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Main arrachée d’un gilet jaune en 2018: un CRS à la barre

Réponse légitime et proportionnée ou succession d’imprudences ? Un CRS a comparu jeudi à Paris pour le jet d’une grenade qui avait arraché la main d’un manifestant lors de l’acte 2 des “gilets jaunes” en 2018.Sept ans après les faits, le major Jackie D., 54 ans, est jugé devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires.Ce 24 novembre 2018, aux alentours de 18H00, dans un contexte très tendu entre manifestants et forces de l’ordre, il avait lancé une grenade GLIF4, un engin contenant une charge explosive constituée de 25 grammes d’un explosif générant un effet assourdissant, une onde de choc et la dispersion de gaz lacrymogène, sur un rond-point en bas des Champs-Elysées. Un manifestant, Gabriel Pontonnier, avait eu la main arrachée. D’autres personnes qui l’accompagnaient, dont son frère, avaient aussi été blessées.”Le débat est de savoir si l’utilisation et le lancer de la grenade ont été utilisés dans le cadre légal et réglementaire prévu, et si des imprudences et négligences peuvent vous être reprochées”, explique le président du tribunal au prévenu.A la barre, le policier, cheveux grisonnants en brosse, justifie son geste. A ce moment-là, “on reçoit un nombre de projectiles qui est démultiplié”, raconte-t-il d’un ton assuré. Dans ce contexte, “j’ai jeté la grenade pour faire reculer les assaillants et faire cesser le nombre de projectiles que mes hommes et moi on reçoit”, souligne-t-il, affirmant ne pas avoir lancé l’engin “au milieu des manifestants” mais entre les CRS et les manifestants.- Conditions “dégradées” -Jackie D. reconnaît que les conditions sont à ce moment-là “dégradées”, la nuit étant tombée et le lieu envahi de fumées de gaz lacrymogènes. Mais il observe qu’il s’est avancé pour jeter la grenade: “Ca permet d’y voir plus clair”.Avant de procéder à ce lancer, il ne fait pas de sommation. Est-il possible de s’en passer ? lui demande le président. “Oui, nous étions réellement pris à partie et l’intégrité physique de mes hommes était en danger”, assure-t-il.Le major n’annonce pas non plus son tir à la radio, “encombrée”.  Pour autant, il reconnaît que les conséquences de cet acte sont “catastrophiques” et dit compatir à la douleur de la victime.”Ca a totalement changé ma vie”, témoigne après lui Gabriel Pontonnier, d’une voix à peine audible.Il s’était rendu à Paris avec ses proches pour manifester en faveur du service public, de façon “pacifique”. Des faits, il ne se souvient plus de rien et ne sait donc pas s’il a cherché à ramasser la grenade ou pas.A l’époque, il avait 21 ans, avait validé sa formation de chaudronnier chez les compagnons du devoir et voulait monter son entreprise. “Tous mes projets sont tombés à l’eau”, déclare-t-il, racontant avoir subi 25 interventions chirurgicales et être en dépression.”On est une famille fracturée, cette grenade nous a détruit”, déclare sa mère, qui relate les sept ans d'”enfer” qui se sont écoulés.”Les policiers, ils ont le monopole de la violence légitime mais le revers de la médaille c’est qu’ils doivent être exemplaires”, plaide Me Ainoha Pascual, une des conseils des parties civiles.Or, “malgré la dangerosité” de la GLIF4, un engin classé comme une arme de guerre, “vous avez une accumulation d’imprudences” de la part de Jackie D, estime sa consoeur Me Emma Eliakim. “Il l’a dit lui-même, il ne voyait rien”, poursuit l’avocate, pour qui ce tir a été fait “à l’aveugle”.Sans surprise, le parquet, qui avait requis lors de l’instruction un non-lieu en faveur du policier, demande à l’audience la relaxe, estimant que le tir était “légitime, nécessaire et proportionné”.Pour la représentante du ministère public, bien que “le résultat final soit désastreux”, le policier était “dans son droit”.Le jugement sera rendu le 17 octobre.

Joggeuse retrouvée morte en mai dans la Vienne: un homme en garde à vue

Première garde à vue dans l’affaire Agathe Hilairet: un homme a été interpellé dans l’enquête sur la mort de la joggeuse de 28 ans, disparue en avril et retrouvée morte début mai dans la Vienne, a annoncé jeudi le parquet.Quatre mois après la découverte du corps de la jeune femme dans un sous-bois près de Vivonne, à 20 km au sud de Poitiers, l’enquête s’est accélérée mercredi avec l’interpellation de trois hommes, comme l’a révélé le quotidien Le Courrier de l’Ouest.Si deux d’entre eux ont été entendus en audition libre selon le journal Le Parisien, le troisième l’a été sous le régime de la garde à vue par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers.”Une garde à vue est en cours sur commission rogatoire”, a confirmé jeudi matin Rachel Bray, procureure de la République à Poitiers, précisant que sa prochaine communication interviendrait vendredi par le biais d’un communiqué de presse.Le gardé à vue est connu au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais), a précisé à l’AFP une source proche du dossier.Le 4 mai, c’est un promeneur qui avait découvert le cadavre d’Agathe Hilairet dans un secteur boisé. Cette adepte de trail était partie courir le 10 avril au matin depuis le domicile de ses parents à Vivonne, avant de ne plus donner signe de vie.- Montre connectée -Le corps de la jeune femme se trouvait en périphérie des zones de recherches, avait alors indiqué le parquet, ajoutant que l’autopsie n’avait “pas permis de déterminer, à ce stade, les causes du décès”. Le parquet n’avait pas mentionné d’éventuelles traces de violences ou d’agression.L’examen de la géolocalisation de la joggeuse a permis d’établir que le corps avait été déplacé, accréditant la piste criminelle.Selon la montre connectée de la jeune femme, équipée d’un capteur cardiaque et d’un GPS, son cœur s’est arrêté à l’endroit où les chiens ont perdu sa trace pendant les recherches menées par la gendarmerie, mais le corps a été retrouvé à moins d’un kilomètre de là.D’après Le Parisien, l’examen du capteur cardiaque a révélé également “une hausse importante et brutale des battements de cœur de la sportive, immédiatement suivie d’un arrêt définitif des pulsations”.Le 10 avril, le père d’Agathe Hilairet avait donné l’alerte en ne la voyant pas revenir alors que son téléphone ne répondait plus.Un important dispositif de recherches avait été déployé, puis levé le 17 avril après une semaine de ratissages. Ce déploiement avait mobilisé plus d’une centaine de gendarmes, appuyés par un hélicoptère, des chiens et une équipe de plongeurs, au sein d’une large zone de 100 km2 où la jeune femme avait l’habitude de courir.Sur l’application de géolocalisation sportive Strava, où elle diffusait ses relevés de course, Agathe Hilairet se décrivait comme “adorant la course à pied”, pratiquée “depuis (ses) 17 ans”, se lançant sur des distances de 15 à 20 km à chacune de ses sorties.Elle avait repris en mai 2024 après “plusieurs années d’arrêt”, selon un message posté alors sur son compte Facebook.

Un homme en fauteuil roulant tué à l’arme blanche à Lyon

Un homme en fauteuil roulant a été tué mercredi soir, frappé au cou avec une arme blanche, à l’entrée de son immeuble dans un quartier résidentiel de Lyon, et aucune piste n’est privilégiée à ce stade par les enquêteurs.Les secours, appelés peu avant 22H30 dans le 9e arrondissement, ont découvert cet Irakien de 45 ans en arrêt cardiorespiratoire et n’ont pas pu le ranimer, ont précisé les pompiers.Ce chrétien faisait régulièrement des lives sur les réseaux sociaux pour parler de religion et était en train de faire un de ces enregistrements vidéo en direct au moment où il a été frappé, ont rapporté des proches à l’AFP.  Sur un extrait, consulté par l’AFP et toujours en ligne jeudi matin, on voit la victime, authentifiée par ses proches, le visage en sang, coulant visiblement de son nez et sa bouche.Une enquête pour homicide volontaire a été ouverte par le parquet de Lyon.”A ce stade, on ne privilégie aucune thèse, rien ne nous oriente vers une piste solide, qu’elle soit crapuleuse, politique, religieuse ou liée aux stupéfiants”, a déclaré à l’AFP une source policière. La victime, qui était en situation régulière, n’avait pas de casier. “C’était quelqu’un de très actif sur les réseaux sociaux, nous travaillons là-dessus”, a-t-elle précisé.Selon les premiers éléments de l’enquête, un homme l’attendait et l’a frappé au cou avec une arme blanche dont la nature n’a pas été précisée jusque-là. L’auteur “a ensuite pris la fuite à pied”, a précisé une source proche du dossier.Un témoin a montré à l’AFP une vidéo d’une personne de dos quittant les lieux, en tenue sombre et une capuche sur la tête, qu’il a désignée comme l’auteur du meurtre.- Vulnérable -Jeudi matin, des traces de sang restaient visibles sur place et le gardien de l’immeuble tentait de les nettoyer.”Il y avait du sang à l’intérieur de l’immeuble”, sur “les vitres, la porte et toute l’entrée”, a-t-il expliqué. La victime était “quelqu’un de très discret, correct”, a ajouté le gardien, qui n’a pas voulu donner plus que son prénom, Francisco.”C’était une personne vulnérable, en fauteuil roulant, qui ne marche pas” et “un voisin sans problème (…) qui ne parlait à personne”, a ajouté une habitante de l’immeuble qui n’a pas souhaité donner son identité.Après avoir entendu “comme une altercation”, son mari est descendu et a porté secours à la victime, a-t-elle ajouté. Leur voisin irakien “s’est pris un coup de machette au niveau de la carotide”, a-t-elle assuré.D’autres habitants de l’immeuble évoquaient un “sabre”.Selon ses voisins, très choqués, la victime vivait avec sa soeur depuis au moins dix ans dans cet immeuble.Sur ses comptes en ligne, consultés par l’AFP, la victime s’exprime en arabe et poste des vidéos souvent consacrées à la religion chrétienne. Sur l’une d’elles, visible sur TikTok, il affirme que ses contenus sont régulièrement bloqués et ses comptes suspendus en raison, selon lui, de signalements faits par des utilisateurs musulmans.- “Crime abject” -L’adjoint à la sécurité de la ville de Lyon Mohamed Chihi a dénoncé “un crime abject” et espéré qu’il soit “élucidé dans les plus brefs délais”. “J’ai toute confiance en la police judiciaire, mobilisée pour élucider cette affaire”, a-t-il ajouté sur le réseau BlueSky.Dans un communiqué, l’Œuvre d’Orient, association catholique qui vient en aide aux chrétiens d’Orient, “condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat d’un chrétien irakien en situation de vulnérabilité” et dit attendre “le plus rapidement possible les conclusions de l’enquête”. “Il est indispensable que les chrétiens du Moyen-Orient puissent témoigner de leur foi en toute sécurité et vivre dignement”, ajoute l’association en assurant “la famille et la communauté irakienne de France de toute sa compassion”.mk-dfa-gir-cob-chp/epe/gvy

Un rare exemplaire de la machine à calculer de Pascal mis aux enchères

Estimée entre deux et trois millions d’euros, l’un des neuf exemplaires existants de Pascaline, la première machine à calculer mécanique inventée en 1642 par Blaise Pascal, sera mise aux enchères le 19 novembre à Paris.”Première tentative de l’histoire de substituer le travail d’une machine à celui de l’esprit humain” pour “mécaniser le calcul mental”, ce rare instrument scientifique sera présenté dans le cadre de la vente de “la bibliothèque Léon Parcé, Paris”, a annoncé la société d’enchère londonienne Christie’s dans un communiqué.Fabriquée par le savant français à 19 ans en 1642, cette machine avait initialement été imaginée pour aider son père, président de la cour des aides de Normandie, une juridiction spécialisée dans les affaires fiscales, à “remettre de l’ordre dans les recettes fiscales” du territoire.Sur la vingtaine d’exemplaires créées par Pascal, seuls neuf “subsistent dans le monde”, dont plusieurs conservés au musée des Arts et métiers à Paris et au muséum Henri-Lecoq, à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France. L’exemplaire présenté aux enchères “peut être considéré comme le seul encore en mains privées”, selon Christie’s.D’ici le jour de la vente, la Pascaline sera exposée à Paris du 10 au 23 septembre puis du 13 au 19 novembre, à New York du 11 au 15 octobre et à Hong Kong du 23 au 29 octobre.De trois types, les Pascaline “sont soit décimales (pour les additions, soustractions, multiplications et divisions), soit comptables (pour les calculs monétaires), soit réservées au calcul des distances et dites d’arpentage”.Le modèle mis aux enchères est “le seul” connu parmi les existants consacré au calcul des arpentages, et il est à ce jour encore fonctionnel, selon la société d’enchères.

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Indonésie: le bilan des inondations à Bali et Florès grimpe à 19 morts

Le bilan des inondations qui frappent les îles indonésiennes touristiques de Bali et Florès est passé à 19 morts, ont indiqué jeudi les services de secours qui ont également fait état de cinq personnes portées disparues.Un précédent bilan établi mercredi soir faisait état de 13 morts.Des pluies torrentielles qui ont commencé mardi soir ont provoqué des inondations et glissements de terrain dans sept districts de Bali, a indiqué le porte-parole de l’agence de gestion des catastrophes, Abdul Muhari, dans un communiqué.A Bali, le bilan est passé de 9 à 14 morts et deux disparus, a-t-il ajouté, sans mentionner la présence d’étrangers parmi les victimes.Au total, plus de 500 personnes ont été évacuées vers des installations publiques converties en abris temporaires, dont des écoles, mosquées ou bâtiments municipaux.”Les agents continuent de mener des interventions d’urgence, comme la recherche de victimes et la gestion des inondations et des glissements de terrain”, a déclaré M. Abdul.Les intempéries ont également touché l’île de Florès, située à environ 800 km à l’est de Bali, dans la province de Nusa Tenggara Est, isolant 18 villages alors que l’accès routier et les services de télécommunications ont été coupés.Sur cette île, point de départ vers l’île de Komodo depuis la ville de Labuan Bajo, le bilan est monté à 5 morts après la découverte jeudi du corps d’un enfant, a indiqué le chef de l’agence de secours Tahur Rahman.Trois personnes sont également portées disparues sur l’île, dans le district de Nagekeo. Les conditions météorologiques se sont améliorées à Bali, ont constaté jeudi des journalistes de l’AFP sur place. Mais l’Agence indonésienne de météorologie, de climatologie et de géophysique (BMKG) a indiqué cette semaine que des pluies modérées pourraient reprendre dans des provinces comme Bali entre vendredi et lundi prochain.L’Indonésie est sujette aux crues soudaines et aux glissements de terrain pendant la saison des pluies, généralement de novembre à avril. De fortes précipitations peuvent également se produire en dehors de cette période.Le changement climatique a également accru l’intensité des tempêtes, entraînant des pluies plus abondantes, des crues soudaines et des rafales plus violentes.En mars, des inondations et des glissements de terrain sur l’île de Java, consécutifs à de fortes pluies, nt fait trois morts et cinq disparus.En janvier, au moins 25 personnes sont mortes en raison des intempérioes dans le centre de Java.Pour l’ONG 350.org, qui milite pour le développement des énergies renouvelables, les récentes inondations à Bali et Florès rappellent que la crise climatique est une “menace urgente” qui exige une action de la part des dirigeants mondiaux, y compris de la part du président indonésien Prabowo Subianto.”Nous exhortons le président Prabowo à veiller à ce que l’Indonésie ait un objectif ambitieux de réduction des émissions et un plan concret pour passer à 100% d’énergies renouvelables”, a déclaré Suriadi Darmoko, un responsable de 350.org, dans un communiqué.Très gros producteur et consommateur de charbon, l’Indonésie s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, avec la fermeture de centrales électriques au charbon et le développement des énergies renouvelables, dont le nucléaire.

La commission TikTok presse pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans

Un “océan de contenus néfastes”, de la violence “sous toutes ses formes” : la commission d’enquête parlementaire sur TikTok préconise jeudi d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et un “couvre-feu numérique” pour les 15-18 ans pour tenter d’endiguer un “piège algorithmique” dangereux pour les plus jeunes.Une telle interdiction, déjà souhaitée par l’Elysée, permettrait “de donner un signal à la fois aux enfants et aux parents qu’avant 15 ans”, les réseaux sociaux, “ce n’est pas anodin”, a résumé auprès de l’AFP la députée Laure Miller (EPR), rapporteure de cette commission d’enquête parlementaire.Lancée en mars, la commission a auditionné pendant plusieurs mois des familles de victimes, des responsables de réseaux sociaux et des influenceurs pour décortiquer l’algorithme de TikTok, dont le design “a été copié par d’autres réseaux sociaux”, a rappelé Mme Miller.En se plongeant dans cette application ultrapopulaire chez les jeunes, les députés ont constaté “un océan de contenus néfastes”, mêlant des vidéos de “promotion du suicide, d’automutilation” et “une exposition à la violence sous toutes ses formes”, dopé par les programmes de recommandations puissants qui enferment les jeunes dans des bulles nocives, a-t-elle détaillé lors d’une conférence de presse.Pour le président de la commission d’enquête, Arthur Delaporte (PS), “TikTok a délibérément mis en danger la santé, la vie de ses utilisateurs”. Le député a saisi la procureure de la République de Paris pour ces possibles “infractions de nature pénale” et également pour “parjure” des dirigeants de l’application.Dans une réaction à l’AFP, TikTok a “catégoriquement” rejeté jeudi “la présentation trompeuse” de la commission, “qui cherche à faire de notre entreprise un bouc émissaire face à des enjeux qui concernent l’ensemble du secteur et de la société”. – “Soulagement” -L’avocate Laure Boutron-Marmion, fondatrice du collectif Algos Victima qui représente plusieurs familles ayant assigné TikTok en justice fin 2024, l’accusant d’avoir exposé leurs enfants à des contenus pouvant les pousser au suicide, a elle “salué” l’initiative.”C’est compliqué pour nous, parents, de modérer tout ça”, a expliqué à l’AFP Géraldine, 52 ans, qui fait partie des plaignants et souhaite rester anonyme.En février 2024, cette mère de famille a perdu sa fille, Pénélope, qui s’est suicidée à l’âge de 18 ans.Après son décès, elle avait découvert les vidéos de scarification que sa fille publiait et consultait sur TikTok.”Ce n’est pas TikTok qui a tué notre fille, parce que de toute façon, elle n’allait pas bien”, explique Géraldine à l’AFP, mais le réseau a “enfoncé” sa fille dans son mal-être.”C’est un soulagement pour les parents de se rendre compte qu’ils ne sont plus seuls à lutter contre ces phénomènes envahissants dans leur foyer”, a commenté Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance. TikTok assure pourtant mener “une politique exigeante en matière de sécurité et de protection de ses utilisateurs” avec “plus de 70 fonctionnalités et paramètres spécifiquement” conçus pour veiller au bien-être des adolescents et des familles, a ajouté le porte-parole de TikTok. Néanmoins, pour Laure Miller, l’application provoque aussi chez les mineurs: perte de l’attention et de la concentration, perturbation du sommeil ou problèmes d’estime de soi, en particulier pour les adolescentes.  – Proposition de loi  -Pour y remédier, le rapport propose l’instauration d’un “couvre-feu numérique” pour les 15-18 ans, rendant les réseaux sociaux inaccessibles de 22H00 à 08H00, ainsi qu’une vaste campagne d’information sur leurs risques, suivie de la création d’un “délit de négligence numérique” pour “les parents irresponsables”. L’interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans est un cheval de bataille du président Emmanuel Macron.De récentes lignes directrices de la Commission européenne ont “ouvert la porte à une réglementation nationale”, dont “la clé est la mise en place d’un dispositif de vérification de l’âge à l’inscription”, selon Laure Miller.La France fait partie des pays testeront au printemps un outil européen de vérification de l’âge “labellisé et fiable”, a-t-elle souligné jeudi. Les députés de la commission souhaitent désormais porter “rapidement” une proposition de loi “transpartisane”, espérant qu’elle obtiendra un large soutien “quels que soient les gouvernements qui arrivent”. “La France peut être un exemple” et “pourquoi pas, le premier pays européen à légiférer sur ces sujets”, a espéré Me Boutron-Marmion. 

La BCE maintient ses taux pendant la tourmente politique en France

La Banque centrale européenne a maintenu jeudi ses taux directeurs, reflétant sa confiance dans une inflation contenue, alors que les turbulences politiques françaises devaient planer sur les débats entre gardiens de l’euro.La dernière modification des taux remonte à juin, lorsque la BCE avait abaissé son principal taux sur les dépôts à 2%, marquant la première détente monétaire après une longue série de hausses pour contenir la flambée des prix post-Covid et liée à la guerre en Ukraine.L’inflation “se situe actuellement autour de l’objectif à moyen terme de 2 %” et la BCE voit les perspectives d’inflation “globalement inchangées”, selon un communiqué. La réunion de la BCE s’est aussi déroulée au moment où la France traverse une période d’incertitude politique. Emmanuel Macron a nommé mardi son fidèle ministre des Armées, Sébastien Lecornu, Premier ministre, mais celui-ci doit encore bâtir une coalition et présenter un budget, sous la menace constante d’une motion de censure.- Responsabilité budgétaire – Lors de la conférence de presse commentant les décisions du jour, sa présidente Christine Lagarde, ancienne ministre française des Finances (2007-2011), sera inévitablement interrogée sur le sujet. Quel que soit le gouvernement mis en place, il devra piloter un pays dont la dette publique atteint environ 3.300 milliards d’euros, soit plus de 115% du PIB, record de la zone euro. Les investisseurs exigent déjà une prime de risque plus élevée pour financer Paris : le taux de l’emprunt français à dix ans a du reste brièvement dépassé cette semaine celui de l’Italie à maturité comparable, une première depuis le début des années 2000.La France reste par ailleurs sous la menace d’une dégradation de sa note par l’agence Fitch vendredi.Mme Lagarde devrait certes éviter tout commentaire politique, mais “pourrait rappeler l’appel de la BCE à la responsabilité budgétaire”, estime Felix Schmidt, chez Berenberg.La question pourrait aussi porter sur l’éventuel recours à un mécanisme spécial au sein de l’institut francfortois destiné à stabiliser les marchés obligataires en cas de turbulence.Cet outil, l'”Instrument de protection de la transmission”(IPT), permet à la BCE de racheter les obligations de pays empêchés de se financer à coût raisonnable à cause d’attaques de marché injustifiées, mais pas de ceux confrontés à des difficultés liées à un mauvais pilotage budgétaire. Créé en 2022, lors d’une période de forte instabilité politique en Italie, il n’a encore jamais été utilisé. Les analystes estiment qu’il ne serait déclenché que si la crise française se propageait à d’autres pays. Or, les marchés restent calmes et “il y a peu de raisons de penser que l’aggravation des problèmes en France provoquerait des difficultés ailleurs”, note Jack Allen-Reynolds, de Capital Economics. – Croissance revue en baisse  -L’institut  monétaire a appuyé ses décisions du jour sur un jeu de nouvelles projections économiques : l’inflation devrait s’établir à 2,1% en 2025, contre la cible de 2% encore espérée en juin, avant de descendre à 1,7% en 2026, contre 1,6% auparavant. La croissance devrait atteindre 1,2% cette année, 0,3 point de pourcentage de mieux que dans les projections de juin du fait d’une première partie d’année meilleure que prévu, mais redescendre à 1,0% en 2026, corrigeant à la baisse le chiffrage précédent. Ces prévisions reflètent en partie la morosité économique en Allemagne, première économie de la zone euro, où les dernières données ont douché les attentes de reprise rapide.Elles tiennent aussi compte de l’accord conclu début août avec les Etats-Unis, fixant des droits de douane de 15% sur la plupart des produits européens, un peu supérieurs au scénario de base imaginé par la BCE en juin.Cela reste un choc pour l’économie européenne mais la déviation anticipée sur les données économiques pourrait s’avérer trop modeste pour justifier rapidement un nouvel assouplissement monétaire, selon les observateurs.

La précarité s’ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

La précarité s’ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante. “La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale”, estime auprès de l’AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.L’association publie un baromètre qui indique qu’un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. Lynda Boussif, 36 ans, constate que la “vie est devenue trop chère”, pour “se nourrir” comme pour “faire des activités” avec ses cinq enfants. “Avec mon mari, on pense toujours à comment on va terminer le mois, on est stressés”, témoigne auprès de l’AFP cette habitante de Seine-Saint-Denis, qui a repris des études.Par ailleurs, 39% des Français ont du mal à payer leurs dépenses d’électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l’Institut Ipsos, auprès d’un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s’estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l’an dernier.  Malgré ce “léger mieux” lié au “ralentissement de l’inflation”, ce baromètre révèle “une situation sociale toujours très préoccupante”, selon le Secours populaire.”La situation en France s’est détériorée” depuis une quinzaine d’années et dernièrement “on observe une stabilisation”, précise Henriette Steinberg.En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des “difficultés” rencontrées par l’Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.  Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une “mobilisation collective” pour “débloquer la lutte contre la précarité”.Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours populaire, qui s’appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays.En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L’association fournit notamment de l’aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l’isolement.

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Au moins 280 morts en excès pendant la canicule d’août, selon Santé publique France

Au moins 280 décès de plus que la normale, soit un excès d’environ 5%, ont été constatés en France lors de la canicule du 8 au 19 août, la deuxième de l’été 2025, a annoncé jeudi l’agence Santé publique France.”Cette mortalité en excès n’est observée que chez les personnes âgées de 75 ans et plus”, précise l’agence sanitaire, rappelant qu’il est encore trop tôt pour établir un rapport direct de cause à effet entre ces morts et les fortes chaleurs.La France, comme d’autres pays européens, a été frappée au mois d’août par cet épisode de fortes chaleurs, le deuxième de l’été après une première canicule fin juin et début juillet. A l’échelle mondiale, le mois d’août a été le troisième plus chaud jamais mesuré.Les chiffres donnés jeudi par Santé publique France présentent une première idée de la mortalité liée à cette canicule, qui a frappé un peu moins de la moitié de l’Hexagone, alors que les effets négatifs des fortes chaleurs sont bien documentés: risque de déshydratation, aggravation de troubles cardiovasculaires…Néanmoins cet excès de mortalité peut être lié à d’autres causes, comme celui précédemment annoncé pour la canicule de juin-juillet: Santé publique France l’avait estimé à environ 480 morts en excès.Ces calculs reposent en effet sur les données de mortalité toutes causes issues des bureaux d’état-civil et transmises par l’Insee, comparées à un chiffre attendu de décès basé sur les six années précédentes, hors évènements extrêmes.Mais, d’ores et déjà, ces premières données “soulignent l’importance de mettre en place des mesures de prévention pour diminuer l’impact de la chaleur, durant les canicules, mais aussi durant tout l’été”, prévient Santé publique France, alors que les vagues de chaleurs ont tendance à se multiplier sur fond de réchauffement climatique.Dans le détail, l’excès de mortalité constaté lors de la canicule d’août a surtout frappé la Nouvelle-Aquitaine et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Elles enregistrent “chacune au moins 90 décès en excès – +7,9% et +7,7% respectivement”, selon l’agence sanitaire.Santé publique France prévoit de donner plus tard à l’automne un bilan précis de la mortalité directement attribuable à la chaleur, non seulement pendant les canicules mais aussi tout le reste de l’été.