Pesticides, inondations, sécheresses: comment préserver l’eau potable, altérée par des pratiques agricoles et industrielles, et atténuer les effets du changement climatique? Trois ans de discussion n’ont pas permis de dégager un compromis pour des mesures concernant six départements de l’Ouest.Elus, représentants des mondes agricole, industriel, associatif devaient se retrouver jeudi à Châteaubourg (Ille-et-Vilaine) pour la révision du Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE) du bassin versant du fleuve Vilaine. Ce texte vise à améliorer la qualité des masses d’eau, aujourd’hui très mauvaise, sur ce territoire qui englobe six départements de la Mayenne au Morbihan, avec 1,3 million d’habitants.Après une quinzaine de réunions, une enquête et une consultation publiques, cette réunion de la Commission locale de l’eau (CLE) devait être la dernière. Elle a été annulée en dernière minute.Cette décision a été prise car l’accès à la salle était bloqué, a expliqué à l’AFP le président de la CLE, Michel Demolder. Un tracteur et une balle de paille en interdisaient l’accès. “Des organisations syndicales n’acceptent pas le débat démocratique”, a-t-il regretté.Une règle cristallise les tensions, dans un territoire très agricole: l’interdiction d’herbicides pour maïs dans des parcelles sensibles à l’érosion, situées dans une poignée d’aires de captage en eau potable. Il s’agirait d’une première en France.Le but: éviter qu’en cas de pluie, ces polluants se retrouvent dans l’eau. Des dérogations restent possibles en cas d’impasses techniques ou climatiques et une aide financière est prévue pour passer au désherbage mécanique.Cela concernerait 2,5% de la surface du SAGE Vilaine, selon M. Demolder.Le vote final pour la révision du SAGE Vilaine, prévu jeudi, a été repoussé au 16 janvier. La réunion de la CLE aura lieu “sous une forme ou une autre”, pour une adoption avant les élections municipales, a indiqué M. Demolder.- “Coup de force” -Premier syndicat agricole, l’alliance FNSEA-JA, opposée au texte, était venue en force à Châteaubourg, avec environ 200 tracteurs, 700 agriculteurs, des canons effaroucheurs, avant de se rendre à Rennes devant la préfecture où ils ont déversé du fumier et du foin, de même que devant le siège de Rennes métropole.”Je condamne très fermement les dégradations commises à Rennes par des syndicalistes agricoles”, a réagi par communiqué la maire de Rennes Nathalie Appéré (PS). Ce comportement “inacceptable” entraînera le dépôt d’une plainte, a-t-elle précisé. La préfecture d’Ille-et-Vilaine a signalé peu avant 20H00 la fin de la manifestation. Selon elle, 360 manifestants étaient présents à Rennes.La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, aussi contre le texte, a manifesté à part, à Châteaubourg, avec un effectif beaucoup plus réduit d’une trentaine de personnes.Les partisans du SAGE Vilaine, la Confédération agricole, AgroBio35 et des associations, étaient une centaine, selon les forces de l’ordre.La dernière version de la règle générant les tensions, pourtant amendée par les chambres d’agriculture, ne passe pas auprès de la FNSEA-JA.Marie-Ève Taillecours, de la Confédération paysanne, défend au contraire la révision du SAGE Vilaine. Elle juge “consternante” l’annulation de la réunion de la CLE par “un coup de force, en montrant les gros bras”. L’association Eau et Rivières dénonce de son côté “la pression d’acteurs qui veulent ignorer les impacts sanitaires” et “refusent le dialogue”.”C’est un problème de santé publique”, martèle Pascal Hervé, vice-président de Rennes métropole. Mais aussi environnemental et économique, avec des entreprises agro-industrielles très consommatrices d’eau. En jeu, l’explosion prévue des coûts de dépollution de l’eau dans les années à venir, aujourd’hui payés par les consommateurs. S’il est possible de rajouter des traitements pour potabiliser l’eau, “il serait suicidaire de les considérer comme une solution définitive, en raison de risques d’impasses technologiques et économiques”, alerte Régis Taisne, de la FNCCR, une fédération de collectivités.Ces dernières demandent notamment “une réelle application du principe pollueur-payeur”, poursuit-il, pour éviter que les hausses de facture retombent uniquement sur les consommateurs.”On voit qu’il y a une très forte opposition de la profession agricole contre un certain nombre de mesures qui sont présentées”, a admis auprès de l’AFPTV le préfet de Bretagne Franck Robine, qui s’est dit par ailleurs “optimiste” pour trouver, avec le temps, une forme d’équilibre.
Pesticides, inondations, sécheresses: comment préserver l’eau potable, altérée par des pratiques agricoles et industrielles, et atténuer les effets du changement climatique? Trois ans de discussion n’ont pas permis de dégager un compromis pour des mesures concernant six départements de l’Ouest.Elus, représentants des mondes agricole, industriel, associatif devaient se retrouver jeudi à Châteaubourg (Ille-et-Vilaine) pour la révision du Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE) du bassin versant du fleuve Vilaine. Ce texte vise à améliorer la qualité des masses d’eau, aujourd’hui très mauvaise, sur ce territoire qui englobe six départements de la Mayenne au Morbihan, avec 1,3 million d’habitants.Après une quinzaine de réunions, une enquête et une consultation publiques, cette réunion de la Commission locale de l’eau (CLE) devait être la dernière. Elle a été annulée en dernière minute.Cette décision a été prise car l’accès à la salle était bloqué, a expliqué à l’AFP le président de la CLE, Michel Demolder. Un tracteur et une balle de paille en interdisaient l’accès. “Des organisations syndicales n’acceptent pas le débat démocratique”, a-t-il regretté.Une règle cristallise les tensions, dans un territoire très agricole: l’interdiction d’herbicides pour maïs dans des parcelles sensibles à l’érosion, situées dans une poignée d’aires de captage en eau potable. Il s’agirait d’une première en France.Le but: éviter qu’en cas de pluie, ces polluants se retrouvent dans l’eau. Des dérogations restent possibles en cas d’impasses techniques ou climatiques et une aide financière est prévue pour passer au désherbage mécanique.Cela concernerait 2,5% de la surface du SAGE Vilaine, selon M. Demolder.Le vote final pour la révision du SAGE Vilaine, prévu jeudi, a été repoussé au 16 janvier. La réunion de la CLE aura lieu “sous une forme ou une autre”, pour une adoption avant les élections municipales, a indiqué M. Demolder.- “Coup de force” -Premier syndicat agricole, l’alliance FNSEA-JA, opposée au texte, était venue en force à Châteaubourg, avec environ 200 tracteurs, 700 agriculteurs, des canons effaroucheurs, avant de se rendre à Rennes devant la préfecture où ils ont déversé du fumier et du foin, de même que devant le siège de Rennes métropole.”Je condamne très fermement les dégradations commises à Rennes par des syndicalistes agricoles”, a réagi par communiqué la maire de Rennes Nathalie Appéré (PS). Ce comportement “inacceptable” entraînera le dépôt d’une plainte, a-t-elle précisé. La préfecture d’Ille-et-Vilaine a signalé peu avant 20H00 la fin de la manifestation. Selon elle, 360 manifestants étaient présents à Rennes.La Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, aussi contre le texte, a manifesté à part, à Châteaubourg, avec un effectif beaucoup plus réduit d’une trentaine de personnes.Les partisans du SAGE Vilaine, la Confédération agricole, AgroBio35 et des associations, étaient une centaine, selon les forces de l’ordre.La dernière version de la règle générant les tensions, pourtant amendée par les chambres d’agriculture, ne passe pas auprès de la FNSEA-JA.Marie-Ève Taillecours, de la Confédération paysanne, défend au contraire la révision du SAGE Vilaine. Elle juge “consternante” l’annulation de la réunion de la CLE par “un coup de force, en montrant les gros bras”. L’association Eau et Rivières dénonce de son côté “la pression d’acteurs qui veulent ignorer les impacts sanitaires” et “refusent le dialogue”.”C’est un problème de santé publique”, martèle Pascal Hervé, vice-président de Rennes métropole. Mais aussi environnemental et économique, avec des entreprises agro-industrielles très consommatrices d’eau. En jeu, l’explosion prévue des coûts de dépollution de l’eau dans les années à venir, aujourd’hui payés par les consommateurs. S’il est possible de rajouter des traitements pour potabiliser l’eau, “il serait suicidaire de les considérer comme une solution définitive, en raison de risques d’impasses technologiques et économiques”, alerte Régis Taisne, de la FNCCR, une fédération de collectivités.Ces dernières demandent notamment “une réelle application du principe pollueur-payeur”, poursuit-il, pour éviter que les hausses de facture retombent uniquement sur les consommateurs.”On voit qu’il y a une très forte opposition de la profession agricole contre un certain nombre de mesures qui sont présentées”, a admis auprès de l’AFPTV le préfet de Bretagne Franck Robine, qui s’est dit par ailleurs “optimiste” pour trouver, avec le temps, une forme d’équilibre.
