Auschwitz: “Nous ne céderons rien à l’antisémitisme”, promet Macron
“Nous ne céderons rien face à l’antisémitisme”, a promis lundi Emmanuel Macron, à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, marqué en France par une série d’hommages tout au long de la journée, en présence des derniers rescapés.Le 27 janvier 1945, les troupes russes libéraient le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, révélant au monde l’horreur du génocide nazi.Pour commémorer l’événement, Emmanuel Macron s’est rendu lundi matin au mémorial de la Shoah à Paris. Il y a observé une minute de silence en mémoire des victimes de l’Holocauste, déposé une gerbe et signé le livre d’or.”Nous ne céderons rien face à l’antisémitisme sous toutes ses formes”, a-t-il écrit. “L’universalisme de la France se nourrit de ces combats et se retrouve aussi dans cet imprescriptible”, a-t-il ajouté.Ces commémorations sont “un des derniers moments où nous pourrons tous bénéficier de la présence, des témoignages, de rescapés de la Shoah”, a-t-on souligné dans l’entourage du président.Dans le cadre des commémorations, le président et son épouse Brigitte Macron participeront lundi après-midi en Pologne à la cérémonie internationale organisée sur le site d’Auschwitz-Birkenau en présence d’autres dirigeants étrangers.A Paris, la ministre de l’Education Elisabeth Borne, dont le père avait été déporté à Auschwitz, a visité le mémorial de la Shoah à la mi-journée, accompagnée notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo, en commençant par l’exposition retraçant l’histoire du judaisme et la montée de l’antisémitisme en Europe. L’occasion notamment de contempler les trois célèbres photos prises clandestinement à Birkenau, témoignant du processus d’extermination.Dans la matinée, Esther Sénot et Léon Placek, rescapés des camps, ont répondu aux questions nombreuses de lycéens sur leur déportation, a constaté une journaliste de l’AFP. “Quand je suis revenu de déportation, je pesais 28-30 kilos…”, a ainsi expliqué Léon Placek, 91 ans, survivant du camp de Bergen-Belsen où il a été déporté à l’âge de 10 ans avec sa mère et son frère.- “Autant d’horreur” -Les questions sont nombreuses et il n’en élude aucune: “En termes d’hygiène ça se passait comment?” – “Il y avait un lavabo avec de l’eau froide. On devait puer”.- “Est-ce vous aviez des objets personnels?” – “On se servait sur les cadavres, on prenait les vêtements des cadavres”… – “Comment c’est possible de revenir à la vie normale après avoir vu autant d’horreurs ?” – “Je ne sais pas, l’homme est fait comme ça. De deux choses l’une: ou on crève ou on va de l’avant”. Comme personne ne l’aborde, il pose lui même la question de la foi: “non, je ne suis plus croyant… Si Dieu existait, où il était à l’époque?” Comme beaucoup, Léon Placek a longtemps gardé le silence: au début “on ne parlait pas, ça n’intéressait personne. Mais depuis un an que je le fais dans des collèges et lycées, la nuit ça me revient…”, ajoute-t-il, appelant les plus jeunes à “faire confiance au prochain: le prochain c’est comme vous, c’est un homme ou une femme”…- “Emotion” -Dans le public, Emma Arene, 17 ans, en terminale au lycée Charles Péguy d’Orléans, éprouve “beaucoup d’émotions” à écouter ce témoignage. “Se dire que c’était il y a 80 ans, c’est si récent… Écouter un rescapé, on sent l’Histoire, ça nous touche”, confie-t-elle.Les cérémonies vont se succéder tout au long de la journée. Le Premier ministre François Bayrou procédera à 18H30 au ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris en présence de représentants de l’Union des déportés d’Auschwitz.De son côté, la ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a inauguré le jardin mémoriel de l’ancienne synagogue à Strasbourg avant des échanges prévus avec des collégiens, sur fond de recrudescence d’actes antisémites en France depuis plus d’un an. “Si nous honorons aujourd’hui les victimes du passé, nous devons être lucides sur les combats du présent (…) l’antisémitisme n’a pas disparu”, a affirmé celle qui doit relancer le 13 février les assises du lutte contre l’antisémitisme.”Nous remercions toutes celles et tous ceux qui, rescapés des camps, ont accepté de témoigner”, ont écrit Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques, Dominique Blanchet et Vincent Jordy, vice-présidents, dans une tribune publiée sur le site de l’hebdomadaire de référence Actualité Juive.