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A Porto Rico, un réseau local d’énergie solaire contre les pannes incessantes

Dans sa maison nichée au coeur des montagnes luxuriantes de Porto Rico, Enid Medina-Guzman a toujours des bougies à portée de main en cas de panne. Mais ces difficultés sont peut-être révolues grâce à l’installation de panneaux solaires.Dans l’île caribéenne, tout le monde se souvient de l’ouragan Maria, en 2017, qui avait ravagé routes, maisons et pylônes électriques au point où il avait fallu près d’un an aux autorités pour rétablir le courant sur l’ensemble de ce territoire rattaché aux Etats-Unis. La privatisation du réseau électrique quatre ans plus tard devait, elle, régler les problèmes récurrents de panne. En vain.”Ici, il pleut beaucoup et, dès qu’il y a un peu de vent, le courant est coupé très vite. Alors quand c’est la nuit, et qu’il fait très chaud, on ne peut ni dormir ni se reposer”, raconte à l’AFP la sexagénaire, à Adjuntas, ville de 20.000 âmes dans le centre de l’île où elle a toujours vécu.Ces pannes à répétition “ne sont pas normales”, lance Mme Medina-Guzman en allumant ses bougies dans sa petite maison truffée d’icônes pendant qu’une équipe installe les batteries qui stockeront sous peu l’énergie du soleil captée par des panneaux photovoltaïques. “Il y a beaucoup de gens comme moi qui vivent dans des endroits reculés, qui ont parfois un jour, parfois deux jours sans électricité, c’est un peu difficile” et les coûts “sont très élevés”.- “Transformation plus large” -Comme pour le reste de cette île de trois millions d’habitants, Adjuntas a été privé d’électricité dans la foulée du passage de Maria. Mais dans le square central, une vieille maison rose, la Casa Pueblo, était restée un phare dans les ténèbres grâce à ses panneaux solaires montés sur son toit. Après le passage de l’ouragan, les habitants pouvaient y recharger leurs téléphones et surtout brancher du matériel médical comme des appareils à oxygène. La radio communautaire pouvait aussi émettre, devenant ainsi une précieuse source d’information pour les montagnards.Casa Pueblo a été fondée en 1980 par un groupe de citoyens qui s’opposaient à l’époque à un vaste projet de mine à ciel ouvert dans la région. L’association s’est imposée progressivement comme un modèle d’indépendance énergétique et citoyenne.”Notre but ne se limite pas à la transition des combustibles fossiles vers le solaire. Certes, nous devons produire une énergie propre et renouvelable, mais nous aspirons à une transformation plus large en faveur de la justice écosociale”, dit à l’AFP Arturo Massol-Deyá, directeur de Casa Pueblo.”Cela veut dire que les infrastructures énergétiques doivent être détenues par les citoyens et donc que la production énergétique se démocratise”, explique celui qui est tombé jeune dans la marmite, ses parents étant les fondateurs de cette association.- “Faire la différence” -Aujourd’hui, Casa Pueblo bâtit un réseau local de citoyens branchés sur le solaire et donc en mesure d’avoir accès à de l’électricité en cas de panne sur le réseau national. Quelque 300 foyers ont été branchés et reliés entre eux, dont celui récemment d’Enid Medina-Guzman. A quoi s’ajoutent des commerces.Comme l’Autorité énergétique de Porto Rico avait mis en place en 2018 le “net metering”, un mécanisme de facturation qui crédite les consommateurs de l’excédent d’électricité venant de leurs systèmes d’énergies renouvelables comme le solaire, Casa Pueblo parvient à revendre ses surplus.  “Le modèle traditionnel est unilatéral, exploiteur, monopolistique et dictatorial”, dit M. Massol-Deyá, expliquant que les autorités “décident des prix et de la distribution”. “Parfois, ils échouent et ne peuvent pas fournir le service. Vous pouvez ainsi perdre votre nourriture ou ne pas être en mesure d’utiliser des équipements médicaux”, ajoute-t-il.”Cette insécurité énergétique engendrait de nombreux problèmes. Mais, plus maintenant”, ajoute M. Massol-Deyá, en vantant son modèle qu’il qualifie de “voie du changement”.Pour Sergio Rivera-Rodriguez, qui fait partie d’un groupe d’universitaires étudiant l’impact de la sécurité énergétique sur des populations reculées comme celle d’Adjuntas, le modèle de Casa Pueblo “fonctionne bien et peut être reproduit ailleurs”.”Certes, il ne s’agit que d’une municipalité, mais cela fait la différence”, explique à l’AFP M. Rivera-Rodriguez. Une goutte d’eau, ou plutôt un rayon de soleil car “les changements structurels prennent des années à se réaliser”.

Des puissances européennes exhortent à mettre fin à “la catastrophe humanitaire” à Gaza

“La catastrophe humanitaire à laquelle nous assistons à Gaza doit cesser immédiatement”, ont exhorté vendredi Paris, Londres et Berlin, alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a alerté sur une forte hausse de la malnutrition, notamment des femmes et des enfants.Réagissant à l’alerte lancée par l’ONU et les ONG qui dénoncent un risque de famine imminente et généralisée, les trois capitales européennes ont appelé dans un communiqué commun le gouvernement israélien à “lever immédiatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide”. Début mars, Israël a imposé sur la bande de Gaza un blocus total, très partiellement assoupli fin mai, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant, et suscitant des critiques croissantes sur l’aggravation de la faim.Selon le Programme alimentaire mondial, l’agence de l’ONU s’occupant de l’aide alimentaire, un tiers environ des habitants de la bande de Gaza ne mangent pas pendant des jours.”La malnutrition est en forte augmentation, avec 90.000 femmes et enfants ayant besoin d’un traitement urgent”, a ajouté vendredi le PAM dans un communiqué à l’AFP, affirmant que “la crise alimentaire à Gaza a atteint des niveaux de désespoir sans précédent”.Dans leur communiqué commun, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne rappellent à Israël qu’il “doit respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire”.”Le moment est venu de mettre fin à la guerre à Gaza”, ajoutent-elles, exhortant “toutes les parties à mettre un terme au conflit en concluant immédiatement un cessez-le-feu”, après 21 mois de guerre.Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, s’est joint à leurs voix en affirmant que son pays ne pouvait plus accepter “les massacres et la famine” dans la bande de Gaza.Les inquiétudes se portent en particulier sur le nombre croissant d’enfants souffrant de malnutrition.Médecins sans frontières (MSF) a indiqué qu’un quart des enfants âgés de six mois à cinq ans et des femmes enceintes et allaitantes examinés la semaine dernière dans ses installations souffraient de malnutrition.Israël rejette toute responsabilité et accuse le Hamas de détourner l’aide, ce que le mouvement palestinien dément.- “paix durable” -Berlin, Paris et Londres ont par ailleurs réitéré leur appel à la libération des otages israéliens et au désarmement du mouvement islamiste palestinien Hamas.Ils disent également “s’opposer fermement à toute tentative visant à imposer la souveraineté israélienne sur les territoires palestiniens occupés”. “Les menaces d’annexion, les colonies et les actes de violence commis par les colons à l’encontre des Palestiniens compromettent les perspectives d’une solution négociée prévoyant la coexistence de deux États”, mettent-ils en garde.Jeudi, le premier ministre britannique Keir Starmer avait annoncé qu’il allait avoir un “entretien d’urgence” sur la situation à Gaza avec ses homologues français, Emmanuel Macron, et allemand, Friedrich Merz.Le communiqué des trois capitales ne précise pas s’il est paru avant ou après cet entretien.Dans un communiqué publié en parallèle de leur déclaration conjointe, Keir Starmer a indiqué que Londres n’allait pas immédiatement reconnaître l’Etat de Palestine, après l’annonce par Emmanuel Macron d’une reconnaissance formelle par la France lors de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre à New York.Le Premier ministre britannique a réaffirmé que la reconnaissance d’un Etat palestinien “doit être une des étapes” vers une “paix durable” dans la région.L’attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l’armée.Les représailles israéliennes ont fait 59.676 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l’ONU.

Après l’échec de sa traversée de la Manche en mini-hélicoptère, Franky Zapata veut déjà retenter

Un départ en grande pompe puis un amerrissage en urgence: l’inventeur Franky Zapata n’est pas parvenu à traverser la Manche vendredi à bord de son nouveau véhicule volant, sorte de petit hélicoptère hybride nommé “AirScooter”, mais se prépare à une nouvelle tentative d’ici quelques semaines.L’inventeur de 46 ans, ancien champion de jet-ski, est surnommé “l’homme volant” après avoir traversé, il y a six ans, la trentaine de kilomètres qui séparent les côtes françaises de l’Angleterre à bord d’un “flyboard”, un exploit qu’il n’a réussi qu’à sa seconde tentative.”On n’apprend jamais autant que d’un échec”, a souligné vendredi soir devant la presse à Sangatte Blériot-Plage (Pas-de-Calais) M. Zapata, qui a connu une avarie avant d’atteindre l’Angleterre. “J’ai connu dans ma vie plus d’échecs que de réussites”.Après qu’un moteur thermique latéral est tombé en panne, “je voyais les batteries qui descendaient, il a fallu se mettre en stationnaire et couper les moteurs”, a expliqué M. Zapata à son retour en bateau, regagnant le quai pieds nus, souriant malgré son échec.L’amerrissage a été amorti par un parachute, et le pilote a immédiatement été repêché par un bateau, mais il a fallu récupérer la machine tombée à l’eau, avec l’aide de sauveteurs de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM).”On a plongé sous l’eau, on n’avait pas de combi, on avait un froid pas possible. Dévisser les bras, c’était une belle galère”, a souligné M. Zapata, en ramenant les bras de l’hélicoptère démontés, sous les applaudissements de quelques dizaines de curieux.”Il faut retraverser, ça c’est sûr”, a-t-il lancé, évoquant un délai de quelques semaines. “Il faut battre le fer tant qu’il est chaud”, a-t-il ajouté. Avant septembre ? “Ca, c’est obligatoire je pense”, a-t-il souri.- Silence quasi-total -Avant le départ, Franky Zapata avait reconnu “un petit stress”, soulignant que c’était “la fin de cinq années de recherche et développement intensives”.Il a décollé à 15H08 à quelques mètres de Blériot-Plage, du nom de l’aviateur Louis Blériot qui était devenu, il y a 116 ans jour pour jour sur cette même plage, le tout premier aviateur à traverser la Manche.L’AirScooter, une sorte de petit hélicoptère une place à moteur hybride pouvant atteindre la vitesse de 100 km/h, a rapidement gagné en vitesse. Franky Zapata avait embarqué une vingtaine de litres de carburant pour sa tentative, suffisamment pour tenter l’aller-retour.Quelques minutes plus tard, il n’était plus qu’un minuscule point à l’horizon, au milieu des voiliers, ferries et navires de la marine nationale qui sillonnent ce bras de mer très fréquenté.Son équipe s’est regroupée derrière des écrans de contrôle, où régnait un silence quasi-total au moment de l’amerrissage.Un public nombreux s’était installé de part et d’autre de la zone de décollage pour suivre la tentative de traversée, certains patientant plusieurs heures.Zapata n’a commencé qu’il y a quelques semaines à voler à bord de l’engin de 115 kg, “développé pour le récréatif” selon ses mots. Une fois dans les airs, ce n’est “que de la promenade”, a-t-il assuré.Son ambition est, d’ici à début 2026, d’implanter à Las Vegas, dans le Nevada (Etats-Unis), un centre de vol de loisir, ouvert au grand public. Selon la réglementation américaine, l’engin peut être utilisé sans licence de pilote en tant que “véhicule ultraléger”, précise l’entreprise.Ce projet de centre de vol n’est “pas du tout” remis en cause ou retardé par l’échec de vendredi, car “la machine a fait exactement ce qu’elle avait à faire”, a-t-il affirmé, soulignant que ce centre permettra des vols sur la terre ferme, et non au-dessus de l’eau comme vendredi.”L’objectif, c’est de faire voler en premier les amis, la famille, l’équipe. Et puis tout le monde qui a envie de voler”, selon Franky Zapata.Le 4 août 2019, il avait atteint les côtes anglaises en une vingtaine de minutes à bord de son “Flyboard”, une planche volante dotée de cinq mini-turboréacteurs qui lui permettaient d’évoluer jusqu’à 190 km/h.

“La catastrophe humanitaire à Gaza doit cesser immédiatement”, exhortent Paris, Londres et Berlin

“La catastrophe humanitaire à laquelle nous assistons à Gaza doit cesser immédiatement”, ont exhorté vendredi Paris, Londres et Berlin, dans un communiqué commun.Réagissant à l’alerte lancée par l’ONU et les ONG qui dénoncent un risque de famine imminente et généralisée, les trois capitales européennes ont appelé le gouvernement israélien à “lever immédiatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide”. La France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne rappelent également à Israël qu’il “doit respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire”.”Le moment est venu de mettre fin à la guerre à Gaza”, ajoutent-ils, exhortant “toutes les parties à mettre un terme au conflit en concluant immédiatement un cessez-le-feu”.Ils réitèrent leur appel à la libération des otages israéliens et au désarmement du Hamas.Ils disent également “s’opposer fermement à toute tentative visant à imposer la souveraineté israélienne sur les territoires palestiniens occupés”. “Les menaces d’annexion, les colonies et les actes de violence commis par les colons à l’encontre des Palestiniens compromettent les perspectives d’une solution négociée prévoyant la coexistence de deux États”, mettent-ils en garde.Jeudi, le premier ministre britannique, Keir Starmer, avait annoncé qu’il allait avoir un “entretien d’urgence” sur la situation à Gaza avec ses homologues français, Emmanuel Macron, et allemand, Friedrich Merz.Le communiqué publié vendredi ne précise pas s’il est paru avant ou après cet entretien.

Face aux critiques, la France défend sa décision de reconnaître l’Etat de Palestine

La France a défendu vendredi sa décision de reconnaître l’Etat de Palestine, affirmant qu’elle visait à “donner raison au camp de la paix”, en réponse aux virulentes critiques d’Israël et des Etats-Unis qui accusent Paris de faire le jeu du Hamas.L’annonce faite jeudi soir par le président Emmanuel Macron en vue d’une reconnaissance formelle par la France d’un Etat de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre à New York, a suscité la colère d’Israël, qui a dénoncé une “récompense de la terreur”, en référence à l’attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023.Le secrétaire d’Etat Marco Rubio a “fermement” rejeté jeudi cette décision “imprudente” qui “ne sert que la propagande du Hamas”.Vendredi, le président Donald Trump a, lui, relativisé la portée de cette décision de son homologue français. “C’est quelqu’un de très bien, je l’apprécie, mais cette déclaration n’a pas beaucoup de poids”, a-t-il affirmé à la presse: “Cela ne changera rien”.L’ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, avait ironisé, affirmant que M. Macron n’avait pas précisé où serait situé le futur État palestinien, “je peux désormais révéler en exclusivité que la France offrira la Côte d’Azur”, a-t-il déclaré sur X.Côté palestinien, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a salué vendredi “une victoire pour la cause palestinienne”. Le mouvement islamiste Hamas, rival du Fatah de M. Abbas, a dit voir dans cette décision un “pas positif”.Paris a assuré que sa décision ne récompense pas le Hamas, mais lui “donne tort”. “Le Hamas a toujours refusé la solution à deux États. En reconnaissant la Palestine, la France donne tort à ce mouvement terroriste. Elle donne raison au camp de la paix contre celui de la guerre”, a écrit sur X le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.- “Etat Hamas” -M. Macron fait également face aux critiques en France, de la part de la droite et de l’extrême droite, dont la leader Marine Le Pen a estimé que “reconnaître aujourd’hui un Etat palestinien, c’est reconnaître un Etat Hamas et donc un Etat terroriste”. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé “une faute morale, une erreur diplomatique et un danger politique”. La France abrite la première communauté juive d’Europe, avec près de 500.000 personnes (moins de 1% de la population).Pays du G7 et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la France rejoindra en septembre un groupe d’au moins 142 autres Etats qui ont reconnu un Etat palestinien, selon un décompte de l’AFP.Cette annonce apparaît comme une tentative de faire bouger les lignes, alors que les discussions pour un cessez-le feu patinent, après 21 mois d’une guerre qui a plongé Gaza dans une situation humanitaire désastreuse.Depuis l’attaque du 7-octobre, qui a tué 1.219 personnes côté israélien, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles, Israël mène des représailles militaires qui ont fait 59.587 morts à Gaza, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l’ONU.”La catastrophe humanitaire à laquelle nous assistons à Gaza doit cesser immédiatement”, ont exhorté vendredi Paris, Londres et Berlin, dans un communiqué commun, appelant “le gouvernement israélien à lever immédiatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide et à permettre de toute urgence à l’ONU et aux ONG humanitaires de mener à bien leur travail afin de lutter contre la famine”.- Divisions – Si l’Irlande, l’Espagne, la Norvège et la Slovénie ont acté la reconnaissance de l’Etat de Palestine en 2024, les Européens restent divisés sur la question d’un Etat de Palestine.Berlin a répété vendredi “ne pas envisager de reconnaître un Etat palestinien à court terme”.Le Premier ministre britannique Keir Starmer a, lui, insisté début juillet sur l’importance de l’obtention d’un cessez-le-feu pour amorcer un “processus” de reconnaissance.La France coprésidera en septembre avec l’Arabie saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement pour essayer de relancer la solution dite “à deux Etats”, palestinien et israélien.Une réunion au niveau ministériel sur le sujet se tient lundi et mardi à New York.

Climat: l’avis de la Cour internationale de justice, non-contraignant mais juridiquement explosif ?

Contraindre les grands Etats à réduire leur pollution carbone qui réchauffe la planète est peut-être hors de portée de la plus haute cour mondiale, mais l’avis historique qu’elle a rendu mercredi fournit une arme redoutable aux pays et aux militants à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique.Même s’il est consultatif et non contraignant, l’avis de la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l’ONU, n’est pas sans pouvoir, bien au contraire.La Cour a conclu que le droit international, tel qu’il se déduit des traités en vigueur, des jurisprudences et de la coutume, lie tous les pays à une série d’obligations de protection du climat. Et de nombreux experts concordent à dire que cette analyse va influencer les tribunaux de la planète, les négociations sur le climat et les délibérations politiques à travers le globe.”Les juges sont unanimes pour conclure que le droit international impose aux États des obligations claires et contraignantes de ne pas causer de dommages massifs à l’environnement en général, et de ne pas nuire au système climatique en particulier”, estime Cesar Rodriguez-Garavito, directeur du Climate Law Accelerator à l’université de New York, joint par l’AFP.Selon la CIJ, les plans nationaux de réduction des gaz à effet de serre doivent par exemple refléter l’ambition la plus élevée de l’accord de Paris, soit l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Un niveau que le monde pourrait atteindre dès cette décennie, selon les climatologues.La Cour affirme aussi que les États, s’ils ne respectent pas ces obligations, pourraient être tenus de réparer les infrastructures ou les écosystèmes endommagés et, à défaut, de faire l’objet de demandes d’indemnisation.Certes, “nous sommes loin d’un litige entre deux pays où l’un réclame à l’autre d’assumer sa responsabilité et payer des dommages climatiques passés et présents, mais en théorie, la Cour crée une ouverture pour de telles demandes”, analyse Markus Gehring, professeur de droit international à l’université de Cambridge.- “Acte illicite” -Les grands États pétroliers comme les États-Unis peuvent tout à fait méconnaître l’avertissement de la Cour, selon laquelle le soutien d’un pays à la production de pétrole, de gaz et de charbon est susceptible de constituer un “acte illicite”.Mais cette ignorance se fera “à leurs risques et périls”, estime-t-il, citant le destin d’un avis rendu en 2019 par la CIJ.Celui-ci concluait que le Royaume-Uni devrait mettre fin à son occupation des îles Chagos. L’avis avait été balayé par Londres, mais avait conduit à une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies exigeant que le Royaume-Uni cède l’archipel à l’ÃŽle Maurice, ce qu’il a fait en 2024.Sans être directement contraignant, l’avis de la CIJ le sera à travers les actions judiciaires ultérieures qui s’appuieront sur lui et via les institutions des Nations unies.Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, ordonné par Donald Trump, ne dispensera par Washington de ses engagements, ajoute M. Gehring: la CIJ analyse très clairement que le droit international existant impose une obligation générale de lutter contre le changement climatique.Une des 15 juges de la CIJ, Sarah Cleveland, a déclaré que les “responsabilités éminentes” des pays en matière de protection du système climatique peuvent également influer l’interprétation du droit international des affaires.- “Bouclier et épée” -Pour le Vanuatu, archipel du Pacifique qui a été le fer de lance de la procédure devant la CIJ, cet avis constitue “une victoire juridique décisive”.Cet Etat, menacé avec d’autres nations insulaires par la montée des eaux, a déclaré que les conclusions de la Cour renforceraient sa position dans les négociations mondiales sur le climat, pour exiger des ambitions climatiques plus fortes et faire pression pour le versement de dons au fonds mondial de soutien aux pays subissant des pertes et dommages climatiques.L’avis pourrait également ouvrir la voie à des poursuites judiciaires contre les pays et éventuellement les entreprises qui, par action ou omission, ont causé des dommages climatiques, souligne le Vanuatu dans un communiqué.”Pour Vanuatu, cet avis est à la fois un bouclier et une épée : un bouclier qui affirme son droit à la survie et une épée qui oblige les principaux émetteurs mondiaux à agir conformément à la science et à la justice”, ajoute le texte.Manuel Pulgar-Vidal, ancien président de la COP20 au Pérou et responsable mondial du programme Climat et Énergie du WWF, s’attend à ce que la décision de la CIJ “fasse fortement bouger les lignes”.”Le moment est particulièrement bien choisi, car nous traversons une période difficile dans le débat sur le climat”, a-t-il déclaré à l’AFP.

En Angleterre, la baignade estivale troublée par les rejets d’eaux usées

“A chaque fois qu’on va à la plage, on se demande si on peut se baigner”. Dans la cité balnéaire de Whitstable, dans le sud-est de l’Angleterre, les rejets d’eaux usées de la compagnie des eaux locale n’en finissent plus d’inquiéter les habitants.Comme ailleurs au Royaume-Uni, l’entreprise qui gère le traitement de l’eau est autorisée à déverser en mer le trop plein lorsque le réseau est saturé, par exemple en cas de pluie.”Il y a eu des rejets vendredi dernier, dimanche, et lundi la plage a été déclarée impropre à la baignade”, se désole Chris Stanley, propriétaire d’une maison à quelques mètres de la plage.Cet octogénaire, qui nage régulièrement, est tellement remonté contre la compagnie Southern Water qu’il a cessé de payer sa facture d’assainissement pendant 4 ans. Au niveau national, des consommateurs ont lancé la campagne “Boycott water bills” (Boycottons les factures d’eau), et s’ils ne sont qu’une poignée, ils illustrent un mécontentement général.Poursuivi par son fournisseur, Chris Stanley a finalement été condamné le mois dernier à régler sa dette. “Le juge a estimé que les entreprises d’eau doivent être payées (…) même si elles ne font pas du bon travail”, fulmine-t-il.- Pollution -L’an dernier, en Angleterre, les rejets d’eaux usées non traitées ont atteint un record de plus de 3,6 millions d’heures, relève l’Agence de l’environnement, qui a récemment dû réduire ses inspections, faute de moyens, selon une enquête du site Unearthed. Les incidents de pollution graves causés par ces entreprises ont progressé de 60% sur un an.Depuis des années, les entreprises sont critiquées pour ces rejets dans la mer et les rivières et pour ne pas avoir suffisamment investi dans des infrastructures vétustes et sous-dimensionnées.Cette semaine un rapport a pointé la grave crise de la gestion de l’eau en Angleterre et au Pays de Galles, privatisée en 1989, et a recommandé une remise à plat du secteur. A Whitstable, au premier jour des vacances scolaires, mercredi, quelques familles occupent les galets de la plage de Tankerton, bordée de bungalows en bois colorés.Des vacanciers piquent une tête à deux pas d’une station d’épuration de Southern Water, d’où un tuyau émissaire — rallongé l’an dernier après de graves épisodes de pollution — passe sous la plage pour déboucher à plusieurs centaines de mètres dans la mer.La veille, elle y a déversé des eaux usées durant plusieurs heures. Mais la baignade reste autorisée.”Il y a eu des rejets hier? Je ne savais pas (…) Je voulais juste aller nager”, s’inquiète Lisa Lawton, professeure de yoga londonienne de 41 ans, venue avec ses deux filles.”Quand on venait enfant, on ne pensait pas à cela, mais maintenant à chaque fois qu’on vient à la plage, c’est la première chose à laquelle on pense: peut-on se baigner?”, regrette de son côté Emily Winstone, mère au foyer de 42 ans, venue de la ville voisine de Canterbury.- Renationalisation -L’an dernier, l’association Surfers against sewage (surfers contre les égouts), qui a créé une application affichant la qualité des eaux sur les plages, a reçu plus de 1.850 signalements de personnes malades après une baignade.C’est ce qui est arrivé en 2021 à Elane Heffernan, du groupe SOS Whitstable. La même année la production ostréicole locale avait dû cesser et Southern Water avait écopé d’une amende de 90 millions de livres (106 millions d’euros), après avoir admis près de 7.000 rejets illégaux entre 2010 et 2015.Depuis, Elane milite pour la renationalisation de la gestion de l’eau. Une pétition lancée par SOS Whitstable a réuni plus de 286.000 signatures.”Il y a maintenant suffisamment de preuves pour savoir que (la privatisation) ne fonctionne pas. Cela ne peut pas fonctionner”, car les entreprises privilégient leurs profits aux investissements de long terme, juge Elane.Le gouvernement travailliste, au pouvoir depuis un an, a promis de réduire de moitié d’ici à 2030 la pollution causée par les compagnies. Il a déjà durci les sanctions contre leurs patrons s’ils ne respectent pas la loi, et interdit à six entreprises d’accorder des bonus à leurs dirigeants. Il a aussi annoncé lundi une réforme des instances de régulation du secteur.Les rejets “ne sont pas acceptables et nous avons un plan d’investissement d’1,5 milliard de livres (d’ici 2035) pour les réduire drastiquement”, a indiqué à l’AFP Southern Water, qui précise que la société a investi 965 millions de livres l’an dernier.Selon une récente évaluation du contrôleur des comptes britanniques, le secteur fait face à un besoin d’investissement de 290 milliards de livres (340 milliards d’euros) dans les 25 prochaines années.

Airbags Takata: un distributeur automobile mis en examen pour blessures involontaires, une première

Première en France: une mise en examen pour blessures involontaires a été prononcée dans un dossier lié aux airbags Takata dont les défauts sont au cÅ“ur d’un scandale industriel, celle d’un distributeur automobile de l’île de La Réunion suspecté de n’avoir pas fait assez pour avertir l’automobiliste victime.Le scandale des airbags de l’ex-entreprise japonaise Takata, responsables de nombreux accidents mortels dans le monde en raison d’explosions lors de chocs anodins, connaît des rebondissements incessants depuis plus de dix ans.En France, au moins 18 personnes seraient mortes. Depuis un nouveau rappel fin juin, 1,7 million de véhicules sont visés par une interdiction de circuler jusqu’au remplacement du dispositif.Les enquêtes sont progressivement regroupées entre les mains de juges d’instruction parisiens, saisis de soupçons de tromperie aggravée et de mise en danger de la vie d’autrui, tandis que plusieurs plaintes ont été déposées.Jusque-là, aucune mise en examen n’avait été rendue publique.Mais selon une source proche du dossier à l’AFP, à Saint-Pierre de La Réunion, le 27 mars, un juge d’instruction a mis en examen le distributeur Leal Réunion, qui conteste sa responsabilité, pour violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ayant involontairement causé une incapacité totale de travail supérieure à trois mois.Dans le détail, Leal Réunion se voit reprocher de n’avoir “pas procédé au rappel ou au retrait d’une BMW 318i alors que l’airbag installé dedans présentait un défaut pouvant provoquer des blessures voire la mort”.En cause, un accident de circulation le 6 mai 2020 qui a causé de graves blessures, notamment au visage, à Sébastien, qui a porté plainte, après l’explosion du gaz de l’airbag et la projection d’objets.Lors de son interrogatoire du 27 mars, dont l’AFP a eu connaissance, un dirigeant de Leal Réunion, localement “circuit officiel” de vente de véhicules BMW, a expliqué avoir progressivement tenté, après une alerte du constructeur fin 2019 sur la dangerosité des airbags, d’avertir les détenteurs de ces voitures.Mais à l’époque, affirme Leal, la dangerosité n’était “pas clairement établie” et “les gens ne sont pas forcément d’accord pour bloquer leur véhicule”. “On a décidé d’attendre”, ajoute le dirigeant, soulignant aussi à décharge que le confinement lié à l’épidémie de Covid-19 avait tout gelé au printemps 2020.- “Inertie” -Le juge questionne: Sébastien “déclare qu’il n’a jamais reçu de courrier ni d’appel téléphonique de la part de Leal”.”La vérité, c’est que je n’avais pas (ses) coordonnées”, confirme le dirigeant.Leal a expliqué avoir récupéré en 2013 le circuit de distribution BMW d’un concurrent sans transmission du fichier client, compliquant sa “tâche énorme” consistant à joindre des milliers d’automobilistes.Or, souligne Leal, le véhicule a été acheté en 2001 et a changé de mains plusieurs fois avant d’être détenu par Sébastien.Une expertise judiciaire estime toutefois que Leal n’a réellement commencé à avertir des détenteurs de BMW qu'”à partir de juillet 2020, soit après l’accident”. Cette “inertie” aurait créé une “perte de chance” pour Sébastien, d’après l’expert.”Il est facile de refaire le monde, nous avons fait tout notre possible”, balaie le dirigeant.D’après la source proche du dossier, la cour d’appel de Saint-Denis a été saisie mardi d’une demande de placement de Leal Réunion sous le statut plus favorable de témoin assisté.Outre divers arguments procéduraux, Me Guillaume Martine, l’un des avocats de la société, “entend démontrer que Leal Réunion a mis en oeuvre toutes les diligences possibles pour empêcher que ne surviennent des accidents, en tenant compte de la faible connaissance, à l’époque, de la dangerosité des airbags défectueux”.”Des entraves diverses existaient, y compris de la part de pouvoirs publics alors nettement moins mobilisés qu’ils ne le sont aujourd’hui”, a ajouté le conseil, alors que Leal Réunion affirme avoir sollicité en vain de l’Etat l’accès aux données du Système d’immatriculation des véhicules (SIV).Contactée par l’AFP, l’avocate de Sébastien, Me Céline Cabaud, rappelle qu’elle est soumise au secret de l’instruction, mais “se satisfait” de cette mise en examen “après un long combat judiciaire qui toutefois n’est pas terminé”.