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Mondial des clubs: Fabian Ruiz, lentement mais sûrement
Auteur d’un doublé contre le Real Madrid mercredi, le milieu de terrain du Paris SG Fabian Ruiz est désormais incontournable au cÅ“ur de la meilleure équipe actuelle, avant la finale du Mondial des clubs dimanche (21h00) contre Chelsea.A 29 ans, Fabian Ruiz, critiqué il y a encore deux ans pour sa lenteur tant sur le terrain qu’à l’échelle de sa carrière, a atteint la plénitude de ses moyens. Huit buts et 11 passes décisives sur la saison: ces statistiques à elles seules sont ébouriffantes pour un milieu de terrain, elles racontent un joueur déterminé à venir faire la différence aux avant-postes.A cela, Ruiz ajoute une technique soyeuse et une intelligence pour employer les bons types de passes au bon moment.Contre le Real Madrid, l’Espagnol a été tout sauf impressionné par son vis-à -vis Jude Bellingham. Il a marqué deux fois, bien placé après s’être projeté de l’entrejeu vers la surface. Mais Fabian Ruiz a aussi été bluffant dans la régulation du jeu au côté de Vitinha, réussissant 93% de ses 76 passes en 66 minutes de jeu, avant de sortir.C’est son coach Luis Enrique qui est venu lui remettre le trophée d’homme du match en plein interview avec le diffuseur officiel DAZN: “C’est très mérité”, s’est-il exclamé, lui qui est d’habitude avare en compliments individuels.- Ballon d’or ? -Interrogé sur le Ballon d’Or par la presse, Fabian Ruiz a fait mine de s’étonner tout en assumant une certaine ambition: “Chaque fois que je suis nommé pour un prix aussi important que le Ballon d’Or, je suis content d’en faire partie, mais je ne me concentre pas là -dessus parce qu’il y a de très bons candidats et que cela ne dépend pas de moi. J’aimerais pouvoir le gagner, mais je sais que c’est très difficile et ce qui est important, c’est de bien finir la saison avec l’équipe”.Il a ajouté: “C’est vrai que je fais un grand tournoi avec trois buts à mon actif. Si je peux aider l’équipe à gagner dimanche, marquer un but et devenir meilleur buteur (du tournoi, NDLR), eh bien pour moi c’est fantastique”.Le joueur, recruté à Naples en 2022, a pris son temps pour réaliser son potentiel. Il a d’abord peiné à s’imposer au temps des superstars Messi, Neymar et Mbappé, puis sous Luis Enrique, avec la concurrence du jeune Warren Zaïre-Emery. Au début de la saison 2023-24, pendant plusieurs mois, Fabian Ruiz était loin dans la hiérarchie, officiant comme joueur d’appoint pour les matches de Ligue 1.- Combler les espaces -En revanche depuis début 2025, il est devenu indéboulonnable, tout à son aise aux côtés de joueurs aussi travailleurs et discrets que lui. Il s’est appuyé sur le souvenir de son Euro réussi, remporté avec l’Espagne l’été dernier.”Nous on connaît la qualité du joueur, depuis le premier jour, peut-être que les gens ne le voyaient pas à l’extérieur, relate son capitaine Marquinhos. Mais il a une compréhension tactique, des espaces, des mouvements comme très peu de joueurs ont. Il mérite d’être reconnu comme l’un des meilleurs milieux de terrain du monde”.”C’est l’un des rares joueurs qui joue en fonction de ce que font les autres, capable de combler les espaces”, racontait de son côté Luis Enrique en avril, décrivant un joueur “d’expérience”, d’autant plus précieux dans cette jeune équipe. “Il est capable de jouer entre les lignes, d’être bon sans ballon, de créer des occasions, et il a un bon tir”.Sa constance au plus haut niveau ces six derniers mois appelle une confirmation la saison prochaine. En attendant, la valeur de 40 millions d’euros affichée par le site de référence sur le marché des joueurs, Transfermarkt, apparaît bien basse au regard de l’influence de Fabian Ruiz au sein de la meilleure équipe actuelle.
Euro-2025: les Pays-Bas, traumatisés, condamnés à l’exploit face à la France
Les Pays-Bas sont condamnés à l’exploit dimanche face à la France s’ils veulent survivre au premier tour de l’Euro-2025, quatre jours après un revers cinglant et “traumatisant” infligé par l’Angleterre (4-0).Ce camouflet n’est pas “un simple accident, certes traumatisant” comme a tenté de minimiser le sélectionneur Andries Jonker; il est le révélateur d’une équipe en plein doute un mois et demi à peine après une autre gifle, sur le même score, portée par l’Allemagne en Ligue des nations.Pourtant, les Oranje Leeuwinnen (les Lionnes oranges) “ont une équipe de classe mondiale”, a déclaré la sélectionneuse de l’Angleterre, la… Néerlandaise Sarina Wiegman qui avait conduit ses compatriotes sur le toit de l’Europe en 2017 avant d’atteindre avec la même équipe la finale du Mondial-2019.”Cette lourde défaite est un instantané dans le temps. Je ne pense pas que la différence soit si grande entre l’Angleterre et les Pays-Bas. Nous avons très bien joué, les Pays-Bas moins bien”, a analysé Wiegman, “convaincue” que les Néerlandaises afficheront un tout autre niveau face aux Bleues.Il le faudra nécessairement puisque Jill Roord et ses équipières devront s’imposer avec trois buts d’écart si l’Angleterre l’emporte dans le même temps face au pays de Galles.”Nous avons appris beaucoup de choses de ce match face aux Anglaises. Nous aurions dû faire preuve d’intelligence et de maturité pour limiter le nombre de buts que nous avons encaissés, ce qui nous aurait permis d’être dans une position plus facile aujourd’hui”, a constaté la milieu de terrain Jackie Groenen sur le site de l’UEFA.- Faibles face aux fortes -Le compliment de Wiegman ne reflèterait pourtant plus le réel niveau d’une équipe qui ne parvient plus que rarement à inquiéter les meilleures formations.Sous Jonker (depuis 2022), les Oranje ont affronté à onze reprises un pays du top 10 mondial. Nombre de victoires ? Une seule. Il y a deux ans, en Ligue des Nations, contre l’Angleterre de Wiegman. Pas vraiment la statistique d’un pays leader au niveau mondial.”Qu’est-ce que le top mondial ?, s’interroge toutefois Jonker. À mes yeux, l’Espagne est le top absolu. Ensuite, il y a huit à dix pays auxquels nous pouvons appartenir”.Le sélectionneur rappelle le match référence de ses joueuses face aux Etats-Unis, première nation mondiale, en décembre dernier. Malgré la défaite (2-1), les Néerlandaises avaient sorti “une première période exceptionnelle” qui n’a plus été reproduite depuis.”Ce match doit nous conforter dans notre façon de jouer. Il démontre que nous sommes capables de rivaliser avec les meilleures”, tente de se convaincre Danielle van de Donk, 170 sélections au compteur.”Chaque joueuse évolue dans un club de haut niveau”, renchérit la jeune Wieke Kaptein (19 ans) qui, à l’instar de la capitaine Sherida Spitse, “refuse de croire que l’équipe est subitement devenue mauvaise”.Le son de cloche n’est pas le même chez Dominique Janssen (Manchester United): “on joue +pas mal+. Mais +pas mal+, ce n’est pas assez car les nations concurrentes progressent alors que nous stagnons. L’Angleterre, l’Allemagne, la France sont pour l’instant au-dessus”.
Euro-2025: avec Lea Schüller, l’Allemagne tient sa renarde
Qualifiée pour les quarts de l’Euro-2025 malgré un jeu poussif, l’Allemagne s’avance samedi vers le choc pour la première place du groupe C face à la Suède avec une certitude: l’efficacité hors normes de son avant-centre Lea Schüller, longtemps dans l’ombre d’Alexandra Popp.”Jamais je n’ai approché un tel ratio de buts”, reconnaissait mardi soir le sélectionneur Christian Wück, lui même ancien milieu offensif, à propos des 54 réalisations en 77 sélections de sa N.11, dont déjà deux depuis le début de l’Euro.Lea Schüller, pourtant invisible pendant près de 66 minutes face au Danemark, a surgi pour propulser dans le petit filet une offrande de la néo-Lyonnaise Jule Brand, donnant aux Allemandes un avantage décisif (2-1).”J’étais vraiment seule devant le but, tout ce que j’avais à faire était de pousser la balle dedans. C’est une belle performance collective de l’équipe”, avait humblement minimisé l’attaquante du Bayern Munich.Mais quatre jours plus tôt, avec la même science du placement, “Schülli” s’était faufilée devant deux Polonaises pour reprendre de la tête un centre de la même Brand, exactement à la même minute, scellant le succès (2-0) des vice-championnes d’Europe.”Je ne sais pas ce qui se passe avec Lea. Je pense qu’elle sent le moment où on veut la remplacer, marque rapidement un but et part”, plaisantait Wück mardi, suggérant d’avancer ce scénario dès la première période.- Première place en jeu -Plus sérieusement, le Bavarois de 52 ans avait loué “une buteuse comme toute équipe en a besoin”, renarde des surfaces dans la pure tradition allemande, celle du “Bombardier” Gerd Müller.Longtemps, Schüller n’a pourtant été en sélection que la doublure relativement anonyme de la légendaire Alexandra Popp, qui a refermé avec le bronze des JO-2024 une carrière internationale marquée par 67 buts en 145 sélections.Avec 0,70 but par match contre 0,46 pour Popp, Schüller est d’une efficacité encore plus redoutable, mais sans avoir la même aura de leader, puisque le brassard est revenu à la défenseuse centrale Janina Minge après le forfait de la capitaine Giulia Gwinn, blessée au genou gauche face à la Pologne en début de compétition.Dans le jeu, la Rhénane de 27 ans n’a pas non plus séduit les observateurs autant que les deux ailières Jule Brand et Klara Bühl, respectivement élues par l’UEFA meilleures joueuses du match contre la Pologne puis contre le Danemark. Mais pour disputer la première place du groupe C à une Suède impressionnante, qui a dominé le Danemark (1-0) puis la Pologne (3-0) grâce à l’intelligence de sa capitaine Kosovare Asllani et sa domination collective dans les airs, l’Allemagne sait qu’elle devra se montrer clinique.Et à l’heure d’exploiter la plus petite munition, elle pourra compter sur Schüller: “se faire relativement discrète, mais être là quand il le faut pour marquer, c’est exactement ce qui définit une buteuse”, résume Christian Wück.