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Un “Emmaüs de la mer” à la recherche de trésors recyclables dans les cimetières de bateaux

Aux portes de la Camargue, des dizaines de coques percées, recouvertes de lichen, gisent sur un terrain vague au fond d’un port. Un cimetière de bateaux devenu le terrain de jeu d’une association qui recycle des pièces de navires de plaisance voués à la casse.”On est des pilleurs d’épaves”, lâche en souriant Guillaume Delaunay, l’un des trois bénévoles de La Tribu Maritime, affairé à dévisser un vieux tableau de bord qu’il imagine déjà en jouet pour enfants.Cette petite association, active sur la façade méditerranéenne, explore les bateaux promis à la destruction pour y dénicher des pièces détachées réutilisables ou recyclables qu’elle revend depuis peu à des particuliers, tel un “Emmaüs de la mer”.Elle est l’une des rares ressourceries en France spécialisée dans le matériel maritime et nautique, avec la Recyclerie Maritime au Croisic (Loire-Atlantique).Depuis janvier, elle estime avoir permis d’éviter 3,3 tonnes de déchets en intervenant en amont de la déconstruction des navires. Environ un tiers provient du cimetière de port Napoléon, à Port-Saint-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône), avec qui l’association a signé un partenariat. Le reste a été récupéré sur les bateaux de propriétaires volontaires.Ce jour-là, la collecte est fructueuse: trois portes en bois exotique, des caillebotis et deux longs hublots en métal, “réutilisables sur un bateau, mais aussi dans un camping-car ou même une salle de bain…”, s’enthousiasme le co-fondateur de La Tribu, Thomas Bekkers.Conséquence de l’essor de la navigation de plaisance depuis les années 1950, la France compterait actuellement quelque 150.000 bateaux en fin de vie, selon le site du ministère de la Transition écologique, citant des chiffres de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).Au port Napoléon, le directeur Emmanuel Juste voit les épaves s’accumuler depuis son arrivée, il y a huit ans. Un “empêchement à son activité économique” selon lui, puisque sur 1.000 places à sec (et 250 à flot), 50 bateaux ont déjà acquis le statut d’épave et 20 à 50 sont en passe de l’acquérir.Un navire de plaisance “est vendu neuf, donc cher, à quelqu’un qui en a les moyens. Puis il est revendu d’occasion (…) à des propriétaires qui ont de moins en moins les moyens. Et avec le temps, le bateau se dégrade. Au bout de 40 ans, les propriétaires ne peuvent plus assumer le rattrapage des travaux coûteux”, analyse-t-il.  Ces navires deviennent d’abord des “bateaux ventouses”: ils ne naviguent plus, se détériorent lentement, puis finissent souvent abandonnés à la suite d’un événement de la vie, comme un décès ou une faillite.- 5 euros le compas de navigation -Or pendant longtemps, ce stock d’épaves n’a pas été anticipé, regrette M. Juste, car ce n’est que depuis 2019 que la déconstruction des bateaux de plaisance est gratuite pour les propriétaires.Gérée par l’APER (Association pour la Plaisance Eco–Responsable), éco-organisme labellisé, la filière de déconstruction, qui applique le principe de “pollueur-payeur”, est financée par une éco-contribution sur la vente de bateaux neufs.Depuis 2019, plus de 13.100 bateaux ont été détruits, dont 2.500 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, selon les chiffres de l’APER, qui a signé une convention avec La Tribu Maritime fin 2024 pour développer la filière du réemploi. Reste, pour le directeur de port Napoléon, le problème des coûts non pris en charge: le transport jusqu’au centre de déconstruction – jusqu’à 10.000 euros pour les plus grands navires – et surtout la destruction des bateaux sous pavillon étranger – environ 1.000 euros la tonne. Alors “chaque kilo recyclé, ce sont des coûts en moins”, assure Emmanuel Juste. D’où l’intérêt pour tous de développer cette filière.Un constat partagé par les plaisanciers venus chiner de bonnes affaires vendredi à la ressourcerie ouverte fin octobre par La Tribu, à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Oscar Damaso, éducateur spécialisé proche de la retraite et co-fondateur de l’association, accueille dans le petit hangar spartiate.À la recherche d’un nouveau compas vertical pour leur bateau, Peggy Barroso et son amie lorgnent sur le prix scotché sur le bac: cinq euros. “Neuf, ça coûte entre 100 et 150 euros”.

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“Fini la pétrochimie”: à Bruxelles, des emballages à base de champignons

D’un blanc laiteux, légers et prêts à accueillir des savons, des emballages produits à partir de champignons attendent les visiteurs de la “première usine de mycomatériaux d’Europe”, revendique son PDG. Ceux-là sont “destinés à des hôtels”, explique Julien Jacquet, à la tête de la société belge Permafungi qui fabrique ces packagings entièrement biodégradables. Le fondateur ne s’en cache pas, il est du genre “idéaliste”, un David contre Goliath qui voudrait défier la montagne des polystyrènes polluants avec ses nouveaux produits durables.Mais la quête de rentabilité s’annonce rude. A ce stade, Permafungi reste dans une niche avec ses emballages sur mesure pour des savonneries plutôt haut-de-gamme.A Bruxelles, dans le petit milieu de l’économie circulaire, cette entreprise de 12 salariés s’est bâtie une notoriété depuis une dizaine d’années en recyclant le marc de café des bistrots pour produire des champignons comestibles.Afin de passer à la vitesse supérieure, elle vient d’ouvrir, après deux ans de travaux, une usine qui s’attaque au secteur ultra concurrentiel de l’emballage.Julien Jacquet critique les emballages industriels “produits à l’autre bout du monde” et dérivés du pétrole. Lui voudrait “rapprocher l’utilisateur du packaging”, grâce aux… champignons de la forêt de Soignes, qui jouxte la capitale belge.En pratique, l’entreprise récupère d’abord des déchets que des industries traditionnelles délaissent, comme la sciure de bois, et les place dans des moules.Puis le mycélium – considéré comme la racine du champignon – fait son travail. En se nourrissant des déchets, il se développe et prend la forme voulue par le client. La masse à la “texture de tofu” termine son parcours en salle de séchage avant d’être démoulée puis livrée.- “Beaucoup de promesses” -“Fini la pétrochimie. Ici les champignons poussent et on les aide grâce au recyclage de l’eau de pluie et à la coopération des machines” qui accélèrent la production, revendique l’entrepreneur.Panneaux solaires sur le toit, local à vélo en bois, le projet est dans l’air du temps. Il résonne avec une loi européenne qui prévoit que tous les emballages soient recyclables à partir de 2030.Permafungi a ainsi bénéficié d’une subvention de deux millions d’euros de l’Union européenne ainsi que d’aides régionales.La petite entreprise a en outre réussi à convaincre un investisseur privé, le fonds suisse Après-Demain – groupe pharmaceutique du milliardaire Thierry Mauvernay – qui a mis un million d’euros dans le projet.Ce fonds “veut soutenir une entreprise à impact” , qui utilise des ressources de proximité plus “respectueuses de l’environnement”, explique l’un de ses responsables Sébastien Beth. Mais “pour durer”, l’entreprise bruxelloise aura besoin “d’être rentable dans les deux à cinq ans”, reconnaît cet investisseur aguerri. Des développements sont annoncés avec deux vignobles, une marque de montres et une enseigne de bougies. Julien Jacquet table sur un chiffre d’affaires de trois millions d’euros dans trois ans.De l’Europe aux Etats-Unis, des projets à base de champignons sont régulièrement lancés depuis le milieu des années 2000.”Il y a eu beaucoup de promesses depuis très longtemps, y compris pour fabriquer des biocarburants”, mais le problème “c’est la mise à l’échelle et le coût”, explique Luc Vernet, du centre de réflexion Farm Europe, spécialiste de l’agriculture et de l’alimentation.”Le point du blocage” demeure “la concurrence des produits fossiles, portés par un prix du pétrole bas”, souligne-t-il.L’UE promet fin novembre une stratégie sur la bio-économie, dont un soutien aux biomatériaux.L’enjeu est crucial en matière d’emballages, source de pollution toujours plus grande. Selon les données de l’UE, chaque Européen produisait près de 190 kg de déchets d’emballages en 2021 et ce chiffre passera à 209 kg en 2030, sans mesures supplémentaires.Julien Jacquet souligne aussi que son projet permet d’ouvrir une usine en ville, dans une Europe qui a tant souffert de la désindustrialisation.Le nouveau site de Permafungi est installé à quelques centaines de mètres de l’usine automobile Audi, définitivement fermée depuis fin février et qui employait quelque 3.000 salariés à Bruxelles.

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Droits de douane et taxe carbone, des barrières aux négociations de la COP30

À Belém, ville qui accueille les négociations climat de la COP30, difficile de manquer la BYD Dolphin Mini, une citadine électrique chinoise qui domine le marché automobile au Brésil. Alors qu’elle est rare en Europe et introuvable en Amérique du Nord.Les barrières aux échanges commerciaux sont un sujet qui pèse sur ce sommet de l’ONU, alors que la Chine pousse pour exporter plus librement ses technologies vertes. De grandes économies remettent aussi en cause l’Europe pour sa “taxe carbone” sur des produits comme l’acier ou les engrais.Des pays en développement, non concernés par ce Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), craignent que le dispositif n’en inspire d’autres.”Le commerce international, dans cette COP, contrairement aux précédentes, est déjà promu au rang des préoccupations”, explique à l’AFP Li Shuo, expert du climat et de la Chine à l’Asia Society. “On peut déjà s’attendre à ce qu’il soit la partie la plus prépondérante du résultat”.Traditionnellement, l’ambition politique et la finance dominent les discussions des COP: de combien réduire les émissions de gaz à effet de serre, quels montants apporter aux pays en développement pour se détourner des énergies fossiles…Outre la Chine, des pays comme l’Inde ou le Brésil ont tenté les années précédents d’imposer le commerce international comme sujet, en vain jusqu’à cette année. Mardi, une ébauche d’accord final publié par la présidence brésilienne de la COP30 consacre un paragraphe au commerce, dans lequel plusieurs options concurrentes, plus ou moins fortes, sont présentées.Le ton avait été donné lors de la venue des chefs d’État et de gouvernement à Belem, où le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang avait exhorté à “lever les barrières au commerce et assurer la libre circulation des produits verts de qualité”.- “Décarbonation radicale” -L’UE impose de lourds droits de douane aux véhicules chinois, pouvant monter au-delà de 45%, en fonction du constructeur. Le Canada et les États-Unis plus encore, dépassant 100%.Un négociateur d’un pays du Sud-Est asiatique explique à l’AFP que dans cette région on s’appuie sur des technologies chinoises à coût réduit, dont on trouvait “illogique” et “incohérent” que les Occidentaux se privent.”Il nous faut mener une décarbonation radicale de l’économie mondiale dans les deux prochaines décennies si nous voulons atteindre les objectifs de températures de l’accord de Paris. Dans la mesure où les politiques commerciales posent des barrières à notre réussite, c’est un sujet légitime”, estime Alden Meyer, analyste du groupe de réflexion E3G, interrogé par l’AFP à Belém.Le MACF, censé éviter la concurrence déloyale d’entreprises soumises à des normes environnementales moins strictes que dans l’Union européenne, est sévèrement critiqué par des pays émergents.”Les pays du Nord, après avoir utilisé des industries fortement carbonées pour se développer, baissent leur rideau face aux pays du Sud”, résume Mohamed Adow, du centre de réflexion Power Shift Africa.- Objectifs strictement climatiques -L’inquiétude va au-delà des industries concernées. Un négociateur d’un pays africain exportateur de cacao se montre préoccupé par le futur règlement anti-déforestation de l’UE, qui exigera une preuve qu’un produit ne vient pas d’une terre récemment gagnée sur la forêt.Les 27 insistent pour dire que le MACF vise bien des objectifs strictement climatiques, et non économiques.”Mettre un prix sur le carbone est une voie que nous devons explorer avec autant de monde que possible, dès que possible”, a martelé lundi le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.”Certains pays disent une chose ici dans les négociations, et une autre quand on leur parle en bilatérale”, précisait à l’AFP l’ambassadeur suédois au Climat, Mattias Frumerie. Pour lui, ces pays reconnaissent en privé que la taxe carbone est une incitation efficace.La Russie a attaqué le Mécanisme devant l’Organisation du mondiale du commerce, mais ses instances de contentieux sont paralysées depuis 2019. Et le Royaume-Uni et le Canada réfléchissent à leur propre taxe carbone.Personne n’attend que la COP de Belém ne résolve ” par magie” ces différends, souligne David Waskow, du centre de recherche World Resources Institute. “On veut les faire remonter à la surface, on veut se titiller. Parfois ça peut amener à repenser des politiques”.

Macron demande “d’amplifier” la lutte contre le trafic de drogues, après l’assassinat de Mehdi Kessaci

Emmanuel Macron a demandé mardi “d’amplifier” la lutte contre le trafic de drogues lors d’une réunion d’urgence à l’Elysée, organisée après plusieurs faits criminels ces derniers jours, dont l’assassinat du frère d’un militant écologiste à Marseille, un “crime d’intimidation” marquant “un point de bascule” selon le gouvernement.Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a ajouté à l’issue de cette réunion qu’il se rendrait, avec son homologue de la Justice Gérald Darmanin, dès ce jeudi à Marseille à la demande du chef de l’Etat. Le président réunira de nouveau les acteurs de la lutte contre les trafics de drogue “mi-décembre” à l’Elysée puis se “rendra lui-même sur place à Marseille”, a complété M. Nuñez.”On a constaté que les trafiquants et notamment ceux qui dirigent les mafias marseillaises sont de plus en plus à cran parce que nous menons des actions qui sont extrêmement efficaces”, a poursuivi le ministre.Plusieurs responsables politiques ont appelé mardi matin l’exécutif à passer de la parole aux actes concernant un fléau qui devient un thème majeur des élections municipales de mars prochain.Etaient aussi présents à l’Elysée les ministres des Comptes publics, Amélie de Montchalin, et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ainsi que des magistrats spécialisés dont le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessonne.Le directeur national de la police judiciaire Christian Sainte participait également à cette réunion. Le ministre de la Justice Gérald Darmanin y était en visioconférence depuis les Emirats arabes unis.  Jeudi, le frère du militant écologiste Amine Kessaci, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, a été abattu par balle à Marseille. Le procureur Bessone n’a pas exclu un assassinat d’avertissement.Selon une source proche du dossier, le chef de l’Etat a lui-même téléphoné au militant écologiste, dont un autre frère, Brahim, avait aussi été tué en 2020.Par ailleurs à Grenoble, un jeune adolescent a été touché dans la nuit de samedi à dimanche par trois balles près d’un point de vente de drogue. Ses agresseurs sont en fuite.- Parquet spécialisé -Cette réunion au sommet mardi matin a notamment été organisée, selon l’Elysée,  afin d’intensifier la mise en œuvre de la loi promulguée en juin pour lutter contre le narcotrafic, qui monte “en puissance”. Celle-ci prévoit “l’installation du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) qui sera officiellement créé le 1er janvier prochain”, précise l’Elysée.Ce nouveau parquet sera compétent sur les dossiers les plus graves et complexes en matière de crime organisé, sur le modèle du parquet national antiterroriste (Pnat) et du parquet national financier (PNF). Gérald Darmanin a proposé de nommer la magistrate Vanessa Perrée à sa tête.Le ministre de la Justice avait défendu au Parlement la loi sur le narcotrafic, qui comprenait aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs, et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l’isolement les narcotrafiquants les plus dangereux. – Un thème des municipales -A quatre mois des municipales, le thème s’invite dans la campagne électorale.Le candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a ainsi réclamé “l’état d’urgence à Marseille”, une mesure qui donne davantage de pouvoir aux préfets pour interdire certains rassemblements ou décider de perquisitions administratives.Le thème devrait aussi être abordé au congrès de l’Association des maires de France (AMF) cette semaine à Paris.La loi narcotrafic est “une bonne loi” mais “au delà des affichages ou des réunions d’urgence, ce qu’il faut maintenant, c’est l’exécution des choses”, a réclamé son président David Lisnard sur BFMTV/RMC. L’AMF avait déjà organisé une table ronde sur le narcotrafic l’année dernière car “cette réalité nous la vivons dans les grandes villes, les villes moyennes mais aussi les villages”, a souligné le maire LR de Cannes.sm-mby-lum-far/mat/sla

Réunion d’urgence à l’Elysée sur la lutte contre le narcotrafic après plusieurs faits divers

La montée en puissance du narcotrafic s’impose au sommet de l’Etat: Emmanuel Macron organise mardi matin une réunion d’urgence pour intensifier la mise en œuvre de la loi récente contre les trafics de drogue après plusieurs faits criminels dramatiques ces derniers jours, notamment à Marseille. Plusieurs responsables politiques ont appelé mardi matin l’exécutif à passer de la parole aux actes sur un fléau qui devient un thème majeur des élections municipales de mars prochain.Seront notamment à l’Elysée le Premier ministre Sébastien Lecornu, les ministres Gérald Darmanin (Justice), Laurent Nuñez (Intérieur), Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) et Amélie de Montchalin (Comptes publics). Le procureur de Marseille Nicolas Bessone, le directeur général de la police nationale et celui de la police judiciaire seront également présents. Jeudi, le frère du militant écologiste Amine Kessaci, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, a été abattu par balle à Marseille. Le procureur Bessone n’a pas exclu un assassinat d’avertissement.Selon une source proche du dossier, le chef de l’Etat a lui-même téléphoné au militant écologiste, dont un autre frère, Brahim, avait aussi été tué en 2020.Par ailleurs à Grenoble, un jeune adolescent a été touché dans la nuit de samedi à dimanche par trois balles près d’un point de vente de drogue, et est toujours dans le coma lundi. Ses agresseurs sont en fuite.- Parquet spécialisé -Cette réunion au sommet doit porter, selon l’Elysée, sur la “mise en œuvre” et “la montée en puissance” de la loi narcotrafic, qui a été promulguée en juin. Celle-ci prévoit “l’installation du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) qui sera officiellement créé le 1er janvier prochain”, précise l’Elysée.Ce nouveau parquet sera compétent sur les dossiers les plus graves et complexes en matière de crime organisé, sur le modèle du parquet national antiterroriste (Pnat) et du parquet national financier (PNF).La magistrate Vanessa Perrée, dont Gérald Darmanin a proposé la nomination pour prendre la tête du futur Pnaco, sera également présente à la réunion mardi.Le ministre de la Justice avait défendu au Parlement la loi sur le narcotrafic, qui comprenait aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs, et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l’isolement les narcotrafiquants les plus dangereux. Gérald Darmanin a estimé la semaine dernière que le drame survenu à Marseille constituait “un point de bascule effrayant qui doit faire prendre conscience du danger de cette mafia du narcobanditisme à l’ensemble de la société française”.- Un thème des municipales -A quatre mois des municipales, le thème s’invite dans la campagne électorale.Le candidat RN à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a ainsi réclamé “l’état d’urgence à Marseille”, une mesure qui donne davantage de pouvoir aux préfets pour interdire certains rassemblements ou décider de perquisitions administratives.Selon son entourage, la réunion à l’Elysée pourrait aborder la question de la protection des candidats aux municipales. Et sur X, Marine Le Pen a appelé “l’exécutif à se ressaisir” face aux “gangs qui ensanglantent la France”.Le thème devrait aussi être abordé au congrès de l’Association des maires de France (AMF) cette semaine à Paris.La loi narcotrafic est “une bonne loi” mais “au delà des affichages ou des réunions d’urgence, ce qu’il faut maintenant, c’est l’exécution des choses”, a réclamé son président David Lisnard sur BFMTV/RMC. L’AMF avait déjà organisé une table ronde sur le narcotrafic l’année dernière car “cette réalité nous la vivons dans les grandes villes, les villes moyennes mais aussi les villages”, a souligné le maire LR de Cannes.Une priorité partagée par des élus de tous bords. “C’est un véritable fléau”, a reconnu sur RTL le secrétaire national du Parti communiste et maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) Fabien Roussel.”Mais ce n’est pas la police municipale qui pourra lutter contre les narcotrafiquants. Si Emmanuel Macron sort de cette réunion avec un communiqué de presse, mais sans aucun moyen d’urgence dédié aux services de l’Etat, c’est du vent”, a-t-il prévenu.

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Les civelles en danger, un marché opaque qui profite aux gangs haïtiens

Pêchés pour quelques billets dans l’embouchure des rivières d’Haïti, les bébés anguilles s’exportent pour des milliers de fois plus. Et dans un pays gangréné par les gangs, ce secteur très lucratif, dopé par la demande asiatique pour cette espèce menacée, profite aux réseaux criminels, selon des experts.Appelées zangi ou tizangi en créole haïtien, les civelles, jeunes poissons ressemblant à de petits vermicelles, dérivent chaque année depuis la mer des Sargasses, dans l’Atlantique nord, jusqu’aux côtes de l’île d’Hispaniola que se partagent Haïti et la République dominicaine, remontant les rivières où elles grandiront et vivront jusqu’à leur retour en mer pour se reproduire.Alors que le commerce international de l’anguille européenne est strictement contrôlé depuis 2009 par la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites), celui de l’anguille américaine ne l’est pas.Cette dernière est pourtant classée “en danger” sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature, résultat notamment de la surpêche de ce poisson que les éleveurs ne peuvent pas reproduire en captivité.Les civelles sont ainsi principalement utilisées pour alimenter les fermes d’élevage dans des pays d’Asie où l’anguille est une spécialité gastronomique très prisée.- “Secteur mafieux” -Selon la Cites, Haïti et la République dominicaine sont “devenus des exportateurs clés” de civelles américaines ces dernières années.Pour les protéger, mais aussi empêcher que des anguilles européennes, impossibles à différencier des autres à l’oeil nu, continuent à être expédiées vers l’Asie sous de fausses étiquettes, l’Union européenne et le Panama veulent que la Cites restreigne le commerce de toutes les anguilles.Si cette décision est prise lors d’une réunion qui commencera le 24 novembre en Ouzbékistan, “il est certain qu’elle va pénaliser plusieurs acteurs, les exportateurs, notamment, les petits pêcheurs pauvres et vulnérables” en Haïti, explique à l’AFP le ministre haïtien des ressources naturelles Vernet Joseph.Il assure que pour protéger l’espèce, son pays -qui n’est pas partie à la Cites- a mis en place une “approche sobre”, en réduisant “de manière significative et régulière le prélèvement global”, tout en reconnaissant le manque d’informations sur l’état de l’espèce.A Haïti, le secteur de la civelle, entièrement tourné vers l’export, n’est pas “organisé” et ne communique pas de “données claires et fiables, que ce soit au niveau des exploitants ou du gouvernement”, dit à l’AFP un militant écologiste sous le couvert de l’anonymat. “C’est un secteur mafieux”.”De plus en plus d’éléments montrent que des Haïtiens font partie d’un réseau criminel plus large lié au trafic lucratif d’anguilles, opérant en Haïti et au delà”, alertait en début d’année Ghada Waly, patronne de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, évoquant l’implication de “personnalités politiques et économiques puissantes”.Depuis, les experts de l’ONU chargés de surveiller les sanctions contre les gangs haïtiens ont enquêté auprès des pêcheurs, intermédiaires, douaniers, compagnies aériennes…Leur rapport publié en octobre décrit l'”opacité” d’un secteur “peu réglementé” qui crée “un environnement idéal pour les criminels”.- De nuit, les pieds dans l’eau -Le gouvernement octroie certes des licences d’exportation, mais le manque de contrôle permet le blanchiment d’argent, l’extorsion par les gangs qui “taxent” pêcheurs et transporteurs, et permet l’ajout dans les cargaisons d’autres marchandises, illégales, dans un pays qui sert notamment de transit à la cocaïne, expliquent ces experts.Et cette opacité empêche d’avoir des données fiables sur les quantités exportées, insistent-ils, évoquant uniquement le chiffre de 800 tonnes de “capacité” d’exportation annuelle communiqué par le gouvernement en 2019.Un volume susceptible de générer des profits considérables.Selon le rapport, le prix à l’exportation d’un gramme de civelles haïtiennes (7 à 10 individus) tourne en effet entre 3,6 et 4,5 dollars. Mais les pêcheurs ne sont payés que 0,5 à 1,5 dollar par kilo.Un revenu toutefois conséquent dans un pays en crise. Alors de l’automne au printemps, les pêcheurs “passent douze heures dans des conditions difficiles, pieds nus dans l’eau à l’embouchure des rivières, de 18h00 au lever du soleil, sans équipement approprié”, raconte le militant écologiste.Pour attraper les minuscules poissons translucides, ils utilisent le plus souvent des “cahiers”, outils artisanaux faits d’une moustiquaire tendue sur un cadre de bois.Le rapport cite un pêcheur anonyme de Bas-Limbé qui raconte le “chacun pour soi” dans cette activité provoquant régulièrement des noyades.”Mieux vaudrait fermer la pêche de l’anguille et aider ces pêcheurs à avoir le matériel pour attraper d’autres espèces en mer”, plaide le militant écologiste.

TotalEnergies visé par une plainte pour “complicité de crimes de guerre” au Mozambique

TotalEnergies est visé à Paris par une plainte pour “complicité de crimes de guerre, torture et disparitions forcées” au Mozambique, pour des faits datant de 2021 sur le site de son méga-projet gazier qui était alors à l’arrêt, a appris mardi l’AFP de l’ONG plaignante.L’association allemande European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) accuse le groupe français d'”avoir directement financé et soutenu matériellement la Joint Task Force (JTF), composée de forces armées mozambicaines, alors que celle-ci aurait détenu, torturé et tué des dizaines de civils” entre juillet et septembre 2021, selon son communiqué de presse.Ces exactions se seraient produites à l’entrée du site du projet gazier Mozambique LNG, dont TotalEnergies est le premier actionnaire (26,5%) et l’opérateur, et qui était alors en pause après une attaque jihadiste meurtrière en mars 2021 sur la ville voisine de Palma (nord). La plainte a été transmise lundi au parquet national antiterroriste (Pnat) à Paris, compétent pour les crimes de guerre.Elle fait suite à des allégations rapportées par le média Politico en septembre 2024, puis par SourceMaterial et Le Monde, et que TotalEnergies conteste.Contacté mardi par l’AFP, TotalEnergies n’a pas commenté dans l’immédiat. “Il apparaît impensable que TotalEnergies puisse opposer son ignorance des crimes de l’armée mozambicaine, mais aussi plus particulièrement des accusations de violations des droits humains visant la Joint Task Force, dès lors que la société les rapporte elle-même dans plusieurs documents internes transmis à ses financeurs publics”, affirme à l’AFP Clara Gonzales, directrice du programme entreprises et droits humains à l’ECCHR.Cette plainte intervient alors que le géant des hydrocarbures français s’est dit prêt le 25 octobre à relancer le projet du consortium Mozambique LNG estimé à 20 milliards de dollars, en vue d’un début de production en 2029.Après l’attaque de jihadistes liés au groupe Etat islamique, actifs dans la province du Cabo Delgado depuis 2017, le groupe français avait déclaré la “force majeure” et suspendu son projet, en avril 2021. Le site avait alors été laissé sous la garde des forces de l’armée mozambicaine, regroupées dans la JTF, créée en 2020 en vertu d’un accord entre la filiale locale de TotalEnergies, Tepma 1, et le gouvernement de Maputo. Cet accord est interrompu en octobre 2023. – “Nouveaux” éléments -Selon Politico, lors de leur contre-offensive contre les jihadistes, des soldats travaillant pour le site ont intercepté des habitants et enfermé entre 180 et 250 hommes dans des conteneurs, les accusant de soutenir l’insurrection.  Détenus pendant trois mois, ils ont été battus, affamés et torturés, et plusieurs ont été tués. Les 26 derniers prisonniers sont libérés en septembre 2021, selon l’enquête du journaliste Alex Perry, sur la foi de témoignages.Mozambique LNG avait alors assuré n’avoir “jamais reçu d’information indiquant que de tels événements aient effectivement eu lieu”. Par la suite, la société a indiqué avoir demandé en novembre 2024 aux autorités mozambicaines de diligenter une enquête, officiellement annoncée en mars 2025 par le bureau du procureur général. Au même moment, la Commission nationale des droits humains confirmait lancer ses investigations, comme sollicité par TotalEnergies fin 2024. Selon l’association ECCHR, TotalEnergies était “au courant” de violations de droits humains par les forces armées.Le Monde et Source Material avaient affirmé en novembre 2024 que TotalEnergies avait, dès avril 2021, connaissance d’accusations d’actions violentes de la JTF sur des civils, selon des rapports sociaux émanant des équipes de Mozambique LNG et transmis à l’agence italienne de crédit à l’exportation (SACE), qui soutient le projet.Or pour l’ONG, “TotalEnergies a continué de soutenir directement la JTF” en fournissant logement, nourriture et des primes “conditionnées au respect des droits humains”.ECCHR avance aujourd’hui de “nouveaux documents” obtenus auprès des autorités néerlandaises, qui font état d’échanges entre l’agence hollandaise de crédit à l’export publique Atradius DSB et TotalEnergies, évoquant dès mai 2020 des risques d’atteintes aux droits humains des forces armées. Selon l’ONG, deux enquêtes d’agences de crédit à l’export ont été ouvertes.Cette plainte doit “être entendue comme un message par les financiers publics et les banques telles que Société générale et Crédit agricole pour qu’ils engagent leur retrait immédiat du projet”, a réagi auprès de l’AFP, Lorette Philippot, des Amis de la Terre France, qui s’oppose à “l’expansion gazière au Mozambique”.

Pêche, cannabis et cocaïne: dans les ports français, le poison de la drogue

“Quand t’es +défoncé+, en cas d’avarie ou de mauvais temps, ça peut vite mal tourner”: depuis une trentaine d’années, la drogue empoisonne la pêche française. Face au nombre élevé d’accidents, une nouvelle campagne de prévention sera lancée l’an prochain.Sur l’île d’Oléron, Matthieu Guérit, 32 ans, est l’un des rares marins pêcheurs à parler ouvertement de ce sujet “sensible” mais reconnu par la profession “comme une réalité”.Dans la cabine exiguë de son chalutier amarré au port de Boyardville, il livre sans fard son passé d’ancien consommateur, des premiers “pétards”, pour faire “l’ado rebelle” au lycée maritime, à sa “très forte dépendance” au cannabis, avec prise “occasionnelle” de cocaïne.Ses rares consommations en mer sont stoppées net par la “paranoïa” et les “crises d’angoisse”, dès que le bateau “roule un peu trop”, car “ça peut vite mal tourner”. Mais le jeune matelot côtoie alors des collègues “cocaïnomanes”, “défonçés en cachette au Subutex” ou “bourrés au vin de cuisine, parce qu’il ne restait plus rien”.C’est grâce au soutien de son “entourage” et à la confiance d’un patron à la “discipline militaire” que lui a pu sortir la tête de l’eau.Aujourd’hui armateur, ce pêcheur d’encornets, seiches et céteaux conserve de ces années une “difficulté à faire confiance” quand il n’est pas à la barre, sur une île “où tout le monde se connaît et où tu sais qui en prend et qui n’en prend pas”.- Accidents mortels -Au port de la Cotinière, un camion de l’association Tremplin 17, financé par l’Agence régionale de santé, s’installe “discrètement” pour recevoir et accompagner des marins concernés.”Réussir à dire non, c’est parfois très compliqué”, note Alice Parvery, éducatrice spécialisée qui les aide, avec un infirmier, à travailler “l’affirmation de soi”.”La drogue, c’est un vrai fléau qui génère des accidents et des problèmes de cohabitation à bord”, reconnaît Philippe Micheau, président du comité départemental des pêches en Charente-Maritime.Selon le ministère de la Mer, la pêche est l’activité nautique professionnelle “la plus accidentogène”, avec en moyenne “10 cas mortels par an”.En mai dernier, la mort d’un enfant de huit ans, percuté par un bateau alors qu’il faisait du dériveur devant le Cercle de voile d’Arcachon (Gironde), a fortement marqué les esprits. Mis en examen pour homicide involontaire aggravé, le pêcheur a admis avoir consommé cocaïne et cannabis, dans un cadre festif selon lui, la veille de l’accident.La profession est aujourd’hui l’une des plus dépistées, un test positif pouvant remettre en cause l’aptitude à la navigation.En 2024, 68.000 tests urinaires ont été réalisés sur des marins: “près de 3%” étaient positifs au cannabis, “0,6% à la cocaïne”, selon la direction du service de santé des gens de mer (SSGM).- “Trompe-l’œil” -Des chiffres “en trompe-l’œil” pour marins et professionnels de santé, qui décrivent des stratagèmes de “triche” et “d’abstinence” pour ne pas se faire repérer.Un rapport d’analyse de 2013 du laboratoire universitaire lyonnais UMRESTTE portant sur 1.000 marins pêcheurs d’Aquitaine et de Charente-Maritime avait montré que 46% des moins de 35 ans étaient positifs au cannabis et 8% des moins de 25 ans à la cocaïne.Pour mieux évaluer les consommations, à l’heure où la poudre blanche afflue sur le pays, le ministère lancera début 2026 une vaste enquête épidémiologique.Besoin de vigilance, isolement social, stress lié à la météo, aux avaries et accidents du travail: autant de raisons possibles d’expliquer la prise de substances addictives. La pêche au large serait plus touchée que la côtière, les bateaux fileyeurs davantage que les chalutiers.”A bord, le temps est long. Vous n’avez pas toujours la télé. C’est souvent chacun dans sa couchette, on ne joue plus aux cartes. Avant, on buvait du pinard et on fumait des clopes, aujourd’hui on prend de la drogue”, décrit un ex-médecin du SSGM, pour qui l’addiction majeure demeure “l’alcool”.- “Au cul du bateau” -Les marins sont aussi la “cible” des dealers qui “connaissent les horaires d’arrivée de certains navires” et démarchent “au cul du bateau”, pointe le ministère.”La drogue, c’est avant tout une dérive de la société qui s’impose en mer, pas une béquille pour supporter les conditions de travail”, assure le président du syndicat des professionnels de la pêche artisanale (Synadepa), Johnny Wahl, résumant le sentiment général des marins interrogés par l’AFP.Au lycée maritime de La Rochelle, Marion Briaud, intervenante à Tremplin 17, prévient d’emblée les élèves: “Vous entrez dans un milieu où il y a de fortes chances que certains d’entre vous voient des collègues ou des patrons consommer de la cocaïne”.”Un matelot drogué sur mon bateau, moi je le fous à l’eau”, s’agace un armateur local. Craignant d’être “stigmatisés”, d’aucuns assurent de leur “vigilance” malgré la pénurie de main d’œuvre car en cas d’accident, “il en va de leur entière responsabilité”. “On n’est ni des médecins, ni des policiers ou douaniers”, soupire Franck Lalande, un armateur arcachonnais.”Nous n’avons pas le pouvoir de faire des contrôles à bord”, abonde Johnny Wahl. “Un matelot drogué, ça ne se voit pas forcément sur sa gueule, et on ne fouille pas les sacs”, ajoute le pêcheur oléronnais qui regrette qu’en cas de tests positifs, “aucune information ne soit communiquée aux armateurs”.