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Les députés entament dans la douleur l’examen du projet de loi simplification

Défendu par le gouvernement comme une “cure” nécessaire pour aider les entreprises, mais fustigé à gauche comme “anti-écologique”: l’examen du projet de loi dit de “simplification” a été entamé mercredi soir par les députés, qui n’ont toutefois pu beaucoup avancer lors d’une séance agitée.Le projet de loi, en gestation depuis environ un an, doit mobiliser les députés jusqu’à la fin de la semaine, avec plus de 1.000 amendements appelés à être étudiés.Mais seuls les quatre premiers d’entre eux, qui visaient tous à supprimer l’article premier du texte, ont pu faire l’objet d’un vote mercredi (ils ont été rejetés), la séance ayant été maintes fois suspendue dans le brouhaha.Les députés Rassemblement national ont notamment multiplié les prises de parole pour dénoncer les événements de l’après-midi au sein du Palais Bourbon. Des journalistes du média identitaire Frontières avaient dû être exfiltrés d’un rassemblement de soutien à des collaborateurs parlementaires de députés LFI, visés par un article de ce média.Les élus RN ont dénoncé des intimidations et insultes à l’égard de ces journalistes, sous les huées des députés LFI. “Le groupe Rassemblement national n’acceptera pas que les travaux puissent se poursuivre”, a déclaré le député RN Jean-Philippe Tanguy, réclamant que des sanctions soient prises. Plus tôt, le ministre de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, avait défendu la nécessité du texte.”Nous devons arrêter de tourner autour du pot et enfin entamer une véritable cure de simplification”, a-t-il déclaré, en soulignant qu’un dirigeant d’entreprise passait en moyenne huit heures chaque semaine “à remplir de la paperasse”. – “Tronçonneuse” versus “coupe-ongles” -Lors de son passage en commission, le texte a été profondément remanié, les députés ayant notamment supprimé des dizaines d’instances, dont les Conseils économiques sociaux et environnementaux régionaux (Ceser), ou encore les “Zones à faibles émissions” (ZFE) interdites aux véhicules les plus polluants.Le gouvernement prévoit plusieurs amendements de rétablissement.”Le gouvernement sera défavorable, par principe, à toute suppression d’opérateurs ou d’agences indépendantes”, a indiqué M. Marcangeli. “Le risque principal qui nous guette dans cet hémicycle”, a-t-il averti, “c’est de céder d’un côté à la surenchère de ceux qui souhaitent manier avec violence tronçonneuse et hache et, de l’autre côté, ceux qui sont encore coincés entre le marteau et l’enclume d’une forme de soviétisme bureaucratique”.Le groupe Ecologiste et Social a défendu mercredi une motion de rejet préalable du texte, soutenue par les députés LFI, socialistes et communistes. Avec 111 votes favorables mais 135 voix contre, elle a été repoussée.”L’ambition première de ce texte est totalement dénaturée”, et il est devenu “anti-démocratique, anti-écologique et anti-social”, a asséné le député écologiste Charles Fournier. “Ce n’est plus une simplification à laquelle on assiste, mais une grande liquidation.””Lors de son passage en commission, les climatosceptiques, d’Horizons au Rassemblement national, ont pris part à cette fête de la dérégulation en menant une véritable offensive trumpiste”, a aussi accusé la députée LFI Sandrine Nosbé. “Vous n’aimez pas la tronçonneuse, ça, on le savait. Mais vous n’aimez même pas le sécateur, ni même le coupe-ongles”, leur a rétorqué le député Guillaume Kasbarian (groupe macroniste).

Partenariat avec une université israélienne: Sciences Po Strasbourg à nouveau bloqué

Des étudiants de Sciences Po Strasbourg ont repris mercredi leur action de blocage de l’établissement, pour protester contre la décision du Conseil d’administration de leur école de maintenir un partenariat avec une université israélienne, qu’ils accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza. Déjà en vigueur pendant plusieurs semaines au début de l’année puis suspendu en mars dans l’attente des conclusions d’un rapport, le blocage a repris tôt mercredi matin. Il fait suite à la décision, approuvée mardi soir par le conseil d’administration de l’Institut d’études politiques (IEP), de maintenir le partenariat avec la Lauder School of Government de l’Université Reichman en Israël, malgré les conclusions contraires de ce rapport.En milieu de journée, une centaine d’étudiants ont pris part à une assemblée générale sur les pelouses faisant face à l’entrée de l’IEP. A l’unanimité – moins quelques abstentions -, les participants ont approuvé la poursuite de leur mouvement pour au moins 24 heures, a constaté un journaliste de l’AFP.Sur des barrières de chantier installées près de l’entrée, ils ont affiché un drapeau palestinien et des pancartes proclamant “Non au partenariat Reichman”, ou “Décolonisons nos universités”.Le collectif “Palestine Sciences Po Strasbourg”, qui mène la fronde, est largement soutenu par les étudiants, a affirmé à l’AFP l’un de ses porte-parole, Simon Levan, par ailleurs représentant étudiant au conseil d’administration de l’IEP. En mars, a-t-il précisé, quelque 78% des élèves ont ainsi voté pour les candidats soutenus par le collectif lors de la constitution du comité chargé d’élaborer le rapport d’évaluation du partenariat controversé. Pour la présidente de l’Université de Strasbourg, cependant, “les cours peuvent et doivent reprendre”. La décision de maintenir le partenariat “est prise” et “il me semble, a été la plus démocratique possible”, a souligné lors d’une conférence de presse Frédérique Berrod, qui a appelé à la “levée du blocage”. – “Revendications politiques” -Certains revendications des étudiants sont “politiques”, a-t-elle poursuivi, or une “université ne peut pas rompre un partenariat pour des raisons politiques. Ce n’est pas le rôle de l’université”, a souligné Mme Berrod.Mardi soir, le Conseil d’administration avait approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d’un comité de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de “dépassionner le débat”, dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages.Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges d’étudiants entre l’IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un “partenariat alternatif” avec une autre université israélienne.Parmi les arguments invoqués, le comité a jugé “problématique” l’enseignement du droit international à l’Université Reichman – un institut privé dont les cours sont centrés sur le contre-terrorisme, les conflits israélo-arabes et le “droit des conflits”. L'”interprétation des obligations internationales en matière de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants” y “diffère considérablement, voire s’oppose, à ce qui est enseigné au sein de Sciences Po Strasbourg”, ont notamment estimé les membres du comité. Ils ont également dénoncé, entre autres, de “très nombreuses remises en question”, par certains professeurs de la Lauder School of Government, du droit international, de la Cour pénale internationale et des Nations unies.Avant le vote de mardi soir, le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste avait pris position dans ce débat, en annonçant que le gouvernement saisirait le tribunal administratif au cas où le partenariat serait suspendu “pour des raisons militantes”.”Le blocage n’est pas la seule manière d’action”, a estimé Mme Berrod, évoquant “une autre voie plus constructive”.Elle a proposé de “réfléchir avec des partenaires européens à la possibilité de proposer une offre de formation à destination des étudiantes et étudiants qui n’ont plus d’université à Gaza”. En attendant, du fait du blocage à Strasbourg, “l’ensemble du personnel est en télétravail” et des cours en ligne doivent être proposés aux étudiants, selon la présidente. 

Droits de douane: la France revoit en baisse sa prévision de croissance pour 2025

Le gouvernement a revu à la baisse la croissance de la France pour 2025, “compte tenu des incertitudes”, a déclaré mercredi le ministre de l’Economie, quelques minutes après une nouvelle annonce de Donald Trump sur une suspension des droits de douanes pour 90 jours.Lors de la présentation du budget 2025, le gouvernement avait tablé sur une croissance de 0,9%, a rappelé Eric Lombard sur TF1. “On a décidé de (la) ramener à 0,7% compte tenu des incertitudes –et on vient d’en voir un élément aujourd’hui. Le 0,7% est ce qui sera présenté en conseil des ministres la semaine prochaine”, a-t-il dit.La Banque de France avait déjà révisé sa prévision de croissance pour 2025, en mars, à 0,7%, et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a ramené la sienne à 0,5% mercredi.Interrogé sur une éventuelle nouvelle révision à la baisse de ce taux à l’avenir, le ministre a répondu que cela “dépend(rait) des négociations qui vont s’engager avec l’Amérique et des décisions qui sont prises sur les droits de douane”. “Si on réussit à faire baisser les droits de douane, on peut même avoir mieux, et sinon, nous verrons”, a-t-il ajouté.Il s’est de nouveau engagé à ne pas augmenter les impôts en 2025, “même s’il y a moins de croissance”, car “nous tenons l’axe des dépenses publiques telles qu’elles ont été votées par le Parlement”. “Nous ne ferons ni plus, parce qu’il faut tenir l’objectif de réduction du déficit, ni moins, parce que nous ne voulons pas aggraver la situation”, a-t-il argumenté.Pour 2026, “nous avons déjà dit que nous n’allions pas reconduire la surtaxe sur les grandes entreprises. Pour le reste, le sujet est complètement ouvert”, a ajouté Eric Lombard. Quant à une aide aux entreprises en difficulté en raison des droits de douane supplémentaires imposés par les Etats-Unis, comme l’ont annoncé certains pays, le ministre a répété que ces entreprises seraient “accompagnées”, mais “le temps du +quoi qu’il en coûte+ est terminé puisque la situation budgétaire ne le permet pas”.- “Rester calme” -A propos des annonces successives de Donald Trump sur les droits de douane, le ministre de l’Economie a indiqué qu'”un jeu compliqué” avait été “anticipé, avec une annonce très forte et des négociations dont on nous avait toujours dit qu’elles commenceraient à Washington lors des réunions du G7, le 22 avril”.Mais quelques minutes avant l’interview de M. Lombard, le président américain a annoncé qu’il suspendait pendant trois mois des surtaxes imposées à tous les pays, sauf pour la Chine, reconnaissant que ces mesures “effrayaient un peu”.”C’est une bonne nouvelle mais il faut rester calme”, a réagi M.Lombard quelques instants plus tard sur LCI, disant espérer trouver “un accord nouveau” avec les Américains.Pour les produits venus de Chine au contraire, les droits de douane vont encore augmenter, a assuré M.Trump, tout en prédisant “un accord” prochain avec le grand rival économique des Etats-Unis.Ce revirement intervient en plein tumulte financier dans le monde. Après plusieurs séances en montagnes russes des marchés d’actions, la dette américaine elle-même a été chahutée mercredi.Mercredi soir, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a lui salué sur France 2 un “début de retour à la raison économique”, après le revirement de Trump, tout en mettant en garde contre la “grande imprévisibilité” de la politique américaine.Une imprévisibilité qui “joue contre la confiance et contre la croissance, d’abord aux Etats-Unis”, selon le gouverneur. “Il se trouve que ce soir, elle joue dans le bon sens et qu’on a une moins mauvaise nouvelle”, avec des droits de douane qui ne disparaissent pas mais qui sont ramenés à 10% pendant trois mois. La guerre commerciale affecterait directement la croissance de la zone euro à hauteur de 0,25 point en 2025, la France étant moins exposée que l’Allemagne ou l’Italie, selon la Banque de France.L’Italie a elle divisé par deux sa prévision de croissance pour 2025, à 0,6%, en raison des droits de douane américains, avait-elle annoncé plus tôt dans la journée.

La France pourrait reconnaître l’Etat palestinien “en juin”, dit Macron

Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait reconnaître un Etat palestinien “en juin” à l’occasion d’une conférence qu’elle coprésidera avec l’Arabie saoudite aux Nations-unies à New York et qui doit aussi conduire, selon lui, à la reconnaissance d’Israël par un certain nombre de pays.”On doit aller vers une reconnaissance (de l’Etat palestinien, ndlr) et donc dans les prochains mois on ira”, a déclaré le président français dans une interview à l’émission “C’est à vous” sur France 5 donnée à son retour d’Egypte mardi et diffusée mercredi.”Notre objectif, c’est, quelque part en juin, avec l’Arabie saoudite, de présider cette conférence où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs”, a-t-il ajouté.La conférence vise à la création d’un Etat palestinien. Les appels à une “solution à deux Etats”, palestinien au côté de celui d’Israël, se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.Près de 150 pays reconnaissent l’Etat palestinien. En mai 2024, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont ainsi franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin. La solution à deux Etats reste toutefois rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.”Je le ferai (…) parce que je pense qu’à un moment donné ce sera juste et parce que je veux aussi participer à une dynamique collective, qui doit permettre à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d’entre eux ne font pas”, a relevé le chef de l’Etat.- “Dans la bonne direction” -Cela permettra également “d’être clair pour lutter contre ceux qui nient le droit d’Israël à exister, ce qui est le cas de l’Iran, et de nous engager sur une sécurité collective de la région”, a insisté le président français.En 2020, les accords d’Abraham ont mené à la reconnaissance d’Israël par les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. L’Arabie saoudite qui avait aussi entamé des négociations pour un rapprochement avec Israël les a en revanche suspendues depuis le début de la guerre à Gaza, conditionnant toute reconnaissance à la création d’un Etat palestinien. L’Autorité palestinienne a aussitôt salué l’annonce d’Emmanuel Macron. Une reconnaissance par la France “serait un pas dans la bonne direction, conforme à la défense des droits du peuple palestinien et à la solution à deux Etats”, a déclaré à l’AFP Varsen Aghabekian Shahin, ministre d’Etat aux Affaires étrangères.Le président français a apporté lundi au Caire son soutien au plan arabe pour Gaza, s’opposant “fermement aux déplacements de populations” face aux ambitions de Donald Trump.L’initiative arabe se veut une réponse au plan du président américain qui prévoit de prendre le contrôle du territoire palestinien et d’en expulser ses habitants.Préparée par l’Egypte, elle ambitionne de reconstruire la bande de Gaza, détruite par 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, sans déplacer ses 2,4 millions d’habitants. – “Pas un centime” -Le plan met de facto à l’écart le mouvement islamiste palestinien et prévoit un retour de l’Autorité palestinienne, chassée du territoire en 2007 par le Hamas.Face au “blocage humanitaire” à Gaza, où Israël a repris ses opérations militaires le 18 mars après deux mois de trêve, “il nous semble prioritaire de redemander urgemment un cessez-le-feu de quarante à cinquante jours”, a ajouté Emmanuel Macron dans les colonnes des quotidiens français La Croix et Libération.Pour tenter de convaincre Benjamin Netanyahu d’accepter une nouvelle trêve et le déblocage de l’aide, il demande aussi la libération d’une dizaine d’otages, “selon les discussions que les Egyptiens mènent en lien avec les Qataris et avec le Hamas”.Le président français affirme aussi que “le Hamas ne sera pas éliminé par la voie militaire”, “c’est une hydre”, et plaide pour une sortie négociée de ses principaux cadres de Gaza: “l’Egypte, le Qatar, la Turquie savent le faire et on doit les aider.”Interrogé sur le projet de Donald Trump d’en faire la “Riviera du Moyen-Orient”, Emmanuel Macron martèle que la bande de Gaza n’est “pas un projet immobilier”.”Le simplisme, parfois, n’aide pas. Je dis au président Trump: (…) +C’est vrai que c’est trop lent tout ça, je comprends ton impatience, peut-être ce serait formidable si un jour ça se développait de manière extraordinaire, mais là, notre responsabilité, c’est de sauver des vies, de retrouver la paix et de négocier un cadre politique+”, a-t-il souligné.”Si tout cela n’existe pas, personne n’investira. Aujourd’hui personne ne mettra un centime à Gaza”, a-t-il martelé.

RDC: “The Herds”, un troupeau de marionnettes en marche pour le climat

Un gnou, un gorille ou encore une girafe s’élancent dans Kinshasa: ce troupeau de marionnettes en matériaux recyclés a entamé mercredi dans la capitale congolaise son périple de 20.000 km, entre l’Afrique et l’Europe, pour sensibiliser contre les menaces du changement climatique.Les animaux articulés du projet “The Herds” (“Les troupeaux”), financé par plusieurs pays européens ainsi que des fondations privées notamment américaines, traverseront d’ici le mois d’août une dizaine de pays entre l’Afrique centrale et le cercle arctique, en passant par le Nigeria, le Sénégal, le Maroc, la France ou encore la Norvège.  “Ce projet vise à donner au public un sens de ce qui est en train de se produire pour la planète, à travers le voyage de 20, puis 40, et 70 animaux d’Afrique de l’Ouest, du Maroc ou d’Europe, qui transitent pour échapper aux dommages de leur écosystème”, a déclaré le producteur du projet David Lan à Kinshasa. “La peau est faite en carton, les articulations fabriquées en caoutchouc”, explique Siphokazi Mpofu, membre du collectif sud-africain Ukwanda Puppets qui a créé les premières marionnettes. “Certains animaux vont mourir en chemin”, à cause de l’humidité par exemple, “comme dans la réalité”, poursuit l’artiste.Sur sa route, le troupeau sera rejoint au fur et à mesure par de nouvelles marionnettes représentant, toujours grandeur nature, des espèces locales comme les singes vervets au Nigeria, les loups et les cerfs rouges en Europe ou encore les rennes en Norvège.Des spectacles et des ateliers avec des organisations de défense de l’environnement sont prévus tout au long du trajet. 

La France pourrait reconnaître l’Etat palestinien “en juin”, dit Macron

Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait reconnaître un Etat palestinien “en juin” à l’occasion d’une conférence qu’elle coprésidera avec l’Arabie saoudite aux Nations-unies à New York et qui doit aussi conduire, selon lui, à la reconnaissance d’Israël par un certain nombre de pays.”On doit aller vers une reconnaissance (de l’Etat palestinien, ndlr) et donc dans les prochains mois on ira”, a déclaré le président français dans une interview à l’émission “C’est à vous” sur France 5 donnée à son retour d’Egypte mardi et diffusée mercredi.”Notre objectif c’est, quelque part en juin, avec l’Arabie saoudite de présider cette conférence où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs”, a-t-il ajouté.La conférence vise à la création d’un Etat palestinien. Les appels à une “solution à deux Etats”, palestinien au côté de celui d’Israël, se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza. Près de 150 pays reconnaissent l’Etat palestinien. En mai 2024, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont ainsi franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin. La solution à deux Etats reste rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.”Je le ferai (…) parce que je pense qu’à un moment donné ce sera juste et parce que je veux aussi participer à une dynamique collective, qui doit permettre aussi à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d’entre eux ne font pas”, a poursuivi le chef de l’Etat.- “Pas un centime” –  Cela permettra également “d’être clair pour lutter contre ceux qui nient le droit d’Israël à exister, ce qui est le cas de l’Iran, et de nous engager sur une sécurité collective de la région”, a-t-il insisté.Emmanuel Macron a apporté lundi au Caire son soutien au plan arabe pour Gaza, s’opposant “fermement aux déplacements de populations” face aux ambitions de Donald Trump, mais a aussi donné des gages aux Etats-Unis en rejetant tout rôle futur du Hamas dans le territoire palestinien.L’initiative arabe se veut une réponse au plan du président américain qui prévoit de prendre le contrôle du territoire palestinien et d’en expulser ses habitants.Préparée par l’Egypte, elle prévoit de reconstruire la bande de Gaza, détruite par 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, sans déplacer ses 2,4 millions d’habitants. Le plan met de facto à l’écart le mouvement islamiste palestinien et prévoit un retour de l’Autorité palestinienne, chassée du territoire en 2007 par le Hamas.Interrogé mardi sur le projet de Donald Trump d’en faire la “Riviera du Moyen-Orient”, Emmanuel Macron a répondu que la bande de Gaza n’était “pas un projet immobilier”.”Le simplisme parfois n’aide pas. Je dis au président Trump (..) +c’est  vrai que c’est trop lent tout ça, je comprends ton impatience, peut-être ce serait formidable si un jour ça se développait de manière extraordinaire, mais là notre responsabilité c’est de sauver des vies, de retrouver la paix et de négocier un cadre politique”, a souligné le président français.”Si tout cela n’existe pas, personne n’investira. Aujourd’hui personne ne mettra un centime à Gaza”, a-t-il martelé.

La justice française refuse la remise du militant antifasciste “Gino” à la Hongrie

La justice française a refusé mercredi de remettre à la Hongrie le militant antifasciste Rexhino Abazaj, alias “Gino”, invoquant “des risques” d’un “traitement inhumain” en prison et l’incertitude de lui garantir un procès équitable dans ce pays de l’Union européenne.Militant pour le droit au logement, Gino est accusé par la Hongrie, comme une dizaine d’autres personnes, d’avoir “brutalement attaqué des néonazis” à Budapest en février 2023 alors qu’une commémoration était organisée par des néonazis dans la capitale hongroise.La Hongrie avait ensuite émis, en novembre 2023, un mandat d’arrêt européen à son encontre.Arrêté à Paris en novembre 2024, Gino avait été incarcéré puis remis en liberté sous contrôle judiciaire le 26 mars.Avant de se prononcer sur une remise ou non, la justice française avait demandé davantage d’informations aux autorités hongroises. La réponse détaillée de la Hongrie n’a pas satisfait la cour d’appel de Paris, qui a “refusé la remise”, a annoncé le président de la chambre des extraditions lors du délibéré mercredi.- “Vidéosurveillance en continu” -Ainsi, la Hongrie a admis que Gino serait placé à l’isolement “pour sa protection personnelle”, d’après la décision dont l’AFP a eu connaissance.Sauf qu’il n’existe pas aujourd’hui de différence entre l’isolement disciplinaire et sécuritaire, souligne la cour d’appel dans son arrêt, citant des observations du Conseil de l’Europe.A l’isolement, la prison hongroise peut notamment avoir recours à “la vidéosurveillance en continu” pendant “une longue durée”. Ces conditions constituent “un risque de traitement inhumain et dégradant” pour Gino, qui encourt 24 ans d’emprisonnement, estime la cour.Concernant le droit à un procès équitable, la cour a souligné “un contexte de défaillance systémique”, questionnant notamment le mode de désignation des juges, bien que Budapest a assuré avoir “un parquet indépendant”.La cour d’appel a, entre autres, relevé “les prises à partie politiques virulentes de personnes poursuivies par le porte-parole du gouvernement” hongrois.Mercredi, la chambre des extraditions a aussi levé le contrôle judiciaire du militant. Mais “si vous franchissez les frontières”, “un autre pays peut mettre à exécution le mandat européen qui est toujours diffusé”, a prévenu le président en s’adressant à Rexhino Abazaj.”C’est une décision courageuse”, a salué Me Youri Krassoulia, l’un des avocats de Gino. “Dans cette affaire, l’indépendance des juges hongrois n’est pas assurée tant la dimension est politique”, a ajouté Me Laurent Pasquet-Marinacce, son autre conseil.- “Suivre l’exemple” – Crâne rasé, lunettes, costume foncé et cravate rouge, Gino est sorti de la salle d’audience accompagné de sa famille, sous les applaudissements de ses soutiens.”Je peux rester en France, je suis protégé du régime hongrois”, a réagi auprès de l’AFP l’Albanais qui a grandi en Italie et passé plusieurs années en Finlande, avant d’arriver en France en 2024.Le trentenaire a salué “une décision très positive” pour lui, mais également pour les autres militants.”Il y a d’autres antifascistes recherchés par la Hongrie, d’autres en prison, mais la France a montré aujourd’hui qu’elle ne doit pas être soumise à la demande d’un pays autoritaire et néofasciste”, a-t-il estimé.Les autres pays européens “peuvent décider de suivre l’exemple des juges français”, a espéré le militant, qui a reçu le soutien de plusieurs centaines de personnalités.Le groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale s’est félicité d'”une grande victoire (…) pour l’état de droit et l’antifascisme”. Il a aussi appelé, dans un communiqué, à ce que Gino soit “désormais protégé sur le territoire français”.D’autres militants avaient été arrêtés en février 2023. Comme Ilaria Salis, enseignante italienne, incarcérée plus d’un an en Hongrie, puis assignée à résidence, avant d’être libérée après son élection au Parlement européen.A l’instar de Gino, la justice italienne a refusé de remettre Gabriele Marchesi, Italien de 24 ans arrêté en novembre 2023 à Milan, à la Hongrie.Au contraire, Maja T., activiste allemand de 24 ans qui se considère non-binaire, a été remis par l’Allemagne à la Hongrie à l’été 2024.Depuis son retour à la tête du pays en 2010, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a renforcé son emprise tout en mettant au pas les contre-pouvoirs, une dérive autoritaire condamnée à plusieurs reprises par la Commission européenne et sanctionnée par la justice européenne.