L’Eurovision se penche sur la participation d’Israël après des appels au boycott

La question sensible de la participation d’Israël au célèbre Concours Eurovision de la Chanson est au coeur d’une réunion de deux jours des membres de l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER) qui s’ouvre jeudi à Genève, après les appels au boycott de plusieurs pays en raison notamment de la situation à Gaza.Cette réunion des diffuseurs membres de l’UER se tient à huis clos au siège de l’organisation, qui a été, pour l’occasion, barricadé et placé sous surveillance, ont constaté des journalistes de l’AFP. L’UER n’a d’ailleurs laissé filtré aucun détail sur le déroulé de cette assemblée générale.Le président de la télévision publique espagnole RTVE, José Pablo López, qui a appelé à l’exclusion d’Israël, n’a pas mâché ses mots jeudi.”La direction de l’UER et l’Eurovision vont aujourd’hui soumettre l’organisation à la plus grande tension interne de son histoire. On n’aurait jamais dû en arriver là”, a-t-il dénoncé sur X. “Les sanctions contre Israël pour ses manquements répétés à l’Eurovision auraient dû être adoptées au niveau exécutif et non en transférant le conflit à l’Assemblée”, a-t-il ajouté.L’Espagne, mais aussi l’Irlande, la Slovénie, l’Islande et les Pays-Bas, ont menacé ces derniers mois de ne pas envoyer de représentant au concours à Vienne en mai prochain si Israël était autorisé à participer. D’autres pays, comme la Belgique, la Suède et la Finlande, ont également indiqué y songer.Les organisateurs du télé-crochet le plus suivi au monde avaient prévu de faire voter les membres de l’UER sur ce sujet en novembre. Mais quelques jours après l’annonce de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, l’UER avait finalement annoncé, le 13 octobre, qu’elle reportait la discussion à son assemblée générale ordinaire.- Compromis -Depuis, l’UER a annoncé, le 21 novembre, avoir modifié ses règles de vote pour le concours et vouloir renforcer ses efforts pour “détecter et prévenir toute activité de vote frauduleuse ou coordonnée”, alors que le soutien public massif attribué aux candidats israéliens ces dernières années avait suscité la controverse.Le concours prévoit que tous les habitants des dizaines de pays participants au concours peuvent voter, par téléphone, SMS ou en ligne. Dans chaque pays, un jury de professionnels vote également. Ces deux votes ont le même poids, mais il n’est pas possible de voter pour son propre pays.Avec les nouvelles règles, le nombre maximal de voix par mode de paiement “passera de 20 à 10″. Et les jurys de professionnels, dont les votes comptent pour moitié dans la finale et sont composés d’experts de la musique, feront leur retour dans les demi-finales, une première depuis 2022.”L’objectif est de discuter et de voter sur ces modifications lors de l’assemblée générale de l’UER plus tard dans la journée”, a indiqué jeudi la chaîne de télévision publique finlandaise Yle, indiquant qu’elle prendrait sa décision de participer à l’Eurovision “en fonction du résultat de la discussion et du vote”.Le groupe audiovisuel public autrichien ORF a dit espérer qu’un compromis serait trouvé.  Mais plusieurs diffuseurs ont récemment indiqué que les mesures prises par l’UER n’étaient pas suffisantes.- “Fins politiques” -Ainsi, la chaine de télévision islandaise RUV a décidé la semaine dernière qu’elle allait demander l’exclusion d’Israël, avant de se prononcer sur sa propre participation au concours.La télévision publique espagnole RTVE a elle réaffirmé son intention de boycotter le concours si Israël y participe. “Israël a utilisé le concours à des fins politiques” et “a tenté d’influencer le résultat”, a récemment déclaré José Pablo López.La chaîne publique slovène RTVSLO ne prévoit pas non plus, en l’état, de concourir. Mais “si un vote a lieu lors de l’assemblée générale” et qu’Israël est exclu, “alors nous proposerons (…) de participer”, a déclaré la directrice de RTVSLO, Natasa Gorscak.Cette année, la chanteuse israélienne Yuval Raphael, survivante de l’attaque du 7 octobre 2023, était arrivée deuxième au concours, portée par le vote du public. Plusieurs diffuseurs du concours avaient demandé que la lumière soit faite sur le détail des votes.En 2024 aussi, les jurys nationaux avaient largement snobé Israël. Mais le vote du public avait donné un spectaculaire coup de pouce à la candidate israélienne, Eden Golan, la catapultant à la cinquième place.L’Eurovision est régulièrement le théâtre d’oppositions géopolitiques. La Russie a été exclue à la suite de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Le Bélarus l’avait été un an plus tôt après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko.burx-apo/ag/thm