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Vietnam: le bilan des inondations monte à 16 morts

Des crues et glissements de terrain provoqués par plusieurs semaines de pluies exceptionnelles au Vietnam ont fait au moins 16 morts, les secouristes s’efforçant d’évacuer les habitants de dizaines de milliers de maisons inondées, ont rapporté les autorités jeudi.Le sud et le centre du pays asiatique ont enregistré des précipitations incessantes depuis la fin octobre, provoquant des inondations à répétition et laissant sous les eaux des destinations touristiques ainsi que des sites historiques.Selon le ministère de l’Environnement, au moins 16 personnes ont été tuées depuis le week-end dernier et des recherches sont en cours pour retrouver cinq disparus.Plus de 43.000 maisons sont inondées, tandis que plusieurs axes routiers majeurs sont coupés en raison de glissements de terrain.Dans la ville côtière de Nah Trang, prisée des touristes, des quartiers entiers se trouvent sous les eaux, montrent les photos de l’AFP.Bui Quoc Vinh, un propriétaire de plusieurs commerces de 45 ans dans cette ville, a dit être en sécurité dans son appartement au 24e étage, mais s’inquiéter pour ses restaurants et magasins au rez-de-chaussée, sous environ un mètre d’eau. “Mon personnel doit s’occuper de leurs maisons inondées” par quelque deux mètres d’eau, a-t-il noté, précisant ne pas s’attendre à ce que l’eau se retire bientôt, au vu de la pluie incessante.Dans la région montagneuse de Da Lat, à 290 kilomètres d’Hô-Chi-Minh-Ville (ex-Saïgon), les précipitations ont atteint dans certaines zones 600 millimètres depuis le week-end, selon les services météorologiques.Des glissements de terrain meurtriers y ont été signalés. Selon Vu Huu Son, 56 ans, propriétaire d’un hôtel dans la région, ces glissements de terrain ont bloqué toutes les routes menant à la ville, sauf une.”Je ne pense pas que nous ayons des touristes actuellement, car ils sont tous partis le week-end dernier avant les pluies et ont également annulé leurs visites ici”, a-t-il déclaré à l’AFP.Une section de 100 mètres de la route du col de Mimosa s’est effondrée à la suite d’un glissement de terrain mercredi soir, tandis que deux autres routes ont été fermées, a indiqué le média d’État Tuoi Tre News.- Armée mobilisée -La compagnie ferroviaire publique de Hanoï a annoncé la suspension de plusieurs lignes de train reliant le nord et le sud du pays en raison des inondations, toujours selon les médias d’État.Le ministère de la Défense a déployé des hélicoptères pour secourir les habitants bloqués ou cernés par les eaux.Les lignes téléphoniques d’urgence ont enregistré un nombre inhabituellement élevé d’appels mercredi soir, alors que le niveau des eaux montait dans toute la région.Le vice-Premier ministre Ho Quoc Dung a donné instruction aux dirigeants des trois provinces les plus touchées par les inondations, Khanh Hoa, Dak Lak et Gia Lai, de mobiliser l’armée, la police et les autres forces de sécurité afin de “déplacer et évacuer rapidement les populations” vers des zones sûres, a indiqué jeudi un communiqué du gouvernement.Les sauveteurs ont apporté de la nourriture et de l’eau aux hôpitaux inondés de la ville côtière de Quy Nhon, dans la province de Binh Dinh, a rapporté le journal d’État Thanh Nien. Jeudi matin, le niveau de la rivière Ba, dans la province de Dak Lak, a dépassé le record de 1993 à deux endroits, tandis que la rivière Cai, dans la province de Khanh Hoa, a également atteint un nouveau record, selon le bureau météorologique.Les inondations se sont produites alors que de fortes pluies ont réhaussé le niveau déjà élevé des eaux, a expliqué Hoang Phuc Lam, directeur adjoint du Centre national de prévisions hydrométéorologiques, à la télévision d’État.À Dak Lak, les eaux de crue ont emporté 100 barils de 20 litres d’acide sulfurique – un produit liquide dangereux – provenant d’une sucrerie, a annoncé le ministère de la Sécurité publique, qui a prévenu la population des risques de contamination.Selon les scientifiques, le réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine rend les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, plus meurtriers et plus destructeurs.Au Vietnam, les catastrophes naturelles ont déjà fait au moins 279 morts ou disparus cette année et causé plus de deux milliards de dollars de dégâts, selon l’office national des statistiques.

Macron entame à l’île Maurice une tournée africaine

Des partenariats “gagnant-gagnant” face à des “défis communs”: Emmanuel Macron a entamé jeudi à l’île Maurice une tournée de cinq jours en Afrique avec l’ambition réaffirmée de construire de nouveaux liens, sur fond de recul de l’influence française dans son ancien pré carré africain.Le président français a atterri à 13H35 locales (10H35 GMT) près de Port-Louis, capitale de l’île, voisine du territoire ultramarin français de la Réunion et synonyme de “success story” économique dans l’océan Indien, avec son PIB par habitant supérieur à 10.000 dollars, selon la Banque mondiale.Il se rendra ensuite en Afrique du Sud, qui accueille samedi et dimanche le sommet du G20, puis au Gabon où il rencontrera le nouveau président Brice Clotaire Oligui Nguema, deux ans après le coup d’Etat qui a mis fin à la dynastie des Bongo, et en Angola pour un sommet Union africaine-Union européenne. Sa dernière tournée sur le continent remonte à mars 2023. L’île Maurice, qui compte un peu plus de 1,2 million d’habitants, jadis centrée sur la canne à sucre, s’est imposée comme un modèle de diversification économique vers le tourisme et les services financiers même si les fragilités s’accumulent ces dernières années.  “C’est un pays qui est sorti en 30 ans de la pauvreté pour être aujourd’hui aux portes des pays à revenus élevés”, “une success story dans laquelle les entreprises françaises et les Français prennent toute leur part”, relève la présidence française. – Au cœur de l’Océan indien -Cette ancienne colonie française puis britannique, devenue indépendante en 1968, garde une solide tradition francophone, au côté de l’anglais. Plus de 10.000 ressortissants français y résident, selon l’Elysée.Emmanuel Macron, qui rencontrera dans la soirée le Premier ministre Navin Ramgoolaam en tête-à-tête, ambitionne de rehausser, à travers cette visite d’Etat, une relation politique un peu distendue plus de 30 ans après la dernière visite d’un président français, François Mitterrand, en 1993. Un rendez-vous d’autant plus bienvenu que le pays voisin, Madagascar, vient de connaître un coup d’Etat ayant ravivé le ressentiment contre l’ancienne puissance coloniale française. L’exfiltration par Paris de l’ex-président Andry Rajoelina, annoncée par RFI, a indigné de nombreux Malgaches.Le chef de l’Etat entend aussi réaffirmer la présence française dans le sud-ouest de l’océan Indien face aux ambitions croissantes de la Chine, la Russie et l’Inde en s’associant aux Etats de la région, notamment en matière de sécurité maritime.Il se rendra avec Navin Ramgoolam vendredi matin sur un bâtiment de la Marine française, le Champlain, qui participe à des opérations de surveillance avec les gardes-côte mauriciens face à des trafics accrus (drogue, pêche illicite, migrations illégales) dans la zone.L’Agence Française de Développement (AFD) doit de son côté signer des accords pour sécuriser le réseau électrique mauricien face aux aléas climatiques de plus en plus violents que connaît l’île et moderniser le secteur de l’eau, pour lequel elle a déjà accordé un prêt de 200 millions d’euros à l’île en 2023.- Ouagadougou –  A chaque étape de sa tournée, le président va “promouvoir des solutions économiques dans un partenariat gagnant-gagnant au service de nos entreprises, au service des Français, au service des pays africains”, assure l’Elysée.Les entreprises françaises espèrent ainsi participer à la diversification de l’économie gabonaise, jusqu’ici largement centrée sur le pétrole, notamment dans l’exploitation de minerais, selon Paris.En Afrique du sud, Emmanuel Macron assistera au lancement d’un conseil d’affaires franco-sud-africain sur le modèle de celui qui existe déjà au Nigeria.Mais cette nouvelle politique africaine, gravée dans le marbre lors du discours présidentiel de Ouagadougou en 2017 et marquée par la volonté de se distancier de l’héritage de la France coloniale (la “Françafrique”), peine à se concrétiser.La volonté de se tourner vers l’Afrique anglophone est souvent mal perçue par les pays francophones du continent. Tout comme celle de s’adresser directement à la jeunesse et à la société civile, sans convier de chefs d’Etat africains, comme lors du sommet Afrique-France de 2021 à Montpellier.Des postures mal comprises, voire jugées paternalistes au moment où l’armée française, engagée dans une opération antijihadiste, était boutée hors du Sahel face à la montée du sentiment antifrançais.Parallèlement, la part des échanges franco-africains a reculé dans le commerce africain global.

Logement: la reprise continue dans l’immobilier ancien, mais la remontée des prix est surveillée

Les ventes de logements anciens ont continué de progresser au troisième trimestre, comme c’est le cas depuis un an selon l’indice Notaires-Insee publié jeudi, mais la hausse de 0,7% des prix est surveillée de près avec la crainte qu’une remontée freine les acheteurs. Le nombre de transactions enregistrées au cours des douze derniers mois est estimé à 921.000 à fin septembre, après 907.000 à fin juin. Ce “volume annuel de transactions poursuit sa hausse entamée en octobre 2024, après une baisse continue depuis la fin avril 2022”, précise l’Insee.Dans les agences immobilières du réseau Orpi, “les agents ont retrouvé le moral”, “des mandats de vente rentrent à nouveau”, “les acquéreurs sont au rendez-vous et les vendeurs qui s’étaient emballés” ont accepté de baisser un peu leurs prix, relève Guillaume Martinaud, président d’Orpi.Selon le dernier baromètre immobilier de SeLoger-Meilleurs Agents, publié début novembre, les acheteurs immobiliers sont de retour avec une demande qui a progressé de 9% en octobre 2025 par rapport à l’année précédente, pour revenir au niveau observé en octobre 2021, avant la remontée des taux d’intérêt. “En 2025, les acheteurs se sont adaptés à la nouvelle donne des taux, et la demande repart, mais de façon plus sélective”, selon le baromètre. Ce sont surtout les zones rurales et les maisons qui attirent davantage. Les ménages qui achètent leur premier bien immobilier “sont revenus car les prix ont baissé”, estime Guillaume Martinaud, qui ne les voit cependant pas prendre une place prépondérante dans le marché. Pour preuve, le montant cumulé des nouveaux crédits immobiliers accordés entre janvier et septembre est en forte hausse de 38% par rapport aux neuf premiers mois de 2024, selon la Banque de France. Les primo-accédants représentent plus de la moitié (53%) des nouveaux crédits.Ces volumes de prêts immobiliers octroyés avait fortement baissé entre mi-2022 et début 2024, au moment de la remontée des taux d’intérêt, élément déclencheur de la crise du marché immobilier, qui a touché l’ancien comme le neuf.  – “Vraie dynamique” -Les investisseurs locatifs ont cependant quasiment disparu, découragés par l’obligation de rénovation énergétique des logements les plus énergivores et l’encadrement des loyers appliqué à Paris, selon Thomas Chaumeron, gérant de l’agence ISR immobilier dans le centre de Paris.Désormais, “on n’est pas tiré d’affaire, mais il faut se loger”, souligne Guillaume Martinaud, qui “va surveiller que les prix ne s’emballent pas, sinon on va casser la machine”. Au troisième trimestre, les prix de l’immobilier ancien étaient 0,7% au-dessus du niveau constaté à la même période de l’année dernière, selon l’indice de référence Notaires-Insee. Par rapport au trimestre précédent, allant d’avril à juin, ils sont restés stables. Dans le détail, les prix ont augmenté de 1,3% pour les appartements et de 0,2% pour les maisons sur un an. Hors Ile-de-France, ils sont quasi stables (-0,1%) sur un trimestre et en hausse de 0,7% sur un an. Une progression équivalente avait été observée au trimestre précédent.En Ile-de-France, les prix ont progressé légèrement de 0,2% par rapport au deuxième trimestre, avec une hausse plus marquée pour les appartements parisiens (+1,1%). Sur un an, l’immobilier ancien francilien affiche une croissance des prix de 0,4%, une première après dix trimestres consécutifs de baisse.Avec un total de 121.790 transactions d’octobre 2024 à fin septembre 2025, les ventes de logements ont augmenté de 11% en Ile-de-France sur un an, par rapport aux mêmes douze mois précédents, selon les Notaires du Grand Paris.C’est “une amélioration de la situation, qui demeure à des niveaux inhabituellement bas”, a commenté Elodie Frémont, présidente de la commission statistiques immobilières des notaires du Grand Paris, lors d’une conférence. Elle estime que la baisse des prix observée reste “insuffisante, mais elle permet de redéployer un petit peu de volume d’activité”. Au sein de son agence parisienne La Garçonnière immobilier, Bertrand Aubrun constate une “reprise des volumes” de vente et des “prix relativement stables”. “Il y a une vraie dynamique depuis trois semaines à un mois” et la fin d’année 2025 ou les premiers mois de 2026 “pourraient être probablement très prometteurs”, explique ce professionnel basé en bordure du quartier du Marais. 

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En Afrique, ces grands accords de crédits carbones qui se sont évaporés

En 2023, le Liberia espérait avoir trouvé de quoi financer la protection de ses forêts avec l’accord de crédits carbone signé avec une société des Emirats arabes unis proche de la famille régnante. Mais deux ans plus tard, Monrovia n’a rien reçu et l’accord est tombé dans les limbes, comme de multiples autres signés par le même groupe en Afrique.C’était l’un des accords signés en rafale l’année de la COP28 aux Emirats arabes unis par l’entreprise Blue Carbon, dirigée par un membre de la famille royale. Ils couvraient des millions d’hectares de forêts à travers l’Afrique, du Liberia au Zimbabwe, dans certains cas jusqu’à 20% de la superficie du pays concerné.En échange de leur engagement à protéger leurs forêts, les Etats africains devaient recevoir une partie des revenus générés par les crédits carbone. Tout le monde devait en ressortir gagnant. Mais deux ans plus tard, la société a disparu des radars et ces grandes annonces avec le Liberia et d’autres pays d’Afrique et d’Asie ne se sont pas concrétisées, révèle une enquête conjointe de l’AFP et de Code for Africa, une organisation spécialisée dans les enquêtes en sources ouvertes.L’accord “a été arrêté” et “à ma connaissance, rien n’est fait pour essayer de le relancer”, répond Elijah Whapoe, chef du secrétariat sur le changement climatique du Liberia, un organisme public-privé, interrogé par l’AFP sur l’accord avec Blue Carbon.Les péripéties africaines de Blue Carbon mettent en évidence la complexité de la mise en œuvre des projets de crédits carbone, des mécanismes encore insuffisamment contrôlés et accusés de permettre aux grands pollueurs de “verdir” leur image avec peu ou pas d’impact réel sur le changement climatique.Ces crédits permettent aux grands producteurs de gaz à effet de serre de “neutraliser” sur le papier une partie de leurs émissions de CO2 en investissant par exemple dans la protection des forêts, puisque des arbres vivants et en bonne santé absorbent naturellement du dioxyde de carbone.La plupart des accords en Afrique ont été signés avant ou en marge de la COP28 organisée fin 2023 aux Emirats. Le président de Blue Carbon, le cheikh Ahmed Dalmook Al Maktoum, un cousin du Premier ministre de Dubaï, était souvent présent.Blue Carbon les a présentés comme un modèle pour le commerce du carbone en vertu de l’article 6 de l’accord climatique des Nations unies signé à Paris en 2015, qui définit les règles du commerce des crédits carbone entre les pays.Blue Carbon déclarait aussi en 2022 que ses activités aideraient les Emirats à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.Dans le cadre de l’accord avec le Liberia, environ un million d’hectares de ses forêts – soit près de 10% de la superficie du pays – auraient été protégés, les communautés locales impliquées et le gouvernement récompensé avec 30% des revenus, selon une déclaration de Blue Carbon et une copie du protocole d’accord consultée par l’AFP.L’accord avec le Liberia, comme d’autres accords africains, entre dans la catégorie REDD+ qui encadre comment les pays en développement peuvent être payés pour réduire les émissions en stoppant la déforestation.L’accord Blue Carbon/Liberia a rapidement essuyé un flot de critiques des défenseurs de l’environnement, qui l’ont jugé opaque et bafouant les droits des communautés locales.Pour Saskia Ozinga, fondatrice de Fern, une organisation œuvrant pour la protection des forêts et de leurs communautés, les accords de Blue Carbon, bien que d’une ampleur sans précédent, ne disaient pas clairement comment protéger les forêts et n’ont pas été assez discutés avec les communautés locales.”Blue Carbon visait clairement à verdir l’image” de ses promoteurs, dit-elle. “L’idée était bizarre à de nombreux égards et n’aurait jamais fonctionné tant pour le climat, que pour les forêts et les populations”.- Liberia, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe, Kenya… -L’un des premiers accords de Blue Carbon en Afrique a été conclu en mars 2023 avec la Tanzanie pour l’aider à “préserver et gérer ses 8 millions d’hectares de réserves forestières”, selon Blue Carbon. Tout comme d’autres signés avec la Zambie (portant sur 8 millions d’hectares) ou le Zimbabwe (7,5 millions) qui devaient générer “de gros bénéfices pour les communautés locales”. Blue Carbon en a également signé avec le Kenya et avec l’Etat de Niger dans le nord-ouest du Nigeria.Peu après la signature avec le gouvernement libérien, une agence de l’ONU et des ONG locales ont exhorté ce dernier à revenir dessus en raison de divers risques, de contestations juridiques notamment, jugeant notamment le texte incompatible “avec les droits fonciers communautaires et individuels existants”.Vincent Willie, ancien législateur et président du Comité parlementaire des ressources naturelles et de l’environnement du Liberia, a précisé à l’AFP que le gouvernement s’était dans ce dossier arrêté à la signature d’un protocole d’accord non contraignant.Selon Elijah Whapoe, l’accord avec Blue Carbon a été suspendu car il n’était pas “conforme” à la manière dont les accords sur le carbone doivent être gérés, notamment avec une plus grande implication locale.Une campagne de sensibilisation auprès des communautés avait été lancée, mais selon James Otto, un défenseur de l’environnement de la région libérienne de River Cess, les visites des agences gouvernementales et des organisations de la société civile ont suscité plus de questions que de réponses.Les communautés “insistent sur le fait que tout accord concernant l’utilisation de leurs terres et ressources forestières devrait être directement piloté par elles”, a déclaré James Otto à l’AFP. “D’après nos informations, aucun travail formel”, comme par exemple la création d’une zone forestière protégée, “n’a commencé dans le cadre de l’accord avec Blue Carbon”.D’autres programmes Blue Carbon semblent avoir été rapidement arrêtés, selon divers défenseurs de l’environnement et responsables interrogés par l’AFP.Blue Carbon avait salué l’accord signé avec le Zimbabwe, qui devait couvrir près de 20% de sa superficie, comme un “succès historique” dans la lutte contre le changement climatique. Mais cet accord n’a pas été au-delà de la manifestation d’intérêt, alors qu’il faut un projet formel pour pouvoir l’appliquer, souligne Washington Zhakata qui dirige la lutte contre le changement climatique au sein du gouvernement zimbabwéen.”Blue Carbon n’a toujours pas soumis de proposition formelle. Mais l’entreprise a déjà demandé un compte sur le registre carbone du Zimbabwe”, précise M. Zhakata.En Zambie, Douty Chibamba, secrétaire permanent du ministère de l’Economie durable et de l’Environnement, souligne que rien n’est sorti de l’accord signé avec Blue Carbon: “Le protocole d’accord a expiré sans aucune action”.Les responsables kényans et tanzaniens n’ont pas répondu aux demandes de précisions sur les accords signés avec Blue Carbon.Hors d’Afrique, un projet de Blue Carbon semble avoir connu le même destin.En 2023, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a signé avec le groupe un protocole d’accord en marge de la COP28.Il visait à exploiter les “vastes zones de mangroves” du pays, selon les services du Premier ministre James Marape. Mais près de deux ans plus tard, en juillet dernier, l’Autorité pour le changement climatique de Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré à l’AFP que l’accord n’avait “pas du tout progressé”.Pour revendre les crédits carbone, Blue Carbon s’est associé à AirCarbon Exchange, une plateforme de vente de crédits carbone basée à Singapour. Mais cet accord-là a lui aussi été suspendu.”Notre protocole d’accord avec l’entreprise de Dubaï +Blue Carbon+, signé en 2023, a depuis expiré”, a déclaré à l’AFP un porte-parole d’AirCarbon Exchange. “Il n’y a eu aucun engagement actif entre les parties”.- Du vent – Aujourd’hui, l’entreprise semble n’être enregistrée dans aucun système de marchés carbone, ni n’avoir aucune présence opérationnelle, selon une enquête numérique menée par Code for Africa, organisme basé en Afrique du Sud et doté de la plus grande équipe d’enquêteurs numériques d’Afrique.Code for Africa n’a trouvé aucune trace de Blue Carbon ou de ses projets dans les trois principales bases de données de certification mondiale des crédits carbone, de l’ONU et des entreprises Verra et Gold Standard.Les campagnes publicitaires de Blue Carbon ont, elles, disparu.”Blue Carbon entend être à l’avant-garde des investissements durables liés au changement climatique”, soulignait la société lors de son lancement en octobre 2022, qui faisait également un lien explicite entre ses activités et la politique climatique des Emirats.”Blue Carbon servira de catalyseur pour les cadres opérationnels de l’économie bleue et verte qui définiront le programme de mise en œuvre des accords internationaux sur le climat et contribueront à l’initiative stratégique des Emirats arabes unis visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050″, ajoutait-elle.Au cours de l’année 2023, Blue Carbon a également publié des communiqués et des photos sur les réseaux sociaux montrant des responsables africains signant des protocoles d’accord avec ses dirigeants.Sur son compte Instagram, dont le premier message date d’octobre 2022 lors du lancement de la société, aucun message n’a été publié depuis décembre 2023.De même, le compte officiel sur X, BlueCarbonDxb, sur lequel 27 messages apparaissent entre le 18 octobre 2022 et le 28 mars 2023, est inactif depuis. Le dernier message annonçait la signature de l’accord avec le Liberia.Le site web de Blue Carbon ne fonctionne plus, ayant été mis hors ligne entre mai et juillet 2025, selon les archives examinées par Code for Africa.L’AFP a tenté à de multiples reprises de contacter Blue Carbon, notamment par e-mail et par téléphone pour l’un des dirigeants de l’entreprise, sans obtenir de réponse.Un journaliste de l’AFP s’est également rendu à l’adresse de Blue Carbon à Dubaï, indiquée dans le protocole d’accord avec le Liberia. Sur place, un gardien a d’abord déclaré que Blue Carbon était bien basé là. Mais s’est ensuite dédit, indiquant qu’il n’y avait pas de bureau Blue Carbon et a dit au journaliste qu’il devait prendre rendez-vous pour avoir un entretien. Il n’y avait aucune enseigne Blue Carbon visible dans le hall.Le gouvernement des Emirats arabes unis n’a pas répondu aux demandes de commentaires.”Il y a plusieurs leçons à tirer de la saga Blue Carbon, notamment l’importance de normes rigoureuses pour l’offre et l’utilisation des crédits carbone à l’échelle internationale”, souligne Injy Johnstone, spécialiste des marchés du carbone à l’université d’Oxford.”Nous avons besoin de plus de transparence dans les transactions relevant de l’article 6, de normes concrètes concernant l’intégrité environnementale des projets eux-mêmes, et d’une responsabilité publique tant de la part des fournisseurs que des utilisateurs finaux afin de garantir qu’ils ne s’évaporent pas dans la nature, comme cela a été le cas ici”, poursuit-elle.Cette enquête a été soutenue par les contributions de Anita Igbine, Eliud Akwei, Jacktone Momanyi et Moffin Njoroge de Code for Africa.

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Indonésie : des centaines d’évacuations après l’éruption du volcan Semeru

Plus d’un millier de personnes, essentiellement des villageois ainsi que des randonneurs, ont été évacuées après l’éruption du volcan Seremu, sur l’île de Java, qui s’est atténuée jeudi, ont indiqué des responsables.L’éruption du plus haut volcan de l’île principale de Java, situé à environ 800 kilomètres au sud-est de la capitale Jakarta, a débuté mercredi, projetant des particules de lave à plus de 13 km autour du cratère, a indiqué le chef de l’agence de géologie, Muhammad Wafid. L’éruption a conduit les autorités à relever le niveau d’alerte à son maximum. Jeudi, l’activité s’est sensiblement réduite tout en restant “fluctuante”, a-t-il ajouté.Près de 900 personnes ont été évacuées vers des écoles, des mosquées et des salles communales, a indiqué Sultan Syafaat, responsable de l’agence locale de gestion des catastrophes.”Pendant la journée, (les villageois) vaquent à leurs occupations, notamment l’agriculture. La nuit, ils restent (dans des abris), probablement parce qu’ils sont encore traumatisés”, a-t-il indiqué.Au moment de l’éruption mercredi, “à quatre heures de l’après-midi, c’était comme à minuit. Il faisait très sombre”, a témoigné Faiz Ramadhani, un habitant de 20 ans qui évoque une sensation “horrible”.Certaines maisons proches du volcan ont été partiellement ensevelies sous des cendres volcaniques et des fragments de roche.”Ma maison a été inondée par une coulée de matières volcaniques d’un mètre de haut”, a indiqué à l’AFP Nurul Yakin Pribadi, chef du village de Supiturang, ajoutant que “de nombreuses maisons ont été endommagées”.Au moins une école primaire a été entièrement détruite, a déclaré Agus Triyono, responsable du district de Lumajang, ajoutant que les autorités recueillent encore des données sur les dégâts causés aux infrastructures.Par ailleurs, au moins trois personnes ont été brûlées, selon un responsable des opérations de recherche et de sauvetage dans un communiqué.Les autorités ont également évacué près de 190 personnes, pour la plupart des randonneurs, bloquées dans un camping mais dans une zone non directement affectée par l’éruption, a déclaré Rudijanto Tjahja Nugraha, le directeur du parc national Bromo Tengger Semeru.L’Indonésie se situe sur la “ceinture de feu” du Pacifique, où la rencontre des plaques continentales provoque une activité volcanique et sismique importante. Cet archipel d’Asie du Sud-Est compte près de 130 volcans actifs. En 2021, une éruption du Semeru, plus haut volcan d’Indonésie qui culmine à 3.676 m, avait fait plus de 50 morts et endommagé quelque 5.000 maisons.

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Un projet de voie ferrée en Amazonie sème le trouble pendant la COP30

L’emblématique cacique Raoni est contre, et il n’est pas le seul. A la COP30 de Belem, des manifestants autochtones se sont élevés contre un vaste projet brésilien de chemin de fer. Leur grief: il traverserait la forêt amazonienne.Pour les agriculteurs, notamment les producteurs de soja, le Ferrograo (littéralement: chemin de fer des grains), censé s’étirer sur une distance plus longue qu’un Lille-Marseille, serait une révolution logistique pour acheminer leurs produits vers des ports et les exporter.Mais les détracteurs fustigent un nouveau méga-projet d’infrastructure menaçant l’Amazonie. Ils voient une contradiction avec les engagements environnementaux du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui accueille la conférence climat de l’ONU dans la ville amazonienne de Belem jusqu’à vendredi.A quoi doit servir le Ferrograo?Le Brésil est le plus grand exportateur mondial de soja et de maïs, dont une grande partie est produite dans l’Etat du Mato Grosso (centre-ouest).Actuellement, ces marchandises parcourent de longues distances en camion jusqu’aux ports maritimes du sud ou aux ports fluviaux du nord. Depuis plus d’une décennie, les gouvernements brésiliens tentent de faire avancer ce projet de chemin de fer de 933 kilomètres qui relierait Sinop, dans le Mato Grosso, au port fluvial de Miritituba (nord). De là, le soja et les céréales pourront être acheminés le long de l’Amazone ou de ses affluents jusqu’à l’Atlantique.Que disent les partisans du projet?Elisangela Pereira Lopes, conseillère technique auprès de la CNA, principale organisation représentant le secteur agricole du Brésil, dit à l’AFP que le chemin de fer est “essentiel pour garantir la compétitivité de l’agronégoce brésilien”.Selon elle, le Mato Grosso, responsable d’environ 32% de la production nationale de céréales, “a besoin d’un réseau logistique plus efficace pour suivre le rythme de croissance du secteur”.Mme Lopes estime que le Ferrograo devrait permettre de réduire les coûts logistiques des exportations de céréales jusqu’à 40%, tout en diminuant le trafic routier et les émissions de CO2 associées.Qu’en pensent les détracteurs?Mariel Nakane, de l’ONG Institut socio-environnemental, déclare à l’AFP que la voie ferrée aura un fort impact sur les territoires autochtones, aggravant notamment la déforestation. Selon elle, le fait que l’agronégoce utilise de plus en plus les ports fluviaux du nord du Brésil pour acheminer ses produits à moindre coût a déjà transformé le fleuve Tapajos, où se trouve le port de Miritituba.”Les communautés traditionnelles sont progressivement chassées de leurs territoires pour laisser place aux ports. Dans certaines zones, elles ne peuvent plus pêcher à cause du trafic des barges, qui renversent leurs embarcations”, affirme cette spécialiste. Et ce trafic fluvial, calcule-t-elle, pourrait être “multiplié par cinq” avec l’arrivée du chemin de fer à Miritituba.Mariel Nakane estime que le système de délivrance de licences environnementales au Brésil ne dispose pas des garde-fous suffisants pour protéger la forêt tropicale et ses habitants.Elle cite notamment l’exemple de la licence octroyée récemment à la compagnie pétrolière Petrobras pour des forages au large de l’Amazonie, et un projet de goudronnage d’une autoroute qui traverse la forêt.Comment ce sujet s’est-il invité à la COP30?Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers Belem, les peuples indigènes cherchent à faire entendre leurs revendications, telles que le rejet du Ferrograo.Les manifestants ont également pointé du doigt un décret signé par Lula en août, qui établit que les grands fleuves amazoniens, dont le Tapajos, sont des priorités pour la navigation de marchandises.”Nous ne le permettrons pas car c’est notre maison, notre rivière, notre forêt”, dit Alessandra Korap, une leader du peuple munduruku.Où en est le projet?L’agence environnementale Ibama a expliqué à l’AFP dans un communiqué que “le processus de licence pour le chemin de fer Ferrograo est à son stade initial, avec une évaluation de sa viabilité environnementale”.Ce processus a toutefois été suspendu en 2021 par le puissant juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes – le temps que le tribunal se penche sur un recours remettant en cause la constitutionnalité de plans visant à modifier les limites d’un parc national pour y faire passer la voie ferrée.L’analyse de ce recours a repris le mois dernier et le juge Moraes a voté pour autoriser la réalisation du projet. Mais l’examen a été à nouveau reporté car un autre magistrat a réclamé davantage de temps pour se prononcer.

La restauration mise sur le fait-maison pour sortir la tête de l’eau

Baisse de fréquentation, hausse des défaillances, changements d’habitudes des clients… La restauration française traverse une passe difficile même si certains concepts s’en sortent mieux; et parmi les pistes évoquées, les professionnels prônent la valorisation du “fait maison”.”Nous défendons le +fait maison+. Face à la +dégastronomisation+ de la France, nous devons tout faire pour reconnaître ceux qui cuisinent vraiment, chaque jour, à partir de produits bruts”, a martelé mercredi le chef Thierry Marx, président de l’Umih, première organisation patronale qui tenait son congrès annuel à Perpignan.Il défend notamment la création d’un titre d’artisan-restaurateur, plus souple dans ces critères que celui de maître-restaurateur et pourrait englober davantage de métiers (boucherie, traiteurs…).Cela passerait par une loi-cadre qui sera son “combat de fin de mandat”, prévue fin 2026. L’idée serait de demander à ce que les restaurateurs se prêtant au jeu bénéficient d’une TVA plus avantageuse, indique-t-il à l’AFP.Une première loi envisageant de rendre la mention “non fait-maison” obligatoire avait été abandonnée l’an dernier face à la levée de boucliers du secteur.”Le +fait maison+ permet de dégager à peine 2% de marge alors que le +non fait maison+ permet 8% de marge”, déplore le chef, qui alerte depuis plusieurs semaines sur le fait que vingt-cinq restaurants mettent la clé sous la porte chaque jour.Un constat partagé par l’autre organisation patronale du secteur, le GHR qui organise son congrès la semaine prochaine : “alors que 2024 avait déjà été une année très difficile pour le secteur, la restauration et les débits de boissons risquent de battre un nouveau record de défaillances”, pointait fin octobre sa présidente Catherine Quérard, en s’appuyant sur les chiffres du cabinet Altares.Le secteur cumule 5.419 défaillances sur les neuf premiers mois de l’année 2025, contre 4.957 sur la même période en 2024, soit une hausse de 9,3%.La mauvaise santé financière du secteur lui aura permis d’échapper à plusieurs mesures budgétaires dans le projet de budget en cours, comme la fiscalisation des pourboires ou une hausse de TVA.Dans un message vidéo diffusé au congrès, le ministre du Commerce Serge Papin a assuré le secteur de son soutien au “fait maison”. Il devrait détailler des mesures lors de la présentation des conclusions des assises de la restauration mi-décembre.- “Rapport expérience-prix” -Dans son ensemble, la restauration commerciale devrait toutefois afficher un chiffre d’affaires en légère hausse en 2025, grâce à l’augmentation du nombre d’établissements, souligne François Blouin du cabinet Food Service Vision.”Pour chaque restaurant, c’est plus dur, c’est vrai. Mais parallèlement il y a plus de créations de restaurants qu’avant”, explique-t-il.Selon lui, si la restauration indépendante à table est particulièrement touchée, la restauration rapide s’en tire mieux et concentre l’essentiel des ouvertures.Pour 2026, l’expert table également sur une légère hausse d’activité grâce à “une bonne dynamique touristique”, “l’augmentation” du nombre de restaurants existants et le fait que “les Français sont attachés au restaurant même si plus sélectifs”.”Quand un restaurateur propose le bon rapport générosité-expérience-prix, il trouve sa clientèle”, souligne-t-il, citant en exemple le succès des buffets à volonté.Dans une étude sur les tendances du secteur pour 2026, le site TheFork estime que “les restaurateurs doivent repenser leurs modèles” car “les consommateurs n’attendent plus seulement de leur repas qu’il soit bon, mais souhaitent vivre une expérience à part entière”.Le chef Marx le reconnait : le bouillon qu’il a ouvert à Saint-Ouen au nord de Paris avec un menu unique à 25 euros ne désemplit pas, malgré la concurrence de nombreux fast-food à proximité; avec 600 couverts par jour, le modèle fonctionne.Difficile toutefois de tirer les prix davantage vers le bas : “sur un plat à 22 euros, il vous reste 40 centimes de marge quand vous le faites maison”, assure-t-il, pointant la concurrence de la livraison à domicile via des plateformes type Deliveroo et Uber Eats, ou la multiplication des distributeurs de pizzas.L’Umih souhaite aussi généraliser son “permis d’entreprendre”, un dispositif de formation en gestion et comptabilité pour les restaurateurs, lancé l’an dernier pour tenter d’enrayer les faillites.

Chinese woman who faked nationality to become Philippine mayor jailed for trafficking

A Chinese woman who faked Philippine nationality to become a town mayor was sentenced Thursday to life in prison on human trafficking charges, a Manila regional court said.Alice Guo, who served as mayor of a town north of the capital, was found guilty of overseeing a Chinese-operated online gambling centre where hundreds of people were …

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A La Réunion, après la crise requin, le surf reprend des couleurs

Entre 2011 et 2019, la côte ouest de La Réunion a été le théâtre de 24 attaques de requins, dont 11 mortelles. Après six ans sans incident, grâce à un arsenal de mesures de sécurité inédites, le surf retrouve progressivement sa place sur l’île.Planche de surf sous le bras, cheveux ébouriffés et lycra floqué “Ti Vague Surf School”, Charles Cassin sort de l’eau et traverse le sable noir brûlant de l’Étang-Salé-les-Bains, dans le sud-ouest de La Réunion.”C’est seulement la deuxième fois que je fais du surf”, sourit ce trentenaire installé à quelques kilomètres de cette plage depuis trois ans.”On quitte bientôt La Réunion”, ajoute-t-il, en jetant un oeil vers son conjoint, Quentin Dominique. “On s’est dit qu’il fallait essayer avant de partir. Même si j’ai peur de l’eau et des requins”.Une crainte partagée par la quasi-totalité des apprentis surfeurs du jour. “J’ai de moins en moins peur mais on a toujours cette idée qui nous traverse l’esprit”, raconte Julie Levanti, 25 ans, qui découvre le spot après plusieurs essais à Saint-Leu, le “spot” le plus célèbre de l’île, plus au nord.”On se dit qu’il y a des gens qui surfent tous les jours et à qui il n’arrive rien. C’est rassurant”, explique-t-elle.Entre 2011 et 2019, la “crise requin” a profondément marqué l’île française de l’océan Indien. Le Centre Sécurité Requin (CSR), le groupement d’intérêt public (GIP) qui gère et coordonne le risque sur l’île, a recensé 48 morsures sur des humains entre 1980 et 2021, dont 25 attaques – 11 mortelles – à partir de 2011.Des plongeurs sous-marins, parfois de simples baigneurs happés à quelques mètres du rivage, mais surtout les surfeurs. Ils représentent “69% des 48 personnes attaquées entre 1980 et 2021”, relève le CSR.Conséquence immédiate: le nombre de pratiquants réguliers s’est effondré au plus fort des attaques. Leur nombre a été “divisé par huit entre 2011 et 2013” et les écoles de surf ont payé le prix de la crise.- Pas d’attaque depuis 2019 -Face au risque, les autorités ont déployé un arsenal inédit. Depuis 2013, la baignade, le surf et le bodyboard sont notamment interdits en dehors du lagon ou de zones sécurisées par filets anti-requins.À cela s’ajoutent drones et jet-skis pour surveiller la présence du squale dans les zones de surf et un programme de pêche ciblée visant les espèces les plus dangereuses, comme les requins-bouledogues et tigres. Le CSR a aussi mené des campagnes scientifiques pour mieux comprendre le comportement du squale.La stratégie, contraignante pour les usagers, a porté ses fruits: aucune attaque n’a été recensée depuis 2019.Dans ce contexte apaisé, le surf renaît. Certaines écoles rouvrent, d’autres apparaissent. C’est le cas de “Ti Vague Surf School”, qui accueille des élèves depuis juin. “Tous mes cours étaient complets pendant les vacances d’octobre”, se félicite son fondateur, Antoine Delhon.”On sent qu’il y a un vrai intérêt de la part des gens. Ils ont parfois un peu d’appréhension mais on les rassure”, ajoute-t-il.Aujourd’hui, huit écoles maillent le littoral réunionnais contre 14 avant la crise requin. À l’Étang-Salé, les cours ont repris grâce au dispositif de surveillance de l’association Ressac.”Nous sommes une dizaine de maître-nageurs sauveteurs sur place”, explique Benjamin André, responsable de brigade. “L’un de nous part en jet-ski et surveille le plan d’eau”. À Saint-Leu, deux jet-skis assurent la même mission. “En cas d’observation, on fait évacuer la zone”, précise-t-il.Les surveillants procèdent aussi à des analyses de turbidité. Le surf n’est autorisé que si la visibilité dépasse huit mètres et si les conditions météo sont bonnes.Malgré ces protocoles, les jet-skis voient encore un requin “au moins une fois par mois”, poursuit Benjamin André. Mais “les dispositifs font leurs preuves. Et tout le monde apprécie de revoir de la vie dans l’eau et sur les plages”.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

L’Australie cède la COP31 à la Turquie mais veut en mener les négociations

Fin de l’impasse? La prochaine COP dans un an devrait avoir lieu à Antalya en Turquie, à la suite d’un accord de principe mercredi avec l’Australie, une victoire diplomatique pour Ankara qui met fin à des mois d’un embarrassant bras de fer.L’Australie a finalement cédé et s’est dite prête lors d’une réunion à Belem, au Brésil, à ce que la Turquie accueille la prochaine conférence sur le climat des Nations unies. Un accord était nécessaire car selon les règles des COP, un consensus est requis pour désigner les pays-hôtes.Mais l’Australie réclame la présidence des négociations durant l’année 2026, un partage des tâches qui serait très inhabituel.Le Premier ministre australien Anthony Albanese a défendu “une grande victoire pour l’Australie comme pour la Turquie”, sur la chaîne ABC.De son côté, Chris Bowen, ministre australien du climat, a admis des “concessions importantes” de la part des deux pays.En novembre 2026, les dizaines de milliers de participants de la conférence climatique de l’ONU prendraient donc la direction d’Antalya, station balnéaire courue de la côte méditerranéenne. Chaque année en janvier, la Turquie y organise un Forum diplomatique qui sert de vitrine du “soft power” qu’Ankara entend déployer sur tous les continents. La traditionnelle conférence pré-COP aurait lieu dans le Pacifique, que l’Australie voulait impliquer dès le départ et dont les îles sont particulièrement menacées par la montée des eaux et les catastrophes liées au changement climatique. Insuffisant pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a dénoncé la décision de son voisin. “Nous sommes tous mécontents. Et déçus que cela se termine de cette façon”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Justin Tkatchenko à l’AFP.Une nouvelle réunion doit être organisée cette semaine pour entériner tout accord.- Engagements insuffisants -Un membre de la délégation turque a de son côté indiqué à l’AFP qu’un accord n’avait “pas encore” été scellé.Toute décision devra être entérinée par consensus des près de 200 pays réunis au Brésil cette semaine à la COP30.La Turquie a ratifié son adhésion à l’accord de Paris sur le climat fin 2021, et les analystes jugent sévèrement ses engagements climatiques.Elle s’est engagée à la neutralité carbone d’ici 2053, trois ans après les pays européens, mais sa feuille de route actuelle est jugée “insuffisante de façon critique” par Climate Action Tracker. Le pays ne prévoit pas de baisse des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035, seulement une croissance plus faible de ces émissions par rapport à la trajectoire actuelle.Pour le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan, cette attribution marque la victoire d’une diplomatie offensive en marge des puissances occidentales, de la Mer Noire à Gaza et à la Corne de l’Afrique.Recep Tayyip Erdogan s’est notamment posé en médiateur dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine. La Turquie a aussi joué les médiateurs entre l’Ethiopie et la Somalie, et soutient l’armée régulière au Soudan face aux paramilitaires.Récemment, elle a également accueilli à Istanbul des négociations entre le Pakistan et l’Afghanistan en vue d’un cessez-le-feu, sans succès.- Embarras -Les conférences climatiques de l’ONU sont organisées à tour de rôle parmi cinq blocs régionaux qui doivent désigner par consensus en leur sein le pays-hôte, ce qui a déjà occasionné des bras de fer, mais rarement d’une telle ampleur.Pour cette année, le Brésil avait été choisi au nom des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes.La COP a déjà désigné l’Ethiopie pour l’Afrique en 2027. Mais les blocages persistaient pour 2026, au sein du groupe “Europe de l’ouest et aux autres Etats”, qui comprend les pays européens, la Turquie, l’Australie, le Canada, les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande.L’Australie avait le soutien d’une grande majorité des pays du groupe mais la Turquie refusait de s’avouer vaincue. Elle avait proposé de coprésider le sommet, ce que l’Australie avait refusé.Si aucun pays ne cédait, la COP31 aurait par défaut pris place en Allemagne, où se situe le siège de l’ONU Climat.