Des passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche en 2023

Neuf hommes soupçonnés de former un réseau de passeurs à l’origine d’un naufrage qui avait causé la mort de sept migrants en 2023 dans la Manche sont jugés à partir de mardi à Paris, un procès qui doit permettre de disséquer les rouages de ces filières clandestines.Dans ce dossier aux ramifications internationales, deux Irakiens, six Afghans, ainsi qu’un Soudanais — soupçonné d’avoir piloté le bateau transportant 65 victimes vers le Royaume-Uni — sont renvoyés devant le tribunal correctionnel notamment pour homicide involontaire. Parmi les prévenus âgés entre 23 et 45 ans, dont deux font l’objet d’un mandat d’arrêt, plusieurs sont également poursuivis pour mise en danger d’autrui, aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers ainsi qu’association de malfaiteurs.Un dixième homme, soudanais, mineur au moment du drame, est renvoyé devant un tribunal pour enfants.L’enquête sur ce naufrage, l’un des plus meurtriers survenu depuis l’explosion en 2018 des traversées clandestines de la Manche, a mis au jour “un système organisé et structuré sur les territoires français et allemand proposant à des migrants en situation irrégulière de tenter de se rendre en Angleterre”, ont écrit dans leur ordonnance de renvoi les deux juges chargées de l’instruction, Valérie Culioli et Sophie Aleksic.Les faits remontent à la nuit du 11 au 12 août 2023, lorsqu’un “small boat” surchargé, un bateau non rigide de sept mètres renforcé par une planche de bois, est mis à l’eau vers 02H00 sur une plage du Nord, près de Calais.En haute mer, une avarie de moteur survient vers 4H00, un boudin se déchire, l’embarcation de fortune se recroqueville et éjecte les passagers dépourvus de gilets de sauvetage, tous afghans, ainsi que les deux Soudanais, pilotes présumés: six corps sont repêchés, un autre sera retrouvé plus tard sur une plage des Pays-Bas, tandis que les autres naufragés survivants sont pris en charge par les secours maritimes français et britanniques.- Un réseau, deux filières -Le procès, qui devra déterminer les degrés de responsabilité individuelle des prévenus, interrogera également les mécanismes des réseaux de passeurs à l’œuvre derrière les traversées périlleuses qui sont au cœur de tensions régulières entre la France et le Royaume-Uni.A la faveur d’une coopération avec plusieurs pays européens, les enquêteurs ont découvert un réseau “dirigé par la communauté irako-kurde” avec deux branches: la première, avec l’Allemagne pour base arrière, s’occupait de l’aspect logistique, tandis qu’une “filière afghane” était chargée du recrutement des “candidats au passage”, selon l’ordonnance de renvoi.Des organisations qui “reposent sur un modèle extrêmement flexible, fonctionnant sur la base de réseaux sociaux, familiaux et claniques” qui vont jusqu’à “l’exercice de violences y compris avec arme et de menaces” pour faire prospérer une “activité de trafic s’avérant particulièrement lucrative”, selon le document.D’après les auditions des rescapés, le passage vers l’Angleterre leur était facturé entre 1.300 et 1.500 euros par personne.Quant aux deux pilotes présumés — qui nient avoir tenu ce rôle —, deux Soudanais qui avaient eux-mêmes débarqué quelques semaines plus tôt clandestinement sur l’île italienne de Lampedusa avant de rallier Calais, “leur rôle au sein de l’organisation de la filière d’immigration illégale doit être distingué du rôle central des passeurs”, ont estimé les magistrats.Fin juin, dans un dossier similaire, neuf passeurs, afghans pour la plupart, ont été condamnés à Lille à sept et huit ans d’emprisonnement pour un naufrage dans la Manche qui avait coûté la vie à huit candidats à l’exil en décembre 2022.Le drame le plus meurtrier connu à ce jour sur cette route migratoire, survenu en novembre 2021 avec 27 morts, n’a pas encore fait l’objet d’un procès.Celui qui s’ouvre mardi doit durer jusqu’au 18 novembre.
Neuf hommes soupçonnés de former un réseau de passeurs à l’origine d’un naufrage qui avait causé la mort de sept migrants en 2023 dans la Manche sont jugés à partir de mardi à Paris, un procès qui doit permettre de disséquer les rouages de ces filières clandestines.Dans ce dossier aux ramifications internationales, deux Irakiens, six Afghans, ainsi qu’un Soudanais — soupçonné d’avoir piloté le bateau transportant 65 victimes vers le Royaume-Uni — sont renvoyés devant le tribunal correctionnel notamment pour homicide involontaire. Parmi les prévenus âgés entre 23 et 45 ans, dont deux font l’objet d’un mandat d’arrêt, plusieurs sont également poursuivis pour mise en danger d’autrui, aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers ainsi qu’association de malfaiteurs.Un dixième homme, soudanais, mineur au moment du drame, est renvoyé devant un tribunal pour enfants.L’enquête sur ce naufrage, l’un des plus meurtriers survenu depuis l’explosion en 2018 des traversées clandestines de la Manche, a mis au jour “un système organisé et structuré sur les territoires français et allemand proposant à des migrants en situation irrégulière de tenter de se rendre en Angleterre”, ont écrit dans leur ordonnance de renvoi les deux juges chargées de l’instruction, Valérie Culioli et Sophie Aleksic.Les faits remontent à la nuit du 11 au 12 août 2023, lorsqu’un “small boat” surchargé, un bateau non rigide de sept mètres renforcé par une planche de bois, est mis à l’eau vers 02H00 sur une plage du Nord, près de Calais.En haute mer, une avarie de moteur survient vers 4H00, un boudin se déchire, l’embarcation de fortune se recroqueville et éjecte les passagers dépourvus de gilets de sauvetage, tous afghans, ainsi que les deux Soudanais, pilotes présumés: six corps sont repêchés, un autre sera retrouvé plus tard sur une plage des Pays-Bas, tandis que les autres naufragés survivants sont pris en charge par les secours maritimes français et britanniques.- Un réseau, deux filières -Le procès, qui devra déterminer les degrés de responsabilité individuelle des prévenus, interrogera également les mécanismes des réseaux de passeurs à l’œuvre derrière les traversées périlleuses qui sont au cœur de tensions régulières entre la France et le Royaume-Uni.A la faveur d’une coopération avec plusieurs pays européens, les enquêteurs ont découvert un réseau “dirigé par la communauté irako-kurde” avec deux branches: la première, avec l’Allemagne pour base arrière, s’occupait de l’aspect logistique, tandis qu’une “filière afghane” était chargée du recrutement des “candidats au passage”, selon l’ordonnance de renvoi.Des organisations qui “reposent sur un modèle extrêmement flexible, fonctionnant sur la base de réseaux sociaux, familiaux et claniques” qui vont jusqu’à “l’exercice de violences y compris avec arme et de menaces” pour faire prospérer une “activité de trafic s’avérant particulièrement lucrative”, selon le document.D’après les auditions des rescapés, le passage vers l’Angleterre leur était facturé entre 1.300 et 1.500 euros par personne.Quant aux deux pilotes présumés — qui nient avoir tenu ce rôle —, deux Soudanais qui avaient eux-mêmes débarqué quelques semaines plus tôt clandestinement sur l’île italienne de Lampedusa avant de rallier Calais, “leur rôle au sein de l’organisation de la filière d’immigration illégale doit être distingué du rôle central des passeurs”, ont estimé les magistrats.Fin juin, dans un dossier similaire, neuf passeurs, afghans pour la plupart, ont été condamnés à Lille à sept et huit ans d’emprisonnement pour un naufrage dans la Manche qui avait coûté la vie à huit candidats à l’exil en décembre 2022.Le drame le plus meurtrier connu à ce jour sur cette route migratoire, survenu en novembre 2021 avec 27 morts, n’a pas encore fait l’objet d’un procès.Celui qui s’ouvre mardi doit durer jusqu’au 18 novembre.