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Yquem, Romanée-Conti, Pétrus: 2.500 bouteilles du marquis de Lur-Saluces vendues aux enchères à Paris

Yquem, Romanée-Conti, Pétrus… Près de 2.500 bouteilles issues de la cave du marquis de Lur-Saluces, figure du vin français, ont été vendues aux enchères jeudi à Paris pour un total de 784.200 euros (frais inclus), soit le double de l’estimation initiale, selon l’expert Ambroise de Montigny.Organisée par la maison Daguerre en collaboration avec Ambroise de Montigny, la vente s’est tenue à l’Hôtel Drouot dans une “salle bondée”, s’est réjoui le spécialiste auprès de l’AFP.”C’est plutôt un bon signe pour les ventes de vin qui sont généralement toutes dématérialisées”, a-t-il souligné. “On a eu une belle clientèle australienne, américaine et asiatique” et également “quelques restaurants étoilés français”, a-t-il précisé.Toutes les bouteilles provenaient de la cave personnelle d’Alexandre de Lur-Saluces au château de Fargues (Gironde), propriété du marquis pendant près de six décennies jusqu’à sa mort en 2023 à l’âge de 89 ans.L’essentiel de cette cave était constituée de millésimes de Château d’Yquem, seul premier cru supérieur de Sauternes, dans le Bordelais, dont il fut le président emblématique pendant plus de trente ans.La collection couvre près d’un siècle, de 1928 à 2019.”La différence de cette vente par rapport à d’autres en termes de vin, c’est qu’en principe, quand on vend une cave, on vend aussi bien des Bordeaux, des Bourgognes, des Sauternes… Là ce qui est mythique, c’est d’avoir 80% de la vente en Sauternes”, a précisé Ambroise de Montigny.Parmi les lots phares figuraient notamment des “crus rarissimes”, comme des bouteilles de 1935 vendues entre 3.250 et 3.770 euros et une bouteille de 1946 adjugée 3.640 euros. Outre les Sauternes, des crus Pétrus, Lafite Rothschild et Cheval Blanc ont également suscité l’enthousiasme des collectionneurs.Le record a été atteint par un vin de Bourgogne, un flacon de Romanée-Conti de 1990 vendu 17.000 euros. 

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

“Ne pas perdre de vue” l’abandon des “fossiles”, dit la cheffe de l’ONU environnement à la COP30

“Record battu”, “à côté de la cible”… les rapports phares du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) alertent depuis des années sur la nécessité de réduire les émissions de CO2, mais le monde écoute-t-il ? “Je pense que oui”, répond sa directrice exécutive, Inger Andersen,  dans un entretien à l’AFP à Belem, où se déroule la COP30, la conférence de l’ONU sur le climat rassemblant près de 200 pays.L’économiste danoise observe “des progrès” depuis l’accord de Paris sur le climat en 2015, tout en appelant les Etats à aller plus loin.QUESTION: Le PNUE estime que les derniers engagements de réduction des émissions des Etats (contributions déterminées au niveau national ou CDN) changent peu la trajectoire du réchauffement ce siècle. Les pays prennent-ils cette crise au sérieux?REPONSE: “Je pense que oui. On observe un effort dans certaines CDN, mais cet effort reste insuffisant. La question est: doit-on tout abandonner et rentrer chez nous? Non. C’est le moment de redoubler d’efforts.”Q: Les émissions continuent d’augmenter, faisant grimper les températures. Les COP doivent-elles aborder plus explicitement l’échec mondial à réduire ces émissions?R: “Une discussion sur les émissions est précisément ce qu’il nous faut — et c’est urgent. Qu’elle figure à l’ordre du jour formel ou non, l’essentiel est de ne pas perdre de vue que cette histoire doit se terminer par une réduction, un abandon progressif, une transition hors des énergies fossiles, pour ne plus avoir les émissions dont nous parlons.”Il faut développer à grande échelle les alternatives capables d’alimenter notre monde, car nous sommes, vous et moi comme le reste de la planète, dépendants des énergies fossiles. Aujourd’hui, nos économies en dépendent dans de nombreux pays.”Q: Les tentatives de conclure un traité mondial contre la pollution plastique ont échoué cette année à Genève. Le PNUE poussait pour un résultat ambitieux en un temps record. Avez-vous été trop optimiste?R: “J’ai été l’une de celles qui ont plaidé pour une date limite – bouclons cela en deux ans. Est-ce que je savais que nous n’y parviendrions pas? C’était très probable. Il nous a fallu 17 ans pour aboutir au traité sur la haute mer, 21 ans pour obtenir un objectif climatique. Mais nous n’avons ni 21 ans ni 17 ans pour le plastique, car il est partout. Nous avons organisé six sessions en deux ans et demi. Ce qui va se passer (ensuite), c’est ce qui se passe dans toutes les négociations: nous entamons un nouveau cycle. Et parfois, c’est lorsque l’on est au plus bas que l’on arrive à se focaliser.”Q: Aucune délégation fédérale américaine n’est présente à Belem. Au vu du rôle de Washington dans les récentes négociations environnementales, la COP30 s’en porte-t-elle mieux?A: “Non, dans le multilatéralisme, nous souhaitons voir les 193 États membres représentés. Bien sûr, nous respectons la décision d’un gouvernement souverain. Mais nous aimerions clairement voir une présence, quelles que soient les positions des gouvernements. Pour être claire: les États-Unis étaient présents à Genève, et je ne leur impute pas l’échec des discussions. C’était un échec collectif, et tout le monde – y compris l’ONU – doit réfléchir à la manière de mieux faire la prochaine fois.”

Au procès d’un naufrage de migrants, passeurs présumés et victime dans le même box

Des peines allant de trois à quinze ans de prison ferme ont été requises par le parquet jeudi à Paris à l’encontre de huit hommes, afghans et kurdes irakiens, accusés d’être les “passeurs” à l’origine d’un naufrage meurtrier dans la Manche en 2023.Dans ce drame qui avait entraîné la mort de sept candidats afghans à l’exil vers le Royaume-Uni, la représentante du ministère public a en revanche demandé au tribunal de libérer le neuvième prévenu, un ressortissant soudanais originaire du Darfour et pilote présumé de l’embarcation, en reconnaissant à ce rescapé du naufrage sa qualité de “victime”.Agés de 23 à 45 ans, poursuivis notamment pour homicides involontaires, les huit autres prévenus, “aveuglés par leur volonté d’enrichissement”, ont “mis à disposition des embarcations de fortune surchargées à l’extrême”, a fustigé la procureure durant ses deux heures de réquisitions qu’elle a démarrées par la lecture des noms des sept victimes. “Alors qu’ils n’aspiraient qu’à l’espoir d’une vie meilleure, ils sont morts du mépris de ces passeurs pour la vie”, a-t-elle affirmé.- Chambres à air -L’affaire remonte à la nuit du 11 au 12 août 2023, lorsqu’un “small boat” avec 67 personnes à bord quitte la plage de la Huchette, près de Calais. En haute mer, après une avarie de moteur, le pneumatique de fortune chavire et les passagers afghans, ainsi que les deux pilotes présumés, se retrouvent à la mer, pour certains équipés de bouées faites de chambres à air gonflées. Bilan: sept morts et soixante personnes prises en charge par les secours maritimes français et britanniques.Le procès qui s’est ouvert le 4 novembre devait examiner les responsabilités individuelles des prévenus présentés comme un réseau de passeurs qui organisait des traversées pour des migrants en situation irrégulière.Selon l’enquête, ce réseau était organisé en deux branches, l’une irako-kurde chargée de la logistique, l’autre afghane chargée du recrutement des candidats à l’exil. Mais la présidente du tribunal s’est heurtée en dix jours d’audiences à l’amnésie collective de la part de prévenus parfois en détention déjà depuis un an et demi, et qui ont nié toute implication dans le naufrage. La procureure a assumé des réquisitions d’une “extrême fermeté” envers les deux Kurdes irakiens, moteurs du réseau aux méthodes musclées, selon les enquêteurs.Elle a demandé 12 ans de prison ferme pour Tariq H. et 15 ans pour Idriss K., qui “n’a jamais fait autre chose que cette activité de passeur depuis qu’il est arrivé en Europe” et se livrait à une guerre de territoire sur le littoral français avec des passeurs “concurrents”.- “Appât du gain” -A l’encontre des prévenus afghans, le ministère public a requis 3 et 4 ans de prison concernant deux hommes pour lesquels il n’a pas retenu la qualification d’homicides involontaires. Il a demandé 8 ans d’emprisonnement pour trois autres et 9 ans pour un dernier, toujours sous mandat d’arrêt.Seul le sort du rescapé soudanais doit “être distingué de celui des autres prévenus”, a estimé le ministère public.Lors du procès, Ibrahim A. 31 ans, a été le seul à s’ouvrir sur son parcours chaotique.La procureure ne l’a pas cru, lorsqu’il a nié avoir tenu la barre de l’embarcation qui a fait naufrage, et a demandé pour lui deux ans prison avec sursis pour homicides involontaires, qui sont déjà couverts par sa détention depuis le 16 août 2023.Mais elle lui a surtout reconnu “un statut de victime, au regard de son parcours de vie depuis sa naissance dans un pays en guerre perpétuelle”, jusqu’à la plage de Calais.”Il est temps que vous sortiez de détention”, a-t-elle lancé en direction du box vitré derrière lequel il était assis, la tête entre ses mains, aux côtés des autres prévenus.”La vie vous a conduit à être un exilé, à débuter une migration sans fin, dans des conditions d’insécurité extrêmes, dont le sort s’est trouvé entre les mains de passeurs sans scrupules, animés uniquement par l’appât du gain”, a souligné le ministère public. Il est aussi le seul, dans le box, contre lequel une interdiction définitive du territoire français n’a pas été demandée.Délibéré le 18 novembre.

Huit premiers détenus transférés à la prison sécurisée de Condé-sur-Sarthe

Le transfert des huit premiers détenus à la prison de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe (Orne), la deuxième du genre à entrer en service après celle de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), ont eu lieu jeudi, selon plusieurs sources concordantes.Il y a eu “sept transferts par la route et un par hélicoptère” a indiqué à l’AFP Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO-Justice, dont le syndicat est “favorable à la création de ces quartiers”.En début d’après-midi, un convoi de plusieurs véhicules, dont quatre fourgons blancs, gyrophares allumés, ont pénétré dans l’enceinte de la prison, où de nombreuses forces de l’ordre étaient présentes, ont constaté des journalistes de l’AFP. Un hélicoptère s’est ensuite posé dans l’enceinte de la prison avant de redécoller quelques minutes plus tard.”A l’heure actuelle, on sait qu’il y a une petite dizaine de détenus qui sont arrivés sur l’établissement” a pour sa part déclaré à des reporters d’images de l’AFP Joseph Rousseaux, secrétaire interrégional FO Justice.Selon M. Rousseaux, ces détenus, dont “les identités et les profils” n’étaient pas encore connus, sont “liés au grand banditisme et aux narcotrafiquants” et proviennent “de région parisienne parce qu’ils ont mutualisé pour faire un transfert”.Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé mardi soir sur TF1 qu'”une quarantaine” de détenus seraient transférés dans ce quartier de lutte contre la criminalité organisée (QLCO) d’ici la fin du mois, lequel accueillera au total “une centaine” de prisonniers.Début octobre, lors d’une visite ouverte à la presse de ce centre pénitentiaire, son directeur Vincent Vernet avait assuré qu’il avait été prévu un “maximum d’activités au sein du bâtiment pour vraiment sectoriser les choses et étanchéifier par rapport aux autres quartiers”.Et pour limiter le nombre d’extractions judiciaires, “on a créé (…) une salle de visioconférence dans le bâtiment”, avait-il ajouté.L’objectif de ces structures ultra-sécurisées est de placer totalement à l’isolement des détenus présentés par les autorités comme issus du haut du spectre de la criminalité organisée, selon un régime de détention très strict inspiré de la lutte antimafia en Italie.Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a évalué à environ 500 le nombre de détenus considérés comme particulièrement dangereux parmi les 86.000 personnes actuellement incarcérées en France.Ces QLCO sont censés les empêcher de communiquer avec l’extérieur, notamment pour continuer à gérer leurs trafics.Le premier de ces quartiers a ouvert cet été à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où sont notamment incarcérés le jihadiste du 13-Novembre Salah Abdeslam et le narcotrafiquant Mohamed Amra.Le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe a connu plusieurs prises d’otages et attaques de surveillants ces dernières années alors qu’il est l’un des plus récents et modernes de France.cor-mac-mch-jfm/mb/hj

Budget de la Sécu: selon la copie de l’Assemblée, le déficit pourrait atteindre 24 milliards d’euros, prévient Farandou

A l’issue de l’examen en première lecture projet de budget de la sécurité sociale à l’Assemblée, le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, s’est dit jeudi soir “inquiet du déficit”, dans un entretien au Parisien, estimant qu’il pourrait atteindre 24 milliards d’euros en 2026, plus que cette année.A ce stade “il nous manque beaucoup d’économies que l’on a du mal à faire voter”, a-t-il reconnu. “Notre objectif était de le réduire, en le faisant passer de 23 à 17 milliards d’euros. Aujourd’hui, selon nos derniers calculs, nous pourrions atteindre les 24 milliards”, a précisé le ministre.”Quand la copie finale arrivera à l’Assemblée en décembre, tout le monde devra faire un pas vers l’autre”, a-t-il ajouté, en appelant à “la responsabilité de tous les parlementaires”.Si le projet de budget de la Sécu était adopté dans sa version modifiée par l’Assemblée, “nous passerions d’un déficit de 17,5 milliards d’euros” prévu initialement par le gouvernement, à un déficit “d’environ 24,3 milliards d’euros”, avait aussi expliqué plus tôt dans la journée Thibault Bazin (LR),rapporteur général de la commission des Affaires sociales, au lendemain de la fin de l’examen du texte en première lecture par les députés.Selon ses calculs, les changements apportés par l’Assemblée nationale au projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026 creuseraient son déficit de 6,8 milliards.Le projet de budget de la Sécurité sociale va être examiné par le Sénat à partir de la semaine prochaine, dans sa version modifiée par l’Assemblée.Interrogé par ailleurs sur l’intention du gouvernement de revoir le dispositif des ruptures conventionnelles dans le cadre de l’assurance chômage, M. Farandou a noté qu’elles “se sont beaucoup développées”.”Les allocations chômage versées à des salariés qui sortent de ruptures conventionnelles représentent un quart des versements”, a-t-il rappelé. “On peut craindre qu’il y ait une forme de dérive. Nous avons donc proposé aux partenaires sociaux de s’en emparer”, a-t-il dit.À quelle échéance ? “D’ici à la fin de l’année”, selon le ministre. “On voudrait aller assez vite pour trouver quelques centaines de millions d’euros d’économies. Toutes les pistes me vont bien”, a-t-il affirmé.

Dordogne: nouveau survol d’une usine d’armement par un drone

Le site de la société Eurenco, qui produit de la poudre à propulsion d’obus à Bergerac en Dordogne, a de nouveau été survolé par un drone non identifié mercredi, a-t-on appris jeudi auprès de la préfecture et du parquet.Cette unité pouvant produire jusqu’à 1.200 tonnes de poudre par an pour l’armée française avait déjà fait l’objet de deux survols illégaux lundi soir.”De nouveaux faits de survol illicite du site de production d’Eurenco par un drone se sont produits hier (mercredi)”, a déclaré jeudi à l’AFP Anne-Cécile Dumonteil, procureure de la République à Bergerac, qui a ouverte une enquête en flagrance “du chef de survol volontaire par le pilote d’un aéronef d’une zone interdite”, confiée au commissariat de Bergerac.”Malgré la mobilisation immédiate de la police nationale, les recherches pour retrouver le télé-pilote se sont avérées vaines”, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la préfecture.La société a indiqué jeudi soir avoir déposé plainte, comme elle l’avait fait après les premiers survols mardi, et “ne fera pas d’autres commentaires à ce stade” pour “des raisons de sûreté et de défense”.Eurenco, créé en 2004, est le leader européen des poudres et explosifs avec deux sites en France (Bergerac et Sorgues dans le Vaucluse), un en Suède et un en Belgique. L’entreprise compte quelque 1.700 employés et a réalisé près de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 – il a doublé en cinq ans.Ses poudres, propulsives ou explosives, sont utilisées dans l’ensemble des munitions françaises et beaucoup de munitions européennes, bombes, têtes de missiles et de torpilles, obus ou munitions de moyen calibre.Son unité périgourdine de production de poudre a été inaugurée en mars, près de 20 ans après la délocalisation de cette production en Suède en 2007, faute de commandes, actant une relocalisation stratégique au moment où l’Europe souhaite se réarmer.

‘Like a horror movie’: 770 km of fear for those fleeing Sudan’s El-Fasher

Survivors of the bloody takeover of El-Fasher walked for days through the desert, past bodies and armed men who humiliated them, desperate to escape the Sudanese city now overrun by paramilitary forces.Several gave harrowing accounts to AFP, describing scenes of terror as nearly 100,000 people fled the last army stronghold in western Darfur after its …

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La Cnam condamnée pour le suicide d’une médecin conseil “débordée”

La Cnam a été condamnée jeudi à Strasbourg pour homicide involontaire après le suicide en 2023 d’une médecin conseil “débordée”, un drame qui jette une lumière crue sur un métier “délicat”.Le tribunal judiciaire de Strasbourg a suivi les réquisitions du procureur, qui avait réclamé une amende de 50.000 euros pour la Caisse nationale de l’assurance maladie lors d’une audience début octobre.Le 12 décembre 2023, le docteur Catherine Dumas-Pierog, 44 ans, se défenestrait depuis le 3e étage des bureaux de l’assurance maladie à Strasbourg, quelques heures après avoir reçu son planning du mois suivant.Dans un signalement adressé au procureur de la République en octobre 2024, l’Inspection du travail estimait que la médecin, embauchée en mai 2023 à l’Echelon local du service médical du Bas-Rhin, avait été victime d’un homicide involontaire de la part de son employeur.”Je n’arrive pas à m’améliorer, je n’arrive pas à m’intégrer, je n’en peux plus, je craque, je vous demande pardon”, avait-elle écrit dans un billet manuscrit laissé sur son bureau, selon le signalement de l’Inspection du travail que l’AFP s’est procuré.”Selon l’étude de sa boîte mail, la victime envoyait des courriels très tôt le matin (le plus tôt constaté à 05H32 du matin) de manière fréquente”, selon le même document.- Menaces de mort -Par ce jugement, “la justice reconnaît que la responsabilité de la Cnam était engagée pour ne pas avoir suffisamment veillé au bien-être psychosocial” d’une salariée, a commenté pour l’AFP Me Laurent Paté, défenseur de la Fédération CFDT de la protection sociale, partie civile au procès.Dans cette optique, le jugement “est une décision importante car il y a assez peu de jurisprudence dans ce genre d’affaires”, a-t-il relevé, même si dans les années 2000 les affaires de suicides chez France Télécom (devenu Orange) “ont défrayé la chronique” et illustré la problématique du harcèlement moral.Les médecins conseil de la Sécurité sociale exercent “une mission délicate”, rappelle Me Paté: ils sont notamment chargés de vérifier le bien fondé des arrêts maladie et de reconnaître les cas de maladies professionnelles. Ils sont parfois en proie à des violences physiques ou verbales de la part des assurés.”La victime avait fait l’objet de menaces de mort en juin 2024″, selon les inspecteurs du travail.- Porte fermée -Le signalement de l’Inspection du travail relevait qu’à la suite d’une nouvelle organisation en 2019 et la mise en place d’un nouveau logiciel, le docteur Dumas-Pierog s’était trouvée “débordée par son travail”. Son suicide “ne saurait être considéré comme un acte local et isolé” dénonçait l’Inspection du travail, évoquant une “tentative de suicide d’un manager” dans les services parisiens de la Sécurité sociale et une alerte à la souffrance au travail en Bretagne.La réorganisation baptisée “Smmop” pour “Service médical management organisation performance” avait fait l’objet en 2021 d’une alerte relative aux risques psychosociaux établie par la médecine du travail qui évoquait “une souffrance au travail de nombreux salariés causée par un management vertical”.Concernant le Dr Dumas-Pierog, sa hiérarchie avait été alertée deux semaines avant son passage à l’acte, selon la même source.La victime, qui avait déjà exercé ce métier entre 2008 et 2016, “s’est trouvée en conflit entre la pression des objectifs à atteindre et un manque d’autonomie dans sa gestion” induite par la réorganisation du travail des médecins conseil.Ces derniers “n’ont plus la main sur la gestion des dossiers médicaux (…) Dès qu’un dossier est traité un autre prend sa place”, relevaient les inspecteurs du travail.Les contacts entre collègues “se font essentiellement par courriels”, selon le signalement, qui note que la victime ne participait plus depuis plusieurs semaines aux repas entre collègues “et fermait la porte de son bureau”. Contactée par l’AFP, la Cnam n’avait pas réagi jeudi soir à ces informations.