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A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d’une lignée de pêcheurs

Ouvert d’un coup sec, le filet libère des milliers de sardines de belle taille: à bord du Nicolas-Jérémy, la pêche du jour fait disparaître pour quelques heures les angoisses des marins, qui ne voient “plus trop d’avenir” dans ce métier.Le chalutier navigue de concert avec le Notre-Dame de Boulogne: les deux navires de 24 mètres pratiquent “la pêche en bœuf”: “le filet est tendu entre les deux bateaux, c’est comme une charrue tirée par deux bœufs”, explique Nicolas Margollé, capitaine du Nicolas-Jérémy.Les chalutiers ont quitté Boulogne-sur-Mer dans la nuit, emprunté “l’autoroute du détroit” du Pas-de-Calais en direction du sud.Mi-septembre, l’air est doux et la mer calme. Le premier “coup de chalut” est lancé vers 04H15 au large de Berck, à 30 miles marins (environ 50 km) du premier port de pêche français.Remonté trois heures plus tard, le filet est gorgé de sardines de 15 à 20 cm — “énormes par rapport à la petite bretonne”, souligne un matelot —, une pêche sélective et compacte, étoilée de méduses bleues, favorisées par la douceur estivale persistante.Pourtant, derrière la joie de la première prise et la passion d’un métier “de liberté” qui “remplit l’assiette”, affleure une inquiétude profonde. “C’est un métier difficile, trop de contraintes…”, glisse Nicolas Margollé, 45 ans, qui a commencé à naviguer avec son père puis continué avec ses frères: Jérémy (41 ans), second du bateau, et Vincent (33 ans), matelot.- “Trompe-l’oeil” -Dans la famille, ancrée à Etaples, au sud de Boulogne-sur-mer, “on est marin depuis 1600. Avec mes frères, on est peut-être les derniers à faire ce métier”, dit-il. Les fils de Nicolas sont étudiants et n’ont “aucune intention” de devenir marins; Jérémy a trois filles qui n’ont jamais envisagé d’embarquer et Vincent “ne souhaite pas” que ses enfants, encore petits, suivent son exemple.”C’est trop de sacrifices. S’ils veulent être marins, je préfère qu’ils choisissent la marine marchande”, sourit le matelot. Lui ne regrette pas son choix, “une passion”, mais voudrait que les siens échappent aux nuits hachées, au stress des contrôles, aux caprices de la météo et à la concurrence terrible dans la Manche depuis le Brexit.Après une âpre négociation entre Bruxelles et Londres, les pêcheurs français ont fini par obtenir fin 2022 le renouvellement d’un millier de licences de pêche, leur permettant de travailler dans les eaux britanniques.La bataille a laissé des traces. “Les Anglais, si on les a mis sur une île, c’est qu’il y a une raison”, lâche Nicolas Margollé.”On a été parmi les premiers à voir notre licence renouvelée. Mais c’est un trompe-l’œil. Parce qu’en même temps, ils créent des aires marines protégées où ils vont interdire au maximum la pêche, comme par hasard dans les endroits où on va”, explique le capitaine, qui réalise “30 à 40%” de son chiffre d’affaires dans les eaux britanniques.Tous le disent: leur terrain de jeu ne cesse de rétrécir. Alors que l’équipage — six personnes à bord — remonte le second filet, vers 10H30, on aperçoit le chantier d’un parc éolien au large des falaises du Tréport (Normandie). “Un espace de plus fermé à la pêche.”Leur crainte est aussi de voir les flottilles européennes, en particulier hollandaise, venir frayer du côté français de la Manche. “Il y a déjà trop de bateaux. Les Hollandais pêchent à la senne: en quelques heures, ils ratissent des zones immenses”, jusqu’à 3 km². La senne démersale consiste à déployer deux longs câbles autour d’un filet: lorsque les câbles sont resserrés, ils créent un mur de sédiments qui rabat tous les poissons, juvéniles compris, vers le fond du filet.”On l’a pratiquée pendant cinq–six ans, notre chiffre d’affaires a bondi de 30% au début, mais on arrête: on vide la mer, on scie la branche sur laquelle on est assis”, raconte Nicolas Margollé, qui a vu les quotas de maquereaux fondre en dix ans.Bannie en Aquitaine, Normandie et Bretagne, cette technique reste pratiquée dans les Hauts-de-France, au grand dam des pêcheurs artisanaux.- Devoir “se justifier” -Pour rester compétitifs, il faudrait changer de bateau: le Nicolas-Jérémy a bientôt 25 ans. En 2001, il a coûté 2,5 millions d’euros, “aujourd’hui, le même neuf, moins polluant, plus confortable, ce serait plus de 6 millions”. L’avenir est “trop plein d’incertitudes” pour justifier un tel investissement, estiment les trois frères.Alors ils améliorent l’existant, viennent d’installer un nouveau sondeur pour repérer les bancs de poissons.Les marins étaplois sont aussi las de devoir “se justifier”: après la saison de la sardine, pêchée au filet pélagique, ils pratiquent le chalutage de fond  — qui racle les fonds marins — pour chasser l’encornet. “Je passe là où mon père et mon grand-père passaient: si on avait tout détruit, on ne prendrait plus rien”, balaye Nicolas Margollé.La quatrième prise est miraculeuse, les marins travaillent d’arrache-pied pour nettoyer et ranger le poisson en cagettes, recouvertes de glace, pour tenir jusqu’au retour au port. Cette nuit-là, les deux chalutiers boulonnais rentrent avec “22 tonnes de sardines”. “Ca correspond à notre carnet de commandes, on ne pêche jamais plus.”

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

A bord du Nicolas-Jérémy, la dernière génération d’une lignée de pêcheurs

Ouvert d’un coup sec, le filet libère des milliers de sardines de belle taille: à bord du Nicolas-Jérémy, la pêche du jour fait disparaître pour quelques heures les angoisses des marins, qui ne voient “plus trop d’avenir” dans ce métier.Le chalutier navigue de concert avec le Notre-Dame de Boulogne: les deux navires de 24 mètres pratiquent “la pêche en bœuf”: “le filet est tendu entre les deux bateaux, c’est comme une charrue tirée par deux bœufs”, explique Nicolas Margollé, capitaine du Nicolas-Jérémy.Les chalutiers ont quitté Boulogne-sur-Mer dans la nuit, emprunté “l’autoroute du détroit” du Pas-de-Calais en direction du sud.Mi-septembre, l’air est doux et la mer calme. Le premier “coup de chalut” est lancé vers 04H15 au large de Berck, à 30 miles marins (environ 50 km) du premier port de pêche français.Remonté trois heures plus tard, le filet est gorgé de sardines de 15 à 20 cm — “énormes par rapport à la petite bretonne”, souligne un matelot —, une pêche sélective et compacte, étoilée de méduses bleues, favorisées par la douceur estivale persistante.Pourtant, derrière la joie de la première prise et la passion d’un métier “de liberté” qui “remplit l’assiette”, affleure une inquiétude profonde. “C’est un métier difficile, trop de contraintes…”, glisse Nicolas Margollé, 45 ans, qui a commencé à naviguer avec son père puis continué avec ses frères: Jérémy (41 ans), second du bateau, et Vincent (33 ans), matelot.- “Trompe-l’oeil” -Dans la famille, ancrée à Etaples, au sud de Boulogne-sur-mer, “on est marin depuis 1600. Avec mes frères, on est peut-être les derniers à faire ce métier”, dit-il. Les fils de Nicolas sont étudiants et n’ont “aucune intention” de devenir marins; Jérémy a trois filles qui n’ont jamais envisagé d’embarquer et Vincent “ne souhaite pas” que ses enfants, encore petits, suivent son exemple.”C’est trop de sacrifices. S’ils veulent être marins, je préfère qu’ils choisissent la marine marchande”, sourit le matelot. Lui ne regrette pas son choix, “une passion”, mais voudrait que les siens échappent aux nuits hachées, au stress des contrôles, aux caprices de la météo et à la concurrence terrible dans la Manche depuis le Brexit.Après une âpre négociation entre Bruxelles et Londres, les pêcheurs français ont fini par obtenir fin 2022 le renouvellement d’un millier de licences de pêche, leur permettant de travailler dans les eaux britanniques.La bataille a laissé des traces. “Les Anglais, si on les a mis sur une île, c’est qu’il y a une raison”, lâche Nicolas Margollé.”On a été parmi les premiers à voir notre licence renouvelée. Mais c’est un trompe-l’œil. Parce qu’en même temps, ils créent des aires marines protégées où ils vont interdire au maximum la pêche, comme par hasard dans les endroits où on va”, explique le capitaine, qui réalise “30 à 40%” de son chiffre d’affaires dans les eaux britanniques.Tous le disent: leur terrain de jeu ne cesse de rétrécir. Alors que l’équipage — six personnes à bord — remonte le second filet, vers 10H30, on aperçoit le chantier d’un parc éolien au large des falaises du Tréport (Normandie). “Un espace de plus fermé à la pêche.”Leur crainte est aussi de voir les flottilles européennes, en particulier hollandaise, venir frayer du côté français de la Manche. “Il y a déjà trop de bateaux. Les Hollandais pêchent à la senne: en quelques heures, ils ratissent des zones immenses”, jusqu’à 3 km². La senne démersale consiste à déployer deux longs câbles autour d’un filet: lorsque les câbles sont resserrés, ils créent un mur de sédiments qui rabat tous les poissons, juvéniles compris, vers le fond du filet.”On l’a pratiquée pendant cinq–six ans, notre chiffre d’affaires a bondi de 30% au début, mais on arrête: on vide la mer, on scie la branche sur laquelle on est assis”, raconte Nicolas Margollé, qui a vu les quotas de maquereaux fondre en dix ans.Bannie en Aquitaine, Normandie et Bretagne, cette technique reste pratiquée dans les Hauts-de-France, au grand dam des pêcheurs artisanaux.- Devoir “se justifier” -Pour rester compétitifs, il faudrait changer de bateau: le Nicolas-Jérémy a bientôt 25 ans. En 2001, il a coûté 2,5 millions d’euros, “aujourd’hui, le même neuf, moins polluant, plus confortable, ce serait plus de 6 millions”. L’avenir est “trop plein d’incertitudes” pour justifier un tel investissement, estiment les trois frères.Alors ils améliorent l’existant, viennent d’installer un nouveau sondeur pour repérer les bancs de poissons.Les marins étaplois sont aussi las de devoir “se justifier”: après la saison de la sardine, pêchée au filet pélagique, ils pratiquent le chalutage de fond  — qui racle les fonds marins — pour chasser l’encornet. “Je passe là où mon père et mon grand-père passaient: si on avait tout détruit, on ne prendrait plus rien”, balaye Nicolas Margollé.La quatrième prise est miraculeuse, les marins travaillent d’arrache-pied pour nettoyer et ranger le poisson en cagettes, recouvertes de glace, pour tenir jusqu’au retour au port. Cette nuit-là, les deux chalutiers boulonnais rentrent avec “22 tonnes de sardines”. “Ca correspond à notre carnet de commandes, on ne pêche jamais plus.”

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De jeunes Américains défient Trump au tribunal pour son recul climatique

Existe-t-il un droit à un futur climatique viable? De jeunes Américains tentent mardi de saisir la justice contre l’administration Trump, qu’ils accusent de bafouer leurs droits fondamentaux en promouvant le pétrole et le gaz.”Cela m’angoisse beaucoup de penser à mon avenir”, a confié à l’AFP Eva Lighthiser, plaignante principale, dont la famille a dû déménager pour des raisons climatiques.Pour cette femme de 19 ans, “c’est très difficile à accepter pour quelqu’un qui entre tout juste dans l’âge adulte”.Elle témoignera mardi et mercredi aux côtés de 21 autres jeunes, dont plusieurs mineurs, dans le cadre de cette action portée devant un tribunal fédéral à Missoula, dans le Montana, Etat rural du nord-ouest des Etats-Unis.Leur plainte illustre le déplacement croissant du combat climatique sur le terrain judiciaire, souvent à l’initiative de jeunes du même âge. Cet été, ce sont des étudiants de l’archipel du Vanuatu qui ont obtenu une victoire retentissante devant la Cour internationale de justice, plus haute juridiction de l’ONU.Citant des répercussions sur leur santé, le groupe de jeunes Américains attaque des décrets de Donald Trump pour faciliter la production de pétrole et de gaz, entraver celle d’énergies renouvelables et occulter le suivi des effets du changement climatique.Des climatologues, un pédiatre ou l’ancien émissaire climatique démocrate John Podesta témoigneront pour appuyer leur démarche.Ce sera “la première fois” que les plaignants pourront témoigner directement face au nouveau gouvernement républicain sur la façon dont sa politique “provoque la crise climatique et porte préjudice aux jeunes”, explique à l’AFP Andrea Rogers, avocate de l’association Our Children’s Trust, qui les représente.- Cour suprême conservatrice -L’action est pour l’instant au stade procédural: elle vise à obtenir du juge qu’il ordonne la tenue d’un procès. Le gouvernement fédéral, rejoint par 19 Etats conservateurs et le territoire de Guam, réclame un classement sans suite.Bien que le juge, Dana Christensen, soit connu pour des décisions en faveur de l’environnement, les observateurs ne sont pas optimistes. Même en cas de procès, la procédure risque de finir devant la Cour suprême, dominée par les conservateurs.Et l’absence de jurisprudence fédérale forte sur un “droit constitutionnel à un environnement propre” ne joue pas en faveur du mouvement, dit à l’AFP Michael Gerrard, professeur de droit environnemental à l’université Columbia.”Cette Cour suprême est plutôt encline à retirer des droits qu’à en accorder, à moins que vous n’ayez une arme à feu”, tranche-t-il.L’équipe juridique garde néanmoins espoir, après de récentes victoires remportées au niveau des Etats.En 2023, un juge du Montana a donné raison à de jeunes plaignants qui contestaient la non-prise en compte du climat dans la délivrance de permis pétroliers et gaziers, estimant que cela violait leur droit constitutionnel à un environnement sain.Un an plus tard, de jeunes militants hawaïens ont obtenu un accord obligeant leur Etat à accélérer la décarbonation du secteur des transports.Mais au niveau fédéral, la balance ne penche pas du côté des militants. L’affaire la plus connue, remontant à 2015, a été close en 2023… par la Cour suprême.Le gouvernement Trump pourrait faire valoir que la question climatique relève du politique et non des tribunaux.Mais, note l’avocate Andrea Rogers, “la question de savoir si le pouvoir exécutif viole les droits constitutionnels des jeunes est précisément le genre de question que les tribunaux tranchent depuis des décennies”.

Début du procès en appel du “violeur de Tinder” Salim Berrada

Le procès en appel de celui que les médias ont surnommé le “violeur de Tinder”, Salim Berrada, s’ouvre mardi à Créteil, un an et demi après sa condamnation à 18 ans de réclusion pour avoir violé ou agressé sexuellement 15 femmes rencontrées en ligne.Tout au long de son premier procès, en mars 2024 à Paris, Salim Berrada avait clamé son innocence, arguant que les relations avec ces femmes étaient consenties, ou n’avaient pas existé.Au terme de deux semaines d’audience, où le consentement avait été au cœur des débats, la cour criminelle de Paris avait reconnu coupable cet ex-photographe marocain d’aujourd’hui 40 ans de 12 viols et trois agressions sexuelles.Pour deux autres plaignantes, elle l’avait acquitté, considérant que les preuves manquaient et que “le doute” devait lui bénéficier. Ces 17 femmes se sont de nouveau constituées parties civiles.En première instance, l’accusé s’était vu infliger une peine de 18 ans de réclusion criminelle, assortie d’une obligation de quitter le territoire. Il avait aussitôt interjeté appel.Les faits dénoncés s’étalent de 2014 à 2016.Agées à l’époque d’une petite vingtaine d’années pour la plupart, les plaignantes livrent des récits similaires de leur rencontre avec Salim Berrada, qui les avait attirées dans son studio via des messages sur des réseaux sociaux ou sites de rencontres, proposant des séances photos.Une fois à son domicile, elles se voient offrir de l’alcool, que beaucoup n’osent pas refuser. Toutes décrivent alors une ivresse anormale et rapide. Vient ensuite l’état second, l’impression d’avoir été droguées. Certaines vomissent, d’autres tombent.Toutes racontent le changement de comportement du photographe. Il les plaque, les maintient aux poignets alors qu’elles répètent qu’elles ne veulent pas, puis les viole.En mars 2024, le président de la cour criminelle de Paris, Thierry Fusina, avait souligné le “caractère particulièrement organisé”, le “mode opératoire éprouvé” et le “caractère sériel de ces crimes et délits”, jugé “particulièrement inquiétant”.L’avocat général, qui avait requis une peine de 19 ans de réclusion, avait fustigé un “insatiable chasseur égocentrique”, qui “ne reconnaît rien”.La défense avait pour sa part longuement prié la cour d’au moins “douter” de sa culpabilité.”J’aimerais juste dire que ce monstre (…) ce n’est pas moi”, avait murmuré Salim Berrada, avant que la cour ne se retire pour délibérer.Le verdict de son procès en appel est attendu le 2 ou le 3 octobre. Il encourt la peine maximale de 20 ans de réclusion.

Le gouvernement appelé à “lever le tabou” des mineurs auteurs de violences sexuelles

Il “est urgent de lever le tabou” et d’agir sur les “facteurs de risque” : un rapport sur les mineurs auteurs de violences sexuelles est remis mardi au gouvernement pour l’inciter à renforcer la prévention visant à endiguer le phénomène. “On a 11.500 mineurs qui commettent des violences sexuelles chaque année, cela représente environ 30% des auteurs de violences sexuelles sur mineurs, c’est loin d’être anecdotique”, souligne auprès de l’AFP la psychiatre Anne-Hélène Moncany.”Mais il y a encore dans notre pays une vraie difficulté à représenter l’enfant comme un possible agresseur, il y a donc urgence à lever ce tabou pour protéger les enfants”, estime la présidente de la Fédération française des centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (FFCRIAVS).A l’initiative de sa fédération, une audition publique s’est tenue fin juin à Paris sur cette problématique, dont les conclusions seront remises mardi à 16h30 à la Haute commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry. Le rapport comportera une quarantaine de mesures et insistera sur le volet prévention, indique à l’AFP Adrien Taquet, ex-secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, co-rapporteur avec la pédopsychiatre Clémentine Rappaport.”Car il n’y a pas de fatalité : il n’y a certes pas un profil type de mineur auteur de violences sexuelles, par contre on sait qu’il y a des facteurs de risque sur lesquels on peut travailler”, souligne Anne-Hélène Moncany. Parmi ces facteurs, la psychiatre cite en premier lieu le fait d’avoir été soi-même victime de violences sexuelles, d’avoir grandi dans une famille dysfonctionnelle ou encore d’avoir été exposé trop prématurément à de la sexualité et à de la pornographie.”Cela ne suffit pas, en soi, à expliquer qu’on commette des violences sexuelles, toutes les victimes ne sont évidemment pas des agresseurs sexuels en puissance, mais cela peut favoriser le passage à l’acte”, ajoute-t-elle. Face à cette situation, il faudrait, entre autres, “donner aux professionnels, aux parents, mais plus globalement à la société dans son ensemble, des repères plus clairs sur ce que c’est que le développement psychosexuel de l’enfant, ce qui est normal, ce qui ne l’est pas”, plaide-t-elle. La prise en charge des auteurs gagnerait, elle, à être revue, relève de son côté Adrien Taquet, qui déplore l’approche actuelle “uniquement répressive, davantage fondée sur la sanction que sur un accompagnement plus global”.Or “la seule façon d’espérer briser le cycle de violences c’est que cette sanction s’accompagne d’un accompagnement thérapeutique, social et éducatif”, estime-t-il.

Un an après la crise de la vie chère, la Martinique étend son “bouclier qualité-prix”

Un an après les émeutes en Martinique sur fond de mobilisation contre la vie chère, les principaux acteurs de la distribution et les services de l’Etat ont adopté lundi une version étendue du “bouclier qualité-prix” (BQP).”C’est l’aboutissement de trois mois de négociations avec la grande distribution, avec les grossistes importateurs, pour obtenir un bouclier qualité-prix qui soit élargi”, a salué le préfet de la Martinique, Etienne Desplanques, à l’issue de la signature de ce dispositif annuel de modération des prix des produits de consommation courante.Il s’agissait d’une des mesures phares inscrites dans le protocole de lutte contre la vie chère, signé le 16 octobre 2024 par le prédécesseur de M. Desplanques et une trentaine d’interlocuteurs locaux, au terme de plusieurs semaines de protestation populaire sur cette île où les produits alimentaires sont en moyenne 40% plus chers que dans l’Hexagone, selon l’Insee.Malgré la signature de ce protocole, les prix ont enregistré en juillet 2025 une progression de 0,8% sur un an en Martinique, indiquait l’institut fin août.”L’Etat s’était engagé à ouvrir une négociation” et “les associations de consommateurs nous le demandaient”, a rappelé le représentant de l’Etat.Jusqu’ici limité à 134 articles répartis en quatre “sous-paniers” – produits alimentaires, infantiles, d’hygiène ou d’entretien -, le BQP, dont la nouvelle version entre en vigueur dès mardi, comporte désormais 180 produits, dont 14 fournitures scolaires, catégorie jusqu’ici exclue du dispositif.En outre, une catégorie “BQP bricolage”, qui inclut 36 articles vendus dans sept enseignes de l’île, a été créée, en s’inspirant du modèle existant à La Réunion.Ces produits ont été définis “par les associations de consommateurs, qui ont fait état de leurs besoins”, s’est félicité Patrick Plantard, le président de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus des Antilles-Guyane, qui prend part chaque année à l’élaboration du BQP.Le dispositif annuel devrait être étoffé d’un “BQP automobile” portant sur les pièces détachées et “les services d’entretien des véhicules”, a indiqué le préfet.Les négociations avec les acteurs de ce secteur seront lancées “d’ici quelques semaines”, a-t-il précisé.

Violente passe d’armes entre Radio France et les médias Bolloré

“Oligopole hostile” contre “bien-pensants”: la guerre est ouverte entre les médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, dont CNews, et le groupe public Radio France, qui s’accusent mutuellement de parti pris politique dans le sillage de l’affaire Legrand-Cohen.Dernier épisode en date, la présidente de Radio France Sibyle Veil a dénoncé “ceux qui orchestrent une campagne de déstabilisation contre nous”. “Il s’agit bien de cela car la critique a perdu tout lien de proportion avec les faits”, a-t-elle affirmé dans un email envoyé lundi matin aux salariés et consulté par l’AFP dans la soirée.”Nous n’avons rien à voir avec un média d’opinion. Les critiques obsessionnelles ne doivent pas nous décourager”, a défendu la présidente de Radio France.Avant elle, Vincent Meslet, directeur éditorial de Radio France, avait pointé samedi dans le journal Le Parisien/Aujourd’hui en France “un oligopole hostile”, “des médias militants, d’obsessions”, première fois qu’un responsable de Radio France ripostait en citant directement les médias de la galaxie Bolloré.”Ces gens deviennent fous”, a rétorqué lundi matin la vedette de la chaîne télé CNews, Pascal Praud, en ouvrant son émission “L’heure des pros”. Il a dénoncé une “offensive tous azimuts contre ce que les bien-pensants nomment la presse Bolloré, mais qui est tout simplement une presse libre et indépendante”.Ces derniers mois, CNews, la radio Europe 1 et le Journal du dimanche (JDD), tous dans le giron de M. Bolloré, ont fréquemment reproché à l’audiovisuel public de pencher à gauche, notamment dans son traitement des questions d’immigration et d’insécurité. Eux-mêmes sont accusés par des responsables politiques de gauche de promouvoir des idées d’extrême droite, ce qu’ils contestent.- “Pires adversaires” -Ces hostilités ont été déclenchées par la vidéo diffusée début septembre par le média conservateur L’Incorrect, qui a suscité une vive polémique politico-médiatique.Filmée en juillet dans un restaurant parisien, elle montre Thomas Legrand, chroniqueur à Libération et France Inter, et Patrick Cohen, qui intervient sur France Inter et sur France 5 (groupe public France Télévisions), échanger avec deux responsables du Parti socialiste. Au cours de cette discussion, M. Legrand déclare: “Nous, on fait ce qu’il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi”, ce qui a pu être interprété comme un parti pris à l’encontre de la ministre sortante de la Culture.La séquence a valu aux deux journalistes des accusations de connivence avec le PS.Sur France 5 lundi soir, Patrick Cohen a annoncé avoir, avec Thomas Legrand, “adressé aujourd’hui par voie d’huissier une sommation pour obtenir les rushes”, soit l’intégralité des images filmées, dénonçant une vidéo “coupée à dix reprises”.Le régulateur de l’audiovisuel (Arcom) doit auditionner cette semaine Delphine Ernotte Cunci, présidente de France Télévisions, et Sibyle Veil. Cette dernière a indiqué aux salariés qu’elle défendrait mercredi “le travail de toutes les équipes de nos antennes” devant le régulateur.Thomas Legrand, lui, a renoncé à son émission dominicale sur France Inter, mais continuera d’intervenir à l’antenne.Durant le week-end, M. Meslet et une autre responsable de Radio France, Céline Pigalle, étaient publiquement montés au créneau, en réfutant les accusations de parti pris politique.”CNews et Europe 1 (…) n’ont pas manqué de créer (…) un récit autour de cette affaire pour mieux nous attaquer”, avait déclaré Vincent Meslet au Parisien/Aujourd’hui en France.- “Apparatchik” -“Jusqu’à 80% du temps d’antenne (de CNews, ndlr) à certaines heures était consacré à ce sujet”, avait renchéri Céline Pigalle, patronne de l’information de Radio France, dans une interview aux Échos.Vincent Meslet a insisté lundi matin, dans une tribune publiée sur X: “la France comprend des médias audiovisuels d’opinion au service d’un projet politique”.Sur CNews, Pascal Praud a qualifié lundi M. Meslet d'”apparatchik du service public” et rappelé qu’en 2015, ce dernier avait déclaré à Libération avoir “toujours voté” socialiste ou écologiste.”Tous ces intolérants, ces sectaires, ces doctrinaires ne veulent qu’une seule ligne, ils imposent leur récit”, a insisté M. Praud sur la première chaîne info de France en part d’audience.Il a ensuite fait diffuser les images d’un discours du président du RN, Jordan Bardella, qui a une nouvelle fois appelé à la privatisation de l’audiovisuel public en lui reprochant ses “dérives militantes”.Outre CNews, la matinale d’Europe 1 est elle aussi revenue sur les propos de M. Meslet pour s’en insurger. “Monsieur Vincent Meslet (…), certains parlent du réel et d’autres comme vous sont dans le déni et écrivent une autre histoire”, a lancé l’éditorialiste Laurent Tessier.

Budget : la CGT attend la “rupture”, CFE-CGC et CFTC sont plus optimistes

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a accusé lundi le Premier ministre, Sébastien Lecornu, de ne poser à ce stade “aucun acte de rupture”, tandis que ses homologues de la CFTC et de la CFE-CGC se sont montrés plus optimistes à l’issue de leurs entretiens à Matignon.”Ce rendez-vous confirme plus que jamais la nécessité de se mobiliser le 18 (septembre) puisque le Premier ministre, à ce stade, parle de rupture dans ses discours, mais ne pose aucun acte de rupture, notamment vis-à-vis de l’Elysée”, a dénoncé à la mi-journée Sophie Binet. “A part les deux jours fériés, il n’a renoncé à rien dans le musée des horreurs qu’Emmanuel Macron avait prévu dans son projet de budget”.Sébastien Lecornu a annoncé samedi le retrait de la proposition de suppression de deux jours fériés et dit miser sur “le dialogue avec les partenaires sociaux” pour trouver “d’autres sources de financement” pour le budget.La numéro un de la CGT, reçue à Matignon après Marylise Léon de la CFDT vendredi, a dit avoir exigé comme “première rupture” l’abrogation de la réforme des retraites, “blessure démocratique et sociale qui ne passe pas et qui est à l’origine de la situation d’instabilité politique actuelle”.Mais elle a expliqué à la presse avoir “senti que le Premier ministre n’était absolument pas déterminé à agir” sur l’abrogation de l’âge de départ à 64 ans. “S’il n’y a pas d’abrogation de cette réforme des retraites, son gouvernement, comme les précédents, tombera”, a-t-elle prévenu.”Il ne m’a donné aucune garantie qu’il n’y ait pas de nouvelle réforme de l’assurance chômage”, a également déploré Mme Binet, citant également, entre autres, la suppression des 3.000 postes de fonctionnaires et l’augmentation des franchises médicales comme points sur lesquels des ruptures sont attendues.Plus “optimiste”, Cyril Chabanier (CFTC) a “entendu un Premier ministre qui (…) comprend que l’année blanche peut poser certaines difficultés et qui est prêt à nous écouter, à entendre nos propositions, en tous cas pour que les plus fragiles et les plus modestes puissent être exclus des mesures les plus difficiles dans l’effort de redressement budgétaire”.”On a senti un Premier ministre prêt à bouger les lignes”, a-t-il poursuivi, tout en maintenant son appel à manifester aux côtés de ses homologues jeudi.Quid d’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage ? “Sur l’assurance chômage, ce n’est pas un dossier prioritaire pour le Premier ministre, ce n’est pas une priorité pour lui de faire une nouvelle réforme”, a rapporté Cyril Chabanier.”On a eu un entretien avec le Premier ministre quand même assez détendu, agréable et surtout il nous a fait part de son engagement pour remettre en selle le paritarisme des corps intermédiaires et des partenaires sociaux”, a salué devant la presse le N°1 de la CFE-CGC, François Hommeril.”Cet entretien je pense, en tout cas je veux l’espérer, ouvre des perspectives”, a-t-il ajouté, même si le Premier ministre n’a apporté aucune précision sur les pistes d’économies budgétaires à venir.Ces entretiens se déroulent sous la pression de la journée de mobilisation syndicale prévue jeudi, lors de laquelle les syndicats espèrent dépasser la mobilisation de près de 200.000 personnes du 10 septembre, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.Seul représentant du patronat reçu lundi – le patron du Medef Patrick Martin s’était rendu à Matignon vendredi soir, et celui de l’U2P Michel Picon doit s’y rendre mardi –, le président de la CPME Amir Reza-Tofighi a senti un premier ministre “à l’écoute”, a-t-il indiqué à l’AFP.”Nous lui avons fait part de la situation très difficile des entreprises actuellement et indiqué que la taxation des entrepreneurs sur la valeur de leur entreprise (la taxe Zucman, NDLR) était suicidaire pour notre économie et donc une ligne rouge absolue pour nous”, a-t-il ajouté.

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Brésil: la forêt amazonienne amputée d’une surface équivalente à l’Espagne en 40 ans

La forêt amazonienne au Brésil a été amputée en quatre décennies d’une surface proche de celle de l’Espagne et s’approche d’un “point de non-retour”, selon les données publiées lundi par le réseau de surveillance Mapbiomas.Dans le plus vaste pays d’Amérique latine, la plus grande forêt tropicale de la planète a perdu 49,1 millions d’hectares de 1985 à 2024, selon les données satellitaires compilées par ce réseau regroupant des ONG, des universités et des entreprises de technologies.L’Amazonie s’approche du “point de non-retour au-delà duquel la forêt ne peut plus perdurer” comme telle, car elle menace d’atteindre le seuil de 20-25% de végétation autochtone perdue, explique Bruno Ferreira, chercheur de Mapbiomas, cité dans un communiqué.”Lors de pertes importantes de végétation, le cycle des pluies est rompu et de grandes zones ont tendance à se transformer en savane”, explique-t-il à l’AFP.Le Brésil, qui accueille en novembre la conférence de l’ONU sur le climat COP30 dans la ville amazonienne de Belem, abrite environ 60% de la forêt amazonienne, soit 421 millions d’hectares au total.En 2024, la superficie occupée par des activités humaines, notamment agricoles, y a atteint 15,3%, selon Mapbiomas. La surface occupée par l’élevage y a été pratiquement multipliée par cinq de 1985 à 2024, atteignant 56,1 millions d’hectares.La forêt joue un rôle crucial dans l’absorption de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.Au Brésil, la déforestation en Amazonie a augmenté de 4% d’août 2024 à juillet 2025, en raison notamment d’incendies dévastateurs favorisés par la sécheresse historique qui a frappé le pays l’an dernier.Mais elle avait nettement baissé auparavant depuis le retour au pouvoir en janvier 2023 du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, après de fortes augmentations sous le mandat de son prédécesseur d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Lecornu va mettre fin aux “avantages à vie” des ex-ministres dès 2026

Fini le chauffeur et la voiture de fonction “à vie” pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront “supprimés” dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l’une de ses premières promesses, très symbolique pour l’opinion.Il n’est “pas concevable” que les anciens ministres “puissent bénéficier d’avantages à vie en raison d’un statut temporaire”, a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.”La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l’Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée”, a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.Sollicité par l’AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une “instruction” à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer “sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile”, à la charge de l’Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d’un “agent pour leur secrétariat particulier” pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de 67 ans. Des avantages qui ne s’appliquent pas pour les “ex” de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.- “Mettre fin aux derniers privilèges” -Une autre instruction du chef du gouvernement à l’attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer “un cadre” relatif à la “protection policière” des anciens Premiers ministres et ministres de l’Intérieur, a détaillé Matignon.”On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l’État n’en font pas. La réforme, ce n’est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion”, avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end. “Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges”, avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s’était inquiété du “décalage” observé entre la vie politique et la vie “réelle” des Français.Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l’une de ses premières promesses, alors qu’il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l’ex-député socialiste René Dosière pour identifier les “avantages indus, excessifs, inacceptables” dans un contexte de dérapage des finances publiques. En réalité, l’économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d’euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d’euros à l’Etat en 2024, selon le gouvernement. Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d’euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.