AFP Top News

Accord UE-Mercosur: quel impact sur l’agriculture européenne ?

L’accord de libre-échange avec des pays du Mercosur, dont l’UE a lancé mercredi le processus de ratification, promet d’ouvrir un peu plus le marché européen aux produits latino-américains, une perspective qui alarme les agriculteurs, en particulier en France, premier pays agricole du continent.Cet accord “n’a jamais été aussi dommageable pour les agriculteurs, les communautés rurales et les consommateurs européens”, a mis en garde mardi le Copa-Cogeca, principal lobby agricole européen.Quels volumes agricoles en jeu?La Commission européenne parle de “petits volumes” de produits du Mercosur aux droits de douane réduits: ce sera 99.000 tonnes maximum pour la viande bovine, soit 1,6% de la production de l’UE. Au-delà, des droits “largement prohibitifs”, de plus de 40% (au lieu de 7,5%), continueront à s’appliquer, ajoute-t-on.Pour les volailles ce sera 180.000 tonnes (1,4%), le sucre 190.000 tonnes (1,2%).Pour Bruxelles, l’accord présente des opportunités pour des produits aujourd’hui freinés en Amérique latine par les taxes: vin et spiritueux (actuellement taxés jusqu’à 35%), chocolats, malt, huile d’olive, lait en poudre ou fromages.Secteurs exposésMême si les volumes concernés sont limités, ils peuvent ébranler des filières, expliquent cependant celles-ci.Pour l’interprofession française de la viande bovine, le Mercosur fournit déjà le gros des importations d’aloyaux, des morceaux “nobles”. Si les 99.000 tonnes de viande bovine autorisées se concentrent sur l’aloyau, cela représenterait un quart de la production européenne.Selon l’Institut de l’élevage, les aloyaux du Mercosur arrivent à des coûts inférieurs de 18% à 32% par rapport aux européens.Les producteurs de poulet aussi redoutent que les Brésiliens se concentrent sur les morceaux les plus rentables, les filets.Les filières de l’éthanol, du miel, du porc… sont également exposées, analyse l’économiste Stefan Ambec, co-auteur d’un rapport sur cet accord au gouvernement français. Il évoquait le risque d’une baisse des prix payés aux agriculteurs européens: “les coûts de production diffèrent et le problème est que les normes sanitaires et environnementales ne sont pas les mêmes.”Quelles normes?La Commission l’assure: “Tout produit du Mercosur doit respecter les normes strictes de l’UE en matière de sécurité alimentaire.”L’accord de libre-échange Ceta avec le Canada par exemple ne remplit pas ses quotas d’exportation de viande depuis six ans faute de production aux normes, fait valoir un fonctionnaire européen.Les “conditions de production” dans le Mercosur, en matière sociale, environnementale, de bien-être animal… ne seront pas forcément les mêmes qu’en Europe, admet cependant Bruxelles.En matière sanitaire, l’importation de viande traitée aux hormones de croissance restera interdite. En revanche des viandes issues d’élevages usant de pratiques  prohibées dans l’UE — usage d’antibiotiques activateurs de croissance ou de certaines farines animales — pourront entrer, soulignent les opposants.Quels contrôles?”En théorie, la viande traitée par exemple aux hormones de croissance ne peut entrer, mais en pratique la traçabilité est imparfaite”, explique M. Ambec. “Il y a des audits d’abattoirs organisés avec la Commission, mais on ne suit pas facilement le bétail avant cette étape. Le traçage de la naissance à l’abattage, dans le Mercosur, cela n’existe qu’en Uruguay.”De fait, un audit de l’UE a révélé fin 2024 des failles dans les contrôles de la viande bovine au Brésil, incapables de garantir l’absence de l’hormone oestradiol, interdite en Europe.Mercredi, à Bruxelles, on évoquait “l’engagement sur la constitution d’un groupe de travail sur le renforcement des contrôles à l’import”.”Frein d’urgence”Pour répondre aux inquiétudes de Paris, Bruxelles a aussi introduit mercredi une “clause de sauvegarde” renforcée concernant les produits sensibles, sorte de “frein d’urgence” en cas d’augmentation soudaine des importations ou baisse des prix.”S’il existe “un préjudice sérieux ou un risque pour l’Union européenne, l’Union, à la suite d’une enquête, peut décider” de limiter ces importations, explique un haut fonctionnaire.S’y ajoute un “engagement politique” de suivi “très serré” de ces marchés, avec rapports semestriels. La Commission s’engage aussi à lancer ces enquêtes “sans délai” et à des mesures provisoires dans les 21 jours, et à le faire dès que sont constatés des mouvements de prix ou de volumes de plus de 10%, une mesure inédite, souligne-t-on à Bruxelles.Enfin, “si jamais dans la situation très improbable où les importations du Mercosur causerait des dommages aux systèmes agricoles, nous avons pris l’engagement d’augmenter les fonds disponibles pour une compensation des agriculteurs dans le cadre de la PAC”, ajoute-t-on.

Emmanuel Carrère dans la première sélection du prix Goncourt

Le roman d’Emmanuel Carrère, “Kolkhoze”, fait partie des 15 ouvrages présents dans la première sélection du prix Goncourt, qui sera décerné le 4 novembre, a annoncé mercredi l’Académie Goncourt.Cette sélection pour le plus illustre des prix littéraires français comporte aussi des romans d’écrivains accomplis, comme Nathacha Appanah (“La nuit au cÅ“ur”), David Diop (“Où s’adosse le ciel”) ou Laurent Mauvignier (“La maison vide”), qui figurent parmi les favoris. Ont également été sélectionnés des écrivains moins expérimentés comme Paul Gasnier (“La collision”), Maria Pourchet (“Tressaillir”) ou Hélène Laurain (“Tambora”).Les 10 membres de l’Académie Goncourt réduiront le nombre des finalistes de 15 à huit le 7 octobre, puis à quatre le 28 octobre. Avant de décerner le prix le 4 novembre au restaurant Drouant, en plein centre de Paris, selon une tradition bien établie.En 2024, le prix avait été accordé à Kamel Daoud pour son roman “Houris”.Considéré comme l’un des favoris pour lui succéder, “Kolkhoze” (POL) est l’un des nombreux romans de la rentrée littéraire dont la mère est le sujet. Il relate la vie d’Hélène Carrère d’Encausse qui, après son décès en 2023 à 94 ans, avait reçu un hommage national aux Invalides après une vie consacrée à l’étude de l’Union soviétique puis à l’Académie française, dont elle a été la secrétaire perpétuelle.  

Bayrou droit dans ses bottes à cinq jours de sa chute probable, Macron appelle à la “mobilisation”

François Bayrou n’a fait aucune concession aux oppositions mercredi, à cinq jours du vote de confiance à même de se solder par sa chute, Emmanuel Macron appelant le gouvernement à “faire acte de mobilisation” autour du Premier ministre.Alors que les ministres ont été informés à la dernière minute de la décision du chef du gouvernement, qui a suscité “colère” et “frustration” chez plusieurs d’entre eux, et qu’ils ne se bousculent pas dans les médias pour la défendre, le président de la République a demandé à “chacun (…) dans nos sensibilités politiques, de faire acte de mobilisation, de pédagogie”, a rapporté la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, à l’issue du probable dernier Conseil des ministres de l’équipe Bayrou. L’avenir du Premier ministre ne semble tenir qu’à un fil alors que l’ensemble des oppositions, Parti socialiste compris, ont déjà annoncé qu’elles ne voteraient pas la confiance qu’il a sollicitée sur l’urgence à résorber la dette du pays. Le chef de l’Etat a prévenu à cet égard que, “quel que soit le vote (…) la situation de la France ne sera pas résolue”, ajoutant que “s’affranchir du réel n’était pas responsable pour la suite”, a affirmé Mme Primas.Tentant de conjurer le sort qui lui est promis, François Bayrou reçoit les forces politiques une à une cette semaine et multiplie les passages dans les médias, comme sur BFMTV et RMC mercredi.- Aucune concession -Accusé de faire les choses à l’envers en demandant la confiance avant de négocier avec les forces politiques, il a défendu sa décision en la comparant à “un patient”, jugeant “absurde” de “commencer par l’ordonnance avant de faire le diagnostic”.Il a néanmoins semblé se préparer à son départ de la rue de Varenne, concédant que le scénario de sa chute était “peut-être réaliste” mais que lui se refusait à être “défaitiste”, jugeant encore “possible” que les députés ne votent pas contre lui. Il a aussi répété que la dissolution de l’Assemblée nationale était un “risque” car celle de 2024 avait engendré “le contraire” de la “clarification” espérée.Pour autant le chef du gouvernement n’a fait aucune concession en direction des socialistes, qu’il doit recevoir jeudi matin, pour tenter d’inverser leur décision de faire tomber le gouvernement, notamment sur la suppression de deux jours fériés prévue dans son plan de redressement des finances publiques.Il a également balayé les propositions budgétaires du PS, qui veut diviser par deux l’année prochaine l’effort voulu par le Premier ministre de 44 milliards d’euros.- RN “pas dupe” -M. Macron avait pourtant enjoint, lors d’un déjeuner à l’Elysée mardi, aux chefs de la coalition gouvernementale et François Bayrou, Premier ministre mais aussi président du MoDem, de “travailler avec les socialistes” et d’autres partis à l’exclusion de LFI et du RN pour “élargir” son assise. Au contraire, le locataire de Matignon a jugé “pas très cohérente”, “pas logique” et “risquée” la démarche du PS de “vouloir abattre son gouvernement” tout en réclamant de gouverner ensuite avec “le soutien du bloc central” dont il fait partie. Des compromis avec les socialistes sur le budget seront pourtant “inévitables” si le gouvernement tombait, a anticipé mercredi dans le Financial Times le ministre de l’Economie Eric Lombard, cité parmi les possibles remplaçants de M. Bayrou.”Il y a un désaccord sur le rythme (de réduction du déficit budgétaire) et sur les montants pour 2026 (…) mais cela laisse une marge de discussion”, a-t-il estimé.M. Bayrou a semblé faire un pas en direction de l’extrême droite, confirmant des projets de décrets visant à réduire la liste des soins de santé pris en charge par l’Aide médicale d’Etat (AME) pour les étrangers en situation irrégulière, une mesure chère autant au Rassemblement national qu’au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.Sans faire changer d’avis le RN de voter contre. Le président du parti, Jordan Bardella, s’est dit sur RMC “pas dupe” de la “mansuétude” du Premier ministre à l’égard de sa formation politique “à quelques jours d’une chute probable”.Malgré cette bataille qui semble perdue d’avance, François Bayrou a assuré que ses “aventures” politiques n’étaient pas “finies”, sans dire s’il allait se représenter à la mairie de Pau ou à l’élection présidentielle.

Santé et bioversité: l’État devra revoir des autorisations de pesticides

L’État a été condamné mercredi à revoir ses procédures d’autorisation des pesticides, jugées par la cour administrative d’appel de Paris insuffisantes pour garantir le maintien de la biodiversité et la protection de la santé.Dans cette affaire dite “Justice pour le vivant”, les associations de défense de l’environnement ont obtenu gain de cause. L’une d’elle, Pollinis, a salué dans un communiqué une “victoire historique” et appelé le gouvernement à se plier à cette décision, sans saisir la juridiction suprême, le Conseil d’État.La cour ordonne de procéder “dans un délai de 24 mois” à “un réexamen des autorisations de mise sur le marché déjà délivrées”, pour réparer un “préjudice écologique résultant de l’usage des produits phytopharmaceutiques”, notamment envers “la santé humaine”, a-t-elle résumé dans un communiqué accompagnant la décision.”Il est enjoint à l’État de mettre en Å“uvre une évaluation des risques présentés par les produits phytopharmaceutiques à la lumière du dernier état des connaissances scientifiques, notamment en ce qui concerne les espèces non ciblées”, indique l’arrêt.Les services de l’État se voient reprocher d’avoir méconnu les exigences du règlement européen qui encadre la commercialisation des pesticides, édicté en 2009. Ce texte oblige les pesticides à ne pas avoir “d’effet nocif immédiat ou différé sur la santé humaine ou animale” ni “d’effets inacceptables sur les végétaux ou sur l’environnement”.L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), chargée d’évaluer et d’autoriser la mise sur le marché des pesticides, “a commis une faute en ne procédant pas à l’évaluation des produits phytopharmaceutiques au vu du dernier état des connaissances scientifiques”, souligne la cour administrative d’appel dans son communiqué.- “Réexamen des autorisations” -Cette juridiction ordonne donc “de procéder, le cas échéant, au réexamen des autorisations de mises sur le marché déjà délivrées et pour lesquelles la méthodologie d’évaluation n’aurait pas été conforme à ces exigences, dans un délai de vingt-quatre mois”.Le nombre de produits concernés reste à déterminer. L’État a six mois pour communiquer une liste à la cour administrative d’appel.Celle-ci va plus loin que le tribunal administratif qui, en première instance, en juin 2023, avait “enjoint au gouvernement de prendre toutes les mesures utiles de nature à réparer le préjudice écologique”.Les associations, partiellement satisfaites, avaient alors fait appel en espérant “obliger l’État à combler les failles des méthodes d’évaluation des risques des pesticides”. C’est ce qu’elles ont obtenu mercredi.Le succès en juillet d’une pétition contre la loi Duplomb, signée par plus de 2,1 millions de personnes, avait montré l’hostilité aux pesticides d’une bonne partie de l’opinion publique française.Le 7 août, le Conseil constitutionnel a censuré la disposition la plus contestée de cette loi qui allège certaines contraintes pour les agriculteurs: la réintroduction sous conditions d’un pesticide interdit de la famille des néonicotinoïdes.L’organisation professionnelle Phyteis, lobby de 18 producteurs de pesticides dont les filiales françaises de Bayer, BASF ou Syngenta, plaidait dans le dossier “Justice pour le vivant” l’absence de “faute” de l’État.Ce dernier devra verser 3.000 euros au titre des frais de justice, à répartir entre six associations.

Un autre procès climatique: une île indonésienne contre le cimentier Holcim

Une cour suisse a entendu mercredi la plainte d’habitants d’une île d’Indonésie menacée par la montée de l’océan contre le géant du ciment Holcim, marquant une étape importante dans un nouveau procès climatique très attendu contre une multinationale grande émettrice de gaz à effet de serre.Quatre habitants de l’île de Pari, dans la mer de Java près de Jakarta, exigent que le groupe suisse, qui a fusionné en 2015 avec le français Lafarge, les indemnise pour les dommages causés par la montée des eaux.L’audience dans le canton de Zoug, où se trouve le siège social du géant des matériaux de construction, a duré trois heures et vise à déterminer la recevabilité de la plainte, déposée en 2023. Les plaignants réclament chacun 3.600 francs (3.840 euros). Deux d’entre eux ont fait le déplacement en Suisse pour y assister. Seuls les aspects procéduraux ont été examinés, l’objectif à ce stade étant de déterminer si la cour peut traiter ou non la plainte sur le fond. Sa décision peut être prise immédiatement ou dans plusieurs semaines, voire plusieurs mois. “A première vue l’île a l’air idylllique”, a déclaré leur avocate, Cordelia Bähr, lors d’une plaidoirie de plus d’une heure, expliquant que le changement climatique constitue “une menace existentielle” pour cette île de 42 hectares.L’île a déjà perdu 11% de son territoire en 11 ans et risque d’être engloutie d’ici 2050 face à la montée des eaux, fait valoir l’ONG Entraide protestante suisse (Eper), qui soutient les plaignants.Le changement climatique affecte non pas des millions “mais des milliards de gens” dans le monde, a pour sa part fait valoir Stefanie Pfisterer, une des avocates d’Holcim, qui a cependant affirmé qu’il ne s’agit pas de la bonne plateforme pour ce combat”.Cette plainte illustre le nouveau visage du combat climatique, porté de plus en plus devant les tribunaux par des militants frustrés de la lenteur ou des reculs des Etats dans la lutte contre le réchauffement.Les entreprises pétrolières sont habituellement les plus attaquées, mais avec Holcim, les défenseurs du climat espèrent une jurisprudence contre une industrie moins connue mais très polluante, responsable de l’ordre de 8% du CO2 rejeté chaque année dans l’atmosphère, soit largement plus que l’aviation. Les fours à haute température pour cuire le calcaire et fabriquer le ciment brûlent généralement du charbon, et la réaction chimique elle-même génère du CO2 supplémentaire. Les plaignants demandent au groupe, aux 26,4 milliards de francs suisses (28,2 milliards d’euros) de chiffre d’affaires l’an dernier, de les indemniser mais aussi de participer à la protection de l’île et de réduire ses émissions de CO2.- Un précédent de taille -“C’est la première plainte climatique déposée contre une entreprise suisse, en l’occurrence le plus gros pollueur de Suisse”, a déclaré à l’AFP Yvan Maillard-Ardenti, membre de l’Entreaide Protestante suisse, une des ONG qui soutient les plaignants. Holcim ne détient plus de cimenteries en Indonésie depuis 2019. Mais les plaignants considèrent qu’Holcim est “coresponsable de l’élévation des températures, et donc de l’élévation du niveau de la mer”, explique M. Maillard-Ardenti.Il cite une étude estimant que le groupe a émis 7 milliards de tonnes de CO2 entre 1950 et 2021, soit 0,42% du total des émissions industrielles depuis 1750. Les plaignants demandent donc à Holcim de payer “pour une part qui correspond à ces émissions de CO2”.  Un précédent juridique majeur existe: la justice allemande a reconnu en mai le principe d’une responsabilité mondiale des entreprises productrices d’électricité dans les dommages liés aux émissions de gaz à effet de serre, quel que soit l’endroit où ils se produisent. Cette affaire-là avait été lancée par un paysan péruvien contre l’entreprise allemande RWE, aux rejets estimés à 0,38% des émissions historiques mondiales; le plaignant a toutefois perdu car les juges ont estimé que le danger concret le concernant n’était pas démontré.Des juges pourraient en décider autrement pour les habitants de Pari. Lors d’une conférence la semaine dernière à Lausanne, une des plaignants a expliqué avoir perdu sa ferme d’algues marines à cause des inondations, qui ont également ravagé son élevage de poissons en charriant du pétrole.

Vote de confiance: Bayrou juge la démarche du PS “pas très cohérente”

François Bayrou a jugé mercredi “pas très cohérente” la démarche du Parti socialiste de “vouloir abattre son gouvernement” lors du vote de confiance du 8 septembre tout en réclamant de gouverner ensuite avec “le soutien du bloc central”. “Est ce qu’il est logique, cohérent de dire +je vais abattre votre gouvernement et après vous me soutiendrez?+”, s’est interrogé le Premier ministre sur BFMTV/RMC. “Je ne suis pas sûr que ça marche parce qu’il y a un minimum de logique dans la vie. La démarche d’Olivier Faure, dont il ne fait pas mystère qu’il veut devenir Premier ministre, cette démarche me paraît risquée, pas très cohérente et pas très logique”, a jugé M. Bayrou qui restera, même s’il quitte Matignon, le leader d’un des partis du bloc central.Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure réclame qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche et s’est dit prêt à ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour gouverner, ce qui suppose de trouver des compromis avec le bloc central, faute de majorité pour la gauche à l’Assemblée.François Bayrou doit rencontrer les socialistes jeudi mais n’a fait aucune concession réelle à leur égard mercredi qui leur permettrait de revenir sur leur décision de toute façon “irrévocable” selon M. Faure.Au contraire, il a de nouveau balayé les propositions budgétaires du PS, qui veut diviser par deux l’année prochaine l’effort budgétaire voulu par le Premier ministre de 44 milliards d’euros.”Ce n’est pas diviser l’effort, c’est décider qu’on va de nouveau emprunter 20 et quelques milliards supplémentaires”, a-t-il jugé.Même sur la mesure la plus impopulaire de son plan, la suppression de deux jours fériés, il s’est contenté de répéter sans conviction qu’il était “ouvert” à la réexaminer à condition que les 4 milliards que cette suppression devait rapporter soient compensés “Je suis ouvert à ce que nous trouvions une organisation qui permette d’obtenir les mêmes buts sans avoir les inconvénients, à supposer que ces inconvénients soient majeurs”, a-t-il répondu dans une périphrase. En dépit de l’arithmétique qui lui annonce une chute certaine lundi, il a refusé de se montrer “défaitiste”.”Si vous êtes représentant du peuple, comme c’est la vocation d’un député, alors vous devez vous demander où est l’intérêt national”, a-t-il lancé aux députés. 

Pour produire plus, il y a “d’autres manières” que supprimer des jours fériés, selon de Montchalin

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a estimé mercredi qu’il y avait “évidemment plein d’autres manières” que la suppression de deux jours fériés pour “encourager à produire plus” en France, souhaitant notamment une répartition élargie des cotisations sociales. “Les jours fériés, c’était quoi l’intention politique ? C’est de dire +dans notre pays, si on produit pas plus, (…), s’il n’y a pas plus de croissance, nous n’arriverons pas dans le temps à financer notre modèle social, nos services publics+”, a déclaré Mme de Montchalin sur la radio franceinfo. “Il y a évidemment plein d’autres manières d’encourager à produire plus. Il y a évidemment plein d’autres manières de s’assurer que si on travaille plus, on gagne plus”, a-t-elle ajouté. Elle était interrogée sur des propos du Premier ministre François Bayrou, qui s’est dit mercredi sur BFMTV “ouvert” à réexaminer la suppression de deux jours fériés en cas de solution alternative pouvant rapporter 4,2 milliards d’euros. “Pour moi, la plus grande conviction, c’est qu’il faut que les actifs ne soient pas les seuls à financer la solidarité nationale, la santé et tous les enjeux de modèle social”, a déclaré Amélie de Montchalin: “dans un pays où on est 70 millions, on ne peut pas dire aux 30 millions d’actifs +vous payez pour tout le monde+”. “Et donc je propose qu’une partie des cotisations sur le travail payées par les entreprises, payées par les salariés, payées par les fonctionnaires, payées par nous, actifs qui travaillons, soient re-réparties sur toutes les richesses”, a-t-elle développé, citant le capital, l’épargne, le foncier, l’héritage ou la consommation. Une augmentation de la TVA? “Ca peut être, mais ce n’est pas obligé”, a-t-elle dit. “Concrètement, je prends votre feuille de paie et on pourrait dire: on retire des charges qui pèsent sur les entreprises pour qu’elles puissent investir et vous augmenter; et je retire des charges qui pèsent sur les salariés pour que, directement sur votre feuille de paie, il y ait plus d’argent.”Concernant la taxation des plus aisés, la ministre des Comptes publics a indiqué qu’il y avait “plusieurs options” sur la table pour s’assurer que ceux-ci paient l’impôt “que tous les Français paient” ou viser des holdings permettant de contourner l’impôt. 

En Afghanistan, l’espoir de trouver des rescapés du séisme s’amenuise

Au troisième jour de difficiles opérations de secours, l’espoir de trouver des rescapés d’un des séismes les plus meurtriers en Afghanistan s’amenuise mercredi, les survivants se demandant de quoi demain sera fait.Après un tremblement de terre de magnitude 6 dans la nuit de dimanche à lundi, la terre a de nouveau tremblé mardi soir dans les provinces orientales frontalières du Pakistan, replongeant des milliers de familles dans l’horreur.La quasi-totalité des victimes (1.411 morts, 3.124 blessés) de ce séisme, l’un des plus meurtriers de l’histoire du pays, ont été recensées dans la province de Kounar, mais celles voisines de Laghman et de Nangarhar ont également été frappées.Dans le district de Nourgal, dans la province de Kounar, des habitants encore pris sous les décombres sont difficiles à secourir, rapporte à l’AFP Ijaz Ulhaq Yaad, un haut fonctionnaire local.Les glissements de terrain rendent très difficile l’accès aux hameaux de montagne et “certains villages n’ont toujours pas reçu d’aide”, ajoute-t-il.L’ONG Save The Children a rapporté qu’une de ses équipes avait marché 20 km pour “atteindre un village coupé du monde par des éboulements, transportant de l’équipement médical sur leurs dos”.- “Course contre la montre” -L’ONG ActionAid, elle, se dit “engagée dans une course contre la montre”.”Les services publics sont déjà à bout” dans le pays, l’un des plus pauvres au monde qui subit de plein fouet les récentes coupes drastiques de l’aide internationale, explique Srikanta Misra, son directeur national. Et le séisme a frappé des villages reculés “où les gens souffraient déjà de pénuries alimentaires, avec un habitant sur cinq souffrant de la faim”.En deux jours, le ministère de la Défense a organisé 155 vols d’hélicoptères pour évacuer quelque 2.000 blessés et leurs proches vers des hôpitaux de la région.A Mazar Dara, un village de la province de Kounar, une petite clinique mobile a été déployée pour apporter des soins d’urgences à des blessés, mais aucune tente n’a été montée pour abriter les rescapés, a constaté un correspondant de l’AFP.Depuis dimanche, les autorités talibanes n’ont pas fait état de plan pour l’après-séisme, que ce soit en termes d’aide financière aux sinistrés, de stratégie de relogement et, à plus long terme, de reconstruction. Elles se contentent d’affirmer qu’elles ne pourront pas faire face seules.Hamdullah Fitrat, porte-parole adjoint du gouvernement, a indiqué qu’un camp avait été établi dans le district de Khas Kounar pour stocker les fournitures d’urgence, tandis que deux autres centres ont été ouverts près de l’épicentre pour “gérer le transfert des blessés, l’enterrement des martyrs et les opérations de secours pour les rescapés”.- Risque d’épidémies -L’ONU, qui estime que des centaines de milliers de personnes pourraient être touchées, a déjà débloqué cinq millions de dollars de son fonds mondial d’intervention d’urgence.Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà dit manquer de trois millions de dollars pour mettre en Å“uvre sa réponse d’urgence.”Sans fonds d’urgence pour combler ce déficit, la capacité à déployer des opérations pour sauver des vies au lendemain du séisme sera gravement compromise”, prévient l’agence onusienne, soulignant notamment le risque d’apparition d’épidémies “au sein de populations déplacées déjà vulnérables”.Après leur retour au pouvoir en 2021, les talibans avaient déjà été confrontés au séisme le plus meurtrier en 25 ans: en 2023, dans la région d’Hérat (ouest), à l’autre extrémité de l’Afghanistan, plus de 1.500 personnes avaient été tuées et plus de 63.000 habitations détruites.L’Afghanistan est fréquemment frappé par des tremblements de terre, en particulier dans la chaîne montagneuse de l’Hindou Kouch, près de la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne.Depuis 1900, le nord-est de ce pays a connu 12 séismes d’une magnitude supérieure à 7, selon Brian Baptie, sismologue au British Geological Survey.

Être parent en prison, la peur de l’oubli

“Papa, je croyais que tu étais mort”, a soufflé la fillette de 7 ans en revoyant son père lors de leur premier parloir, un an après le début de son incarcération. Comme près d’un détenu sur deux en France, Yacine a vu ses enfants grandir loin de lui.”J’ai préféré mentir, dire que j’étais en voyage, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas la bonne solution. Ma fille commençait à faire de l’eczéma, du stress, puis elle ne travaillait plus à l’école”, raconte cet homme de 56 ans, incarcéré en 2006 pour trois ans.Selon l’Observatoire international des prisons (OIP), citant des chiffres du ministère de la Justice, en France 44 % des hommes détenus déclaraient avoir au moins un enfant au 1er septembre 2023. Plus de 95.000 enfants avaient un père incarcéré et plus de 3.300 une mère détenue, d’après l’OIP.Pour Pascal Roman, professeur de psychologie clinique et auteur de “Comment être parent en prison”, cette situation illustre la “parentalité empêchée”, quand la honte et la culpabilité conduisent les détenus à s’éloigner de leur rôle parental.Une personne détenue est souvent perçue comme ayant “perdu sa légitimité à exercer son rôle de parent, du fait de ses actes transgressifs”, relève l’expert, pour qui le risque de rupture du lien est encore accru par l’éloignement, la rareté des visites et le “manque de connaissance de ses droits”.Or “ce n’est pas parce qu’on est privé de liberté qu’on est privé de droits”, souligne sa coautrice Marie Douris. Mais il y a des obstacles au maintien de la relation avec les enfants, le “principal” étant l’attitude de l’autre parent, ajoute cette experte en droit de la famille. Pour le détenu, préserver ce lien avec le parent à l’extérieur est crucial pour conserver une relation stable avec ses enfants.”Je ne mettais jamais de photo de mes enfants sur les murs de la cellule. Les voir mais se rendre compte qu’ils ne sont pas là, c’est trop violent”, explique Yacine, qui veut éviter de se remémorer ces “terribles moments” en prison.A sa sortie en 2015, à l’issue d’une seconde incarcération de cinq ans, Yacine a décidé d’aider à sa manière les ex-détenus. Depuis trois ans, il est formateur à Wake Up Café, une association fondée en 2014 qui accompagne d’anciens détenus et les aide dans leur réinsertion professionnelle.- “Comme un étranger” -En sortant de prison, renouer le lien avec ses enfants exige du temps. Le parent a changé, l’enfant a grandi, et chacun doit trouver sa nouvelle place. Cette reconstruction nécessite patience, échanges et soutien de la part des familles, des proches ou des associations pour restaurer un lien parfois fragile.”Il commençait à m’oublier, j’étais comme un étranger pour mon fils”, se remémore Christian, 46 ans, qui a lui aussi purgé plusieurs peines de prison. Il “regrette énormément” de n’avoir pas vécu “certains moments”, d’avoir “raté les premiers mots, les premiers pas, parce qu’il y a des choses, une fois qu’elles sont passées, il n’y a pas de retour en arrière”.Comme pour Yacine, Christian avait peur que son garçonnet “comprenne que son père (était) en détention”. “C’est pour ça que, via le téléphone, j’essayais de lui montrer mon visage, j’essayais de lui parler”, ajoute Christian. “Ca m’a sauvé, parce que les visites au parloir, ce n’était pas suffisant”.Pour Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, ce choix est compréhensible. “C’est désagréable de recevoir ses enfants dans ces conditions, c’est mal aménagé, trop lugubre”, fait-elle valoir.Chez les femmes détenues, la situation est souvent plus difficile. Comme le souligne Mme Simonnot, il y a cette “injustice totale car chez les femmes, il y a très peu de visites”, les pères de famille se rendant généralement moins volontiers au parloir que les mères. Ce qui provoque souvent une rupture du lien avec leurs enfants.La possession – illégale – de téléphones portables est donc une alternative “logique”, estime l’ancienne chroniqueuse judiciaire, compte tenu du coût des appels passé depuis les lignes fixes en prison, “11 fois plus chers” qu’à l’extérieur.

Chine: l’été 2025 a été “le plus chaud jamais enregistré”

La Chine a connu “l’été le plus chaud jamais enregistré” avec des records de températures et plusieurs vagues de chaleur notamment le sud du pays, a indiqué l’agence météorologique nationale.”De juin à août de cette année, de nombreuses régions en Chine ont subi des chaleurs intenses, avec une température moyenne nationale atteignant 22,31°C – l’été le plus chaud jamais enregistré”, a écrit l’Administration météorologique de Chine (CMA) dans une publication sur les réseaux sociaux lundi soir.A l’été 2024, la Chine avait déjà enregistré un record de température avec une moyenne nationale de 22,30°C.Les autorités ont averti en juillet des risques pour la santé liés à la chaleur dans de grandes parties de l’est de la Chine, avec des températures atteignant près de 40°C dans la capitale Pékin en juin.Les autorités de Shanghai ont déclaré que la ville avait enduré 27 jours de températures supérieures à 35°C en août, un record depuis le début des relevés nationaux en 1961.Des anticyclones ont contribué à des ciels plus dégagés et à une plus grande exposition à la chaleur du soleil à travers le pays cette année, selon la CMA.Malgré un bref répit en matière de chaleur dans certaines parties du pays en milieu de la semaine, des villes comme Shanghai, Hangzhou (est), ou des cités dans le bassin du Yangzi comme Hefei, Nanchang ou Wuhan vont voir à nouveau les températures maximales quotidiennes dépasser les 35°C d’ici la fin de la semaine, indique la même source.- Inondations -Des pluies abondantes ont également frappé la Chine cet été, provoquant des inondations et des glissements de terrain qui ont tué des dizaines de personnes.Au moins 44 personnes sont mortes dans les banlieues rurales de la capitale Pékin après que des inondations ont submergé des maisons en juillet.En Mongolie intérieure, région normalement aride, des touristes ont été emportés par une crue soudaine en août, tuant au moins neuf personnes.Le géant asiatique est le plus important émetteur mondial, en valeur absolue, de gaz à effet de serre contribuant à ce changement climatique. Il a promis d’arriver à un pic d’émissions d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2060.Sur le plan mondial, 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée selon l’Organisation météorologique mondiale.Cette année pourrait annoncer un nouveau record: cette semaine, des responsables au Japon, en Corée du Sud et au Royaume-Uni ont également annoncé des températures estivales moyennes inégalées.La hausse des températures partout dans le monde rend les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses, selon les scientifiques.Le réchauffement climatique, principalement causé par la combustion fossile, n’a pas la hausse des températures pour seule conséquence.L’air plus chaud, induit plus de vapeur d’eau, et des océans plus chauds signifient aussi plus d’évaporation, provoquant des pluies et de tempêtes plus intenses.