’amiante”.En donnant l’illusion d’être déjà bronzé, ces produits peuvent même pousser à s’exposer plus longtemps, voire sans protection.Mais, même à petite dose, “il n’existe pas de bronzage sain”, rappelle l’INCa.”Ce dernier constitue une agression pour la peau, signe d’une réaction qui s’enclenche contre les dommages provoqués par les UV, naturels ou artificiels. Une peau bronzée indique donc que l’ADN a subi des dommages”, souligne l’Institut.En cas d’exposition au soleil, l’utilisation de crème solaire est indispensable et à renouveler toutes les deux heures, mais même les produits solaires les plus efficaces – indice 50 – ne filtrent pas la totalité des UV.La protection solaire doit donc être multiple : port de vêtements avec un tissage serré ou traités anti-UV, chapeau à larges bords, lunettes de soleil et limitation de l’exposition aux heures les plus chaudes.Et pour ceux soucieux de faire leur stock de vitamine D, seules quelques minutes d’exposition suffisent en réalité à couvrir les besoins physiologiques. L’INCa recommande ainsi d’exposer quotidiennement mains, avant-bras et visage d’avril à septembre, “de 5 à 10 minutes pour les peaux claires et de 15 à 30 minutes pour les peaux foncées ou noires”.De son côté, la Ligue contre le cancer a lancé mi-juin une campagne de prévention appelant à ne pas “griller au soleil” cet été, car “on n’est pas des saucisses”, rappelant que les cancers cutanés font partie des “40% de cancers évitables”.

Endométriose: la stratégie nationale en quête d’un nouvel élan

Pas assez vite, pas assez fort? Plus de trois ans après l’annonce d’une stratégie nationale sur l’endométriose par l’Elysée, des patientes et des spécialistes reconnaissent des progrès mais regrettent des moyens encore insuffisants.En janvier 2022, le président Emmanuel Macron lançait un plan pour mieux diagnostiquer et prendre en charge cette maladie qui touche au moins une femme sur 10 en France. Le chef de l’Etat promettait alors des moyens “à la hauteur des enjeux” pour la recherche.Cette maladie chronique, qui se caractérise par le développement d’une muqueuse utérine (l’endomètre) en dehors de l’utérus, provoque des règles douloureuses, des problèmes urinaires, lombaires, etc.La stratégie s’est accompagnée d’un programme de recherche “santé des femmes, santé des couples” (dit PEPR), doté initialement de 25 à 30 millions d’euros sur 5 ans, réduits depuis à 25 millions. Le gouvernement a aussi donné accès pour certaines patientes au test diagnostic salivaire de la société Ziwig, dans le cadre du “forfait innovation”, une prise en charge dérogatoire des technologies en phase précoce de développement clinique.Sur le terrain, des patientes et des médecins interrogés par l’AFP dressent un bilan en demi-teinte. Plusieurs étapes du PEPR ont été menées à bien, explique Jean Rosenbaum, le coordinateur scientifique du programme. Un projet sur l’épidémiologie de l’endométriose, baptisé EPI-ENDO, a ainsi été doté de plus de 6 millions d’euros, dit-il. “Un de nos objectifs était, grâce aux moyens que l’on propose, d’inciter des chercheurs dans des domaines différents à venir travailler sur l’endométriose parce qu’ils ont des compétences utiles. Par exemple, la biologie cellulaire, l’épigénétique (…) Cela a pas mal marché”, félicite aussi M. Rosenbaum.La stratégie reposait également sur le déploiement dans chaque région d’une filière de soins dédiée à la prise en charge de l’endométriose. “A ce jour, toutes les régions se sont engagées dans la mise en place d’une filière. Une dizaine d’entre elles ont déjà des filières totalement déployées”, précise le ministère de la Santé à l’AFP.En outre, une vingtaine de doctorants et de post doctorants ont reçu ou vont recevoir des bourses dans le cadre du PEPR, qui finance aussi une dizaine d’équipes de recherche, pour près de 5 millions d’euros.- Retards -Mais le délai pour obtenir ces financements excède certains médecins. “Le plan de lutte contre l’endométriose était une excellente nouvelle”, commente ainsi le professeur Louis Marcellin, gynécologue à l’hôpital Cochin à Paris. Toutefois, malgré un feu vert pour un projet porté par son établissement, “les fonds n’ont pas encore été débloqués”, déplore-t-il.”Il y a eu du temps perdu à plusieurs étapes, un an de retard au total”, reconnaît Jean Rosenbaum, regrettant des tracas administratifs.Selon le ministère de la Santé, “les éventuels retards de versement relèvent de la gestion contractuelle entre l’Agence nationale de la recherche, les porteurs (de projets, NDLR) et les établissements de recherche concernés.””On ne va pas dire que l’existence de ce PEPR répond à toutes les attentes”, regrette quant à elle Arounie Tavenet, de l’association de patientes Endofrance. “On aurait pu espérer des processus accélérés pour ce qui est présenté comme une priorité nationale”.Le mécontentement porte sur les délais mais aussi sur le montant des financements publics au regard de l’ampleur des besoins. L’enveloppe de 25 millions doit en effet se partager entre la recherche sur l’infertilité et sur l’endométriose. D’après le ministère de la Santé, quelque 11,3 millions d’euros ont été spécifiquement engagés pour l’endométriose dans le cadre du PEPR. “Si on regarde le verre à moitié plein, c’est bien, parce que ça donne une impulsion”, estime Valérie Desplanches, présidente de la fondation pour la recherche sur l’endométriose. “Mais cela reste insuffisant.””Il y a une meilleure prise de conscience de l’endométriose”, considère le professeur Jean-Marc Ayoubi, dont l’équipe a permis la première transplantation utérine française. Tout en reconnaissant la faiblesse des montants dédiés à la maladie: “Seule la recherche peut faire progresser les choses.”

Au Kirghizstan, l’apparition de maisons en riz, écologiques et économiques

Dans son jardin, Akmatbek Ouraïmov observe les maçons qui bâtissent sa future maison. Un chantier ordinaire, si ce n’est le matériau de construction: des parpaings en riz, composant écologique et économique qui gagne en popularité au Kirghizstan.”J’ai choisi ceux en riz après avoir réfléchi à d’autres variantes: c’est pratique pour la chaleur, les finances et la construction”, assure cet habitant de Kyzyl-Kia, dans le sud de ce pays d’Asie centrale.Avant de se décider, Akmatbek Ouraïmov a d’abord “vérifié de ses propres yeux” ce matériau appelé “balle de riz”, obtenu après séparation de la  céréale et de son enveloppe.”Je n’ai aucun doute sur la qualité. Les gens ne connaissaient pas, mais en voyant le chantier, ils s’y intéressent et m’appellent”, dit-il à l’AFP.Cette technique de construction comme alternative au ciment éveille désormais l’intérêt de scientifiques de tous les continents.Dans plusieurs études universitaires récentes -en Chine, Inde, Espagne ou sur les continents africains et sud-américains- les experts soulignent les propriétés énergétiques, économiques, physiques et environnementales du riz, pour répondre aux défis climatiques.L’usage de balles de riz permet, par exemple, d’avoir moins recours au ciment, gourmand en eau et responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de CO2, selon les chiffres de 2023 du forum économique mondial.  – Isolation -Habitant un village d’une région montagneuse et aride, Ykhval Borieva a elle aussi opté pour le riz, dont elle loue les propriétés isolantes, démontrées par les scientifiques.Grâce à la faible conductivité thermique du riz, sa maison reste “chaude en hiver et fraîche au printemps”.”On économise du charbon. Les murs gardent bien la chaleur et la fraîcheur”, se félicite-t-elle.Ces maisons ont vu le jour grâce à l’ingéniosité de Noursoultan Taabaldyev, l’un des précurseurs de ce procédé en Asie centrale.”Cette idée m’est venue enfant, en faisant de la menuiserie avec mon père”, explique l’ingénieux Noursoultan, qui n’a pas attendu de lire des études scientifiques pour se lancer.A 27 ans, il a déjà construit “300 maisons” en cinq ans, d’abord avec de la sciure de bois, puis avec du riz.Les briques sont “composées à 60% de balles de riz, le reste étant de l’argile, du ciment et une colle sans produits chimiques”, montre-t-il à l’AFP. Dans son atelier artisanal où s’envole la poussière de riz, des ouvriers se protégeant le visage compressent les briques, courent les faire sécher et aide des clients à les charger.Sèches, elles seront aussi solides que du ciment grâce à la silice, un oxyde minéral. Et côté sécurité incendie, un responsable régional du ministère des Situations d’urgence a indiqué à l’AFP ne voir “aucun danger particulier avec ces maisons”.- “Problèmes environnementaux” -Pour Noursoultan, la matière première est à portée de main: la région de Batken, où il vit, produit un tiers du riz kirghiz.”Les déchets de riz sont jetés dans les champs, se consument lentement, nuisent à l’environnement et ne sont pas utilisés comme engrais. Nous avons donc décidé de les recycler”, explique l’entrepreneur.Ce problème se pose encore plus sérieusement chez les gros producteurs de riz comme l’Inde, où “31,4 millions de tonnes de balles de riz remplissent les décharges et causent des problèmes environnementaux”, d’après une étude de novembre 2024, publiée par la société d’éditions scientifiques Springer Nature.”Les paysans sont ravis que nous emportions les déchets de riz car leur accumulation créé un risque d’incendie” dans les granges en cas de mauvaise ventilation, poursuit Noursoultan.Comme chez le fermier Abdimamat Saparov, qui montre les monticules.”Après avoir récolté et séché le riz, il reste environ 40% de déchets que nous n’avons aucun moyen de traiter”, dit M. Saparov, situation symptomatique de “l’absence d’atelier organisé de transformation” dans le secteur du riz, selon les autorités.Cette abondance de riz rend ces briques moins chères que celles en ciment, argument crucial dans le sud du Kirghizstan où le salaire moyen mensuel avoisine les 200 euros.D’autant que le ciment au Kirghizstan est le plus onéreux d’Asie centrale et pourrait être inscrit sur la liste des produits socialement sensibles, comme le pain ou l’huile, pour en contrôler les prix.Désormais, Noursoultan rêve d’automatiser la production pour se lancer à l’international et réaliser d’autres projets.”Je veux aller au Kazakhstan pour faire des briques avec des roseaux et de la paille broyés”.

Nouveau conseil de défense sur “l’entrisme” des Frères musulmans

Emmanuel Macron a convoqué lundi un nouveau conseil de défense sur “l’entrisme” des Frères musulmans, après une première réunion fin mai jugée insatisfaisante par le chef de l’Etat, qui avait demandé au gouvernement “de nouvelles propositions”.Ce conseil de défense et de sécurité nationale se tiendra lundi en fin de matinée à l’Elysée, a indiqué l’entourage du président à l’AFP, confirmant une information du Figaro, sans autre précision.D’après le quotidien, y sont attendus le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, sa collègue de l’Education Elisabeth Borne, mais aussi celle des Sports Marie Barsacq.Le précédent conseil de défense consacré à “l’entrisme” des Frères musulmans avait tourné au recadrage, M. Macron s’étant agacé que le rapport qu’il avait commandé sur le sujet ait fuité dans la presse avant cette réunion.”Compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions”, s’était alors contenté d’indiquer l’Elysée.Le rapport faisait état d’une “menace pour la cohésion nationale” avec le développement d’un islamisme “par le bas” de la part des Frères musulmans.Née en 1928 en Egypte, la confrérie des Frères musulmans porte le projet d’un islam politique conservateur. Le mouvement a été interdit dans plusieurs pays, comme l’Arabie saoudite, l’Egypte et plus récemment la Jordanie.En France, il existe “dans certains quartiers” des phénomènes d’entrisme “identifiés”, avait affirmé M. Macron dans la foulée du premier conseil de défense, tout en appelant à ne pas “penser qu’il y en a partout, parce que ça peut rendre complotiste ou paranoïaque”.C’est précisément ce que lui reproche à gauche La France insoumise, dont le coordinateur national Manuel Bompard a encore dénoncé lundi sur TF1 une volonté de “pointer du doigt les Français de confession musulmane”.En pratique, les pistes avancées par M. Retailleau pour “s’attaquer aux écosystèmes islamistes” ont principalement pris la forme d’une réorganisation administrative, avec la création d’un rôle de “chef de file” en matière de renseignement, ou encore d’un “parquet administratif” capable par exemple de prononcer des dissolutions.Des “mesurettes administratives” rejetées en bloc par la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui avait réclamé d’aller “chercher, dénoncer, débusquer, couper les financements, interdire les publications” de cette “idéologie totalitaire”.Les décisions actées par ce nouveau conseil de défense pourraient faire l’objet d’un communiqué, a fait savoir l’Elysée.

Effondrements rue d’Aubagne à Marseille : prison ferme pour des copropriétaires, sursis pour l’élu et l’expert

Symbole du fléau du logement indigne à Marseille, le procès des effondrements mortels de la rue d’Aubagne s’est soldé lundi par de la prison ferme, sous bracelet électronique, pour trois copropriétaires et du sursis pour l’architecte-expert et l’ex-adjoint au maire mis en cause.Ce jugement, rendu plus de six mois après le procès, était attendu par toute une ville, traumatisée par ces effondrements de deux immeubles, le 5 novembre 2018, au coeur de Marseille, dont le 65 rue d’Aubagne, où huit locataires avaient perdu la vie.Parmi les 16 prévenus à ce dossier, dix au total ont finalement été condamnés, dont trois seulement à de la prison ferme, trois copropriétaires du 65.La peine la plus sévère, de quatre ans de prison dont deux ans ferme à effectuer sous bracelet électronique, a été infligée à Xavier Cachard, alors élu au conseil régional Paca, coupable, avec le syndic de l’immeuble, des “fautes les plus graves” dans ce dossier, a estimé le tribunal correctionnel.En tant que copropriétaire mais aussi avocat du syndic, il a adopté “une stratégie d’obtruction de réalisation des travaux nécessaires” dans l’immeuble, avec une “emprise manifeste sur les décisions et les votes”, sans parler de son “indifférence déplorable” sur l’état du logement qu’il louait, a asséné le président du tribunal correctionnel de Marseille, Pascal Gand.Juste avant que soit abordé le cas de Xavier Cachard, l’audience avait été interrompue près de 40 minutes après le malaise d’un autre copropriétaire, qui s’est effondré à l’énoncé de sa culpabilité. – “Téléprison” -Alors que le président énumérait les nombreux travaux – risques d’effondrement du plafond et du plancher, fils électriques apparents, déficit de chauffage, moisissures, punaises de lits – que Sébastien Ardilly aurait dû entreprendre, avec ses parents, dans le logement qu’ils louaient à une famille comorienne, dont un enfant de huit ans, le prévenu s’était effondré, nécessitant l’intervention des marins-pompiers.Sébastien Ardilly a finalement été condamné à trois ans de prison donc un an ferme, sous bracelet électronique, son père Gilbert écopant lui de de la même peine que M. Cachard. Des amendes importantes ont également été prononcées, jusqu’à 100.000 euros contre le cabinet Liautard, syndic du 65 rue d’Aubagne.Le tribunal a donc largement suivi les parties civiles, qui avaient directement cité à comparaître les copropriétaires du 65 rue d’Aubagne, le seul immeuble habité lors du drame, après que ceux-ci avaient été épargnés par l’instruction. Pour les prévenus qui avaient été poursuivis par les magistrats instructeurs, le tribunal s’est au contraire montré plus clément, prononçant uniquement des peines de prison avec sursis, et ce notamment contre le seul élu mis en cause dans ce dossier, Julien Ruas.Alors adjoint au maire de Jean-Claude Gaudin, maire LR de la ville de 1995 à 2020, et chargé notamment du logement insalubre, il a été condamné à deux ans de prison avec sursis et une interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans. “Vous ne vous êtes aucunement mobilisé pour mettre en place une politique volontariste de lutte contre les immeubles en péril”, a estimé le président.L’architecte Richard Carta, qui avait qui avait bâclé une visite de l’immeuble quelques jours à peine avant le drame, laissant aussitôt les habitants réintégrer leurs appartements, a eu la même peine, assortie d’une interdiction définitive d’exercer ce métier.- “Téléprison” -En sortant de l’audience, des habitants de Marseille, venus en nombre écouter cette décision dans une ville minée par le logement indigne, ont crié “assassins” quand les principaux prévenus sont passés devant eux.”C’est un jugement qui est quand même assez clément (…), on attendait quand même plus. Et effectivement, on est encore sous le choc”, a réagi Anissa Harbaoui, coprésidente de l’Assemblée des délogés, regrettant qu’il n’y ait “aucune peine de prison ferme” et assimilant les peines sous bracelet électronique à du sursis.”C’est de la téléprison”, a dénoncé un autre membre de l’Assemblée des délogés, Stéphane Lécolier, en comparant ces peines à du “télétravail”.Les six semaines de débats à l’automne avaient permis d’établir que les effondrements le 5 novembre 2018 des numéros 63 (vide) et 65 étaient inéluctables, vu l’état du bâti. Mais l’instruction avait seulement renvoyé quatre personnes devant le tribunal : Julien Ruas, Richard Carta, et deux personnes morales, le syndic du 65, le cabinet Liautard, et Marseille Habitat, bailleur social de la ville de Marseille propriétaire du numéro 63, laissé à l’état de ruine.Insuffisant pour certaines parties civiles qui avaient donc cité à comparaître 12 personnes supplémentaires, dont plusieurs copropriétaires.Au final, 16 personnes morales et physiques ont donc été jugées, pour différents délits, notamment homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité, un délit punissable de cinq ans de prison maximum, et soumission de personnes vulnérables dont au moins un mineur à des conditions d’hébergement indigne, des faits qui peuvent valoir jusqu’à dix ans d’emprisonnement.Durant les débats, les prévenus avaient contesté en bloc, les avocats plaidant des relaxes en cascade. 

Effondrements rue d’Aubagne à Marseille : premières condamnations à de la prison ferme

De premiers copropriétaires ont été condamnés lundi à de la prison ferme au procès des effondrements mortels de la rue d’Aubagne, la lecture du jugement ayant été brièvement interrompue par le malaise de l’un d’eux, dans une ambiance empreinte de douleur et d’émotion après ce drame du logement indigne dans lequel huit personnes sont mortes le  novembre 2018.Dans une salle archi-bondée de la salle des procès hors-norme du tribunal judiciaire de Marseille, le président Pascal Gand a commencé par relaxer six prévenus, trois copropriétaires du numéro 65 de la rue d’Aubagne et le bailleur social et deux de ses anciens dirigeants qui géraient le numéro 63 inoccupé.Puis Sébastien Ardilly, qui était poursuivis avec ses parents, absents à l’audience, et leur SCI en tant que personne morale, a été appelé à la barre.”Le tribunal retient que vous étiez personnellement informés des désordres graves” au numéro 65 de la rue d’Aubagne et que “vous avez fait preuve d’une indifférence totale en exécutant pas les travaux” nécessaires, a commencé le président Pascal Gand.”Ces fautes ont causé de façon indirecte et certaine la mort d’Ouloume Saïd Hassani”, une mère comorienne démunie qui vivait dans cet appartement du centre-ville de Marseille avec ses deux fils, qui ont eux survécu et étaient présent dans la salle.Pendant que le magistrat énumérait ces fautes – travaux non réalisés dans le plancher, le plafond, fils électriques apparents, punaises de lit – Sébastien Ardilly a fait un malaise et l’audience a du être suspendue une quarantaine de minutes le temps que les pompiers lui prodiguent des soins.A la reprise le tribunal a annoncé sa condamnation à trois ans de prison dont un an ferme sous bracelet électronique, quatre ans dont deux ferme sous bracelet électronique pour son père Gilbert et trois ans avec sursis pour sa mère Martine.- “Plus jamais” -Avant le début du jugement, plusieurs dizaines proches des huit victimes et militants se sont rassemblés. Il faut “que ce drame là ne se reproduise plus jamais” et que “la peur change de camp au niveau du logement aujourd’hui”, a plaidé Anissa, de l’assemblée des délogés, rappelant qu’il y avait encore quelque 200 signalements d’immeubles en péril chaque mois à Marseille.Six semaines de débats à l’automne avaient permis d’établir que les effondrements le 5 novembre 2018 des numéros 63 (vide) et 65 étaient inéluctables vu l’état du bâti. Mais aucune mise à l’abri des locataires du 65 n’avait été décidée et les travaux entrepris s’étaient avérés inefficaces voire contreproductifs.L’instruction avait seulement renvoyé quatre personnes devant le tribunal : Julien Ruas, adjoint du maire LR de l’époque Jean-Claude Gaudin, l’architecte Richard Carta qui avait expertisé l’immeuble moins de trois semaines avant son effondrement, et deux personnes morales, le syndic du 65, le cabinet Liautard, et le bailleur social propriétaire du numéro 63, laissé à l’état de ruine par Marseille Habitat.Insuffisant pour certaines parties civiles qui avaient cité à comparaître une douzaine de personnes supplémentaires, dont des copropriétaires.Au final, 16 personnes morales et physiques ont été jugées pour différents délits, notamment homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité, un délit punissable de cinq ans de prison maximum, et soumission de personnes vulnérables dont au moins un mineur à des conditions d’hébergement indigne, des faits qui peuvent valoir jusqu’à dix ans d’emprisonnement.Le procureur, Michel Sastre, avait suivi les parties civiles sur ce point, estimant que les copropriétaires avaient bien “connaissance des problèmes structurels de l’immeuble”, mais avaient “joué la montre” pour “dépenser le plus tard et le moins possible”.Il avait même requis à l’encontre de Xavier Cachard, élu régional qui avait au moment des faits la double casquette de propriétaire et avocat du syndic, la peine la plus lourde : cinq ans de prison dont trois ferme.Des peines significatives avaient aussi été réclamées contre Richard Carta, l’expert-architecte (trois ans de prison dont deux ferme) et Julien Ruas (trois ans de prison), seul élu municipal poursuivi dans cette affaire qui avait jeté une lumière crue sur l’inaction de l’équipe de Jean-Claude Gaudin, dont le parti perdra la mairie deux ans plus tard face à une coalition gauche-écologistes-société civile.Durant les débats, les prévenus avaient contesté en bloc, les avocats plaidant des relaxes en cascade.Â