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Macron va présenter ses voeux pour une dernière “année d’action” avant 2027

Des menaces pesant sur l’Europe aux enjeux sociétaux sur la fin de vie et l’internet, Emmanuel Macron, confronté à une impopularité record, présente mercredi ses voeux aux Français pour 2026, sa dernière année pleine à l’Elysée, dont il entend faire “une année d’action” malgré ses faibles marges de manoeuvre.2026 sonne un peu comme le crépuscule pour le chef de l’Etat, très entravé depuis le pari manqué de la dissolution de 2024 et qui, après deux quinquennats, ne peut se représenter.A plus d’un titre, la séquence qui s’ouvre s’annonce inédite, des municipales de mars au verdict sur l’inégibilité de Marine Le Pen, à l’été, qui donnera de facto le coup d’envoi de la campagne pour 2027.Un scrutin que le Rassemblement national abordera pour la première fois en position de force, et où le camp présidentiel doit encore identifier son champion.”Tout le problème d’Emmanuel Macron, c’est qu’il sort du jeu, il n’existe plus. Tout le monde est dans le coup d’après”, résume un ténor de droite.Un constat que le président est bien décidé à démentir jusqu’au bout, malgré les appels réguliers à sa démission dans un pays bloqué par l’absence de majorité et un domaine réservé largement circonscrit à la scène internationale.”Ce seront ses derniers voeux d’année pleine mais justement c’est tout sauf des vœux d’immobilisme et de rétrospective. Il va vouloir montrer que 2026 sera une année d’action et une année utile”, déroule-t-on dans son entourage.- “Domaine réservé” -Avec trois priorités pour lui sur la scène intérieure : l’instauration d’un service militaire volontaire, la régulation des réseaux sociaux, notamment auprès des jeunes, et une loi sur la fin de vie.”Ce n’est pas des sujets qui pèsent léger dans un bilan présidentiel”, veut croire un proche.Près de quatre ans après le début de la guerre en Ukraine et alors que les efforts en faveur de la paix de Donald Trump peinent à se concrétiser, la situation géopolitique de l’Europe sera aussi au coeur de son allocution.”C’est à la fois son domaine réservé, et ce encore plus depuis un an et demi (dissolution, ndlr). L’an prochain sera un moment décisif pour ce qu’il défend depuis toujours : la capacité de l’Europe d’assurer par elle-même sa sécurité”, pointe son entourage.Début janvier, la Coalition des volontaires, constituée en grande partie d’Européens, se réunira à Paris pour “finaliser” les garanties de sécurité qu’elle accordera à l’Ukraine, une fois un cessez-le-feu acquis, dont le déploiement de forces dans ce pays.Le chef de l’Etat pourrait aussi évoquer la dissuasion nucléaire, alors que Paris et Londres ont déjà acté un rapprochement d’ampleur en la matière et que des discussions sont à l’étude sur un possible élargissement de ce parapluie à d’autres pays européens.- Référendum -Dans l’immédiat, les Français sont surtout sensibles à l’instabilité politique, l’événement le plus marquant de l’année pour 47% d’entre eux devant les problèmes de pouvoir d’achat (40%) ou le conflit en Ukraine (33%), selon un sondage Odoxa-Backbone publié jeudi par Le Figaro.Emmanuel Macron est avant tout jugé à l’aune des “enjeux nationaux”, renchérit Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Toluna/Harris, en pointant une cote de confiance présidentielle de nouveau à son plus bas en décembre, avec seulement 25% d’avis favorables. Mais durant ses voeux, le chef de l’Etat devrait laisser les “affaires gouvernementales au gouvernement” et se contenter de réitérer son appel à la culture du “compromis” entre forces politiques, indique-t-on dans son entourage.Lors du dernier Conseil des ministres de l’année, le 22 décembre, il a tout de même appelé à “donner au plus vite, en janvier, un budget à la Nation”, sans aller toutefois jusqu’à demander à Sébastien Lecornu d’utiliser le 49.3.Soucieux de continuer à exister sur la scène intérieure, Emmanuel Macron est surtout monté en première ligne contre les dérives des réseaux sociaux, à coups de débats publics à travers l’Hexagone, et contre le fléau du narcotrafic.Mais après avoir promis de demander aux Français de “trancher” sur des sujets “déterminants” lors de ses derniers voeux, il n’a jamais dégainé l’arme du référendum.”Vu l’instabilité gouvernementale, c’est compliqué”, mais “c’est un outil qu’il garde dans sa manche”, relève le proche.

Feu vert à la poursuite du chantier de l’A69

La cour administrative d’appel de Toulouse a sans surprise autorisé mardi la poursuite du chantier contesté de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, en rétablissant son autorisation environnementale qui avait été annulée en première instance.Conformément aux recommandations du rapporteur public, les magistrats d’appel ont estimé que “le projet de liaison autoroutière doit être regardé comme répondant à une raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM)”.Selon la cour, c’est donc “à tort” que le tribunal administratif de Toulouse avait, le 27 février, annulé l’autorisation environnementale de ce projet, conduisant à stopper temporairement les travaux de ces 53 km de voie rapide.Le tribunal avait alors estimé que les lourdes atteintes à l’environnement n’étaient justifiées par aucune RIIPM puisque l’enclavement des villes de Castres et Mazamet, principal argument des promoteurs de l’autoroute, n’était pas démontré.Mais, à l’inverse, la cour juge qu’il n’est pas “nécessaire de justifier d’une situation critique ou de tension particulière quant à l’enclavement ou au décrochage démographique et économique du bassin de vie de Castres-Mazamet” pour autoriser le projet.L’autoroute “permettra de relier dans des meilleures conditions le bassin de vie de Castres Mazamet, qui compte plus de 130.000 habitants, à la métropole de Toulouse”, explique la cour, dans un communiqué sur sa décision.- “Décision majeure” -Elle estime en outre qu’il n’existe “pas de solution alternative satisfaisante à la création d’un nouveau tronçon autoroutier” et que “le maintien des espèces protégées” n’est pas menacé “car des mesures compensatoires efficaces sont prévues”.Avant même que la cour ne communique sur cette décision, le ministère des Transports a salué “une décision majeure” qui “permet d’envisager la livraison, très attendue par le territoire, de cette infrastructure structurante, à l’horizon d’octobre 2026”.Atosca, futur concessionnaire de l’autoroute qui supervise actuellement les travaux, “accueille favorablement la décision de la cour administrative d’appel de Toulouse, qui valide la raison impérative d’intérêt public majeur et l’autorisation environnementale de l’autoroute A69 dans toutes ses composantes, permettant de poursuivre sans ambiguïté le chantier”.”Cette décision tranche le débat sur le fond et confirme la nécessité d’une infrastructure attendue depuis plusieurs décennies par le sud du Tarn”, indique Atosca, dans un communiqué.Du côté des opposants, en revanche, la décision de la cour d’appel est jugée “incompréhensible” et “décevante”.”Nous engageons un pourvoi en cassation immédiatement: la décision à venir du Conseil d’Etat sera rendue avant la mise en service fantasmée par le ministre Tabarot”, a affirmé leur principal collectif, La Voie est libre (LVEL).- “Chantier de la honte” -Les anti-A69 soulignent que l’arrêt était de toute façon “prévisible”, du fait que plusieurs magistrats de la cour, parties prenantes de cette décision, avaient déjà participé à celle autorisant une reprise anticipée des travaux, en mai.”Lorsque des magistrats ayant déjà jugé en procédure accélérée avaient refusé de se récuser pour statuer sur le fond, on est en droit de se questionner sur leur impartialité!”, fustige LVEL.Parallèlement à son pourvoi, le collectif entend poursuivre sa contestation devant les tribunaux, notamment par la voie pénale.Le 12 janvier, une juge du tribunal de Toulouse, saisie en urgence, doit ainsi statuer sur des dépassements non-autorisés du chantier, en “violation manifeste de l’ordre public environnemental”, selon le parquet de Toulouse.Face à cette expansion illégale de l’emprise des travaux, les préfets de Haute-Garonne et du Tarn ont d’ores et déjà pris des arrêtés pour faire interdire la poursuite des travaux qui s’y déroulent.”D’autres actions juridiques sont à venir, avec un volet pénal bien chargé, qui n’a pas dévoilé toutes ses surprises et qui pourrait bien suspendre à nouveau ce chantier de la honte”, espèrent les militants de LVEL.Sur le terrain, “les équipes vont désormais se concentrer sur les travaux qui reprendront à l’issue des congés de fin d’année”, annonce Atosca, dans son communiqué.Le concessionnaire entend lancer “courant janvier” une dernière étape décisive de ce chantier: la pose des quelque 500.000 tonnes de revêtement de la future autoroute qui doit être produite par deux centrales d’enrobé à chaud, installées depuis l’automne à proximité immédiate du chantier, dans le Tarn, et qui étaient jusqu’à présent en phase de test.

Brigitte Bardot, une longue proximité avec l’extrême droite

Brigitte Bardot, décédée dimanche à 91 ans, a longtemps flirté avec l’extrême droite et voyait en Marine Le Pen, patronne du Front national devenu RN, “la Jeanne d’Arc du XXIe siècle”, tout en assurant que ses choix politiques étaient avant tout dictés par la cause animale.”On m’a fermement collé une image de frontiste” pour avoir répondu au début des années 1990 à un questionnaire du quotidien catholique d’extrême droite Présent, affirmait-elle en 2018 dans son livre testament “Larmes de combat”. “N’ayant jamais fait de politique de ma vie, je ne savais tout simplement pas ce qu’était +l’extrême droite+”, assurait l’icône du cinéma français devenue militante de la cause animale. “A partir de ce jour-là, je fus considérée comme raciste, FN, égérie de Jean-Marie Le Pen et j’en passe”.”Je n’ai jamais demandé à personne d’être raciste et je ne pense pas nourrir de haine raciale”, affirmait-elle en dépit de plusieurs condamnations, notamment pour des propos contre les musulmans.Brigitte Bardot, qui prêta ses traits à la Marianne républicaine dans les années 1960, se revendiquait “conservatrice” en politique et “patriote”. La droite est le “seul remède urgentissime à l’agonie de la France”, écrivait-elle dans son “BBcédaire” paru en 2025.En 1996, dans sa biographie “Initiales B.B.”, elle rendait hommage à Jean-Marie Le Pen, “un homme charmant, intelligent, révolté comme moi par certaines choses” et ne cachait pas partager les idées du fondateur du FN contre “la poussée terrifiante de l’immigration”. C’est chez lui qu’elle avait rencontré son quatrième mari, Bernard d’Ormale.En 2012, B.B. appelait les maires de France à apporter leurs parrainages à Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, et annonçait voter pour cette “femme admirable”. Avant la présidentielle de 2017, elle affirmait encore: “Marine Le Pen, je l’aime beaucoup et depuis longtemps”.Brigitte Bardot, qui se disait “contre le vivre ensemble”, voyait en elle une responsable politique capable de “reprendre la France en main, de remettre des frontières et de redonner la priorité aux Français”.”Le départ de Brigitte est un chagrin immense”, a écrit dimanche Marine Le Pen sur X, tandis que Jordan Bardella, président du RN, rendait hommage à “une ardente patriote”.- “Perspective identitaire” -Dans le passé, Jean-Marie Le Pen et sa fille ont régulièrement rendu hommage à l’ancienne actrice. “Les plages françaises sont celles de Bardot et Vadim”, affirmait Marine Le Pen en pleine polémique sur le burkini à l’été 2016, en allusion au film “Et Dieu… créa la femme”.”La référence à Bardot est faite dans une perspective identitaire” et permet au parti de gagner en légitimité, alors qu’il est dans l’ensemble boudé par les artistes, décryptait en 2018 Sylvain Crépon, enseignant-chercheur en sciences politiques, auprès de l’AFP.Souvent reçue à l’Elysée, Brigitte Bardot a pu avoir la dent dure avec les chefs de l’Etat, pas assez engagés, selon elle, dans la protection des animaux. Invitée par Charles de Gaulle, elle était arrivée vêtue d’une veste à brandebourgs et avait été accueillie par un “Chic! Un militaire”. Valéry Giscard d’Estaing, “son ami”, l’avait “draguée”, racontait-elle. François Mitterrand, “maudit soit le jour de son investiture. (…) Toute la détresse que nous subissons est la suite de son oeuvre maléfique”, lâchait-elle dans son “BBcédaire”.Quant à Jacques Chirac, “c’est le roi des menteurs” qui “fait la course” avec Nicolas Sarkozy, avait-elle assuré dans une interview à France 2.Dans une lettre ouverte, elle fustigeait encore l'”inutilité”, la “lâcheté” et le “mépris des Français” d’Emmanuel Macron.”Je juge les politiques à l’aune de ce qu’ils proposent pour la cause animale. C’est aussi simple que ça”, disait-elle au Monde en 2017. “J’ai eu un espoir insensé quand le Front national a fait des propositions concrètes pour réduire la souffrance animale. Mais j’ai aussi sollicité (le chef de file de La France insoumise) Mélenchon (…) Si demain un communiste reprend les propositions de ma fondation, j’applaudis et je vote”, assurait-elle.La cause animale a souvent figuré dans les programmes électoraux en France, parmi les pays d’Europe qui comptent le plus d’animaux de compagnie, rappelait le politologue Sylvain Crépon. Mais, selon lui, Brigitte Bardot avait “une sémantique beaucoup plus proche du FN”.

Marine Le Pen (RN): Bardella “peut gagner à ma place”

Jordan Bardella “peut gagner à ma place” l’élection présidentielle, estime Marine Le Pen qui, malgré sa situation judiciaire, “ne pense pas pouvoir quitter le combat” mais juge qu’avec le président du RN, “l’avenir de la France est assuré”.”Jordan Bardella peut gagner à ma place”, a déclaré la triple candidate du Rassemblement national à la présidentielle à La Tribune Dimanche.M. Bardella, 30 ans, “fait l’objet d’une campagne de dénigrement absolument inouïe. J’ai deux millions de fois plus confiance dans la jeunesse de Jordan qui est militant politique depuis quinze ans et qui vit tout ce que cet engagement peut offrir de moins confortable, que j’avais confiance dans la jeunesse d’Emmanuel Macron”, a également déclaré la présidente des députés RN face aux critiques sur le peu d’expérience aux responsabilités du président du RN.”Je ne pense pas pouvoir quitter le combat mais le combat peut avoir mille visages. Il y a quelqu’un d’autre, les idées vont survivre, l’avenir de la France est assuré”, a encore déclaré Marine Le Pen.Elle sera jugée en appel du 13 janvier au 12 février dans l’affaire des assistants parlementaires européens du FN. En première instance, le tribunal correctionnel de Paris l’a condamnée à quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme, 100.000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate qui hypothèque sérieusement ses chances de concourir une nouvelle fois pour l’Elysée.”Il fut un temps où on pouvait prendre une balle. Aujourd’hui, on prend une balle judiciaire. Ca signifie votre mort, en réalité”, a-t-elle commenté.Sur la situation politique, Mme Le Pen juge que “le général De Gaulle est trahi. Le gouffre, la rupture entre les Français et le président l’obligeaient a retourner aux urnes comme le prévoit la Constitution”. Mais “Macron ne veut rien, ce n’est pas un être rationnel” et “le désordre actuel vient de son refus de dissoudre”.”La loi spéciale (adoptée faute de budget de l’État, NDLR) est un leurre, le blocage est total et le gouvernement se retrouve dans une situation folle qui consiste à dépendre d’un parti, le Parti socialiste, qui a fait 1,5% à la dernière présidentielle” et qui “gouverne au chantage”, a-t-elle jugé.”Il faut retourner voter d’urgence. C’est même une urgence absolue. Et s’il y a dissolution, je serai amenée à aller directement devant le Conseil constitutionnel car il est le seul juge de la validité d’une candidature dans une situation d’urgence”, a-t-elle dit.

Donald Trump, personnalité la plus médiatisée en France en 2025, une première (étude)

Le président américain Donald Trump est la personnalité dont les médias ont le plus parlé en France en 2025, alors que cette première place revient d’ordinaire au chef de l’État français, selon un baromètre annuel dévoilé vendredi par Ouest-France.”Pour la première fois depuis le lancement de cette étude en 2013, ce n’est pas le président français en exercice qui est la personnalité la plus citée dans les médias du pays”, souligne Ouest-France dans l’article qui accompagne les résultats de ce baromètre réalisé par Tagaday, plateforme de veille sur les médias.Selon ces résultats, Donald Trump “a vu son nom écrit ou prononcé dans près d’un million de contenus en 2025 (précisément 947.294) contre 671.125 pour” Emmanuel Macron, deuxième.Le top 5 est complété par l’ex-Premier ministre François Bayrou, le président russe Vladimir Poutine et l’ex-ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, est la seule femme du top 10 (8e). Le top 20 n’en compte que deux (l’autre est la chanteuse Santa, 19e) et le top 50 que neuf. Le capitaine de l’équipe de France de foot, Kylian Mbappé, est le premier sportif (13e).La politique domine ce classement: le top 50 compte trente figures politiques nationales ou étrangères, contre douze issues de la culture et des médias, six du sport et deux du monde économique et des affaires.Ce classement des 1.000 personnalités les plus médiatisées dans la presse française a été réalisé du 1er janvier au 15 décembre.Il est fondé sur l’analyse informatique de plus de 5.500 programmes d’information (diffusés par 410 chaînes et stations TV/radio pour une moyenne de 2.400 heures quotidiennes) et d’une sélection de 3.000 publications de presse écrite (papier et en ligne).

Sanction américaine: Macron et la classe politique derrière Breton, sauf au RN divisé

Emmanuel Macron et la classe politique française en général, à l’exception de certaines voix au RN, ont condamné mercredi la décision de l’administration Trump d’interdire de séjour l’ancien commissaire européen Thierry Breton et quatre personnalités européennes pour leur volonté de réguler les plateformes numériques, y voyant une atteinte à la souveraineté européenne.”Ces mesures relèvent de l’intimidation et de la coercition à l’encontre de la souveraineté numérique européenne”,  a dénoncé sur X le président français, prometttant de continuer à défendre “notre autonomie réglementaire”.L’administration Trump a annoncé mardi des sanctions, sous la forme d’une interdiction de séjour aux Etats-Unis, contre cinq personnalités européennes engagées pour une stricte régulation de la tech et contre la désinformation en ligne, dont Thierry Breton qui a lui-même dénoncé un “vent de maccarthysme”.Commissaire au Marché intérieur de 2019 à 2024, le Français avait été l’artisan de la directive européenne sur les services numériques (DSA) qui impose aux plateformes des régulations, comme le signalement de contenus problématiques, jugées par les Etats-Unis comme une atteinte à la liberté d’expression.Ce cadre européen, qui “a été adopté démocratiquement”, “s’inscrit strictement dans le champ de compétence européen et ne vise aucun pays tiers”, a rappelé le ministre de l’Economie, Roland Lescure, sur le réseau Bluesky, concurrent de X.Plusieurs eurodéputés français sont également montés au créneau.”Nous ne sommes pas une colonie des États-Unis! Nous sommes Européens, nous devons défendre nos lois, nos principes, nos intérêts”, a tempêté le social-démocrate Raphaël Glucksmann sur X.Pour Nathalie Loiseau (Horizons), “ne nous y trompons pas : derrière cette mesure, c’est la souveraineté des Européens à décider de leurs lois et à les faire appliquer qui est attaquée”. Le leader du parti Renaissance, Gabriel Attal, a interpellé son homologue du RN, Jordan Bardella. “Les admirateurs français de Donald Trump trouveront-ils l’énergie de réagir face à une nouvelle remise en cause de notre souveraineté par un pays pourtant allié ?”, a-t-il lancé, en référence à la vidéo devenue virale dans lequelle M. Bardella se demandait où le président américain trouvait “toute cette énergie”.Au RN justement, parti au discours anti-UE et peu critique de la politique de Donald Trump, les avis étaient partagés.”L’administration Trump non seulement se trompe sur le fond, mais se trompe sur l’image qu’elle renvoie des États-Unis au monde entier”, a ainsi critiqué son vice-président, Sébastien Chenu, sur RTL.Mais deux eurodéputées RN ont montré de la compréhension vis-à-vis de la décision américaine.”Thierry Breton avait menacé (en 2024) le propriétaire du réseau social de (faire) respecter les règlementations de l’UE. Un visa enlevé un an et demi après, ils ont fait preuve de beaucoup de patience !”, a jugé ainsi Virginie Joron en référence aux différends entre Elon Musk et l’UE. Les Etats-Unis “ne se sacrifieront pas pour un continent sans libertés où l’on annule même des élections”, en référence à la présidentielle roumaine, a renchéri Catherine Griset.

La loi spéciale adoptée, Lecornu “persuadé” qu’un compromis est possible sur le budget en janvier

Le Parlement a adopté mardi le projet de loi spéciale qui permet de continuer à financer provisoirement l’État, avant la reprise en janvier des débats pour l’adoption du budget 2026, Sébastien Lecornu se disant “persuadé” de pouvoir parvenir à un accord.Le projet de loi, déposé par le gouvernement après l’échec de la commission mixte paritaire députés-sénateurs sur le projet de budget 2026, a été adopté à l’unanimité à l’Assemblée nationale et au Sénat.L’Assemblée, sans majorité, est fracturée depuis la dissolution de 2024 et, déjà l’an dernier, l’exécutif avait recouru à une loi spéciale après la chute du gouvernement de Michel Barnier. Les deux textes budgétaires 2025 avaient finalement été approuvés en février.”Prendre le temps de bâtir un bon budget” n’est “pas une faiblesse”, a déclaré mardi soir M. Lecornu lors d’une allocution solennelle depuis le perron de Matignon.”Il faut donc un budget en janvier et notre déficit doit être réduit à moins de 5% du PIB en 2026. Je reste persuadé que cela est possible, si les calculs politiques sont mis de côté, le Parlement prendra ses responsabilités, le gouvernement aussi”, a poursuivi le Premier ministre, pressé notamment dans son camp de recourir à l’article 49.3 pour faire adopter la loi de finances.M. Lecornu a énuméré cinq thèmes sur lesquels il entend rechercher un accord avec les différents groupes politiques: agriculture, collectivités locales, logement, outre-mer et “avenir et jeunesse”.Le dialogue privilégié engagé par le locataire de Matignon avec le Parti socialiste a certes permis l’adoption du budget de la Sécurité sociale pour 2026, au prix de concessions sur son financement et sur les retraites.Mais les profondes divergences entre l’Assemblée et le Sénat, hostile à tout prélèvement supplémentaire, ont empêché l’approbation du second texte budgétaire, celui sur le financement de l’État. Un “léger décalage horaire” entre les deux chambres, a imagé M. Lecornu mardi devant l’Assemblée.Les parlementaires se retrouveront donc en début d’année pour de nouvelles joutes sur ce texte, alors que la France est confrontée à un endettement croissant et que les discussions n’ont pas permis de dessiner une trajectoire de réduction des déficits.Le gouvernement voudrait une nouvelle lecture du budget en commission à l’Assemblée dès le 5 ou 6 janvier, mais selon l’entourage du président de la Commission des Finances Éric Coquerel (LFI), ce sera plutôt le 8 ou le 9 avant le débat dans l’hémicycle à partir du 13.- Le 49.3 dans toutes les têtes -La loi spéciale, qui reconduit temporairement le budget de 2025, permet de lever l’impôt et de payer les fonctionnaires. Mais elle ne comprend pas de dépenses nouvelles, y compris sur la défense, érigée en priorité face à la menace russe.Sébastien Lecornu a reçu dimanche et lundi les forces politiques, à l’exception de La France insoumise et du Rassemblement national, pour tenter d’avancer vers un compromis. “Nous avons du Sénat un texte qui est à 5,3% de déficit public. L’objectif partagé à gauche et à droite est de 5%, ça veut dire neuf milliards d’écart” sur lequel il faut se mettre d’accord, entre augmentation de la fiscalité et baisse des dépenses, a résumé mardi le ministre des Relations avec le Parlement Laurent Panifous.Le gouvernement va remettre sur la table la surtaxe sur les grandes entreprises, supprimée par le Sénat, mais il a enterré la réforme de la TVA des auto-entrepreneurs, rejetée par les deux chambres.Si le Parlement ne parvenait pas à voter un budget en janvier, alors la pression serait de plus en plus forte sur le gouvernement pour recourir au 49.3, qui permet de faire adopter un texte sans vote, sauf motion de censure. Écarté par le Premier ministre à la demande des socialistes, il est évoqué avec insistance par des responsables de droite et du bloc central qui lui demandent de revenir sur son engagement.Il faudrait alors pour le gouvernement nouer avec le PS un accord de non-censure. De fait, une motion de censure (289 voix) ne peut être adoptée sans les voix des socialistes. Pour l’exécutif, cet objectif semble plus atteignable qu’une approbation du budget, qui nécessiterait non seulement une abstention des socialistes mais aussi celle d’une partie des écologistes et des communistes. “Je suis très opposée à l’utilisation du 49.3”, a répété la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet à l’issue du vote des députés. “Il faut que nous travaillions pour trouver le chemin du compromis”.bur-hr-far-bpa/sde/jco

Le fabricant français de pompes à chaleur Groupe Atlantic en passe d’être vendu à un groupe nippo-américain

Un fleuron tricolore de la transition énergétique bientôt sous pavillon étranger ? Groupe Atlantic, numéro un français de la pompe à chaleur, est en passe d’être acheté par le groupe nippo-américain Paloma Rheem, une opération suivie de “très près” par Bercy selon les mots du ministère de l’Economie à l’AFP.La société vendéenne a annoncé lundi la signature d’un accord qui prévoit une prise de participation majoritaire à son capital par la société Paloma Rheem Holdings, basée à Tokyo, elle-même issue du rapprochement des japonais Paloma et Fujitsu General, et de l’américain Rheem.Paloma Rheem Holdings est spécialisé “dans la fabrication et la commercialisation d’équipements de climatisation, de production d’eau chaude, de chauffage et d’équipements de cuisine”, a précisé Groupe Atlantic dans un communiqué.Les pompes à chaleur sont un secteur clé de la transition énergétique et évoluent actuellement dans un contexte de concurrence accrue.Le ministère français de l’Economie et des Finances, également chargé de l’Industrie, a dit lundi soir à l’AFP suivre “de très près” le dossier.L’opération “devra être soumise à une autorisation préalable du ministère dans le cadre du contrôle des investissements étrangers en France”, sous réserve des vérifications effectuées sur les conditions d’éligibilité de ce dossier à cette procédure, a expliqué le ministère à l’AFP.”Si on a un investisseur étranger qui vient pour développer Atlantic, préserver l’empreinte industrielle, en faire ce qu’il est déjà, mais en mieux, un des leaders mondiaux de la transition énergétique, j’allais dire +welcome+, bienvenue. Si c’est pour désosser, couper, casser et j’allais dire prendre l’argent et se tirer, c’est non”, a mis en garde mardi sur BFMTV le ministre de l’Economie et des Finances, Roland Lescure, qui a redit être “vigilant”.La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, avait tancé le gouvernement, le 9 décembre dernier, lui reprochant d’avoir laissé le champ libre, ces derniers mois, à des dossiers de reprise fragiles, qui ont ensuite mal tourné.La première étape de cette procédure dite des “investissements étrangers en France” (IEF) permettra d’abord de vérifier que le dossier est éligible au contrôle, au titre de l’activité de fourniture d’énergie, un secteur stratégique de l’économie.Les pompes à chaleur sont au cœur de la stratégie d’électrification de la France portée par le gouvernement, qui doit donner lieu à des annonces prochainement. Objectif: accélérer la consommation d’électricité dans les secteurs qui sont encore très dépendants de coûteuses importations d’énergies fossiles, dans les transports, l’industrie, le logement et donc le chauffage.- Chiffre d’affaires de 3 milliards -Interrogé par l’AFP, un porte-parole de Groupe Atlantic a précisé que Bercy avait été prévenu de cette opération il y a quelques jours. Sur la procédure en elle-même que lance Bercy, la société n’a fait aucun commentaire.Paloma Rheem, qui employait 19.000 personnes à fin 2024, et Groupe Atlantic, qui compte 12.000 collaborateurs, se connaissent bien. La société française distribue depuis plus de 30 ans des produits Fujitsu General en France et au Benelux.Une partie des actionnaires familiaux historiques de Groupe Atlantic resteront au capital de l’entreprise, a précisé cette dernière, basée à La Roche-sur-Yon, en Vendée.”Cette opération nous donne les moyens de renforcer durablement notre compétitivité”, et ce “dans un contexte de concurrence internationale accrue”, notamment chinoise, a déclaré le président du directoire de Groupe Atlantic, Damien Carroz, cité dans le communiqué. Le montant de l’opération n’est pas public, mais le quotidien économique Les Echos avance une transaction supérieure à 3 milliards d’euros. Elle devrait être finalisée mi-2026.Groupe Atlantic compte 31 sites industriels à travers le monde. Il est notamment propriétaire des marques Atlantic, Thermor ou Sauter et réalise près de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il fabrique non seulement des pompes à chaleur, mais aussi des chaudières, chauffe-eau ou radiateurs.Dans ce même secteur, le groupe américain Carrier Global avait annoncé en 2023 le rachat de la division “solutions climatiques” du groupe familial allemand Viessmann.bp-nal-fmp-ngu/uh/as

ZFE: le Grand Paris prolonge d’un an les dérogations et la dispense de contrôle

La Métropole du Grand Paris (MGP) a annoncé lundi la prolongation d’un an du dispositif de dérogation pour les véhicules les plus polluants circulant dans la Zone à faibles émissions (ZFE), ainsi que la dispense de contrôle.Comme c’est le cas depuis janvier 2025, les automobilistes concernés par les interdictions pourront bénéficier jusqu’à fin 2026 d’un “pass 24 heures” pendant 24 jours pour circuler librement dans la ZFE, en plus des week-ends, soit 139 jours par an au total, précise la MGP dans un communiqué.La “période pédagogique” d’une année, durant laquelle aucune sanction n’est appliquée, est également prolongée jusqu’à décembre 2026 dans la ZFE du Grand Paris qui englobe 77 communes sur les 131 de la métropole. Les ZFE, initiées en 2019 pour limiter la pollution de l’air et ses effets sur la santé, restent en vigueur dans plusieurs agglomérations en France malgré le vote de leur suppression en mai par l’Assemblée nationale.Depuis début 2025, celle du Grand Paris exclut de son périmètre les automobilistes détenteurs d’un véhicule Crit’Air 3 (certificat de qualité de l’air), c’est-à-dire les véhicules diesel immatriculés avant 2011 et les voitures à essence d’avant 2006.Près de 38.000 pass ont été attribués en un an et 3.900 dérogations accordées, principalement pour des accès aux soins médicaux, le travail en horaires décalés ou des formations, a-t-on précisé de même source.Le Grand Paris poursuit en outre ses aides aux automobilistes afin de remplacer les véhicules anciens par des véhicules moins polluants, alors que le gouvernement a supprimé les aides à la reconversion et que le bonus écologique a baissé.Jusqu’à 10.000 euros d’aides peuvent être attribués pour l’achat d’un véhicule neuf, dont 6.000 de la MGP.Dans le cadre du projet de loi “simplification”, l’Assemblée a voté en mai 2025 la suppression des ZFE, à l’initiative des Républicains et du Rassemblement national, mais cette suppression n’a pas terminé son parcours législatif et les règles continuent donc de s’appliquer.”Les outils que nous renouvelons offrent des solutions concrètes (…) pour permettre un temps d’adaptation et d’appropriation de la mesure, afin de garantir une ZFE responsable et raisonnable. La santé publique des habitants reste notre priorité”, a déclaré le président LR de la MGP Patrick Ollier, ajoutant qu’il restait “toutefois très attentif à l’évolution du cadre législatif et réglementaire national”.

Le cumul emploi-retraite fortement restreint en 2027

A partir de 2027, les conditions de cumul emploi-retraite vont se durcir fortement, une conséquence passée presque inaperçue de l’adoption mardi du budget de la Sécurité sociale mais qui représente une petite révolution pour les seniors.Cette réforme “est plus importante que la suspension de la réforme des retraites parce que cette suspension va profiter transitoirement aux seules générations 1964-68, alors que là, on a un changement systémique, qui va toucher l’ensemble des futures générations de retraités”, avertit l’économiste du travail Philippe Askenazy.Les changements intégrés dans la loi de finances de la Sécurité sociale se fondent sur des préconisations de la Cour des comptes qui avait pointé en mai dernier les “effets d’aubaine” générés par ce dispositif jusqu’à présent encouragé par les gouvernements. Ce cumul concernait, selon la Cour, environ 710.000 personnes en 2020, qui tiraient en moyenne 9.000 € par an de leur activité.Actuellement, deux systèmes cohabitent, le cumul intégral et le cumul plafonné. Une personne qui bénéficie d’une retraite à taux plein peut reprendre une activité sans plafond de revenus. A l’inverse, quelqu’un qui est parti à la retraite avant d’atteindre le taux plein voit le montant du cumul entre pension et revenus d’activité plafonné à 160% du montant brut du Smic ou à son dernier salaire mensuel brut (le plus avantageux des deux est retenu). C’est le cas de Jacques (prénom modifié), 61 ans. Poissonnier dans la grande distribution, cet Ardéchois a pris sa retraite l’an dernier grâce au dispositif carrières longues mais fait des animations dans des supermarchés, pour s’approcher du salaire qu’il gagnait avant sa retraite mais aussi pour “sortir, voir des gens”.- Crédit à payer -“On n’a pas le choix parce que les retraites augmentent très peu chaque année et la vie augmente”, explique-t-il, disant avoir encore “un petit crédit à payer sur (sa) maison”. Jusqu’à ses 63 ans, son cumul pension-salaires est plafonné à environ 2.900 euros brut.La modification des règles, conforme aux préconisations de la Cour des comptes, doit entrer en vigueur le 1er janvier 2027. A partir de cette date, une personne qui a pris sa retraite avant l’âge légal (“64 ans à terme”, selon le gouvernement) et qui reprend une activité verra 100% de ses revenus déduits de sa pension de retraite.Entre l’ouverture des droits à la retraite et l’âge d’annulation de la décote (67 ans), la pension sera réduite de 50% des revenus d’activité supérieurs à un seuil qui pourrait être fixé autour de 7.000 euros annuels. Cumuler retraite et emploi avant 67 ans deviendra ainsi très peu intéressant financièrement. Après 67 ans, en revanche, un cumul intégral sera possible.Le cumul emploi-retraite “est simplifié” et “retrouve son objectif initial: compléter le revenu des retraités les plus modestes”, explique le site internet du ministère du Travail.Le rapport de la Cour des comptes distinguait quatre profils de retraités qui travaillent: 27% de cadres aux pensions élevées, 27% de professions intermédiaires aux pensions modestes, 24% de personnes aux carrières longues et aux pensions moyennes et 22% de personnes dont la carrière a connu des aléas, avec des pensions faibles, souvent des femmes.  “Le cumul emplois-retraites a eu un certain succès pour augmenter le taux d’emploi des seniors, c’est un système qui marchait bien, et on le restreint drastiquement”, déplore l’économiste Philippe Askenazy, disant craindre une augmentation du travail au noir.Selon lui, la retraite progressive, qui permet de travailler à temps partiel tout en percevant une partie de sa retraite, ne pourra pas se substituer au cumul emploi-retraite, car elle est difficile à mettre en œuvre dans les petites entreprises.”Les entreprises ont désespérément besoin de certaines compétences pointues parce que les cohortes qui sortent du marché du travail sont beaucoup plus nombreuses que celles qui y entrent”, s’agace Caroline Young, présidente d’Experconnect, un cabinet qui propose aux entreprises des professionnels “retraités ou proches de l’être”.”Une fois que vous êtes partis, disons en moyenne à 64 ans, et que vous n’avez pas travaillé pendant deux ou trois ans, vous êtes inemployable par les entreprises, donc vous n’allez pas recommencer à bosser à 67″, estime-t-elle.