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Cannes: les stars arrivent avant le palmarès

Des frères Dardenne au cinéaste chinois Bi Gan et son acteur Jackson Yee, les équipes des films en lice pour la Palme d’or ont commencé samedi à gravir les marches pour la cérémonie de clôture du 78e Festival de Cannes, dont la compétition est restée très ouverte jusqu’au bout.La vaste coupure de courant qui a affecté Cannes et sa région de la matinée au milieu d’après-midi n’a pas menacé la cérémonie mais a perturbé les échanges avec le jury, qui était retranché dans une villa dans les hauteurs de la ville pour délibérer.Après quinze jours de compétition, le suspense reste total sur celui ou celle qui décrochera la Palme et succédera à “Anora” de l’Américain Sean Baker.Les neuf membres du jury emmenés par la star française Juliette Binoche pourraient envoyer un signal politique fort en sacrant Jafar Panahi, présent à Cannes après quinze d’années d’assignation en Iran.Le cinéaste a marqué les esprits avec “Un simple accident”, conte moral auscultant le dilemme d’anciens détenus tentés de se venger de leur tortionnaire, déjà récompensé du Prix de la citoyenneté. S’ils décrochaient le Graal avec “Jeunes mères”, les frères Dardenne deviendraient, eux, les premiers réalisateurs à obtenir trois Palmes d’or. Le Prix du Jury Å“cuménique et celui du Cinéma Positif leur ont été décernés.Le jury du festival remettra au moins six autres trophées, dont les prix d’interprétation féminine et masculine, au cours d’une cérémonie qui débutera à 18H40 (16H40 GMT).- Défilé de stars -Parmi les 21 autres films de la compétition, les faveurs des critiques sont allées à “Deux procureurs” de l’Ukrainien Sergueï Loznitsa, “Nouvelle vague”, hommage réjouissant de l’Américain Richard Linklater à Jean-Luc Godard, et surtout au Norvégien Joachim Trier pour “Valeur Sentimentale”, un mélodrame entre rire et larmes ovationné une vingtaine de minutes, un record.L’équipe du film, notamment l’acteur suédois Stellan Skarsgard, a foulé le tapis rouge. Les frères Dardenne, Sergueï Loznitsa ont également été rappelés au Palais des festivals.Parmi les nombreux rôles féminins marquants, une nouvelle venue, la Française Nadia Melliti, s’est fait remarquer dans “La petite dernière”, sur une jeune musulmane qui découvre son homosexualité.Cannes pourrait aussi primer sa réalisatrice, l’actrice française devenue cinéaste Hafsia Herzi, 38 ans, et poursuivre ainsi son renouveau, après avoir donné la Palme d’or ces dernières années à ses compatriotes Julia Ducournau et Justine Triet.Autre trentenaire qui a marqué les esprits mais divisé la critique, le jeune prodige du cinéma chinois Bi Gan, 35 ans, avec sa dystopie hallucinée “Résurrection”. Nouvelle venue sur la Croisette, l’Allemande Mascha Schilinski, 41 ans, plonge elle, avec “Sound of Falling”, dans un labyrinthe de traumas familiaux transmis de mères en filles.Tout au long de la quinzaine, ce 78e festival de Cannes a fait écho aux guerres au Proche-Orient et en Ukraine et a aussi été marquée par des déclarations engagées, à commencer par la charge de Robert De Niro contre Donald Trump.Côté paillettes, la quinzaine a connu ses défilés de stars, de Denzel Washington à Tom Cruise, venu présenter le dernier “Mission: Impossible”, en passant par Scarlett Johansson, pour son premier film de réalisatrice, et Nicole Kidman. 

Sur les hauteurs d’Athènes, les pompiers s’entraînent face au risque de nouveaux incendies

Sur un sentier qui borde le seul versant encore vert du mont Pentélique, près d’Athènes, ravagé plusieurs étés durant par des incendies de forêt, cyclistes et coureurs profitent du soleil printanier avant les fortes chaleurs estivales.Soudain une fumée jaillit de la pinède, déclenchée par un sapeur-pompier à l’aide d’un fumigène. Les sirènes des véhicules de pompiers brisent le silence. Une dizaine d’hommes en tenue de sécurité, équipés de casques et d’appareils respiratoires, grimpent la colline en déployant tuyaux d’incendie et extincteurs.Une habitante âgée d’une maison adjacente s’inquiète. “Encore un incendie?””C’est un exercice de simulation!”, la rassure une joggeuse dominicale en poursuivant sa course.Les habitants de Penteli, banlieue résidentielle cossue dans le nord de la capitale grecque, sont habitués aux entraînements des pompiers avant des étés souvent caniculaires.  Ce dimanche, douze pompiers volontaires locaux, parmi la centaine dirigée par Apollon Kounis, se préparent avec trois véhicules.”C’est notre dernier exercice avant d’entamer le mois prochain des permanences 24 heures sur 24 dans notre station d’urgence”, explique à l’AFP cet homme de 48 ans, “dévoué” depuis sa jeunesse à la protection de la forêt. La Grèce est quasiment chaque été en proie aux incendies de forêt liés aux “nouveaux défis de la crise climatique”, selon un récent rapport de l’Observatoire d’Athènes et du WWF-Grèce.En août dernier, dans l’Attique, la région d’Athènes, près de 10.000 hectares sont partis en fumée après un court-circuit sur un poteau électrique. Attisé par des vents puissants, le feu s’était dangereusement rapproché de la capitale, se retrouvant à 15 km du centre, après s’être propagé en quelques heures sur la partie orientale de Penteli.- Cours d’eau asséchés -Une partie de la forêt, de nombreux magasins, des habitations et des véhicules avaient été ravagés par les flammes.”Depuis 2018, je n’ai pas pris de vacances en été. Sauver la forêt, c’est ma vie”, poursuit M. Kounis. “Le feu de l’année dernière était le plus catastrophique que j’ai vécu”, confie-t-il.Plusieurs habitations de Penteli disposent de citernes et de tuyaux d’incendie pour parer à la menace de feux de plus en plus incontrôlables.Alors qu’un nouvel été approche, la maire de la ville, Natassa Kosmopoulou espère que “les pluies plus fréquentes depuis janvier vont limiter le nombre d’incendies”.Pour l’édile, la violence du phénomène de 2024 est à imputer en partie à la sécheresse prolongée dans une grande partie de la Grèce.”On a toujours eu des incendies à Penteli mais ces dernières années, les feux sont très intenses en raison du changement climatique”, affirme-t-elle. Devant son bureau rempli de papiers et de dossiers, elle explique devoir “se battre quotidiennement avec les services forestiers chargés de nettoyer les cours d’eau (asséchés) qui sont souvent des points de départ de feu”.De nombreux cours d’eau asséchés traversent la zone, dont les lits sont souvent remplis de branches d’arbres cassées, de mauvaises herbes ou même d’ordures.En outre, les routes forestières et les zones pare-feu “ne sont pas suffisantes, ce qui entrave l’accès à certaines parties de Penteli où sont jetés gravats, pneus et tout ce que vous voulez”, déplore-t-elle.- “Repartir de zéro” -Apollon Kounis, qui se veut rassurant pour cet été, insiste sur la nécessité de “rester sur le pied de guerre pour sauver ce qui reste” de la montagne. D’une altitude maximale de 1.100 mètres, le mont Pentélique était réputé par le passé pour son air pur, prisé des Athéniens au point d’abriter hôpitaux et sanatoriums.Dans sa plus grande partie, il est désormais jonché de branches et d’arbres carbonisés.Sur la crête, le jaune des spartiers et le rouge des coquelicots contrastent avec la terre brulée. Dans la partie résidentielle, Tryfonas Drakonakis se promène aux abords de la forêt carbonisée où l’on aperçoit quelques papillons. Le bruit des pylônes électriques a remplacé le chant des oiseaux.”J’essaie de ne pas regarder autour de moi, j’essaie d’oublier”, confie ce septuagénaire, s’estimant chanceux que sa maison ait été épargnée par les flammes l’an dernier. Celle de sa voisine, Thomais Bertou, est partie en fumée, comme une quarantaine d’autres. Cette femme de 65 ans vit désormais dans une caravane et tente de faire revivre son petit jardin.”Il n’en restait rien, on a dû repartir de zéro. Que faire?”, s’interroge-t-elle. “Serrer mon coeur et continuer.”

Retour de l’électricité à Cannes et dans le Sud-Est après des actes de sabotage

Des actes de sabotage ont provoqué un black-out de plusieurs heures samedi sur une partie du Sud-Est de la France, et notamment à Cannes, au dernier jour du Festival dont la clôture se déroulera normalement selon les organisateurs.Peu avant 17H00, l’électricité a été rétablie pour l’ensemble des 160.000 foyers privés de courant, a annoncé le gestionnaire RTE.Cette panne massive a été provoquée, selon le préfet des Alpes-Maritimes Laurent Hottiaux, par des “actes graves de dégradations portant atteinte à l’intégrité des infrastructures électriques”.Dans la nuit, un incendie sur un poste électrique de très haute tension à Tanneron (Var) avait provoqué une première coupure dans le Var et les Alpes-Maritimes. Puis, à 10H00, c’est un pylône électrique situé à Villeneuve-Loubet (Alpes-maritimes) qui a subi des “dégradations majeures”, selon le préfet.Trois des quatre piliers d’un pylône de la ligne à haute tension alimentant la ville de Cannes “ont été sciés”, dans le cadre d'”un acte malveillant”, a précisé le procureur de Grasse Damien Savarzeix à l’AFP. “Tous les moyens sont mobilisés pour identifier, rechercher, interpeller et mettre à disposition de la justice les auteurs de ces actes”, a souligné dans un communiqué le préfet, précisant que la coupure a impacté “toutes les communes du littoral entre Antibes et le Var ainsi que des communes situées davantage dans les terres”.En dépit de la panne, la cérémonie de clôture du 78e festival de Cannes, prévue en fin d’après-midi, pourra se dérouler “dans des conditions normales”, avaient rapidement assuré les organisateurs, précisant que le Palais des Festivals avait “basculé sur un système d’alimentation électrique indépendant”.- Buffet froid -Néanmoins, des projections cannoises prévues au Cineum, un cinéma indépendant du Palais, ont dû être interrompues plus tôt dans la journée. D’autres projections ayant lieu au palais des Festivals avaient été suspendues une quinzaine de minutes dans la matinée.”Je viens de déjeuner au Carlton et ils sont très gentils, ils essaient de faire de leur mieux”, a raconté à l’AFP Melanie Palm, une touriste californienne. “Il n’y a pas d’électricité, donc la glace fond, il n’y a aucun moyen de nettoyer les assiettes et couverts, ils servent de la nourriture froide, il est impossible de servir certains plats !”.Les sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes ont recensé une centaine d’interventions mineures dans le département, principalement sur des pannes d’ascenseur. Les réseaux de télécommunication ont également été impactés par intermittence.La circulation de certains trains régionaux a également été perturbée, avec des suppressions de trains entre Grasse et Cannes et des retards entre Les Arcs et Antibes. Vers 14H30, l’électricité a repris en gare de Cannes, selon la SNCF.En milieu d’après midi, les feux de signalisation avaient été rétablis autour du Palais des festivals et les néons des commerces qui avaient dû rester fermés commençaient à se rallumer.Dans son restaurant libanais, situé à deux pas du Palais des Festivals et très prisé des festivaliers, Eva Ayach se lamentait en début d’après-midi: “Je n’ai eu aucune information, on est en train de perdre beaucoup d’argent car on a perdu le service du midi”. Plongé dans le noir, son restaurant servait pour le déjeuner uniquement des mezzes froids.”Le problème c’est au niveau des cartes bleues et des frigos”, s’inquiétait samedi matin Laurent Aboukrat, 36 ans,  patron de Jamin, un restaurant mediterranéen du centre de Cannes. disant à l’AFP craindre de devoir “tout jeter”.sc-jra-pel-vid-vxm-ngu-alc/ol

Transport des malades: les taxis menacent de “durcir” le mouvement en cas d’échec de la réunion avec Bayrou

Les chauffeurs de taxis ont menacé de nouvelles actions de blocage, en attendant une réunion de leurs représentants samedi à 17H00 au ministère des Transports en présence de François Bayrou, pour tenter de trouver une issue au conflit qui dure depuis bientôt une semaine en raison d’une nouvelle convention régissant le transport de patients.”On demande le retrait immédiat de cette convention et on demande à retourner autour de la table des négociations”, a déclaré samedi sur France Info, Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale des taxis (FNDT), sans quoi de nouveaux blocages sont à prévoir.”A partir de lundi”, en l’absence d’avancées, les aéroports parisiens de Roissy et Orly “vont être bloqués par les taxis et puis nous allons aussi nous occuper de Roland-Garros”, a déclaré Mme Cordier, le premier tour du tournoi de tennis démarrant dimanche.Aux abords du ministère des Transports, épicentre de la contestation, près duquel ils ont passé la nuit, avec des dizaines, voire quelques centaines de collègues, de nombreux chauffeurs tablaient samedi sur un “durcissement” du mouvement, en cas d’impasse.”Il va falloir continuer à montrer notre mécontentement de façon pacifique, mais avec des blocages de plus en plus durs”, a estimé Noël, chauffeur lyonnais de 60 ans, dont 21 ans de taxi.Si la réunion “ne répond pas aux attentes de tous les artisans qui sont ici”, il est possible que ce durcissement “démarre très tôt, dès l’issue de la réunion”, a estimé, entre deux jets de pétards et concerts d’avertisseurs, Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi (FNAT).L’intersyndicale des taxis a lancé une mobilisation lundi pour protester contre ce projet qui prévoit une unification des tarifs, aujourd’hui hétérogènes selon les départements. Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance maladie, puis un tarif kilométrique. Il est conçu pour dissuader les retours à vide ou les temps d’attente trop longs. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L’objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (un bond de 45% depuis 2019).D’après le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, “la très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients”.Le remboursement des transports de patients sur prescription est une activité essentielle dans le chiffre d’affaires de certains artisans-taxis.Parmi les manifestants, certains ont expliqué que la nouvelle grille tarifaire allait leur faire perdre une part substantielle de leur chiffre d’affaires. Yves Rubicondo, taxi à Pithiviers (Loiret) avec trois salariés, qui réalise 95% de son chiffre d’affaires avec l’Assurance maladie, pense perdre 25 à 30% de celui-ci.- Concurrence des VTC -Les taxis demandent le retrait de la convention de la CNAM et la nomination d’un médiateur. Mais le gouvernement a déjà assuré vendredi qu’il ne comptait “pas faire machine arrière”.Tout au long de la semaine, des milliers de taxis ont manifesté, participé à des opérations escargot ou mis en place des blocages près des gares et aéroports pour se faire entendre. Les organisations de taxis ont aussi pris pour cible les chauffeurs de VTC, qui travaillent avec des plateformes comme Uber ou Bolt, accusés de concurrence déloyale et de pratiques irrégulières.Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a dans ses missions la régulation des taxis, a d’ailleurs demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC).Dans un télégramme adressé jeudi aux préfets et consulté par l’AFP, le ministre de l’Intérieur met en exergue des “incidents récurrents” des derniers mois qui “démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC”.En cause, selon M. Retailleau, “des pratiques irrégulières de la part des VTC et la présence de faux professionnels sur la voie publique”.Le ministre a demandé que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pour exercice illégal du métier de taxi, prise en charge sans réservation et défaut d’inscription au registre VTC.

Face aux troubles alimentaires, le long et sinueux chemin de la guérison

Lucie dit que l’anorexie lui a fait “perdre forme humaine”. Elle a aussi plaqué sur son visage un “sourire de façade”, qui depuis des années masque ses batailles, raconte la jeune femme à l’hôpital de jour nantais où elle soigne ses troubles alimentaires.Pendant huit ans, elle a cherché à contrôler son poids, son corps, et maigri jusqu’à “perdre pied”. “C’est la perte d’une forme humaine, de l’énergie, de la vie. À un moment, on perd la vie. C’est ce qu’elle amène, cette maladie”, raconte la jeune femme de 31 ans, chemisier sans manche et cheveux chatains. Hospitalisée en 2020, elle est désormais suivie à l’espace Barbara, centre de soins ambulatoires en addictologie du CHU de Nantes, qui prévoit entre autres consultations psychiatriaques, thérapies familiales, repas thérapeutiques et ateliers créatifs. Installée sur un siège turquoise, Cléo, 18 ans, explique que la maladie a “tout pris”. “Elle dicte nos faits et gestes, devient notre identité”, décrit-elle.Jusqu’au déclic provoqué par son hospitalisation à 14 ans, l’adolescente n’avait “pas conscience de la maladie”. “Quand mon médecin me disait que j’étais malade, je ne le croyais pas. Je partais en lui disant ce qu’il voulait entendre, persuadée que je contrôlais la situation”, raconte Cléo. Les jeunes patientes ont en commun l’expérience du déni et de la dépréciation du corps et de soi, qui ont accompagné leurs troubles des conduites alimentaires (TCA). – “culture du régime” – Environ 80 patientes sont aujourd’hui suivies à l’espace Barbara, pour des parcours de soin de plusieurs mois. Il faut aujourd’hui patienter environ quatre mois pour une première consultation. La demande à Nantes a augmenté de plus de 30% en trois ans, note le CHU, une tendance nationale. En France, près d’un million de personnes souffrent de TCA, selon la Fédération française Anorexie Boulimie, plus particulièrement des jeunes femmes. “Des structures comme celle-là, il y en a peut-être cinq en France, sans compter les hôpitaux temps-plein. Dans les endroits où il n’y a rien, les patients restent d’autant plus souvent dans la nature”, explique le docteur Bruno Rocher, psychiatre responsable de l’espace Barbara. Parmi les explications “probables” à l’augmentation des demandes de consultation, il pointe les effets du confinement et la place des réseaux sociaux dans la vie des adolescents. Sur TikTok, les injonctions à contrôler et à réduire son alimentation pullulent sous le hashtag #skinnytok. “Tu n’es pas moche, tu es juste grosse”, “Ton estomac ne gargouille pas, il t’applaudit”, ânonnent des utilisatrices. La France et la Belgique ont récemment alerté l’Union européenne sur le danger de ces contenus.Sur l’écran de son téléphone, Cléo a vu apparaître de plus en plus de vidéos promouvant la “culture du régime”, filmées par “la +clean girl+, vie parfaite, joli corps, sport, bonne alimentation… On se dit +moi aussi je peux le faire+, et puis ça va beaucoup trop loin”, retrace-t-elle. “C’est sur les réseaux mais plus largement dans la société. On veut être mince, on devient maigre, extrêmement maigre. On pense que ça nous donnera une vie parfaite. Alors que derrière, il y a une maladie, et à un moment donné, une chute”, renchérit Julia, 19 ans. – “lâcher-prise” -A midi, les patientes partagent un “repas thérapeutique”, après lequel il leur est demandé de se reposer. Un soignant s’installe systématiquement à table. “Ce n’est pas que de la surveillance, c’est aussi pour amener de l’échange autour des repas, leur faire lever le nez de leur assiette. C’est un enjeu pour elles que de manger des choses qu’elles n’ont pas vues préparer, sans maîtriser par exemple l’usage de matière grasse”, explique Katia Drouet, infirmière. “Ici, elles se confrontent à ce qui leur fait peur: l’alimentation, l’émotion, le lâcher-prise”, poursuit-elle. Les parcours sont parfois sinueux, une hospitalisation, un accompagnement, une rechute, un nouveau parcours de soin…Après avoir été confrontée “de force” au corps médical il y a sept ans, Camille, 24 ans, a repris du poids, trouvé une “certaine stabilité”. Puis son trouble a refait surface, sous une “autre tournure”. A l’espace Barbara, les patientes doivent se fixer trois objectifs à atteindre tous les trois mois, dont l’un au moins concerne leur alimentation.”Et puis il y a les autres aspects: par exemple, on m’a suggéré de travailler sur le sourire de façade: arriver à ne pas sourire si ça ne va pas”, explique Lucie, dans un sourire fugace. Pour elle, “la peur de la nourriture n’est que la partie émergée de l’iceberg”. 

En Bretagne, une manifestation maritime et terrestre contre “l’empire Bolloré”

“Kenavo Bolloré !” Environ 300 personnes et une cinquantaine de bateaux ont manifesté samedi à terre et en mer dans le Finistère, fief du milliardaire Vincent Bolloré, accusé par les manifestants de véhiculer des idées d’extrême droite.Une flottille de bateaux devait initialement se diriger vers l’île du Loc’h, appartenant à la famille Bolloré, dans l’archipel des Glénan. Mais l’interdiction édictée par la préfecture maritime les en a dissuadés.Les voiliers et embarcations à moteur ont préféré converger vers le cap Coz, sur la commune de Fouesnant, non loin d’une autre propriété du milliardaire breton, à la pointe de Beg Meil.Drapeaux palestiniens, étendards oranges aux couleurs des Soulèvements de la Terre ou cerf-volant siglé “Kenavo Bolloré” ont envahi cette plage huppée de la côté bretonne.”Siamo tutti antifasciti” (“Nous sommes tous antifascistes”) ou “Tous féministes contre le carbo-fascime”, ont scandé les manifestants entre deux chants en hommage à la lutte centenaire des sardinières de Douarnenez (Finistère).”Bolloré, marionnettiste d’un monde fasciste”, ont affiché les militants sur la plage en lettre géantes, tandis qu’une banderole réclamait “moins de fachos, plus d’oiseaux”.”Le but de l’action est de montrer que Bolloré et ses idées d’extrême-droite n’ont pas leur place dans le Finistère”, a expliqué Marc (prénom d’emprunt), porte-parole des Soulèvement de la Terre.”On ne veut pas de néo-nazi qui garde les îles du Finistère”, a-t-il ajouté, en référence au militant d’ultra-droite Marc de Cacqueray-Valménier, qui aurait été embauché comme gardien de l’île du Loc’h, selon le site d’information lalettre.fr.Ancien responsable du groupuscule d’ultradroite “les Zouaves” dissous en janvier 2022, le militant de 26 ans a été condamné à deux reprises, en janvier 2022 et janvier 2025, à des peines de prison ferme pour violences contre des militants de SOS Racisme et contre un bar de la mouvance antifasciste.”M. Bolloré a racheté des médias pour véhiculer des idées d’extrême-droite et M. de Cacqueray en est le symbole”, a estimé Vincent Esnault, 53 ans, conseiller municipal d’opposition à Fouesnant.”L’empire médiatique Bolloré prône un fascisme décomplexé et diffuse des idées racistes, homophobes”, a abondé Rosalie (prénom d’emprunt), 27 ans, venue de Paris pour participer au week-end de mobilisation.Vendredi, un petit groupe de militantes a débarqué sur l’île du Loc’h pour y afficher des messages féministes, selon des photos diffusées par les organisateurs. “Wokes déterminées à couler Bolloré”, pouvait-on lire sur une des banderoles.

En Bretagne, la filière porcine met en avant des agrandissements “nécessaires” mais “exemplaires”

Un maire breton “conciliant”, des relations de voisinage cultivées avec autant de soin que ses champs, quatre millions d’euros et une coopérative à la manoeuvre sur l’administratif: en six ans, Mathis Talec a progressivement modernisé et agrandi l’élevage de porcs familial.Ses 270 truies sont inséminées dans un bâtiment flambant neuf (450.000 euros) qui leur permet de sortir de leur cage. Elles passent ensuite leur gestation sur paille avant de rejoindre la “maternité-liberté” (1 million) qui permet, peu après la mise-bas, de libérer la truie de sa cage pour la laisser évoluer auprès de ses petits.”On a visité dix maternités-liberté, chacune m’a apporté une idée”, explique l’éleveur à propos de ce système que la filière, régulièrement accusée de favoriser des exploitations industrielles et de ne pas en faire assez sur le bien-être animal, veut généraliser d’ici 2050.Les porcelets sont revigorés par un sol chauffé par une pompe à chaleur, une sonde permet à la truie de faire tomber dans l’auge sa nourriture – produite à la ferme ou sur la commune – et d’éviter le gaspillage.Les salles post-sevrage et d’engraissement ont été modernisées, la fosse à lisier couverte et d’immenses panneaux solaires installés.”J’essaye d’épandre le plus rapidement possible, de vite remuer la terre pour éviter les odeurs. Je traite mes cultures la nuit pour ne pas embêter les voisins”, explique Mathis Talec, qui, à 28 ans, travaille avec sa femme.Un élevage “exemplaire”, selon David Riou, éleveur et chargé de la responsabilité sociétale au sein de l’interprofession (Inaporc), déplorant la lourdeur des démarches administratives qui ralentit ses démarches à lui.Mathis Talec se félicite lui de l’assistance de Porélia, sixième coopérative française qui, en plus de lui assurer la vente de ses porcs charcutiers, lui a fourni une assistance logistique pour convaincre les banques de lui prêter plus de quatre millions d’euros en six ans mais surtout les autorités administratives qui demandent des dossiers “complexes”.”Ne manque plus que le tampon du préfet” pour l’autorisation environnementale, nécessaire puisqu’il dépasse le seuil de “2.000 places” de porcs charcutiers où se succèdent plusieurs générations de cochons par an, se félicite Morgane Rannou, sa présidente. Elle souligne le “courage” de l’éleveur, quand d’autres sont “plus réticents” à investir face aux “attaques d’associations anti-élevage”.- “Faire confiance aux éleveurs” -Le père de Mathis Talec produisait un peu plus de 6.000 porcs charcutiers par an, aujourd’hui, il atteint 8.500 et vise les 10.000. Au-delà, il fera partie des 4,5% des exploitations qui produisent le plus parmi les 13.000 existantes. Pour lui, l’agrandissement est signe d’embauches et de conditions de travail améliorées grâce à la modernisation. Avec deux salariés, il peut se permettre avec sa femme et ses deux enfants, “trois semaines de vacances par an et un week-end par mois”. En dix ans, la France a perdu 25% de ses élevages de plus de 300 porcs. En volume, la production a baissé de 3,9%, un rythme supérieur à la baisse de consommation (-3%). D’ici 2035, un tiers des éleveurs partira à la retraite et toutes les exploitations ne sont pas transmissibles, avec des investissements parfois trop lourds.”Si on veut produire le même nombre de porcs, il faut bien que les élevages s’agrandissent”, affirme Anne Richard, directrice de l’interprofession, rappelant que c’est la seule viande pour laquelle la France a un taux d’auto-approvisionnement “encore” proche de 100%.  “Il faut faire confiance aux éleveurs et leur enlever des contraintes, les élevages français n’ont rien à voir avec les élevages industriels chinois ou américains”, plaide-t-elle, quelques jours avant l’examen à l’Assemblée de la loi “Duplomb”, avec laquelle les éleveurs espèrent voir relever les seuils à partir desquels une autorisation environnementale est nécessaire et simplifier la procédure de consultation publique.L’objectif est “d’ouvrir les vannes aux élevages industriels”, déplore Sandy Olivar Calvo de Greenpeace, qui met en avant qu’une très petite minorité des élevages français est concernée par le régime d’autorisation et qu’il faut qu’elle le reste vu les “risques pour l’environnement”.Mathis Talec s’astreint lui à des pratiques d’épandage et à un traitement de ses effluents rigoureux dans une région touchée par la prolifération des algues vertes, attribuée en partie par des experts aux pratiques agricoles. 

Sexually assaulted and smeared in excrement: Uganda activist details torture in Tanzania

Stripped naked, beaten until she could no longer walk, sexually assaulted and covered in excrement: award-winning Ugandan activist Agather Atuhaire told AFP of the torture she suffered at the hands of security forces in Tanzania this week.Atuhaire, who won an International Women of Courage Award from the United States last year, was arrested on Monday …

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Chantal Goya fête son jubilé: “Le public c’est ma famille”

Marchande de rêves des petits devenus grands sur trois générations, Chantal Goya, éternelle Marie-Rose et cousine de Bécassine, fête à 82 ans ses cinquante ans de “music-hall pour enfants” avec une grande tournée des Zénith, jusqu’en mars. La chanteuse se produira dimanche deux fois à guichets fermés, devant 7.000 fans au total, au Palais des Congrès de Paris, sa scène fétiche où elle a donné plus de 450 concerts.QUESTION: Vous chantez depuis 1975 pour trois générations d’enfants. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?REPONSE: Tout est allé très vite et je n’arrive pas à réaliser. J’ai eu beaucoup de chance. Avec Jean-Jacques (Debout, son époux, NDLR), on a créé le music-hall pour enfants. Il a eu l’imaginaire que je n’ai pas. Sans lui, le personnage de Marie-Rose n’aurait jamais existé. Si je n’avais pas rencontré Jean-Jacques, je n’aurais jamais fait ce métier.Q: Comment êtes-vous devenue chanteuse ?R: Le 10 mai 1975, Jean-Jacques Debout m’a demandé au pied levé de remplacer Brigitte Bardot, malade, qui devait participer à une émission de Maritie et Gilbert Carpentier. Il m’a écrit la chanson “Adieu les jolis foulards”. Après l’émission, personne n’en voulait pour en faire un disque et finalement, ça s’est fait. On en a vendu un million! Brigitte Bardot m’a toujours porté chance. Elle m’a donné beaucoup de conseils. Un jour, (la chanteuse) Barbara m’a dit: “Des gens vont se moquer de toi, mais il va falloir que tu t’accroches. Tu vois, tous les petits qui sont là, ils seront un jour papa et maman, ils reviendront avec leurs enfants et tu deviendras une institution”. Je ne suis pas à la mode dans les médias, mais la plus belle radio, c’est radio papa-maman. Q: Vous ne regrettez pas de ne pas avoir fait carrière au cinéma ?R: À l’époque, je voulais être reporter de guerre et pas du tout artiste! Jean-Luc Godard me voulait pour “Masculin Féminin”. Ça ne s’est pas très bien passé car je lui ai dit que je n’embrasse personne et que je ne joue pas nue. J’ai quand même fait le film jusqu’au bout, à mes conditions. Il m’a dit : “Vous ne serez jamais une vedette!”. Je lui ai répondu: “Je m’en fous. J’ai une Vedette à la maison, ma machine à laver!”Q: Vous êtes souvent décriée voire moquée. Comment le vivez-vous ?R: Je m’en fous complètement! Je suis une toile cirée sur qui tout glisse! C’est ma force. J’ai un très fort caractère, comme l’avait ma mère. Donc je me défendrai toute ma vie!Q: Connaissez-vous le trac ?R: Pas du tout, au contraire. Chaque spectacle est une fête et je suis très contente. Vous savez, le public, c’est ma famille. Quand je vais voir quelqu’un de ma famille, je suis la plus heureuse. Pour cette tournée anniversaire, je suis émue. Mais je m’interdis de pleurer, sinon tout le monde va pleurer.Q: À quoi va ressembler votre jubilé sur scène à Paris et en tournée ?R: Je serai accompagnée de douze danseuses et dix enfants. Ce sera un mélange de mes grands spectacles, “Le soulier qui vole”, “La planète merveilleuse”, “Le mystérieux voyage” et “L’étrange histoire du château hanté”. Jean-Jacques m’a écrit deux nouvelles chansons, “50 ans d’amour” et “Ainsi”, qui racontent ma vie en trois minutes.Q: Qu’allez-vous dire à votre public ?R: Je ne saurai comment le remercier de m’avoir un jour choisi pour donner du rêve, en le transmettant à leurs enfants et petits-enfants. Le spectacle est aussi dans la salle: les enfants viennent déguisés en lapin, en chat botté ou en Bécassine et je les invite sur scène. C’est merveilleux!Q : Vous fêterez vos 83 ans le 10 juin. Pensez-vous à la retraite ?R : Je ne connais que la retraite aux flambeaux! Je n’ai pas fini! J’ai tellement d’idées dans la tête. Depuis toujours, j’ai la niaque et j’ai la chance d’être en bonne santé. Mes danseuses de 25 ans me demandent comment je fais car j’ai l’âge de leur grand-mère. Je ne veux pas mourir sur scène pour ne pas faire pleurer les petits enfants”.