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Une nouvelle espèce de dinosaure continue de sortir de terre en Charente

Une omoplate de plus d’un mètre à côté d’une ribambelle d’os tout aussi colossaux et encore partiellement enfouis… Bienvenue sur l’un des plus importants gisements de fossiles de dinosaures au monde, en Charente. Des premiers ossements d’une nouvelle espèce de ces géants de la préhistoire ont été découverts l’an dernier sur le site d’Angeac-Charente, entre Angoulême et Cognac. Une dizaine de fossiles supplémentaires découverts en juillet, lors de cette 16e campagne de fouilles, permettent progressivement de compléter ce squelette vieux de 140 millions d’années.Jaunâtres ou brun foncé en fonction de leur profondeur, ces vestiges sont exhumés par des passionnés et des scientifiques à genoux dans l’argile, sous une large tente blanche les protégeant du soleil et de la pluie.Ce nouveau dinosaure long de 20 mètres, un camarasaurus, sorte de cousin du diplodocus, était “inconnu en Europe occidentale à cette période” jusqu’à l’année dernière, explique Jean-François Tournepiche, paléontologue et ancien conservateur du musée d’Angoulême. – Herbivore de 30 tonnes -Cette “découverte scientifique énorme”, selon le directeur des fouilles Ronan Allain, permet d’interroger le déplacement de la faune, puisque cet herbivore de 30 tonnes était auparavant seulement connu en Amérique du Nord et à une période plus ancienne. Ce gisement, “le plus fouillé au monde”, garde toujours “un effet pochette surprise”, sourit ce paléontologue au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Cette année, deux fémurs du dinosaure sont apparus dès l’installation de la tente à un endroit inattendu.C’est déjà la découverte en 2010 d’un fémur de 2,02 mètres d’un gigantesque turiasaure, lui aussi de la famille des sauropodes, qui a fait naître la réputation d’Angeac-Charente. Joyau de la période paléontologique du crétacé inférieur, le site a déjà livré plus de 10.000 pièces suffisamment intéressantes pour être “rentrées en inventaire” sur les 1.000 mètres carrés de carrières fouillées. Il est le témoin d’un écosystème figé à “une période dont on ne connaît pratiquement rien”, affirme Jean-François Tournepiche.Près de 45 espèces de vertébrés, des crocodiles, tortues, ornithominosaures (dit dinosaure-autruche)… mais aussi des fougères et plantes tropicales cohabitaient dans ce marécage il y a 140 millions d’années. Le camarasaurus serait mort naturellement sur place. Une fois décomposé, ses ossements ont été légèrement déplacés par la Charente il y a 100.000 ans.Ces os très bien conservés restent extrêmement fragiles. Bénévoles et scientifiques doivent les entourer de cellophane et de papier journal, boucher les cavités avec de l’argile et les enfermer dans des coques de plâtre armé avant de les extraire. Certains blocs peuvent avoisiner les deux tonnes.Les trois semaines de fouilles alimentent ainsi plus d’un an de travail en laboratoire, pour “préparer les os”, c’est-à-dire les nettoyer, les consolider et parfois les reconstituer avant de pouvoir les étudier. “C’est un travail long et minutieux souvent sous-estimé sous l’effet Jurassic Park”, explique, brosse à dents et ossement en main, Dominique Augier, préparateur de fossiles.- Exposition en juin 2026 -Face à lui, une trentaine de visiteurs termine la visite du chantier. Au premier rang, Noé Migné, 11 ans, s’impressionne de “la taille énorme des os de sauropode”. Il fait partie, avec sa mère et sa sœur, des chanceux qui ont pu accéder au site. Les deux visites par jour ont été “blindées” dès l’ouverture des réservations en juin, explique Jean-François Tournepiche, pour qui “l’enthousiasme extraordinaire du public est magique.”Les fossiles du site intégreront à terme les collections du musée d’Angoulême et certains quitteront leur Sud-Ouest natal pour une exposition au Muséum d’histoire naturelle de Paris en juin 2026.À Angeac, Ronan Allain “vit le rêve de tous paléontologues”. Pour ce rare spécialiste français des dinosaures, le graal serait de trouver un os de dinosaure carnivore, qui manque pour le moment à l’appel. Avant de clore les fouilles, l’équipe d’une quarantaine de personnes est déjà tombée sur un nouvel ossement, probablement du même dinosaure, mais, faute de temps pour l’extraire correctement, ils ont dû le recouvrir. Il attendra l’année prochaine. Car ici, les scientifiques estiment qu’il reste encore au minimum dix ans de fouilles à mener. Et bien d’autres secrets à révéler.

“Les poumons de la terre”: le combat des Indonésiens pour sauver leurs tourbières

Pralensa, militant écologiste indonésien, navigue entre les tourbières du sud de l’île de Sumatra. Mais pour combien de temps encore ? Ces écosystèmes essentiels, qui retiennent le dioxyde de carbone, pourraient bientôt disparaître.Sa rame soulève une riche matière organique dans l’eau saumâtre, preuve de la présence de multiples couches de matière végétale qui font des tourbières des réserves essentielles à la biodiversité.L’Indonésie, qui abrite le plus grand nombre de tourbières tropicales dans le monde, perd rapidement cet écosystème mal connu.Les conséquences sont locales (habitants, faune) et globales: les tourbières asséchées libèrent de grandes quantités de dioxyde de carbone, contribuant au réchauffement climatique.Selon une étude de 2023, seules 18,4% des tourbières indonésiennes sont encore “intactes”, de vastes étendues laissant place à des plantations de palmiers à huile ou de bois.C’est le sort qui attend, selon Pralensa, une grande partie des tourbières autour de son village de Lebung Itam.Ses habitants affirment que l’entreprise d’huile de palme Bintang Harapan Palma (BHP) a déjà commencé à creuser des canaux pour drainer les tourbières en vue d’y planter des arbres.”Nous avons protesté (…) Nous leur avons dit que c’était une zone gérée par la communauté”, explique Pralensa, qui, comme de nombreux Indonésiens, ne porte qu’un seul nom. Mais “ils affirment qu’ils ont déjà des droits sur cette terre”.Contactée par l’AFP, BHP n’a pas réagi dans l’immédiat.Bien que les tourbières ne couvrent que 3% de la surface de la planète, elles stockent environ 44% de tout le carbone enfermé dans le sol.Ce sont également des écosystèmes vitaux, qui abritent en Indonésie des orangs-outans en voie de disparition ainsi que des espèces économiquement importantes comme les poissons.”Depuis notre naissance, nous sommes conscients de cette tourbière, nous la rencontrons à chaque instant, chaque jour”, ajoute Pralensa qui évoque “un lien spirituel” avec ces étendues humides.- Incendies catastrophiques -Les tourbières indonésiennes ont été depuis longtemps converties à l’agriculture, avec de graves conséquences. Asséchée, la tourbe est hautement inflammable et le feu peut se propager sous terre et se rallumer à volonté.Le phénomène a été l’une des principales causes des incendies de 2015 en Indonésie, qui ont ravagé une zone représentant environ 4,5 fois la superficie de l’île de Bali. Ils ont coûté au pays environ 13,7 milliards d’euros, soit environ 2% du PIB du pays, selon la Banque mondiale.Face à ces incendies, un moratoire sur les nouvelles concessions de tourbières a été réclamé. Une réglementation a interdit plusieurs activités à risque, notamment le brûlage et l’assèchement des tourbières.Mais “la faiblesse de la surveillance et de l’application de la loi permet à l’exploitation des tourbières de continuer”, déplore Wahyu Perdana, responsable de l’ONG Pantau Gambut.Contacté par l’AFP, le ministère indonésien de l’Environnement n’a pas réagi dans l’immédiat.Et des incendies se produisent encore “presque chaque année”, témoigne Rohman, un agriculteur du village de Bangsal, à l’ouest de Lebung Itam.Les habitants de Bangsal qui pouvaient autrefois compter sur de vastes zones humides pour nourrir leurs buffles, ont vu les plantations pousser. Des pièges à poissons, ainsi que de petites rizières, fournissaient un revenu complémentaire, qui a disparu.- “Protéger la nature” -Les infrastructures autour des plantations empêchent l’eau de s’écouler correctement, ce qui complique la plantation du riz. A cela s’ajoute chaque saison le nuage de fûmée résultant des brûlis.”Il est difficile de faire quoi que ce soit” quand ce nuage plane, confie Rohman, avec une visibilité parfois de quelques mètres seulement.Rohman, 52 ans, est l’un des nombreux habitants qui ont déposé une plainte concernant les incendies.Ils soutiennent que trois entreprises possédant des plantations de bois à proximité de tourbières étaient juridiquement responsables des impacts sanitaires, économiques et sociaux des incendies.Déposer cette plainte n’a pas été une décision facile, explique Marda Ellius, institutrice à Bangsal, qui affirme qu’une entreprise citée dans l’affaire lui a offert de l’argent si elle retirait sa plainte.”J’ai toujours pensé que, depuis le début, j’agissais pour l’environnement, pour beaucoup de gens”, confie-t-elle. “J’ai choisi de continuer”.L’AFP n’a pu joindre les entreprises citées dans la plainte. Contactée par l’AFP, Asia Pulp & Paper (APP), l’une des plus grandes entreprises indonésiennes de papier, qui se founrnit auprès des trois entreprises, n’a pas répondu.Au début du mois, un tribunal local a rejeté la plainte, affirmant que les plaignants n’avaient pas qualité pour agir.Le groupe s’est engagé à faire appel de la décision et les villageois de Bangsal font pression sur le gouvernement local pour obtenir une meilleure protection de leurs dernières tourbières.”La tourbe humide, c’est comme les poumons de la terre”, assure Muhammad Husin, habitant de Bangsal et éleveur de buffles. “Nous devons protéger la nature, et nous pouvons espérer que si nous la protégeons, la nature nous protégera également”.

A Montmartre, le Tour de France vole la vedette à Amélie Poulain

Maillots jaunes et casquettes blanches à pois rouges émergent parmi les tours Eiffel miniatures des boutiques de souvenirs de Montmartre, où l’attente grandit pour le Tour de France un an après la liesse populaire des Jeux olympiques.Sous la lumière blafarde des néons qui encerclent le zinc, une affiche dédicacée du “Fabuleux destin d’Amélie Poulain” trône dans un coin du Café des deux moulins, décor pittoresque du film culte de Jean-Pierre Jeunet.Depuis quelques jours, les clients posés sur les banquettes en skaï rouge parlent de plus en plus du Tour, dont le peloton passera dimanche juste devant l’établissement, dans le bas de la rue Lepic.”Tout le monde attend ça! Les touristes viennent certes pour le café d’Amélie, mais ils nous demandent tous comment ça va se passer, l’organisation…”, raconte Maxim Robillot, l’un des serveurs.Pris d’une envie pressante, un coureur allemand, Nils Politt, s’était arrêté dans les toilettes du bistrot l’été dernier en plein milieu de la course masculine des JO de Paris.L’une des images cocasses d’une fête inoubliable, que les organisateurs de la Grande Boucle ont voulu faire revivre en ajoutant trois ascensions de la butte Montmartre au parcours de la dernière étape, avant la traditionnelle arrivée sur les Champs-Elysées. “Avec tout l’engouement qu’il y a derrière le Tour de France, ça va être exactement la même chose que pour les Jeux”, prédit Maxim Robillot sous son impeccable chemise blanche de garçon de café parisien.- “Filles du Moulin-Rouge” -L’étroite route pavée qui serpente jusqu’à l’emblématique place du Tertre, ses artistes peintres et ses attrape-touristes, n’est pas encore couverte de messages d’encouragements comme dans les cols des Pyrénées ou des Alpes. Seuls des panneaux d’interdiction de stationner rappellent pour l’instant que des centaines de milliers de personnes afflueront vers le 18e arrondissement parisien dimanche en fin de journée pour cette première dans l’histoire du Tour.”Il va falloir arriver de bonne heure pour pouvoir voir quelque chose. On attendra avec des bières”, prévoit Julien Lemaître, qui grimpe tous les jours la butte Montmartre pour rentrer chez lui. “Mais avec un vélo électrique!”Au pied de la basilique du Sacré-Coeur, d’où Paris s’étend à perte de vue, un touriste espagnol fan de vélo, Javier Lopez, dit avoir fait coïncider ses vacances en famille avec la 21e et dernière étape.”J’avais regardé la course des Jeux à la télé et ça m’avait donné envie”, témoigne le Madrilène de 46 ans. “L’ambiance avait l’air folle avec le monde partout, les filles du Moulin-Rouge…”- Une nouvelle “malédiction” -Anne Renaudie apprécie un peu moins cette “nouvelle publicité” pour le quartier, dont certains riverains se sentent déjà étouffés par la surfréquentation touristique.”Ca va encore être un très beau moment de sport. Les réalisateurs vont forcément faire de magnifiques images. Mais qui va encore payer derrière les conséquences de tout ça?”, s’inquiète la présidente de l’association Vivre à Montmartre.”On dit entre nous qu’il y a deux malédictions à Montmartre: Amélie Poulain et Emily in Paris (une série Netflix sur la vie parisienne d’une Américaine)”, poursuit-elle. “On va en rajouter une: le vélo”.Les habitants de la rue Lepic sont approchés depuis des mois par des équipes de télé ou des photographes à la recherche des meilleurs emplacements pour immortaliser la course, retransmise dans 190 pays à travers le monde.Près du sommet de la côte, une banderole accrochée à un balcon dénonce un projet municipal de piétonnisation du quartier: “Protégeons Montmartre des travaux forcés”.Beaucoup de coureurs du peloton, déjà épuisés par trois semaines de compétition, se seraient sans doute bien passés également de leurs “travaux forcés” supplémentaires à Montmartre.

Dans les Yvelines, 17.000 scouts réunis autour de l’écologie

“On a fait presque 400 kilomètres à vélo pour venir, ça faisait mal aux jambes, mais ça vaut le coup”: comme Gaspard, 16 ans, quelque 17.000 scouts de 14 à 21 ans sont réunis jusqu’à lundi à Jambville (Yvelines) autour de l’écologie.Au programme de ce grand “jamboree” des Scouts et Guides de France (SGDF) intitulé Clameurs! et organisé dix ans après le texte “Laudato Si” sur l’environnement du pape François: forums de discussions sur l’écologie, expéditions dans la nature, maîtrise de l’empreinte carbone, célébration samedi et rencontres avec de “grands témoins”… ainsi que, chaque soir, la traditionnelle veillée.En ce jeudi après-midi, une trentaine de jeunes répètent leur chorégraphie en musique, sur l’immense scène dressée au centre du domaine boisé de 50 hectares, propriété des SGDF. Des groupes arrivent sans discontinuer depuis plusieurs heures, sous les applaudissements du comité d’accueil. Énorme sac sur le dos et foulard au cou, ils portent pour certaines des bidons d’eau, d’autres des malles en fer, d’autres encore des enceintes crachant une musique pop.”Le scoutisme est un bon moyen pour apprendre la vie en collectivité”, explique Isidore Roux, 23 ans, qui encadre un groupe dans l’un des 22 “villages” de tentes disséminés dans le parc.Derrière lui, des jeunes venus du Longeron (Maine-et-Loire) assemblent des troncs avec des ficelles, pour construire des tables à feu et des bancs. D’autres finissent de dresser les canadiennes sous les chênes. Un peu plus loin, un bloc de douches basiques a été installé.”Certaines valeurs sont anciennes mais on essaie vraiment d’être plus modernes. On est mixtes, on essaie de se répartir également les tâches”, explique Rose, 16 ans, dont l’équipée en vélo depuis les Côtes d’Armor a été perturbée par une entorse à la cheville. Pas de quoi gâcher son enthousiasme: “avec le scoutisme, j’ai appris à me débrouiller”.- “Valeurs” -“Le scoutisme se porte bien, avec une croissance de 30% en dix ans. On vient de dépasser les 100.000 adhérents”, confirme Anne-Claire Bellay-Huet, déléguée générale des SGDF. Cela en fait la première association de scoutisme du pays, loin devant les plus conservateurs Scouts unitaires de France et Scouts d’Europe.”Les parents inscrivent leurs enfants pour les activités dehors, entre jeunes mais avec des personnes de confiance, qui les font grandir… Les Scouts et Guides de France sont reconnus aussi pour leurs valeurs de solidarité, de partage, d’autonomie”, ajoute-t-elle.Chemise rouge bardée d’écussons, Ninon, 16 ans, en témoigne: “Sans le scoutisme, je serais beaucoup plus introvertie”.Issus du catholicisme, les SGDF présentent un paysage varié, puisqu’on estime qu’ils comptent un tiers de pratiquants, un tiers de catholiques “sociologiques” et un tiers de jeunes sans lien avec l’Église, explique l’historien Charles-Edouard Harang.Piel Gallay, 19 ans, lui-même athée, explique: “on a des temps de réflexion grâce à la Bible, pas pour prouver que Dieu existe, on se sert juste des textes pour nous améliorer tous”.En dépit de leur succès, les Scouts et Guides de France ont fait l’objet d’une controverse après l’élection de leur nouvelle présidente, Marine Rosset, le 14 juin.Son profil — élue socialiste dans le cinquième arrondissement de Paris, mère homosexuelle d’un enfant et ayant pris des positions pro-IVG — lui a attiré les foudres de plusieurs sites d’extrême droite, et quelques réactions dubitatives au sein de l’Église.Pour M. Harang, cette affaire “révèle beaucoup de ce qui est en train de se passer au sein de l’église de France” avec “des responsables toujours attachés à certains dogmes et une partie du peuple qui accepte tout à fait certaines évolutions comme le mariage pour tous”. Les Scouts et Guides de France présentent une “grande pluralité” sociologique, allant de la bourgeoisie aux quartiers populaires, rappelle-t-il.Piel Gallay, le scout de 19 ans déjà cité, estime, lui, que le profil de la nouvelle présidente “n’a pas à entrer en ligne de compte. Elle a le droit d’avoir une vie en dehors du scoutisme”.”C’est un non-sujet”, tranche pour sa part Anne-Claire Bellay-Huet.

Quelles conséquences pour les énergies fossiles après l’avis de la Cour internationale de justice?

L’avis historique sur le climat rendu mercredi par la plus haute cour mondiale pourrait rendre plus risquées juridiquement les activités du secteur pétrogazier, à commencer par l’expansion des forages, selon l’analyse d’experts.La Cour internationale de justice (CIJ) a défendu dans un avis consultatif une position très ferme sur les énergies fossiles, qui a même surpris les observateurs chevronnés du droit de l’environnement.La plus haute juridiction de l’ONU, basée à La Haye, a déclaré que les États avaient l’obligation de répondre à la “menace urgente et existentielle” du réchauffement climatique.Allant encore plus loin, elle estime que “le fait pour un État de ne pas prendre les mesures appropriées” pour protéger le climat des effets néfastes des gaz à effet de serre, “notamment en produisant ou en utilisant des combustibles fossiles ou en octroyant des permis d’exploration ou des subventions pour les combustibles fossiles, peut constituer un fait internationalement illicite attribuable à cet État”.”C’est vraiment important” et “ce sont des conclusions vraiment révolutionnaires”, souligne Sophie Marjanac, juriste expérimentée du “Polluter Pays project”.Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas légalement contraignants, mais ils fournissent une interprétation du droit international qui possède un poids juridique majeur. Il peut désormais être utilisé par des parlementaires, des avocats ou des juges du monde entier pour pousser des lois ou des décisions judiciaires favorables au combat climatique.- Mines de charbon – Pour Jorge Vinuales, juriste qui a contribué à saisir la CIJ de la question, les conclusions sur les énergies fossiles seront probablement reprises par les tribunaux nationaux et internationaux où les poursuites contre les producteurs de pétrole et de gaz se multiplient.”Si tel est le cas, cela pourrait avoir des effets considérables”, dit à l’AFP ce professeur de droit à Cambridge.Les compagnies pétrogazières et les pays producteurs peuvent choisir d’ignorer la CIJ, “mais cela fait courir des risques juridiques et contentieux”, ajoute-t-il.L’avis pourrait être cité, par exemple, pour s’opposer à l’expansion d’une mine de charbon, dans un différend entre un investisseur et un État qui lui retire un permis, ou dans une négociation contractuelle impliquant une banque du secteur des combustibles fossiles, évoque Mme Marjanac.”Cela peut se produire de toutes sortes de façons et un peu partout. L’influence est vraiment illimitée”, dit-elle.Particulièrement dans les pays où le droit international peut être intégré dans le cadre juridique national sans transposition, même si parfois sous conditions.Dans ces pays, comme la France, l’Argentine ou les Pays-Bas, des juges pourraient bientôt devoir prendre en compte l’avis de la CIJ quand ils entendront plaider des affaires contre les industriels du pétrole.Même dans les États dits “dualistes”, où le droit international est plus compliqué à incorporer, les cours constitutionnelles et autres juridictions ont souvent suivi certains arguments d’avis de la CIJ.En l’occurrence, le dernier avis “ouvre la voie à des contestations des permis accordées à de nouveaux projets fossiles”, affirme Mme Marjanac.- Au-delà des attentes -La Cour “a dépassé les attentes” en soulignant la responsabilité des gouvernements dans la pollution causée par les groupes pétroliers et gaziers opérant sous leur juridiction, estime Joy Reyes, de la London School of Economics. Sur ce sujet, elle “met au défi tant l’État que le secteur privé”.”Les pays devront se montrer plus prudents lorsqu’il s’agira d’octroyer des permis et d’adopter des politiques générales sur les énergies fossiles, car cela pourrait les exposer à devoir rendre des comptes à l’avenir”, argue cette spécialiste des litiges climatiques, interrogée par l’AFP.L’avis pourrait également permettre aux petits États de demander réparation aux grands pollueurs devant les juridictions internationales, retient encore Sophie Marjanac.Quant aux pays menacés par les compagnies pétrolières pour avoir changé leurs politiques climatiques en leur défaveur, ils disposent d’un nouvel appui pour étayer leur défense. En 2022, une Cour avait condamné l’Italie à verser 200 millions d’euros au pétrolier britannique Rockhopper pour lui avoir refusé un permis de forage.Il sera désormais plus difficile pour un industriel “de prétendre qu’elle a une attente légitime d’exploiter un projet de combustible fossile sans entrave”, abonde Lorenzo Cotula, expert juridique international de l’institut de recherche IIED.

Le Libanais Georges Abdallah, libre après 40 ans de prison, a décollé pour Beyrouth

Georges Abdallah est libre, et bientôt de retour chez lui après 40 ans derrière les barreaux en France. Le militant libanais propalestinien, condamné dans les années 1980 pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien, a quitté sa prison vendredi et s’est envolé de Roissy vers Beyrouth dans la matinée.L’avion transportant Georges Abdallah vers le Liban a décollé peu après 09H30 du tarmac de cet aéroport de la région parisienne, a indiqué une source aéroportuaire.Un convoi de six véhicules, dont deux vans noirs et la voiture du préfet des Hautes-Pyrénées, s’était élancé gyrophares allumés du centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyréenées) sur les coups de 03H40, selon une équipe de l’AFP sur place. Des sources proches du dossier ont confirmé à l’AFP que l’ancien instituteur d’aujourd’hui 74 ans était bien à bord.Georges Abdallah a ensuite pris un vol entre Tarbes et la région parisienne. “Il était bien, en bonne santé, très heureux de retourner au Liban auprès de sa famille et de retrouver la liberté après plus de 40 ans”, a témoigné auprès de l’AFP le chargé d’affaires de l’ambassade du Liban à Paris, Ziad Taan, qui l’a vu à Roissy avant son départ. Il a précisé que Georges Abdallah avait “aussi eu des bons mots à l’égard des responsables de la prison de Lannemezan”, saluant “le traitement humain, respectueux” qu’il avait reçu sur place. La semaine dernière, la cour d’appel de Paris avait ordonné sa libération “à compter du 25 juillet”, à condition qu’il quitte le territoire français et n’y revienne plus. Georges Abdallah était libérable depuis 1999, mais avait vu jusque-là sa dizaine de demandes de libération échouer, faisant de lui l’un des plus anciens détenus de France. Selon son avocat Jean-Louis Chalanset, qui l’a vu une dernière fois dans sa prison jeudi, il semblait “très heureux”, “même s’il sait qu’il arrive au Moyen-Orient dans un contexte extrêmement lourd pour les populations libanaises et palestiniennes”.- “Petite valise” -Ces derniers jours, Georges Abdallah avait vidé sa cellule, décorée d’un drapeau rouge de Che Guevara et débordant de piles de journaux et de livres, qu’il a confiés à son petit comité de soutien. Il a aussi donné la majorité de ses vêtements à des codétenus, n’emportant qu'”une petite valise”, a relaté son avocat.Ses proches espèrent qu’il sera accueilli au “salon d’honneur” de l’aéroport de Beyrouth. Ils ont demandé l’autorisation aux autorités libanaises, qui réclamaient depuis des années à la France la libération de Georges Abdallah.Ce dernier se rendra ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), où “un accueil populaire et officiel lui sera réservé”, selon sa famille.L’AFP l’avait rencontré le jour de la décision de la cour d’appel de Paris, le 17 juillet, dans sa cellule, en accompagnant une parlementaire. “Quarante ans, c’est beaucoup, mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte”, avait assuré le détenu à l’épaisse barbe blanche. – “Symbole passé” -La durée de sa détention était “disproportionnée” par rapport aux crimes commis et au vu de l’âge de l’ancien chef des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), ont jugé les magistrats de la cour d’appel.Ce groupuscule de chrétiens libanais marxistes, dissous depuis longtemps, n’a “pas commis d’action violente depuis 1984”, a aussi rappelé la cour, voyant en Georges Abdallah un “symbole passé de la lutte palestinienne”.Tout en regrettant qu’il n’ait pas “évolué” ni exprimé de “regret ou compassion pour les victimes qu’il considère comme des ennemis”, les juges ont estimé que Georges Abdallah, qui veut “finir ses jours” dans son village, peut-être en s’engageant en politique locale, ne représente plus aujourd’hui de risque de trouble à l’ordre public. Le parquet général, qui s’était opposé à sa libération comme les Etats-Unis, parties civiles, a fait un pourvoi en cassation mais il n’est pas suspensif et ne peut donc empêcher son départ.A l’époque des faits, dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l’invasion israélienne au Sud-Liban en 1978, les FARL ciblaient les intérêts d’Israël et de son allié américain à l’étranger. Notamment en France, tuant deux diplomates en 1982: le lieutenant-colonel américain Charles Ray, puis l’Israélien Yacov Barsimantov, considéré comme le responsable du Mossad en France, abattu par une femme devant son épouse et ses deux enfants.Identifié par ses empreintes découvertes dans une planque bourrée d’armes, dont le pistolet ayant servi aux deux assassinats, Georges Abdallah avait comparu seul au palais de justice en 1987, dans un contexte particulier. Il était devenu l’ennemi public numéro 1 car on le croyait, à tort, derrière la vague d’attentats de 1985-86 qui a fait 13 morts et installé la psychose dans les rues de Paris. Il avait été condamné à la perpétuité. 

Philippines: les victimes des inondations évacuées par bateau, le bilan s’alourdit

L’agence nationale de gestion des catastrophes des Philippines a fait état vendredi de 25 morts et huit disparus lors du passage du typhon Co-May qui vient d’être rétrogradé en tempête tropicale.Alors que les écoles demeurent fermées et l’électricité coupée dans de vastes zones de Luçon, la plus grande île de l’archipel, les habitants bloqués par les inondations ont été évacués par bateau vendredi.Ce nouveau bilan officiel ne prend toutefois pas encore en compte trois ouvriers du bâtiment ensevelis dans un glissement de terrain jeudi dans la province de Cavite, au sud de la capitale Manille, selon les sauveteurs.Un mur s’est effondré sur eux après plusieurs jours de pluie qui ont ramolli le sol en dessous, a expliqué Rosario Jose, membre de l’équipe de secours.”Tous les corps ont été retrouvés dans la boue”, a-t-elle déclaré. Un seul survivant a été extrait des décombres.Dans la province de La Union, sur la côte ouest où Co-May est arrivé dans les premières heures, une famille de quatre personnes, piégée au deuxième étage de sa maison en bois, a été secourue vendredi matin.”Ils ne pouvaient pas quitter leur maison car l’eau atteignait la taille, et ils avaient des enfants”, a indiqué un responsable des secours qui a souhaité gardé l’anonymat.”Beaucoup nous appelaient depuis tôt le matin mais nous avions des difficultés à intervenir car la pluie et le vent étaient très forts”, a-t-il ajouté, précisant qu’une accalmie dans les précipitations permettait désormais aux opérations de secours de progresser pleinement.Dans la province de Bulacan, juste au nord de Manille, des journalistes de l’AFP ont vu des villages entiers à moitié submergés par les eaux.Lauro Sabino, 54 ans, a raconté avoir évacué sa maison avec sa femme le matin même, après une nuit rendue effroyable par les vents violents.”C’était comme si mon toit allait s’envoler. Ça craquait. La pluie est tombée toute la nuit”, a-t-il témoigné, ajoutant que lui et sa famille allaient dormir dans un marché jusqu’à ce que les eaux se retirent.Le président Ferdinand Marcos a explicitement lié jeudi les récentes inondations au changement climatique, affirmant que son pays devait s’accommoder de cette “nouvelle normalité”.La tempête, qui s’affaiblit à mesure qu’elle progresse vers le nord/nord-est, devrait quitter les Philippines d’ici samedi matin.

Une cinquantaine de chefs appellent à faire de la gastronomie française une exception culturelle

Une cinquantaine de chefs français parmi lesquels Yannick Alléno, Hélène Darroze, Thierry Marx et Alain Ducasse lancent un appel pour que la gastronomie française soit reconnue comme exception culturelle, craignant à terme la fermeture de nombreuses tables.”Notre gastronomie, atout maître de notre soft power, pilier de notre culture et emblème de nos régions, est en danger”, alertent-ils dans une tribune publiée vendredi dans Les Échos. “Nous appelons les pouvoirs publics à considérer la gastronomie, à l’image de la musique ou du cinéma, comme une exception française, et à trouver les solutions pour encourager les talents et les accompagner dans leur succès”, écrivent les chefs.Face à la hausse des charges et la baisse de certaines aides, ils dénoncent des conditions de plus en plus contraignantes pour les restaurateurs et craignent la fermeture de nombreuses tables indépendantes.Ils réclament un soutien renforcé au “fait maison”, un meilleur traitement fiscal pour les pourboires et des politiques publiques adaptées pour préserver une cuisine d’auteur “à forte intensité de main-d’œuvre”, mais aux marges limitées. Ils appellent également à un renforcement de l’éducation alimentaire dès l’école. “C’est un événement que la communauté des grands chefs soit unanime pour défendre le métier de cette façon”, souligne à l’AFP Laurent Guez, chroniqueur culinaire et fondateur du think tank de la gastronomie Le Passe, à l’initiative de cette tribune.  La gastronomie est inscrite depuis 2010 au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.Aujourd’hui, c’est “l’industrie qui prend le pas sur l’artisanat”, déplore auprès de l’AFP le chef triplement étoilé Christopher Coutanceau, signataire de la tribune. Propriétaire du restaurant qui porte son nom à La Rochelle, le cuisinier se “bat” notamment “depuis des années” pour “l’obligation” d’avoir un diplôme de service ou de cuisine pour pouvoir ouvrir un restaurant. La cheffe doublement étoilée Fanny Rey résume à l’AFP l’inquiétude partagée par la profession: “La gastronomie française, c’est une promesse de lien, de beauté, de travail bien fait. Aujourd’hui, elle vacille. Si nous ne la protégeons pas, elle se taira dans le silence des tables qui ferment.”

Le Libanais Georges Abdallah retrouve la liberté après 40 ans derrière les barreaux en France

Georges Abdallah est libre, après 40 ans derrière les barreaux. Le militant libanais propalestinien, condamné dans les années 1980 pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien et considéré comme l’un des plus anciens détenus de France, a quitté sa prison dans la nuit vendredi et sera bientôt de retour au Liban.Sur les coups de 03H40, un convoi de six véhicules dont deux vans noirs et la voiture du préfet des Hautes-Pyrénées, s’est élancé du centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), gyrophares allumés, a constaté une équipe de l’AFP, sans pouvoir apercevoir le militant à la barbe désormais blanche. Des sources proches du dossier ont confirmé à l’AFP que l’ancien instituteur d’aujourd’hui 74 ans était bien à bord.Georges Abdallah a ensuite pris un vol entre Tarbes et la région parisienne. Selon son avocat Jean-Louis Chalanset, il est désormais arrivé à l’aéroport de Roissy, où il doit prendre un vol prévu vers 9H00 pour Beyrouth.”C’est à la fois une joie pour lui, un choc émotionnel et une victoire politique après tout ce temps”, a déclaré son avocat à l’AFP après le départ du convoi. “Il aurait dû sortir il y a tellement longtemps”, a-t-il dit.La semaine dernière, la cour d’appel de Paris avait ordonné sa libération “à compter du 25 juillet”, à condition qu’il quitte le territoire français et n’y revienne plus. Il était libérable depuis 1999 mais avait vu jusque-là sa dizaine de demandes échouer. Selon Me Chalanset, qui l’a vu une dernière fois dans sa prison jeudi, “il semblait très heureux de sa prochaine libération, même s’il sait qu’il arrive au Moyen-Orient dans un contexte extrêmement lourd pour les populations libanaises et palestiniennes”.- “Petite valise” -Ces derniers jours, Georges Abdallah a donc vidé sa cellule, décorée d’un drapeau rouge de Che Guevara et débordant de piles de journaux et de livres, qu’il a confiés à son petit comité de soutien, dont quelque 200 personnes manifestaient encore devant la prison jeudi après-midi.Il a aussi donné la majorité de ses vêtements à des codétenus, et n’emporte qu'”une petite valise”, a témoigné son avocat.Ses proches espèrent qu’il sera accueilli au “salon d’honneur” de l’aéroport de Beyrouth. Ils ont demandé l’autorisation aux autorités libanaises, qui réclamaient depuis des années à la France la libération de Georges Abdallah.Ce dernier se rendra ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), où “un accueil populaire et officiel lui sera réservé”, selon sa famille.L’AFP l’avait rencontré le jour de la décision, le 17 juillet, dans sa cellule, en accompagnant une parlementaire. “Quarante ans, c’est beaucoup, mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte”, avait assuré le détenu. – “Symbole passé” -La durée de sa détention est “disproportionnée” par rapport aux crimes commis et au vu de l’âge de l’ancien chef des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), ont jugé les magistrats de la cour d’appel.Ce groupuscule de chrétiens libanais marxistes, dissous depuis longtemps, n’a “pas commis d’action violente depuis 1984”, a aussi rappelé la cour, voyant en Georges Abdallah un “symbole passé de la lutte palestinienne”.Tout en regrettant qu’il n’ait pas “évolué” ni exprimé de “regret ou compassion pour les victimes qu’il considère comme des ennemis”, les juges ont estimé que Georges Abdallah, qui veut “finir ses jours” dans son village, peut-être en s’engageant en politique locale, ne représente plus aujourd’hui de risque de trouble à l’ordre public. Le parquet général, qui s’était opposé à sa libération comme les Etats-Unis, parties civiles, a fait un pourvoi en cassation mais il n’est pas suspensif et ne peut donc empêcher son départ.A l’époque des faits, dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l’invasion israélienne au Sud-Liban en 1978, les FARL ciblaient les intérêts d’Israël et de son allié américain à l’étranger. Notamment en France, tuant deux diplomates en 1982: le lieutenant-colonel américain Charles Ray, puis l’Israélien Yacov Barsimantov, considéré comme le responsable du Mossad en France, abattu par une femme devant son épouse et ses deux enfants.Identifié par ses empreintes découvertes dans une planque bourrée d’armes, dont le pistolet ayant servi aux deux assassinats, Georges Abdallah avait comparu seul au palais de justice en 1987, dans un contexte particulier. Il était devenu l’ennemi public numéro 1  car on le croyait, à tort, derrière la vague d’attentats de 1985-86 qui a fait 13 morts et installé la psychose dans les rues de Paris. Il avait été condamné à la perpétuité.Il a toutes ces années nié son implication dans l’assassinat des diplomates, tout en refusant de condamner des “actes de résistance” contre “l’oppression israélienne et américaine”. 

La France va reconnaître l’Etat de Palestine, Israël fulmine

La France va reconnaître l’Etat de Palestine en septembre à l’ONU, a annoncé jeudi le président Emmanuel Macron, espérant créer une dynamique collective en ce sens, une décision aussitôt décriée par Israël comme une “récompense de la terreur” et “fermement” rejetée par les Etats-Unis.La décision française “récompense la terreur”, a fustigé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en référence à l’attaque sans précédent du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre 2023. “Soyons clairs: les Palestiniens ne cherchent pas à obtenir un Etat aux côtés d’Israël, ils cherchent un Etat à la place d’Israël”, a-t-il martelé.Proche allié d’Israël, les Etats-Unis ont “fermement” rejeté le projet français, évoquant une décision “imprudente” qui fait reculer la paix. “C’est un camouflet pour les victimes du 7 octobre”, a déclaré le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio.Le chef d’Etat français avait annoncé plus tôt ce projet sur les réseaux sociaux: “Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’Etat de Palestine. J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain”, a-t-il écrit sur X et Instagram.La France coprésidera alors avec l’Arabie saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement visant à relancer la solution dite “à deux Etats”, palestinien et israélien.Cette conférence, initialement prévue en juin, avait été reportée à la dernière minute en raison de la guerre entre Israël et l’Iran. Dans l’intervalle, une réunion au niveau ministériel se tiendra les 28 et 29 juillet à New York.A ce jour, au moins 142 Etats ont reconnu un Etat palestinien, selon un décompte de l’AFP.- “Mobilisation” -Le vice-président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Cheikh, a de son côté salué cette décision  en faveur de “l’établissement de notre Etat indépendant”. C’est un “pas positif”, a renchéri le Hamas, en appelant d’autres pays à suivre cet exemple.L’Arabie saoudite s’est aussi félicitée d’une décision “historique” et a appelé les autres pays à prendre “des mesures positives similaires”.La France “mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part”, a promis Emmanuel Macron dans une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.Le 19 mai, le Royaume-Uni, le Canada et la France avaient ouvert la voie à une éventuelle reconnaissance dans une déclaration commune. Mais depuis, aucun des dirigeants de ces trois pays n’avait franchi le pas.Le 10 juillet, en visite au Royaume-Uni, Emmanuel Macron avait appelé à une reconnaissance commune de l’Etat de Palestine par la France et le Royaume-Uni, sans succès pour l’heure.En mai 2024, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège, rejointes un mois plus tard par la Slovénie, avaient déjà franchi le pas en Europe.”Ensemble, nous devons protéger ce que (Benjamin) Netanyahu essaie de détruire. La solution à deux Etats est la seule solution”, a réagi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez sur X.Mais les Européens restent divisés sur cette question, l’Allemagne estimant qu’une reconnaissance aujourd’hui serait “un mauvais signal”.- “Décision précipitée” -Dans une lettre en date du 9 juin adressée au président français, Mahmoud Abbas s’est engagé à une démilitarisation du mouvement islamiste du Hamas, à l’origine des attaques du 7 octobre 2023 en Israël, dans le cadre d’un futur Etat palestinien.Il s’est aussi dit prêt à organiser des élections législatives et présidentielle en 2026 afin de “renforcer la légitimité” de l’Autorité palestinienne et son “autorité sur le futur Etat palestinien”, y compris Gaza, rappelle Emmanuel Macron dans sa lettre.Autant de gages en faveur de la solution à deux Etats, estime le président français, en espérant convaincre les Israéliens qu’elle est aussi dans leur intérêt.Cette annonce intervient alors que l’émissaire américain Steve Witkoff a acté jeudi l’échec des pourparlers menés à Doha en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin aux souffrances des plus de 2 millions d’habitants du territoire palestinien, soumis à un blocus qui les prive d’une aide humanitaire vitale. Dans ce contexte, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé un “entretien d’urgence” vendredi avec ses homologues français et allemand pour voir comment “arrêter les massacres et fournir à la population la nourriture dont elle a désespérément besoin”.En France, le président du Rassemblement national (extrême droite), Jordan Bardella, a déploré une “décision précipitée”, qui accordera au Hamas “une légitimité institutionnelle et internationale inespérée”.Le leader de La France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon s’est à l’inverse félicité d’une “victoire morale”, tout en déplorant qu’elle ne soit pas immédiate.