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Château fort de Guédelon: un chantier à remonter le temps, tourné vers l’avenir

“Construire pour comprendre”. Depuis 28 ans, le château fort de Guédelon (Yonne) est érigé avec les matériaux et techniques du XIIIe siècle, un chantier fou pour préserver un savoir-faire médiéval et réapprendre à bâtir un habitat écologique.”Et voilà, nous sommes en 1256″, lance fièrement Florian Renucci, maître d’œuvre du chantier, en franchissant l’entrée monumentale de Guédelon, flanquée de tours ventrues aux toits encore inachevés. Sur la passerelle surplombant les douves, les lourds pas d’un cheval de trait annoncent l’arrivée d’une charrette à bois transportant les matériaux jusque dans la cour du château.À l’intérieur de l’enceinte entourée de murs épais de 3 mètres, pas de grue d’acier mais une “cage à écureuils” typique du Moyen-Âge, où des hommes tournant dans des roues en bois lèvent des charges d’un poids impressionnant. Ici, c’est l'”huile de coude”: les charpentiers équarrissent les chênes à la hache, sans aucune scie; les carriers fendent à la main des blocs de pierre de plusieurs tonnes ; les gâcheurs mélangent argile et chaux pour sceller les moellons…La conformité des techniques et matériaux utilisés est certifiée par un comité scientifique. La quarantaine d'”oeuvriers”, comme on les appelait au Moyen-Âge, pousse le zèle jusqu’à porter des vêtements de l’époque, même si un portable peut parfois se glisser dans une poche.Maçons, ferronniers et autres gâcheurs font revivre un savoir-faire ancestral devant 300.000 visiteurs par an, soit l’équivalent du château d’Angers ou du salon de l’Auto à Paris.- “Pas un rond” -“On était des fous animés d’une idée”, se souvient auprès de l’AFP Marilyne Martin, cofondatrice du projet qui a démarré autour d’une discussion entre trois amateurs de vieilles pierres, dont le propriétaire du Château de Saint-Fargeau, juste à côté, alors en cours de rénovation. Mais la fine équipe voulait aller plus loin et construire “à neuf” un château du XIIIe, avec ses six tours, dont la maîtresse culminera à 31 mètres, sa chapelle, son logis seigneurial…”On n’avait pas un rond”, se rappelle Mme Martin. Le choix du site se porte alors sur une modeste carrière oubliée d’un hectare, en pleine forêt de Guédelon (d’où le nom). Elle est rachetée 6.500 francs (1.474 euros actuels) et, six mois après, en 1997, le chantier démarre. “Pourquoi construire un château fort alors qu’il y a tellement de châteaux en ruines en France?”, avoue-t-elle. “L’idée c’était de construire pour comprendre, de se mettre en situation de bâtisseur au Moyen-Âge, de la première pierre à la dernière tuile”.”Préserver ce patrimoine immatériel pour les prochaines centaines d’années est important”, estime Florian Hémery, référent historique sur le chantier: “si un bâtiment à rénover est fait à partir de chaux aériennes, il faut le refaire avec la chaux aérienne mais à condition qu’on sache encore la faire.” Une nécessité qui a trouvé tout son sens lors de la restauration de Notre-Dame de Paris, où de nombreux artisans formés à Guédelon, qui les appellent des “passeurs de savoir”, sont allés poser leur pierre.- “Circuit court” -Ressuscitant le passé, le chantier a aussi un air de retour vers le futur car il devient l’exemple même de construction durable, à tel point que le groupe de BTP Bouygues est venu en 2022 étudier à Guédelon des techniques sobres dans un contexte de dérèglement climatique.”Sous prétexte de construire un château fort, on s’est rendu compte qu’on était très moderne: on est dans l’habitat écologique”, explique Marilyne Martin. “Guédelon est une réflexion sur comment construire plus sobrement”, renchérit Florian Renucci. “On parle aujourd’hui de circuits courts: Guédelon est peut-être le seul chantier au monde où les circuits de matériaux sont les plus courts: la carrière est au pied même du château, la forêt de chênes directement dans l’environnement, la chaux est cuite sur place avec beaucoup moins d’énergie” (à 900°C et pas à 1.450°C comme les ciments)…”En redécouvrant comment avec de simples moyens, nos mains, notre huile de coude, on arrive à bâtir une architecture monumentale, on peut tout à fait l’utiliser pour des maisons d’habitation”, dit-il. À condition de prendre son temps, le chantier de Guédelon ne sera pas fini avant des années, voire des décennies.

La Turquie suffoque, ses forêts brûlent

“On brûle, on ne sait même plus où aller”. Dans le sud-est de la Turquie, Asmin Gezginci se traîne du parc à son domicile de Diyarbakir, sans trouver de répit.La jeune femme de 24 ans subit de plein fouet la vague de chaleur qui accable le pays, poussant le mercure jusqu’au niveau historique de 50,5°C vendredi à Silopi, à deux heures de chez elle, aux frontières de l’Irak et de la Syrie.Les autorités provinciales de Diyarbakir ont publié lundi une mise en garde à la population contre des températures “supérieures de 4 à 6 degrés aux normales saisonnières jusqu’au 2 août”. En ville le thermomètre affichait déjà 45,4°C à la mi-journée, a constaté l’AFP.Depuis le début de l’été, plusieurs pays en Europe ont été touchés par de telles vagues de chaleur, favorisant la prolifération d’incendies.Ces derniers sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète. “Une guerre”, a insisté lundi le président turc, Recep Tayyip Erdogan.Selon les prévisions des météorologues, et contrairement à la Grèce voisine où elle semble refluer, la vague de chaleur va se poursuivre cette semaine avec 40 à 45°C en Anatolie centrale et 45 à 50°C annoncés dans le sud-est mardi.En Grèce, après un week-end de forte mobilisation, les pompiers n’ont décelé qu’un seul “foyer actif”, qui s’est déclaré sur le campus de l’université d’Athènes. Mais la vigilance reste de rigueur dans les points chauds du pays, surtout dans l’est et le sud du pays.Plus de 250 pompiers portugais étaient mobilisés lundi avec l’aide de quatre avions espagnols pour venir à bout d’un incendie dans une zone de montagne difficile d’accès dans le nord, près de la frontière espagnole.Le même jour, en Turquie, les pompiers bataillaient toujours, pour la troisième journée consécutive, contre trois foyers autour de Bursa, quatrième ville du pays et vaste site industriel dans le nord-ouest.Malgré d’importants moyens engagés – 850 véhicules, six avions et quatre hélicoptères – la force du vent a réduit l’usage des moyens de lutte aériens, a fait valoir le ministre de l’Agriculture et des forêts, Ibrahim Yumakli.Les habitants se mobilisent en acheminant des citernes tirées par leurs tracteurs. Des images de télévision montrent même des riverains accourant, verres d’eau en main, face aux brasiers.- “S’il y a du vent, pas d’avion” -A Karabük (nord), la province la plus boisée du pays qui abrite notamment la petite ville touristique de Safranbolu, le foyer a “baissé en intensité” et celui de Kahramanmaras (sud) est maintenant “sous contrôle”, a détaillé le ministre.”Selon leur étendue et leur intensité, la capacité de l’Etat à répondre à de tels sinistres est parfois limitée”, a-t-il admis. “S’il y a du vent, il n’y a pas d’avions et il faut des heures pour en prendre le contrôle, parfois même des jours”.Dix-neuf villages ont dû être évacués dans la région de Safranbolu, et plus de 3.500 personnes autour de Bursa.Depuis la semaine dernière, quatorze personnes ont péri en combattant les incendies, dont dix forestiers et secouristes bénévoles pris au piège des flammes à Eskisehir, 150 km plus à l’est.Selon le chef de l’Etat, plus de 3.100 feux se sont déclarés depuis le début de l’été dus au “réchauffement climatique”, a-t-il insisté.”96% de ces incendies ont été causés par l’activité humaine” a-t-il accusé, citant mégots, pique-nique, verre abandonné, chaumes brûlés… Et “quelques cas de sabotage”.Les autorités ont prévenu que la situation resterait critique jusqu’en octobre.Selon une étude sur la désertification, publiée dans un rapport de l’ONU début juillet, 88% du territoire turc est exposé au phénomène: sous l’effet du changement climatique, les précipitations devraient diminuer d’un tiers d’ici la fin du siècle et les températures augmenter de 5 à 6°C par rapport aux moyennes relevées entre 1961-1990.Des prévisions conformes aux calculs de l’AFP à partir des données du programme Copernicus de l’Union européenne: les 22 premiers jours de juillet se situent ainsi 1,7°C au-dessus de la moyenne 1981-2010 et juillet 2025 sera sans doute l’un des mois de juillet les plus chauds jamais enregistrés en Turquie.Cependant, le record de température en Europe continentale homologué par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) reste de 48,8°C, en Sicile en août 2021. L’OMM a précisé à l’AFP que Silopi n’est pas intégré géographiquement à l’Europe continentale mais à l’Asie, où les records historiques dépassent largement 50°C.- “La sécheresse est totale” -Ces anomalies n’échappent pas aux habitants: “Il y avait de la neige, beaucoup de neige. Il y avait de l’eau, et les ruisseaux coulaient jusqu’à maintenant. Aujourd’hui il n’y a plus d’eau, rien, la sécheresse est totale”, affirme Abdurrahman Sanli, retraité de 71 ans à Diyarbakir.Selon le journal Bir Gün, proche de l’opposition, “le gouvernement a ignoré les avertissements” concernant le risque d’incendie formulés par les experts, déplorant son manque d’anticipation et de moyens dédiés.Le journal affirme que la part du budget national dédié à la gestion forestière est passé de “4,5% en 2019 à 3,3% en 2025” et rappelle qu’en 2024, “23.000 hectares de forêts ont été ouverts à des activités non forestières”, des mines et des constructions notamment.

Plus de 50°C à Bagdad et dans le sud de l’Irak

Les températures ont atteint 51°C à l’ombre à Bagdad et dans plusieurs provinces du sud de l’Irak, ont annoncé lundi les services météorologiques, lors d’une nouvelle vague de chaleur touchant ce pays durement frappé par les effets du changement climatique.Le pays de 46 millions d’habitants subit une hausse des températures, des coupures de courant chroniques, des pénuries d’eau et des sécheresses annuelles.Les températures en été y atteignent souvent 52°C.Dans les rues animées de Bagdad, des passants fatigués cherchaient lundi un peu de répit en s’approchant des brumisateurs installés près des restaurants et des magasins. D’autres achetaient des bouteilles d’eau à des vendeurs ambulants pour se mouiller le visage pendant que des voitures s’arrêtaient sur le bord de la route pour refroidir leur moteur. Les températures à l’ombre ont atteint 51°C à Bagdad, dans les provinces méridionales de Bassora, Missan, Dhi Qar et dans celle de Wasit, dans le centre du pays.Elle ont atteint 50°C dans huit autres provinces et devraient légèrement baisser mercredi, selon le centre météorologique cité par l’agence de presse officielle Ina.Ces dernières années, des Irakiens se sont rassemblés chaque été pour protester contre les coupures d’électricité et les pénuries d’eau qui perturbent leur quotidien. Des centaines de personnes ont bloqué des routes et brûlé des pneus, vendredi et dimanche près des villes de Hilla et Diwaniyah, au sud de Bagdad.Selon le ministère des Ressources hydriques, cette année est l’une des plus sèches depuis 1933 et les réserves en eau de l’Irak sont actuellement à huit pour cent de leur capacité. Les autorités accusent également les barrages construits en amont dans les pays voisins, l’Iran et la Turquie, de réduire drastiquement le débit du Tigre et de l’Euphrate, qui irriguent l’Irak depuis des millénaires.Dans la région, la Turquie a enregistré samedi 50,5°C dans le sud-est, un record dans ce pays. La semaine dernière, une vague de chaleur a perturbé l’approvisionnement en eau et en électricité dans une grande partie de l’Iran.

Jusqu’à 8,7 millions de téléspectateurs dimanche devant le Tour de France

La dernière étape du Tour de France dimanche a attiré jusqu’à 8,7 millions de téléspectateurs sur France 2, soit le niveau “le plus haut pour le Tour depuis 20 ans”, s’est félicité lundi France Télévisions.Remportée pour la quatrième fois par le Slovène Tadej Pogacar, la Grande Boucle est passée à Paris par la Butte Montmartre devant une foule phénoménale, faisant renaître l’atmosphère des JO-2024, avant un final sur les Champs-Elysées. L’étape Mantes-la-Ville/Paris a été suivie par 5,2 millions de téléspectateurs en moyenne, soit 42,7% de parts d’audience, “meilleure audience pour une dernière étape depuis 2011”, a aussi souligné France Télévisions dans un communiqué, reprenant des chiffres de Médiamétrie.Globalement, 45 millions de Français ont regardé le Tour plus d’une minute cette année, “un record historique et 4 millions de plus qu’en 2024”, selon le groupe public, qui a diffusé “plus de 150 heures de direct sur les antennes linéaires (France 2 et France 3, NDLR) et la plateforme france.tv”.L’étape la plus regardée de cette édition a été celle du 14 juillet entre Ennezat et Le Mont-Dore, avec 5,4 millions de téléspectateurs en moyenne (49,8% de parts d’audience).Du côté des chaînes payantes, 8,2 millions de personnes ont regardé au moins 10 secondes du Tour sur Eurosport, qui revendique “un record historique”. Chaque étape a réuni 130.000 téléspectateurs en moyenne sur Eurosport 1, selon un communiqué.Les amateurs de vélo peuvent continuer à suivre cette semaine le Tour de France Femmes, dont le départ a été donné samedi à Vannes (Morbihan).

Pesticides: la pétition contre la loi Duplomb franchit la barre des deux millions de signatures

La mobilisation citoyenne se poursuit: la pétition contre la loi Duplomb, qui permet notamment la réintroduction sous conditions, d’un pesticide, interdit en France depuis 2018, a dépassé lundi la barre des deux millions de signatures sur le site de l’Assemblée nationale.”Aujourd’hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser”, affirmait le 10 juillet, pour conclure son texte, Eleonore Pattery, une étudiante de 23 ans. Dix-sept jours plus tard, les faits continuent de lui donner raison, même si le rythme des signatures ralentit.Sa pétition avait déjà atteint les 500.000 signatures le 19 juillet, une première sur le portail de l’Assemblée, ce qui ouvre la voie à l’organisation d’un nouveau débat dans l’hémicycle.Sa portée sera toutefois limitée: si les différents groupes politiques pourront exprimer leurs positions, il ne permettra pas, seul, de revenir sur les dispositions déjà adoptées. La pression s’accentue en tout cas un peu plus sur le gouvernement, sommé par la gauche, les ONG et désormais une partie non négligeable de l’opinion publique d’abroger le texte.Un sondage de Cluster17 pour le parti Génération Écologie, dans La Tribune Dimanche, confirme ce sentiment de défiance: 61% des personnes interrogées se disent défavorables à cette loi, dont 46% “très défavorables”. Elles sont 64% à souhaiter qu’Emmanuel Macron ne promulgue pas le texte et qu’il le soumette à une nouvelle délibération au Parlement.”Historique”, ont commenté les Écologistes sur X, demandant de ne pas laisser les Français “sans réponse” et le réexamen du texte par l’Assemblée.”Face à cette mobilisation citoyenne historique, le gouvernement doit rouvrir le débat à l’Assemblée nationale”, a abondé le PS.La pétition a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux par des ONG, des partis politiques mais aussi des personnalités.Elle demande l’abrogation “immédiate” de la loi, “la révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée”, alors qu’il n’y a pas eu de réel débat dans l’hémicycle, et une “consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit” sur les sujets soulevés.”Il est inconcevable qu’un texte adopté dans des conditions indignes entre en vigueur”, a dénoncé Mathilde Panot, la cheffe des députés insoumis, demandant elle aussi une seconde délibération.- “Fait de société” -“Ce que dit cette pétition, ce n’est plus un fait divers à ce niveau-là, c’est un fait de société”, a estimé sur franceinfo le Haut-commissaire au Plan Clément Beaune, pour qui “ce n’est pas la loi Duplomb qui est contestée par beaucoup de nos concitoyens, beaucoup de jeunes en particulier, mais c’est plus largement les reculs écologiques récents”.Outre des mesures sur les retenues d’eau ou les seuils d’autorisation environnementale des bâtiments d’élevage, la loi “Duplomb-Menonville”, du nom des sénateurs de droite et du centre qui l’ont portée, cristallise les critiques en raison de la réintroduction sous conditions d’un pesticide, l’acétamipride, interdit en France depuis 2018, mais autorisé en Europe.Son utilisation est réclamée par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale de leurs concurrents européens. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre “un tueur d’abeilles”. Ses effets sur l’humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d’études d’ampleur.Le texte, adopté définitivement au Parlement après un parcours législatif très agité, attend désormais le couperet du Conseil constitutionnel, saisi par la gauche, qui rendra sa décision “a priori” le 7 août et pourrait censurer toute ou partie de la loi. – Concilier “science” et “juste concurrence” -Le président de la République a dit attendre la décision des Sages avant de s’exprimer sur la pétition. Il a appelé à concilier “science” et “juste concurrence” en matière environnementale, selon ses mots mercredi en Conseil des ministres, rapportées par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.C’est à lui que reviendra le droit de promulguer la loi ou de demander une seconde délibération au Parlement.Le camp présidentiel ne parle pas d’une seule voix.La ministre de l’Agriculture Annie Genevard (LR) a affirmé que le texte serait “de toute façon promulgué”, estimant qu’il serait “extrêmement périlleux” d’organiser une seconde délibération.D’autres ont demandé une saisine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), comme le patron du parti présidentiel Renaissance, Gabriel Attal, soutenu par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.Le gouvernement s’est dit “disponible” pour un débat au Parlement.Le sénateur Les Républicains Laurent Duplomb a, lui, dénoncé ces derniers jours “l’instrumentalisation par l’extrême gauche et les écologistes” de cette pétition. 

Pesticides: la pétition contre la loi Duplomb franchit la barre des deux millions de signatures

La mobilisation citoyenne se poursuit: la pétition contre la loi Duplomb, qui permet notamment la réintroduction sous conditions, d’un pesticide, interdit en France depuis 2018, a dépassé lundi la barre des deux millions de signatures sur le site de l’Assemblée nationale.”Aujourd’hui je suis seule à écrire, mais non seule à le penser”, affirmait le 10 juillet, pour conclure son texte, Eleonore Pattery, une étudiante de 23 ans. Dix-sept jours plus tard, les faits continuent de lui donner raison, même si le rythme des signatures ralentit.Sa pétition avait déjà atteint les 500.000 signatures le 19 juillet, une première sur le portail de l’Assemblée, ce qui ouvre la voie à l’organisation d’un nouveau débat dans l’hémicycle.Sa portée sera toutefois limitée: si les différents groupes politiques pourront exprimer leurs positions, il ne permettra pas, seul, de revenir sur les dispositions déjà adoptées. La pression s’accentue en tout cas un peu plus sur le gouvernement, sommé par la gauche, les ONG et désormais une partie non négligeable de l’opinion publique d’abroger le texte.Un sondage de Cluster17 pour le parti Génération Écologie, dans La Tribune Dimanche, confirme ce sentiment de défiance: 61% des personnes interrogées se disent défavorables à cette loi, dont 46% “très défavorables”. Elles sont 64% à souhaiter qu’Emmanuel Macron ne promulgue pas le texte et qu’il le soumette à une nouvelle délibération au Parlement.”Historique”, ont commenté les Écologistes sur X, demandant de ne pas laisser les Français “sans réponse” et le réexamen du texte par l’Assemblée.”Face à cette mobilisation citoyenne historique, le gouvernement doit rouvrir le débat à l’Assemblée nationale”, a abondé le PS.La pétition a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux par des ONG, des partis politiques mais aussi des personnalités.Elle demande l’abrogation “immédiate” de la loi, “la révision démocratique des conditions dans lesquelles elle a été adoptée”, alors qu’il n’y a pas eu de réel débat dans l’hémicycle, et une “consultation citoyenne des acteurs de la santé, de l’agriculture, de l’écologie et du droit” sur les sujets soulevés.”Il est inconcevable qu’un texte adopté dans des conditions indignes entre en vigueur”, a dénoncé Mathilde Panot, la cheffe des députés insoumis, demandant elle aussi une seconde délibération.- “Fait de société” -“Ce que dit cette pétition, ce n’est plus un fait divers à ce niveau-là, c’est un fait de société”, a estimé sur franceinfo le Haut-commissaire au Plan Clément Beaune, pour qui “ce n’est pas la loi Duplomb qui est contestée par beaucoup de nos concitoyens, beaucoup de jeunes en particulier, mais c’est plus largement les reculs écologiques récents”.Outre des mesures sur les retenues d’eau ou les seuils d’autorisation environnementale des bâtiments d’élevage, la loi “Duplomb-Menonville”, du nom des sénateurs de droite et du centre qui l’ont portée, cristallise les critiques en raison de la réintroduction sous conditions d’un pesticide, l’acétamipride, interdit en France depuis 2018, mais autorisé en Europe.Son utilisation est réclamée par les producteurs de betteraves et de noisettes, qui estiment n’avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale de leurs concurrents européens. A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre “un tueur d’abeilles”. Ses effets sur l’humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d’études d’ampleur.Le texte, adopté définitivement au Parlement après un parcours législatif très agité, attend désormais le couperet du Conseil constitutionnel, saisi par la gauche, qui rendra sa décision “a priori” le 7 août et pourrait censurer toute ou partie de la loi. – Concilier “science” et “juste concurrence” -Le président de la République a dit attendre la décision des Sages avant de s’exprimer sur la pétition. Il a appelé à concilier “science” et “juste concurrence” en matière environnementale, selon ses mots mercredi en Conseil des ministres, rapportées par la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.C’est à lui que reviendra le droit de promulguer la loi ou de demander une seconde délibération au Parlement.Le camp présidentiel ne parle pas d’une seule voix.La ministre de l’Agriculture Annie Genevard (LR) a affirmé que le texte serait “de toute façon promulgué”, estimant qu’il serait “extrêmement périlleux” d’organiser une seconde délibération.D’autres ont demandé une saisine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), comme le patron du parti présidentiel Renaissance, Gabriel Attal, soutenu par la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.Le gouvernement s’est dit “disponible” pour un débat au Parlement.Le sénateur Les Républicains Laurent Duplomb a, lui, dénoncé ces derniers jours “l’instrumentalisation par l’extrême gauche et les écologistes” de cette pétition. 

Exposition au soleil: le ministre de la Santé alerte sur des tendances dangereuses

“Sun-tattoo”, “burn-lines” ou “tan-lines”: le ministre de la Santé, Yannick Neuder, alerte lundi sur les dangers de tendances sur les réseaux sociaux incitant à s’exposer au soleil sans protection, pour laisser apparaître des traces de bronzage.”Se brûler la peau volontairement pour une vidéo TikTok ou Instagram: voilà ce que je vois depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux avec les sun-tattoos, les burns-lines et les tan-lines”, explique Yannick Neuder dans une vidéo publiée sur plusieurs réseaux sociaux.”Votre peau, c’est votre vie, vous n’en avez qu’une, ne la sacrifiez pas pour 30 secondes de buzz”, dit-il.Ces tendances -surtout promues dans des vidéos anglophones- consistent à ne pas s’appliquer de protection solaire pour obtenir des marques de bronzage très délimitées ou invitent à dessiner un motif avec de la crème solaire pour garder une trace, s’apparentant à un tatouage éphémère.”S’exposer au soleil sans crème, ni aucune protection, parfois même avec des huiles ou du monoï, se faire un tatouage éphémère sur la peau en prenant un coup de soleil: il faut arrêter tout ça, c’est très dangereux”, prévient le ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins.L’exposition au rayons UV est en effet le principal facteur des cancers cutanés.Chaque année, en France, de 141.200 à 243.500 cancers de la peau sont diagnostiqués, dont 112.960 à 194.800 provoqués par une exposition excessive aux UV, selon Santé publique France. “On sait que les coups de soleil chez les enfants augmentent très significativement le risque de cancer à l’âge adulte, le risque de mélanome”, insiste Yannick Neuder.Dans sa campagne de prévention avant l’été, l’Institut national du cancer (INCa) a précisé qu’il n’existe pas de “bronzage sain”. “Ce dernier constitue une agression pour la peau, signe d’une réaction qui s’enclenche contre les dommages provoqués par les UV, naturels ou artificiels. Une peau bronzée indique donc que l’ADN a subi des dommages”, souligne l’Institut.En cas d’exposition au soleil, l’utilisation de crème solaire est indispensable et à renouveler toutes les deux heures, mais même les produits solaires les plus efficaces – indice 50 – ne filtrent pas la totalité des UV.Le ministre de la Santé rappelle que la protection solaire doit être multiple : porter des vêtements avec un tissage serré ou traités anti-UV, un chapeau à larges bords, des lunettes de soleil, éviter l’exposition aux heures les plus chaudes.L’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié le 12 mai des conseils sur les comportements à risques (cabines UV, compléments alimentaires, auto-bronzants).

Charente: trois morts et deux disparus dans l’incendie d’un gîte accueillant des adultes handicapés

Trois personnes sont mortes et deux sont toujours portées disparues lundi après l’incendie dans la nuit d’un gîte accueillant des adultes handicapés en Charente, à l’origine encore indéterminée.Les pompiers, arrivés sur place moins de 20 minutes après l’alerte déclenchée vers 04h30, ont d’abord pu évacuer une personne “qui n’a pas pu être réanimée et qui est décédée, asphyxiée”, a indiqué le secrétaire général de la préfecture et sous-préfet d’Angoulême, Jean-Charles Jobart.Puis deux nouveaux corps ont été retrouvés dans les décombres, a annoncé en fin de matinée M. Jobart lors d’un point-presse.”Les chiens viennent de marquer deux endroits à l’intérieur de la maison, donc probablement le bilan va s’alourdir”, a-t-il encore indiqué. L’incendie a également fait quatre blessés, dont un en urgence absolue mais dont le pronostic vital n’est pas engagé selon le parquet. Quatorze adultes âgés de 20 à 75 ans se trouvaient à l’intérieur du gîte: huit personnes souffrant d’un handicap mental et quatre encadrants, présents pour un séjour d’une semaine, et les deux propriétaires, selon M. Jobart.- Feu éteint -“Certaines familles découvrent l’horreur de ces faits et vont être prises en charge, raison pour laquelle on ne divulguera pas d’identité à ce stade”, a déclaré Mathieu Auriol, vice-procureur au parquet d’Angoulême, qui a toutefois confirmé que l’une des trois personnes décédées était la propriétaire du gîte.Jusqu’à 24 véhicules et 85 sapeurs-pompiers ont été mobilisés pour lutter contre cet incendie, qui n’a été considéré comme éteint qu’en fin de matinée. Vers 10H00, des pompiers étaient toujours en cours d’intervention, notamment sur la toiture calcinée de l’ancien corps de ferme isolé, entouré d’arbres et d’un champ de tournesols, avaient constaté des journalistes de l’AFP. De la fumée était alors encore visible. Le parquet a ouvert “une enquête de flagrance du chef d’homicide involontaire ou blessure involontaire contre X” et l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) “va intervenir dans la journée, tant sur le volet criminalistique que sur le volet expertise incendie, sur lequel on cherche les causes”, a indiqué M. Auriol.”Il va y avoir des autopsies pour confirmer les causes de la mort”, a-t-il ajouté.- Contrôlé il y a deux ans -Ce gîte n’était “pas soumis à déclaration ni à contrôle de commission de sécurité”, puisqu’il recevait moins de 16 personnes handicapées, mais il “avait été visité par les services de l’État il y a deux ans et avait reçu un avis favorable”, a précisé M. Jobart.”Il y avait les détecteurs de fumée, les extincteurs incendie, les couvertures antifeu. Donc, au moment du contrôle, il y a deux ans, tout était aux normes”, a-t-il ajouté.Le gîte était “en très bon état, tout était aux normes”, a également déclaré à la presse Philippe, un Sud-Africain d’une soixantaine d’années qui y travaille ponctuellement comme animateur et connaît le couple de propriétaires depuis plus de dix ans. Il les a décrits comme des gens “très professionnels”.  L’incendie survient un peu moins de deux ans après celui qui a fait 11 morts dans une ancienne grange transformée en gîte accueillant des personnes handicapés légers à Wintzenheim (Haut-Rhin), près de Colmar. Dix adultes handicapés et un accompagnateur ont péri dans le sinistre. La ministre chargée des Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq, a annoncé sur X qu’elle se rendrait sur place en milieu d’après-midi.

Charente: incendie dans un gîte accueillant des adultes handicapés, 1 mort et 4 disparus

Un incendie dans un gîte accueillant des adultes en situation de handicap en Charente a fait un mort et quatre personnes sont toujours portées disparues, a annoncé lundi la préfecture de Charente.Quatre autres personnes ont été “évacuées vers le centre hospitalier, dont une personne en urgence absolue”, précise dans un communiqué la préfecture à propos de ce feu qui s’est déclaré vers 4h30 du matin sur la commune de Montmoreau, au sud d’Angoulême. “De nombreux moyens ont été engagés dont 68 pompiers et 4 engins de lutte incendie. Actuellement le feu est maîtrisé, 300 m2 de bâtiments ont été détruits”, indique encore la préfecture. Selon une source gendarmerie, 12 personnes en situation de handicap se trouvaient à l’intérieur, en plus du couple qui tient le gîte. L’incendie serait dû à un dysfonctionnement de l’installation électrique, selon cette même source. Le bâtiment incendié est un ancien corps de ferme et avait “le label pour accueillir des personnes handicapées pendant la période des vacances”, a indiqué à l’AFP Jean-Michel Bolvin, maire de cette commune d’environ 2.400 habitants. Cet incendie survient un peu moins de deux ans après celui qui avait fait 11 morts dans une ancienne grange transformée en gîte accueillant des personnes en situation de handicap léger à Wintzenheim (Haut-Rhin), près de Colmar. Dix adultes en situation de handicap et un accompagnateur avaient péri dans le sinistre.