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La victoire de Retailleau met le curseur à droite pour 2027 dans la coalition présidentielle

La large victoire de Bruno Retailleau à la tête de LR a mis le curseur à droite pour 2027 au sein de la coalition gouvernementale, ouvrant une compétition avec le favori des sondages, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe.”Je serai le premier artisan de notre victoire, je l’espère bien, en 2027″: au lendemain de son triomphe avec 74,3% des voix face à son rival Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau dissimule de moins en moins ses ambitions élyséennes, admettant sur CNews/Europe 1 qu’il était “difficile d’imaginer” qu’il ne songe pas à l’élection présidentielle. Un succès très net qui le conforte dans sa décision de continuer de tirer profit de l’exposition médiatique dont il bénéficie au ministère de l’Intérieur, tout en prenant les rênes d’un parti qu’il veut doter d’un projet qui ne “sera pas de l’eau tiède, pas de la rustine, mais une rupture”.Le ministre et ancien sénateur de 64 ans lance aussi un avertissement à ses rivaux potentiels, affirmant n’avoir “pas fait tout ça pour ça pour qu’ensuite j’abdique et on se range sous telle ou telle couleur”.Un triomphe qu’a vite mitigé un autre postulant à droite pour 2027, Xavier Bertrand. “Ne faisons pas dire à ce scrutin ce qu’il n’a pas dit. Cette élection a permis de désigner le président du parti, pas notre candidat à l’élection présidentielle”, a-t-il dit aux Echos.En attendant, M. Retailleau a convoqué pour mardi un conseil stratégique du parti, instance qui réunit les ténors de LR. Il rendra ensuite visite aux sénateurs LR dans la matinée, selon une source du groupe à la chambre haute. Laurent Wauquiez l’a pour sa part invité à la réunion de groupe des députés qu’il préside.Avec sa victoire, se pose désormais la question d’une candidature commune de l’actuelle coalition gouvernementale (LR et les macronistes).Et la barre est mise à droite comme l’atteste le discours samedi d’Edouard Philippe, le favori des sondages, qui a tenu un discours très ferme sur les questions régaliennes pendant que les adhérents LR choisissaient leur président.  “Etes-vous prêts à construire avec nous la grande force politique, le bloc républicain et démocrate, qui respectera les identités de chacun mais se rassemblera sur l’essentiel ?”, a lancé à ses alliés potentiels le premier chef de gouvernement d’Emmanuel Macron, qui se revendique homme de droite.- “Pas d’en même temps”Bruno Retailleau lui a répondu en mettant en avant ses divergences : “J’ai du respect, de l’estime (pour lui), mais il conçoit son espace politique de la gauche à la droite et moi je crois que cet +en même temps+ conduit à l’immobilisme”, a-t-il affirmé.Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on ne cache pas les intentions de doubler l’ancien Premier ministre. “Edouard Philippe est le favori des sondages, mais c’est fragile. Il n’est pas exclu que dans un an, on soit devant”, confie à l’AFP cette source qui compte sur les tensions avec l’aile gauche de la macronie pour que Bruno Retailleau parvienne à s’imposer comme présidentiable à droite. “Parmi ceux qui nous ont le plus aidés dans cette campagne, il y a Prisca Thévenot!”, se félicite l’entourage du patron de LR à propos de la porte-parole du groupe parlementaire Ensemble pour la République (EPR), qui s’en est pris la semaine dernière au ministre pour avoir affirmé qu’il “n’était toujours pas macroniste”. Un des soutiens de Gabriel Attal compte d’ailleurs sur Bruno Retailleau pour qu’il “cannibalise” l’électorat de droite d’Edouard Philippe, laissant ainsi de l’espace au centre pour son candidat potentiel.Au cours de la campagne interne pour la présidence du parti, Bruno Retailleau s’est déclaré partisan d’une primaire interne pour désigner le candidat LR à l’Elysée, limitant le vote aux adhérents du parti.Le ministre de l’Intérieur, qui présentera mercredi en Conseil de défense un rapport sur les Frères musulmans, estime avoir redonné suffisamment de vigueur à un parti qui a accumulé ces dernières années les déconvenues électorales et ne compte que 48 élus à l’Assemblée.Mais certains de ses soutiens souhaitent élargir la base électorale, à l’image de David Lisnard, le président de l’Association des maires de France (AMF), qui plaide pour une primaire ouverte et qui a réitéré lundi son intention d’y participer.Un avis partagé sur Franceinfo par un autre soutien de Bruno Retailleau, le député Philippe Juvin qui plaide pour un candidat unique du “bloc central”, mais sans inclure l’extrême droite.”Si dans le bloc central il y a plus d’un candidat, soit ce sera M. Bardella ou Mme Le Pen, soit ce sera M. Mélenchon” qui l’emportera, a-t-il prévenu.

Transport sanitaire, VTC: des milliers de taxis manifestent en France

Plusieurs milliers de taxis ont manifesté lundi à travers la France, à Pau, Amiens, Paris ou Bastia pour protester contre les nouvelles conditions tarifaires du transport sanitaire et la concurrence des VTC.A Paris, grosses berlines, SUV et autres taxis “en colère” ont bloqué à grand renfort de klaxons et fumigènes le boulevard Raspail et des rues adjacentes, dans le quartier très central du ministère des Transports.Dans la capitale, ils étaient près d’un millier, selon la préfecture de police, qui a également fait état de 64 interpellations. Au niveau national, la police a recensé 65 actions mobilisant 7.500 taxis.Après quelques pneus brûlés, de brèves échauffourées ont eu lieu en fin d’après-midi sur le boulevard Raspail avec les CRS, suivies de tirs de gaz lacrymogènes. Les taxis prévoient de revenir tous les jours cette semaine. Des représentants des taxis ont été reçus par les cabinets de leurs différents ministères de tutelle, a indiqué le ministère des Transports à l’AFP, sans avancées selon la Fédération nationale du taxi (FNDT).  Un projet de l’Assurance maladie, approuvé vendredi par le gouvernement dans un arrêté, entend instaurer à partir du 1er octobre un modèle unique sur le territoire pour le transport des malades par les chauffeurs de taxis conventionnés.L’objectif est de contrôler la croissance des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (avec un bond de 45% depuis 2019).Les taxis seront rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge de 13 euros et d’une tarification kilométrique.- “25 à 30% de chiffre d’affaires perdu” -“Nous avons rappelé la nécessité de cette convention”, qui “s’inscrit dans un contexte économique contraint de maîtrise des dépenses de santé tout en garantissant une meilleure réponse aux besoins en transport sanitaire de l’ensemble de la population”, a-t-on indiqué de source gouvernementale en fin de journée.”Un comité de suivi est prévu par la convention avec une réunion d’étape post-mise en Å“uvre, le 30 juin 2026. Nous avons proposé d’anticiper et de prévoir un premier échange en amont de l’entrée en vigueur le 1er octobre prochain”, a-t-elle ajouté.”Nous ne partirons pas tant que nous n’aurons pas obtenu le retrait de cette convention”, avait auparavant lancé à Paris Emmanuelle Cordier, présidente de la FNDT, revendiquant 3.000 manifestants dans la capitale lundi.Aujourd’hui environ 85% des taxis font du transport conventionné de malades, selon la FNDT.A Bastia (Haute-Corse), la sortie du port de commerce a été bloquée, selon la police. A Amiens, les taxis ont causé des ralentissements au nord de la ville, selon la préfecture de la Somme. Et à Montpellier, deux convois ont mené des opérations escargot.”La convention qui nous a été imposée par la Cnam nous ferait perdre 25 à 30% de notre chiffre d’affaires (…) On va faire de nous des travailleurs pauvres”, a lancé Yves Rubicondo, 64 ans, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui dit réaliser 95% de son chiffre d’affaires avec le transport de malades. – Eviter le coûteux transport à vide -“La nouvelle tarification sera favorable aux taxis conventionnés dans deux tiers des départements, notamment ruraux”, avait assuré Marguerite Cazeneuve, n°2 de l’Assurance Maladie, en présentant la réforme la semaine dernière. Dans le tiers restant, la Cnam veut notamment éviter que les taxis fassent du transport à vide, coûteux, via une coordination avec les hôpitaux pour grouper des patients sur des trajets proches.A Pau, les manifestants ont pénétré dans la gare SNCF et jeté des barrières sur les voies, s’opposant aux forces de l’ordre.Ils ont ensuite gagné, à pied, l’hôtel de ville pour interpeller symboliquement le Premier ministre François Bayrou, également maire de la ville, sans savoir si l’élu était présent dans le bâtiment.”Les taxis ne se sentent pas écoutés, c’est une cause désespérée”, a déclaré à l’AFP Rémi, taxi à Bordeaux âgé de 39 ans, disant n’avoir “plus rien à perdre”. Le secteur se dit prêt à discuter. Mais il demande le gel du projet actuel, défini unilatéralement selon lui.De nombreux taxis manifestent aussi contre la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), coordonnés par des plateformes comme Uber. “On est envahi par les VTC”, a dénoncé à Montpellier Riad Kebairi, l’un des responsables de la compagnie Taxis bleu du Midi, regrettant un “manque flagrant de contrôle à Montpellier pour mettre fin à cette concurrence déloyale”.

Le 8e sommet Choose France bat un record d’investissements et avance dans l’IA

Centres de données, banque en ligne, bateaux de croisière: le 8e sommet Choose France lundi, évènement destiné à attirer les investissements étrangers en France, a battu un nouveau record avec 20 milliards d’euros de projets annoncés sous les ors du château de Versailles.”C’est une édition très complète”, s’est réjoui Emmanuel Macron lundi devant un parterre de chefs d’entreprises rassemblés dans la galerie des batailles du musée parisien.Une cinquantaine de projets ont été dévoilés ou confirmés par la France qui a convié plus de 200 patrons à l’occasion d’un sommet baptisé “France, terre de créativité”.Après les 15 milliards d’euros de l’édition 2024, la moisson 2025 a été de 20 milliards d’euros d’investissements nouveaux. Et 20,8 milliards d’euros d’engagements sur l’intelligence artificielle (IA) pris en février ont été entérinés.Devant les patrons, le président de la République a cité ses réformes visant à simplifier le marché du travail et la baisse de la fiscalité parmi les raisons à cette attractivité économique retrouvée.Il a aussi appelé à poursuivre le mouvement de simplification, en proposant, comme son homologue allemand il y a dix jours, de supprimer la directive européenne sur le devoir de vigilance, qui impose aux entreprises des règles en matière de respect de l’environnement et des droits humains dans toute leur chaîne de production.- Attractivité discutée -La France peut se targuer d’avoir été consacrée premier pays européen en termes d’investissements étrangers par le baromètre du cabinet EY pour la 6e année de suite, qui prend en compte le nombre de projets d’investissements annoncés.Le sommet “participe du redéveloppement, du redéploiement d’une puissance industrielle française”, s’est félicité sur RTL le ministre de l’Economie Eric Lombard.”De la propagande”, a commenté sur X le député Insoumis Eric Coquerel, selon qui “le bilan macroniste c’est la désindustrialisation”.”C’est un fait que nous avons davantage ouvert d’usines que fermé d’usines ces dernières années”, a rétorqué le ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, interrogé à Versailles.”Les annonces du sommet Choose France ne devraient pas suffire à renverser l’essoufflement de l’investissement des entreprises en France”, tempère l’économiste en chef du cabinet Asterès, Sylvain Bersinger, dans une note.  Un autre baromètre dévoilé en avril par le cabinet international Kearney plaçait la France à la septième place mondiale de l’attractivité économique économique et à la troisième en Europe. Plusieurs chefs d’entreprises ont tout de même loué à Versailles une amélioration: il y a encore dix ans “la perception de la France n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui”, a indiqué le patron de Snapchat, Evan Spiegel.”La France a beaucoup d’avantages, elle peut encore faire mieux”, a aussi dit le directeur général d’Amazon France Frédéric Duval, pointant les “restrictions administratives”. L’entreprise est venue annoncer 300 millions d’euros d’investissement.- Pluie de milliards -Parmi les autres projets annoncés lundi figurent un investissement de 6,4 milliards d’euros de l’américain Prologis, pour la construction de centres de données et d’entrepôts, et la confirmation par MSC Croisières d’une commande de deux navires aux chantiers de Saint-Nazaire pour 3,5 milliards d’euros.Des annonces bienvenues en pleines négociations sur les droits de douane avec Donald Trump qui tente lui-même d’attirer les investissements. L’autre volet des annonces attendues concerne les premières concrétisations des 109 milliards d’investissements en France dans le domaine de l’IA, promis en février lors d’un sommet.Le fonds d’investissement émirati MGX a confirmé son engagement pour l’établissement d’un campus IA en Ile-de-France, avec une première tranche de 8,5 milliards d’euros.Le canadien Brookfield devait confirmer l’investissement de 10 milliards d’euros pour un site à Cambrai (Nord). Et l’américain Digital Realty ses engagements pour des centres de données à Marseille et Dugny (Seine-Saint-Denis), pour 2,3 milliards.- Bureaux parisiens -La “fintech” britannique Revolut va consacrer un milliard d’euros d’investissement à la création de son nouveau siège social pour l’Europe de l’ouest à Paris.Le richissime fonds souverain saoudien PIF (Public investment fund) a aussi choisi Paris pour l’ouverture d’une filiale.Cette année, Choose France met aussi à l’honneur des capitaux pour l’économie circulaire, notamment le recyclage textile, la mobilité décarbonée ou le cinéma et l’audiovisuel, autour d’un invité d’honneur, le judoka multimédaillé Teddy Riner.Emmanuel Macron a aussi tenu une table ronde avec des chefs d’entreprises sud-coréens et deux autres sur l’intelligence artificielle et la transition énergétique.Il devait aussi recevoir Stella Li, vice-présidente exécutive du constructeur de voitures électriques chinois BYD, le magnat mexicain Carlos Slim et le directeur général du saoudien Qiddiya, avant un “dîner de travail”.bur-od-alb-jul/jbo/ktr

Guyane: Darmanin tente de calmer la polémique sur la future prison de Saint-Laurent

Le garde des Sceaux Gérald Darmanin, en déplacement en Guyane, a clarifié lundi le projet d’ouverture d’un quartier de haute sécurité dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni, prévue d’ici 2028, qui a provoqué une levée de boucliers chez les élus locaux.Le JDD a révélé samedi que cet établissement de 500 places pourrait accueillir des narcotrafiquants, des fichés S et des détenus radicalisés, laissant entendre que certains pourraient être transférés depuis la France hexagonale. Le ministre de la Justice a dit au JDD souhaiter que cette prison “serve à éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic” dans la mesure où “ils ne pourront plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles”.L’annonce a suscité de vives critiques à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville de Guyane et ex-colonie pénitentiaire, frontalière avec le Suriname. Plusieurs élus locaux et la Collectivité territoriale de Guyane ont dénoncé un projet évoquant un “retour du bagne”.En marge de sa visite du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, seule prison de Guyane, Gérald Darmanin a assuré que ce quartier de haute sécurité – le troisième de ce type annoncé en France pour accueillir les prisonniers les plus dangereux – n’aurait pas vocation à accueillir des détenus venus de l’Hexagone.”Il y a très largement de quoi faire parmi la délinquance, la criminalité en Guyane et aux Antilles”, a-t-il affirmé aux journalistes.Ce quartier sécurisé comprendra “une soixantaine de places ” destinées à “ isoler totalement ces narcotrafiquants de Guyane et des Antilles ”, a-t-il encore précisé.La prison à Saint-Laurent-du-Maroni est un projet ancien en Guyane dont l’ouverture était initialement prévue en 2026. Présenté comme étant situé “au coeur de la jungle amazonienne”, le site retenu se situe en réalité à quelques kilomètres de Saint-Laurent, deuxième ville de Guyane avec plus de 50.000 habitants.A l’heure actuelle, “le permis de construire n’est même pas signé”, a rappelé Gérald Darmanin. L’établissement vise notamment à désengorger le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, qui accueille environ 1.100 détenus pour 614 places, selon le syndicat UFAP-Unsa Justice.Saint-Laurent du Maroni, devenue la plaque tournante du trafic de drogue en Guyane, fut l’ancien port d’entrée du bagne où débarquaient les forçats venus de métropole, de 1850 à 1938.Département le plus criminogène de France en proportion, la Guyane a connu une année 2023 record en terme d’homicides, avec 20,6 tués pour 100.000 habitants, quand la moyenne nationale s’établissait à 1,5 pour 100.000.

Incendie mortel à Courchevel: l’accusé clame son innocence

L’incendie avait coûté la vie à deux saisonniers dans la station de ski de Courchevel en 2019: jugé depuis lundi pour avoir volontairement mis le feu à leur résidence, Hicham Abderraouf va tenter de convaincre la cour d’assises qu’il est “innocent”.Cet Algérien de 27 ans originaire de l’Hérault, au casier judiciaire porteur de 11 condamnations, est jugé à Chambéry jusqu’au 30 mai pour “destruction du bien d’autrui par un moyen dangereux” ayant entraîné la mort et des infirmités permanentes, détention d’arme et évasion par violence. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.Le feu, dépeint comme très violent et rapide, s’était déclaré le 20 janvier 2019 peu après 4H00 du matin dans L’Isba, une résidence vétuste abritant 57 travailleurs saisonniers. Plusieurs témoins ont fait état d’odeurs d’essence dans le bâtiment avant le sinistre et une arme à feu avait été retrouvée à proximité.Une femme de 32 ans et un homme de 50 ans, employés de restaurants, avaient succombé asphyxiés, et une vingtaine d’autres avaient été blessés en se défenestrant pour échapper aux flammes. Une cinquantaine de personnes se sont portées parties civiles.L’enquête établira que l’accusé, soupçonné d’avoir agi par vengeance envers une ex-petite amie, avait effectué plusieurs passages en voiture pendant la nuit devant cette résidence où elle logeait, notamment quelques minutes avant l’apparition des premières fumées. Selon les témoignages cités, il aurait aussi menacé de “cramer” son ex-compagne, n’acceptant pas la rupture qu’elle lui avait imposée quelques mois plus tôt. En outre, il était également présent à Courchevel lors d’un précédent incident quelques semaines plus tôt lors duquel de l’essence aurait déjà été répandue devant des portes de chambre à l’Isba.”Dès les premiers jours, le nom d’Hicham Abderraouf ressort”, et l’hypothèse d’un incendie volontaire “avec produits accélérants” est privilégiée, a expliqué à la cour le gendarme en charge des investigations, Yohan de Ballesto. Même sans témoin direct ou aveu, “les éléments d’enquête s’accumulent”, a-t-il souligné. Quant au mobile, cela pourrait être que “c’est Hicham Abderraouf qui décide quand une relation se termine et pas l’inverse”, note-t-il.Mais pour la défense, qui entend plaider l’acquittement, il s’agit au contraire de démontrer qu’Hicham Abderraouf “est totalement innocent et étranger à ces faits dramatiques” et que l’enquête a été “menée à l’envers”.Ainsi, les messages de menaces à son ex-compagne n’ont pas été retrouvés et d’autres pistes n’ont pas été pleinement vérifiées. “On est au procès, on ne peut plus se contenter de thèses, de rapprochements”, s’est indigné Me Ghaïs Bencharif, l’un des deux avocats de l’accusé.”Pour l’incendie, je suis innocent”, a lancé l’accusé, qui n’a pas été été interrogé plus longuement sur les faits. Lors de son interrogatoire de personnalité, il a révélé avoir été abandonné par ses parents en Algérie, puis élevé en France par des parents algériens. Il a reconnu des faits de délinquance et des violences envers sa mère, affirmant ne pas avoir eu “conscience” de ses dérapages.- “Gravées à vie” -Pour Alain Corci, père d’une jeune femme grièvement blessée lors de l’incendie, l’accusé est “un multirécidiviste, trafiquant de drogue, avec pas mal de passif pour son jeune âge, et en plus de ça, avec deux tentatives d’évasion. Quelqu’un qui est innocent ne va pas s’évader à chaque fois”, a-t-il souligné, le qualifiant de “coupable à 2000%”.”Pour les victimes en général, ma fille compris, il y a des séquelles qui sont visibles, et des séquelles physiques ou morales qui ne sont pas visibles. Et les images que les personnes ont vécues à ce moment-là (…) restent gravées à vie”, a-t-il ajouté, plaidant pour “une condamnation exemplaire”.L’affaire devrait donner lieu à un deuxième procès les 5 et 6 juin à Albertville (Savoie) qui visera cette fois le propriétaire de l’immeuble, accusé d'”homicide et blessures involontaires” et “hébergement de travailleurs dans un local non conforme”.

Au procès Le Scouarnec, les instances médicales se défaussent

Comment Joël Le Scouarnec, condamné dès 2005 pour infraction pédocriminelle, a-t-il pu continuer à être chirurgien et à faire impunément des victimes ? D’anciens responsables des institutions médicales ont été pressés de questions lundi par la cour criminelle du Morbihan, peinant à reconnaître une part de responsabilité de leurs institutions.A neuf jours du verdict, attendu le 28 mai, les débats ont été marqués par l’agacement grandissant de la cour et des avocats des parties civiles face à des témoins qui, pour la plupart, n’ont que de vagues souvenirs et se renvoient la balle concernant “la situation du Dr Le Scouarnec”.L’ex-chirurgien est jugé à Vannes pour des viols et agressions sexuelles sur 299 victimes, en grande majorité des patients mineurs, dont des dizaines après 2005.”Est-ce qu’il n’y a pas enfin une personne qui va reconnaître que ça a merdé?”, s’est exclamée Me Myriam Guedj Benayoun.Le 1er août 2006, Joël Le Scouarnec était titularisé à la tête du service de chirurgie de l’hôpital de Quimperlé (Finistère), bien qu’un de ses collègues ait averti dès le 14 juin le directeur de l’établissement de la condamnation en 2005 du médecin pour détention d’images pédopornographiques.De nombreux courriers permettent ensuite d’établir que le Conseil départemental de l’Ordre des médecins (CDOM) du Finistère, la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (Ddass) du Finistère, l’Agence régionale d’hospitalisation (ARH, devenue depuis Agence régionale de santé) de Bretagne étaient avisés.Tout comme la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos), au ministère de la Santé, dont la directrice de l’époque, Annie Podeur, est citée à plusieurs reprises dans des échanges de mails.Elle affirme à la barre ne jamais avoir eu connaissance du dossier Le Scouarnec “parce qu’il n’a pas été traité à (son) niveau”, mais au niveau de Bernard Chenevière, son “N-3”.Ce dernier demande à plusieurs reprises à l’ARH de Bretagne de saisir le CDOM du Finistère. En vain: Joël Le Scouarnec pratiquera la chirurgie auprès d’adultes et enfants jusqu’à son arrestation pour viol sur mineur en 2017.- Petits hôpitaux -Pour Mme Podeur, l’affaire Le Scouarnec est symptomatique de l’isolement des praticiens dans “les petits établissements” hospitaliers comme Quimperlé.”Loin de moi l’idée de remettre en cause les instances disciplinaires, mais force est de constater qu’elles ont failli, et sans doute parce qu’on est dans des microcosmes locaux”, estime-t-elle.En ligne de mire, les CDOM du Finistère et de Charente-Maritime, départements où Joël Le Scouarnec a exercé après sa condamnation en 2005.Interrogé par visioconférence, l’ancien président du CDOM de Charente-Maritime, Joël Belloc, a semblé faire amende honorable. “Personnellement, je pense que (sa condamnation) était gravissime”, indique-t-il à la cour.Pour le médecin, “ça méritait au moins interdiction de contact avec les enfants” pour Joël Le Scouarnec dans sa pratique médicale.Mais lorsque la présidente, Aude Burési, lui demande s’il avait voté contre son inscription au tableau de l’ordre départemental en 2008, il ne se “souvient pas”.- “Un loupé” -Appelé à la barre, le directeur-adjoint de l’ARH de l’époque, Yvon Guillerm, tente de justifier l’absence de sanctions disciplinaires envers le médecin pédocriminel mais se perd dans un charabia administratif.”Savez-vous combien de victimes” a fait Joël Le Scouarnec pendant les 12 ans qui ont suivi sa première condamnation en 2005, le presse Me Céline Astolfe, avocate de parties civiles. “Avez-vous compris l’urgence?””J’ai conscience qu’il y a un décalage”, finit par avouer Yvon Guillerm.Celle qui fut sa chargée des ressources humaines, Valérie Astruc, admet qu'”à Quimperlé, comme de nombreux petits hôpitaux à cette époque, la priorité était d’avoir un certain nombre de spécialités représentées” pour éviter la fermeture.On pouvait donc “dissocier l’exercice chirurgical de la détention d’images pédopornographiques”, lâche-t-elle. “Avec le recul, je trouve que c’est un loupé.”Mme Podeur, de son côté, “veut bien assumer des responsabilités, mais il y a une hiérarchie dans les responsabilités: il y a un homme qui a été assez intelligent pour tout dissimuler à ses collègues”, rappelle-t-elle, évoquant l’accusé qui, dans son box, se tait.Auriez-vous pu faire les choses différemment? demande la présidente à Joël Belloc. “Il est évident qu’avec le recul on peut le penser” mais à l’époque “les perceptions étaient différentes”, estime le médecin retraité.Il admet ainsi que si le dossier de Joël Le Scouarnec avait été instruit en 2025, “il aurait été refusé”.

Au procès Kardashian, le “cerveau” très fatigué du braquage

D’un côté il y a le dossier, qui le désigne comme le “cerveau” du braquage de Kim Kardashian. Et de l’autre, la réalité d’un procès, neuf ans plus tard, où Aomar Aït Khedache, vieil homme tassé dans son siège, semble trop fatigué pour se soucier de son propre sort.Pendant les heures qu’a duré son interrogatoire devant la cour d’assises lundi, on n’a entendu que la voix du président David De Pas. Ses réponses, Aomar Aït Khedache, désormais sourd et quasiment muet, les griffonne au stylo sur un cahier à grands carreaux d’écolier, projeté à l’écran de la salle grâce à un rétroprojecteur.Souvent, elles ne correspondent pas aux questions que l’accusé de 69 ans lit sur son ordinateur grâce à deux sténotypistes retranscrivant tous les débats.”Avez-vous été brusque ou violent avec Mme Kardashian ?”  “Comme je vous l’ai dit j’ai eu beaucoup de mal à suivre ce procès je dors 14 à 16 heures par jour pour fuir mes acouphènes”, écrit très lentement l’accusé dans le silence de la salle.Sur son cahier aussi, il s'”excuse” s’il s’est “endormi” pendant le procès – à cause des “cachets”. Un vrai “papy braqueur”, comme la presse continue à surnommer les accusés – la moyenne d’âge tourne autour de 70 ans – malgré les protestations régulières de l’accusation qui préfère insister sur leur profil de malfrats “chevronnés” et multirécidivistes. Impossible dans ces conditions de tout reprendre à zéro. Le président relit donc des pans entiers de ses déclarations devant les enquêteurs. Pour résumer: Aomar Aït Khedache, confondu par son ADN, a reconnu être l’un des deux hommes montés braquer, ligoter, bâillonner et dépouiller Kim Kardashian de 9 millions d’euros de bijoux dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016. “L’idée” viendrait d’une “vieille connaissance”, un ancien codétenu, recroisé par hasard dans un bar. Ce dernier, “X” ou “Ben”, avait un “dossier complet sur elle” : photos de Kim Kardashian avec sa fameuse bague à 4 millions de dollars, “plans” de l’hôtel, etc.- “La peur des représailles” -Aomar Aït Khedache dit “Omar le vieux”, n’avait jamais entendu parler de la star américaine. “Le commanditaire” lui avait sûrement donné le nom mais il n’avait retenu que “femme d’un rappeur”. “Je ne m’intéresse pas à ce milieu, pour moi la téléréalité c’est pour les adolescents”, avait-il expliqué pendant l’enquête.”Ca fait neuf ans et demi, est-ce que vous pouvez dire à la cour qui est ce commanditaire ?”, demande le président.Non. “La peur des représailles”, écrit laconiquement l’accusé, engoncé dans sa parka à grosse capuche qu’il n’a pas quittée depuis le début du procès.Le président rappelle que lui seul avait une ligne dédiée avec chacun des complices. Que c’est lui qui est allé en Belgique revendre le butin.Alors, insiste le magistrat, ce “commanditaire”, “existe-t-il vraiment ou c’est une invention de votre part ?””NON ce n’est pas une INVENTION”, martèle par écrit l’air buté “Omar le vieux”. Et la fameuse bague, “symbole de ce braquage” qui “a fait couler beaucoup d’encre”, qu’est-elle devenue ?”C’est Ben qui s’est occupé de ça”.La cour laisse tomber. Se contente des “Je ne me souviens pas”, “si vous dites que… c’est possible” qui noircissent la page du cahier. Tente une dernière fois sa chance, en le questionnant sur ce nouveau “projet” sur lequel Aomar Aït Khedache et ses complices travaillaient, selon l’accusation, quand ils ont été arrêtés en janvier 2017.Chez lui avait été retrouvée une note manuscrite prévoyant d'”équiper” un fauteuil roulant d’une caméra – pour des repérages en toute discrétion selon les enquêteurs. “Vous prépariez un autre braquage ?””Absolument pas surtout avec le mal au ventre de l’affaire Kardashian”, s’insurge-t-il par écrit. Avant de suspendre l’audience et qu’Aomar Aït Khedache se lève à nouveau de son pas lent rythmé par le cliquetis de sa canne, le président fait diffuser un extrait audio d’une écoute téléphonique de l’époque. On entend l’accusé en pleine conversation, débit rapide, voix vive. Comme pour donner un aperçu de qui était “Omar le vieux” au moment des faits.Les avocats de Kim Kardashian plaideront mardi après-midi.

Dans le Nord, les agriculteurs bloquent à nouveau des autoroutes

Des agriculteurs ont bloqué des autoroutes dans le Nord pour réclamer l’assouplissement de réglementations qu’ils jugent trop contraignantes, à quelques jours de l’examen d’une proposition de loi prévoyant notamment de faciliter le stockage d’eau et l’accès aux pesticides.L’autoroute A1 entre Lille et Paris est fermée dans les deux sens à Seclin depuis le milieu d’après-midi par plusieurs dizaines de tracteurs, dont certains arborent des écriteaux “Macron trahison”, “ras le bol des normes” ou encore “laissez-nous travailler librement “. L’autoroute A2 ralliant Bruxelles est également fermée dans les deux sens au niveau de Marly, près de Valenciennes (Nord), ainsi que l’A25 reliant Lille à Dunkerque, a indiqué la préfecture, recommandant “très fortement” de reporter ses déplacements routiers.”On fait l’agriculture la plus saine du monde et malgré ça, on nous met encore plus de contraintes”, a affirmé Christophe Catteau, venu de Wattrelos, dans la métropole lilloise, à l’appel de la FDSEA. “L’an dernier, il y avait de l’écoute et du bon sens” mais avec le changement de gouvernement “tout a été détricoté. On vit ça comme une trahison”, a t-il ajouté. Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a appelé mi-mai à “de nouvelles actions” à partir du 26 mai, jour où doit débuter à l’Assemblée l’examen de la proposition de loi des sénateurs LR Laurent Duplomb et Union centriste Franck Menonville censée lever certains “contraintes” pesant sur les agriculteurs. Le texte prévoit notamment de faciliter le stockage de l’eau, l’accès aux pesticides ou l’agrandissement des élevages, mais certaines propositions ont été retoquées en commission.Les nombreux amendements au texte, “au lieu de simplifier, comme ça avait été promis, vont complexifier les choses, pire qu’avant”, estime Bérengère Chombart, agricultrice à Fournes-en-Weppes, où elle produit betteraves, pommes de terre, blé ou petits pois, venue manifester sans attendre le 26 mai. “On ne peut pas accepter ça.”Elle critique notamment les mesures encadrant le stockage d’eau, alors que le Nord est en vigilance sécheresse depuis vendredi. D’autres s’inquiètent d’un agrandissement de la zone de non-traitement dans laquelle les produits phytosanitaires sont interdits à proximité des habitations.”On est motivés parce qu’on a vraiment été pris, pour être franche, pour des cons, par rapport aux manifestations qu’on avait faites l’année dernière”, explique la secrétaire général FDSEA 59, Caroline Delepierre.Les décideurs “ne se rendent pas compte de tous les sacrifices qu’on fait à longueur d’année pour répondre aux chartes, aux protocoles (…), les normes”, lance Sébastien de Conninck, maraîcher de 33 ans produisant fraises et endives à Beuvry-la-Forêt (Nord), affirmant: “On nous en met toujours plus”.