AFP Top News

Patate douce, pois chiches et IA au célèbre Chelsea Flower Show de Londres

Patate douce au milieu des fleurs, pois chiches et arbres maternés par l’intelligence artificielle : le prestigieux Chelsea Flower Show de Londres est résolument tourné cette année vers l’avenir et l’adaptation au changement climatique.Plus de 140.000 visiteurs sont attendus à partir de mardi pour ce salon horticole de cinq jours qui se veut “le summum de l’excellence horticole”, avec des jardins extraordinaires et plus de 400 exposants, où d’élégants VIP en tenue fleurie sont encore parfois accueillis au champagne.Le roi Charles III doit comme chaque année s’y rendre lundi en fin d’après-midi avec la reine Camilla, pour visiter notamment un jardin dessiné avec l’aide d’un chien, et un autre célébrant les forêts pluviales quasi disparues au Royaume-Uni.Une trentaine de jardins sont en compétition cette année. Les températures élevées ces dernières semaines ont été un défi de plus pour les horticulteurs, pour que tout ne fleurisse pas trop tôt.Dans la catégorie la plus prestigieuse des “Show Gardens”, le “Jardin Intelligent” utilise de petits capteurs installés sur les arbres, et l’intelligence artificielle (IA), pour surveiller en temps réel la santé des arbres urbains.Les visiteurs peuvent dialoguer avec les arbres grâce à l’IA, et leur poser des questions en utilisant une application sur leur téléphone.Les arbres sont en ville des “alliés vitaux” de la lutte contre la pollution et le changement climatique, explique Tom Massey, l’un des paysagistes ayant créé ce jardin sponsorisé par Avanade et Microsoft. Mais “30% meurent dans l’année où ils sont plantés et la moitié dans les dix ans”, dit-il à l’AFP. L’IA, entraînée pour devenir experte de chaque arbre, “ne va pas remplacer l’être humain (…)”, précise l’architecte du jardin Je Ahn. Mais les données “nous donnent une idée plus claire de ce qui se passe”.- résilience et entraide – Le “Jardin du futur” raconte lui un avenir où les excès du climat -chaleur, inondations et sécheresse- transforment les vies et où l’adaptation devient clé.On y trouve des patates douces, des pois chiches, des fèves et du millet, au milieu des cistes pourpres, des aubépines et des bettes. Ce jardin “aborde les questions auxquelles nous sommes confrontés avec le changement climatique”, explique Matthew Butler, l’un de ses créateurs. Certaines cultures ont prouvé leur résistance face au changement climatique et leurs vertus nutritives en Afrique. Elles “peuvent toutes pousser ici au Royaume-Uni”, explique à l’AFP Ana Maria Loboguerrero, directrice des systèmes alimentaires adaptatifs et équitables de la Fondation Gates, qui depuis 20 ans travaille avec un réseau d’agriculteurs africains et de scientifiques sur une agriculture résistante au changement climatique. C’est la première fois que la Fondation sponsorise un jardin à Chelsea.”Ce qui est aussi intéressant dans ce jardin, c’est que les fleurs, les arbres, les cultures poussent ensemble, et s’entraident. Par exemple, certains offrent de l’ombre à des plantes qui n’aiment pas beaucoup le soleil”, dit-elle.Le petit bâtiment central est en pisé, et utilise l’énergie solaire. Toutes les eaux usées sont recyclées.Cette année, de nombreux jardins sont inspirés de la nature à l’état sauvage, et le thème de la préservation est omniprésent : un jardin est consacré aux herbes sous-marines en Ecosse, un autre est planté de ronces, haies, et graminés pour aider les oiseaux chanteurs, dont la population a diminué de 50% en deux générations au Royaume-Uni.L’exposition, organisée par la RHS (Royal Horticultural Society) dans le parc de l’hôpital royal de Chelsea, est depuis des années soucieuse de développement durable et de biodiversité. Très respectée au Royaume-Uni, la RHS s’était fixé en 2021 d’interdire la tourbe pour toutes ses opérations d’ici la fin 2025. Cette matière végétale très utilisée en horticulture, vient de l’exploitation des tourbières, puits de carbone naturels dont la formation prend des milliers d’années.Mais fin mars, la RHS a annoncé qu’elle repoussait jusqu’en 2028 cet objectif pour les pépinières vendant dans les expositions horticoles.Elle a expliqué sa décision par l’absence de législation interdisant la tourbe au Royaume-Uni, en dépit de ses efforts, et par son souci de protéger les pépinières britanniques durant leur transition.

Bétharram: le collectif de victimes produit un document qui contredit Bayrou

Un surveillant condamné pour violences sur un élève de Notre-Dame-de-Bétharram en 1996 faisait toujours partie de l’établissement en 1997-1998, selon un document produit lundi par le collectif des victimes, contredisant les propos de François Bayrou ayant évoqué son licenciement lors de son audition à l’Assemblée.Interrogé sous serment mercredi par les députés membres de la commission d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires, le Premier ministre, qui était ministre de l’Éducation (1993-1997) à l’époque des faits, a présenté un courrier mentionnant le renvoi de ce surveillant, quelques mois après une inspection diligentée par ses soins à Bétharram (Pyrénées-Atlantiques).Mais le collectif des victimes de cette vaste affaires de violences physiques et sexuelles a publié lundi un document issu de la revue de l’établissement catholique: en 1997-1998, ce surveillant figure dans l’organigramme au poste de conseiller principal d’éducation (CPE) pour les élèves d’âge moyen et pour l’internat.”En 1997-1998, l’auteur de la gifle (…) est toujours présent à Bétharram, ayant même obtenu une promotion étant CPE”, a fait valoir Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes.”Il n’a été nullement licencié comme a pu le dire le Premier ministre”, a-t-il ajouté.Ce surveillant, surnommé “Sanglier” par les élèves, avait été poursuivi après une gifle assénée en 1995 à un élève qui lui avait perforé le tympan. Il avait été condamné en juin 1996 pour “coups et blessures” à 5.000 francs (environ 750 euros) d’amende avec sursis par le tribunal de Pau.A l’appui de ses propos, François Bayrou s’est prévalu mercredi d’un courrier adressé au rectorat “au mois de novembre 1996″.”J’ai un document qui le prouve. En novembre, le supérieur ou le directeur de Bétharram adresse au recteur un suivi du rapport (d’inspection) dans lequel il lui indique que le surveillant a été licencié”, a assuré le Premier ministre.Cette déclaration a fait bondir Jean-François Lacoste-Séris, père de l’élève blessé en 1995.”Il n’a pas été viré après sa condamnation, il a été promu”, avait déclaré dès mercredi soir M. Lacoste-Séris à l’AFP, estimant que le Premier ministre avait “menti” ou était “mal documenté” sur ce point.Dans ce dossier, François Bayrou est notamment accusé par la gauche d’avoir été au courant dans le passé, des agissements dénoncés aujourd’hui, et d’être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de Bétharram.Le Premier ministre a démenti fermement à plusieurs reprises, dénonçant encore mercredi une “instrumentalisation” politique.

Au procès Le Scouarnec, les “loupés” des instances médicales scrutés de près

D’anciens cadres d’institutions hospitalières témoignent lundi à Vannes devant la cour criminelle du Morbihan, qui s’interroge sur les dysfonctionnements ayant permis à Joël Le Scouarnec de poursuivre, pendant plus d’une décennie, sa carrière de chirurgien malgré une première condamnation pour pédocriminalité en 2005.Le 1er août 2006, Joël Le Scouarnec est titularisé à la tête du service de chirurgie de l’hôpital de Quimperlé (Finistère). Pourtant, dès le 14 juin de la même année, un de ses collègues avait averti le directeur de l’établissement de la condamnation en 2005 du médecin pour détention d’images pédopornographiques.De nombreux courriers établissent ensuite que le Conseil départemental de l’Ordre des médecins du Finistère, l’Agence régionale d’hospitalisation (ARH, devenue depuis Agence régionale de santé) de Bretagne ainsi que la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (Ddass) du Finistère sont avisés… sans que cela empêche Joël Le Scouarnec de poursuivre sa carrière jusqu’en 2017.Il est désormais jugé pour des viols et agressions sexuelles sur 299 victimes, majoritairement des patients mineurs au moment des faits.Convoquée comme témoin, Valérie Astruc, chargée de mission en ressources humaines à l’ARH de Bretagne de 2001 à 2007, estime que plus qu’une “défaillance”, “la situation” de Joël Le Scouarnec est la “conséquence du mille-feuille administratif français” mais aussi d’une “difficulté” à recruter des médecins. “A Quimperlé, comme de nombreux petits hôpitaux à cette époque, la priorité était d’avoir un certain nombre de spécialités représentées, ce qui peut laisser penser qu’on pouvait dissocier l’exercice chirurgical de la détention d’images pédopornographiques”, lâche-t-elle.”Avec le recul, je trouve que c’est un loupé, mais ce n’est pas mon rôle de juger”, admet-elle finalement.- Le Scouarnec silencieux -A son tour, Yvon Guillerm, directeur-adjoint de l’ARH de Bretagne, s’avance à la barre. Il reconnaît avoir appris la première condamnation de Joël Le Scouarnec dès novembre 2006. Ce n’est qu’en mars 2007 qu’il envoie un rapport non signé à Bernard Chenevière, alors responsable au Centre national de gestion (CNG) des praticiens hospitaliers.”Les faits sont en contradiction avec les conditions de moralité nécessaires” à exercer les fonctions de chirurgien, souligne le rapport, repoussant néanmoins la “procédure disciplinaire” contre Joël Le Scouarnec.Le propos de Yvon Guillerm, obscurci par un charabia administratif et des allers-retours chronologiques difficiles à suivre, achève d’agacer la présidente de la cour, Aude Buresi.Elle finit par projeter un courrier où le directeur de l’hôpital de Quimperlé, décédé depuis, affirme ne pas connaître “la teneur exacte des faits qui lui sont reprochés” (au chirurgien), malgré des documents prouvant le contraire.”Comment recevez-vous ce courrier puisque vous savez que ce qu’il dit est inexact?”, demande Aude Buresi.Mais le témoin, à nouveau, ne répond pas à la question.”Savez-vous combien de victimes ont eu lieu” entre 2005 et 2007? l’interroge Me Céline Astolfe, avocate de parties civiles. “Avez-vous compris l’urgence?””J’ai conscience qu’il y a un décalage”, finit par avouer Yvon Guillerm, tandis que dans son box Joël Le Scouarnec suit attentivement les échanges.Interrogé par la cour après la déposition de Valérie Astruc, il n’a pas souhaité s’exprimer lors de cette audience qui semble, pour la première fois, sonder d’autres responsabilités que la sienne.- “Inaction” politique -Une vingtaine de victimes et leurs proches, soutenus par des associations et des syndicats, ont manifesté lundi matin pour “interpeller les politiques” devant le tribunal de Vannes.”Ce procès n’est pas seulement celui d’un homme, c’est le procès d’un système, celui de défaillances institutionnelles en série”, ont-ils lancé.”Nous ne pouvons plus accepter que cette affaire historique se termine comme elle a commencé: dans le silence”, ont-ils ajouté, incriminant “l’inaction” du gouvernement et des responsables politiques depuis l’ouverture du procès, le 24 février.Réunies en collectif, ces victimes ont demandé, dans des courriers aux ministres de la Santé et de la Justice, ainsi qu’à la Haut commissaire à l’Enfance, “une commission interministérielle pour que ce procès soit un point de bascule et non une occasion manquée.”Mais ces lettres sont restées sans réponse, regrettent-elles.Pour Sandrine Josso, députée MoDem ayant mené une mission parlementaire sur la soumission chimique et présente lundi pour “soutenir les victimes”, “ce silence politique provoque une victimisation secondaire” des parties civiles.Il s’agit d’une double peine pour les victimes qui, après avoir subi une première agression, sont confrontées à des préjugés, des questions déplacées et des remarques culpabilisantes par des acteurs d’un système judiciaire censé les protéger.

Scandale des eaux minérales: l’enquête sénatoriale déplore “une dissimulation” par l’Etat et des contrôles toujours défaillants

L’affaire des traitements illicites utilisés pour certaines eaux minérales, révélée par la presse début 2024, a fait l’objet d’une “dissimulation par l’État” relevant “d’une stratégie délibérée”, estime la commission d’enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille.”Outre le manque de transparence de Nestlé Waters, il faut souligner celui de l’État (…). Cette dissimulation relève d’une stratégie délibérée, abordée dès la première réunion interministérielle sur les eaux minérales naturelles le 14 octobre 2021. Près de quatre ans après, la transparence n’est toujours pas faite”, souligne ce rapport rendu public lundi après six mois de travaux et plus de 70 auditions.Nestlé Waters, dont la direction assure avoir découvert fin 2020 sur ses sites Perrier (Gard), Hépar et Contrex (Vosges) l’usage de traitements interdits pour de l’eau minérale naturelle, avait sollicité à ce sujet mi-2021 le gouvernement, puis Élysée.Selon le minéralier, filiale du groupe agroalimentaire Nestlé déjà éclaboussé par le scandale des pizzas contaminées Buitoni, il s’agissait d'”assurer la sécurité sanitaire” des eaux, alors que plusieurs contaminations bactériologiques des forages avaient été relevées ces dernières années.En 2023, un plan de transformation de ses sites avait été approuvé par les pouvoirs publics, remplaçant les traitements interdits (UV, charbon actif) par une microfiltration fine, retoquée début mai 2025 par la préfecture du Gard, qui a sommé le groupe de la retirer.Le droit européen stipule qu’une eau minérale naturelle ne peut faire l’objet d’aucune désinfection ou traitement de nature à modifier ses caractéristiques.”Malgré la fraude aux consommateurs que représente la désinfection de l’eau, les autorités ne donnent pas de suites judiciaires à ces révélations” de 2021, souligne le rapport.Les sénateurs déplorent ensuite une “inversion de la relation entre l’État et les industriels en matière d’édiction de la norme”: “Nestlé Waters adopte une attitude transactionnelle, posant explicitement l’autorisation de la microfiltration à 0,2 micron comme condition à l’arrêt de traitements pourtant illégaux”. Le rapport parlementaire fait de nouvelles révélations sur la modification fin 2023 par les autorités d’un rapport de l’agence régionale de santé du Gard sur la qualité des eaux des sources Perrier: à la demande de Nestlé Waters, la liste des bactéries et des herbicides retrouvés dans les eaux a été retirée et au moins deux cabinets ministériels sont dans la boucle des échanges.- Laisser-faire -“On découvre un total laisser-faire. On comprend mieux pourquoi l’État français n’a pas informé la Commission européenne(…), il était manifestement trop occupé à couvrir une fraude massive (…) ce qui a permis à Nestlé d’écouler des produits frauduleux et de tromper les consommateurs”, a réagi Ingrid Kragl, directrice de l’information de l’ONG Foodwatch qui a porté plainte contre Nestlé Waters et Sources Alma pour “tromperie”. Une enquête a été lancée par un juge parisien.Le rapport note que l’industriel a pu continuer à commercialiser son eau sous l’appellation — lucrative — d’eau minérale naturelle. Dans le même temps, à ce jour, il n’y a pas “de vérifications exhaustives de l’absence de traitements interdits sur tous les sites de production d’eau conditionnée”.Parmi 28 recommandations, il préconise ainsi un suivi qualitatif des nappes, “un contrôle effectif du niveau de prélèvement réalisé par les minéraliers”, un meilleur étiquetage pour les consommateurs et une clarification de la réglementation sur la microfiltration.Les sénateurs veulent poursuivre la démarche transpartisane en rédigeant une proposition de loi reprenant ces recommandations, ont-ils indiqué lors d’une conférence de presse.La directrice générale de Nestlé Waters Muriel Liénau a déclaré dans un communiqué prendre acte du rapport qui “reconnaît l’importance des enjeux sectoriels nécessitant une clarification de la réglementation et un cadre stable, applicable à tous”.”Nestlé Waters n’a jamais contesté la légitimité de ses travaux”, ajoute le groupe, après que les sénateurs se sont agacés durant la conférence des nombreuses lettres d’avocats de l’entreprise reçues pour “demander l’arrêt des travaux de la commission” selon eux.Lors de son audition le 19 mars, Muriel Liénau avait déclaré que “toutes” les eaux du groupe étaient “pures à la source”. Lundi la sénatrice Antoinette Guhl a annoncé saisir la justice pour un “possible parjure”.La commission d’enquête a elle saisi la justice pour “faux témoignage” de Ronan Le Fanic, directeur industriel de Nestlé Waters, qui avait affirmé que l’activité récente du site de Perrier avait été “routinière” alors que des “contaminations bactériennes” avaient été rapportées les “10 et 21 mars 2025”.

Interdiction des activités ludiques en prison: le Conseil d’Etat désavoue Gérald Darmanin

Le Conseil d’Etat a annulé lundi l’interdiction de toute activité “ludique” en prison, annoncée dans une circulaire par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.Les activités “provocantes” de nature à porter atteinte au respect dû aux victimes peuvent être légalement interdites, mais pas les activités “ludiques” car contraires au code pénitentiaire, a décidé le Conseil d’Etat dans une ordonnance consultée par l’AFP.La plus haute juridiction administrative a relevé que si le garde des Sceaux pouvait fixer les conditions d’exercice des activités proposées par l’administration pénitentiaire, il ne pouvait “interdire, par principe des activités conformes au code pénitentiaire, simplement parce qu’elles auraient un caractère +ludique+”, selon un communiqué de presse.Le code pénitentiaire prévoit pour les détenus condamnés l’organisation d’activités permettant leur réinsertion. Dans le sillage d’une polémique autour de prétendus soins du visage prodigués à des détenus à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses, le garde des Sceaux avait annoncé à la mi-février avoir ordonné l’arrêt de toutes les “activités ludiques” en prison qui ne concernent pas l’éducation, la langue française ou le sport.Dans une lettre au directeur de l’administration pénitentiaire, le ministre avait insisté sur le fait que la mise en oeuvre des activités en détention doit prendre en compte “sens de la peine” et “respect des victimes”. “Aucune de ces activités ne peut être ludique ou provocante”, ajoute le texte, sans plus de précisions.Dans son ordonnance, le Conseil d’Etat a décidé d’annuler la mention “ludique ou” présente dans l’adresse du garde des Sceaux.S’agissant des activités “provocantes”, le Conseil d’Etat précise que seules pourront être interdites les “activités qui sont, en raison de leur objet, du choix des participants ou de leurs modalités pratiques, de nature à porter atteinte au respect dû aux victimes”.Plusieurs organisations dont l’Observatoire international des prisons (OIP) avaient saisi le Conseil d’Etat pour suspendre la décision du garde des Sceaux d’interdire les “activités ludiques” en prison.Cette interdiction “contribue à entraver le droit de toute personne détenue à la réinsertion”, affirmaient ces organisations.”Cette décision constitue un camouflet pour Gérald Darmanin qui a voulu interdire, par principe, toute activité ludique en détention, en réaction à la polémique médiatique des prétendus +soins du visage+ à la maison d’arrêt de Toulouse”, a réagi l’avocat de l’OIP, Me Patrice Spinosi.”La décision radicale du ministre avait entraîné la suspension d’une centaine d’activités dans l’ensemble des prisons françaises qui pourront désormais être reprises”, s’est-il félicité.Sollicité par l’AFP, le ministère de la Justice n’a pas réagi dans l’immédiat.

Plusieurs milliers de taxis manifestent en France

Plusieurs milliers de taxis manifestaient lundi à travers la France, à Pau, Lorient, Paris ou Bastia pour protester contre les nouvelles conditions tarifaires du transport sanitaire et la concurrence des VTC.A Paris, plusieurs centaines bloquaient, à grand renfort de klaxons et fumigènes, le boulevard Raspail près du ministère des Transports. “C’est ici que se prennent les plus grosses décisions, il faut qu’on se montre”, a déclaré Claude Voltzenlogel, 48 ans. Cet artisan taxi du Bas-Rhin est parti de Strasbourg vers minuit en convoi avec une vingtaine de collègues. “On restera plusieurs jours s’il le faut. On préfère perdre une semaine de chiffre d’affaires que perdre nos entreprises”, a-t-il souligné. Un projet de l’Assurance maladie, approuvé vendredi par le gouvernement dans un arrêté, entend instaurer à partir du 1er octobre un modèle unique sur le territoire pour le transport des malades par les chauffeurs de taxis conventionnés, pour remplacer l’actuelle “usine à gaz”, avait expliqué jeudi Marguerite Cazeneuve, la numéro 2 de la Cnam.L’objectif est de contrôler la croissance des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (avec un bond de 45% depuis 2019).Les taxis seront rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge de 13 euros et d’une tarification kilométrique.Après une série de manifestations, les chauffeurs sont appelés à se mobiliser de nouveau lundi par une intersyndicale.A Lorient (Morbihan), des taxis ont bloqué les entrées de la ville, selon Le Télégramme. Et des opérations escargot ont été menées sur le périphérique de Nantes (Loire-Atlantique), selon Presse Océan. A Bastia (Haute-Corse), la sortie du port de commerce a été bloquée, selon la police. “Nous ne partirons pas tant que nous n’aurons pas obtenu le retrait de cette convention”, a lancé lundi matin à Paris Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale du taxi (FNDT).”Ça fait des semaines qu’on prévient Matignon (…). On demande à être reçus par les ministres de tutelle (Transports, Intérieur, Santé…) et pas par leurs porte-gobelets”, a-t-elle souligné. Aujourd’hui environ 85% des taxis font du transport conventionné de malades, selon la FNDT.- “Travailleurs pauvres” -“La nouvelle tarification sera favorable aux taxis conventionnés dans deux tiers des départements, notamment ruraux”, a assuré Marguerite Cazeneuve. Dans le tiers restant, la CNAM veut notamment éviter que les taxis fassent du transport à vide, coûteux, via une coordination avec les hôpitaux pour grouper des patients sur des trajets proches. A Pau, ville du Premier ministre François Bayrou, environ 200 taxis ont mis en place un barrage filtrant près de la gare, a constaté une journaliste de l’AFP.Pour Tony Bordenave, 51 ans, président d’un syndicat de taxis départemental, la généralisation du transport simultané “n’est pas possible”, même s’il le pratique déjà quand il peut.Mélanie, 42 ans, est venue avec son taxi dès dimanche soir de Saintes (Charente-Maritime), à plus de trois heures au nord de Pau. “On comprend que le climat social est compliqué, nous on a fait beaucoup d’efforts mais l’État, pas du tout”, a-t-elle expliqué. “Les charges deviennent de plus en plus importantes et le tarif baisse de plus en plus”.”La convention qui nous a été imposée par la CNAM nous ferait perdre 25 à 30% de notre chiffre d’affaires (…) On va faire de nous des travailleurs pauvres”, a lancé Yves Rubicondo, 64 ans, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui dit réaliser 95% de son chiffre d’affaires avec le transport de malades. – Ubérisation -Le secteur se dit prêt à discuter, notamment du transport partagé et de “l’optimisation des coûts”. Mais il demande le gel du projet actuel, selon lui défini unilatéralement, ne prenant pas en compte par exemple les variations des temps de trajet.De nombreux taxis manifestent aussi contre la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), coordonnés par des plateformes comme Uber. “On demande l’application de la loi et des décisions de justice” limitant le travail des VTC, a expliqué à Paris Gehad Rejim, 36 ans, un des meneurs de la fronde en Savoie. “On demande une zone blanche immatérielle qui empêche les chauffeurs de se connecter”, aux abords des gares et des aéroports notamment, a-t-il ajouté.

Démissionnaire malgré lui, l’élu de Moselle a obtenu gain de cause

Il avait “démissionné” contre son gré: un élu d’un village de Moselle victime d’une fausse lettre de démission pourra réintégrer le conseil municipal, a tranché lundi le tribunal administratif de Strasbourg.”Un conseiller municipal qui dément être l’auteur d’une démission dispose du droit de contester la décision du maire qui en a pris acte”, a estimé le juge des référés, précisant que la démission d’un élu n’est effective qu’à la condition “qu’elle émane librement et sans équivoque de l’élu concerné”. Le juge a donc ordonné la suspension de l’exécution de la décision par laquelle la maire avait pris acte de cette démission.Julien Ruaro, un ingénieur de 39 ans, s’était présenté en 2020 aux élections municipales sur l’unique liste en lice de Coin-lès-Cuvry, un village de 800 habitants situé à une dizaine de kilomètres de Metz.Il y devient la principale voix d’opposition au conseil municipal et dénonce en 2021 aux gendarmes des faits de prise illégale d’intérêts présumée visant le premier adjoint, notaire de profession, autour d’un projet immobilier.Quand la maire, Anne-Marie Linden-Guesdon, reçoit en janvier 2024 une lettre au nom de Julien Ruaro l’informant de sa démission, elle en prend acte sans vérifier son authenticité.C’est le début d’une longue bataille administrative pour cet ingénieur à l’Agence de la transition écologique (Ademe) qui dénonce une usurpation d’identité.À l’audience le 13 mai, M. Ruaro a assuré seul sa défense. “J’ai un mandat bénévole, je ne peux pas en plus me permettre de payer un avocat”, a-t-il confié à l’AFP. – Démission irrévocable -M. Ruaro a timidement demandé sa réintégration au conseil municipal de son village où il vit depuis 2015, s’appuyant sur une expertise graphologique qui démontre que la lettre de démission a été falsifiée. Dans les résultats de l’analyse, consultés par l’AFP, l’expert graphologue a conclu que les mentions manuscrites, notamment sur le bordereau d’envoi de la lettre recommandée, “sont à attribuer à la main d’un tiers non identifié”.L’avocat de la défense, Jean Erkel, qui dénonce un dossier aux “dimensions ubuesques”, a pour sa part estimé que le rapport d’expertise est “ambigu”. Il a relevé une “concordance” de la missive avec d’anciens écrits qui prouvent selon lui qu’il s’agit bien du même auteur. Julien Ruaro avait déposé plainte pour faire reconnaître une usurpation d’identité et envoyé en mairie une attestation sur l’honneur en ce sens, sans effet. “Une fois qu’une démission passe entre les mains du maire, elle est irrévocable”, expliquait en 2024 l’édile, Anne-Marie Linden-Guesdon. Un argument qui ne tient pas pour M. Ruaro. “Ça voudrait dire qu’on pourrait envoyer des lettres de démission pour n’importe qui”, a-t-il lâché.”Les fins de non-recevoir ne peuvent qu’être écartées”, a confirmé le juge des référés dans son ordonnance.- Lanceur d’alerte? -L’Association nationale des élus locaux d’opposition (AELO), a soutenu la requête de M. Ruaro et apporté des arguments en sa faveur auprès du tribunal. “M. Ruaro a été victime d’un complot visant à l’exclure du conseil municipal de la commune”, écrivait l’AELO dans la note transmise au juge.La maire, absente à l’audience, “est actuellement sous antidépresseurs”, a fait valoir son avocat, qui a dénoncé des interpellations “chaque semaine, presque chaque jour en mairie, parfois de manière extrêmement virulente”. Il a ajouté que si M. Ruaro était réintégré, “tous les élus démissionneraient tant ils sont excédés” par son comportement. “On me fait passer pour quelqu’un qui traumatise la mairie, c’est de la psychiatrisation des opposants, caractéristique des régimes autoritaires”, a déploré Julien Ruaro. Il demande aujourd’hui à être reconnu en tant que “lanceur d’alerte”. Un statut qui lui apporterait notamment un appui financier pour les démarches juridiques qu’il a engagées ces derniers mois.