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Le procès de l’ex-patron de la DGSE pour complicité de tentative d’extorsion s’est ouvert

Le procès de l’ex-directeur général des services secrets français Bernard Bajolet, jugé pour complicité d’une tentative d’extorsion à l’encontre d’un homme d’affaires en litige depuis des années avec la DGSE, s’est ouvert jeudi devant le tribunal correctionnel de Bobigny.Patron de la Direction générale de la sécurité extérieure entre avril 2013 et mai 2017, Bernard Bajolet, 76 ans, comparaît également pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l’autorité publique.Les faits remontent au 12 mars 2016. Ce jour-là, Alain Dumenil, homme d’affaires franco-suisse impliqué dans pléthore d’affaires judiciaires et de litiges commerciaux, est arrêté par la police aux frontières à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle alors qu’il doit se rendre en Suisse.Les policiers l’emmènent sous prétexte de devoir vérifier son passeport et le conduisent dans une salle.Deux hommes en civil appartenant à la DGSE, mais jamais identifiés car M. Bajolet a refusé de donner leur identité, entrent dans la pièce et informent M. Dumenil qu’il doit rembourser 15 millions d’euros à la France. Les agents utilisent, selon une source judiciaire, “la menace”, notamment en lui montrant “un album de photographies de lui-même et de membres de sa famille, afin de lui faire comprendre que ses proches et lui-même étaient observés et suivis”.L’homme d’affaires s’emporte et annonce porter plainte. Les agents s’éclipsent.Si M. Bajolet est “à l’initiative du principe” d’un entretien avec M. Dumenil, “il ne s’est évidemment pas occupé de l’exécution de cette mission”, a défendu avant l’audience son avocat, Me Mario-Pierre Stasi, jugeant auprès de l’AFP que les charges reposant sur son client sont un “non-sens juridique”.Le procès doit durer jusqu’à vendredi soir.

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Le typhon Kalmaegi se dirige vers le Vietnam après avoir fait plus de 140 morts aux Philippines

Le typhon Kalmaegi, le plus meurtrier cette année aux Philippines, a fait au moins 142 morts et 127 disparus à la suite de violentes inondations, ont indiqué les autorités jeudi, et menace le Vietnam qu’il devrait atteindre dans la nuit.Le bureau national de la défense civile a confirmé jeudi 114 décès, auxquels s’ajoutent 28 morts enregistrés par les autorités de la province centrale de Cebu, la plus durement frappée, où des villes entières ont été submergées. Quelque 500.000 personnes sont toujours déplacées dans le pays.A Liloan, une ville proche de Cebu City où 35 corps ont été retrouvés dans des zones inondées, des journalistes de l’AFP ont vu des voitures empilées les unes sur les autres par les crues et des toits arrachés, tandis que les habitants tentaient de dégager la boue. “Nous avons essayé d’appeler les secours, mais personne n’est venu. On nous a dit que les sauveteurs avaient été emportés par le courant”, raconte Chyros Roa, 42 ans, qui s’est réfugié avec ses enfants, comme beaucoup d’autres, sur son toit lorsque l’eau s’est engouffrée chez lui. Christine Aton, une femme handicapée, a perdu la vie, piégée dans sa chambre alors que les eaux montaient à l’intérieur de sa maison.”Nous avons essayé de forcer (la porte de sa chambre) avec un couteau de cuisine et un pied-de-biche, mais elle ne bougeait pas… Puis le réfrigérateur a commencé à flotter,” a déclaré sa sœur, Michelle Aton, 29 ans, à l’AFP.”J’ai ouvert une fenêtre et mon père et moi avons nagé dehors. Nous pleurions parce que nous voulions sauver ma sœur aînée”. “Mais mon père m’a dit que nous ne pouvions rien faire pour elle, que nous risquions tous les trois de mourir.”- “Une fois tous les 20 ans” -Sur l’île voisine de Negros, où au moins 30 personnes ont été tuées, les pluies torrentielles déclenchées par le typhon ont provoqué une coulée de boue volcanique qui a enseveli des maisons dans la ville de Canlaon, a déclaré le lieutenant de police Stephen Polinar à l’AFP mercredi.Six membres d’équipage d’un hélicoptère militaire qui s’est écrasé lors d’une mission de secours sont au nombre des tués.Benison Estareja, du service météorologique national, a déclaré à l’AFP que les précipitations dans le sillage de Kalmaegi étaient 1,5 fois supérieures à la quantité qui tombe habituellement à Cebu pendant tout le mois de novembre: un phénomène qui se produit “une fois tous les 20 ans.”La “forte urbanisation” des zones les plus touchées a rendu l’épisode encore plus meurtrier, a-t-il ajouté. A Talisay, où un quartier d’habitat informel le long d’une rive a été emporté, Regie Mallorca, 26 ans, est déjà en train de reconstruire sa maison. “Cela prendra des mois (…) car je n’ai pas encore l’argent” a-t-il déclaré en mélangeant du ciment et du sable sur les décombres. Selon les scientifiques, le réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine rend les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, plus meurtriers et plus destructeurs.Le typhon Kalmaegi, qui s’est renforcé, se dirige vers le Vietnam qu’il devrait atteindre dans la soirée de jeudi en provoquant des vagues pouvant atteindre huit mètres de haut, selon le service de météorologie national.Le président philippin Ferdinand Marcos a décrété “l’état de catastrophe nationale” jeudi, autorisant le gouvernement à débloquer des fonds pour l’aide humanitaire et à imposer des prix plafonnés sur les produits de première nécessité. “Malheureusement, un autre (typhon) arrive avec le potentiel de devenir encore plus puissant,” a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse l’après-midi.Les Philippines ont déjà subi 20 tempêtes tropicales cette année avec Kalmaegi. La 21e, Fung-wong, se trouve à 1.500km à l’est du pays et gagne lentement en puissance en se dirigeant vers l’île principale de Luçon. Elle pourrait atteindre le statut de typhon avant de toucher terre lundi.Le typhon Kalmaegi est le plus meurtrier de cette année aux Philippines, selon EM-DAT, une base de données mondiale sur les catastrophes naturelles. L’an dernier, le typhon Trami avait fait 191 morts dans l’archipel.

Doctolib condamné à 4,6 millions d’euros d’amende pour abus de position dominante 

L’éditeur de logiciels médicaux Doctolib a été condamné à 4,6 millions d’euros d’amende par l’Autorité de la concurrence française pour abus de position dominante sur la prise de rendez-vous en ligne et la téléconsultation, a-t-il annoncé jeudi.L’amende sanctionne notamment les clauses d’exclusivité qu’il imposait aux soignants désireux de souscrire à la plateforme de rendez-vous en ligne ou à son service de téléconsultation, et pour le rachat de son concurrent MonDocteur en 2018, “dans le but de verrouiller le marché national des services de prise de rendez-vous”.Dans un communiqué, Doctolib a annoncé qu’il allait faire appel. Cette décision qui résulte d’une plainte déposée en 2019 “présente une lecture erronée de notre activité, et de notre secteur. Doctolib n’est en aucun cas en position dominante”, a indiqué la société dans son communiqué. “Malgré notre fort usage par le grand public, Doctolib est un acteur récent dans le secteur des logiciels pour les soignants (3 fois plus petit que nos concurrents européens) et n’équipe aujourd’hui que 30% des soignants français (10% en 2019 au moment de la plainte)”, a-t-elle ajouté.”De nombreux documents internes de Doctolib corroborent cette volonté d’imposer l’exclusivité aux professionnels de santé, ses dirigeants affichant la volonté d’+être une interface obligatoire et stratégique entre le médecin et son patient afin de les verrouiller tous les deux+”, indique l’Autorité de la concurrence dans son communiqué.”Dès le lancement de Doctolib Téléconsultation en 2019, les contrats prévoyaient la souscription préalable obligatoire” à son service de prise de rendez-vous en ligne. Le professionnel de santé était donc obligé de régler les deux prestations cumulativement”, a indiqué l’Autorité de la concurrence.Quant à “MonDocteur”, elle a été rachetée pour “verrouiller le marché national des services de prise de rendez vous médicaux en ligne”, a indiqué l’Autorité de la concurrence.Doctolib, qui compte environ 3.000 salariés, est l’une des vedettes de la tech française, une “licorne”, start-up dont la valorisation dépasse le milliard de dollars. Son chiffre d’affaires annuel a atteint 348 millions d’euros en 2024.

Île d’Oléron: le suspect toujours en garde à vue, son profil scruté

Le conducteur, qui a blessé volontairement cinq personnes mercredi sur l’île d’Oléron puis crié “Allah Akbar”, a passé une première nuit en garde à vue, l’enquête se concentrant jeudi sur le profil de ce marginal, entre possible autoradicalisation et interrogations sur son état psychiatrique.Âgé de 35 ans et connu pour des problèmes d’alcool, le mis en cause a percuté délibérément cinq piétons ou cyclistes mercredi matin au volant de son véhicule, deux d’entre eux grièvement: une jeune femme de 22 ans, collaboratrice du député du Rassemblement national de Charente-Maritime, Pascal Markowsky, et un cycliste âgé de 69 ans.Leur pronostic vital n’était “plus engagé” jeudi, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, au micro de France Inter, même s’ils restent “en urgence absolue” avec des “blessures extrêmement graves”.Le pêcheur et fils de pêcheur, qui résidait dans un mobil-home à Saint-Pierre d’Oléron, était connu pour des délits de droit commun, mais pas surveillé par les services de renseignement pour une éventuelle radicalisation, avait indiqué mercredi Laurent Nuñez en se rendant sur les lieux du drame.Après avoir mis le feu à son véhicule, il a crié “Allah Akbar” (Dieu est le plus grand) au moment de son interpellation par les gendarmes, qui l’ont neutralisé à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique.- Peu loquace -Le suspect est resté peu loquace lors de ses premières heures de garde à vue, a déclaré jeudi à l’AFP une source proche de l’enquête, qui fait état d'”interrogations sur son état psychiatrique”. L’homme a été examiné par un psychiatre, ce qui n’est pas le cas de toutes les personnes placées en garde à vue, souligne cette source.Le parquet de La Rochelle a ouvert une enquête pour “tentatives d’assasinats” et le Parquet national antiterroriste (Pnat) n’était “à ce stade” pas saisi. Le Pnat a déclaré jeudi à l’AFP être toujours “en observation” du dossier.Les enquêteurs cherchent à comprendre les motivations du mis en cause.”Il y a des références religieuses chez lui assez claires, assez explicites”, a reconnu le ministre de l’Intérieur, laissant néanmoins à la justice le soin de qualifier ce “périple meurtrier” de “terroriste” ou non.- Expertise psychiatrique -“C’est le Parquet national antiterroriste qui va, au travers d’une expertise psychiatrique qui a eu lieu hier (mercredi), de perquisitions, d’une étude de la téléphonie, déterminer si ces éléments ont été déclencheurs dans l’action violente”, a-t-il souligné.Interrogé pour savoir s’il y avait, comme l’ont rapporté plusieurs médias, eu une possible autoradicalisation du mis en cause, qui aurait découvert la religion musulmane il y a un mois, le ministre a confirmé ces éléments.”Je vous le confirme. Maintenant, il reste après à savoir si ça a été déterminant ou pas dans le passage à l’acte et quelle a été la motivation de l’individu”, a-t-il conclu.”Ça fait un mois qu’il a mis le nez là-dedans, semble-t-il en toute autonomie”, a confirmé la source proche de l’enquête.Arnaud Laraize, procureur de la République à La Rochelle, a déclaré mercredi qu’il ne s’exprimerait sur l’enquête que jeudi “au vu des investigations très nombreuses en cours dont on attend le résultat”.En déplacement au Brésil pour un sommet sur le climat à Belem, le président Emmanuel Macron s’est dit “frappé par l’attaque survenue à Oléron” et a assuré avoir “pleine confiance en la justice pour établir la vérité et répondre à cette violence avec la plus grande fermeté”, dans un message publé sur le réseau social X. Il ne s’est pas prononcé sur les circonstances de l’attaque.

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COP30: l’IA renforce la désinformation sur le climat, selon une ONG

Les fausses informations climatosceptiques sont largement amplifiées par l’intelligence artificielle (IA), encourageant l’hostilité envers les chercheurs et la science, à l’approche de la COP30 au Brésil, selon un rapport publié jeudi par la coalition d’ONG Climate Action Against Disinformation (CAAD).Parmi les exemples les plus récents, une vidéo montre de prétendues inondations à Belém, en Amazonie, où se tiendra le sommet des Nations unies sur le climat, du 10 au 21 novembre. Un exemple parmi d’autres de désinformation générée par intelligence artificielle.Dans le rapport publié jeudi, CAAD et l’Observatory for Information Integrity (OII) alertent sur une recrudescence de 267% de la désinformation entre juillet et septembre sur des sujets liés à la COP.Plusieurs vidéos circulant sur les réseaux sociaux trompent le public via des images fabriquées de toutes pièces ou sans rapport avec la COP, constatent les deux organisations.Un clip publié en juin sur TikTok montre Belém sous les eaux. Seul problème, “le journaliste n’existe pas, les gens n’existent pas, l’inondation n’existe pas et la ville n’existe pas”, résume l’OII. Ce sont de fausses images.Des mois plus tard, TikTok n’a toujours pas supprimé le contenu de sa plateforme malgré le signalement des chercheurs.Cet exemple reflète une tendance grandissante observée tout au long de l’année 2025.Au printemps dernier, l’AFP a, entre autres, enquêté sur un document attribué à Grok 3, l’IA du propriétaire du réseau social X, Elon Musk. Ce document disponible en ligne rejette à tort la crédibilité des modèles climatiques présentés par le Giec, le groupe de scientifiques mandatés par les Nations unies sur le climat.Ces fausses informations peuvent aussi conduire à des campagnes d’intimidation visant scientifiques et activistes, écrit par ailleurs Carlos Milani, professeur à l’université d’Etat de Rio de Janeiro, cité dans le rapport.Cet activisme des climatosceptiques à grands coups d’IA survient dans le contexte d’une opinion publique majoritairement favorable à la défense de l’environnement, observe CAAD.Mais le monde politique comme le grand public hésitent à agir ou sous-estiment leur capacité d’action sous “l’effet de la désinformation climatique”, estime l’ONG.Lueur d’espoir toutefois à la COP30, avec l’intégrité de l’information inscrite pour la première fois à l’agenda officiel, selon CAAD: “Nous allons enfin dans la bonne direction”.

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Climat: le pic des émissions chinoises attendu d’ici 2030, et non dès 2025, selon des experts

Des experts indépendants, qui évaluent chaque année les objectifs de la Chine en matière de climat, estiment maintenant qu’elle atteindra le pic de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, et non d’ici la fin de l’année comme anticipé précédemment, selon une étude publiée jeudi.Ce quatrième sondage annuel, publié en amont de la COP30 au Brésil, interroge près de 70 experts. Il se veut moins confiant qu’en 2024, lorsque près de la moitié des spécialistes interrogés pensaient que les émissions de CO2 de la Chine avaient déjà atteint leur maximum ou le feraient en 2025.Cette année, 71% des experts sondés anticipent un pic entre 2026 et 2030, la plupart pour l’année 2028, selon ce travail du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (Crea), basé à Helsinki, et de la Société internationale pour les études sur la transition énergétique (Isets), dont le siège se trouve à Sydney.Le moment précis du pic des émissions chinoises reste incertain. Il constitue toutefois une donnée essentielle pour mesurer les avancées de Pékin.En effet, la Chine a rendu public en septembre un objectif chiffré en matière de réduction de ses émissions nettes de gaz à effet de serre: 7 à 10% d’ici 2035. Des ambitions jugées modestes par la plupart des analystes mais qui seront selon eux atteintes, et même légèrement dépassées.Mais Pékin n’a pas défini d’année de référence à partir duquel comparer les chiffres.Près de 20% des experts interrogés estiment, eux, que ce maximum est déjà passé.La Chine est à la fois le pays au monde qui émet le plus de gaz à effet de serre en plein changement climatique (15,6 milliards de tonnes en équivalent CO2) mais aussi celui qui se dote le plus en voitures électriques et infrastructures d’énergies renouvelables.Le cumul historique de ses émissions et ses émissions par tête restent toutefois inférieurs aux chiffres des Etats-Unis – même s’ils tendent à les rattraper.

IPL champions Bengaluru could be sold for ‘as much as $2 billion’

The owner of India Premier League cricket champions Royal Challengers Bengaluru is considering selling the team, which could be worth “as much as $2 billion”.United Spirits Ltd, the Indian arm of global drinks giant Diageo, told the Mumbai Stock Exchange that it had begun a “strategic review of the investment” in Royal Challengers Bengaluru (RCB).Praveen Someshwar, …

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Alfred Dreyfus en passe d’être élevé au grade de général de brigade par le Parlement

Un acte de “réparation” et de “reconnaissance”: le Parlement s’apprête à élever Alfred Dreyfus au rang de général de brigade, à travers l’adoption définitive d’une loi de réhabilitation examinée jeudi au Sénat, malgré certaines réserves à droite et au centre.”La Nation française élève, à titre posthume, Alfred Dreyfus au grade de général de brigade”. Hautement symbolique, la proposition de loi de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal tient en une phrase.”Ce texte permet à la République de reconnaître son erreur, de reconnaître qu’un homme a été humilié”, souligne le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner. Au Sénat, c’est lui qui a porté ce texte en choisissant d’inscrire l’initiative des députés macronistes à l’ordre du jour de l’espace parlementaire réservé au PS.Cela permettra au Parlement d’adopter définitivement ce texte, déjà voté à l’unanimité en juin à l’Assemblée nationale. A condition toutefois que le Sénat l’approuve à l’identique dans la soirée, ce qui semble acquis.Cette loi d’élévation vient s’ajouter à l’instauration d’une journée nationale de commémoration pour la reconnaissance de son innocence, chaque 12 juillet, annoncée cet été par Emmanuel Macron.- “Double peine” -En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est condamné pour trahison et contraint à l’exil sur l’île du Diable en Guyane, sur la base de fausses accusations alimentées par un antisémitisme très ancré dans la société française de la fin du XIXe siècle.Après une décennie durant laquelle l’affaire connaît un retentissement immense dans le pays et même à l’international, un arrêt de la Cour de cassation l’innocente le 12 juillet 1906, entraînant ipso facto sa réintégration dans l’armée. Dans la foulée, une loi le nomme chef d’escadron, un grade qui omet la prise en compte de ses cinq années d’emprisonnement, qui auraient dû lui permettre de prétendre à un échelon supérieur.Une “injustice” en forme de “double peine, en plus de son emprisonnement dans des conditions de détention atroces”, s’émeut auprès de l’AFP Michel Dreyfus, arrière-petit-fils du “capitaine Dreyfus”.Alfred Dreyfus demandera lui-même à voir sa carrière revalorisée, sans obtenir gain de cause, et quittera l’armée en 1907 – avant de servir à nouveau pendant la Première Guerre mondiale. Malgré le soutien très large qu’elle rassemble, cette proposition de loi a suscité des réserves sur certains bancs depuis le début de son examen, dans un contexte de progression des actes antisémites sur le territoire. Les députés MoDem avaient ainsi craint une “instrumentalisation” de l’affaire à des fins politiques, ne souhaitant pas donner le “sentiment fallacieux” que la classe politique serait “réellement unie pour faire face à l’antisémitisme d’aujourd’hui ou de demain”. Ces objections sont partagées au Sénat dans les rangs des Républicains et des centristes, dont certains ont fait part de leur intention de s’abstenir, ou de ne pas participer au vote.- “Réparer une erreur manifeste” -Le président LR de la commission des Forces armées, Cédric Perrin, s’est notamment dit “profondément gêné” par “l’opportunité” que ce texte représente pour “certaines formations politiques de s’acheter +à bon compte+ une virginité de façade en matière d’antisémitisme”, a-t-il indiqué à l’AFP.Emmanuel Macron lui-même avait émis quelques doutes face à l’initiative, en juillet, estimant que “la promotion dans les grades militaires” procédait de “circonstances avérées du temps présent”, et que seul le président de la République était le “garant de l’application de cette règle”. Tout en concédant que le Parlement serait “souverain”.”Nous réparons au contraire une erreur manifeste qu’avait commise le Parlement lui-même en 1906″, rétorque le socialiste Rachid Temal, rapporteur sur ce texte. “Il est absurde, parce qu’on craindrait de voir certains se servir de cette loi pour montrer qu’ils ne sont pas antisémites, d’abandonner le combat contre l’antisémitisme”, ajoute-t-il auprès de l’AFP.Les descendants d’Alfred Dreyfus accueillent de leur côté très positivement cette loi. “C’est une reconnaissance de la valeur du soldat qu’il était, dans la continuité des travaux qui l’ont réhabilité non pas comme victime passive, mais comme héros”, pointe Michel Dreyfus.”C’est un hommage vertueux, nécessaire mais probablement pas suffisant”, appuie Anne-Cécile Lévy, arrière-petite-fille d’Alfred Dreyfus, qui continue d’espérer “une panthéonisation, en reconnaissance de toutes les valeurs qu’il incarne”.

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Première COP en Amazonie, les dirigeants à Belem pour sauver la lutte climatique

Les dirigeants d’une partie du monde se retrouvent jeudi à Belem, au Brésil, pour tenter de sauver la lutte en faveur du climat, menacée par les divisions, les tensions internationales et le retrait américain.Une cinquantaine de chefs d’Etats et de gouvernements ont répondu à l’invitation du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva de se rendre dans cette ville fluviale de l’Amazonie en prélude à la 30e conférence sur le climat de l’ONU, la COP30 (10-21 novembre).Le choix de Belem, capitale de l’Etat du Para, a fait polémique en raison de ses infrastructures limitées qui ont renchéri la venue des petites délégations et des ONG. Au point que le Brésil a dû trouver des fonds pour loger gratuitement des délégués des pays les plus pauvres dans deux navires de croisière affrétés.Jamais la ville de quelque 1,4 million d’habitants, dont la moitié vivent dans des favelas, n’avait accueilli un tel événement international, et les autorités fédérales et du Para ont investi pour rénover ou construire des infrastructures.”La COP apporte à Belem la notoriété qu’elle mérite. C’est important que les regards soient tournés sur notre région, sur l’Amazonie”, dit à l’AFP Karol Farias, 34 ans, maquilleuse venue faire ses achats au marché Ver-o-Peso, l’un des lieux emblématiques, entièrement rénové.Mais le site du sommet, le Parque da Cidade, était encore un grand chantier mercredi, rempli d’ouvriers sciant, vissant, montant des cloisons…Et les embouteillages de Belem empirent avec la fermeture de certains axes. “Je n’ai rien contre la COP en soi, mais Belem n’a pas les infrastructures nécessaires pour recevoir un tel événement”, proteste Agildo Cardoso, chauffeur de VTC.Environ 10.000 agents des forces de l’ordre ont été mobilisés, auxquels s’ajoutent 7.500 militaires déployés spécialement.- “Assez parlé” -Pour la présidence brésilienne, l’objectif est de sauver la coopération internationale dix ans après l’accord de Paris, dont l’ONU admet désormais officiellement que l’objectif de réchauffement de 1,5°C par rapport à la période préindustrielle sera franchi ces prochaines années.Le Brésil ne cherchera pas de nouvelles décisions emblématiques à Belem, mais veut que la COP30 inscrive dans le marbre des engagements concrets et organise un suivi des promesses du passé, par exemple sur le développement des renouvelables.”Assez parlé, il est maintenant temps de mettre en œuvre ce dont nous sommes convenus”, a lancé Lula, dans un entretien à des agences de presse dont l’AFP.Le Brésil lancera jeudi un fonds dédié à la protection des forêts (TFFF) ainsi qu’un engagement à quadrupler la production de carburants “durables”. Plusieurs pays veulent aussi élargir les engagements à baisser les émissions de méthane, un gaz très réchauffant.- Prince William -Cent soixante-dix pays participent à la COP30, mais les Etats-Unis, deuxième pollueur mondial, n’enverront pas de délégation, au soulagement de ceux qui craignaient que l’administration Trump vienne faire de l’obstruction, comme récemment pour couler un plan mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport maritime.Côté européen, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le prince William s’exprimeront jeudi et vendredi.Mais le président autrichien a renoncé à cause du prix des hôtels. La plupart des dirigeants du G20, dont Chine et Inde, seront absents.- “Pas de la charité” -Une partie du monde en développement reste sur sa faim après l’accord arraché dans la douleur l’an dernier à Bakou sur la finance climatique et veut remettre le sujet sur la table.”Ce n’est pas de la charité mais une nécessité”, déclare à l’AFP Evans Njewa, le diplomate du Malawi qui préside le groupe des pays les moins développés.L’Union européenne ou les petits Etats insulaires (Aosis) veulent surtout aller plus loin dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en s’attaquant aux énergies fossiles.”Nombreux parmi nos pays n’arriveront pas à s’adapter à un réchauffement qui dépasserait les 2°C”, a confié à l’AFP Ilana Seid, diplomate de l’archipel pacifique des Palaos et présidente d’Aosis. “Certains de nos pays en atoll n’existeraient plus vraiment”.Le Brésil, qui se veut un pont entre Nord et Sud, n’est pas exempt de paradoxes, après un feu vert donné à l’exploration pétrolière au large de l’Amazonie.”C’est très contradictoire”, assène Angela Kaxuyana, de la Coordination des organisations indigènes d’Amazonie brésilienne.”Les mêmes gouvernements” qui s’engagent pour le climat “négocient l’exploration pétrolière” de la plus grande forêt tropicale de la planète, a-t-elle déploré à Belem.