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Sur le bassin d’Arcachon, la délicate préservation d’une plante “refuge de la biodiversité”

Accroupis dans la vase, les scientifiques du parc naturel marin du bassin d’Arcachon, les mains pleines de boue, s’activent, avant le retour de la marée, pour une mission d’envergure: “restaurer” le plus grand herbier d’Europe.Ces bancs de plantes aquatiques, typiques des lagunes de la façade Atlantique, sont un “refuge pour la biodiversité”, vital à l’écosystème du bassin, explique Florane Le Bihanic, en charge de la qualité des eaux du parc marin.Les zostères marines, qui poussent sous l’eau en bord de chenal, servent d’abri aux hippocampes ou de nurserie pour les sèches qui viennent y pondre leurs Å“ufs, tandis que leurs cousines zostères naines, immergées sur la vase à marée basse, forment un réservoir de nourriture pour les oies bernaches lors des migrations.Leurs racines stabilisent les sols, tandis que leurs feuilles ralentissent l’érosion des côtes, en freinant les courants, et clarifient l’eau, en captant les matières en suspension, poursuit l’écotoxicologue.- “Effet cocktail” -Avec ses équipes, armées de carottes de métal, et progressant dans les boues limoneuses à l’aide de grandes plaques de bois sanglées sous les bottes pour ne pas s’y enfoncer comme dans des sables mouvants, la scientifique vient transplanter, une à une, des jeunes pousses de zostère, dans les zones où ces plantes, aux faux airs d’algues, ont été décimées.”Indispensables à la vie”, les herbiers de zostères ont entamé un sévère déclin il y a vingt ans – entre 85% de baisse pour la plante sous-marine et 44% pour sa cousine naine semi-aquatique – sous “l’effet cocktail” du réchauffement climatique et de la fréquentation des bateaux de pêche et de plaisance, s’alarme Hervé Caroff, le directeur délégué adjoint du parc marin.A bord d’un bateau de l’Office français de la biodiversité (OFB), une agence qui, comme la gendarmerie ou les affaires maritimes, a un pouvoir de police des mers, l’homme patrouille à la recherche de navires voguant près de ces zostères, invisibles sous l’eau ou confondues avec des algues pour l’Å“il non averti.L’ancre des navires arrache souvent cette espèce protégée et les biocides utilisés pour nettoyer les coques des bateaux nuisent à son développement, rappelle cet agent de l’OFB aux plaisanciers abordés, en leur distribuant un livret d’horaires des marées et en suggérant une application de navigation intégrant la carte des zones de peuplement de la plante fragilisée.- “Faut sévir les gars” -“La prévention, c’est bien un moment mais faut sévir les gars! Les types l’été font n’importe quoi ici!”, harangue un vieux pêcheur, accosté par l’OFB sur son bateau au large du lieu-dit l’Herbe, à poignée de kilomètres du débouché du bassin sur l’Atlantique.Ici, entre la pointe du huppé Cap Ferret et les très touristiques plages d’Arcachon et de la dune du Pilat, jusqu’à 12.000 bateaux ont le droit de mouiller, sans compter les passages, sans arrêts, de plaisanciers.”Ca fait une énorme fréquentation sur un espace relativement restreint”, avec une surface “qui se réduit des deux tiers à marée basse”, ne laissant avec un fond d’eau suffisant à la navigation, que les seuls chenaux et passes abritant des herbiers à faible profondeur, analyse M. Caroff.Dans ces zones, jeter l’ancre est strictement interdit, et passible de 150.000 euros d’amende et trois ans de prison pour destruction d’espèces protégées, rappellent les agents de l’OFB, qui assurent avoir distribué de premiers procès-verbaux, “avec une démarche gradation”, à l’été 2024 aux plaisanciers récalcitrants.En novembre dernier à Marseille, la justice française avait reconnu, pour la première fois, le préjudice écologique d’atteinte à l’herbier, en infligeant de lourdes amendes à deux navires ayant mouillé dans des zones interdites.Deux capitaines de yacht ont ainsi dû verser un total de 35.000 euros d’amende et plus de 105.000 euros d’indemnités de réparation pour avoir détruit des herbiers de posidonie, une plante protégée de Méditerranée, cousine des zostères de la façade Atlantique.

En Bretagne, une course pour valoriser le cochon, sans faire taire les polémiques

Oreilles de cochon sur la tête, baskets aux pieds, 500 coureurs ont participé dimanche à la première course organisée dans le Morbihan par la profession porcine, faisant fi des polémiques sur le parcours dans une zone naturelle fragile et des pollutions liées à l’élevage industriel en Bretagne.Dès 7H30 du matin, les inscrits à la “Pig and Run”, beaucoup venus du Morbihan et des Côtes-d’Armor, hauts lieux de la production de porcs en France, se sont retrouvés sur l’élevage Le Blimeau à Merlevenez. C’est le point de départ et d’arrivée d’un circuit de 23,5 kilomètres entre campagne et littoral, dont une partie en zone Natura 2000, au bord de la Ria d’Etel.Au programme, “un cadre authentique”, des ravitaillements à base de cochonailles, du cochon grillé au déjeuner et son poids en cochon pour le gagnant, vante l’organisateur, le Comité régional porcin de Bretagne. Avec dans l’air une odeur persistante de lisier.”Si nous sommes là aujourd’hui, c’est que nous faisons bien notre métier”, “on n’a rien à cacher”, a lancé au public l’éleveuse Lydia Le Clère, porte-parole pour la course, a constaté la journaliste de l’AFP, escortée par un agent de sécurité de l’organisation.Parmi les sponsors, des banques (Crédit Agricole, Crédit Mutuel de Bretagne), des entreprises (Hénaff, Intermarché) ou encore le département du Morbihan qui a financé à hauteur de 4.000 euros afin “de renforcer les liens entre les citoyens, les filières locales et les acteurs du territoire”. Plus de 180 bénévoles sont présents.Les déguisements autour du porc sont légion parmi les participants de tous âges, dont beaucoup de femmes. Kathia Guilletomo, 39 ans, est venue avec des amis “pour la charcuterie”, plaisante-t-elle, posant avec un nez et des oreilles de cochon pour une photo souvenir avant le départ de la course.- Saucissons et huîtres -“Je fais toutes les courses déguisées”, raconte, enthousiaste, Sébastien Da Rocha, un habitué du marathon du Médoc, corne de licorne sur la tête. S’est-il posé des questions avant de s’inscrire à une course organisée par la profession porcine, alors que cette industrie participe aux pollutions de l’eau ou aux échouages d’algues vertes depuis des décennies?”Je ne suis pas végétarien”, répond-t-il. “J’ai cru comprendre que c’était des élevages à taille humaine”, ajoute-t-il. Celui qui accueille la course compte 1.000 porcs d’engraissement, dont aucun n’est visible, contrairement aux 60 vaches de plein air.Laurent Le Berre, de l’association de protection de l’environnement Eau et Rivières de Bretagne (ERB), y voit “une opération de communication avec des sponsors très puissants (…) pour redorer le blason de cette industrie très polluante qui gangrène la Bretagne”.La justice a enjoint en mars au préfet de Bretagne de renforcer son action contre les pollutions aux nitrates, à l’origine des échouages d’algues vertes.Autre critique, le choix d’un parcours “dans un endroit les plus à préserver de la région”, poursuit Laurent Le Berre. Un point de ravitaillement, en zone Natura 2000, offre des images de carte postale: petite chapelle au bord de l’eau, vue sur le bras de mer de la Ria d’Etel, connu pour ses huîtres. Au menu: saucissons, fruits secs, huîtres, eau, boisson sucrée, bière.Mylène Hillion, 38 ans, est venue encourager des membres de sa famille qui courent. “Ma cousine est éleveuse de porcs, je sais qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour le bien-être animal”, explique-t-elle.Tous les Bretons ne partagent pas cet avis. Une Rennaise, Livie Chatelais, a lancé une pétition contre la course, trouvant “choquant que le lobby agri porcin essaye d’améliorer son image”, a-t-elle dit à l’AFP. Avec près de 38.000 signatures, il s’agit de la pétition la plus signée depuis le début de l’année pour la Bretagne.La profession n’en est pas à son coup d’essai. En 2015, elle avait organisé la “Pig parade”, un concours itinérant de sculptures de porcs. Un “faire-valoir d’un type d’élevage très polluant” pour Yves-Marie Le Lay, président de l’association de Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre.

En Bretagne, une course pour valoriser le cochon, sans faire taire les polémiques

Oreilles de cochon sur la tête, baskets aux pieds, 500 coureurs ont participé dimanche à la première course organisée dans le Morbihan par la profession porcine, faisant fi des polémiques sur le parcours dans une zone naturelle fragile et des pollutions liées à l’élevage industriel en Bretagne.Dès 7H30 du matin, les inscrits à la “Pig and Run”, beaucoup venus du Morbihan et des Côtes-d’Armor, hauts lieux de la production de porcs en France, se sont retrouvés sur l’élevage Le Blimeau à Merlevenez. C’est le point de départ et d’arrivée d’un circuit de 23,5 kilomètres entre campagne et littoral, dont une partie en zone Natura 2000, au bord de la Ria d’Etel.Au programme, “un cadre authentique”, des ravitaillements à base de cochonailles, du cochon grillé au déjeuner et son poids en cochon pour le gagnant, vante l’organisateur, le Comité régional porcin de Bretagne. Avec dans l’air une odeur persistante de lisier.”Si nous sommes là aujourd’hui, c’est que nous faisons bien notre métier”, “on n’a rien à cacher”, a lancé au public l’éleveuse Lydia Le Clère, porte-parole pour la course, a constaté la journaliste de l’AFP, escortée par un agent de sécurité de l’organisation.Parmi les sponsors, des banques (Crédit Agricole, Crédit Mutuel de Bretagne), des entreprises (Hénaff, Intermarché) ou encore le département du Morbihan qui a financé à hauteur de 4.000 euros afin “de renforcer les liens entre les citoyens, les filières locales et les acteurs du territoire”. Plus de 180 bénévoles sont présents.Les déguisements autour du porc sont légion parmi les participants de tous âges, dont beaucoup de femmes. Kathia Guilletomo, 39 ans, est venue avec des amis “pour la charcuterie”, plaisante-t-elle, posant avec un nez et des oreilles de cochon pour une photo souvenir avant le départ de la course.- Saucissons et huîtres -“Je fais toutes les courses déguisées”, raconte, enthousiaste, Sébastien Da Rocha, un habitué du marathon du Médoc, corne de licorne sur la tête. S’est-il posé des questions avant de s’inscrire à une course organisée par la profession porcine, alors que cette industrie participe aux pollutions de l’eau ou aux échouages d’algues vertes depuis des décennies?”Je ne suis pas végétarien”, répond-t-il. “J’ai cru comprendre que c’était des élevages à taille humaine”, ajoute-t-il. Celui qui accueille la course compte 1.000 porcs d’engraissement, dont aucun n’est visible, contrairement aux 60 vaches de plein air.Laurent Le Berre, de l’association de protection de l’environnement Eau et Rivières de Bretagne (ERB), y voit “une opération de communication avec des sponsors très puissants (…) pour redorer le blason de cette industrie très polluante qui gangrène la Bretagne”.La justice a enjoint en mars au préfet de Bretagne de renforcer son action contre les pollutions aux nitrates, à l’origine des échouages d’algues vertes.Autre critique, le choix d’un parcours “dans un endroit les plus à préserver de la région”, poursuit Laurent Le Berre. Un point de ravitaillement, en zone Natura 2000, offre des images de carte postale: petite chapelle au bord de l’eau, vue sur le bras de mer de la Ria d’Etel, connu pour ses huîtres. Au menu: saucissons, fruits secs, huîtres, eau, boisson sucrée, bière.Mylène Hillion, 38 ans, est venue encourager des membres de sa famille qui courent. “Ma cousine est éleveuse de porcs, je sais qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour le bien-être animal”, explique-t-elle.Tous les Bretons ne partagent pas cet avis. Une Rennaise, Livie Chatelais, a lancé une pétition contre la course, trouvant “choquant que le lobby agri porcin essaye d’améliorer son image”, a-t-elle dit à l’AFP. Avec près de 38.000 signatures, il s’agit de la pétition la plus signée depuis le début de l’année pour la Bretagne.La profession n’en est pas à son coup d’essai. En 2015, elle avait organisé la “Pig parade”, un concours itinérant de sculptures de porcs. Un “faire-valoir d’un type d’élevage très polluant” pour Yves-Marie Le Lay, président de l’association de Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre.

Les Républicains élisent leur nouveau président avec l’Elysée en ligne de mire

Après trois mois de campagne, les plus de 120.000 adhérents des Républicains départagent dimanche les deux candidats à la présidence de leur parti, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, une élection interne qui pourrait propulser le vainqueur dans la course à l’Elysée.Les adhérents, qui ont commencé à voter samedi en fin d’après-midi par internet, ont jusqu’à 18H00 pour désigner celui qui prendra le poste vacant depuis que l’ancien patron Eric Ciotti a choisi il y a près d’un an de s’allier au RN lors des législatives anticipées. A midi, le taux de participation était de 63% selon la Haute Autorité qui organise le scrutin.C’est la secrétaire générale du parti Annie Genevard, également ministre de l’Agriculture, qui annoncera les résultats en fin d’après-midi au siège parisien des Républicains.Si Bruno Retailleau est donné favori face à Laurent Wauquiez, le mode de scrutin rend toutefois le résultat incertain: le nombre d’adhérents a pratiquement triplé pendant la campagne, passant de 43.859 à 121.617, sans qu’il soit possible de déterminer à qui profiteront ces recrutements, menés tambour battant par les deux candidats.    “Avantage Retailleau, mais belle campagne Wauquiez”, synthétise un ex LR qui connaît bien son ancienne famille politique.- “Créer la surprise” -Mais M. Wauquiez se montre confiant: “Je vais créer la surprise”, a-t-il affirmé au Figaro.Une large victoire donnerait au vainqueur un argument de poids pour se lancer dans la course à l’Elysée à droite. Un succès étroit, au contraire, lui compliquerait la tâche pour s’imposer face à des rivaux comme Edouard Philippe, le favori des sondages, voire des soutiens de Bruno Retailleau, à l’image du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand ou du maire de Cannes David Lisnard. Celui-ci demande des primaires ouvertes à droite, alors que le Vendéen veut limiter le vote aux adhérents LR. Laurent Wauquiez ne veut pas entendre parler non plus de primaire ouverte et n’a cessé d’agiter le danger d’une “dilution de la droite dans la macronie” si son président avait une double casquette avec Beauvau, évoquant des “bruits” sur un accord électoral avec Edouard Philippe.Le député de Haute-Loire a d’ailleurs pris les devants, demandant d’ores et déjà un match retour avec Bruno Retailleau l’an prochain pour désigner le candidat LR à l’Elysée.”De grâce, n’ayons pas tout de suite des obsessions présidentielles qui nous ont coûté cher!”, a répliqué le Vendéen, qui s’est engagé à rester à Beauvau s’il l’emportait, assumant “être un ministre politique, pas un ministre techno”. – Philippe contre Wauquiez -A sein du socle commun, on suit de près l’élection du président de LR, parti qui a frôlé la disparition lors du départ d’Eric Ciotti et qui a repris des couleurs après son entrée au gouvernement en septembre avec l’un des siens à Matignon, Michel Barnier, censuré trois mois plus tard par la gauche et le RN.Son ancienne porte-parole, la députée Renaissance Maud Bregeon, a ainsi souhaité dimanche sur CNews et Europe1 “que le futur président des LR s’engage à maintenir l’unité du bloc central”, semblant plutôt pencher pour M. Retailleau que pour M. Wauquiez qui “regarde davantage du côté de Reconquête”.Parti pris clairement assumé par le député Horizons Frédéric Valletoux, qui a critiqué la “campagne pour rien” de M. Wauquiez, un “homme de tactique” dont “on n’a pas compris quelles étaient les idées”.Un ton offensif déjà adopté la veille lors d’un meeting à Marseille par son chef de parti, Edouard Philippe, qui a réservé ses attaques au député de Haute-Loire. “Les Français ne sont pas dupes de ceux qui font du trumpisme aux petits pieds en rêvant de ressusciter le bagne du comte de Monte Cristo à Saint-Pierre-et-Miquelon”, a ironisé Edouard Philippe, dans un tacle à Laurent Wauquiez, qui a proposé d’envoyer sur cette île les “étrangers dangereux” faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF). Laurent Wauquiez lui a répondu du Puy-en-Velay, où il s’est rendu à la permanence LR du département pour voter sur un ordinateur: “Ce qui me fait plaisir, c’est qu’il a bien compris que moi, je ne ferais pas du tout du en même temps”.Le patron des députés LR a fait feu de tout bois durant cette campagne avec des propositions très droitières. Erigeant en “modèle pour la droite” l’ultraconservatrice italienne Giorgia Meloni, il a plaidé pour un rassemblement de la droite allant du garde des Sceaux, l’ex-LR Gérald Darmanin, à l’eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo (à l’exclusion du RN et de ses alliés). 

Narcotrafic et radicalisation: un 3e quartier de haute sécurité créé dans une nouvelle prison en Guyane

Après Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe, un troisième quartier de haute sécurité sera construit d’ici 2028 dans la prison qui doit sortir de terre à l’entrée de la ville de Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane, territoire gangréné par le narcotrafic et où règne une forte surpopulation carcérale.En déplacement en Guyane, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé samedi la création de ce quartier au sein de la prison de 500 places attendue dans la deuxième ville la plus peuplée de la collectivité territoriale ultramarine.  Ce nouveau centre pénitentiaire, qui vise à répondre à la surpopulation de l’établissement pénitentiaire de Rémire-Montjoly, près de Cayenne, s’inscrit dans le cadre du projet de cité judiciaire prévu par le plan d’urgence des accords de Guyane signés en avril 2017. Cette cité doit aussi comprendre un tribunal judiciaire, un service pénitentiaire d’insertion et de probation ainsi que des locaux de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse.”J’ai décidé d’implanter en Guyane la troisième prison de haute sécurité de France. Soixante places, un régime carcéral extrêmement strict, et un objectif : mettre hors d’état de nuire les profils les plus dangereux du narcotrafic”, a déclaré le ministre au JDD.”Quinze places” seront également “dédiées aux islamistes/radicalisés” condamnés pour terrorisme jihadiste, a confirmé son cabinet à l’AFP.”Ma stratégie est simple: frapper la criminalité organisée à tous les niveaux. Ici, au début du chemin de la drogue. En métropole, en neutralisant les têtes de réseau. Et jusqu’aux consommateurs. Cette prison sera un verrou dans la guerre contre le narcotrafic”, a ajouté Gérald Darmanin.Le garde des Sceaux, qui a fait de la lutte contre le trafic de drogue sa priorité, souhaite que cette prison “serve à éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic”, dans la mesure où “ils ne pourront plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles”. Selon le JDD, le permis de construire de ce bâtiment situé sur un terrain de plusieurs dizaines d’hectares sur la RN1, qui relie la ville à Cayenne, et d’un coût de 400 millions d’euros, est en passe d’être signé.- “Narco-département” -Ce nouveau quartier de haute sécurité est le troisième annoncé par Gérald Darmanin, après le choix en mars des centres pénitentiaires de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et de Condé-sur-Sarthe (Orne), pour accueillir les premiers quartiers de lutte contre la criminalité organisée, où seront transférés les détenus considérés comme étant les plus redoutables.Il souhaite isoler d’ici à l’été les “cent plus gros narcotrafiquants” afin de les empêcher de poursuivre leur activité criminelle depuis leur cellule.Or la Guyane est devenue “un narco-département et un des principaux hubs” du trafic de cocaïne, selon une source interrogée par l’AFP en 2023. Au moins 20% de la cocaïne consommée en métropole en provient.Chaque année, des centaines de “mules” sont arrêtées à l’aéroport de Cayenne, les bagages ou l’estomac lestés de cocaïne sud-américaine.Les autorités estiment qu’une trentaine parviennent à embarquer sur chacun des vols quotidiens entre la Guyane et la métropole.Pour en faire passer toujours plus, les réseaux disposent d’une main-d’Å“uvre abondante en exploitant l’extrême pauvreté de plus de la moitié de la population et des clandestins arrivés du Suriname voisin.Le cÅ“ur du trafic bat à Saint-Laurent du Maroni, cerné par le fleuve qui sépare la Guyane du Suriname sur 500 km. Faute d’école ou d’emploi, beaucoup de ses 50.000 habitants cèdent souvent à l’argent facile de la “coke”.La Guyane accuse également un fort retard en termes d’équipements publics et enregistre une forte surpopulation carcérale, avec une densité de 134,7%, selon les chiffres du ministère de la Justice au 1er juin 2024. En 2024, un ancien détenu de la prison de Rémire-Montjoly a fait condamner l’Etat à lui verser plus de 20.000 euros pour avoir vécu dans un espace individuel de moins de 3 m2. “Créer une prison supplémentaire de haute sécurité, (…) on en a besoin, on a un narcotrafic (…) qui prend sa racine pas seulement dans l’Hexagone mais par des flux internationaux dont certains passent par l’Amérique du Sud, par la Guyane”, a réagi sur Franceinfo le Haut-commissaire au Plan Clément Beaune dimanche.Interrogée sur BFMTV, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, s’est montrée plus critique: “Oui il faut des services publics en Guyane mais je ne pense pas que la priorité était ce projet de prison”. “La symbolique qui consiste à installer en Guyane une prison pour des non-Guyanais et +les plus dangereux+ est extrêmement problématique parce qu’on voit bien la référence historique au bagne de Cayenne”, a-t-elle déploré.

Avec “Clubbing”, le Grand Palais immersif plonge dans l’histoire mondiale des clubs

En pleine journée, rayons laser et stroboscopes balaient une discothèque géante où pulse du gros son: bienvenue dans les entrailles du Grand Palais immersif, qui propose une plongée dans l’histoire du monde de la nuit.Jusqu’au 1er octobre, les dancefloors sont élevés au rang d’art et de culture à part entière à travers cette exposition installée dans une vaste dépendance de l’Opéra Bastille à Paris, jamais aménagée auparavant. Après les univers de Léonard de Vinci et La Joconde, Pompéi ou encore l’art numérique, le Grand Palais immersif a choisi le clubbing pour cette nouvelle plongée, confiée à l’artiste plasticien et scénographe Pierre Giner, avec le collectif de graphistes Trafik et le média en ligne Poptronics.Happés dès leur arrivée dans l’ambiance d’une boîte de nuit électro, les visiteurs sont invités à faire défiler 50 ans de “culture club”, depuis les premières nuits underground du début des années 1970 à New York, jusqu’aux dernières tendances.La disco initiale a cédé la place à des genres musicaux protéiformes (house, techno, hip-hop), mais ces lieux conservent un cocktail similaire, qui mélange musiques, genres, mÅ“urs et classes sociales. Temples de la jeunesse, ils gardent aussi leur part sombre, synonyme d’excès.Pour parcourir l’exposition, aucune tenue exigée: après une vidéo interactive pour passer le portier du Berghain, discothèque la plus exclusive de Berlin, les visiteurs arpentent un club reconstitué et rêvé, sous forme d’un voyage sensoriel son et lumière.L’exposition passe en revue les plus grandes adresses de la vie nocturne, actives ou désormais fermées.A Paris, Le Palace, Les Bains Douches, le Rex Club, Le Queen et Le Pulp, à New York Le Loft et le Studio 54, à Berlin le Trésor, à Londres, Ministry of Sound. Ou encore à Kiev, le club techno Closer  qui fait de la résistance et continue de faire danser les fêtards ukrainiens malgré la guerre et les bombardements russes.Dans des vidéos, des artistes, des historiens et des DJs emblématiques témoignent, à l’image du journaliste et auteur anglais Dave Haslam, également DJ historique de l’Haçienda, ancien club de Manchester des années 1980, connu pour être le berceau de l’acid house mais aussi un repaire de gangsters.Etienne de Crécy, l’un des pionniers français de la musique électronique, et Christophe Vix, parmi les fondateurs de la Technoparade de Paris, retracent également l’histoire du clubbing. – “Espace de liberté” -Dès 11H00 et jusqu’à 23H00 certains soirs, le public peut aussi se déhancher sur le dancefloor, avec des DJs qui mixent en direct ou grâce à la playlist de 30 titres sélectionnés par le vétéran de la house Patrick Vidal.”Par définition, un club est le lieu d’un art total le temps de la nuit, le jour en mieux, un espace de liberté plastique et politique avec des styles et des identités différentes, une bizarrerie autour de la beauté de la musique et du désir d’être avec les autres, portée par des énergies émancipées et utopiques”, résume à l’AFP Pierre Giner, commissaire de l’exposition.Au fronton du club imaginaire du Grand Palais Immersif, une phrase de Françoise Sagan balancée en 1965 à la télévision, fait office de maxime intemporelle du clubbing. “J’aime les boîtes de nuit, j’aime les gens qui y sont. J’aime boire, danser, faire des bêtises, en dire. J’ai 30 ans… Je ne vais pas commencer à vivre comme un croûton parce que je suis soi-disant une intellectuelle!”, avait déclaré l’autrice de “Bonjour Tristesse”.”Clubbing” fait par ailleurs écho à une autre exposition musicale, “Disco I’m coming out” (jusqu’au 17 août) à la Philharmonie de Paris.

Cannes: Jennifer Lawrence, mère à la folie dans “Die, My Love”

Jennifer Lawrence se donne sans compter dans “Die, My Love”, présenté samedi soir en compétition à Cannes, où la star américaine joue une mère qui sombre dans la folie sous les yeux d’un conjoint incarné par le Britannique Robert Pattinson.Habituée de la Croisette, sa réalisatrice, l’Ecossaise Lynne Ramsay, est de retour pour la huitième fois au festival. Elle y a laissé des souvenirs marquants, de “We Need to Talk about Kevin” (2011) avec Tilda Swinton, John C. Reilly et Ezra Miller, sur un adolescent ayant commis un massacre dans son école, à “A Beautiful Day” (prix du scénario en 2017) avec Joaquin Phoenix en tueur à gages.Très attendu également pour son casting, avec deux des trentenaires les plus demandés d’Hollywood, “Die, My Love”, à son tour, ne laisse pas indemne.Le film, coproduit par Martin Scorsese et adapté d’un roman argentin, “Crève, mon amour” d’Ariana Harwicz, montre deux jeunes amants aux gueules d’ange qui emménagent dans une belle maison de campagne. Elle est romancière, en recherche d’inspiration. Lui est musicien, la suit et la soutient. Ivres d’amour, ils cultivent leur grain de folie, jouant à quatre pattes dans les herbes folles ou s’ébattant sur le carrelage de la cuisine.Tout bascule à la naissance de leur bébé, laissé le plus souvent hors champ. Les failles se révèlent par petites touches. La folie douce tourne à la mélancolie puis à la violence, tandis que le personnage de Robert Pattinson, impuissant, multiplie les absences.L’entourage, un voisin (Lakeith Stanfield) avec lequel la mère de famille semble entretenir une liaison, au moins fantasmée, ou la belle-mère, interprété par Sissy Spacek, n’est d’aucune aide.Progressant dans le flou, le film ne livre jamais toutes ses clés, mais s’inscrit dans une série d’œuvres offrant de nouveaux regards sur une maternité, totalement désacralisée et montrée sans fard.- Å’uvres de réalisatrices -Ces films sont souvent l’œuvre de réalisatrices, comme “If I Had Legs I’d Kick You”, de l’Américaine Mary Bronstein, avec Rose Byrne, sensation aux derniers festivals de Sundance et de Berlin, ou, côté français, “A plein temps” avec Laure Calamy, primé à Venise.A 34 ans, Jennifer Lawrence, connue du grand public pour les sagas “Hunger Games” et “X-Men” ou le film à succès de Netflix “Don’t look up: déni cosmique” avec Leonardo DiCaprio, était jusqu’à présent peu venue à Cannes pour y présenter des films.Avec sa prestation intense dans “Die, My Love”, où elle est dans quasiment tous les plans, celle qui a remporté l’Oscar de la meilleure actrice en 2013 pour la comédie dramatique “Happiness Therapy”, avec Bradley Cooper, s’offre un ticket pour un éventuel prix d’interprétation samedi prochain.Jennifer Lawrence était enceinte de son deuxième enfant lors du tournage et a expliqué à Cannes que cela l’avait aidée à s’immerger dans le personnage. “Niveau hormones, je me sentais plutôt bien, joyeuse. Et c’était la seule façon de plonger dans le rôle, de m’immerger dans les émotions”, a-t-elle dit.”Mon travail est étroitement lié aux émotions que j’éprouve”, a-t-elle ajouté. Avoir des enfants “m’a ouvert les yeux sur le monde (…) comme quelqu’un d’hypersensible. (…) Mes enfants ont changé mon potentiel de créativité”, a-t-elle souligné. “Pour devenir acteur ou actrice je vous conseille de faire des enfants!”Robert Pattinson, 39 ans, est lui bien davantage habitué aux marches rouges de la Croisette, qu’il a notamment gravies à deux reprises au côté de David Cronenberg.Après ce rôle de père de famille, il retournera sur le plateau d’une adaptation très attendue de “L’Odyssée” d’Homère par Christopher Nolan, avec le tout-Hollywood: Matt Damon, Tom Holland, Anne Hathaway ou encore Zendaya. Il retrouvera aussi bientôt le costume de Batman pour un nouvel opus signé Matt Reeves.

Mètre, kilogramme… Dans les labos du LNE, on garde la mesure

C’est un cylindre de platine iridié vieux de 136 ans sans lequel il serait impossible de faire un gâteau, un médicament ou un pont. Baptisé “Prototype 35”, ce poids d’un kilogramme est l’étalon de toutes les balances de France.Dans les sous-sols du Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE) dans le 15e arrondissement de Paris, Florian Beaudoux sort d’une armoire le précieux objet de 39 mm de diamètre et 39 mm de haut, conservé sous cloche. “On ne peut pas l’utiliser trop souvent”, explique le responsable du département masse et grandeurs dérivées au LNE. “Même en le manipulant avec une pince spéciale, on enlève à chaque fois des nano morceaux” qui vont petit à petit changer sa masse.Le “prototype 35” est au sommet français d’une chaîne d’étalonnage reliant de façon ininterrompue chaque masse utilisée dans l’industrie ou le commerce au kilogramme utilisé internationalement. En le comparant à d’autres masses lors d’un processus très rigoureux, on obtient des étalons “allant de 100 microgrammes – de petits fils qui ont l’épaisseur d’un cheveu – jusqu’à 5 tonnes”, détaille le scientifique.Dans un autre laboratoire, ses collègues règlent des lasers pour s’approcher au plus près de la définition du mètre. Les longueurs d’onde servent ensuite à calibrer des objets physiques, des cales-étalon, pour mesurer des longueurs, des diamètres ou des angles. C’est ce principe de “dissémination” qui permet de garantir qu’un même sac de pommes affichera une masse équivalente sur n’importe quelle balance d’un supermarché. Que le résultat d’une prise de sang sera identique quel que soit le laboratoire où elle est réalisée. Ou que les ailes d’un avion fabriquées en Allemagne pourront être raccordées sans mal au fuselage conçu en France.Pendant longtemps, “c’était le bazar”, rappelle M. Beaudoux. Le temps n’était pas le même à Paris et Bruxelles, la longueur d’un tissu était mesurée en aune et celle d’un terrain en pied et la livre de blé de Brest ne valait pas celle de Marseille.- Et le mètre prit pied -La Révolution française, avec son idéal d’égalité, a voulu y mettre bon ordre. Les scientifiques ont mis au point un système décimal dans lequel volume, masse et longueur seraient calculées à partir d’une fraction du méridien terrestre: le système métrique était né.Avec le développement des échanges commerciaux, d’autres pays se sont intéressés à cette “invention” française. Il y a 150 ans, le 20 mai 1875, 17 pays ont signé à Paris la “Convention du mètre”, un traité créant un Système international de mesures.Aujourd’hui utilisé par plus de 150 pays, il compte sept unités: le mètre, le kilogramme, la seconde, le kelvin (température), le candela (intensité lumineuse), l’ampère (intensité électrique) et la mole (quantité de matière). Leurs définitions ont évolué pour éliminer les incertitudes inhérentes à l’utilisation de références matérielles comme la Terre, dont la taille et la vitesse de rotation varient. Le mètre est désormais défini à partir de la vitesse de la lumière, une constante fondamentale de la physique. Le kilogramme n’est plus la masse d’un décimètre cube d’eau, mais est lié à une constante de la physique quantique.  A charge pour les différents instituts de métrologie de trouver les moyens de les mettre en Å“uvre.”Pour la masse, la France était un des trois seuls pays à posséder une balance de Kibble (un instrument de très haute précision, NDLR) qui pouvait donner une valeur”, rappelle Maguelonne Chambon, directrice de la recherche du LNE, qui souligne l’importance de la collaboration internationale dans cette science.”Il faut qu’on se compare, qu’on comprenne d’où viennent les écarts, puis comment les régler pour arriver à un consensus”, précise-t-elle. Et pour cela, “il faut des laboratoires sur différents sites de la planète”, pour tenir compte d’environnements distincts, et avec qui il est “important d’avoir des relations suivies”.D’où des inquiétudes sur les possibles répercussions des coupes budgétaires du président Donald Trump sur la science américaine.”Nos collègues américains sont très, très inquiets parce qu’il n’y a pas de logique (dans les coupes, NDLR). Et cela peut avoir un impact sur la recherche”, avertit-elle.

Les frères Dardenne et leurs “Jeunes mères” pour émouvoir le Festival de Cannes

Un sanctuaire pour s’extraire d’un parcours cabossé: “Jeunes mères”, en lice pour offrir une 3e Palme d’or record aux frères Dardenne, suit cinq adolescentes hébergées dans une maison maternelle, qui tentent de construire une vie meilleure pour elles et leurs enfants.Emotionnellement intense, le film, qui sera présenté au dernier jour du Festival de Cannes vendredi, sort en salles en France à la même date.Rejetée par les siens à l’annonce de sa grossesse, Naïma (Samia Hilmi) quitte la maison maternelle, prête à se lancer dans la vie de mère célibataire dont elle avait honte. Julie (Elsa Houben), ancienne toxicomane, Jessica (Babette Verbeek), abandonnée par une mère qui le fut elle-même adolescente, Perla (Lucie Laruelle) et Ariane (Janaina Halloy Fokan), filles de femmes alcooliques ou en proie à des troubles psychiques, sont elles aussi sur cette voie.”Le film va raconter comment chacune va se libérer d’un poids, d’un destin qui leur a été, comme tous les destins, imposé, et à travers quel chemin elles doivent passer pour se libérer de ce destin qui les poursuit depuis leur enfance”, résume Jean-Pierre Dardenne pour l’AFP.Trait d’union entre ces cinq jeunes mères, une maison maternelle, qui accueille des femmes enceintes sans ressources, visitée dans le cadre d’un autre projet de scénario par le duo belge, primé à Cannes pour “Rosetta” (1999) et “L’Enfant” (2005).- “Se libérer” -“C’est un peu ce lieu qui nous a décidés à faire ce film”, se remémore Jean-Pierre Dardenne. “Quand je dis le lieu, c’est aussi les jeunes femmes, les éducatrices, la psychologue, la directrice qui nous ont captés, ce qu’il s’y passait, ce qu’on a ressenti. (…) Comme si le lieu, ces gens nous avaient dit: racontez nos histoires.”Histoires au pluriel car le long-métrage, marqué du sceau du réalisme caractéristique des deux cinéastes, ne documente ni le fonctionnement d’une maison maternelle ni la maternité adolescente. “Ce sont des destins individuels, (…) il y a chaque fois une histoire très particulière”, portée avec justesse par un quintet d’actrices peu expérimentées, souligne Luc Dardenne. “Ce qui nous a intéressés, c’était de trouver cinq personnes qui vivent cinq choses différentes, même si, évidemment, c’est chaque fois lié à la relation à un enfant.”Dans la veine du cinéma social, dont les deux Belges sont parmi les plus illustres représentants, “Jeunes mères” développe “comment pèse sur chacune l’histoire sociale, la pauvreté, le fait d’avoir déjà une mère qui vous a abandonné… et comment se battre avec ça”, poursuit Luc Dardenne.C’est souvent douloureux, mais c’est aussi lumineux car ce qui a “vraiment intéressé” le duo, ajoute-t-il, ç’a été “de trouver les scènes qui permettaient à ces jeunes filles de se libérer de cet emprisonnement dans lequel elles étaient”.Entre espoirs, embûches, réussites et renoncements, le spectateur fait aux côtés de Naïma, Julie, Jessica, Perla et Ariane l’expérience de la résilience. “C’est surtout une histoire sensible”, conclut le cinéaste. “C’est ça qu’on a essayé de transférer sur l’écran.”

Aude: l’aloe vera au lieu de la vigne pour s’adapter à la sécheresse

Face au changement climatique, le viticulteur Laurent Maynadier, issu d’une famille de vignerons dans l’Aude depuis 13 générations, diversifie ses cultures en adoptant l’aloe vera, une plante de milieux arides dont il vient de récolter les premières fleurs.”On a testé des plantes aromatiques (thym, romarin, origan, sauge, lavande)” et deux d’entre elles “sont sorties du lot: l’aloe vera et le romarin. Le romarin, lui, n’est pas rentable. On s’est donc dirigé vers l’aloe vera”, explique avec conviction Laurent Maynadier, alors qu’il taille des fleurs jaunes en forme d’épis à l’aide d’un sécateur.”L’aloe vera est peu gourmand en eau, par rapport à la vigne. Il en a besoin de cinquante à cent fois moins, donc c’est quand même un gros avantage. C’est aussi une plante qui ne nécessite pas de produits phytosanitaires”, poursuit-il, sous le soleil qui arrose généreusement son exploitation à Fitou, dans les Corbières.A l’instar d’autres parties de l’Aude ou des Pyrénées-Orientales, cette zone est frappée par une sécheresse persistante depuis plusieurs années. Une tendance lourde liée au changement climatique que des pluies ponctuelles – comme celles qui ont largement dépassé la moyenne enregistrées en mars dans l’Aude – ne sauraient modifier de manière substantielle.Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a rappelé cette semaine que “les niveaux des nappes du Roussillon et du massif des Corbières restent bas à très bas” et le resteront dans les prochains mois. “Peu importe le scénario de pluies ou de températures”, insiste le BRGM.Dans ce contexte, Laurent Maynadier est loin d’être le seul à réduire la part des vignes dans son exploitation ou à diversifier sa production. Et l’aloe vera n’est pas non plus la seule plante introduite par des agriculteurs audois ou des Pyrénées-Orientales.Près de 5.000 hectares de vignes doivent être arrachés dans l’Aude – sur près de 27.500 dans toute la France – dans le cadre d’un dispositif gouvernemental mis en place en octobre dernier.Des pistachiers, des oliviers, voire des caroubiers, sont parfois plantés à leur place, souvent dans l’idée de les faire cohabiter avec la vigne.- Garder le métier des ancêtres -Laurent Maynadier a quant à lui déjà arraché la moitié de ses vignes: il en cultive actuellement neuf hectares, contre 18 il y a cinq ans. Ses 3.000 plantes d’aloe vera occupent actuellement une parcelle de 5.000 m2 (un demi-hectare), une surface qu’il compte augmenter, tout en expérimentant d’autres variétés de milieux arides, comme l’arganier.Et, bien entendu, il tient absolument à garder le métier de ses ancêtres.”Non, la vigne, je n’imagine pas l’abandonner un seul instant. Par contre, on sera obligé de revoir notre manière de travailler”, souligne-t-il, debout dans sa cave aux murs en pierre.Il faudra notamment “avoir un couvert végétal, avoir de l’agroforesterie, un paillage au sol. Ce sont des techniques (…) que l’on développera pour maintenir l’activité viticole”, ajoute-t-il, devant son alambic.Un alambic qui servira aussi à transformer la fleur de l’aloe vera. Le vigneron cultive depuis trois ans cette plante dont il met déjà à profit la palme.”La fleur, c’est la première fois que l’on va l’utiliser (…) pour faire des distillats, des eaux florales. Et cette eau florale a deux vocations: d’une part être utilisée dans les cosmétiques et d’autre part être utilisée en alimentaire”, précise-t-il.”C’est extrêmement intéressant économiquement. C’est plus intéressant aujourd’hui que la vigne”, relève-il, avant de résumer: “Je suis vigneron, je suis attaché à cette production, mais je sais aussi calculer.”lb-ech-vgr-dmc/ap/jco/er