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La situation de l’école est “extrêmement inquiétante”, selon le ministre de l’Education  

Le nouveau ministre de l’Education nationale Edouard Geffray a jugé mercredi la situation de l’école “extrêmement inquiétante” à la fois “en termes de niveau”, d'”inégalités sociales et scolaires” et de “santé” notamment psychique des élèves, ses trois “priorités”.Interrogé sur France Inter – sa première interview comme ministre – sur environ 4.000 suppressions de postes d’enseignants pourtant prévues dans le PLF 2026, le ministre a répondu qu’il y a “des endroits où aujourd’hui en France, malheureusement, il n’y a plus d’enfants” et “où effectivement on est obligé de supprimer des postes”. Il a rappelé que selon les projections, il y aura 1 million d’élèves de maternelle et de primaire en moins en France entre 2018 et 2028 et que si le gouvernement avait suivi l’évolution démographique, on “aurait dû retirer 8.000 ou 9.000 postes”.Le ministre a par ailleurs insisté sur le fait qu'”à la rentrée de 2026, si on parle en moyenne, on aura 21 enfants par classe dans le premier degré”, le chiffre le plus bas d’élèves par classe jamais connu en France.Interpellé également sur le ralentissement des postes d’AESH, les accompagnants d’élèves en situation de handicap, dont 1.200 recrutements sont prévus dans le PLF 2026 contre 2.000 l’an dernier, malgré un manque dans les classes, M. Geffray a admis que le gouvernement “a évidemment des contraintes budgétaires” mais aussi “des contraintes de vivier” et d'”attractivité” pour cette profession peu rémunérée.”Des sujets sur lesquels je vais me pencher au cours des prochains mois”, a-t-il promis.Sur la question de la qualité pédagogique, il a rappelé qu’une réforme de cette formation et du recrutement des enseignants entrait en vigueur.Celle-ci va ramener les concours enseignants à bac+3 au lieu de bac+5, les étudiants étant ensuite élèves fonctionnaires pendant un an puis fonctionnaires stagiaires un an. Le projet de loi de finances 2026 (PLF) prévoit plus de 8.000 postes de fonctionnaires stagiaires, qui sont rémunérés. Il faut par ailleurs “changer de braquet sur la formation continue”, à la traîne en France, a conclu le ministre.

L’impossible retraite d’Emmanuel Macron

En semant la confusion sur la suspension de la réforme des retraites, après avoir laissé “carte blanche” à son Premier ministre, Emmanuel Macron a pris le risque de raviver le débat, illustrant sa difficulté à rester en retrait pour achever son deuxième quinquennat.Charm-el-Cheikh (Egypte) la semaine dernière pour un sommet sur l’avenir de Gaza, Portoroz et Ljubljana cette semaine, pour un sommet des pays du sud de l’UE et une visite bilatérale en Slovénie: Emmanuel Macron poursuit sa tâche intense sur la scène internationale, rôle premier du chef de l’État.Difficile, pour autant, d’échapper aux questions nationales dans un contexte d’instabilité politique inédite. A commencer par la si symbolique suspension de la réforme des retraites, annoncée par Sébastien Lecornu pour éviter la censure immédiate de l’Assemblée.Or le président n’a pas changé d’avis car “les faits sont têtus”: la réforme de 2023 “était nécessaire”. Quant au “choix pour apaiser le débat actuel” de son Premier ministre, il ne signifie “ni l’abrogation, ni la suspension” de la réforme mais seulement “le décalage d’une échéance”, celle du relèvement progressif de l’âge légal de départ, a-t-il expliqué depuis la Slovénie.Pas de “suspension” ? Le mot fut érigé en condition par le Parti socialiste. Il a été explicitement formulé par le Premier ministre la semaine dernière lors de sa déclaration de politique générale. Et répété mardi à l’Assemblée après la sortie présidentielle, M. Lecornu expliquant être allé “plus loin” que le président qui, souligne également son entourage, évoquait uniquement la mesure sur l’âge légal de départ.Dans cet imbroglio, la sortie du président est vue comme une heureuse clarification pour La France insoumise. “Emmanuel Macron dévoile l’arnaque”, tempête la présidente des députés LFI, Mathilde Panot. -Rester “dans le jeu”-En nourrissant ses oppositions, le président semble avoir inscrit un but contre son camp. Pourquoi ? Emmanuel Macron “fait ça pour être encore dans le jeu”, soupire un dirigeant socialiste.”Il essaie de continuer à exister alors même que tout le monde a déjà tourné la page”, renchérit sur Sud Radio le député RN Thomas Ménagé, quand le patron de l’UDR Eric Ciotti raille sur TF1 une supposée “maladie de tout contrôler et de tout diriger”.”C’est son tempérament, son caractère”, “du Macron dans le texte”, résume sobrement un conseiller gouvernemental fidèle au président. Le côté “je me mêle de tout” du chef de l’Etat, ajoute un cadre d’un parti allié.L’épisode illustre la difficulté pour M. Macron de demeurer en retrait dans une situation de grande précarité politique, et à 18 mois encore de la fin de son bail présidentiel. Sans majorité à l’Assemblée, avec un parti (Renaissance) et un groupe de députés (EPR) passés aux mains d’un Gabriel Attal chaque jour de plus en plus distant, le président se replie sur ses prérogatives constitutionnelles – nommer un Premier ministre, dissoudre l’Assemblée – pour exercer un pouvoir de plus en plus ténu. Une situation forcément frustrante pour celui qui eut tous les leviers en mains à son arrivée en 2017.Depuis la dissolution en 2024, les solutions élyséennes de “socle commun” avec la droite, désormais rebaptisé “plateforme de stabilité”, n’ont empêché ni la censure de Michel Barnier, ni la confiance refusée à François Bayrou. Elles ont même généré un couac majeur avec le gouvernement le plus éphémère de l’histoire de la Ve République, dit Lecornu 1.Incité à “partager le pouvoir” par Gabriel Attal, et même, fait inédit, au départ anticipé par un autre de ses anciens Premiers ministres, Édouard Philippe, Emmanuel Macron a opté pour renommer Sébastien Lecornu. Après lui avoir confié une mission auprès des partis “refusant la dissolution” qu’il a finalement reçus lui-même à l’Élysée, et conservé la haute main sur la formation du gouvernement. De quoi alimenter l’idée que décidément, ce président n’aime guère ses Premiers ministres, y compris ceux piochés parmi ses lieutenants.”Vous avez un Sébastien Lecornu, Premier ministre, qui déjà est dans un numéro de funambule en train d’avancer sur sa corde raide. Et il y a un président de la République qui lui agite la corde”, métaphorise le député de gauche François Ruffin sur BFMTV.Mais l’entourage du président récuse tout “coin” entre le chef de l’Etat et celui du gouvernement. Opposer les deux, “c’est vieux comme le monde”, minimise sur France 2 la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le Louvre rouvre, sa patronne en première ligne après le vol des joyaux

Silencieuse depuis dimanche, la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, s’exprime mercredi devant des sénateurs pour tenter d’expliquer comment des cambrioleurs ont pu voler des joyaux dans le musée le plus visité au monde, pour un préjudice estimé à 88 millions d’euros.Après trois jours portes closes, dont le mardi de fermeture hebdomadaire, le musée a rouvert mercredi à 09h00, a constaté une journaliste de l’AFP.”On espérait très fort que ce soit ouvert. On avait réservé pour aujourd’hui, on n’aurait pas eu l’occasion de revenir”, se réjouit Fanny, venue depuis Montpellier avec sa fille.En coulisses, l’enquête se poursuit pour tenter de mettre la main sur les quatre cambrioleurs et leur incroyable butin. Un vol qui a provoqué une forte émotion en France comme à l’étranger et une tempête politico-médiatique sur la protection des œuvres du Louvre.L’enquête “progresse”, a assuré sur CNews et Europe 1 le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, selon qui “plus d’une centaine d’enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme et de l’Office central contre le trafic de biens culturels” sont mobilisés.”J’ai toute confiance, ça c’est sûr, dans le fait que nous retrouverons les auteurs”, a-t-il martelé.Qualifiés au départ d’inestimables, les bijoux volés ont désormais une estimation, qui ne tient toutefois pas compte de leur valeur patrimoniale: “Le préjudice a été estimé par la conservatrice du Louvre à 88 millions d’euros”, une somme “extrêmement spectaculaire” mais qui “n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique”, a déclaré mardi soir sur RTL la procureure de Paris Laure Beccuau.Cette estimation en fait un des plus importants vols d’objets d’art des dernières décennies, mais ce montant reste bien inférieur au préjudice lors du cambriolage du musée Isabella Stewart Gardner de Boston, en 1990, évalué à au moins un demi-milliard de dollars.- Moment de vérité -En première ligne depuis dimanche, la ministre de la Culture Rachida Dati va laisser s’expliquer mercredi Laurence des Cars, qui n’a pas encore fait de déclaration publique sur le vol.Elle sera auditionnée à 16H30 par la commission de la culture du Sénat.Un moment de vérité pour celle qui était devenue en mai 2021 la première femme à accéder à la tête du Louvre, le musée le plus visité au monde avec neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d’étrangers.Le Figaro a affirmé mardi que Mme Des Cars avait présenté sa démission après le vol, mais que cela lui avait été refusé et qu’elle avait reçu le soutien d’Emmanuel Macron. Sollicité par l’AFP, le Louvre n’a pas souhaité réagir à ces affirmations.Laurence des Cars devrait être interrogée sur les conditions de sécurité de la galerie d’Apollon, qui abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, qui compte environ 800 pièces.Les portes de la galerie restaient closes mercredi, trois panneaux gris en bloquant la vue et le personnel du Louvre demandant aux visiteurs de continuer à circuler.Parmi les huit pièces emportées figurent le diadème d’Eugénie, qui compte près de 2.000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France, et d’Hortense de Beauharnais, mère de Napoléon III.- Pas de “faille” -Face aux accusations des députés mardi, Rachida Dati a exclu toute “faille de sécurité à l’intérieur” du musée, car les dispositifs “ont fonctionné”.Elle a en revanche mis en cause l’absence de la sécurité “sur la voie publique”, permettant aux cambrioleurs d’installer un monte-charge et d’entrer par une fenêtre.Dans un pré-rapport consulté lundi par l’AFP, la Cour des comptes déplore un “retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres” du musée.Fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, petite-fille du romancier Guy des Cars, Laurence des Cars a gagné une longue expérience dans les musées.Avant le Louvre, cette spécialiste de l’art du XIXe et du début du XXe siècle a présidé le musée d’Orsay, après celui de l’Orangerie, un musée d’art impressionniste et post-impressionniste qui expose en particulier les gigantesques Nymphéas de Monet.

Un logiciel pour lutter contre la corruption des gendarmes autour de la consultation de fichiers

Disposant de “moyens financiers colossaux”, la criminalité organisée représente un risque majeur de corruption: pour lutter contre ce phénomène qui menace tous les agents de l’Etat, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), le “gendarme des gendarmes”, se dote d’un logiciel de contrôle.Il y a ceux qui s’assurent que la baby-sitter qu’ils viennent d’engager n’a pas d’antécédents judiciaires, d’autres qui vérifient le statut d’un véhicule pour un proche. Et ceux qui consultent les fichiers pour fournir des informations sur les procédures en cours, contre rémunération, à des bandes criminelles.Avec les smartphones Neo, gendarmes et policiers peuvent accéder aux fichiers, à tout moment, qu’ils soient en service ou en congé.”Les fichiers sont une manne d’informations” et “un point de fragilité”, considère une gendarme auprès de l’AFP. “L’utilisation illégitime des fichiers augmente chaque année, même si les chiffres restent à un petit niveau”, ajoute-t-elle.Le nombre d’affaires judiciaires pour corruption ou atteinte à la probité mettant en cause des gendarmes en lien avec la délinquance organisée est passé d’un seul dossier en 2021, comme en 2022, à 12 en 2023 et 21 en 2024. “La tendance est à ce stade encore haussière en 2025″, constate la gendarmerie.”Nous sommes touchés comme toutes les autres institutions de la sphère publique”, indique Jean-Michel Gentil, chef de l’IGGN depuis 2023 et ancien juge d’instruction notamment à la criminalité organisée.Auparavant, seule l’IGGN recevait une alerte lors des consultations portant sur des personnes connues – acteurs, chanteurs, sportifs, politiques – répertoriées.Pour mieux surveiller les consultations indues et ainsi lutter contre la corruption, l’IGGN expérimente depuis le moi de mai le logiciel Citar (contrôle interne des traces des applications et du réseau), qui doit être déployé sur l’ensemble des unités de gendarmerie d’ici à la fin de l’année.- “Théorie de la grenouille” -Cet outil permet de tracer toutes les consultations réalisées sur quatre fichiers: le Traitement des antécédents judiciaires (TA GN), le Fichier des personnes recherchées (FPR GN), le Fichier des objets et des véhicules signalés (FOVES GN) ainsi que le cadre juridique de la Sauvegarde de la vie humaine (SVH GN).Citar liste les recherches des gendarmes, des réservistes et des brigades, et à partir de patronymes.L’outil est également conçu pour repérer “à court ou moyen terme” les vérifications effectuées sur Genesis, le fichier des détenus de l’administration pénitentiaire, et le Système de traitement central de lecture automatisée de plaque d’immatriculation (STCL – LAPI), précise la gendarmerie.Citar, créé à la demande de la Direction générale de la gendarmerie nationale, permettra aux commandants de compagnie d’exercer “un contrôle en interne des usages abusifs des fichiers”, détaille le général Hubert Charvet, chef de la division des enquêtes internes à l’IGGN, qui veut croire que “l’outil aura un effet préventif”.”Notre but est surtout de protéger les gendarmes, ce n’est pas une simple démarche répressive”, précise M. Gentil. “La criminalité organisée dispose de moyens financiers colossaux mais surtout d’un potentiel de violence qui peut être phénoménal avec des menaces sur les familles”, poursuit le patron de l’IGGN.”On distingue trois niveaux en matière de risques liés à la criminalité organisée: la collusion, puis l’intimidation, et enfin la rétorsion pouvant aller jusqu’à l’assassinat”, développe le général Charvet. “On reste jusqu’à présent au niveau de la collusion” et “il faut éviter à tout prix d’être touché au-delà”. Le général compare volontiers l’emprise et les “stratégies offensives” de la criminalité organisée à “la théorie de la grenouille dans une casserole d’eau” que l’on chauffe: au départ le batracien ne réagit pas mais une fois que l’eau est bouillante, il est cuit.Les cas de corruption, “l’infraction la plus occulte qui soit”, rappelle M. Gentil, apparaissent la plupart du temps dans des dossiers judiciaires, mais aussi lors de suspicion de violation du secret professionnel, d’alertes sur l’usage des fichiers ou de dénonciations.La vie en caserne où tout se sait, tout se voit, ainsi que le poids hiérarchique, qui permet de détecter rapidement tout manquement, agissent comme “un contrôle social” qui est une forme de protection pour le gendarme, souligne-t-on.Par ailleurs, un groupe anticorruption a été créé au sein de l’IGGN le 1er août afin de mieux détecter la corruption, la prévenir et traiter les cas qui surviennent.

De la RATP à la SNCF: Jean Castex en grand oral devant les députés

Après la RATP, Jean Castex, désigné par Emmanuel Macron pour prendre les rênes d’une SNCF en pleine mutation face à l’arrivée de la concurrence, est entendu mercredi par les députés, qui devraient, sauf surprise majeure, valider son changement de casquette.L’ancien Premier ministre, âgé de 60 ans, a affirmé la semaine passée lors d’une première audition devant la Commission du développement durable du Sénat qu’il comptait se concentrer sur l’amélioration de l’infrastructure et l’arrivée de nouveaux matériels roulants. Son but: lutter contre le vieillissement du réseau ferré français et développer la clientèle face à l’arrivée de la concurrence et notamment les ambitions affichées par l’Italien Trenitalia sur le réseau français et européen à grande vitesse.Devant les députés, il devra à la fois détailler sa feuille de route, notamment en matière de grande vitesse, tout en rassurant les élus locaux sur les enjeux du transport ferroviaire dans leurs régions respectives, élément décisif d’aménagement du territoire.Amoureux des trains depuis longtemps, M. Castex avait déjà postulé à la tête de la SNCF en 2019 lorsque le sortant Jean-Pierre Farandou, et nouveau ministre du Travail, lui avait été préféré.La semaine dernière devant les sénateurs, il a répété son intérêt pour les trains de nuit qu’il a tenté de relancer lorsqu’il était à Matignon. Il s’est aussi inquiété de “l’impact très concret du changement climatique sur la perturbation des réseaux” et des investissements massifs à réaliser pour mettre le réseau à niveau face aux inondations ou augmentations des températures qui ont un impact direct sur la circulation des trains. A la tête de la RATP, l’ancien Premier ministre a géré l’arrivée de la concurrence sur le réseau francilien de transports en commun. Il a redressé les comptes d’une régie en plein désarroi lors de son arrivée, après la crise sanitaire du Covid et la “grande démission” des chauffeurs de bus ou conducteurs de métro.Nommé en novembre 2022, il avait été reconduit en octobre 2024 pour un mandat de 5 ans.Pour que sa nomination soit validée par le Parlement, il suffit que les membres des commissions des deux chambres (Assemblée et Sénat combinés) soient moins de trois cinquièmes à s’y opposer. Le vote doit avoir lieu dans la foulée de l’audition.

La patronne du Louvre en première ligne après le vol des joyaux

Silencieuse depuis dimanche, la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, s’exprime mercredi devant des sénateurs pour tenter d’expliquer comment des cambrioleurs ont pu voler des joyaux dans le musée le plus visité au monde, pour un préjudice estimé à 88 millions d’euros.Après trois jours portes closes, dont le mardi de fermeture hebdomadaire, au grand dam des touristes, le musée prévoit de rouvrir mercredi, a-t-il indiqué mardi soir à l’AFP.En coulisses, l’enquête se poursuit en toute discrétion pour tenter de mettre la main sur les quatre cambrioleurs et leur incroyable butin. Un vol qui a provoqué une forte émotion en France comme à l’étranger et une tempête politico-médiatique sur la protection des œuvres du Louvre.Qualifiés au départ d’inestimables, les bijoux volés ont désormais une estimation, qui ne tient toutefois pas compte de leur valeur patrimoniale: “le préjudice a été estimé par la conservatrice du Louvre à 88 millions d’euros”, une somme “extrêmement spectaculaire” mais qui “n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique”, a déclaré mardi soir sur RTL la procureure de Paris Laure Beccuau.Cette estimation en fait un des plus importants vols d’objets d’art des dernières décennies, mais ce montant reste bien inférieur au préjudice lors du cambriolage du musée Isabella Stewart Gardner de Boston, en 1990, évalué à au moins un demi-milliard de dollars.Placée en première ligne depuis dimanche, la ministre de la Culture Rachida Dati va laisser s’expliquer mercredi Laurence des Cars, qui n’a pas encore fait de déclaration publique sur le vol.Elle sera auditionnée à 16H30 par la commission de la culture du Sénat.Cette séance représente un moment de vérité pour celle qui était devenue en mai 2021 la première femme à accéder à la tête du Louvre, le musée le plus visité au monde avec neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d’étrangers.Le Figaro a affirmé mardi que Mme Des Cars avait présenté sa démission après le vol, mais que cela lui avait été refusé et qu’elle avait reçu le soutien d’Emmanuel Macron. Sollicité par l’AFP, le Louvre n’a pas souhaité réagir à ces affirmations.- Pas de “faille” -Mercredi, Laurence des Cars devrait être interrogée sur les conditions de sécurité de la galerie d’Apollon. Elle abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, qui compte environ 800 pièces.Parmi les huit pièces emportées figurent le diadème d’Eugénie, qui compte près de 2.000 diamants, et le collier de la parure de saphirs de Marie-Amélie, dernière reine de France, et d’Hortense de Beauharnais, mère de Napoléon III.Face aux accusations des députés mardi, Rachida Dati a exclu toute “faille de sécurité à l’intérieur” du musée, car les dispositifs “ont fonctionné”.Elle a en revanche mis en cause l’absence de la sécurité “sur la voie publique”, permettant aux cambrioleurs d’installer un monte-charge et d’entrer par une fenêtre.La ministre et candidate à la mairie de Paris a reconnu qu’avait été “sous-estimée pendant trop longtemps la sécurité des œuvres d’art”. “On a plutôt privilégié la sécurité des publics”, selon elle.Les organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FSU) du musée ont été reçues mardi au ministère et ont dénoncé à cette occasion la baisse des effectifs d’agents chargés de la sécurité.Dans un pré-rapport consulté lundi par l’AFP, la Cour des comptes déplore un “retard dans le déploiement d’équipements destinés à assurer la protection des œuvres” du musée.Fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, petite-fille du romancier Guy des Cars, Laurence des Cars a gagné une longue expérience dans les musées.Avant le Louvre, cette spécialiste de l’art du XIXe et du début du XXe siècle a présidé le musée d’Orsay, après celui de l’Orangerie, un musée d’art impressionniste et post-impressionniste qui expose en particulier les gigantesques Nymphéas de Monet.Elle a été aussi directrice scientifique de l’agence France-Muséums en juillet 2007, opérateur français chargé du développement du Louvre Abu Dhabi puis promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011.

Montpellier: jugé pour avoir fauché un ado après un match France-Maroc

Le procès d’un chauffard accusé d’avoir mortellement fauché Aymen, 13 ans, en marge des célébrations de la demi-finale France-Maroc lors de la dernière Coupe du monde de football s’ouvre mercredi devant la cour criminelle de l’Hérault.Ce décès avait endeuillé la compétition et un millier de personnes avaient défilé à Montpellier, roses blanches à la main, pour rendre hommage à l’adolescent. Sa mort avait aussi provoqué des échauffourées dans un quartier défavorisé où s’était déroulé le drame.Jugé mercredi et jeudi pour “violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner” et “violences volontaires avec arme n’ayant pas entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours”, William C., 22 ans aujourd’hui, encourt une peine de 20 ans de prison.Le 14 décembre 2022, une centaine de supporters arborant le drapeau marocain étaient descendus dans les rues du quartier de La Mosson, en périphérie de Montpellier, à l’issue de cette demi-finale remportée 2-0 par la France. Certains, le visage dissimulé, ont mis le feu à des poubelles et procédé à des tirs de mortiers.Au même moment, William C., alors âgé de 20 ans, a décidé d’aller fêter la victoire de la France en paradant au volant de la Citroën C4 de sa mère, drapeau tricolore accroché à la portière.Sur le trajet du retour, vers 22H30, il s’est retrouvé bloqué entre deux véhicules à un feu rouge, à proximité des supporters du Maroc. Le conducteur s’est fait chahuter par des jeunes, visiblement hostiles, et l’un d’entre eux a arraché le drapeau français de la portière, ont retracé les enquêteurs.William C. a alors démarré brusquement, effectuant un demi-tour sur les voies du tramway et percutant trois piétons, dont Aymen. Grièvement blessé, l’adolescent, qui avait regardé le match dans le snack de son grand frère avant de rejoindre ses amis pour faire la fête, est décédé peu après sa prise en charge. Un autre ado a été légèrement blessé.- Fuite en Espagne -Le chauffard a pris la fuite. Activement recherché, il a été interpellé 12 jours plus tard dans les Pyrénées-Orientales après avoir passé plusieurs jours en Espagne avec l’aide de sa famille maternelle, qui a craint des représailles de la part de la communauté marocaine envers la communauté gitane.Né d’un père marocain, William C. a en fait été élevé par une mère issue de la communauté des gens du voyage. Ayant arrêté l’école en classe de primaire, il est illettré et n’a jamais vraiment travaillé.Devant les policiers, il s’était dit “désolé”, expliquant qu’il n’avait “pas voulu percuter les personnes (…), qu’il n’avait pas pris conscience (…) d’avoir blessé et encore moins d’avoir tué quelqu’un”.Son avocat, Jean-Baptiste Mousset, explique que “toute sa détention a été émaillée de menaces de mort et de violences par des personnes se revendiquant être proches de la victime.”La famille d’Aymen “n’est pas animée par un désir de vengeance. Elle souhaite que justice soit rendue”, a quant à lui assuré à l’AFP Marc Gallix, l’avocat de la famille de la victime.

Budget: le gouvernement défait sur la taxation des retraites

Le gouvernement a subi un nouveau revers mardi lors de l’examen de son projet de budget à l’Assemblée nationale: la commission des Finances a rejeté la suppression d’un avantage fiscal pour les retraités censée générer d’importantes économies.Le coût de cette suppression s’élèverait à 1,2 milliard, selon le rapporteur général du Budget Philippe Juvin (LR) mardi soir. Au total selon une “évaluation très globale, très imparfaite” faite en milieu d’après-midi, les modifications apportées par les députés depuis le début des débats en commission lundi grèveraient de 9 milliards d’euros le budget de l’Etat, a-t-il précisé.Tous ces votes devront toutefois être confirmés dans l’hémicycle, où les députés repartiront de la copie initiale du gouvernement, à partir de vendredi.La “niche fiscale” des retraités est l’un des points les plus sensibles du projet de loi de finances (PLF): le remplacement de l’abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités sur leur pension par un forfait de 2.000 euros.Cette mesure aurait pour effet de légèrement réduire l’impôt sur le revenu de certains retraités les plus modestes, et d’augmenter celui des autres, tout en permettant des économies. Elle s’inscrit dans un plan d’effort global d’une trentaine de milliards d’euros pour 2026. Mais elle a suscité une vive opposition au sein de la commission des Finances, où une large majorité des groupes s’est prononcée contre, de la France insoumise au Rassemblement national, en passant par les socialistes et Les Républicains.Le député LR Corentin Le Fur a dénoncé “l’acharnement” contre les retraités, rappelant qu’ils sont déjà largement mis à contribution avec le gel de leur pension prévu dans le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), dont l’examen en commission doit commencer jeudi.- “Par pur électoralisme” -Seul à défendre la mesure au sein de la commission, le député et ancien ministre macroniste Guillaume Kasbarian a mis en avant “d’autres avantages fiscaux” des retraités, rappelant leur taux d’épargne record. L’élu a dénoncé une “classe politique”, qui “par pur électoralisme”, “refuse de toucher au moindre sujet qui concerne les retraités”.Plus tôt en commission, les députés se sont opposés à la suppression d’autres avantages fiscaux, ceux concernant par exemple deux biocarburants: le Superéthanol-E85 et le B100 (biogazole à base de colza).Autre mesure de nature à creuser le déficit de l’Etat, adoptée mardi après-midi: un amendement de Philippe Brun (PS) proposant de réduire l’impôt des sociétés des PME.En début de soirée, plusieurs amendements créant de nouvelles recettes ont été adoptés à l’initiative de la gauche: l’un d’Aurélien Le Coq (LFI) pérennise la “surtaxe tonnage” qui avait été créée l’année dernière, visant principalement l’armateur CMA-CGM.Egalement adoptés, des amendements identiques visant à mettre en place une contribution exceptionnelle sur les “super-dividendes” versés par les entreprises, inspirés d’un dispositif proposé par le député Jean-Paul Mattei (MoDem) en 2022.De vifs débats ont animé la soirée, autour de la question du Crédit impôt recherche (CIR), une niche fiscale coûtant plus de 7 milliards d’euros, à l’efficacité contestée. A notamment été adopté un amendement de Christine Pirès-Beaune (PS) qui modifie le mode de calcul du CIR pour les grands groupes possédant plusieurs filiales, en plafonnant le dispositif par groupe et non par filiale, une mesure qui rapporterait selon elle 960 millions d’euros.Un autre de l’écologiste Charles Fournier conditionnerait le bénéfice du CIR au respect de deux critères fondamentaux: le maintien de l’emploi sur le territoire national, et la protection des emplois liés directement aux projets ayant bénéficié du crédit d’impôt.Ces mesures suffiront-elles à convaincre la gauche de laisser passer le projet de budget ? Rien n’est moins sûr. “Si la copie n’est pas corrigée pour protéger les Français de ce qui est en train de se produire, le choix des milliardaires contre les gens ordinaires, nous serions amenés à avoir un jugement extrêmement sévère”, a menacé le premier secrétaire du PS Olivier Faure, après l’échec d’un vote sur la taxe Zucman.Les groupes de la coalition gouvernementale font aussi entendre leurs exigences, à l’instar de la Droite républicaine de Laurent Wauquiez, qui ne votera pas “automatiquement” le budget, a prévenu ce dernier. Il serait même en l’état “invotable pour la droite”, dixit le patron de LR Bruno Retailleau qui appelle dans Le Figaro à ne s’interdire “aucun débat, y compris celui de la censure”. Les députés Renaissance souhaitent eux rééquilibrer le budget avec moins de hausses d’impôts et plus de baisses de dépenses, même s’ils vantent leur “attitude raisonnable et constructive”.

Nicolas Sarkozy est en prison, une première historique

L’ancien président Nicolas Sarkozy a été incarcéré mardi, près d’un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l’histoire de la République.Il va y rester “un minimum de trois semaines ou d’un mois”, a dit son avocat Christophe Ingrain devant les portes de la prison parisienne de la Santé. La cour d’appel de Paris a deux mois pour statuer sur la demande de mise en liberté déposée après l’incarcération. “Une première journée en prison c’est terrible, mais il l’a surmontée”, a déclaré en début de soirée son autre avocat, Jean-Michel Darrois, après une première visite à son client au parloir où l’épouse de l’ancien chef de l’Etat, Carla Bruni, s’est également rendue.   Le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont dormi en prison après avoir quitté le pouvoir. Mais ce n’était arrivé à aucun ancien chef d’Etat de l’Union européenne.Nicolas Sarkozy, 70 ans, a été incarcéré au quartier de l’isolement de la prison, et deux officiers de sécurité ont été installés dans une cellule voisine de la sienne.”Il n’est pas question de prendre le moindre risque concernant la sécurité d’un ancien président”, a expliqué une source proche du dossier.Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l’ouest parisien vers 09H15, l’ancien président est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé, après avoir été suivi par une noria de motos. – “Libérez Sarkozy !” -“Oh bienvenue Sarkozy!”, “Y’a Sarkozy!”, ont crié ses codétenus. “Il est rentré, il a salué les personnes qui l’attendaient pour exécuter les formalités de la détention” au greffe, a raconté son avocat. Avant de monter dans sa voiture, Nicolas Sarkozy, accompagné de Carla Bruni, avait salué ses partisans, qui ont entonné la “Marseillaise”. “Libérez Nicolas !”, a scandé la foule. L’ex-président a enlacé ses proches, serré des mains et fait poster un message sur ses réseaux sociaux: “La vérité triomphera”, “ce n’est pas un ancien président de la République que l’on enferme ce matin, c’est un innocent”. Nicolas Sarkozy bénéficiera-t-il en détention de dérogations ? L’ancien président “n’a rien demandé, pas de traitement de faveur” en ce moment “très dur”, a insisté Me Ingrain. Son confrère Darrois a précisé qu’il était installé dans une cellule de 9 m2, taille standard à la Santé.Selon son conseil, Nicolas Sarkozy aura “une heure de sortie par jour dans une cour grillagée, seul”, le reste du temps il sera “enfermé en cellule”, sans contact avec les autres détenus. Il bénéficiera de “trois droits de visite par semaine de sa famille”. L’ex-chef de l’Etat compte aussi écrire sur cette expérience. Se comparant à l’innocent emprisonné le plus célèbre de l’histoire de France, Alfred Dreyfus, il a confié entrer en prison avec une biographie de Jésus et “Le Comte de Monte-Cristo”, roman d’un homme qui se venge après une condamnation injuste.- “La haine” -Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné à cinq ans de prison l’ancien président, reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs rencontrer à Tripoli un dignitaire du régime de Mouammar Kadhafi pour discuter d’un financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007, alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Nicolas Sarkozy a fait appel et un nouveau procès devrait être organisé avant l’été.Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison qui avait suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la “gravité exceptionnelle” des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par “la haine”.Ce critère de la gravité des faits de nature à “troubler l’ordre public” ne pourra pas être retenu dans l’examen de la mise en liberté de Nicolas Sarkozy, replacé par son appel dans la situation d’un innocent présumé. Son maintien en détention n’est désormais possible que si elle est l'”unique moyen” de conserver les preuves, d’empêcher des pressions, des concertations entre auteurs, de prévenir une fuite ou une récidive, ou de le protéger. Sinon, Nicolas Sarkozy devra être remis en liberté sous contrôle judiciaire, le cas échéant en l’assignant à résidence avec un bracelet.- “Pression sur la justice” -Ancienne figure tutélaire de la droite française, toujours régulièrement consulté par ses chefs, Nicolas Sarkozy a reçu le soutien de son camp, prompt à s’offusquer du mandat de dépôt avec exécution provisoire.Prononcé de manière routinière, bien que plus rarement dans les dossiers économiques et financiers, il serait attentatoire à la présomption d’innocence, puisqu’il entraîne une détention sans recours possible et sans attendre l’appel.Même si l’incarcération de Nicolas Sarkozy s’est faite sur la base d’une mesure pénale votée en 2019 à l’initiative de sa majorité, le président de la République Emmanuel Macron a jugé le “débat légitime dans une démocratie, parce que tout le monde souhaite qu’il puisse y avoir des voies d’appel et de recours”.Vendredi, il avait reçu Nicolas Sarkozy. Un rendez-vous qui relève de la “pression sur la justice”, a accusé le patron du PS, Olivier Faure.Fustigée à droite, cette incarcération avait toutefois été estimée “juste” par une majorité des personnes interrogées (61%) dans un sondage réalisé fin septembre.Proche de Nicolas Sarkozy, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a lui défendu sa volonté d’aller le voir en prison, un “devoir de vigilance” pour “s’assurer de la sécurité” de l’ex-chef de l’Etat. Cela “n’atteint en rien à l’indépendance des magistrats”, a-t-il assuré.  Le ministre répondait au plus haut procureur de France, Rémy Heitz, pour qui une telle visite serait de nature à poser un “obstacle à la sérénité” de la justice et à porter “atteinte à (cette) indépendance”.