Lecornu prend ses marques Ă Matignon, oĂą il va recevoir les forces politiques
Le nouveau Premier ministre SĂ©bastien Lecornu, accueilli sĂ©vèrement par les oppositions, prend ses marques mercredi Ă Matignon oĂą il va commencer par consulter les groupes politiques, sur fond de mobilisation dans le pays, afin de trouver un compromis permettant la formation d’un gouvernement.Troisième chef du gouvernement nommĂ© depuis la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale, cinquième depuis le dĂ©but du second quinquennat d’Emmanuel Macron, SĂ©bastien Lecornu, 39 ans, succède Ă François Bayrou, renversĂ© lundi par les dĂ©putĂ©s. Celui-ci l’avait doublĂ© en dĂ©cembre en forçant sa nomination alors que le ministre des ArmĂ©es de l’Ă©poque Ă©tait dĂ©jĂ pressenti Ă ce poste.La passation de pouvoir entre les deux hommes a lieu Ă midi, le jour mĂŞme d’une mobilisation pour “bloquer” le pays nĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux, qui a dĂ©butĂ© par une sĂ©rie d’actions sporadiques, notamment dans l’ouest et en rĂ©gion parisienne, avant une mobilisation syndicale le 18 septembre. Ce sera l’occasion pour SĂ©bastien Lecornu, homme politique discret inconnu du grand public, fils unique d’une secrĂ©taire mĂ©dicale et d’un technicien de l’aĂ©ronautique, de se prĂ©senter aux Français.Il a affirmĂ© sur X mardi soir qu’il “mesurait” les “attentes” de ses concitoyens et qu’il “connaissait (leurs) difficultĂ©s”. “Nous sommes au travail, avec humilitĂ©, et nous allons tout faire pour y arriver”.- “Colère sociale” -Première tâche confiĂ©e par le prĂ©sident Macron Ă ce fidèle compagnon venu de la droite, ministre de tous ses gouvernements depuis 2017: “Consulter” les forces politiques en vue de trouver des “accords” pour prĂ©server la “stabilitĂ© institutionnelle” du pays, alors qu’il ne dispose Ă l’AssemblĂ©e nationale d’aucune majoritĂ©.Il recevra dès 14H30 un prĂ©dĂ©cesseur devenu prĂ©sident du parti prĂ©sidentiel Renaissance Gabriel Attal.Un second rendez-vous est prĂ©vu Ă 15H30 avec Les RĂ©publicains, ancien parti de M. Lecornu. Edouard Philippe, prĂ©sident de Horizons, sera reçu Ă 17H30.Concernant les oppositions, le PS et les Ă©cologistes ont Ă©tĂ© contactĂ©s par Matignon et devraient ĂŞtre reçus dans un second temps, selon deux sources Ă gauche.Enfin, au Rassemblement national, deux proches de Marine Le Pen assuraient en fin de matinĂ©e n’avoir pas entendu parler d’une invitation.La mission de SĂ©bastien Lecornu est Ă haut risque dans un paysage politique Ă©clatĂ© et au vu des rĂ©actions très fraĂ®ches voire hostiles des oppositions Ă l’annonce de sa nomination.Alors que le prĂ©sident de la RĂ©publique a invitĂ© sa fragile coalition du centre et de la droite Ă “travailler” avec le Parti socialiste pour “Ă©largir” son assise, celui-ci a estimĂ© qu’il prenait le “risque de la colère sociale lĂ©gitime et du blocage institutionnel du pays” en nommant M. Lecornu. Pour tenir, le futur gouvernement devra obtenir a minima une non-censure du PS, indispensable pour doter la France d’un budget pour 2026, dont la prĂ©paration vient de faire tomber le gouvernement sortant qui avait prĂ©sentĂ© un effort de 44 milliards d’euros.”Sans justice sociale, fiscale et Ă©cologique, sans mesures pour le pouvoir d’achat, les mĂŞmes causes provoqueront les mĂŞmes effets”, a prĂ©venu le PS.- “Changement de mĂ©thode” -Selon un interlocuteur rĂ©gulier de M. Macron, ce dernier pourrait cette fois accepter de rĂ©elles concessions aux socialistes, par exemple sur la taxation des plus riches, jusqu’ici un tabou pour lui.Comme preuve de “changement de mĂ©thode”, que devrait prĂ´ner le nouveau Premier ministre, le patron du PS Olivier Faure a demandĂ© mercredi qu’il s’engage Ă ne pas recourir Ă l’article 49.3 de la Constitution, utilisĂ© pour faire adopter sans vote tous les budgets depuis 2022. Le RN et LFI ont pour leur part dĂ©noncĂ© la proximitĂ© entre le prĂ©sident et son nouveau Premier ministre, promettant la censure faute de changement de cap politique. LFI compte d’ailleurs dĂ©poser une motion de censure spontanĂ©e dès la reprise de la session parlementaire.MĂŞme François Bayrou considère toujours que M. Lecornu n’est pas le Premier ministre idoine, trop proche du prĂ©sident et trop Ă droite, selon un responsable du bloc central.Plus affable, le prĂ©sident des RĂ©publicains (LR) et ministre de l’IntĂ©rieur Bruno Retailleau, qui rĂ©clamait une nomination rapide face aux risques de “dĂ©bordements” des manifestations de mercredi, s’est dit prĂŞt Ă “trouver des accords” avec M. Lecornu.A l’orĂ©e de discussions dĂ©licates, l’entourage de M. Lecornu loue le “calme” de l’ancien sĂ©nateur normand et son absence d’ambition prĂ©sidentielle, un “nĂ©gociateur” qui pu obtenir un “large consensus” sur la loi de programmation militaire.Alors qu’il a Ă©tĂ© Ă©pinglĂ© par la gauche pour un dĂ®ner avec Mme Le Pen, ses proches rĂ©futent toute connivence avec le parti Ă la flamme, soulignant que dans l’Eure, son dĂ©partement, quatre dĂ©putĂ©s sur cinq “sont passĂ©s au RN”.







