Mobilisation agricole: suspense autour d’une possible trêve pour Noël

Les appels à une “trêve de Noël” se multiplient après l’annonce du report de l’accord UE-Mercosur et les syndicats agricoles, reçus vendredi à Matignon, sont partagés sur la suite des blocages pour protester contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine.La Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, habituée des actions coup de poing et fer de lance de la contestation avec la Confédération paysanne dans le Sud-Ouest, a appelé à sa sortie de Matignon à la “bienveillance” pendant les fêtes, sans pour autant demander la levée des barrages, laissant la main à ses sections départementales.”La population est derrière nous, on ne peut pas se la mettre à dos”, a rappelé Bertrand Venteau, président de la CR, qui demande aux agriculteurs mobilisés “d’aller se reposer” au moins quelques jours.M. Venteau a noté “une pointe d’espoir de trouver une solution avec le Premier ministre” début janvier pour arrêter “l’abattage total des troupeaux” infectés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), déclencheur de la colère agricole il y a une dizaine de jours. La Confédération paysanne, troisième force syndicale, a aussi vu des “ouvertures”, selon son porte-parole Stéphane Galais, mais a dit ne “pas pouvoir appeler à lever les blocages” sans engagement sur l’arrêt de l’abattage total.Cette stratégie sanitaire fait débat. Une cellule de dialogue entre éleveurs et scientifiques a été mise en place à la demande du gouvernement.L’exécutif “ne tolérera plus de nouveaux blocages” pendant les fêtes, avait affirmé plus tôt en matinée la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. En milieu d’après-midi, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez comptait 93 actions, réunissant un peu moins de 4.000 personnes et 900 engins agricoles. “La priorité, pour nous, c’est vraiment d’éviter les nouveaux blocages d’axes structurants”, a insisté le ministre auprès de journalistes dont l’AFP. “On a beaucoup de nos compatriotes qui vont partir en congés: c’est le premier week-end des vacances de Noël et j’en appelle à la responsabilité des uns et des autres”, a-t-il déclaré.”Par solidarité à l’égard des petits commerçants, des salariés des petites entreprises, il faut que Noël puisse se faire”, a pour sa part plaidé la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, qui s’est rendue dans l’après-midi dans une exploitation des Yvelines, à Gambais, pour y rencontrer des agriculteurs.- “Courrier” de Matignon -A sa sortie de Matignon, Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole, la FNSEA, a également appelé à une “trêve”, conditionnée à un “courrier” promis “d’ici ce (vendredi) soir” avec “l’ensemble des intentions” du Premier ministre.Un nouveau rendez-vous est prévu autour du 8 janvier pour un travail sur “sa vision” et pour obtenir des “réponses d’ici au Salon de l’agriculture” sur la “crise viticole”, la “production” (donc l’accès aux pesticides et à l’eau), mais aussi les engrais dont le coût pourrait gonfler avec la taxe carbone européenne, a détaillé M. Rousseau.A leur sortie de Matignon, les Jeunes Agriculteurs (JA), alliés de la FNSEA, ont rejoint l’appel à la trêve. “A la rentrée on va se revoir (…) parce que le compte n’y est pas”, a toutefois averti leur président Pierrick Horel.L’enjeu sera de voir si cet appel tient sur le terrain puisque la puissante alliance FNSEA-JA, qui a perdu du terrain aux dernières élections syndicales agricoles dans le Sud-Ouest, n’est pas à la barre des principaux blocages dans cette région.CR et Confédération paysanne ont amplifié leurs blocages ces derniers jours, rejoints localement par des JA et parfois des adhérents de la FNSEA.- Et sur le terrain ? -Des barrages d’agriculteurs ont été levés vendredi dans le Sud-Ouest, mais plusieurs blocages subsistaient dans l’après-midi sur des axes routiers et autoroutiers.A Agen, la CR du Lot-et-Garonne a appelé, lors d’un rassemblement de 300 personnes, ses troupes à se reposer pour repartir en janvier, en menaçant de bloquer Paris avec 1.000 tracteurs.Des rassemblements ont aussi lieu plus au nord, au Touquet (Pas-de-Calais) ou à Alençon (Orne), pour rappeler que la dermatose n’est pas la seule crise à laquelle les agriculteurs font face.Le président de la FDSEA de l’Oise, Régis Desrumaux, a assuré que des “opérations coups de poing” auraient lieu pendant les fêtes pour “maintenir la pression” sur le gouvernement, tout en affirmant qu’elles “n’embêteront pas les gens qui partent en vacances”.”Nous manifestons contre l’accord Mercosur, la baisse de la politique agricole commune européenne, la taxe sur les engrais, la concurrence déloyale”, a expliqué Benoît Hédin, vice-président de la FDSEA du territoire de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais), au lendemain d’une manifestation de quelque 10.000 agriculteurs européens à Bruxelles contre l’accord entre l’UE et des pays du Mercosur.La Commission européenne semblait déterminée à arracher d’ici vendredi un feu vert des Vingt-Sept à cet accord, mais le soutien de l’Italie à la France, opposée à la signature, a finalement conduit jeudi soir la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à la reporter à janvier. Nouveau rendez-vous pour la mobilisation des agriculteurs français.bur-mdz-chd-js-mk-mca/bfa/er
Les appels à une “trêve de Noël” se multiplient après l’annonce du report de l’accord UE-Mercosur et les syndicats agricoles, reçus vendredi à Matignon, sont partagés sur la suite des blocages pour protester contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine.La Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, habituée des actions coup de poing et fer de lance de la contestation avec la Confédération paysanne dans le Sud-Ouest, a appelé à sa sortie de Matignon à la “bienveillance” pendant les fêtes, sans pour autant demander la levée des barrages, laissant la main à ses sections départementales.”La population est derrière nous, on ne peut pas se la mettre à dos”, a rappelé Bertrand Venteau, président de la CR, qui demande aux agriculteurs mobilisés “d’aller se reposer” au moins quelques jours.M. Venteau a noté “une pointe d’espoir de trouver une solution avec le Premier ministre” début janvier pour arrêter “l’abattage total des troupeaux” infectés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), déclencheur de la colère agricole il y a une dizaine de jours. La Confédération paysanne, troisième force syndicale, a aussi vu des “ouvertures”, selon son porte-parole Stéphane Galais, mais a dit ne “pas pouvoir appeler à lever les blocages” sans engagement sur l’arrêt de l’abattage total.Cette stratégie sanitaire fait débat. Une cellule de dialogue entre éleveurs et scientifiques a été mise en place à la demande du gouvernement.L’exécutif “ne tolérera plus de nouveaux blocages” pendant les fêtes, avait affirmé plus tôt en matinée la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. En milieu d’après-midi, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez comptait 93 actions, réunissant un peu moins de 4.000 personnes et 900 engins agricoles. “La priorité, pour nous, c’est vraiment d’éviter les nouveaux blocages d’axes structurants”, a insisté le ministre auprès de journalistes dont l’AFP. “On a beaucoup de nos compatriotes qui vont partir en congés: c’est le premier week-end des vacances de Noël et j’en appelle à la responsabilité des uns et des autres”, a-t-il déclaré.”Par solidarité à l’égard des petits commerçants, des salariés des petites entreprises, il faut que Noël puisse se faire”, a pour sa part plaidé la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, qui s’est rendue dans l’après-midi dans une exploitation des Yvelines, à Gambais, pour y rencontrer des agriculteurs.- “Courrier” de Matignon -A sa sortie de Matignon, Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole, la FNSEA, a également appelé à une “trêve”, conditionnée à un “courrier” promis “d’ici ce (vendredi) soir” avec “l’ensemble des intentions” du Premier ministre.Un nouveau rendez-vous est prévu autour du 8 janvier pour un travail sur “sa vision” et pour obtenir des “réponses d’ici au Salon de l’agriculture” sur la “crise viticole”, la “production” (donc l’accès aux pesticides et à l’eau), mais aussi les engrais dont le coût pourrait gonfler avec la taxe carbone européenne, a détaillé M. Rousseau.A leur sortie de Matignon, les Jeunes Agriculteurs (JA), alliés de la FNSEA, ont rejoint l’appel à la trêve. “A la rentrée on va se revoir (…) parce que le compte n’y est pas”, a toutefois averti leur président Pierrick Horel.L’enjeu sera de voir si cet appel tient sur le terrain puisque la puissante alliance FNSEA-JA, qui a perdu du terrain aux dernières élections syndicales agricoles dans le Sud-Ouest, n’est pas à la barre des principaux blocages dans cette région.CR et Confédération paysanne ont amplifié leurs blocages ces derniers jours, rejoints localement par des JA et parfois des adhérents de la FNSEA.- Et sur le terrain ? -Des barrages d’agriculteurs ont été levés vendredi dans le Sud-Ouest, mais plusieurs blocages subsistaient dans l’après-midi sur des axes routiers et autoroutiers.A Agen, la CR du Lot-et-Garonne a appelé, lors d’un rassemblement de 300 personnes, ses troupes à se reposer pour repartir en janvier, en menaçant de bloquer Paris avec 1.000 tracteurs.Des rassemblements ont aussi lieu plus au nord, au Touquet (Pas-de-Calais) ou à Alençon (Orne), pour rappeler que la dermatose n’est pas la seule crise à laquelle les agriculteurs font face.Le président de la FDSEA de l’Oise, Régis Desrumaux, a assuré que des “opérations coups de poing” auraient lieu pendant les fêtes pour “maintenir la pression” sur le gouvernement, tout en affirmant qu’elles “n’embêteront pas les gens qui partent en vacances”.”Nous manifestons contre l’accord Mercosur, la baisse de la politique agricole commune européenne, la taxe sur les engrais, la concurrence déloyale”, a expliqué Benoît Hédin, vice-président de la FDSEA du territoire de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais), au lendemain d’une manifestation de quelque 10.000 agriculteurs européens à Bruxelles contre l’accord entre l’UE et des pays du Mercosur.La Commission européenne semblait déterminée à arracher d’ici vendredi un feu vert des Vingt-Sept à cet accord, mais le soutien de l’Italie à la France, opposée à la signature, a finalement conduit jeudi soir la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à la reporter à janvier. Nouveau rendez-vous pour la mobilisation des agriculteurs français.bur-mdz-chd-js-mk-mca/bfa/er