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Enquête pour corruption et perquisitions chez Rachida Dati

Nouveau tourment à trois mois des élections municipales: des perquisitions ont été menées jeudi aux domiciles de Rachida Dati, candidate à Paris, ainsi que dans sa mairie du 7e arrondissement de la capitale, dans le cadre d’une enquête pour corruption.La ministre de la Culture est soupçonnée d’avoir perçu 299.000 euros d’honoraires de GDF Suez quand elle était députée européenne (2009-2019), sans en déclarer la provenance au Parlement européen, comme l’a signalé une source proche du dossier à l’AFP.L’information judiciaire est ouverte “notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d’influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l’exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati”, écrit ainsi le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.Il y est fait mention jeudi d'”opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles”. Elles s’inscrivent dans le cadre “d’une information judiciaire ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d’instruction du pôle économique et financier du tribunal judiciaire de Paris”, peut-on encore lire, confirmant des informations du Nouvel Obs et de l’émission Complément d’Enquête, sur France 2, qui ont révélé les investigations. Tout est parti d’une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril “sur la base, notamment, d’un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)”, explique Jean-François Bohnert.Les investigations sont menées par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l’AFP, s’est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils n’ont pas donné suite ou ne pouvaient communiquer dans l’immédiat.- Cascade de dossiers judiciaires -Selon une enquête diffusée début juin sur France 2, les fonds du géant français avaient transité par un cabinet d’avocats, STC Partners, avant d’être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D’après Complément d’enquête, l’origine de ces revenus n’a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d’intérêt.La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur Europe 1 et CNews ces accusations de “diffamatoires”, assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà “été examinés par la justice” dans le cadre des investigations sur l’affaire Carlos Ghosn.Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d’influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de Carlos Ghosn. L’ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan est établi au Liban depuis fin 2019 après une fuite rocambolesque du Japon et est visé depuis avril 2023 par un mandat d’arrêt.Le procès est fixé du 16 au 28 septembre 2026, soit six mois après les municipales prévues les 15 et 22 mars prochains.La figure de proue de la droite parisienne ne compte plus les dossiers sur le terrain judiciaire. La ministre de la Culture est ainsi visée par une autre enquête, ouverte par le parquet de Paris, concernant une éventuelle non-déclaration de bijoux de luxe.Mme Dati avait été mise en cause mi-avril par une enquête de Libération, affirmant qu’elle avait omis 420.000 euros de bijoux dans ses déclarations de patrimoine.”J’ai rien à régulariser. Je n’ai jamais été prise en défaut sur aucune déclaration. Donc c’est pas aujourd’hui que ça va commencer”, avait riposté la ministre début mai, précisant qu’elle comptait porter plainte de son côté pour diffamation.sm-cbr-cco-fbe-pgr/lrb

Mobilisation agricole Sud-Ouest: autoroutes perturbées, visite express de Lecornu

Cinq autoroutes sont encore partiellement ou totalement fermées, et d’autres perturbées, jeudi dans le sud-ouest de la France, en raison des mobilisations agricoles, alors que le Premier ministre a effectué une visite express en Ariège auprès d’agriculteurs concernés par des abattages.Dans les locaux de la sous-préfecture de Pamiers, le chef du gouvernement, Sébastien Lecornu, a rencontré hors presse les deux frères éleveurs dont le troupeau de plus de 200 vaches à été abattu la semaine passée dans le village ariégeois des Bordes-sur-Arize, sans s’entretenir avec d’autres acteurs du monde agricole, a appris l’AFP auprès de la préfecture.Côté circulation, les grands axes d’Occitanie restent fortement touchés par les manifestations, selon Vinci Autoroutes, même si l’A61 entre Narbonne et Toulouse, partiellement et même totalement bloquée pendant plusieurs heures depuis mardi, a été rouverte jeudi après-midi pour les véhicules quittant la ville rose.Le trafic vers Toulouse devrait quant à lui reprendre “en fin de journée”, a précisé l’opérateur.Dans le reste du Sud-Ouest, des coupures dans les deux sens continuent de bloquer l’A64 (Bayonne-Toulouse), l’A63 près de Bordeaux, l’A20 (Toulouse-Paris) au niveau de Cahors, ou encore l’A89 sur l’axe Bordeaux-Lyon, au niveau de Périgueux.”On ne va pas lâcher. On s’est fait critiquer la dernière fois d’avoir quitté l’autoroute trop tôt”, a déclaré à l’AFP Benjamin Roquebert, éleveur et céréalier de 37 ans en Haute-Garonne, présent sur le barrage de l’A64, en référence à la mobilisation agricole de début 2024.- Garde à vue -Des perturbations ont également été signalées sur des axes secondaires, comme la rocade d’Albi.”Tant que le gouvernement ne reviendra pas sur l’abattage systématique on sera là. Le sapin arrive, manque plus que la crèche et les vaches”, annonce Jean-Louis. Par ailleurs, selon un photographe de l’AFP, une cinquantaine d’agriculteurs ont forcé jeudi matin un barrage de gendarmerie dans les Pyrénées-Orientales, avant de bloquer un rond-point permettant d’accéder à l’A9, au niveau du péage du Boulou, près de la frontière espagnole.Un manifestant est actuellement en garde à vue pour violences sans ITT sur personne dépositaire de l’autorité publique, selon la préfecture du département.A Toulouse, un blocage du périphérique un moment annoncé par des militants de la FNSEA n’a finalement pas eu lieu, alors qu’au sein du syndicat, certains font état de leur volonté de ralentir la mobilisation à l’approche de Noël.Un avis que ne partagent par les Jeunes Agriculteurs (JA) locaux. “On va pas rentrer chez nous en n’ayant rien obtenu”, a ainsi dit à l’AFP le co-secrétaire général des JA de Haute-Garonne, Thomas Klunker.Le trafic SNCF a de son côté pu reprendre sur la ligne Toulouse-Narbonne, le blocage des voies effectif depuis deux jours à Villefranche-de-Lauragais (Haute-Garonne) ayant été levé mercredi soir, a indiqué à l’AFP SNCF Réseaux.Seule la liaison Toulouse-Auch reste perturbée, en raison d'”éléments sur les voies” en gare d’Auch, selon la même source. Par ailleurs, alors que les autorités annoncent une “accélération majeure” de la campagne de vaccination des bovins contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans le Sud-Ouest, le préfet chargé de coordonner la cellule interministérielle sur ce dossier, Pascal Sanjuan, a supervisé la réception de doses arrivées par avion, avant d’être acheminées dans toute l’Occitanie.

Municipales à Paris: Grégoire (PS) se veut le candidat d’un “Paris populaire”

Le socialiste Emmanuel Grégoire, nouvelle tête de liste à gauche (hors LFI) dans la course à la mairie de Paris, souhaite proposer un projet de “Paris populaire” orienté “vers les plus fragiles”, a-t-il déclaré jeudi aux côtés de ses alliés écologistes et communistes.”Le projet que nous allons proposer aux Parisiennes et aux Parisiens, c’est le projet d’une ville qui soit populaire. Une ville qui protège sa mixité sociale, qui protège son histoire, qui sait que de la différence naît la richesse”, a-t-il déclaré devant le restaurant étudiant solidaire La Cop1ne, dans le 14e arrondissement, dirigé par les Ecologistes.”Paris, c’est une ville merveilleuse, mais quand on est privé d’argent, c’est une ville qui peut être dure”, a-t-il ajouté, plaidant également pour une “ville vivante” au travers de ses quartiers et “fière” de ses valeurs.L’ex-premier adjoint effectuait son premier déplacement de campagne au lendemain de l’annonce d’une alliance historique à gauche au premier tour des municipales à Paris. Il était accompagné de l’écologiste David Belliard et du communiste Ian Brossat, qui se sont tous deux désistés en sa faveur, ainsi que de Théa Fourdrinier, de Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann. Les discussions sont en cours pour intégrer des membres du mouvement L’Après, auquel appartient Danielle Simonnet (ex-LFI). Interrogé sur une éventuelle alliance avec la candidate LFI Sophia Chikirou au second tour, Emmanuel Grégoire a une nouvelle fois écarté l’hypothèse.”Ça va se jouer entre Rachida Dati et nous, il n’y a pas d’autre possibilité”, a-t-il déclaré, réfutant l’idée que Sophia Chikirou puisse être en position de se maintenir au second tour avec un score de plus de 10%.”Notre responsabilité est immense  (…) face à un risque de droite populiste qui est très très grand pour notre ville”, a plaidé David Belliard, regrettant un “recul sur l’écologie, la justice sociale, le féminisme, l’antiracisme”.”Soit notre ville se met du côté de l’égoïsme social, ce serait le cas si Dati devait gagner les élections, soit nous avançons du côté de la justice sociale, du progrès social, de l’écologie”, a déclaré de son côté Ian Brossat.

Le domicile de Rachida Dati et la mairie du 7e arrondissement perquisitionnés dans une enquête pour corruption

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de Rachida Dati ainsi qu’à la mairie du 7e arrondissement de Paris, qu’elle dirige, dans le cadre d’une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l’AFP.La ministre de la Culture est soupçonnée d’avoir perçu 299.000 euros d’honoraires de GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.Les perquisitions ont été menées par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) dans le cadre d’une information judiciaire visant la ministre et candidate LR à la mairie de Paris, ouverte le 14 octobre et confiée à des juges parisiens, selon Le Nouvel Obs et l’émission Complément d’Enquête, sur France 2, qui ont révélé l’information. Selon une enquête diffusée début juin sur France 2, les fonds du géant français avaient transité par un cabinet d’avocats, STC Partners, avant d’être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D’après Complément d’enquête, l’origine de ces revenus n’a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d’intérêt. Sollicité par l’AFP, l’entourage de Mme Dati n’a pas souhaité faire de commentaire.Mme Dati avait qualifié en juin sur Europe 1 et CNews ces accusations de “diffamatoires”, assurant que les documents évoqués dans cette émission avaient déjà “été examinés par la justice” dans le cadre des investigations sur l’affaire Carlos Ghosn, qui lui valent d’être mise en examen pour corruption passive.”Tout ça est déclaré, est très au clair”, avait également assuré la ministre, qui a toujours nié avoir été rémunérée par GDF Suez.Complément d’enquête affirmait toutefois que les documents comptables du cabinet STC n’avaient pas été saisis et examinés par la justice.Mme Dati est par ailleurs renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, de corruption et trafic d’influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l’ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Le procès devrait se tenir en septembre prochain.La ministre de la Culture est par ailleurs visée par une autre enquête, ouverte par le parquet de Paris, concernant une éventuelle non-déclaration de bijoux de luxe.

L’avenir d’une députée RN et du maire d’Orange Yann Bompard suspendu à une possible inéligibilité

A trois mois des municipales, l’avenir politique de la dynastie Bompard à Orange et de la députée RN du Vaucluse Marie-France Lorho s’est obscurci jeudi au tribunal judiciaire de Marseille, où des peines d’inéligibilité ont été requises.Le jugement sera rendu le 26 janvier, à moins de deux mois du premier tour des élections municipales, où Marie-France Lorho, 61 ans, entend se présenter comme numéro deux de la liste Rassemblement national (RN) à Orange, et où Yann Bompard n’a pas fait mystère de candidater à sa succession.Aujourd’hui adversaires politiques, tenant soigneusement leurs distances pendant l’audience, ces deux figures politiques du Vaucluse ont d’abord fait chemin commun.Les faits reprochés de détournement et de recel de fonds publics s’étendent de novembre 2021 à février 2023, où Yann Bompard, 39 ans, est accusé d’avoir occupé un emploi fictif de collaborateur parlementaire. Préjudice évalué par l’Assemblée nationale, qui s’est constituée partie civile: 75.000 euros.Jeudi, la procureure Louise Chrétien a requis des peines de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, c’est-à-dire applicables immédiatement, à l’encontre des deux responsables. Des peines de 18 mois de prison avec sursis à l’encontre de Marie-France Lorho, aussi poursuivie pour subornation de témoin, assorti de 10.000 euros d’amende ont également été réclamées. Et pour Yann Bompard, “pour lequel il y a bien eu enrichissement personnel” selon la procureure, 24 mois avec sursis et 15.000 euros d’amende.”La grande majorité des tâches prévues” pour Yann Bompard “n’étaient pas effectuées”, a lancé Louise Chrétien, car “matériellement (…) il manquait de temps pour remplir ses obligations contractuelles”.En cause, ses multiples casquettes de conseiller départemental, président d’intercommunalité, collaborateur parlementaire et, surtout, maire d’Orange depuis fin 2021. Il reprend alors le fauteuil de son père Jacques, condamné pour prise illégale d’intérêt dans son 6e mandat consécutif.- “Emprise de la famille Bompard” -“Il n’avait aucune raison d’être payé trois fois pour le même travail”, a pointé Louise Chrétien, égrenant des revenus cumulés de 5.400 euros – hors salaire de collaborateur. La veille, l’élu avait répliqué qu’il se rendait à des réunions locales “en tant que tout”: “jamais je n’ai senti que je volais l’argent”. L’accusation a surtout insisté sur “la pauvreté des traces retrouvées” de son travail, “une dizaine de mails, une dizaine de SMS”. Une situation globalement retracée lors d’une écoute téléphonique où Marie-France Lorho et un autre assistant tentent de couvrir Yann Bompard.Quant à la députée, selon l’accusation, elle n’a “pas endossé ses responsabilités d’employeur alors qu’elle bénéficiait de l’argent public”. Et elle “a mis six mois à imposer à Yann Bompard un contrat à mi-temps, sans prendre aucune mesure disciplinaire”, alors qu’elle avait constaté “une baisse de son travail” depuis qu’il était devenu maire. Cette baisse était concomitante à leur rupture politique actée au printemps 2022, lorsqu’elle avait décidé de couper les ponts avec la Ligue du Sud – le parti fondé par Jacques Bompard – au profit du RN. Elle était aussi “dans un lien de subordination totalement inversé”, et vivait dans “la peur, l’emprise de la famille Bompard”. Autant d’arguments balayés par la défense.L’exécution provisoire ? “Un instrument à la mode, un déni du droit à se défendre”, selon Me Christophe Bass, avocat de Yann Bompard.Son travail ? “Des traces, vous en avez”, même si “la masse silencieuse” de son activité “n’en laisse pas: son expérience du terrain, son apport, précieux”, pour ce “profil inégalé”.Les craintes de “représailles du camp Bompard”, avancées par Marie-France Lorho pour avoir tardé à se séparer de Yann ? “Du vent !”.Au fond, explique Me Bass, “vous lui reprochez le temps qu’il a mis à comprendre qu’elle ne voulait plus de lui”.L’avocat de Marie-France Lorho, Me Guillaume De Palma, a lui aussi défendu “la grande autonomie, bannie des réquisitions” dont jouissait Yann Bompard: “son bureau, c’était la rue !”. Quant à sa cliente, elle a bien “pris la mesure” de la baisse d’activité de Yann Bompard, le passant à mi-temps. Tout au plus, aurait-elle fait preuve de “négligence” par manque d’expérience.

“Propagande”, “barbouzes”: devant les députés, Patrick Cohen accuse les médias Bolloré

“Espionnage déguisé en journalisme”: le journaliste Patrick Cohen a accusé jeudi, devant les députés, les médias de la galaxie Bolloré d’employer des “méthodes de barbouzes” et dénoncé une “opération de propagande” dans leur traitement de la vidéo où il apparaissait avec son confrère Thomas Legrand et deux responsables socialistes.Trois mois après cette tempête politico-médiatique, M. Cohen a été entendu par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’audiovisuel public. Elle a été créée dans la foulée de cette affaire, qui a valu aux deux journalistes, intervenants sur le service public, des accusations de partialité en faveur de la gauche.”L’émotion incontestable suscitée par ces images” a été “amplifiée par une opération de propagande sans limites, visant à dénigrer, à détruire le service public que je représente”, a assuré M. Cohen.”L’affaire dite Legrand-Cohen a fait l’objet en deux semaines, sur l’antenne de CNews (chaîne dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, ndlr), du 6 au 20 septembre dernier, de 853 séquences”, a-t-il ajouté.”L’impartialité ne se mesure pas dans les bistrots, ni dans les chambres à coucher. Ou alors c’est qu’on a basculé dans un autre régime politique”, a insisté le journaliste.- Guerre ouverte -La vidéo a été divulguée début septembre par le magazine de droite conservatrice L’Incorrect et a ensuite été abondamment commentée sur CNews et deux autres médias de la galaxie Bolloré, Europe 1 et le JDD. Face aux deux responsables socialistes, M. Legrand évoquait les stratégies de la gauche aux prochaines élections et lâchait, au sujet de la candidate de la droite parisienne, Rachida Dati: “Nous on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi”. Les deux journalistes ont dénoncé un montage et porté plainte. C’était un “rendez-vous que nos deux interlocuteurs politiques avaient sollicité”, pour “discuter d’un positionnement, d’une stratégie que nous avions l’un et l’autre assez vivement critiquée”, dans Libération pour M. Legrand et sur France Inter pour M. Cohen, a rappelé ce dernier devant les députés.Il a en outre évoqué des affirmations égrenées depuis mardi sur Europe 1 à propos d’une récente rencontre dans un café entre Thomas Legrand et l’ex-directrice de France Inter, Laurence Bloch. Cette dernière y aurait demandé au journaliste de “rompre toute collaboration avec la station” pour protéger Radio France.”L’espionnage déguisé en journalisme est appelé à prospérer sur les antennes du groupe Bolloré”, a accusé l’éditorialiste, en dénonçant des “méthodes de barbouzes”.L’affaire Legrand-Cohen a été le catalyseur d’une guerre ouverte entre l’audiovisuel public et les médias dans le giron de Vincent Bolloré. Ces derniers y ont vu un signe de partialité du service public pour la gauche, tout comme une partie de la droite et le Rassemblement national.France Télévisions et Radio France ont contre-attaqué en poursuivant ces médias en justice pour “dénigrement”.- Réactions polarisées -Entendue mercredi par la commission d’enquête, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, a concédé que les propos de M. Legrand dans la vidéo étaient “problématiques”, mais a regretté que l’affaire ait été “instrumentalisée”.Thomas Legrand doit être entendu jeudi en fin d’après-midi. “Je bous d’expliquer les choses. Tout est parti d’une grosse manipulation”, a-t-il assuré en amont à l’AFP.Les travaux de la commission d’enquête, créée à la demande du parti d’Eric Ciotti UDR, allié au RN qui est favorable à la privatisation de l’audiovisuel public, se déroulent dans une ambiance électrique et suscitent des réactions très polarisées sur les réseaux sociaux.Jeudi, les échanges ont été tendus entre son rapporteur, le député UDR Charles Alloncle, et M. Cohen.”Vous pourriez être politique (…) vous avez un don absolument incroyable pour éviter de répondre à mes questions”, a déclaré le rapporteur au journaliste.Mercredi, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, avait “rappelé à l’ordre” M. Alloncle, en craignant que la commission ne soit utilisée “à des fins politiques”. Le député y a vu une “tentative de déstabilisation”.

Le Parlement adopte définitivement une loi réhabilitant les femmes condamnées pour avortement

“Une avancée historique” saluée par les associations féministes: le Parlement a définitivement adopté jeudi, lors d’un vote unanimement favorable à l’Assemblée nationale, une loi pour réhabiliter les femmes condamnées pour avortement avant la loi Veil de 1975.Le texte reconnaît plus largement “que l’application par l’État” des lois “pénalisant le recours, la pratique, l’accès et l’information sur l’avortement” a constitué “une atteinte à la protection de la santé des femmes, à l’autonomie sexuelle et reproductive” ou encore “aux droits des femmes”.Ce texte mémoriel ajoute que ces lois d’avant 1975 ont conduit à “de nombreux décès” et engendré des “souffrances physiques et morales”.Portée par l’ancienne ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, actuellement sénatrice du Val-de-Marne, la proposition de loi socialiste avait été adoptée à l’unanimité au Sénat en mars, dans les mêmes termes, et avec le soutien du gouvernement.Cette loi “est un acte de justice envers ces milliers de vies brisées par des lois injustes”, a déclaré jeudi la ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes Aurore Bergé, en évoquant dans son discours l’avortement de sa mère.”Nous avons la responsabilité de réparer mais surtout, nous avons le devoir d’alerter”, a-t-elle ajouté, en référence aux attaques actuelles “partout dans le monde” contre “les droits des femmes”.Les députés ont salué la présence en tribune de Claudine Monteil, l’une des signataires du Manifeste des 343, appel choc de 343 femmes ayant révélé en 1971 avoir avorté.Le texte contient par ailleurs la création d’une commission de reconnaissance du préjudice subi par les femmes ayant avorté. Elle sera chargée de contribuer au “recueil” et à la “transmission de la mémoire” des femmes contraintes aux avortements clandestins et de ceux qui les ont aidées.Cette commission sera composée de professionnels de santé, d’un membre du Conseil d’Etat ou un magistrat de la Cour de cassation, de personnes ayant réalisé des travaux de recherche sur ces questions et d’autres issues du milieu associatif.- Pas de réparations financières -Le texte ne prévoit pas en revanche de volet indemnitaire pour porter réparation aux personnes concernées par cette loi. A dessein, “parce qu’il n’y avait pas que des amies des femmes qui ont pratiqué des avortements”, selon Laurence Rossignol, qui évoque les “mères maquerelles” ou encore les “proxénètes” les ayant réalisés.”Cette question de l’indemnisation reste un angle mort de ce texte”, a regretté la députée écologiste Sandra Regol, à l’unisson avec la députée Insoumise Mathilde Panot notamment. “On ne peut pas faire comme si cette question ne se posait pas”, a ajouté Mme Regol, alors que l’Assemblée venait d’adopter un autre texte comportant des réparations pour les personnes condamnées par le passé pour homosexualité.Les “circonstances” sont “différentes”, a argumenté la ministre Aurore Bergé, puisque les femmes concernées par le texte “n’ont pas toutes subi des condamnations”. La commission créée par cette loi pourra mener des recherches “pour mieux identifier les victimes” et “peut-être, à un moment, ouvrir droit à un type de réparation”, a-t-elle ajouté. Des représentants des Républicains et du Rassemblement national se sont au contraire félicité de cette absence de compensations financières.L’examen du texte survient 50 ans après la promulgation de la loi Veil qui a autorisé l’interruption volontaire de grossesse (IVG).Entre 1870 et cette dépénalisation, plus de 11.660 personnes ont été condamnées pour avoir pratiqué ou eu recours à un avortement, selon les estimations officielles.La Fondation des femmes a salué une “avancée historique”, permettant de reconnaître “l’injustice subie par des milliers de femmes condamnées, humiliées ou emprisonnées pour avoir exercé ce qui est aujourd’hui un droit fondamental”.”La France envoie un message clair, en France comme à l’international: personne ne devrait jamais être condamné pour avortement”, ajoute l’organisation.Tout en se “félicitant” de l’adoption de la loi, Choisir la cause des femmes, association co-fondée par Gisèle Halimi, a jugé “important” de ne pas masquer le fait que l’accès à l’IVG en France n’est pas “satisfaisant”.”Près de 20% des femmes doivent encore se déplacer en France pour avorter”, a-t-elle souligné.Plusieurs députés ont par ailleurs salué durant les débats l’adoption par le Parlement européen mercredi d’un texte exhortant Bruxelles à faciliter l’accès à des avortements “sûrs” à toutes les femmes du continent, où cet accès diffère nettement d’un pays à l’autre.émep-la/rap/frd/

Le ministre de l’Education veut faire “du sur-mesure” pour les collèges en grande difficulté scolaire

Le ministre de l’Education Edouard Geffray veut faire à partir de septembre 2026 “du sur-mesure” pour les collèges qui concentrent le plus de difficultés scolaires, en matière de formation des enseignants, d’accompagnement pédagogique ou social, a-t-il indiqué jeudi sur France 2.”Aujourd’hui, vous avez 15% des collèges où plus de 40% des élèves ont moins de 8 sur 20 en français et en mathématiques au brevet. Donc ça veut dire que c’est des collèges qui concentrent une très grande difficulté scolaire”, a souligné M. Geffray.Cela représente 800 collèges, selon un texte du ministère publié au Bulletin officiel jeudi, adressé aux rectorats, chefs d’établissements et professeurs. “L’objectif premier est l’élévation du niveau et l’amélioration des résultats de tous les élèves, et en particulier les plus fragiles”, selon le texte.Pour l’atteindre, le document suggère, par exemple, d’organiser des séances “autour d’une compétence ciblée avec un nombre restreint d’élèves” ou des cours avec deux enseignants “de manière ponctuelle ou durable”. Autres initiatives possibles: travailler “en effectif réduit sur des compétences précises”, renforcer “l’accompagnement personnalisé pour les élèves en difficulté” ou recourir à “Devoirs faits” (dispositif qui permet aux élèves de faire leurs devoirs au collège) et au tutorat. “On va effectivement concentrer l’effort sur ces collèges-là en termes de formation, d’accompagnement pédagogique, d’accompagnement social aussi”, a expliqué M. Geffray. “On va faire du sur-mesure collège par collège. C’est-à-dire que ça va partir des équipes (…) et on va répondre à tous leurs besoins”.Cela pourra être en matière “de formation, pour améliorer les pratiques pédagogiques” ou “de fonds sociaux”, a-t-il détaillé. “Vous avez parfois des élèves qui sont en très grande difficulté sociale, qui ne peuvent pas manger à la cantine le midi (…) On va mettre des fonds sociaux dans ces collèges-là pour que les élèves puissent manger tous les midis. Et on va tout reprendre comme ça, à 360 degrés”.”On va laisser aux établissements jusqu’au mois de juin pour qu’ils puissent bien préparer leur feuille de route et à la rentrée scolaire 2026, la vie va changer dans ces établissements”, a-t-il affirmé.Il y aura des “redéploiements” de moyens mais “ce n’est pas qu’une question de moyens, mais d’approche pédagogique”, a ajouté le ministre, qui avait indiqué à son arrivée à la tête du ministère en octobre qu’il voulait “agir prioritairement” sur ces “15% de collèges”.Il a par ailleurs souligné que la mise en place de la réforme de la formation initiale des enseignants, qui prévoit un concours à Bac+3 suivi de deux années de formation (au lieu de bac+5), pourrait être remise en cause si le budget 2026 n’était pas adopté.”Le concours en fin de licence est nouveau (…). Donc si je n’ai pas de budget, si on n’a pas de PLF (projet de loi de finances) 2026 qui est adopté, pour l’instant je ne sais pas organiser ce concours”, a-t-il dit. 

Indignation de magistrats après le “soutien” exprimé par Darmanin pour un élu condamné en appel

Deux syndicats de magistrats s’indignent jeudi des propos de Gérald Darmanin, qui a assuré de son “soutien” un élu du Nord condamné par la cour d’appel de Douai à 18 mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour détournement de fonds.”Il nous semble institutionnellement problématique, pour un garde des Sceaux en exercice, d’apporter un +soutien+ public à quelque justiciable que ce soit à l’issue d’une décision de justice”, écrit l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), dans une lettre ouverte dont l’AFP a eu connaissance jeudi.”Sans commenter d’aucune manière une décision de justice, j’ai une pensée plus qu’amicale pour Damien Castelain, qui est un grand Président de la Métropole de Lille, et un maire passionné de Péronne-en-Mélantois”, a écrit mardi sur X le ministre de la Justice, l’assurant de son “soutien dans ce moment difficile”.Dans sa lettre, l’USM dit avoir pris connaissance “avec consternation” de ce message.”Ce positionnement est tout simplement incompréhensible pour la plupart des magistrats et fonctionnaires de votre ministère qui œuvrent au quotidien, dans des conditions difficiles et sous le feu de critiques souvent partisanes et injustes, pour rendre la justice et appliquer les lois votées par la représentation nationale”, estime-t-il, jugeant ce “mélange des genre (…) démocratiquement dangereux”.Pour le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), le “premier” des devoirs du garde des Sceaux “est de faire respecter et donc de respecter lui-même la séparation des pouvoirs”. Or, M. Darmanin “détourne ostensiblement sa fonction ministérielle au gré de ses préférences et au profit de ses amitiés personnelles et politiques”, estime le SM. “Le clientélisme, le favoritisme, le copinage n’ont pas leur place dans notre pays. Ils abîment la confiance, déjà fragile, que les citoyens ont dans leurs institutions”.Sollicité par l’AFP, l’entourage du ministre n’a pas souhaité faire de commentaire.Ce n’est pas la première fois que M. Darmanin s’exprime après une décision de justice.Après la condamnation le 25 septembre de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen, il avait confié sa “tristesse”. Il s’était rendu à la prison de la Santé où l’ex-président a été incarcéré vingt jours, une visite qui avait suscité des critiques. Nicolas Sarkozy a depuis l’interdiction, dans le cadre de son contrôle judiciaire imposé après sa sortie de prison, de rencontrer M. Darmanin.

Municipales: le PCF veut limiter la casse et conserver son ancrage local

Soucieux de limiter l’érosion de son ancrage local, fragilisé par de mauvais résultats nationaux et les ambitions de LFI dans les bastions communistes, le PCF jouera gros aux prochaines élections municipales, à l’image de son dirigeant Fabien Roussel.Derrière Les Républicains et le Parti socialiste, le Parti communiste est la troisième formation politique qui compte le plus d’élus locaux en France. Dont environ 600 maires, en incluant les édiles apparentés au parti. Pour 2026, le PCF a réussi à nouer des accords avec ses partenaires socialistes et écologistes. “Nous aurons un millier de têtes de liste PCF ou apparentés sur les villes de plus de 1.000 habitants. Et entre 1.000 et 2.000 en tout avec les villages”, indique à l’AFP le vice-président de la région Occitanie Pierre Lacaze, chargé des élections au PCF.Parmi eux le plus connu des communistes: Fabien Roussel, patron du parti, maire sortant à Saint-Amand-les-Eaux (Nord) et pressenti pour être candidat, lui qui a été élu par le conseil municipal en début d’année à la faveur de la démission du maire sortant.Défait par un candidat RN en 2024 aux législatives, ce défenseur des classes populaires péri-urbaines et rurales mise gros: en cas de défaite, il serait fragilisé dans l’optique de sa candidature en 2027.”S’il perd, ça sera compliqué pour la présidentielle (…) N’importe quel politique qui perd son ancrage local, ça questionne sur sa possibilité de rassembler”, reconnait un cadre du parti.”Il va y avoir en France un face-à-face PCF/RN notamment dans le Nord, l’Est et les Bouches-du-Rhône. À Sète et à Nîmes particulièrement, ça peut être nous ou le RN”, ajoute Pierre Lacaze.Il met également en garde contre “la menace LFI” et “la stratégie de division” des Insoumis.Car les communistes se sentent menacés dans leurs fiefs de l’ancienne “ceinture rouge”, les villes populaires de banlieue parisienne qui ont longtemps voté PCF et où LFI réalise maintenant de très bons scores. La France insoumise présentera en effet des listes dans quatre des cinq plus grandes villes dirigées par les communistes ou apparentés (Montreuil, Nanterre, Vitry-sur-Seine, Venissieux et Ivry-sur-Seine), toutes en banlieue parisienne ou lyonnaise.- Accord “insultant” dans le 93 -“Il n’y a pas de politique systématique de LFI à l’encontre du PCF, ni de personne”, se défend auprès de l’AFP le coordinateur du mouvement insoumis, Manuel Bompard. “Il y a des endroits où on soutient des listes communistes sortantes. Tout dépend des enjeux et des bilans locaux, toutes les municipalités ne font pas la même chose”.Sur quelle base se font les alliances ? A Ivry-sur-Seine, le maire Philippe Bouyssou, critique de la direction du parti, ne devrait ainsi pas avoir de candidat insoumis face à lui. Mais il n’y a là rien de personnel, promet-on chez les Insoumis.”Les maires communistes alignés sur Roussel mettent en place des politiques qu’on ne partage pas toujours”, explique Manuel Bompard.En Seine-Saint-Denis, département très ancré à gauche, communistes et Insoumis ont noué un accord pour se soutenir dans certaines villes, notamment Saint-Denis, où le PCF sera derrière LFI.Pas suffisant cependant pour la direction du parti, alors que Fabien Roussel a fait depuis plusieurs années de l’affirmation de la marque communiste son cheval de bataille.”Je ne vois pas comment on peut justifier un accord aussi favorable pour LFI dans le 93. C’est insultant”, regrette Léon Deffontaines, porte-parole du PCF et candidat à Amiens, promettant que cet accord sera remis en question lors du conseil national du parti en janvier.Le département voisin du Val-de-Marne aura également une importance particulière pour les communistes.Lors des élections départementales de 2021, ils en ont en effet perdu la direction alors que le Val-de-Marne était le dernier département sous leur contrôle.Une défaite notamment liée aux municipales de 2020, quand les communistes y avaient perdu quatre villes, dont le fief de leur figure historique Georges Marchais, Champigny. Mais là encore, il faudra faire avec la présence insoumise: 32,7% pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle 2022, contre 2,5% pour Fabien Roussel dans ce département.”Sans nous, le PCF ne gagne pas le Val-de-Marne aux prochaines départementales. Il faut qu’ils le comprennent”, avertit Louis Boyard, député LFI du département.