Bétharram: la fille de Bayrou confirme qu’il a rencontré un juge en 1998

La fille de François Bayrou a confirmé que son père avait bien rencontré, en 1998, le juge chargé d’enquêter sur un viol à Bétharram pour évoquer l’affaire, un épisode que le Premier ministre a d’abord nié avant de changer de version.”Il ne s’en souvient pas, je pense, mais je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande, on est là tout seuls tous les deux et il me dit +ne le répète surtout pas, j’ai juré d’être dans le secret de l’instruction+”, a déclaré Hélène Perlant lors d’une émission de Mediapart.Interrogé l’an dernier dans la presse sur cet épisode, rapporté par l’ex-juge Christian Mirande, François Bayrou l’avait d’abord nié.Mais depuis qu’il a été mis sous pression politique dans cette affaire, il a changé de version, évoquant une rencontre fortuite avec le magistrat, domicilié comme lui à Bordères près de Pau, alors qu’il enquêtait en 1998 sur un viol impliquant un religieux de Bétharram, le père Carricart.”C’est mon voisin depuis cinquante ans dans mon village. Il s’agit d’une amitié de longue date, avant même qu’il ne soit magistrat. Est-ce que nous avons pu parler de cette affaire ? Sans doute, oui”, déclarait ainsi M. Bayrou le 18 février à l’Assemblée nationale.”Nous avons pu parler de l’ambiance, de l’établissement (Notre-Dame-de-Bétharram, NDLR), jamais du dossier”, avait-il ajouté.Selon l’entourage du Premier ministre, les déclarations de sa fille ne changent rien à cette position.- “Voisins” -“Comme le juge Christian Mirande et François Bayrou l’ont déjà dit à plusieurs reprises, ils se sont en effet rencontrés à cette époque, puisqu’ils sont voisins”, a déclaré vendredi un proche de ce dernier à l’AFP.D’après Hélène Perlant, qui avait 26 ans à l’époque, elle et son père ont parlé, ce soir-là, des accusations visant le père Carricart, un ancien directeur de l’établissement scolaire catholique du Béarn, qui venait d’être mis en examen pour viol et placé en détention provisoire.”Est-ce que tu crois possible ça ?”, lui a-t-il demandé. “On est resté là. Je lui ai dit +écoute…+. Et il m’a dit: +il est en prison, qu’il y reste+”, a-t-elle relaté devant la caméra de Mediapart.”La presse locale s’était fait l’écho de cette incarcération”, commente l’entourage du chef du gouvernement, “il est donc logique” que François Bayrou et le juge Mirande “aient parlé de cette affaire” à l’époque.Quant aux propos tenus au sujet du père Carricart d’après Hélène Perlant, ils “montrent, pour ceux qui en auraient douté, que François Bayrou n’a eu aucune complaisance” vis-à-vis du religieux, “comme certains se prêtent à vouloir le faire croire”, souligne la même source.- Secret de l’instruction -Pour le député Paul Vannier (La France insoumise), co-rapporteur de la commission d’enquête parlementaire née du scandale, ces déclarations “contredisent”, au contraire, “les propos du Premier ministre”.”Il était bien informé des violences sexuelles à Bétharram dès 1998 et est intervenu dans une procédure judiciaire en cours, en violation du secret de l’instruction”, a-t-il jugé vendredi auprès de l’AFP.Selon l’entourage de François Bayrou, la précision apportée par sa fille sur la période de la rencontre avec le juge, postérieure à la mise en cause du père Carricart, montre plutôt qu’il “n’y a pas eu d’intervention” de sa part dans l’affaire, “ni de violation du secret de l’instruction puisque l’affaire était publique”.Le chef du gouvernement doit être entendu le 14 mai, sous serment, par la commission d’enquête parlementaire devant laquelle l’ex-juge Mirande a déjà témoigné le 10 avril, de même qu’un ancien gendarme chargé de l’enquête sur le viol en 1998.Ce dernier témoin affirme que le juge Mirande lui avait parlé, à l’époque, d’une “intervention” de François Bayrou auprès du procureur général de Pau dans le dossier Carricart. Le Premier ministre a démenti à plusieurs reprises.Hélène Perlant, née Bayrou, a été scolarisée au lycée à Bétharram. Dans un livre consacré à l’affaire paru jeudi, elle a révélé son passage à tabac, lors d’une colonie de vacances, par un curé qui organisait celle-ci et officiait par ailleurs au collège de filles d’Igon, géré par une congrégation religieuse historiquement et étroitement liée à celle des pères de Bétharram. mer-leo-bpa-ppy/jed/hdz