Avec ses drones de nuit, la SNCF se muscle face aux vols de cuivre et de métaux

Nuit noire dans un champ agricole du Loiret: un drone d’observation vient d’être catapulté de sa rampe de lancement et survole une voie ferrée dans l’obscurité. Lasse du chaos généré par les incessants vols de câbles qui courent le long de ses 28.000 kilomètres de voies ferrées, la SNCF est passée à l’action: les voleurs sont sous étroite surveillance.Jeudi, un exercice de démonstration était organisé pour la presse à Artenay, dans le Loiret. En pleine nuit, car les gangs attendent la plupart du temps l’obscurité pour couper et tirer des kilomètres de fils de cuivre. Leur revente dans des réseaux organisés est très lucrative, car le cours de “l’or rouge” flirte de nouveau avec les 10.000 euros la tonne.Sous son ventre, le drone, fabriqué par la start-up toulousaine Delair, emporte deux caméras, dont une à infrarouges, des yeux dans la nuit.La flotte SNCF, premier client de Delair – qui vend aussi ses drones à l’armée ukrainienne pour la surveillance de la ligne de front -, compte 200 appareils. – “Dissuader l’acte” -“Cela permet d’avoir de la donnée sur l’ensemble du réseau en permanence 24 heures sur 24 et sept jours sur sept”, explique Alexis Meneses, directeur de la stratégie d’Altametris, filiale de la SNCF qui gère les drones.Démarrés en 2017, ces vols de drone pour vérifier l’état des infrastructures ferroviaires s’élèvent aujourd’hui à près de 2.000 par an, dont 200 sont consacrés à la seule lutte contre les intrusions et actes de malveillance.Au sol, sur l’écran de contrôle, apparaissent soudain des “bipèdes” luminescents près des rails qui progressent vers une gare désaffectée.Derrière son écran, l’opérateur alerte la police ferroviaire de la SNCF. Un agent local est dépêché. La plupart du temps, il “lève le doute”: c’est un ouvrier en train de travailler sur la voie. Parfois, un voleur détale.Depuis septembre, quatre réseaux de voleurs de câbles ont été neutralisés, dont un en flagrant délit, précise Christophe Bouteille, directeur-adjoint de la sûreté (ex-SUGE) pour le groupe SNCF.”On cherche avant tout à dissuader l’acte quel qu’il soit”, ajoute Olivier Bancel, directeur général client-exploitation chez SNCF Réseau.- “Rassuré” – Les vols sont proportionnels à l’augmentation du cours du cuivre, souligne M. Bouteille. “Quand le cours du cuivre augmente, les vols de métaux augmentent”, relève-t-il, se disant “rassuré” de voir que les actes de malveillance ont ralenti ces quinze dernières années, à cours des métaux équivalents.La SNCF, qui recensait en 2010 quelque 3.350 vols de métaux pour un préjudice de 30 millions d’euros et plus de 5.800 heures de retard de ses trains, ne dévoile aujourd’hui plus aucun chiffre. Elle signale seulement qu’elle investit 100 millions d’euros par an pour surveiller ses voies ferrées, dont 20 millions sont consacrés aux seules opérations de sûreté. Caméras, capteurs et les bons vieux “renseignements humains” complètent la panoplie déployée pour décourager les intrus.D’autres souffrent de vols de métaux: le groupe télécoms Orange, le gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE, les chantiers de BTP, et même les agriculteurs. Au total, selon le ministère de l’Intérieur, quelque 2.100 vols de cuivre ont été comptabilisés en 2024 en zone gendarmerie (96% du territoire) et plus de 200 auteurs ont été interpellés entre janvier 2023 et octobre 2024.Jeudi, le lieu de l’exercice n’était pas choisi au hasard. La ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), qui subit depuis des années de multiples retards et aléas techniques, héberge le plus grand chantier de l’année lancé par la SNCF: 70 kilomètres de voies (rails, ballast et traverses) sont rénovés.Hors de question de prendre le risque que les rares trains qui circulent le matin et le soir entre Paris et Orléans, pendant la durée des travaux, soient annulés pour cause de vol de câbles.”Nous avons jugé nécessaire, explique M. Bancel, de surveiller le chantier de manière très intense avec des moyens technologiques pour pouvoir donner une garantie supplémentaire (aux passagers) que le chantier se déroulera bien et que les trains pourront passer.” 
Nuit noire dans un champ agricole du Loiret: un drone d’observation vient d’être catapulté de sa rampe de lancement et survole une voie ferrée dans l’obscurité. Lasse du chaos généré par les incessants vols de câbles qui courent le long de ses 28.000 kilomètres de voies ferrées, la SNCF est passée à l’action: les voleurs sont sous étroite surveillance.Jeudi, un exercice de démonstration était organisé pour la presse à Artenay, dans le Loiret. En pleine nuit, car les gangs attendent la plupart du temps l’obscurité pour couper et tirer des kilomètres de fils de cuivre. Leur revente dans des réseaux organisés est très lucrative, car le cours de “l’or rouge” flirte de nouveau avec les 10.000 euros la tonne.Sous son ventre, le drone, fabriqué par la start-up toulousaine Delair, emporte deux caméras, dont une à infrarouges, des yeux dans la nuit.La flotte SNCF, premier client de Delair – qui vend aussi ses drones à l’armée ukrainienne pour la surveillance de la ligne de front -, compte 200 appareils. – “Dissuader l’acte” -“Cela permet d’avoir de la donnée sur l’ensemble du réseau en permanence 24 heures sur 24 et sept jours sur sept”, explique Alexis Meneses, directeur de la stratégie d’Altametris, filiale de la SNCF qui gère les drones.Démarrés en 2017, ces vols de drone pour vérifier l’état des infrastructures ferroviaires s’élèvent aujourd’hui à près de 2.000 par an, dont 200 sont consacrés à la seule lutte contre les intrusions et actes de malveillance.Au sol, sur l’écran de contrôle, apparaissent soudain des “bipèdes” luminescents près des rails qui progressent vers une gare désaffectée.Derrière son écran, l’opérateur alerte la police ferroviaire de la SNCF. Un agent local est dépêché. La plupart du temps, il “lève le doute”: c’est un ouvrier en train de travailler sur la voie. Parfois, un voleur détale.Depuis septembre, quatre réseaux de voleurs de câbles ont été neutralisés, dont un en flagrant délit, précise Christophe Bouteille, directeur-adjoint de la sûreté (ex-SUGE) pour le groupe SNCF.”On cherche avant tout à dissuader l’acte quel qu’il soit”, ajoute Olivier Bancel, directeur général client-exploitation chez SNCF Réseau.- “Rassuré” – Les vols sont proportionnels à l’augmentation du cours du cuivre, souligne M. Bouteille. “Quand le cours du cuivre augmente, les vols de métaux augmentent”, relève-t-il, se disant “rassuré” de voir que les actes de malveillance ont ralenti ces quinze dernières années, à cours des métaux équivalents.La SNCF, qui recensait en 2010 quelque 3.350 vols de métaux pour un préjudice de 30 millions d’euros et plus de 5.800 heures de retard de ses trains, ne dévoile aujourd’hui plus aucun chiffre. Elle signale seulement qu’elle investit 100 millions d’euros par an pour surveiller ses voies ferrées, dont 20 millions sont consacrés aux seules opérations de sûreté. Caméras, capteurs et les bons vieux “renseignements humains” complètent la panoplie déployée pour décourager les intrus.D’autres souffrent de vols de métaux: le groupe télécoms Orange, le gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE, les chantiers de BTP, et même les agriculteurs. Au total, selon le ministère de l’Intérieur, quelque 2.100 vols de cuivre ont été comptabilisés en 2024 en zone gendarmerie (96% du territoire) et plus de 200 auteurs ont été interpellés entre janvier 2023 et octobre 2024.Jeudi, le lieu de l’exercice n’était pas choisi au hasard. La ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), qui subit depuis des années de multiples retards et aléas techniques, héberge le plus grand chantier de l’année lancé par la SNCF: 70 kilomètres de voies (rails, ballast et traverses) sont rénovés.Hors de question de prendre le risque que les rares trains qui circulent le matin et le soir entre Paris et Orléans, pendant la durée des travaux, soient annulés pour cause de vol de câbles.”Nous avons jugé nécessaire, explique M. Bancel, de surveiller le chantier de manière très intense avec des moyens technologiques pour pouvoir donner une garantie supplémentaire (aux passagers) que le chantier se déroulera bien et que les trains pourront passer.”