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Uranium: le groupe français Orano signe un accord minier “historique” avec la Mongolie

Le groupe public français Orano (ex-Areva) a signé vendredi à Oulan-Bator avec la Mongolie un accord pour l’exploitation d’un vaste gisement d’uranium, présenté par Paris comme “historique” et permettant d’améliorer la “souveraineté” énergétique française.Cette signature, qui concrétise la bonne santé des liens bilatéraux, se faisait attendre depuis octobre 2023, lorsque le protocole d’accord sur l’exploitation du site de Zuuvch-Ovoo avait été paraphé en France, lors d’une visite d’Etat du président mongol Ukhnaa Khurelsukh.Les discussions avaient débuté entre Orano et le gouvernement mongol il y a plus de deux ans.”Ce projet représente un investissement initial d’environ 500 millions de dollars avant le début de mise en exploitation du gisement, et un total de 1,6 milliard de dollars sur toute la durée de vie de la mine”, a indiqué le groupe français.Le développement du projet durera quatre ans avant la mise en production de la mine, a-t-il souligné dans un communiqué transmis à l’AFP.”Nous signons un accord historique qui donne à notre relation une profondeur et une densité nouvelle”, s’est félicité le ministre français délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.”En contribuant à sécuriser nos approvisionnements énergétiques, cet accord contribuera tout simplement à une meilleure souveraineté de la France”, a-t-il déclaré lors de la cérémonie de signature à Oulan-Bator, la capitale mongole.Pour la France, assurer la fourniture en uranium de ses centrales par une entreprise nationale, Orano, détenue à 90% par l’Etat, est crucial pour sécuriser les approvisionnements du pays.En 2023, le nucléaire a représenté 65% de la production française d’électricité, selon RTE, le gestionnaire du réseau national de transport d’électricité.- “Classe mondiale” -Parmi les pays fournisseurs de la France en uranium figurent principalement le Canada et le Kazakhstan. D’après Orano, ce gisement mongol, découvert dans le désert de Gobi dans le sud du pays, est “de classe mondiale”. Il possède environ 90.000 tonnes de ressources et devrait être exploité sur trois décennies. La production devrait être d’environ 2.500 tonnes par an.Pour donner un ordre de grandeur, c’est environ un quart de la consommation annuelle du parc nucléaire français. Point important toutefois: l’uranium extrait ne sera pas uniquement dirigé vers la France, Orano ayant d’autres clients qu’EDF (l’exploitant des centrales françaises).Outre Laurent Saint-Martin, l’accord a notamment été signé par le directeur général d’Orano, Nicolas Maes, et plusieurs responsables mongols.”Ce projet d’uranium va rapporter environ cinq milliards de dollars à la Mongolie et au peuple mongol”, a déclaré vendredi son Premier ministre Luvsannamsrain Oyun-Erdene.”L’accord constitue également une étape importante dans le respect de nos engagements vis-à-vis du traité de Paris sur le changement climatique de 2015 et de la communauté internationale”, a-t-il souligné. Ce projet franco-mongol est développé depuis plusieurs années par Badrakh Energy, la co-entreprise entre Orano et l’entreprise publique mongole MonAtom.- Depuis 27 ans -“La production d’uranium en Mongolie contribuera à produire une électricité bas carbone et assurer la sécurité d’approvisionnement de nos clients”, a indiqué Nicolas Maes, cité dans le communiqué d’Orano.Le projet d’accord avec Orano avait été approuvé le 10 janvier par le Parlement mongol.La Mongolie, vaste pays situé entre la Chine et la Russie, mise sur les richesses de son sous-sol pour diversifier son économie historiquement basée sur l’agriculture. Outre le cuivre, le pays est un grand exportateur de minerai de fer et de charbon.Orano est présent en Mongolie depuis 27 ans via ses activités minières.Le groupe indique à l’AFP avoir produit en 2023 plus de 7.100 tonnes d’uranium issu de ses sites miniers au Canada, au Kazakhstan et au Niger. Dans ce dernier pays, aux mains de putschistes, Orano a indiqué en décembre avoir perdu le contrôle opérationnel de sa filiale de la Somaïr, après des ingérences des autorités nigériennes.Areva avait accepté début décembre de payer une amende de 4,8 millions d’euros contre l’abandon des poursuites à Paris pour corruption d’agents publics étrangers en Mongolie entre 2013 et 2017. Orano Mining a accepté, dans le cadre de cette procédure, de prendre en charge un programme de mise en conformité de 1,5 million d’euros maximum pendant trois ans sous le contrôle de l’Agence française anticorruption (Afa).

Les tests de dépistage rapide du Covid bientôt déremboursés

Près de deux ans après la levée de l’état d’urgence mondiale décidée par l’OMS, le gouvernement français a sifflé vendredi la fin du remboursement des tests rapides du Covid en officine, une annonce qui pose problème aux pharmaciens.Dans un message transmis à l’AFP, la direction générale de la santé (DGS) annonce qu’il est prévu de ne plus rembourser les tests de dépistage rapide du Covid-19 réalisés en pharmacies, une fois que les épidémies hivernales seront passées.”Les pharmaciens pourront continuer à réaliser des Trod (tests rapides d’orientation diagnostique, NDLR) Covid en officine, tout comme fournir des autotests, à la demande des patients, mais ces derniers ne seront plus pris en charge par l’Assurance maladie”, indique cette entité du ministère de la Santé.Les tests antigéniques Covid-19 sont les seuls qui dépistent les infections respiratoires aiguës à être aujourd’hui remboursés (16,50 euros), et avec eux les tests combinés Covid/grippe et Covid/VRS, virus à l’origine de la bronchiolite.Ces Trod viennent en complément des tests RT-PCR pour détecter une infection au Covid-19.Pour les personnes vulnérables à risque de développer une forme grave, comme les personnes âgées ou en affection longue durée, “le recours à un test RT-PCR du Covid-19 est recommandé, pour confirmer le virus en cause” mais, la DGS prévient qu'”une prescription médicale est “nécessaire” pour un remboursement.- Les tests angine restent remboursés -A contrario, les tests rapides qui vérifient la nature bactérienne ou virale des angines, réalisés dans les officines “sont pris en charge depuis juin 2024 et le demeurent”, ajoute la DGS.Et pour cause : “contrairement aux tests de dépistage du Covid-19, ils permettent d’indiquer à l’officine la prescription d’un antibiotique et participent à ce titre aux mesures de bon usage des antibiotiques et la lutte contre l’antibiorésistance”.Ces modifications “n’interviendront qu’après la période épidémique dans laquelle nous nous trouvons actuellement”, qui connaît surtout une forte circulation de la grippe, précise la DGS.Pour l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo), ce déremboursement constitue “un non-sens pour la santé publique” dans la mesure où les tests antigéniques “sont une arme redoutable de lutte contre les épidémies”.Et que le dépistage sensibilise “à l’importance de la vaccination”.Selon l’Uspo, les tests antigéniques Covid ont rapporté 75 millions de marge aux pharmaciens en 2024.Interrogé par l’AFP, Guillaume Racle, conseiller économiste de l’Uspo, s’est étonné “de la discordance” entre le discours du gouvernement “qui clame haut et fort que la santé des Français ne leur coûtera pas plus cher et qu’il n’y aura pas de déremboursement”, et “un projet à contre-courant du discours politique, c’est-à-dire qui souhaite dérembourser les tests antigéniques” qui dépistent les infections respiratoires.Dans son discours de politique générale, M. Bayrou a dit revoir à la hausse les dépenses d’assurance maladie à hauteur “d’un milliard d’euros” et annuler le déremboursement partiel des médicaments et des consultations médicales.- “19,50 euros de leur poche” -Actuellement, la prise en charge des prélèvements et des tests Covid (16,50 euros) permet d’effectuer un dépistage combiné de la grippe et du virus à l’origine de la bronchiolite (VRS) avec un surcoût limité à celui du dispositif médical (soit 3 euros).”Si la prise en charge est supprimée, les patients vont devoir payer 19,5 euros de leur poche” pour réaliser ces diagnostics, déplore M. Racle.De son côté, la Fédération des Syndicats pharmaceutiques de France ne se montre pas surprise dans la mesure où la pandémie de Covid est officiellement derrière nous, mais elle plaide pour une alternative de prise en charge plus ciblée.”Il serait utile, pendant les épidémies hivernales de syndromes respiratoires, de maintenir un remboursement des tests qui combinent à la fois la détection de la grippe, du Covid, et du virus de la bronchiolite pour la population fragile, c’est-à-dire les plus de 65 ans et les patients et personnes en affection de longue durée”, a déclaré à l’AFP son président Philippe Besset.En mai 2023, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclaré la fin du Covid-19 en tant qu’urgence de santé publique de portée internationale.

Bayrou lance la concertation sur les retraites, ses modalités déjà disputées

“Abrogation”, “pénibilité”, “capitalisation”: les partenaires sociaux sont arrivés vendredi avec des revendications diverses au ministère du Travail, reçus par François Bayrou pour lancer une difficile concertation sur la très décriée réforme des retraites, adoptée au forceps en 2023.La négociation promise, que M. Bayrou a décrite comme un “conclave” de trois mois, ne démarrera vraiment que dans “quelques semaines”, à l’issue d’une délicate mission de chiffrage sur le financement du système, confiée à la Cour des comptes.Le Premier ministre est arrivé un peu avant 11H00, rejoignant plusieurs ministres dont Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarité et Familles), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail) et Eric Lombard (Economie) qui l’attendaient devant l’entrée, a constaté un journaliste de l’AFP.S’il ne s’est pas exprimé, son entourage a souligné que “l’acte posé aujourd’hui est important parce que pour François Bayrou, le respect de la démocratie sociale c’est le respect de la démocratie tout court et des Français”.”J’espère que ce n’est pas juste une stratégie politique pour essayer de faire gagner du temps au gouvernement de François Bayrou. Si jamais il pense que c’est ça, et que nous allons nous laisser instrumentaliser, (..) je n’y resterai pas”, a prévenu d’emblée sur France info, peu avant son arrivée, le secrétaire général de Force Ouvrière Frédéric Souillot. Il a promis de se battre pour “l’abrogation” de la réforme de 2023 – qui décale l’âge légal de départ de 62 à 64 ans – “injuste, brutale et injustifiée financièrement”, selon lui, critiquant le choix du mot “conclave” dans une “république laïque”. Cette première réunion “va permettre de parler de méthode”. La CGT ne participera jamais à aucun conclave (..) les discussions doivent être sous le regard des salariés” en toute “transparence”, a aussi réagi, devant le ministère, la cheffe de la CGT Sophie Binet, promettant que “le retrait des 64 ans” sera “un point indispensable”.- Chiffres en débat -C’est cette proposition phare du nouveau locataire de Matignon qui lui a permis d’échapper jeudi à la censure des socialistes: “remettre ce sujet (des retraites) en chantier avec les partenaires sociaux”, sans pour autant accéder à la demande du PS de “suspendre” la réforme.François Bayrou, qui considère que le poids des retraites dans le déficit public est bien plus lourd que celui calculé par le Conseil d’orientation des retraites, rattaché à Matignon, a chargé la Cour des comptes d’établir “un constat” fondé sur “des chiffres indiscutables”. Matignon a une exigence: ne pas “dégrader l’équilibre financier” du système. Sur BFMTV/RMC vendredi matin, le ministre de l’Economie Eric Lombard s’est montré optimiste. “Les partenaires sociaux se voient tout le temps, donc je pense qu’ils peuvent embrayer, et si la mayonnaise prend, ça nous permettra probablement une belle avancée sociale et politique”, a-t-il espéré.Sur le format des concertations, le président du Medef déplore “des interférences politiques” et refuse de parler des retraites du secteur public. Il explique ne pas vouloir “recréer des tuyauteries entre les régimes privés (…) remarquablement bien gérés par les partenaires sociaux, et des régimes qui sont chroniquement déficitaires”.Patrick Martin espère également que les discussions auront lieu à “huis clos” et avec les organisations représentatives, alors que le syndicat Unsa et les agriculteurs de la FNSEA, qui n’en font pas partie, ont été conviés.-  refus “unanime” des 64 ans -Sur le fond des débats, les différends sont nombreux entre les syndicats et le patronat, qui ne veut pas modifier l’âge de départ porté progressivement par la réforme d’Elisabeth Borne à 64 ans et souhaite mettre en place un régime par capitalisation.Réunis en intersyndicale jeudi après-midi, toutes les organisations syndicales représentatives ont rappelé “unanimement leur refus du report de l’âge de départ à 64 ans”, selon Julie Ferrua, codéléguée générale de Solidaires.Toutefois, des divergences existent aussi chez les centrales syndicales. “On n’a pas les mêmes solutions pour trouver les sources de financement”, concède Solidaires, qui n’a pas été conviée comme la FSU aux premières discussions.C’est la première fois que les partenaires sociaux ont la main sur cette réforme.”On a enfin la parole”, s’est réjouie Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT sur TF1, “les organisations syndicales vont enfin pouvoir s’exprimer et parler du travail”. Et parmi les sujets que la CFDT souhaite porter, se trouve “la pénibilité” et les “inégalités entre les hommes et les femmes à la retraite”.”Les partenaires sociaux pourraient être au rendez-vous de l’Histoire”, veut croire François Asselin pour la CPME.bat-are-lby-eva/ito/sla

Geneviève Callerot, résistante honorée à 102 ans pour avoir aidé des familles à passer en zone libre

C’est l’une des rares centenaires à avoir reçu la légion d’honneur: Geneviève Callerot, décédée jeudi à l’âge de 108 ans en Dordogne, avait été distinguée en 2018 pour avoir aidé avec sa famille à faire passer en zone libre plus de 200 personnes pendant la Seconde Guerre mondiale.Cette paysanne, devenue écrivaine à la retraite, avait alors reçu l’AFP dans sa ferme périgourdine, où elle a encore vécu plusieurs années, avant de finir ses jours dans un Ehpad de Saint-Aulaye-Puymangou.”Je n’en voulais pas (de la légion d’honneur) parce qu’il y a des tas d’autres gens qui la méritaient beaucoup plus et puis j’ai réfléchi, je vais quand même la prendre en association avec mes parents, mes frères et sÅ“urs”, expliquait la centenaire, née en 1916 à Paris, avec ses lunettes autour du cou et ses prothèses auditives.De la Dordogne occupée, ils ont fait passer des juifs bien sûr et aussi toute autre personne qui voulait entrer en zone libre, à quelques kilomètres de leur maison. Les gens qui arrivaient chez eux à Saint-Aulaye, entre Libourne (Gironde) et Périgueux, étaient trop épuisés pour repartir le jour même. – Arrêtée trois fois -Ils les accompagnaient le lendemain, toujours entre 12H00 et 14H00. “Au début on comptait. Il y en a eu plus de 200, c’est sûr”, précisait en 2018 Geneviève qui en gardait de nombreuses anecdotes. “J’ai fait passer une femme et j’étais assez furieuse. Elle est arrivée en short rouge et en blouse jaune. Jamais personne n’a eu de short ici, en plus en rouge et jaune, ça se voyait à un kilomètre. Je lui ai fait mettre une jupe foncée, elle était furieuse mais j’ai tenu bon”, se souvenait-elle. “Pourquoi elle passait? Je l’ai su plus tard. Elle était juive et sa tête était mise à prix. C’était la femme d’un médecin qui n’était pas juif”.Mais ce n’était pas sans risque. La jeune femme fut arrêtée à trois reprises. “La première fois, j’étais sur la route avec ma bicyclette”, racontait Geneviève qui portait toujours un sac d’orties et une faucille au cas où elle serait contrôlée par les Allemands. “J’ai expliqué à grand renfort de +cocorico+ et de +coin coin+ que je ramassais des orties parce qu’ils nous prenaient tout. Je ne sais pas s’il a compris que je ramassais des orties pour nourrir mes +coin coin+ et mes +cocorico+!”, souriait la centenaire qui montait encore sur son tracteur pour faucher l’herbe et aimait marcher pieds nus.- “Une combattante de l’ombre” -La troisième fois, elle a passé trois semaines en prison à Libourne: “Je ne faisais pas passer que des évadés. C’était une cousine de ma mère qui avait 56 ans et un jeune homme de 17 ans qui revenait de vacances”.”Quand on a été arrêtés, on était dans les bois. J’ai dit que j’allais voir mon fiancé. J’ai inventé un fiancé, Jacques Martin. Le temps qu’ils répertorient tous les Martin de France…”, se rappelait Geneviève avec ses yeux bleus rieurs. Elle était l’aînée d’une fratrie de cinq enfants. Au moment de recevoir la légion d’honneur, seul son frère Étienne Morise, 19 ans de moins qu’elle, était encore en vie. “Elle a fait beaucoup de résistance pendant la guerre. Ce n’était pas une guerrière mais c’était une combattante, une combattante de l’ombre. Elle a pris beaucoup de risques, mon père et sa sÅ“ur aussi”, estimait alors le petit frère, décédé en 2024.”Elle était intarissable et aimait partager son histoire avec les collégiens de la commune”, a déclaré à l’AFP vendredi le maire de Saint-Aulaye-Puymangou, Yannick Lagrenaudie.A l’heure de sa retraite d’agricultrice, cette mère de trois enfants avait aussi commencé à écrire, à 63 ans, des “romans paysans”. Son sixième et dernier livre, “Deux filles sous la botte, chronique d’une famille pendant l’occupation”, a été écrit à partir de 600 lettres échangées pendant la guerre, “parce que bientôt personne ne pourra plus dire: j’ai vu… j’y étais…”

Narcotrafic: la marine française, un caillou dans la chaussure des trafiquants de cocaïne

La production s’envole, les saisies s’emballent: au large des Antilles, la marine française enchaîne des prises record de cocaïne destinée au marché européen, devenu exponentiel. Le coup porté aux trafiquants paraît anecdotique mais est indispensable.Plus de 2.700 tonnes. C’est la quantité de cocaïne proposée sur le marché mondial en 2022, soit un niveau record, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans son dernier rapport.Cette année-là, la France a saisi 27,7 tonnes, d’après l’office anti-stupéfiants (Ofast), des quantités multipliées par cinq en 10 ans. En 2024, ce sont plus de 47 tonnes prises par les services français chargés de la lutte contre le trafic de stupéfiants, contre 23,2 tonnes en 2023, relève le ministère de l’Intérieur.”Le prix n’augmente pas, donc cela veut dire qu’on ne fait pas mal. Et c’est un peu ce qui me désespère: nous n’avons pas créé de manque”, déplore Clarisse Taron, la procureure de la République en Martinique de 2021 à 2024, alors qu’un gramme de cocaïne coûte 65 euros en France, un prix stable depuis 2021 (source Ofast).”Je me sens comme un hamster dans la roue. Nous pédalons, travaillons beaucoup et cela coûte beaucoup d’argent. Mais je ne pense pas qu’on bloque fondamentalement le trafic. Nous avons la prétention d’être un caillou dans la chaussure. Nous déroutons un peu, nous gênons. Mais je pense que pour des trafiquants de très haut niveau, cela fait presque partie de leur stratégie”, poursuit la magistrate.La Martinique, autrefois terre de rebond pour la cocaïne sud-américaine, est désormais une plaque tournante.Fabriquée en Colombie, au Pérou et en Bolivie, la cocaïne profite ces dernières années des côtes vénézuéliennes pour quitter le continent sud-américain et, via la Martinique et la Guadeloupe mais aussi la République dominicaine, se déverser sur le marché européen, devenu l’un des plus prospères, devant les États-Unis, passés aux drogues de synthèse (comme le fentanyl).La France lutte d’arrache-pied contre le narcotrafic maritime avec un programme permanent de coopération entre l’Union européenne et les Etats-Unis (Narcops) et des opérations Carib Royale. Ce sont des missions de trois semaines, à raison de deux à trois par an, menées par les frégates de surveillance Ventôse et Germinal des Forces armées aux Antilles (FAA), basées à Fort-de-France (Martinique).Les deux navires opèrent avec commandos d’assaut, tireur d’élite et hélicoptère pour intercepter des bateaux chargés de cocaïne lors de transbordements en haute mer de bateaux-mère, des voiliers partis des côtes vénézuéliennes et qui dispatchent leur grosse cargaison sur des bateaux-fille (go-fast).- “Défense de l’avant” -“Saisir des grosses quantités en mer plutôt que des petites quantités à terre, c’est quand même plus simple. C’est une forme de défense de l’avant: protéger le territoire national en luttant loin du territoire national”, argue le vice-amiral Nicolas Lambropoulos, commandant supérieur des FAA depuis août 2023, relevant que sur les 47 tonnes de cocaïne saisies en 2024, “40 tonnes ont été interceptées par la marine française”.En août dernier le patrouilleur Antilles-Guyane La Confiance a fait une prise de 10 tonnes.Les saisies ne se feraient pas sans les renseignements émanant de l’Ofast, du MAOC-N (structure internationale de collecte du renseignement maritime) ou encore de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED).”Il faut toujours essayer de savoir, en se mettant à la place des trafiquants, ce qu’ils feraient pour essayer d’acheminer telle quantité de cocaïne à bon port. Il y a vraiment pour nous un volet d’anticipation de la menace pour, surtout, ne pas avoir d’angle mort”, explique le service de renseignement douanier.Et pour l’office, “clairement, s’il y a de la grosse saisie, cela veut dire qu’il y a de la grosse quantité qui passe”. “Il y a quand même une forme de robustesse de l’organisation, c’est puissant derrière. Elles ont de l’argent, elles corrompent toute une série de personnes qui sont présentes à des endroits clés de la chaîne logistique, entre le lieu d’expédition et le lieu de réception. Donc, les gens tentent et quand ça tente, il y a de la grosse saisie”, analyse le renseignement douanier.”Notre job, c’est d’appréhender les trafiquants. De faire en sorte que les zones sensibles, notamment dans la Caraïbe, ne basculent pas comme certains de nos voisins, complètement gangrénés par la capacité des trafiquants à corrompre les logisticiens et les intermédiaires notamment dans les ports et les aéroports. Et que La Martinique et la Guadeloupe ne deviennent pas ce genre de plate-forme. C’est une motivation qui est au-dessus de tout”, défend-il.Le chiffre d’affaires du trafic de drogue est estimé entre 3,5 et 6 milliards d’euros par an en France.

South Korea investigators seek to extend President Yoon’s detention

South Korean prosecutors asked a court Friday for a new arrest warrant for detained President Yoon Suk Yeol as he again refused questioning by investigators probing his failed martial law bid.Yoon threw the nation into chaos on December 3 when he attempted to impose martial law, citing the need to combat threats from “anti-state elements”.His …

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