AFP Top News

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

COP 30: six activistes, dont Camille Etienne, s’apprêtent à rejoindre le Brésil en voilier

La militante écologiste française Camille Etienne et cinq activistes françaises et belges, accompagnées de trois navigatrices, s’apprêtaient mardi à traverser l’Atlantique en voilier pour rejoindre la COP 30 de Belém, au Brésil, depuis la Loire-Atlantique. Le départ de ce “Women Wave Project” est prévu tôt mercredi matin à Frossay, sur la Loire, près de Saint-Nazaire. “Il faut qu’on essaie de s’imposer là où on n’est pas invité, aller là où on ne nous attend pas. Dix ans après la COP 21, année après année, ça a été une lente désillusion. Dix ans après, c’est aussi le moment de rendre des comptes, d’exposer l’échec des Etats, des gouvernements successifs, à prendre la question climatique au sérieux”, a expliqué à l’AFP Camille Etienne. A quai, le voilier bleu et blanc – un mât et 17,8 mètres de long – paré des drapeaux français, européen, palestinien et de celui du “Women Wave Project”, venait mardi d’être chargé de vivres. Il doit s’élancer mercredi matin pour un périple de plusieurs semaines, faisant escale aux Canaries avant de rejoindre Bélem. “On espère arriver autour du 5 novembre”, a affirmé Capucine Treffot, skipper de cette transatlantique. La Conférence des Nations unies sur le climat aura lieu du 10 au 21 novembre dans cette ville amazonienne. A bord du voilier seront présentes les militantes belges Adélaïde Charlier, Lucie Morauw et Maïté Meeûs, la militante franco-ivoirienne Mariam Touré, ainsi que la vidéaste Coline Balfroid, qui documentera la traversée. “L’idée est vraiment de représenter la société civile et l’activisme dans les COP. La COP 21 n’aurait pas été la COP 21 sans la pression de la société civile”, a affirmé Camille Etienne. Le départ, initialement prévu le 5 octobre à Cherbourg (Manche), a été repoussé de quelques jours en raison d’un changement de navire, le voilier initialement prévu ne répondant pas “aux critères d’une traversée transatlantique”, selon Capucine Treffot.”L’Esprit d’Equipe”, à bord duquel les neuf jeunes femmes embarqueront finalement, avait bouclé l’Ocean Globe Race 2023-2024, une course à la voile en équipage autour du monde.

Le Covid ne circule pas assez pour avancer la vaccination, jugent les autorités sanitaires

La reprise des cas de Covid-19, sensible en France depuis plusieurs semaines, n’est pas assez marquée pour avancer le lancement de la campagne de vaccination prévu mi-octobre, ont jugé mardi les autorités sanitaires, appelant à éviter “l’affolement” face à un nouveau variant.”Il n’y a rien d’anormal, on est plutôt inférieur à ce qu’on a observé au même moment de l’année dernière”, a expliqué Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, lors d’une visioconférence dédiée aux mesures de lutte contre les épidémies respiratoires d’automne-hiver comme la grippe, le Covid et la bronchiolite.Depuis plusieurs semaines, le Covid donne des signes de reprise en France, avec une hausse des consultations et une présence accrue du virus dans les eaux usées. Mais les données ne semblent pas avérer une flambée.”Dans les eaux usées, ça commence à se stabiliser”, a rapporté Mme Semaille, notant toutefois que l’on commence à “voir un petit peu plus de passages aux urgences et éventuellement d’hospitalisations”. Un nouveau bilan hebdomadaire sera communiqué ce mercredi.La campagne de vaccination contre cette maladie commencera comme prévu le 14 octobre, de manière à être couplée à celle contre la grippe, les autorités sanitaires estimant qu’il n’y a pas d’urgence à accélérer la lutte contre le Covid.”On n’avait pas les arguments sur le plan épidémiologique pour modifier cette date du lancement du 14 octobre”, a assuré Didier Lepelletier, directeur général de la Santé, chargé des campagnes de vaccination.M. Lepelletier a aussi appelé à ne pas s’inquiéter de l’émergence depuis cet été d’un variant, baptisé XFG et nouvel avatar de la grande famille Omicron. Parfois surnommé “Frankenstein”, notamment sur les réseaux sociaux, il apparaît potentiellement plus contagieux mais pas plus dangereux à ce stade.”Pas d’affolement, le vaccin disponible est efficace sur cette souche (et) il n’y aura pas d’échappement immunitaire lié à cette souche en particulier”, a déclaré le directeur général de la Santé.Les représentants de Santé publique France comme du ministère de la Santé ont, surtout, fortement encouragé à se faire vacciner à la fois contre le Covid et la grippe, particulièrement virulente la saison dernière avec plus de 17.000 décès estimés.Environ 19 millions de personnes sont jugées à risque de formes graves pour ces deux pathologies respiratoires, notamment les plus de 65 ans, nombre de malades chroniques et les femmes enceintes, et peuvent bénéficier d’un vaccin antigrippal gratuit. Celui contre le Covid est intégralement remboursé pour tous les Français.

Lecornu tente d’ultimes négociations sur le budget, Macron lâché par les siens

Au lendemain de sa démission surprise, Sébastien Lecornu rencontre les forces politiques pour “d’ultimes négociations” éclair, comme le lui a demandé le président Emmanuel Macron, lâché jusque dans son propre camp et de plus en plus sous pression face aux appels à dissoudre l’Assemblée ou démissionner.A la tête d’un gouvernement zombie, le Premier ministre démissionnaire a d’abord réuni mardi les responsables de Renaissance, d’Horizons et du MoDem, ainsi que les présidents des deux chambres, Yäel Braun-Pivet et Gérard Larcher. Ils sont convenus de “concentrer” ces discussions de la dernière chance sur le budget et l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.Le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, et le patron du parti Bruno Retailleau, sont eux reçus séparément à Matignon dans l’après-midi. Et ce alors que M. Wauquiez a regretté devant son groupe que l’échec du très éphémère gouvernement Lecornu ait “abîmé l’image” de son parti, visant en filigrane le ministre de l’Intérieur démissionnaire.Le groupe indépendant Liot doit, lui, être reçu en fin de journée mardi, avant Raphaël Glucksmann. Le Parti socialiste se rendra pour sa part à Matignon mercredi matin, et les Écologistes ont indiqué qu’ils iraient en milieu de journée pour demander “une cohabitation” avec un “Premier ministre de gauche”. Le Rassemblement national a aussitôt décliné l’invitation, réitérant sa demande de dissolution – tout comme La France insoumise.La France est plongée dans une grave crise politique depuis la démission lundi de Sébastien Lecornu, qui venait de nommer 14 heures plus tôt son gouvernement. Le chef de l’État, qui lui a donné jusqu’à mercredi soir pour chercher à aboutir à une “plateforme d’action” pour la “stabilité du pays”, est désormais lâché par les siens. Son ancien Premier ministre et patron d’Horizons, candidat déclaré à la présidentielle, Édouard Philippe, l’exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d’organiser “une élection présidentielle anticipée” après l’adoption d’un budget pour 2026, évoquant un État qui n’est selon lui “pas tenu”.La veille, un autre ex-chef du gouvernement, jadis proche d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal, avait sèchement pris ses distances avec le président dont il ne comprend “plus les décisions”. Mardi, le patron du parti présidentiel Renaissance a toutefois rejeté l’hypothèse d’un départ anticipé du président, arguant que “tout notre équilibre démocratique serait fragilisé”.- La gauche tente de s’unir -Face à la menace de dissolution, les Écologistes et La France insoumise ont appelé toute la gauche à s’unir pour porter un “programme de rupture au pouvoir”. Un message notamment en direction du Parti socialiste, peu enclin à renouer avec la gauche radicale.Le parti d’Olivier Faure a organisé une réunion distincte en visio, à laquelle toutes les organisations de gauche ont participé sauf LFI. Avec une revendication à l’issue: “Nommer à Matignon un Premier ministre qui composera un gouvernement de gauche et écologiste.”A droite, le président des Républicains, Bruno Retailleau, a semé la confusion dans sa propre famille, après avoir été l’un des détonateurs de la crise en menaçant de quitter le gouvernement pour protester contre sa composition.Mardi, il a tempéré sa position, proposant que son parti participe à un gouvernement de “cohabitation” avec la macronie à condition que LR “ne s(‘y) dilue pas”.Dans cette atmosphère, M. Retailleau pourrait-il être sensible aux appels du pied du RN ? Le patron du parti à la flamme Jordan Bardella s’est en tous cas dit “prêt à tendre la main” aux Républicains sur “un accord de gouvernement”, en cas de législatives anticipées.- Macron face à ses “responsabilités” -Quoiqu’il arrive, ces nouvelles tractations, si elles devaient aboutir à un compromis, ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l’entourage d’Emmanuel Macron.En cas d’échec, le président prendra ses “responsabilités” selon la même source, faisant planer la menace d’une nouvelle dissolution après celle de l’été 2024.”Il peut réussir”, considérait lundi un conseiller de l’exécutif, “s’il décroche la suspension de la réforme des retraites par exemple”, une exigence des socialistes. Face à l’incertitude politique, les milieux économiques s’inquiètent du décrochage. A l’image du président du Medef Patrick Martin qui a fait part mardi sur franceinfo de sa “colère”.Après la visite d’une exposition sur les victimes de l’attaque du 7-octobre en Israël, M. Lecornu a refusé de s’exprimer directement sur la situation. Mais y a vu un rappel “que de grands maux et de grands défis continuent de peser sur la nation française et sur le monde entier”.

Procès Jubillar: la voiture a-t-elle bougé dans la nuit de la disparition? l’accusé se contredit

Au procès de Cédric Jubillar, un voisin a affirmé mardi être “sûr à 100%” que le véhicule de Delphine a été déplacé durant la nuit de la disparition de l’infirmière, un élément-clé de l’accusation qui a mis l’accusé face à ses contradictions.Cette 207 bleu marine, garée cette nuit du 15 au 16 décembre 2020 dans la rue Yves Montand, qui passe en pente devant la maison des Jubillar à Cagnac-les-Mines, constitue l’un des indices “graves et concordants” ayant mené les juges d’instruction à renvoyer le peintre-plaquiste devant la cour d’assises du Tarn. Car pour l’accusation, la voiture a pu servir à transporter le corps de la jeune mère de famille.Plusieurs témoins indiquent que Delphine avait garé cette voiture dans le sens de la montée ce soir-là, comme à son habitude, tandis qu’elle a été retrouvée dans le sens de la descente le lendemain.Parmi eux, un voisin des Jubillar a assuré mardi être “sûr à 100%” que le véhicule de Delphine avait été déplacé durant la nuit, expliquant avoir garé sa camionnette blanche juste en face de la 207. Sous la pression des avocats généraux et des parties civiles, l’accusé a estimé de son côté que le véhicule était garé vers la descente dès le 15 décembre au soir.Pendant l’enquête pourtant, il avait dit ne pas savoir “dans quel sens” était garée la 207, a relevé l’avocat général Nicolas Ruff, notant que l’accusé se contredisait.”Je m’en rappelle très bien maintenant, je peux vous assurer qu’il était garé dans le sens de la descente”, a alors insisté Cédric Jubillar.- “J’aurais fait attention…” -Interrogé par un des avocats des parties civiles, Laurent de Caunes, sur une possible “grave erreur” qu’il aurait pu commettre s’il avait garé la voiture “dans le mauvais sens”, l’accusé a répondu, sans reconnaître l’avoir effectivement utilisée: “J’aurais fait attention à ce genre de détail si j’avais commis un tel crime”.A la barre, mardi, le voisin des Jubillar s’est aussi déclaré “sûr et certain” que le véhicule avait changé de sens le lendemain, car la Peugeot était alors presque collée au pare-choc de son camion et qu’il a “dû manœuvrer pour faire demi tour”.Or, pour la défense, le fait que les premiers gendarmes arrivés sur les lieux le matin de la disparition n’aient pas fait mention dudit camion affaiblit ce témoignage.Cédric Jubillar a toutefois reconnu mardi avoir relevé lors de l’enquête que le camion se trouvait bel et bien “devant la voiture de Delphine”.- “Je me suis trompé” -Les débats concernant le sens de stationnement du véhicule portent également sur la raison pour laquelle Delphine avait l’habitude de se garer dans le sens de la montée.Pour la meilleure amie de la disparue, c’était pour que le côté passager, où se trouvait le siège auto de sa fille Elyah, soit accessible depuis la rue plutôt que du côté de la pente herbue où se trouvaient des ronces.Alors que la défense assurait qu’il n’y avait pas de ronces là où Delphine se garait, l’avocat général est revenu à la charge, conduisant Cédric Jubillar à reconnaître que son épouse se garait en réalité sur l’emplacement suivant, où se trouvaient bien des ronces.”Alors je me suis trompé, ça arrive”, a lâché l’accusé.La présidente de la cour d’assises, Hélène Ratinaud, a annoncé mardi matin avoir invité à déposer, l’après-midi même, le gendarme auteur d’une liste de numéros détectés la nuit de la disparition autour du domicile des Jubillar, sur laquelle figurait selon la défense le numéro de Jean, l’amant de Delphine.Les avocats de Cédric Jubillar ont en effet accusé lundi les gendarmes d’avoir “falsifié la procédure” concernant la possible présence du téléphone de Jean près de Cagnac-les-Mines, cette nuit-là. Ils ont demandé à la cour de prendre acte de leurs conclusions à ce propos, ce que les magistrats ont refusé.”Les faits allégués par la défense n’ont pas eu lieu lors de l’audience, il convient de rejeter la demande de donner acte”, a déclaré Hélène Ratinaud.Cédric Jubillar a toujours nié avoir tué son épouse, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Le verdict est attendu le 17 octobre, après quatre semaines d’audience.

Charlie Hebdo et la famille de Charb demandent que le dessinateur entre au Panthéon

“Un journaliste victime du terrorisme” au Panthéon? La rédaction de Charlie Hebdo et les parents de Charb en font la demande pour le dessinateur, tué dans l’attaque jihadiste contre l’hebdomadaire satirique il y a dix ans.”Charb coche toutes les cases pour s’y retrouver” et ses “valeurs” étaient “exactement celles de notre démocratie”, défend Riss, qui lui a succédé à la tête de Charlie Hebdo, dans son édito à paraître mercredi, à la veille de l’entrée de Robert Badinter au Panthéon.Il est “un journaliste exécuté pour ses opinions par des terroristes sur le territoire national” et l’idée d’une panthéonisation n’est ainsi “pas si conne que cela”, appuie-t-il.Charb l’aurait-il validée? Non, mais il n’est pas question “d’une récompense ou d’un honneur”, mais de “valeurs” qu’il représente, a répondu Riss à l’AFP.Selon lui, “quelle que soit l’issue de cette demande, l’intérêt est aussi d’entretenir, de réveiller la réflexion autour des valeurs de Charb et du journal”. Une telle décision d’entrée au Panthéon “graverait dans le marbre de notre République l’attachement viscéral du peuple français à la liberté d’expression”, souligne aussi dans son édito le directeur de la publication, qui avait été lui-même grièvement blessé le 7 janvier 2015.L’attentat avait fait douze morts, dont huit membres de la rédaction à Paris, parmi lesquels d’autres figures de la caricature comme Cabu et Wolinski.”Nous souhaiterions ancrer définitivement cet événement dans l’histoire du pays, par un acte fort et fédérateur”, ont écrit les parents de Charb et son frère dans leur requête au président de la République également publiée par Charlie Hebdo.Outre la liberté d’expression, ils évoquent “l’antiracisme”, “la justice sociale” et “la laïcité”, “valeurs éminemment républicaines pour lesquelles Charb s’est battu toute sa vie et qui rassemblent la très grande majorité des Français de toutes opinions et de toutes confessions”.La demande est faite à l’occasion des vingt ans de la publication de 12 caricatures de Mahomet dans le quotidien danois Jyllands-Posten, à l’origine de violentes manifestations dans certains pays musulmans. Ces dessins avaient été repris en 2006 par l’hebdomadaire français, en faisant une cible des jihadistes.Republiées à plusieurs reprises, elles sont reproduites à nouveau dans l’édition de mercredi, pour marquer “l’anniversaire d’une manipulation internationale”, titre Charlie Hebdo.”Cette publication (en 2005-2006) ainsi que l’attentat du 7 janvier 2015 furent des événements considérables. Aujourd’hui, ils sont devenus des faits historiques” et des rues, des places portent des noms des victimes, constate Riss, qui a avancé cette idée de panthéonisation auprès de la famille de son ami, mort à 47 ans.Avec d’autres membres de la rédaction, il se rend régulièrement auprès de lycéens et d’étudiants. “Ce n’est pas aberrant de faire rentrer au Panthéon quelqu’un de cette génération”, un “contemporain”, a-t-il en outre souligné à l’AFP.

Pour la première fois, une Française sera jugée à Paris pour génocide

Sonia Mejri, revenante de Syrie, va devenir la première Française à être jugée pour le crime de génocide devant la cour d’assises de Paris, après la non-admission du pourvoi de cette femme qui conteste avoir réduit en esclavage une adolescente yazidie au printemps 2015.Selon des sources proches du dossier à l’AFP, Mme Mejri, 36 ans, sera non seulement la première revenante française de Syrie à comparaître en France pour génocide sur les Yazidis, minorité ethno-religieuse kurdophone, mais aussi la première Française à être jugée, de manière générale, pour ce crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité. Sonia Mejri sera également jugée pour d’autres infractions terroristes et pour complicité de crimes contre l’humanité.Elle comparaîtra détenue devant la cour d’assises spéciale de Paris, à une date encore indéterminée.”L’innocence de ma cliente sera prononcée par les juges du siège”, lors du procès, a réagi l’un de ses avocats, Nabil Boudi.Un juge d’instruction antiterroriste parisien avait initialement ordonné en septembre 2024 ce procès pour Abdelnasser Benyoucef, un émir du groupe Etat islamique (EI), et son ex-épouse Sonia Mejri, les soupçonnant d’avoir réduit en esclavage, au printemps 2015, une Yazidie âgée de 16 ans.M. Benyoucef “savait qu’en acquérant” l’adolescente “et en la soumettant à un enfermement, à des viols répétés et à des privations graves, il participait à l’attaque dirigée par l’EI contre la communauté yézidie”, avait justifié le magistrat.Sonia Mejri était présentée comme “garante de l’enfermement” de la jeune Yazidie: elle détenait la clef de l’appartement et portait, selon l’ordonnance de mise en accusation consultée par l’AFP, une arme pour la dissuader de fuir.Il lui était notamment reproché “des atteintes graves à l’intégrité physique et psychique” de cette adolescente, soumise à son domicile “à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction” de sa communauté.- “Plan concerté” -Mais la cour d’appel de Paris avait partiellement infirmé en janvier ce renvoi, estimant plusieurs victimes nécessaires pour retenir le crime de génocide.”Les magistrats de la cour d’appel n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur les charges, c’est dire la fragilité et la faiblesse de l’accusation”, a souligné Me Boudi.En mai, la Cour de cassation avait au contraire considéré que l’on pouvait bien être poursuivi pour génocide en ne s’en prenant qu’à un seul membre d’un groupe faisant l’objet d'”un plan concerté tendant à sa destruction totale ou partielle”.La chambre de l’instruction a fini par avaliser début juillet ces poursuites pour génocide, avant le feu vert définitif en cassation le 1er octobre.Les violences sexuelles ont été utilisées par les jihadistes de l’EI comme des armes pour briser la résistance des Yazidis et instaurer un climat de peur généralisé. En atteste notamment l’instauration de marchés aux esclaves sexuelles.La parole de la victime est au coeur de ce dossier. Son avocat, Romain Ruiz, n’a pas souhaité faire de commentaires à ce stade.Retrouvée par les enquêteurs, elle a affirmé avoir été séquestrée pendant plus d’un mois au printemps 2015 en Syrie, et n’avoir pu ni boire, ni manger, ni se doucher sans l’autorisation de Sonia Mejri.Elle accusait aussi cette dernière de l’avoir violentée et d’avoir été au courant que son mari la violait quotidiennement.Son témoignage faisait écho à de nombreux rapports d’associations décrivant la stratégie de l’EI pour s’attaquer aux Yazidis: marchés aux esclaves, instauration d’un “département des butins de guerre”…Sonia Mejri avait elle contesté toute infraction liée à la jeune Yazidie: son ex-mari en était le “propriétaire”, avait-elle déclaré au cours de l’enquête, et elle n’avait “aucun droit” sur elle.”La Licra se satisfait” de la tenue de ce procès, a précisé Ilana Soskin, avocate de l’association.”Les accusations ne sont ni faibles ni fragiles: elles sont fondées, factuelles, et juridiquement solides”, a abondé sa consoeur Inès Davau, pour l’ONG Free Yezidi Foundation, estimant que face à “l’impunité persistante”, “il est temps que justice soit rendue”.Visé par un mandat d’arrêt et présumé mort depuis 2016, Abdelnasser Benyoucef devrait lui être jugé par défaut comme auteur de génocide et de crimes contre l’humanité et pour des infractions terroristes.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Avec le Neoliner Origin, le transport à la voile prend une dimension industrielle

Sur la passerelle de son cargo roulier, le capitaine Mathieu Poulain dispose de tous les instruments de navigation classiques d’un navire de commerce. Avec, en plus, deux écrans: l’un pour régler les voiles, l’autre les mâts.Avec ses 136 mètres de long, ses deux mâts carbone autoportés de 75 m et ses 3.000 m2 de voiles rigides, le Neoliner Origin, sorti il y a tout juste une semaine de son chantier de construction turc, est le plus gros cargo à la voile du monde. Il espère concurrencer le marché des “ro-ro” (rouliers) de sa catégorie, en réduisant jusqu’à 80% des émissions de gaz à effet de serre.S’il sent encore la peinture, le voilier a réussi cette semaine ses essais en mer, chargeant 300 voitures à Bastia, avant de rejoindre Marseille, où il a fait une escale lundi au pied de la tour de CMA-CGM, géant français du transport maritime et partenaire majeur de Neoline avec 37% de participation.Parmi ses principales innovations, les voiles – des panneaux de carbone et fibre de verre mis au point par les Chantiers de l’Atlantique – peuvent être hissées ou affalées en 2 minutes 30 et sont orientées automatiquement pour optimiser la prise au vent. Ce navire rutilant, aux mâts rabattables, intègre également des outils de simulation numérique de routage météo pour choisir en temps réel les trajectoires les plus efficaces.”L’objectif final, c’est d’atteindre une propulsion vélique de 90-95%, les moteurs nous servant uniquement à appareiller et accoster”, explique le capitaine Poulain.Après 20 ans dans la marine marchande, le capitaine Antonin Petit, deuxième commandant, ne cache pas sa satisfaction: “j’ai quitté le transport maritime classique par conviction personnelle, avec l’envie d’agir, réellement, pour la préservation de notre planète. Plus les années passaient, plus je ressentais une angoisse entre ma pratique professionnelle et mes convictions. Là, c’était l’occasion.” – Rotations transatlantiques -Après un baptême officiel à Nantes le 13 octobre, le Neoliner Origin quittera le 16 octobre son port d’attache de Saint-Nazaire pour sa première transatlantique jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis Baltimore (Etats-Unis) et Halifax (Canada), et assurera ensuite une rotation par mois à une vitesse commerciale de 11 noeuds, explique le président de Neoline, Jean Zanuttini.  Dans son garage principal, long de 117 m, dans lequel colis et conteneurs sont chargés par l’arrière, le Neoliner Origin pourra embarquer 5.300 tonnes de marchandises, soit nettement plus que les volumes jusqu’ici proposés par les navires à la voile.Huit chargeurs français se sont déjà engagés : Renault, Manitou, La Fournée Dorée, Hennessy, Rémy Cointreau, Longchamp, Clarins et Bénéteau.Pour la CMA-CGM, le Neoliner Origin est “un véritable démonstrateur industriel de la transition énergétique dans le transport maritime”.”Il y a déjà aujourd’hui une dizaine d’offres sur le marché de systèmes qui permettent l’assistance vélique. Mais la grande nouveauté sur ce projet, c’est qu’on ne parle plus d’assistance, on est sur un vrai voilier !”, relève Xavier Leclercq, vice-président du groupe CMA CGM.”Nous avons voulu prouver qu’il était possible de concevoir un navire performant, rentable et capable de diviser par cinq la consommation de fuel tout en rendant un service de qualité. Aujourd’hui, nous avons démontré que ce projet est finançable, constructible et désormais exploitable”, se félicite Jean Zanuttini, qui prévoit déjà la construction d’un second cargo identique, dont la mise en chantier pourrait débuter mi-2026.”C’est certainement une des solutions qui va s’imposer pour décarboner le transport maritime”, estime M. Leclercq de la CMA CGM qui opère plus de 650 navires dans 160 pays.Actuellement, le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de CO2 et près de 99% des navires dédiés au transport international utilisent du fioul lourd ou du gaz naturel liquéfié.L’Organisation maritime internationale (OMI) vise une réduction des émissions de 20 à 30% d’ici à 2030 pour atteindre le zéro émission net en 2050.

“Une bulle”: à Nancy, une chanteuse lyrique enveloppe de sa voix les prématurés

“Mon bébé, si joli…”: dans une chambre d’hôpital de Nancy, la voix d’une chanteuse lyrique apporte une parenthèse apaisante aux nouveau-nés prématurés, une rencontre entre soin et art lyrique née d’un partenariat entre le CHRU et l’opéra.Aline Martin, mezzo-soprano dans les choeurs de l’Opéra national de Lorraine, s’installe face à une maman portant, sur son corps, son bébé né prématurément. Après avoir discuté avec elle quelques minutes, elle se met à chanter. Entre airs classiques de Walt Disney, comptines, un “Ave Maria” ou le cantique “Amazing Grace”, l’intervenante dispose d’un large répertoire pour satisfaire les envies des parents et développer la curiosité des tout petits, qui souvent ouvrent un oeil ou sourient. “Les vibrations de la voix, notamment la voix lyrique, ont quelque chose d’enveloppant pour les bébés”, constate l’artiste, qui n’utilise pas tout le potentiel de ses cordes vocales, et doit d’ailleurs veiller à chanter tout bas, pour ne pas “effrayer” enfants… ou parents.Selon elle, la voix berce les bébés, qui tombent “quatre fois sur cinq” dans un sommeil profond.Pédiatre et co-responsable du service, Mathilde Queudet loue les bienfaits du chant pour les bébés prématurés, “démontrés dans la littérature depuis plusieurs années”. “Ca les apaise, ça ralentit leur fréquence cardiaque, ça améliore le sommeil et le passage en sommeil profond”, énumère la médecin.- Eveil de l’enfant -“L’apaisement” est aussi souvent le premier bénéfice mis en avant par les mères qui bénéficient de ce mini-concert à l’hôpital.”Ca apporte de la légèreté, du bonheur”, estime Tiphaine Robert, 29 ans, maman de Nora, née le 6 septembre. La première fois qu’Aline Martin a chanté pour Nora, “on a dû continuer à chanter tout l’après-midi avec mon conjoint”, sinon le nourrisson “râlait dès qu’on s’arrêtait”, sourit sa maman, qui dit son “plaisir” de revivre l’intervention.”On sent aussi que ça participe à son éveil, elle ouvre un peu les yeux, gigote un peu”, observe-t-elle.Dans une chambre où “le bruit des machines” ne s’arrête jamais, “c’est important pour le bien-être des bébés”, loue également Emma, maman d’Iris, née le 7 septembre, avec deux mois et demi d’avance. En dehors des “bip” incessants des appareils, “les journées sont longues et silencieuses” à l’hôpital, “on est toujours dans l’expectative”, constate Patricia Didier, maman de Tom, né à 32 semaines. Dès lors, le concert “apporte un petit peu de joie, constate la mère, dont le tout-petit a “ouvert les yeux” dès les premières notes et “a souri tout le long”.- “Petite soupape” -Pour le docteur Queudet, le chant renforce le lien parents/enfant: même si les parents ne chantent pas eux-mêmes, cela “fait germer une graine” et l’idée qu’ils pourront fredonner à leur tour. Une idée d’autant plus bienvenue que les parents d’aujourd’hui, “connectés à leur smartphone”, “ne chantent plus comme avant pour leur bébé” et se contentent parfois de chercher pour lui des musiques sur YouTube, déplore Aline Martin.En réanimation ou en soins intensifs, le “public” de la chanteuse lyrique est hospitalisé pour des durées très variables, de quelques jours à plusieurs mois.  En réanimation, un “milieu très particulier”, “le lien, l’attachement sont mis à rude épreuve”, souligne la pédiatre. Le moment suspendu avec l’artiste est alors “une petite bulle, une petite soupape qu’on leur offre, une opportunité en plus de vivre quelque chose d’unique avec leur enfant”.Un an après la signature d’une convention entre le CHRU (centre hospitalier régional universitaire) et l’Opéra de Lorraine pour “inscrire la voix dans le parcours de soins”, l’enjeu est aujourd’hui “d’élargir ces actions”, explique Fedoua Bayoudh, responsable du service de l’éducation artistique et culturelle de l’opéra, qui gère ce projet. Selon l’Inserm, 6,9% des bébés naissent prématurément en France.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Eté 2025: des feux “hors normes” en France et en Europe

Plus d’un million d’hectares brûlés en Europe et des températures records: voici ce qu’il faut retenir des feux de forêt de cet été 2025, qui s’intensifient avec le réchauffement climatique.Nombre record d’hectares brûlés en EuropeLes zones brûlées dépassent pour la première fois un million d’hectares dans les pays de l’Union européenne depuis début 2025, une première depuis le début des statistiques en 2006, selon les données du Système européen d’information sur les incendies de forêt (EFFIS) analysées par l’AFP. Le précédent record était de 989.000 hectares en 2017.En France, avec 35.700 hectares brûlés, le record de plus de 66.000 hectares en 2022 n’a pas été battu. La majeure partie de la superficie brûlée en 2025 était constituée de forêts – près de 20.000 ha selon l’Office national des forêts.L’incendie exceptionnel de l’AudeCe feu “hors normes” a parcouru 17.000 hectares et en a brûlé plus de 13.000 entre le 5 et le 10 août, et a touché 16 communes, a indiqué la Sécurité civile. C’est le pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon la Base de données gouvernementale des incendies de forêt en France (BDIFF) qui répertorie depuis 1973 la surface totale parcourue par les flammes.Jean-Paul Boslan, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP), note une “virulence du feu qui ne s’était jamais vue”: “C’est un feu qui est parti très fort, qui a poussé très vite et qui a duré dans le temps.”Ce feu a mobilisé plus de 2.000 sapeurs-pompiers, avec des renforts venus de tout le territoire.Records de chaleur, sécheresseL’été 2025 a connu une température moyenne de 22,2°C, soit une anomalie de +1,9°C. Il se classe derrière les étés 2003 (+2,7°C) et 2022 (+2,3°C), selon les données de Météo-France.Avec deux épisodes caniculaires en juin et août, qui ont fait suffoquer les Français et perturbé certaines activités économiques, le pays a connu 27 jours correspondant aux conditions d’une vague de chaleur. L’été 2025 se classe ainsi au deuxième rang pour le nombre de jours de vague de chaleur, après l’été 2022.Ces phénomènes s’inscrivent dans la tendance du changement climatique, causé essentiellement par l’utilisation massive des énergies fossiles, qui rend les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses.L’été 2025 a aussi été peu pluvieux (-15%), en particulier sur la moitié sud où le déficit atteint parfois 50%. Les sols sont restés plus secs que la normale tout au long de l’été malgré quelques répits temporaires, note Météo-France.Avec ces vagues de chaleur, “malheureusement ces périodes d’incendie vont sûrement se répéter”, souligne Nicolas Delort, président de l’Union départementale des sapeurs-pompiers de l’Aude.Si “l’arc méditerranéen est déjà très touché”, d’autres régions “qui n’étaient pas habituées” à ces feux, comme le Jura, la Bretagne ou encore la Charente, “commencent à connaître ce problème-là”, précise-t-il.VictimesEn France, une femme de 65 ans est décédée dans l’incendie de l’Aude en août, et 24 autres personnes ont été blessées, selon la préfecture du département. Cinq personnes ont été tuées dans les incendies qui ont brûlé près de 330.000 hectares en Espagne. Quatre autres personnes, dont deux pompiers, sont mortes dans les feux au Portugal, qui ont ravagé près de 250.000 hectares en quelques semaines.Deux personnes sont mortes à Chypre fin juillet dans un violent incendie aux abords de Limassol, deuxième ville du pays.Matériel vieillissant et incertitudes politiquesLa Sécurité civile en France dispose de 12 Canadair. Cet été pendant l’incendie de l’Aude, trois étaient en maintenance, rappelle Jean-Paul Boslan. “Si demain on doit faire face à deux gros feux importants sur deux secteurs différents”, les moyens actuels, notamment aériens, “ne suffiront pas”, alerte-t-il.Ces avions amphibies, qui peuvent se ravitailler en vol sur un plan d’eau, ont une moyenne d’âge de 30 ans, et ne sont fabriqués qu’au Canada. La France en a commandé deux, qui doivent être livrés d’ici 2028.La FNSP et des syndicats de pompiers s’alarment des “changements récurrents de gouvernement qui nous font prendre du retard sur beaucoup de décisions”, source d’inquiétude car “la nature ne nous attend pas”, insiste M. Boslan.Avec l’intensification des feux de forêt en Europe, les appels à “concrétiser” une flotte européenne de moyens aériens de lutte contre les incendies se multiplient. “Le système d’assistance européenne a fonctionné encore cette année puisqu’on a envoyé des Canadair, des hélicoptères bombardiers d’eau sur l’Espagne, le Portugal”, détaille Nicolas Delort.mby-al-sdu-ys-maj/bfa/ale/

Les vendanges 2025 revues en baisse, minées par la canicule

Les aléas climatiques ont de nouveau affecté en 2025 les vendanges françaises, estimées mardi à des niveaux proches du volume déjà faible de 2024, en raison d’une canicule et d’une sécheresse aoûtiennes particulièrement dommageables dans le Bordelais et le Languedoc-Roussillon.Les prévisions de production ont été revues en baisse par rapport à celles présentées début septembre. Selon les estimations établies au 1er octobre, la production viticole française en 2025 atteindrait 36 millions d’hectolitres, très en deçà de la production moyenne de ces cinq dernières années (-16%), a indiqué le service de la statistique du ministère de l’Agriculture.”Les vendanges, désormais presque achevées, confirment les conséquences défavorables de la canicule d’août sur le potentiel de production dans la plupart des bassins”, a-t-il noté.L’an dernier, la production avait déjà été minée par les intempéries, que ce soit précipitations, sécheresse ou gel tardif. Le volume des vendanges avait chuté à 36,25 millions d’hectolitres, près des niveaux historiquement bas de 2017 et 2021.Cette fois-ci, en 2025, la canicule et la sécheresse d’août ont réduit le potentiel, accélérant la maturité des raisins tout en bloquant leur grossissement. Résultat: des baies plus petites avec moins de jus. Les pluies de septembre, arrivées tardivement, n’ont pas permis d’y remédier, signale le ministère.”Ça a été la déception. On s’attendait à une année normale, et puis la canicule est venue impacter les rendements, ça a brûlé carrément, les raisins ont perdu en volume”, a témoigné Dominique Furlan, vigneron dans l’Entre-Deux-Mers (Gironde).”Plus on avançait dans la récolte et plus on s’apercevait que les rendements avaient fondu”, a-t-il expliqué mardi à l’AFP, tout en soulignant en revanche “la bonne qualité” de la production.- Disparités régionales -Selon le ministère de l’Agriculture, de toutes les catégories de vins, seule la production des appellations d’origine protégée (AOP) devrait progresser, de quelque 5% par rapport à 2024, portée par des hausses en Champagne, Bourgogne, Val de Loire, Corse et dans le Sud-Est. Ce bilan reste malgré tout inférieur de 11% à la moyenne de 2020-24.Le paysage est de fait contrasté selon les régions.Dans le Bordelais, les pluies de début septembre n’ont pas compensé les pertes. L’arrachage de vignes accentue encore la baisse de la production, qui serait ainsi légèrement inférieure à celle de l’an dernier, déjà réduite, et 17% sous la moyenne quinquennale.”On a eu un été très sec, qui a produit des baies toutes petites, très concentrées”, a constaté auprès de l’AFP Christophe Chateau, directeur de la communication du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux. “Les volumes annoncés conjuguent deux phénomènes: une récolte faible, avec 10.000 hectares cultivés en moins par rapport à l’an dernier, et des rendements faibles à cause de la sécheresse.”Face à la crise du secteur, liée notamment à la déconsommation, l’Etat a subventionné des campagnes d’arrachage de vignes dans plusieurs régions. Dans le Bordelais, la surface AOC est ainsi passée de 103.000 hectares en 2023 à 95.000 ha en 2024 puis 85.000 ha en 2025.En Languedoc-Roussillon, canicule et sécheresse ont limité le niveau de production, puis les pluies ont favorisé le mildiou. Renforcée par l’arrachage de plus de 10.000 hectares, la baisse de production serait de 9% sur un an et 19% par rapport aux cinq dernières années.En Alsace, du tri a été nécessaire en raison de la dégradation sanitaire en fin de campagne. La production y reculerait de 9% sur un an.En Bourgogne, la situation varie selon les départements. L’Yonne affiche les rendements les plus élevés au contraire de la Côte-d’Or, touchée par la canicule. La récolte du bassin s’annonce toutefois supérieure de 45% à celle de 2024, affectée par le mildiou.A l’inverse, dans le Beaujolais, le rendement serait le plus faible depuis au moins 35 ans, conséquence de la canicule, du mildiou, de la coulure et de la grêle. La production y est attendue en baisse de 32% sur un an.Dans le Sud-Est, la production serait proche de 2024, mais inférieure de 10% à la moyenne quinquennale, avec un impact marqué de la canicule en Ardèche, Vaucluse, Bouches-du-Rhône.En Champagne, Corse et Savoie, les productions dépasseraient celles de 2024, comme dans le Val de Loire en dépit de la canicule.