Le contrôle par le rectorat de Bordeaux de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram, épicentre d’une vague de dénonciations d’agressions sexuelles et de violences passées au sein de l’enseignement catholique, a débuté lundi pour quatre jours, trois décennies après sa dernière inspection.Huit inspecteurs et personnels sociaux se sont rendus sur les deux sites de l’institution qui accueille 500 élèves dans les Pyrénées-Atlantiques : dans un collège à Lestelle-Bétharram, le site historique, et dans une école et un lycée à Igon, une commune voisine.”Nous sommes tenus à la confidentialité, donc nous ne commenterons notre mission ni avant, ni pendant, ni à l’issue”, a déclaré l’un d’eux aux journalistes en arrivant à Lestelle-Bétharram en début d’après-midi. La rectrice de l’académie doit s’exprimer devant la presse à Bordeaux à 15h30.”L’idée, c’est d’avoir une vision globale du fonctionnement de l’établissement sur les sujets financiers, le respect des programmes” et de “mesurer le climat” pour “s’assurer que les faits dramatiques qui ont été rapportés par d’anciens élèves ne peuvent plus se produire aujourd’hui”, a déclaré la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, lundi matin sur franceinfo.”Pendant des années”, ces établissements privés sous contrat “n’étaient pas inspectés”, “il faut naturellement que ça change”, a-t-elle ajouté.En février, alors que le scandale éclaboussait le Premier ministre François Bayrou, dont plusieurs enfants ont fréquenté l’institution béarnaise où son épouse a enseigné le catéchisme, le ministère avait demandé à l’académie “d’avancer” la date de son contrôle.Mme Borne a assuré qu’elle prendrait “les mesures qui s’imposent” en fonction des conclusions de cette inspection, confirmant un renforcement des contrôles des établissements privés sous contrat, dont la Cour des comptes avait dénoncé l’insuffisance en 2023.Un décret va les contraindre, comme dans le public, à des remontées d’informations systématiques sur les faits de violences, et “60 inspecteurs supplémentaires” seront engagés dans les deux prochaines années pour contrôler 40% de ces établissements qui scolarisent environ deux millions d’élèves.”Il faut qu’on se donne tous les moyens de recueillir la parole des élèves”, a parallèlement souligné Mme Borne. Des questionnaires seront mis en place pour les élèves internes et/ou participant à des voyages scolaires, des situations où ils sont “particulièrement vulnérables”.- Plus de 150 plaintes -La précédente – et unique – visite d’un inspecteur dans l’établissement, rebaptisé Le Beau Rameau (“bèth arram” en béarnais) en 2009, remonte au printemps 1996. Une plainte, déposée par le père d’un adolescent au tympan crevé par la violente claque d’un surveillant laïc, avait alors attiré l’attention pour la première fois sur cette institution fondée en 1837.À l’époque, François Bayrou, ministre de l’Éducation, diligente une enquête administrative. Le rapport, établi rapidement, affirme que Notre-Dame-de-Bétharram “n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés”. Il “ne tient pas la route actuellement”, a regretté le mois dernier son auteur. “Cette inspection était bidon, artificielle, ils étaient avertis”, avait commenté dans la foulée le père du plaignant de 1996. Si l’inspecteur “avait fait son travail (…) le procureur aurait été saisi et on aurait évité tous les viols et violences perpétrés ensuite pendant une dizaine d’années”, avait déploré Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Bétharram.Le parquet de Pau a reçu depuis un an plus de 150 plaintes visant d’anciens religieux et personnels laïcs pour violences, agressions sexuelles et viols, quasi tous prescrits.Après trois gardes à vue, un ancien surveillant a été mis en examen et écroué le 21 février pour des faits commis au début des années 1990 puis en 2004.- Commissions d’enquête -La congrégation des pères de Bétharram, qui a longtemps dirigé l’établissement, a reconnu samedi pour la première fois le caractère “systémique” des violences commises et confié à un groupe de réflexion une commission d’enquête indépendante chargée d’apporter “réparation” à toutes les victimes.L’affaire a engendré une vague de dénonciations similaires à l’encontre d’autres institutions catholiques dans les Hautes-Pyrénées, les Landes, en Haute-Vienne ou dans le Finistère.Une commission d’enquête parlementaire a également été créée sur les violences en milieu scolaire et les modalités du contrôle des établissements par l’État.Elle prévoit d’auditionner Élisabeth Borne et François Bayrou, qui a déclaré dimanche qu’il répondrait aux questions “s’il a une convocation officielle”, tout en répétant se sentir victime d’une “manœuvre de déstabilisation”.Les corapporteurs de cette commission, Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance), tiendront un point-presse à 19h00 à Pau.
Le contrôle par le rectorat de Bordeaux de l’établissement Notre-Dame-de-Bétharram, épicentre d’une vague de dénonciations d’agressions sexuelles et de violences passées au sein de l’enseignement catholique, a débuté lundi pour quatre jours, trois décennies après sa dernière inspection.Huit inspecteurs et personnels sociaux se sont rendus sur les deux sites de l’institution qui accueille 500 élèves dans les Pyrénées-Atlantiques : dans un collège à Lestelle-Bétharram, le site historique, et dans une école et un lycée à Igon, une commune voisine.”Nous sommes tenus à la confidentialité, donc nous ne commenterons notre mission ni avant, ni pendant, ni à l’issue”, a déclaré l’un d’eux aux journalistes en arrivant à Lestelle-Bétharram en début d’après-midi. La rectrice de l’académie doit s’exprimer devant la presse à Bordeaux à 15h30.”L’idée, c’est d’avoir une vision globale du fonctionnement de l’établissement sur les sujets financiers, le respect des programmes” et de “mesurer le climat” pour “s’assurer que les faits dramatiques qui ont été rapportés par d’anciens élèves ne peuvent plus se produire aujourd’hui”, a déclaré la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, lundi matin sur franceinfo.”Pendant des années”, ces établissements privés sous contrat “n’étaient pas inspectés”, “il faut naturellement que ça change”, a-t-elle ajouté.En février, alors que le scandale éclaboussait le Premier ministre François Bayrou, dont plusieurs enfants ont fréquenté l’institution béarnaise où son épouse a enseigné le catéchisme, le ministère avait demandé à l’académie “d’avancer” la date de son contrôle.Mme Borne a assuré qu’elle prendrait “les mesures qui s’imposent” en fonction des conclusions de cette inspection, confirmant un renforcement des contrôles des établissements privés sous contrat, dont la Cour des comptes avait dénoncé l’insuffisance en 2023.Un décret va les contraindre, comme dans le public, à des remontées d’informations systématiques sur les faits de violences, et “60 inspecteurs supplémentaires” seront engagés dans les deux prochaines années pour contrôler 40% de ces établissements qui scolarisent environ deux millions d’élèves.”Il faut qu’on se donne tous les moyens de recueillir la parole des élèves”, a parallèlement souligné Mme Borne. Des questionnaires seront mis en place pour les élèves internes et/ou participant à des voyages scolaires, des situations où ils sont “particulièrement vulnérables”.- Plus de 150 plaintes -La précédente – et unique – visite d’un inspecteur dans l’établissement, rebaptisé Le Beau Rameau (“bèth arram” en béarnais) en 2009, remonte au printemps 1996. Une plainte, déposée par le père d’un adolescent au tympan crevé par la violente claque d’un surveillant laïc, avait alors attiré l’attention pour la première fois sur cette institution fondée en 1837.À l’époque, François Bayrou, ministre de l’Éducation, diligente une enquête administrative. Le rapport, établi rapidement, affirme que Notre-Dame-de-Bétharram “n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés”. Il “ne tient pas la route actuellement”, a regretté le mois dernier son auteur. “Cette inspection était bidon, artificielle, ils étaient avertis”, avait commenté dans la foulée le père du plaignant de 1996. Si l’inspecteur “avait fait son travail (…) le procureur aurait été saisi et on aurait évité tous les viols et violences perpétrés ensuite pendant une dizaine d’années”, avait déploré Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Bétharram.Le parquet de Pau a reçu depuis un an plus de 150 plaintes visant d’anciens religieux et personnels laïcs pour violences, agressions sexuelles et viols, quasi tous prescrits.Après trois gardes à vue, un ancien surveillant a été mis en examen et écroué le 21 février pour des faits commis au début des années 1990 puis en 2004.- Commissions d’enquête -La congrégation des pères de Bétharram, qui a longtemps dirigé l’établissement, a reconnu samedi pour la première fois le caractère “systémique” des violences commises et confié à un groupe de réflexion une commission d’enquête indépendante chargée d’apporter “réparation” à toutes les victimes.L’affaire a engendré une vague de dénonciations similaires à l’encontre d’autres institutions catholiques dans les Hautes-Pyrénées, les Landes, en Haute-Vienne ou dans le Finistère.Une commission d’enquête parlementaire a également été créée sur les violences en milieu scolaire et les modalités du contrôle des établissements par l’État.Elle prévoit d’auditionner Élisabeth Borne et François Bayrou, qui a déclaré dimanche qu’il répondrait aux questions “s’il a une convocation officielle”, tout en répétant se sentir victime d’une “manœuvre de déstabilisation”.Les corapporteurs de cette commission, Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance), tiendront un point-presse à 19h00 à Pau.
