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Au Royaume-Uni, un printemps exceptionnellement sec suscite les angoisses des agriculteurs

Sans elle, ses betteraves à sucre et ses pommes de terre ne pousseront pas: Luke Abblitt, agriculteur de l’est de l’Angleterre, “prie pour que la pluie” tombe alors que le Royaume-Uni connaît jusqu’ici son printemps le plus sec depuis plus d’un siècle et demi.Sur sa ferme de 400 hectares près de Peterborough, pas une goutte de pluie n’est tombée depuis la fin mars.”Je ne sais pas très bien comment je vais m’en sortir”, reconnaît l’agriculteur de 36 ans, qui n’a pas de système d’irrigation sur ses terres où il cultive également de l’orge et du blé.Alignées dans son champ, les petites tiges vertes des betteraves à sucre, plantées en avril, devraient “faire au moins le double de taille” et avoir une racine, constate-t-il en grattant la terre poussiéreuse.Dans le champ voisin, aidé de son père Clive, il vient de finir de planter à grand-peine ses pommes de terre dans un sol dur comme de la pierre.Selon l’agence de météorologie Met office, il est tombé 80,6 millimètres de pluie au Royaume-Uni depuis le début du printemps en mars, bien moins que le plus bas niveau historique de la saison qui remonte à 1852 avec 100,7 mm.Il s’agit “jusqu’à présent (du) printemps le plus sec depuis plus d’un siècle”, a indiqué l’agence à l’AFP, tout en précisant qu’il fallait encore attendre la fin mai pour confirmer ce record.Dans ce pays connu pour son climat océanique, l’absence de pluie et un ensoleillement record touchent notamment l’Écosse et le nord de l’Angleterre, où les niveaux des réservoirs d’eau “sont particulièrement, voire exceptionnellement bas”, selon l’Agence de l’Environnement.Cette dernière a convoqué une réunion de son groupe de travail sécheresse il y a deux semaines et a exhorté les compagnies d’eau à “faire davantage pour préserver les réserves” britanniques.Le souvenir de l’été 2022, qui a vu le Royaume-Uni dépasser les 40 degrés pour la première fois, est dans toutes les têtes.- “D’un extrême à l’autre” -Dans la grange, Luke et Clive Abblitt manipulent une bruyante machine jaune qui emballe les pommes de terre récoltées l’an passé dans des sacs de 25 kilos.”Les patates, très gourmandes en eau (…) sont celles qui me rapportent le plus”, explique Luke, mais sans pluie, elles vont bientôt “cesser de grandir”.Si celles de cette année ne grossissent pas suffisamment pour atteindre le calibre de 45 millimètres, l’agriculteur ne pourra pas les vendre à ses clients, des restaurants britanniques qui en font des frites pour le célèbre “fish and chips”.”Nous passons d’un extrême à l’autre: il pleut beaucoup en hiver, et moins au printemps et en été”, constate l’agriculteur, qui doit “adapter (ses) méthodes de culture ou explorer de nouvelles variétés” résistantes.Avec le changement climatique, “la probabilité des sécheresses augmente”, affectant la quantité d’eau dans les réservoirs ou les rivières, indique à l’AFP Liz Bentley, directrice de la Royal Meteorological Society.Cette probabilité est passée, selon elle, d’un épisode de sécheresse grave tous les 16 ans à un tous les cinq ans dans les années 2020, avant de monter à un épisode tous les trois ans dans les prochaines décennies.Côté agricole, la faible humidité du sol entraîne “une baisse des récoltes et une hausse du prix des denrées alimentaires dans les supermarchés”, ajoute Liz Bentley.Certains agriculteurs ont commencé à irriguer plus tôt, rapporte le principal syndicat agricole NFU, qui réclame des investissements pour installer des cuves de stockage directement sur les exploitations.”Les conditions météorologiques extrêmes impactent notre capacité à nourrir le pays (…) et le gouvernement doit reconnaître l’importance de l’eau pour la production alimentaire” en période de pénurie, a plaidé sa vice-présidente Rachel Hallos dans un communiqué.Luke Abblitt, lui, a demandé il y a deux ans une licence pour installer un système d’irrigation sur ces terres qu’il loue aux autorités locales.Il ne l’a pas encore obtenue. Sans elle, “je ne peux compter que sur l’eau qui tombe du ciel”, résume l’agriculteur.

Les grands projets sidérurgiques de l’Inde menacent les objectifs climatiques mondiaux

Les projets de l’Inde visant à accroître massivement sa production d’acier, pour le développement de la construction notamment, mettent en péril les efforts mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre, indique un rapport publié mardi par le groupe de réflexion Global Energy Monitor.A elle seule, l’industrie mondiale du fer et de l’acier représente 11% des émissions de CO2 d’origine humaine qui réchauffent la planète, essentiellement en raison des hauts fourneaux traditionnels qui consomment du charbon d’origine fossile. Or, alors que la Chine, premier producteur mondial d’acier, a un secteur sidérurgique stagnant, voire en crise de surcapacité, l’Inde, en deuxième position, prévoit de doubler ses capacités de production d’acier d’ici 2030 et représente désormais plus de la moitié (57%) des nouveaux projets sidérurgiques annoncés, note le Global Energy Monitor.Cette organisation non gouvernementale basé à San Francisco répertorie les projets industriels liés aux combustibles fossiles et aux énergies renouvelables dans le monde entier.Selon son rapport, “les technologies à base de charbon à fortes émissions de CO2 dominent la capacité de production d’acier en fonctionnement et en développement en Inde”. La proportion des usines de réduction de minerai de fer (DRI) basées sur le charbon est aussi “particulièrement” importante en Inde par rapport au reste du monde. – “Critique” -L’un des moyens de décarboner la production d’acier est de remplacer les hauts fourneaux au charbon par des fours à arc électrique (FEA, ou EAF selon l’acronyme anglais), soit pour recycler des vieilles toles d’acier (acier secondaire), soit pour couler de la fonte d’acier primaire à partir de fer desoxydé.Dans ces fours, des électrodes génèrent un arc électrique qui produit de la chaleur et fait fondre le métal, ce qui réduit fortement les émissions de CO2 par rapport à l’utilisation du charbon fossile. L’EAF représente 32% de la production d’acier mondial, une proportion qui devrait s’élever à 36% en 2030, soit au-dessous de l’objectif de 37% calculé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour parvenir à contenir le réchauffement climatique d’ici 2050.Cette différence d’un point, apparemment faible, “représente des dizaines de millions de tonnes de CO2” regrette Astrid Grigsby-Schulte, responsable du secteur Fer et Acier pour le Global Energy Monitor, interrogée par l’AFP.Respecter l’objectif 2030 est “crucial” selon elle, “non seulement en raison des émissions immédiatement évitées, mais aussi parce que cela posera les bases d’une décarbonation plus large d’ici 2050” ajoute-t-elle.- Agrandir d’abord, décarboner après -En 2021, lors de la COP26, l’Inde avait annoncé qu’elle s’accordait 20 ans de plus que la plupart des autres pays pour parvenir à la neutralité climatique, soit d’ici 2070 au lieu de 2050. Depuis, le pays a certes mis en place une feuille de route pour verdir sa production d’acier, un des secteurs industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre, sur la base de recommandations de 14 groupes de travail, salue le rapport.Mais son approche actuelle “donne la priorité à l’agrandissement” des usines sidérurgiques existantes, les “stratégies de décarbonation” n’interviendraient qu'”après”, épingle-t-il. Ces “nouvelles installations à base de charbon posent problème pour la décarbonation” mondiale, relève le rapport: la flotte actuelle de hauts fourneaux indiens n’a que 25 ans d’âge moyen, ce qui pose un “défi” pour les supprimer progressivement.En Inde, seules 12% des capacités supplémentaires prévues depuis 2017 ont été réalisées, ce qui laisse “un pourcentage énorme” d’installations nouvelles qui pourraient “s’orienter sur des technologies à basse émission” suggère Astrid Grigsby-Schulte.

En Ethiopie, une clinique pour remettre des ânes sur pattes

Tenu fermement à l’encolure et aux pattes, l’âne braie, récalcitrant, quand un vétérinaire tente tant bien que mal de tailler ses sabots dans une clinique spécialisée d’Addis Abeba.L’Ethiopie a la plus grande population de ces têtus quadrupèdes au monde, avec 9 millions d’ânes pour 130 millions d’humains. Ils jouent un rôle économique essentiel dans un pays encore essentiellement pauvre. Mais beaucoup sont maltraités ou en piètre santé.A proximité de Merkato, immense marché à ciel ouvert de la capitale éthiopienne qui s’étire sur des kilomètres, plusieurs dizaines d’ânes sont rassemblés dans l’enceinte du Donkey sanctuary, du nom de l’ONG britannique qui les soignent gratuitement.Certains sont agités et ruent, quand d’autres se jettent avec avidité sur la nourriture. Soignants et vétérinaires se succèdent pour guérir leurs blessures, coliques ou problèmes oculaires.Guluma Bayi a fait plus d’une heure et demi de marche avec ses deux animaux pour se rendre à la clinique. “Cela fait trois semaines que mes ânes sont malades (…), l’un a un problème à la patte, l’autre à l’estomac”, décrit à l’AFP cet homme de 38 ans, bonnet sur la tête. Comme les autres personnes venues au Donkey sanctuary, M. Guluma tire l’essentiel de ses revenus des équidés. Le trentenaire remplit des jerricans d’eau, transportés à dos d’âne, qu’il revend ensuite. “Depuis qu’ils sont malades, je n’arrive plus à acheter du pain pour mes enfants”, se lamente-t-il. Après quelques heures passées à la clinique, M. Guluma peut repartir avec ses deux ânes, prêts au labeur.- “Animaux précieux” -Selon des estimations de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture (FAO), l’Ethiopie avait en 2018 la plus importante population d’ânes au monde, avec quelque 9 millions d’individus, soit environ 20% du total mondial. Les équidés jouent un rôle économique majeur dans ce géant d’Afrique de l’Est. A la campagne, ils servent souvent à labourer les champs. En ville, ils font du transport de marchandises, offrant une alternative économique à la voiture, alors que le prix de l’essence a fortement augmenté. A Addis Abeba, ils sont en outre les seuls à pouvoir se faufiler dans certaines venelles.”Nous avons un proverbe en Ethiopie, qui dit que si tu n’as pas d’âne, tu es un âne toi-même”, sourit Tesfaye Megra, un cadre du Donkey sanctuary. L’ONG, présente dans plusieurs régions éthiopiennes, a ouvert en 2007 le centre d’Addis Abeba. “Ce sont des animaux extrêmement précieux (…) qui souffrent alors qu’ils fournissent de nombreux services à la communauté”, souligne Tesfaye Megra.Car le quotidien des ânes n’est pas une sinécure. Dans les rues de la capitale éthiopienne, les coins de verdure se font rares, conséquence de l’étalement urbain. Les charges transportées peuvent faire plusieurs dizaines de kilos. Et certains sont battus.- “Méthodes traditionnelles” -Les deux ânes de Chane Baye, qui transportent des sacs remplis de céréales aux quatre coins d’Addis Abeba, lui permettent de gagner entre 200 et 400 birr par jour (1,3 à 2,6 euros), dans un pays où 34,6% de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 2,15 dollars par jour), selon la Banque mondiale.L’homme de 61 ans, qui arbore une fine barbe grisonnante, dit venir tous les trois mois pour faire examiner ses baudets, “dès qu’ils boitent ou qu’ils ont un problème à l’estomac”. “Avant cette clinique, nous utilisions des méthodes traditionnelles pour les soigner”, se remémore-t-il, évoquant notamment des clous sommairement retirés de leurs pattes à l’aide d’un couteau.Mais aujourd’hui, lorsque les ânes sont blessés, les vétérinaires “pansent les plaies. Lorsqu’ils souffrent d’infections oculaires, ils leur appliquent des médicaments”, se réjouit-il.Derege Tsegay enfile un long gant en plastique, qui lui remonte jusqu’au coude. Après l’avoir enduit d’antiseptique, le vétérinaire insère son bras dans le rectum d’un âne, qui se débat. Il en ressort des excréments qui s’étaient accumulés dans son estomac. “Cela arrive très souvent”, souligne le quadragénaire, qui exerce depuis 2019 au Donkey sanctuary. “Il n’y a pas assez de nourriture pour eux dans la ville” et les ânes ont tendance à manger “ce qu’ils trouvent”, notamment des plastiques, ce qui peut à terme bloquer leur système digestif. “Je suis fier de ce que je fais, sourit le vétérinaire. J’essaye de résoudre les problèmes des propriétaires qui dépendent (financièrement) des ânes.” 

Un repreneur chinois pressenti pour le constructeur français de bus à hydrogène Safra en redressement

Le constructeur français de bus et autocars à hydrogène Safra, en redressement judiciaire, connaîtra mardi le nom de son repreneur: un groupe chinois ou une holding française, sur fond de débat sur la notion de souveraineté industrielle.Le tribunal de commerce d’Albi doit communiquer sa décision dans l’après-midi.L’offre de reprise du groupe chinois Wanrun tenait la corde la semaine dernière, avec une offre de reprise de 120 des 169 salariés de cette entreprise basée à Albi et spécialisée dans la rénovation de bus ou tramway, avant de se lancer dans la motorisation à hydrogène en 2019.La société chinoise, plus connue dans le milieu des batteries et des panneaux solaires, a également mis 7 millions d’euros sur la table et promis des investissements pour prendre le contrôle de la Société albigeoise de fabrication et réparation automobile (Safra), créée en 1955 et placée en redressement judiciaire le 4 février.Seule entreprise française à fabriquer des autocars et bus à hydrogène, Safra est un acteur important de la filière hydrogène.Echaudés par les reprises d’entreprises en difficulté par des firmes chinoises, les politiques locaux de tous bords et la CGT plaident pour un candidat français, au nom de la “souveraineté” et de la “cohérence du projet industriel”.Le groupe Thierry Torti Holding (TTH, 385 salariés), plus axé sur la rénovation de trains, a revu vendredi son offre à la hausse, proposant de reprendre 90 employés sur le site d’Albi et 40 dans son usine de Clermont-Ferrand. Son directeur général Thierry Cezar brandit un carnet de commande de 450 millions d’euros, une garantie selon lui pour l’avenir de Safra. Fort d’un “marché porteur de la rénovation ferroviaire et d’autobus”, son business plan prévoit d’atteindre “200 salariés à Albi en 2029”.Une troisième offre émanant d’une société belge, CBM, a été écartée, selon une source proche du dossier.Interrogés, les salariés penchent pour TTH. La secrétaire départementale de la CGT, Laure Malleviale, veut éviter un “pillage technologique”.Le député centriste de la circonscription Philippe Bonnecarrère “partage l’analyse de la majorité des salariés et de la CGT”. “Je veux espérer qu’une offre industrielle française, sérieuse, peut-être plus modeste au départ, mais plus solide sur le long terme, sera préférée à l’offre chinoise”, a-t-il ajouté.”Avant de se lancer dans l’hydrogène, (Safra) fonctionnait très bien, mais n’avait pas l’envergure suffisante pour se lancer dans cette aventure”, selon une source proche du dossier.

Trump fuels Biden cancer cover-up claims

US President Donald Trump fueled speculation Monday that Joe Biden’s cancer diagnosis was covered up, saying he was “surprised” the public was not told about his predecessor’s condition earlier.Republican Trump’s extraordinary claim came just a day after it emerged that his bitter Democratic political rival, 82, had an aggressive form of prostate cancer.Trump also tried …

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Britain, Canada, France warn Israel over ‘egregious’ Gaza tactics

The leaders of Britain, France and Canada on Monday condemned Israel’s “egregious actions” in Gaza and warned of joint action if it did not halt a heightened military offensive in the Palestinian territory.But Israel’s Prime Minister Benjamin Netanyahu hit back at British Prime Minister Keir Starmer, French President Emmanuel Macron and Canadian Prime Minister Mark …

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Au procès Le Scouarnec, les “conséquences gigantesques” des “loupés” des instances médicales

Comment Joël Le Scouarnec, condamné dès 2005 pour infraction pédocriminelle, a-t-il pu continuer à être chirurgien et à faire impunément des victimes? Sept responsables des institutions médicales ont été pressés de questions lundi par la cour criminelle du Morbihan, peinant à reconnaître une part de responsabilité de leurs institutions.A neuf jours du verdict, attendu le 28 mai, les débats ont été marqués par l’agacement grandissant de la cour et des avocats des parties civiles face à des témoins qui n’ont souvent que de vagues souvenirs et se renvoient la balle concernant “la situation du Dr Le Scouarnec”.L’ex-chirurgien est jugé à Vannes pour des viols et agressions sexuelles sur 299 victimes, en grande majorité des patients mineurs, dont des dizaines après 2005.”Est-ce qu’il n’y a pas enfin une personne qui va reconnaître que ça a merdé?”, s’est exclamée Me Myriam Guedj Benayoun.Le 1er août 2006, Joël Le Scouarnec était titularisé à la tête du service de chirurgie de l’hôpital de Quimperlé (Finistère) alors que le directeur de l’établissement savait dès le 14 juin qu’il avait été condamné en 2005 pour détention d’images pédopornographiques.De nombreux courriers prouvent que le Conseil départemental de l’Ordre des médecins (CDOM) du Finistère, la direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (Ddass) de ce département et l’Agence régionale d’hospitalisation (ARH, devenue depuis Agence régionale de santé) de Bretagne étaient avisés.Tout comme la Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos), au ministère de la Santé, dont la directrice de l’époque, Annie Podeur, est citée à plusieurs reprises dans des échanges de mails.Elle affirme à la barre ne jamais avoir eu connaissance du dossier Le Scouarnec “parce qu’il n’a pas été traité à (son) niveau”, mais par Bernard Chenevière, son “N-3”.Ce dernier demande à plusieurs reprises à l’ARH de Bretagne de saisir le CDOM du Finistère. En vain: Joël Le Scouarnec pratiquera la chirurgie jusqu’à son arrestation pour viol sur mineur en 2017 à Jonzac (Charente-Maritime).- “Conséquences gigantesques” -La directrice de l’hôpital de Jonzac avait elle aussi été avertie – par l’accusé lui-même – de sa condamnation pour pédocriminalité. Mais elle l’embauche malgré tout en 2008: “on avait un tel besoin de chirurgiens (…) je ne vois pas pourquoi je ne l’aurais pas pris.”Elle rappelle qu’en 2005, le tribunal de Vannes n’interdit à Joël Le Scouarnec ni de travailler ni de côtoyer des mineurs. “Je ne vois pas pourquoi, moi, je serais allée au-delà de ce jugement”, lance-t-elle. Et si le chirurgien n’avait pas été “pris à Jonzac, croyez-moi, il aurait été pris ailleurs.””Avec le recul, je n’ai pas creusé assez (…) j’ai dysfonctionné comme toute la hiérarchie”, finit-elle par admettre. “Des dysfonctionnements aux conséquences gigantesques”, assène l’avocat général, Stéphane Kellenberger.D’autres, comme le président à l’époque du CDOM du Finistère, François Simon, refusent mordicus de reconnaître une faute malgré un feu roulant de questions.Âgé de 81 ans, il a cherché à échapper in extremis à cette déposition en produisant le certificat d’un psychiatre mais la présidente de la cour, Aude Buresi, l’a fermement “invité à comparaître”. Lors de son témoignage, il s’enferre et bredouille, sans convaincre.- “Gravissime” -Pour Mme Podeur, l’affaire Le Scouarnec est symptomatique de l’isolement des praticiens dans “les petits établissements” hospitaliers comme Quimperlé.”Loin de moi l’idée de remettre en cause les instances disciplinaires, mais force est de constater qu’elles ont failli, et sans doute parce qu’on est dans des microcosmes locaux”, dit-elle.Interrogé par visioconférence, Joël Belloc, ancien président du CDOM de Charente-Maritime, département où l’accusé de 74 ans a fini sa carrière, semble faire amende honorable. “Personnellement, je pense que (sa condamnation) était gravissime”.Pour le médecin, “ça méritait au moins interdiction de contact avec les enfants” pour Joël Le Scouarnec dans sa pratique médicale.Mais lorsque la présidente lui demande s’il avait voté contre son inscription au tableau de l’ordre départemental en 2008, il ne se “souvient pas”.- “Un loupé” -Appelé à la barre, le directeur-adjoint de l’ARH de l’époque, Yvon Guillerm, tente de justifier l’absence de sanctions disciplinaires envers le médecin pédocriminel mais se perd dans un charabia administratif.Et celle qui fut sa chargée des ressources humaines, Valérie Astruc, admet que “c’est un loupé” de ne pas avoir imposé de sanctions disciplinaires à l’accusé.Auriez-vous pu faire les choses autrement? demande la présidente à M. Belloc. “Il est évident qu’avec le recul on peut le penser” mais à l’époque “les perceptions étaient différentes”, répond-il.Il admet ainsi que si le dossier de Joël Le Scouarnec avait été instruit en 2025, “il aurait été refusé”.