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Pour réduire le “surendettement” français, des pistes d'”économies importantes” encore floues

François Bayrou a promis mardi, sans les détailler concrètement, des “économies importantes” pour réduire le lourd “surendettement” de la France, contrainte de revoir ses prévisions de croissance et de déficit public pour 2025. Dans son discours de politique générale prononcé devant une Assemblée nationale électrisée, le nouveau Premier ministre a appelé la France à “adopter sans tarder” les budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale, dont le pays est dépourvu en raison de la censure du gouvernement précédent en décembre. “Cette précarité budgétaire, nous la payons tous au prix fort”, a-t-il lancé, alors que la France a déjà vu sa note dégradée par l’agence de notation Moody’s la nuit-même suivant sa nomination comme Premier ministre, le 13 décembre. Mais face à la situation dégradée des finances publiques, “une épée de Damoclès” pour le pays dont il a attribué la responsabilité à tous les partis dans la majorité comme l’opposition, le chef de gouvernement est resté très flou sur les contours des économies souhaitées comme sur les impôts qui toucheraient grosses entreprises et riches particuliers. Cancre de la zone euro, avec le troisième ratio d’endettement le plus élevé derrière la Grèce et l’Italie, la France vise désormais un déficit public de 5,4% du PIB en 2025 (contre 5% pour le précédent gouvernement). L’objectif est maintenu de le ramener en 2029 au maximum de 3% prévu par les règles européennes. – Croissance en berne -En 2024, le déficit public devrait atteindre 6,1% du PIB, un gros dérapage qui vaut à la France d’être épinglée par Bruxelles pour déficit excessif. A fin septembre, la dette publique atteignait 113,7% du PIB à 3.303 milliards d’euros.Dans le même temps, la prévision de croissance du gouvernement est abaissée à 0,9% cette année, et alignée sur celle de la Banque de France, contre 1,1% avant la censure. Le ministre de l’Economie, Eric Lombard, avait indiqué début janvier viser un effort budgétaire de 50 milliards d’euros en 2025, qui s’appuierait principalement sur des économies plutôt que des hausses d’impôts. François Bayrou a promis “des économies importantes” pour y parvenir. Un effort financier de 2,2 milliards d’euros sera demandé aux collectivités locales. A rebours de ces économies cependant, il a renoncé à la mesure de déremboursement de médicaments qui avait déjà été abandonnée par Michel Barnier sous la pression du RN. – “Le compte n’y est pas” -Concernant la fiscalité, M. Bayrou a estimé que les entreprises devaient être “prémunies contre des augmentations exponentielles d’impôts et de charges”. Son prédécesseur ambitionnait une surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, censée rapporter 8 milliards d’euros. Il n’a pipé mot sur une éventuelle taxe visant les hauts revenus, inapplicable dans la forme qui était envisagée par M. Barnier en raison des règles empêchant la rétroactivité. L’idée ne serait pas pour autant abandonnée et pourrait faire l’objet d’une loi fiscale séparée. M. Bayrou a tout de même affirmé dans la soirée que le gouvernement travaillait sur une “taxe anti-optimisation pour les hauts patrimoines” qui pourrait figurer dans le projet de budget 2025.Pour gagner du temps, le gouvernement a souhaité que l’examen du projet de budget de l’Etat pour 2025 reprenne mercredi au Sénat, là où il avait été interrompu par la censure. Pour éviter le même sort, il avait engagé la semaine dernière des discussions serrées avec la gauche (hors LFI), qui réclame a minima une suspension de la réforme des retraites. M. Bayrou a consenti à la revisiter, tout en prévenant qu’elle serait maintenue si les partenaires sociaux échouaient à s’entendre. Pour le patron des socialistes Olivier Faure, le PS censurera jeudi le gouvernement sauf s’il obtient “une réponse claire” sur son exigence de soumettre quoi qu’il en soit au Parlement la question des retraites.  Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a raillé des concessions “grotesques” accordées au PS, allié des Insoumis au sein de l’alliance chancelante du NFP.Du côté des organisations patronales, la première d’entre elles, le Medef, a salué “le volontarisme économique” du discours et assuré qu’il participerait de façon “constructive” aux discussions sur les retraites. Son de cloche identique à la CPME, qui a toutefois réclamé que “les actes suivent”, “et vite”. Le Premier ministre a par ailleurs prôné un allègement de “la bureaucratie” et une simplification de la vie économique, et annoncé la création d’un fonds spécial “entièrement dédié à la réforme de l’État” 

Dépakine: la justice confirme que l’Etat est en partie responsable

La cour administrative d’appel de Paris a confirmé mardi que l’État avait une part de responsabilité dans l'”insuffisance d’information” donnée aux patients et aux médecins sur les risques de l’anti-épileptique Dépakine, commercialisé par Sanofi, pris pendant la grossesse.La cour juge qu’en “ne faisant pas modifier l’autorisation de mise sur le marché de la Dépakine afin que les patientes soient suffisamment informées des risques pour le fÅ“tus (…), l’agence chargée de la sécurité du médicament a manqué à ses obligations et commis une faute engageant la responsabilité de l’Etat”, selon un communiqué de cette instance. Elle confirme, “pour des enfants nés entre 1999 et 2009, que l’Etat doit réparer partiellement les conséquences de l’insuffisance de l’information donnée aux médecins et aux patientes” sur les risques de malformations pour le fÅ“tus ou des troubles du développement chez les enfants de femmes traitées pendant leur grossesse.- “Très grande victoire” -Cette décision, qui concerne cinq dossiers, montre que “ce scandale avance d’un point de vue judiciaire. Reste maintenant à indemniser les victimes”, a affirmé à l’AFP Me Charles Joseph-Oudin, l’avocat dans ces cinq dossiers dont celui de la présidente de l’association des victimes de la Dépakine (Apesac), Marine Martin.C’est “une très grande victoire supplémentaire”, a-t-elle réagi auprès de l’AFP.Il a été établi que la Dépakine, donnée depuis la fin des années 1960, cause fréquemment des malformations ou des troubles du développement chez les enfants de femmes traitées pendant leur grossesse.L’affaire de la Dépakine, qui a éclaté en 2015, est en France au cÅ“ur de nombreuses procédures judiciaires, encore en cours mais ayant déjà donné lieu à plusieurs décisions défavorables au laboratoire français Sanofi.Un dispositif d’indemnisation amiable est ouvert à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam).”On continue des procédures d’indemnisation contre l’État dans d’autres dossiers. Et on continue des procédures d’indemnisation contre Sanofi”, a ajouté Me Joseph-Oudin.Pour lui, “il y a deux responsables, l’industriel et l’État. La responsabilité de l’un ne faisant pas disparaître la responsabilité de l’autre”.- “Perte de chance” -Saisie de plusieurs appels contre des jugements du tribunal administratif de Montreuil, “la cour confirme que les autorités sanitaires de l’Etat n’ont pas été assez réactives dans la mise à jour, selon les périodes, de tout ou partie de ces documents, compte tenu des suspicions sérieuses mises en évidence par les études existantes”.Elle rappelle que la gravité des risques pour l’enfant à naître a été documentée progressivement à partir des années 1980 pour les malformations congénitales, et à partir des années 2000 pour les troubles neurodéveloppementaux.Elle considère que “ce manque d’information n’est pas la cause directe des troubles que connaissent les enfants”, mais qu’elle a “entraîné, pour les mères, une perte de chance de prendre la décision de changer de traitement, lorsqu’une telle possibilité existait, ou bien de renoncer à une grossesse”.”L’Etat n’est toutefois responsable que d’une partie des préjudices subis”, souligne la cour, estimant que “des fautes” commises par le laboratoire ou par les médecins prescripteurs “sont de nature à exonérer l’État de tout ou partie de l’obligation de réparer les dommages subis par les enfants et leurs proches”.Toutefois, la cour ne retient “pas de faute du laboratoire qui avait proposé sans succès des modifications des informations contenues dans les documents, pour des grossesses menées en 2006, 2008 et 2009”.Elle ne retient pas non plus, “sauf cas particulier, de faute des médecins”.Contacté par l’AFP, Sanofi affirme que “depuis la fin des années 80, le laboratoire n’a eu de cesse de solliciter des modifications des documents d’information, qui n’ont pas été acceptées par l’autorité sanitaire”.

Tickets-restaurant pour les courses alimentaires: le dispositif prolongé pour deux ans, en attendant une réforme

Des pâtes, du beurre, de la farine achetés en “tickets-resto” au supermarché: cette possibilité, accordée à titre dérogatoire depuis le Covid pour soutenir le pouvoir d’achat, a été prolongée jusqu’à fin 2026 par le Parlement, le gouvernement promettant une réforme pour moderniser le dispositif rapidement.Après l’Assemblée nationale fin 2024, la chambre haute a adopté très largement, à main levée, cette proposition de loi visant à prolonger l’utilisation des tickets-restaurant pour les courses alimentaires au supermarché.Ce texte devait être examiné mi-décembre au Sénat si le gouvernement de Michel Barnier n’avait pas été renversé. Mais la censure a repoussé le débat. Conséquence: depuis le 1er janvier 2025, il n’est plus possible d’acheter au supermarché des produits alimentaires devant être préparés, au contraire de produits directement consommables comme des sandwiches ou des salades. D’où la nécessité de légiférer rapidement pour rétablir cette dérogation. Et la Haute assemblée l’a fait, en prenant soin d’adopter le texte dans les mêmes termes que les députés, ce qui met fin au processus parlementaire et permettra une promulgation rapide.”Il me semble que nous tenons là une mesure bienvenue de simplification, extrêmement plébiscitée et tout à fait logique”, a affirmé la ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises, Véronique Louwagie, satisfaite de cette adoption définitive qui permettra de mettre “fin le plus vite possible à la situation d’incertitude et de gêne que les consommateurs connaissent aujourd’hui”.”C’est une excellente nouvelle pour le pouvoir d’achat des Français”, a réagi la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), sa déléguée générale Layla Rahhou estimant que la mesure “permet aux salariés, qui financent en partie leurs titres-restaurant, de choisir librement où ils les utilisent, que ce soit dans nos supermarchés ou dans la restauration”.- “Urgence” -Les débats ont beaucoup tourné autour de la durée de cette dérogation: fallait-il la prolonger jusqu’à la fin 2025 ou fin 2026 ?L’Assemblée nationale avait opté pour une prolongation de deux ans. Mais en commission, le Sénat, dominé par la droite, avait proposé de la limiter à un an, appelant à une réforme en profondeur du “ticket-resto” d’ici la fin 2025 pour l’adapter à l’évolution des usages, liée notamment au développement du télétravail; tout en prenant en compte l’avis des restaurateurs, qui s’opposent à cet élargissement.Finalement, pressés par l’urgence, les sénateurs ont accepté, un peu à contrecoeur, de s’aligner sur la version de l’Assemblée nationale.”Si on choisit une date différente de l’Assemblée, on repartira sur une navette législative… Alors que si on vote un texte conforme, on pourra dès demain ouvrir le dossier en profondeur en vue d’une réforme”, s’est justifiée la centriste Nadia Sollogoub auprès de l’AFP.La rapporteure Les Républicains Marie-Do Aeschlimann a elle reconnu que “l’urgence l’emport(ait) sur le principe”, appelant à ce que ce délai ne “ralentisse pas la réforme” du titre-restaurant souhaitée par de nombreux acteurs et parlementaires.La ministre est allée dans le même sens, appelant à une entrée en vigueur rapide tout en donnant quelques gages aux parlementaires sur une réforme d’ampleur du “ticket-resto”. “Mon objectif est que nous puissions présenter les grandes lignes de la réforme du titre-restaurant dès cet été, afin de dresser des perspectives claires pour l’ensemble des acteurs concernés en vue d’une mise en Å“uvre effective dans les mois qui suivent”, a-t-elle assuré.Certains ont craint une “pérennisation qui ne dit pas son nom” avec ce délai retenu, comme les socialistes et le macroniste Jean-Baptiste Lemoyne. “Il ne peut pas y avoir d’un côté un travail sur deux ans et en même temps un engagement à travailler vite pour réformer le système”, a-t-il alerté.

Trump’s Pentagon pick grilled by senators as cabinet hearings begin

Controversial Pentagon nominee Pete Hegseth faced tough questions from senators Tuesday about his views on women serving in combat and his qualifications to lead the Defense Department as confirmation hearings for Donald Trump’s cabinet picks get underway.Senate Republicans are keen for Trump’s national security nominees to be confirmed quickly and Democrats may agree to fast-track …

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Lebanon’s new PM says reaching out to all sides to save country

Lebanon’s new Prime Minister Nawaf Salam said Tuesday that he was reaching out to all political persuasions to help “rescue” his crisis-hit country ahead of talks aimed at forming a government.After two years of a caretaker administration, Salam faces the difficult task of assembling a cabinet to pull the Mediterranean country out of an economic collapse.The …

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Fièvre aphteuse : le Royaume-Uni interdit l’importation de bovins, porcs et ovins d’Allemagne

Le Royaume-Uni a annoncé mardi l’interdiction des importations de bovins, porcs et ovins en provenance d’Allemagne, après la détection de cas de fièvre aphteuse dans ce pays.”Les certificats sanitaires britanniques ne seront plus délivrés pour les animaux susceptibles d’être exposés à la fièvre aphteuse, ce qui inclut les animaux vivants et la viande fraîche”, a expliqué le ministère britannique de l’Environnement et de l’Agriculture.La mesure est destinée à “protéger les agriculteurs”, souligne le ministère.En 2001, jusqu’à 10 millions d’animaux avaient été abattus au Royaume-Uni pendant une épidémie de fièvre aphteuse qui avait coûté à l’économie britannique environ huit milliards de livres (9,5 milliards d’euros).Aucun cas de fièvre aphteuse n’a, pour l’instant, été enregistré au Royaume-Uni, assure le ministère, qui appelle toutefois les éleveurs à “rester vigilants face aux signes cliniques” de la fièvre aphteuse. Dans une note, il précise également qu’il n’y a eu “aucune importation” d’Allemagne d’animaux vivants et susceptibles d’avoir été exposés à la fièvre aphteuse depuis le 12 décembre, date correspondant à deux périodes successives d’incubation de la maladie.Par ailleurs, les semences animales, les produits d’origine animale et les sous-produits animaux issus d’espèces susceptibles d’avoir été exposées sont “considérés comme à risque” pour la transmission de la fièvre aphteuse. Toux ceux importés depuis le 12 décembre “font l’objet d’un traçage”.Le gouvernement ne précise pas le volume des importations de produits d’élevage d’Allemagne mais, en 2023, le Royaume-Uni a produit sur son territoire 85% de la viande bovine qu’il a consommée ainsi que 64% des porcs.En France, le ministère de l’Agriculture a déclaré à l’AFP être “en état d’alerte” et renforcer “drastiquement les contrôles et enquêtes auprès des filières animales concernées”. Il a ajouté suivre “de très près l’évolution de la situation en Allemagne”.Trois cas de cette épizootie très contagieuse pour les animaux mais inoffensive pour les humains ont été détectés vendredi sur des buffles d’eau près de Berlin, une première dans l’Union européenne depuis 2011 et en Allemagne depuis 1988.Les animaux contaminés sont morts et les 11 autres bêtes du troupeau ont été préventivement abattues, selon les autorités allemandes, qui ont limité les transports d’animaux d’élevage pour enrayer la contagion.L’Allemagne peut toujours vendre à ses voisins européens de la viande produite en dehors des zones à risque mais, pour les autres pays, tout dépend de l’accord commercial en place.La Corée du Sud a suspendu par précaution ses importations de viande de porc allemande, selon Berlin.alm-adm-mdz-mhc/bds

Les références à la Normandie sont réservées aux camemberts AOP, tranche une cour d’appel

Les références à la Normandie sur les boîtes de camembert, qu’elles soient écrites ou graphiques, sont réservées aux fromages bénéficiant de l’appellation d’origine protégée (AOP) “Camembert de Normandie”, a jugé la cour administrative d’appel de Nantes.La cour devait se prononcer dans des litiges opposant plusieurs industriels commercialisant des camemberts non AOP, parmi lesquels le géant laitier Lactalis, à l’administration française. Ces fabricants contestaient notamment des injonctions des services de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes qui leur demandaient de mettre en conformité l’étiquetage de leurs fromages ne bénéficiant pas de l’AOP “Camembert de Normandie”.De nombreux fromages non AOP portaient en effet l’inscription “fabriqué en Normandie”, “élaboré en Normandie” et autres références au terroir emblématique du camembert, ainsi que des blasons normands (léopards dorés sur fond rouge) ou variations autour de ce dernier.Dans six arrêts en date du 10 janvier, la cour administrative d’appel de Nantes a jugé que ces mentions et références étaient de nature à laisser penser à tort au consommateur que le camembert en question respectait le cahier des charges de l’AOP “Camembert de Normandie”.Très exigeant, ce cahier des charges implique l’emploi de lait cru, le moulage à la louche ainsi qu’une durée de pâturage de six mois pour des vaches devant provenir à 50% au moins de race normande, tandis que les autres camemberts peuvent être à base de lait pasteurisé ou thermisé.L’Organisme de défense et de gestion (ODG) du camembert de Normandie et le Conseil national des appellations d’origine laitières (CNAOL) se sont félicité dans un communiqué de la sanction infligée par la cour à “la grande majorité des contrefaçons”.La cour administrative d’appel “confirme la validité de la majorité des injonctions délivrées par l’administration à plusieurs entreprises du secteur de cesser de tromper le consommateur par des références directes ou indirectes à la Normandie”, écrivent ces organisations.David Aubrée, président de l’ODG, “appelle les entreprises concernées à s’adapter dans le respect du droit (…) en cessant d’imiter l’AOP qu’elles n’ont pas souhaité rejoindre”.Pour Hubert Dubien, président du CNAOL, ces arrêts de la cour “constituent une base solide pour en finir avec toutes les tentatives de tromperies auxquelles font face les consommateurs, des lignes rouges sont clairement tracées.”

Embolie de la justice: stigmatisés par certains magistrats, les avocats se défendent

“Les avocats ne sont pas complices de leurs clients”: accusée par certains magistrats de participer à dessein à l’embolie de la chaîne pénale, la profession s’indigne et se défend, mettant en garde contre un inquiétant “amalgame”.Depuis quelques mois, plusieurs magistrats ciblent de plus en plus ouvertement certains avocats, essentiellement ceux spécialisés en criminalité organisée, leur reprochant de multiplier les stratagèmes pour noyer la chaîne judiciaire et obtenir la libération de leurs clients, la détention provisoire ne pouvant excéder certains délais. “Nous avons le sentiment que c’est la notion même de défense qui devient insupportable” à ces magistrats, déplore Romain Boulet, coprésident de l’association des avocats pénalistes. Déjà en mars dernier, une juge d’instruction marseillaise auditionnée par la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic avait provoqué un tollé parmi les avocats en évoquant une “certaine défense”, “pas constructive”, pour éviter d’aborder “le fond du dossier”.La semaine dernière, le garde des Sceaux Gérald Darmanin relayait ce point de vue, affirmant sur RTL qu’une “minorité” d’avocats travaillait “non pas à l’innocence de leurs clients” mais à “emboliser la chambre de l’instruction” et “le processus judiciaire pour libérer de détention provisoire des personnes”.Lundi, les deux plus hauts magistrats de la cour d’appel d’Aix-en-Provence ont, lors de l’audience solennelle de rentrée de la juridiction, pointé du doigt, de manière très explicite, l’attitude de certains conseils.Le procureur général Franck Rastoul a ainsi regretté que “l’argent de la drogue corrompe parfois les pratiques professionnelles” de certains acteurs du monde judiciaire, avec notamment une “minorité d’avocats qui font de la criminalité organisée leur pré carré (…) et transforment les audiences en +ring de boxe judiciaire+”.Le premier président de la cour d’appel, Renaud Le Breton de Vannoise, a pour sa part déploré le “véritable bras de fer” imposé aux magistrats par la multiplication des incidents de procédure, “quelle que soit leur pertinence”, afin d’obtenir des renvois d’audience. – “Déloyauté” -De façon plus policée, la procureure générale de la cour d’appel de Paris, Marie-Suzanne Le Quéau, a évoqué, également en audience solennelle lundi, un “mouvement récent consistant pour des détenus à présenter des demandes de mise en liberté en nombre très conséquent et à opter en appel pour la comparution personnelle, dans le seul but d’emboliser la chaîne pénale”.Si cette petite musique monte depuis un certain temps, “hier (lundi) à Aix-en-Provence, pour la première fois, des magistrats en robe ont lors d’une audience solennelle désigné des avocats comme complices de leurs clients”, s’émeut auprès de l’AFP Romain Boulet, qui se dit “très en colère”.”Aujourd’hui, ce n’est pas en empêchant les gens de se défendre qu’on va résoudre le problème du trafic de drogue”, prévient-il. “Si un jour un régime autoritaire prend le pouvoir, tout sera en place pour un dévoiement des libertés publiques.””Nous avons un seul mot d’ordre: pas d’amalgame”, réagit de son côté Julie Couturier, présidente du Conseil national des barreaux (CNB), qui représente les 77.600 avocats de France. “Qu’il puisse y avoir quelques dérives et des comportements déviants de certains avocats, oui. Mais il appartient aux conseils de l’ordre d’apprécier ce qui relève d’une stratégie de défense et ce qui relève de la déloyauté” et de sanctionner le cas échéant, souligne-t-elle.”Nous avons conscience des enjeux” de la lutte contre la criminalité organisée, mais “cela ne peut pas passer par un recul des droits de la défense et une forme de stigmatisation de la profession”, déclare la vice-bâtonnière de Paris, Vanessa Bousardo, rappelant que les conseils s’appuient sur le code de procédure pénale pour leurs requêtes en nullité.”Il a été fait état d’une minorité d’avocats” dans les propos tenus récemment, observe-t-elle, “mais une minorité ne peut pas emboliser la justice”. Le système est “déjà malade, à bout de souffle”, ajoute-t-elle. “Le vrai sujet c’est celui des moyens de la justice”, abonde Julie Couturier. “Les avocats ne sont pas là pour contourner un système mais pour contribuer à la justice.”

La flore et la faune de Mayotte dévastées, comme “une déflagration qui a tout soufflé”

“Il n’en reste plus grand-chose”: à l’avant d’un bateau, le président des Naturalistes de Mayotte revoit “pour la première fois depuis Chido” la mangrove de l’îlot Mbouzi, dont le touffu couvert végétal a disparu, laissant apparaître les racines décharnées des palétuviers.Le paysage de dévastation que contemple Michel Charpentier, responsable des Naturalistes de Mayotte depuis 20 ans, sur un des îlots au large de Mamoudzou, s’est malheureusement généralisé sur l’archipel depuis le passage du cyclone le 14 décembre.Les grands arbres de l’île aux Parfums – comme les manguiers ou les baobabs – ont été “couchés, cassés, arrachés”, relate le naturaliste à l’AFP. “On a l’impression d’une déflagration qui a tout soufflé”, s’étonne-t-il.Le nord et l’est ont souffert mais c’est dans le centre de Mayotte que le spectacle saisit. Sur plusieurs kilomètres, d’immenses arbres dont il ne reste plus que les troncs peuplent les collines au sol parfois noirci, a constaté une journaliste de l’AFP.- Plantes envahissantes -Sur l’îlot Mbouzi, bénévoles et employés des Naturalistes nettoient et dégagent les sentiers pédagogiques, armés de sacs poubelle, gants, parfois petites tronçonneuses.Devant de timides bourgeons, Michel Charpentier relativise: “Ça cicatrise mais ça ne fera pas repousser les arbres tombés”.Le directeur de l’association François Beudard met en garde: cette situation va profiter aux plantes envahissantes qui “repoussent plus rapidement que les espèces indigènes ou endémiques”.Autre point de vigilance pour le directeur: les agriculteurs “légaux ou illégaux” qui s’accaparent déjà ces terres à nu pour “planter du manioc et des bananes” alors que la culture sur brûlis, notamment, fait des ravages à Mayotte, en appauvrissant les espaces naturels.Le drame serait de “perdre des espèces endémiques rares, qui pourraient disparaître à jamais, comme les ébènes des Comores, très représentés sur l’îlot Mbouzi”, s’inquiète le conservateur de cette réserve naturelle nationale, Thani Mohamed Ibouroi.Pour souligner la richesse de la biodiversité du département, le conservateur rappelle qu’il accueille deux espèces de baobabs, “quand il n’y en a qu’une seule sur tout le continent africain”.Quant aux mangroves, “pas mal touchées”, elles devraient toutefois “repartir”, se console Juliette Crouzet, chargée de mission au sein de l’association. Mais avant qu’elles puissent de nouveau jouer leur rôle de “tampon” en cas de submersion marine ou de “nourricière” pour les espèces marines qui s’y reproduisent, il faudra les nettoyer. “Toutes les ordures, poubelles parties dans le lagon (pendant Chido) reviennent dans les mangroves à chaque marée haute”, constate l’experte, devant des palétuviers auxquels s’accrochent de vieux tissus souillés.- Lémuriens en déroute -Côté faune, les lémuriens et chauves-souris “ont été le plus impactés” par Chido, estime Michel Charpentier.Les makis, ces figures familières de l’île qui se déplacent sur les arbres ou fils électriques, leur queue en balancier, étaient au nombre de 20.000 au dernier recensement, chiffre le responsable. Mais beaucoup ont dû mourir dans les arbres secoués par le cyclone, de même que les roussettes, ces grandes chauves-souris à la tête orange, selon lui.Frugivores, ces espèces peinent désormais à se nourrir, et les makis notamment sont “dénutris” et “perdus”, se faisant écraser sur les routes par manque de vitalité.Les petites chauves-souris, “celles qu’on voit en Europe” et qui vivent sous les toitures désormais envolées, “n’ont plus de gîte”.”Il va y avoir une forte mortalité, c’est irrémédiable”, prédit encore M. Charpentier.Thani Mohamed Ibouroi, parti sur un autre îlot, “là où il y a la plus forte densité de pailles-en-queue” à Mayotte, revient rassuré: les fins oiseaux immaculés à la longue queue “sont là, en activité”. En revanche, “il y a des cadavres d’oiseaux” qu’il n’a “pu identifier”.”Je ne suis pas sûr qu’on puisse revenir à l’identique parce que les dégâts sont énormes” et qu’il va falloir un long travail de diagnostic, selon Michel Charpentier.Et ce, “s’il n’y a pas d’accident climatique du même genre dans les deux ans”.