AFP Top News

Ouverture du procès en appel du “violeur de Tinder” Salim Berrada

Le procès en appel de celui que les médias ont surnommé le “violeur de Tinder”, Salim Berrada, s’est ouvert mardi à Créteil, un an et demi après sa condamnation à 18 ans de réclusion pour avoir violé ou agressé sexuellement 15 femmes rencontrées en ligne.L’accusé, âgé de 40 ans aujourd’hui, a pris place dans le box vitré, vêtu d’une chemise gris clair, lunettes rectangulaires et les cheveux frisés relevés en chignon.Tout au long de son premier procès, en mars 2024 à Paris, Salim Berrada avait clamé son innocence, arguant que les relations avec ces femmes étaient consenties, ou n’avaient pas existé.Au terme de deux semaines d’audience, où le consentement avait été au cœur des débats, la cour criminelle de Paris avait reconnu coupable cet ex-photographe marocain de 12 viols et trois agressions sexuelles.Pour deux autres plaignantes, elle l’avait acquitté, considérant que les preuves manquaient et que “le doute” devait lui bénéficier. Ces 17 femmes se sont de nouveau constituées parties civiles.En première instance, l’accusé s’était vu infliger une peine de 18 ans de réclusion criminelle, assortie d’une obligation de quitter le territoire. Il avait aussitôt interjeté appel.Les faits dénoncés s’étalent de 2014 à 2016.Agées à l’époque d’une petite vingtaine d’années pour la plupart, les plaignantes livrent des récits similaires de leur rencontre avec Salim Berrada, qui les avait attirées dans son studio via des messages sur des réseaux sociaux ou sites de rencontres, proposant des séances photos.Une fois à son domicile, elles se voient offrir de l’alcool, que beaucoup n’osent pas refuser. Toutes décrivent alors une ivresse anormale et rapide. Vient ensuite l’état second, l’impression d’avoir été droguées. Certaines vomissent, d’autres tombent.Toutes racontent le changement de comportement du photographe. Il les plaque, les maintient aux poignets alors qu’elles répètent qu’elles ne veulent pas, puis les viole.En mars 2024, le président de la cour criminelle de Paris, Thierry Fusina, avait souligné le “caractère particulièrement organisé”, le “mode opératoire éprouvé” et le “caractère sériel de ces crimes et délits”, jugés “particulièrement inquiétants”.L’avocat général, qui avait requis une peine de 19 ans de réclusion, avait fustigé un “insatiable chasseur égocentrique”, qui “ne reconnaît rien”.La défense avait pour sa part longuement prié la cour d’au moins “douter” de sa culpabilité.”J’aimerais juste dire que ce monstre (…) ce n’est pas moi”, avait murmuré Salim Berrada, avant que la cour ne se retire pour délibérer.Le verdict de son procès en appel est attendu le 2 ou le 3 octobre. Il encourt la peine maximale de 20 ans de réclusion.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Le Pendjab, grenier à blé de l’Inde, dévasté par les inondations

La saison s’annonçait prometteuse mais les inondations causées par les fortes pluies de la mousson ont dévasté les champs dans le nord de l’Inde, où récoltes et bétail tué en décomposition dégagent une odeur nauséabonde.L’Etat du Pendjab, considéré comme le grenier à blé du pays, a connu cette année des niveaux de précipitations supérieurs de 34% à la moyenne, selon les services de météorologie.Leur bilan est sans précédent: au moins 52 morts, plus de 400.000 habitants sinistrés. Et des dégâts considérables des deux côtés de la frontière qui sépare les Pendjab indien et pakistanais.”Les cultures ont été entièrement détruites”, a constaté le ministre indien de l’Agriculture, Shivraj Singh Chouhan, lors d’une récente visite. Le Premier ministre Narendra Modi a annoncé une aide d’urgence de 150 millions d’euros.”Il s’agit des plus graves inondations que nous traversons depuis des décennies”, a insisté le chef de l’exécutif du Pendjab, Bhagwant Mann.Un sentiment partagé par les anciens.”La dernière fois que nous avons connu des inondations aussi dévastatrices, c’était en 1988″, se souvient Balkar Singh, 70 ans, dans son petit village de Shehzada, à une trentaine de kilomètres de la grande ville d’Amritsar.Les pluies diluviennes de la mousson ont transformé ses rizières en marais et ouvert d’énormes fissures dans les murs de sa maison.- Investissements noyés -Les inondations et les glissements de terrain sont fréquents de juin à septembre en Inde. Les scientifiques assurent que le changement climatique, combiné au développement mal planifié des infrastructures, a augmenté leur fréquence, leur gravité et leur impact.Coincé entre le fleuve Ravi et la frontière du Pakistan, le village de Toor n’a pas échappé au déluge. Récoltes détruites, bétail noyé et maisons démolies, il n’est plus qu’un champ de ruines.”L’eau a déferlé après minuit le 26 août”, témoigne un agriculteur, Surjan Lal.”Son niveau a atteint au moins trois mètres en quelques minutes”, poursuit-il. “On s’est retrouvés sur les toits pendant près d’une semaine, impuissants, à regarder l’eau tout emporter, du bétail à nos lits.”Dans le village voisin de Lassia, collé au Pakistan, Rakesh Kumar compte ses pertes. “En plus de celles dont je suis propriétaire, j’ai pris d’autres terres en bail et je me suis lourdement endetté cette année”, explique cet agriculteur âgé de 37 ans. “Tous mes investissements sont partis avec l’eau des inondations…”Et comme si ça ne suffisait pas, il y a peu de chance pour que le blé qu’il a planté dans ses champs pour l’hiver lui rapporte grand-chose.”Il faudrait d’abord que toute cette boue sèche”, fulmine-t-il, “ce n’est qu’après que les machines pourront évacuer le limon”. Et encore, acheminer ces engins sur place relève du défi logistique.Pour ceux qui ne possèdent pas leur terre comme Mandeep Kaur, 50 ans, la situation s’annonce encore plus délicate.- Menaces sur le basmati -“On gagnait notre vie en travaillant pour les grands propriétaires mais ils sont tous partis”, constate l’ouvrière agricole.Sa maison a été entièrement détruite par les eaux, elle est désormais contrainte de dormir sur un matelas posé sous une bâche dans la cour.Le Pendjab est le principal fournisseur du riz et du blé livrés dans le cadre des programmes alimentaires d’urgence réservés aux Indiens les plus modestes. Quelque 800 millions mangent grâce à eux, soit plus de la moitié de la population du pays le plus peuplé de la planète.Les experts estiment que les pertes attendues cette année ne menacent pas encore ces programmes, qui disposent d’importants stocks.”La baisse des récoltes dans le Pendjab indien et pakistanais va lourdement peser sur les prix et les exportations de riz basmati”, alerte toutefois Avinash Kishore, de l’Institut international de recherche sur la politique agricole de New Delhi.A l’heure où la hausse des droits de douane imposés à l’Inde par les Etats-Unis a rendu son riz basmati bien moins compétitif, les inondations risquent de lui porter un nouveau coup.Pour les producteurs du Pendjab, la route du redressement s’annonce d’autant plus difficile que les autorités locales se sont retirées d’un programme d’assurance fédérale jugé trop cher.Alors Balkar Singh a bien du mal à rester optimiste. “J’ai toujours de l’eau jusqu’au genou dans ma ferme”, rappelle l’agriculteur, “je ne sais pas trop ce que l’avenir nous réserve”.

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Aux Philippines, le calvaire quotidien des habitants d’une île aux prises à la montée des eaux

Chaque matin, Maria Tamayo prend soin de se réveiller avant ses petits enfants et s’empare d’une pelle en plastique, pour tenter de retirer l’eau de mer qui s’infiltre dans sa maison du nord des Philippines.C’est devenu une routine depuis que les marées de la baie de Manille ont commencé à engloutir les rues de son village sur l’île de Pugad, un îlot de sept hectares qui risque d’être submergé complètement.”Ecoper l’eau prend beaucoup de temps. C’est pourquoi mes pieds ont commencé à me faire mal”, déplore Mme Tamayo, qui dit consacrer jusqu’à trois heures par jour à cette tâche.La femme de 65 ans est l’un des 2.500 habitants du seul village de Pugad, dans la province de Bulacan, qui s’enfonce de quelque 11 centimètres par an, le rythme le plus rapide de tout le pays, selon une étude dirigée par le géologue Mahar Lagmay.L’affaissement du terrain, connu sous le nom de subsidence, est un phénomène “alarmant” causé par l’exploitation excessive des eaux souterraines, et aggravé par l’élévation du niveau de la mer induit par le réchauffement climatique, explique M. Lagmay.”Le taux de subsidence (à Pugad) est assez élevé”, soutient-il, ajoutant qu’aucune étude n’a été menée concernant la petite île en particulier, mais que les données existantes sur les zones environnantes sont révélatrices.Avec des marées hautes inondant les rues au moins trois fois par semaine, la mer impose déjà son rythme sur la vie quotidienne des habitants de Pugad.A l’école, les horaires des cours sont ajustés en fonction des marées pour éviter que les enfants ne contractent des maladies transmises par les inondations.Des maisons ont été élevées sur pilotis, tandis que les petits commerçants utilisent désormais des tables plus hautes pour garder leurs marchandises au-dessus des eaux troubles qui peuvent monter jusqu’à 1,5 mètre lors des jours de fortes inondations.- Impossible retour à la normale -“Je pense déjà qu’il est impossible que nos vies redeviennent normales”, observe Jaime Gregorio, chef du village de Pugad.Si la moyenne mondiale de la montée des eaux est de 3,6 millimètres par an, les Philippines voient la mer monter trois fois plus vite, le Département de l’Environnement et des Ressources naturelles (DENR) estimant même que cela pourrait atteindre 13 millimètres par an.Karlo Queano, le chef de ce département, prévient que certaines zones côtières du pays pourraient disparaître complètement si rien n’est fait.Une étude gouvernementale comportant des préconisations est en cours, mais n’est pas attendue avant 2028, rapporte M. Queano.M. Gregorio assure que les routes sont surélevées tous les trois ans pour que la communauté puisse maintenir une vie normale, mais reconnaît que les projets à long terme pour combattre les inondations ne sont pas mis en place de façon consistante, à cause des changements politiques.Mme Tamayo, vendeuse de snacks, a vécu sur l’île toute sa vie, mais l’adaptation aux marées a épuisé le peu d’argent que sa famille avait réussi à économiser.Chaque année depuis trois ans, sa famille fait des travaux pour surélever sa maison avec du gravier et du béton. “J’aime cette île… Mais parfois je pense à partir”, soupire-t-elle.Son mari, Rodolfo, qui gagne sa vie avec son bateau, estime que rester est une question de survie: “On ne peut pas partir, nous n’avons aucune chance de trouver du travail là-bas, on va être affamés”.M. Lagmay, le géologue, soutient que l’affaissement des sols pourrait être réversible grâce à des politiques efficaces contre le creusement de puits trop profonds. Cependant, combattre l’élévation du niveau de la mer sera impossible sans un effort concerté des pays les plus industrialisés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, souligne-t-il.

Policiers frappés à Reims: le procureur dénonce des violences “extrêmes” et “gratuites”

Après l’agression de sept policiers en dehors de leur service samedi soir à Reims, le procureur François Schneider a dénoncé mardi une violence “extrême” et “parfaitement gratuite” contre un groupe “qui n’avait rien demandé à personne”. Ce sont “des faits d’une gravité assez exceptionnelle. Les images (…) sont d’une violence extrême et surtout parfaitement gratuite”, a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse.Deux frères au lourd passé judiciaire, dont l’un venait de sortir de prison, ont été mis en examen lundi soir pour “violences aggravées sur personnes dépositaires de l’autorité publique” après l’agression perpétrée en plein centre de Reims.Alors qu’ils devaient se retrouver dans un restaurant pour un pot de départ après leur service, les policiers ont été pris pour cible avec “une ceinture” ainsi que des “coups de pieds” et “de poings”, a-t-il détaillé. Selon le procureur, certains éléments de l’enquête “permettent de penser qu’ils étaient informés de la qualité des policiers. Il n’y a d’ailleurs, objectivement, pas d’autres explications pour ce lynchage gratuit”, a-t-il ajouté.”C’est abject”, a réagi auprès de l’AFP Mathieu Dufour, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. “Ils se sont immédiatement fait sauter dessus et lyncher. Il n’y a pas eu de discussion avec les auteurs des violences”, a-t-il ajouté, déplorant une situation “difficile à comprendre”.D’autres assaillants sont toujours recherchés, selon le procureur qui indique qu'”ils étaient environ une dizaine” au total.Le magistrat a précisé que les deux mis en examen étaient “des jeunes qui avaient déjà été contrôlés” par des policiers et qui étaient donc “parfaitement susceptibles de (…) connaître” les victimes.Agés de 26 et 27 ans et originaires de Mayotte, les suspects, deux frères “très connus des services de police”, ont été placés en détention provisoire et encourent 20 ans de prison. Tous deux étaient “convoqués aujourd’hui devant le tribunal correctionnel pour des faits d’offre ou cession de stupéfiants et non divulgation de codes dans deux affaires différentes”, a détaillé M. Schneider.L’un d’eux a déjà “été condamné à six ans d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de Grenoble pour un vol avec violence, pour un enlèvement et séquestration” et l’autre “a multiplié les peines pour des violences”.Les deux suspects “n’ont absolument rien reconnu, expliquant avoir été bien là, mais par hasard, et n’avoir rien vu”, a rapporté le procureur.”Les incapacités de travail sont de 28 jours pour le policier qui a la cheville cassée et de 6 à 10 jours pour les autres qui se sont fait réellement tabasser”, a détaillé M. Schneider. “C’était un véritable lynchage en règle de tout un groupe d’une ultra-violence”, a-t-il insisté.bbr-kau-zl-bla/cnp/cbn

A close-up of a stack of newspapers resting on a desk, symbolizing information and media.

Afrique du Sud: audience à la Cour constitutionnelle dans une affaire visant Shell

La plus haute cour d’Afrique du Sud a tenu une audience mardi dans une affaire historique opposant des écologistes et des communautés côtières au géant de l’énergie Shell, concernant l’exploration de pétrole et de gaz au large de la côte de l’océan Indien.L’audience devant la Cour constitutionnelle marque les dernières étapes d’une bataille juridique qui dure depuis des années contre les projets de Shell visant à effectuer des relevés sismiques au large de la côte sud-est du pays, ce qui selon les militants affecterait les baleines et autres formes de vie marine.En 2022, une juridiction inférieure avait a estimé que l’autorisation d’exploration accordée par le gouvernement de l’Afrique du Sud en 2014 était illégale, dans un jugement salué comme une grande victoire pour la société civile.Mais l’an dernier, une cour d’appel avait donné au géant britannique du pétrole une nouvelle chance de renouveler son permis.Carmen Mannarino, responsable de programme au sein de l’organisation de défense des droits des pêcheurs Masifundise, a dit à l’AFP que l’audience de mardi marquait la “première fois qu’une affaire juridique concernant les communautés de pêcheurs allait jusqu’à la Cour constitutionnelle.”La dignité des communautés est en cause”, a-t-elle dit, avant d’ajouter: “La question fondamentale est la suivante: les droits des communautés sont-ils plus ou moins importants que ceux des entreprises?”La “Wild Coast”, aux paysages sauvages spectaculaires, s’étend sur quelque 300 km au bord de l’océan Indien et compte plusieurs réserves naturelles ainsi que des zones marines protégées.Le projet d’exploration impliquait l’envoi d’une puissante onde de choc toutes les dix secondes, dans une zone de 6.000 km2, par des bateaux équipés de canons à air. Le géant de l’énergie indique sur son site internet que les impacts de telles études sont “bien compris” et qu’il “adopte les mesures d’atténuation les plus strictes”.Mais le pêcheur Ntsindiso Nongcavu, un requérant dans l’affaire, a déclaré à l’AFP qu’il était “prêt à combattre toute entreprise qui souhaite effectuer des études sismiques dans notre océan”. Le pêcheur de 48 ans de la ville côtière de Port St Johns, qui a commencé à pêcher à l’âge de huit ans, faisait partie des 200 personnes manifestant devant le tribunal suprême à Johannesburg pendant l’audience.

Intoxications et “odeurs nauséabondes”: un Burger King fermé en Franche-Comté

Les services de l’Etat ont ordonné la fermeture d’un restaurant rapide Burger King à Lure, en Haute-Saône, à la suite de “plusieurs cas d’intoxication alimentaire chez des convives”, et d’inspections ayant révélé des problèmes d’hygiène et des “odeurs nauséabondes”, a annoncé mardi la préfecture. Cette mesure est justifiée par des “faits graves, susceptibles de présenter un risque pour la santé des consommateurs” fréquentant ce restaurant situé dans une zone commerciale, en périphérie de cette ville de 8.000 habitants, a expliqué dans un communiqué le préfet de Haute-Saône, Serge Jacob.Les inspecteurs qui se sont rendus sur place lundi “ont constaté plusieurs manquements graves”, tels qu’une “absence d’hygiène des locaux, des équipements et des enceintes réfrigérées”, des “odeurs nauséabondes dans les locaux de préparation” et une “incapacité du personnel à assurer la salubrité des denrées alimentaires”, détaille la préfecture.L’établissement ne pourra rouvrir que lorsque les inspecteurs de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP) auront constaté que toutes les “mesures correctives” nécessaires auront été mises en oeuvre, ont encore indiqué les services de l’Etat.”Nous suivons avec la plus grande attention la situation du restaurant de notre franchisé de Lure”, a réagi Burger King France qui compte quelque 580 restaurants dans le pays. “Nous réaffirmons notre volonté de collaborer avec les services de l’État pour résoudre cette situation au plus vite et proposer à nos clients une expérience conforme à nos exigences élevées en termes de qualité et de sécurité”, a-t-il indiqué dans un communiqué.Une “enquête interne” est également en cours “sur le respect des règles d’hygiène et de sécurité dans ce restaurant”.Le groupe a par ailleurs engagé un plan d’action complémentaire, prévoyant un “nettoyage complet des cuisines et du restaurant, (une) remise en conformité des installations et (un) accompagnement renforcé de l’équipe sur place sur les aspects de formation”.

Au procès Péchier, un cluedo au bloc opératoire, et les sanglots d’une infirmière

Un “cluedo” au bloc opératoire, et une infirmière hantée par le souvenir d’un drame évité de justesse: la cour d’assises du Doubs s’est penchée mardi sur les mystères d’un arrêt cardiaque dû à un empoisonnement, que l’accusation impute à l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier.Sur les 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels, reprochés à l’ancien médecin de 53 ans, survenu dans deux cliniques privées de Besançon entre 2008 et 2017, celui de Jean-Claude Gandon, en janvier 2017, est le dernier dans l’ordre chronologique. C’est aussi le premier et unique cas où l’arrêt cardiaque survient alors que c’est le Dr Péchier lui-même qui prend en charge l’anesthésie: pour l’accusé, c’est la preuve qu’il a été visé par un acte malveillant, mais les enquêteurs le soupçonnent au contraire d’avoir sciemment empoisonné son propre patient pour se forger un “alibi” alors qu’une enquête venait d’être ouverte sur un cas suspect antérieur.Mardi, la cour a disséqué l’enchainement des événements, ce 20 janvier 2017, lorsque M. Gandon, alors âgé de 70 ans, est au bloc pour être opéré d’un cancer de la prostate, par un urologue.A la barre, Ludivine Gladoux, alors élève infirmière anesthésiste, se souvient que le Dr Péchier lui demande ce jour-là d’administrer des antalgiques au patient. Elle en est étonnée car “c’était très tôt dans l’intervention”.Elle se saisit d’une poche injectable de paracétamol, constate qu’elle est étrangement humide, “ce qui n’est pas habituel”, et en installe donc une autre. Le Dr Péchier, à qui elle signale sa découverte, lui “propose de prendre une pause café”, ce qu’elle fait, durant une vingtaine de minutes, pendant que lui-même “reste au bloc”.Lorsqu’elle revient, le patient est en train de faire un arrêt cardiaque, se souvient la jeune femme. Pour le réanimer, le Dr Péchier lui prescrit des intralipides, antidote aux anesthésiques locaux. Le patient survit – il assiste aujourd’hui à l’audience.- “J’ai été piégée” -L’enquête révèlera que le septuagénaire a été empoisonné à la mépivacaïne, un anesthésique local, injecté dans la poche de paracétamol.”Quelle a été votre réaction en apprenant que la poche que vous aviez passée avait été polluée?”, demande à l’infirmière l’avocate générale Christine de Curraize. La jeune femme fond en larmes. “Je ne fais pas ce métier pour ça, j’étais étudiante. J’ai été piégée, j’ai cru que j’avais fait une connerie”, balbutie-t-elle en sanglots, confiant que cette expérience la hantait encore.”On sait maintenant que la poche a été polluée après que vous l’avez posée”, la réconforte la magistrate.Pour Stéphane Giuranna, avocat d’une partie de la famille du patient, “le cluedo est terminé”. “Quand Frédéric Péchier voit que vous avez posé une poche qui n’est pas percée, il vous dit de sortir en pause. Et quand vous revenez…” l’arrêt cardiaque se produit, souligne le conseil, qui avance l’hypothèse que l’anesthésiste a ainsi eu le temps de polluer la poche de paracétamol.Dans la matinée, une autre témoin, également infirmière, avait raconté à la cour avoir fourni à l’accusé, à sa demande, du potassium. Un élément qui interpelle l’accusation, car ce produit a notamment provoqué l’arrêt cardiaque d’une autre patiente, Sandra Simard, alors âgée de 36 ans. Questionnée par l’avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer, cette témoin a toutefois reconnu que son bureau, où se trouvait l’armoire à médicaments, n’était pas fermé à clé, et que “tout le monde pouvait y accéder”. Alors “pourquoi un médecin qui voudrait voler du potassium viendrait voir une infirmière à visage découvert?”, au lieu de subtiliser discrètement le produit, pointe le défenseur. “Ce serait étonnant”, concède l’infirmière.Me Schwerdorffer est désormais le seul avocat de l’ancien médecin. Son confrère Lee Takhedmit s’est retiré du dossier à cause de “divergences de vue sur la conduite de l’audience”, a-t-il confié à France Info. Me Schwerdorffer, lui, évoque des “difficultés organisationnelles” et dément tout différend d’ordre stratégique. Frédéric Péchier, qui clame son innocence et comparaît libre, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.

Alertes sur le “mal-être des éleveurs”, réunis pour leur salon à Rennes

“Il faut écouter le mal-être des éleveurs sur les crises sanitaires”, ont lancé les organisateurs du Salon international de l’élevage (Space) à la ministre de l’Agriculture sortante Annie Genevard, finalement présente à l’inauguration mardi, à quelques jours de nouvelles mobilisations agricoles.Plus de la moitié des animaux qui devaient être présentés à des concours ou des ventes n’ont pu venir au Space, 60% ayant été testés positifs à la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui a explosé dans les grandes régions laitières du nord-ouest, touchant les vaches comme les brebis.”Il y aura des conséquences à long terme”, a déclaré devant la ministre Jean-Yves Rissel, responsable des présentations animales du salon, listant les pertes de lait, les avortements ou encore les conséquences psychologiques pour les éleveurs face à la mort et à la souffrance de leurs animaux.”L’année prochaine vous serez mieux immunisés”, a assuré la ministre à un éleveur qui soulignait le manque de vaccinations anticipées en Bretagne, alors que la maladie avait déjà fait des ravages dans d’autres régions en 2024.Le gouvernement a lancé une campagne de vaccination en juillet, un début trop tardif selon certains éleveurs, même si les vaccins étaient disponibles avant.”Le sanitaire, ça va être notre sujet dans les années qui viennent avec le changement climatique”, a ajouté la ministre, quelques mois après le lancement des Assises du sanitaire, censées aboutir sur des “contrats sanitaires” de filière en 2026.- Eradication -Annie Genevard aurait aimé voir les vaches montbéliardes qu’elle affectionne, mais la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), qui a sévi cet été dans la région alpine, a limité leur présence au Space.”On est en train de l’éradiquer”, s’est félicitée la ministre auprès d’un autre éleveur à propos de la DNC, rappelant la stratégie de vaccination, de limitation des mouvements et de “dépeuplement” total des foyers. Une position qui a de nouveau provoqué la colère de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, rejointe dans sa contestation de l’abattage systématique par la Coordination rurale, deuxième syndicat.”On est en train d’éradiquer les éleveurs”, s’est indigné le porte-parole national de la Confédération paysanne Stéphane Galais, après une action symbolique sur le stand du ministère pour mettre en scène “le meurtre” d’agriculteurs au nom de la “biosécurité” ou de “l’agro-industrie”.Un à un, une dizaine de militants se sont écroulés, couverts de faux sang, avant que des éleveurs ne prennent la parole pour témoigner.En plus d’un fonds d’indemnisation pour les pertes directes et indirectes liées à la FCO, ils demandent au gouvernement une “vraie concertation” pour “imaginer les alternatives aux mesures d’abattage total (…) inhumaines”.- Mobilisations -La Confédération paysanne a rejoint l’appel intersyndical à la mobilisation jeudi. La FNSEA, premier syndicat, s’est distinguée en lançant, deux jours avant l’ouverture du salon, un appel à des mobilisations le 26 septembre. De quoi débloquer la venue de la ministre, initialement annulée face aux restrictions des déplacements officiels en période de gestion des affaires courantes après la démission du gouvernement Bayrou.Il faut “remettre le dossier agricole des importations sur le haut de la pile”, a déclaré mardi à l’AFP le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, “parce qu’au moment où la France se cherche un gouvernement”, l’Union européenne “avance” sur l’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur, dénoncé par l’ensemble du monde agricole français, le gouvernement Trump “continue” à taxer et l’Ukraine exporte dans l’UE des produits qui ne sont “pas aux mêmes standards”.La mobilisation prendra la forme de “contrôles de produits dans les supermarchés” et dans les départements frontaliers, d'”interpellations des députés européens” ou de “mobilisations” devant les préfectures.Après les grandes mobilisations de l’hiver 2024 et les défilés de tracteurs à Paris, la FNSEA avait indiqué ne pas vouloir participer au mouvement “Bloquons tout” du 10 septembre pour éviter une “récupération politique”.Comme après la censure partielle de la loi Duplomb par le Conseil constitutionnel en août, le syndicat a fait le choix d’actions décentralisées, au moment où les grands travaux agricoles de l’été (vendanges, récoltes, descente d’estive) ne sont pas tous achevés.

Grève du 18 septembre: 3 TER sur 5 circuleront, fortes perturbations en Ile-de-France

Le ministre des Transports démissionnaire Philippe Tabarot a annoncé mardi que 3 TER sur 5 et 9 TGV sur 10 circuleraient jeudi, journée de grève nationale, et que le trafic en Ile-de-France serait encore plus perturbé.Sur les lignes Intercités, “des perturbations (…) importantes” sont également “à prévoir”, a avancé Philippe Tabarot, évoquant un train sur deux en circulation “sur ces lignes”.”Les prévisions détaillées vous seront communiquées en fonction de votre région en fin de journée ou demain matin”, a précisé le ministre démissionnaire.”Tous les clients TGV Inoui en France ou vers l’Europe, TGV Lyria, Ouigo et Intercités bénéficient d’une possibilité d’annuler ou échanger leur billet sans frais”, a précisé la SNCF dans un communiqué mardi.En Ile-de-France, le trafic devrait être bien plus perturbé.Dans le métro parisien, à l’exception des lignes automatiques, la RATP ne prévoit d’assurer le trafic qu’aux “heures de pointe”, a indiqué la régie sur son site internet.Le trafic sera également perturbé sur toutes les lignes de RER, voire “fortement perturbé” sur la ligne D et E, ont indiqué la RATP et la SNCF, sans donner davantage de précision pour le moment.Plusieurs lignes de bus devraient être fermées, a également indiqué la RATP, quand le réseau de tramway devrait être épargné sur la plupart des lignes.Les organisations syndicales appellent à faire grève et manifester jeudi pour contester des mesures budgétaires “brutales” annoncées cet été et que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu n’a pour l’heure pas écartées.Le taux de grévistes devrait atteindre “90% chez les conducteurs de métro, et 80% chez les conducteurs de RER”, avait estimé FO RATP, second syndicat du groupe RATP, auprès de l’AFP. 

L’exécutif appelé à se saisir “d’urgence” de la question des mineurs auteurs de violences sexuelles

Un tabou “à lever d’urgence” : un rapport publié mardi exhorte le gouvernement à revoir la prise en charge des mineurs auteurs de violences sexuelles et à renforcer la prévention pour “casser le cycle des violences”. “On a 11.500 mineurs qui commettent des violences sexuelles chaque année, ça représente environ 30% des auteurs de violences sexuelles sur mineurs”, souligne auprès de l’AFP la psychiatre Anne-Hélène Moncany.”C’est loin d’être anecdotique, il y a vraiment urgence à lever ce tabou pour protéger les enfants”, estime la présidente de la Fédération française des centres ressources pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles (FFCRIAVS).A l’initiative de la fédération, une audition publique s’est tenue en juin sur cette problématique dont les conclusions ont été remises mardi à la Haute commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry. Au total, le rapport, rédigé par l’ex-secrétaire d’État en charge de l’Enfance et des Familles Adrien Taquet et la pédopsychiatre Clémentine Rappaport, émet une quarantaine de préconisations et appelle à un changement d’approche.”Jusqu’à présent, l’accent a surtout été mis sur la réponse répressive après coup, bien plus que sur l’action préventive en amont”, relèvent les auteurs du rapport. Or, “pour casser le cycle des violences”, il est “indispensable de mieux connaître ces mineurs auteurs, de comprendre leurs parcours et d’agir avant qu’un drame ne se produise”.Car s’il “n’y a pas un profil type de mineur auteur de violences sexuelles”, “on sait qu’il y a des facteurs de risque sur lesquels on peut travailler”, abonde Anne-Hélène Moncany. Parmi ces facteurs, la psychiatre cite le fait d’avoir été soi-même victime de violences sexuelles, d’avoir grandi dans une famille dysfonctionnelle ou encore d’avoir été exposé trop prématurément à de la sexualité et de la pornographie.”Mais”, ajoute-t-elle, “cela ne suffit pas à expliquer qu’on commette des violences sexuelles, il faut le considérer comme une vulnérabilité qui peut favoriser ensuite le passage à l’acte”. D’où l’importance d’agir en amont, complète Adrien Taquet. – Discours masculinistes -En matière de prévention, le rapport préconise de donner toute sa place à l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) dans les établissements scolaires.”93% des auteurs mineurs sont des garçons”, rappellent les auteurs du rapport, un “déséquilibre” qui “amène à interroger la construction des rôles de genre et des modèles de domination transmis aux enfants.”Au-delà de l’école, le rapport recommande donc d’inciter les plateformes vidéo, l’industrie du jeu vidéo, les réseaux sociaux et les influenceurs à “promouvoir des contenus éducatifs et égalitaires”.Ou encore de “mettre en place des messages d’alerte et de prévention qui apparaîtraient sous forme de pop-up” lors de “consultations répétées” de contenus pornographiques. Les parents ont également un rôle important à jouer, souligne Adrien Taquet. “Il faut les sensibiliser sur le fait que leur enfant peut être victime de violences sexuelles mais qu’ils peuvent aussi être auteurs”.Le rapport recommande ainsi “d’informer et outiller les parents dès les premières étapes de la vie de l’enfant, voire dès la grossesse, sur le développement psychosexuel de l’enfant et l’éducation à l’intimité”.La réponse judiciaire gagnerait quant à elle à être revue, selon le rapport qui juge essentiel de ne pas considérer les mineurs “comme des adultes miniatures”.”Un enfant ou un ado en conflit avec la loi reste avant tout un mineur en développement, dont la priorité doit être la protection et l’éducation”, précise le rapport qui préconise entre autres la saisine immédiate d’un juge des enfants au civil dès qu’un mineur fait l’objet d’une enquête pour violence sexuelle. “Il n’y a aucune fatalité, un mineur qui est passé à l’acte ne va pas rester agresseur sexuel à vie”, insiste Anne-Hélène Moncany. “S’ils sont bien accompagnés, le taux de récidive est faible, autour de 8% sur deux ans et quasi nul sur cinq ans.”