François Bayrou, l’estivant de Matignon

“A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies.” Sur le pont cet été à Matignon, François Bayrou s’échine à convaincre de la nécessité de son plan budgétaire, qui le place plus que jamais sous la menace d’une censure.Le Premier ministre a été reçu jeudi soir par Emmanuel Macron au Fort de Brégançon (Var). Une entente au beau fixe ? Depuis la présentation des grandes lignes du budget, le président “affirme davantage sa confiance dans le gouvernement”, glisse une source proche de Matignon.L’heure est clairement aux encouragements. François Bayrou “est mon ami… mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n’est pas habituel”, a expliqué Emmanuel Macron à Paris Match, espérant que son Premier ministre, le sixième depuis 2017, puisse rester jusqu’en 2027. Ce qui suppose de survivre aux velléités de censure de la gauche et du Rassemblement national.Oubliés, la nomination à Matignon un rien forcée en décembre, les signes perceptibles d’agacement à l’Élysée des premiers mois ? Le président a défendu le plan d’économies “lucide et courageux” de son Premier ministre, “longuement préparé ensemble”.La fameuse “co-responsabilité” théorisée par M. Bayrou ? “Je n’oublie jamais que le président de la République est l’élu de tous les Français. Aujourd’hui, les conditions de cette co-responsabilité sont mieux affirmées”, expose à l’AFP le Premier ministre. “Le président est responsable de la politique étrangère et de la politique de défense, et chacun des grands projets du gouvernement est discuté avec lui. Mais le gouvernement prend toute sa responsabilité.”Emmanuel Macron et son plus ancien allié ont partie liée. La France insoumise, qui déposera une motion de censure dès la reprise parlementaire prévue en septembre, continue de lier chute du gouvernement et démission du chef de l’État.La tâche s’annonce ardue. En présentant les grandes lignes d’un exercice budgétaire à plus de 43 milliards d’euros d’économies, François Bayrou a braqué les oppositions et les syndicats de salariés, par ailleurs échaudés par sa volonté de réformer à nouveau l’assurance chômage.Le Premier ministre n’a pas pris de vacances. Seulement quelques week-ends à Pau. Et s’est lancé, en pleine pause estivale, dans un exercice de persuasion de l’opinion, à renfort de vidéos Youtube et de podcasts. A Matignon, on se félicite du nombre et du “sérieux” des contributions reçues, par mail (3.650 messages) ou via l’application Agora (1.400 questions et environ 2.000 contributions), auxquelles le destinataire a promis de répondre.- Contribution “des plus fortunés” -“Je ne laisserai pas se durcir un conflit entre pouvoir et Français. C’est le contraire de ma philosophie. Donc l’enjeu, pour moi, est de faire passer le caractère nécessaire, inéluctable de l’effort. C’est un travail de conviction”, explique le Premier ministre.”Je crois que la conscience de la difficulté a commencé à apparaître. Mais l’idée que chacun est concerné, cette idée-là n’est pas encore acceptée”, ajoute-t-il cependant.L’attention s’est focalisée sur la suppression de deux jours fériés sans contrepartie rémunératrice, qui interroge jusque dans les rangs du MoDem et chez Renaissance.”Les mesures peuvent toutes être discutées. C’est d’ailleurs la fonction du débat parlementaire comme des négociations sociales. J’ai dit que j’étais prêt à entendre d’autres propositions; sur les jours fériés, par exemple, peut-être d’autres dates sont-elles possibles. Mais la seule chose pour moi qui n’est pas possible, c’est qu’on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement”, réaffirme le Premier ministre.Nouvelle étape la semaine prochaine. François Bayrou est attendu mardi à l’évènement de rentrée de la CFDT, puis à celui du Medef, avant une journée incertaine de blocage du pays prévue le 10 septembre.   Comme en début d’année, il lui faudra convaincre les socialistes. En juillet, M. Bayrou a évoqué “une contribution des plus fortunés”, à définir avec les parlementaires. Le sujet n’est “pas tranché”, explique le Premier ministre, qui avait marqué son désaccord, en 2017, avec la suppression de l’ISF. Mais contribution “il y aura. La justice est la condition de l’acceptation de cet effort. Autrement, je manquerais à mes engagements et à mes devoirs.”Sans cela, “même au sein de notre base à nous, ça ne tiendra pas”, explique un proche, qui ajoute une deuxième condition au succès de l’entreprise: “Qu’on ne se fasse pas lâcher par Macron en cours de route.”
“A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies.” Sur le pont cet été à Matignon, François Bayrou s’échine à convaincre de la nécessité de son plan budgétaire, qui le place plus que jamais sous la menace d’une censure.Le Premier ministre a été reçu jeudi soir par Emmanuel Macron au Fort de Brégançon (Var). Une entente au beau fixe ? Depuis la présentation des grandes lignes du budget, le président “affirme davantage sa confiance dans le gouvernement”, glisse une source proche de Matignon.L’heure est clairement aux encouragements. François Bayrou “est mon ami… mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n’est pas habituel”, a expliqué Emmanuel Macron à Paris Match, espérant que son Premier ministre, le sixième depuis 2017, puisse rester jusqu’en 2027. Ce qui suppose de survivre aux velléités de censure de la gauche et du Rassemblement national.Oubliés, la nomination à Matignon un rien forcée en décembre, les signes perceptibles d’agacement à l’Élysée des premiers mois ? Le président a défendu le plan d’économies “lucide et courageux” de son Premier ministre, “longuement préparé ensemble”.La fameuse “co-responsabilité” théorisée par M. Bayrou ? “Je n’oublie jamais que le président de la République est l’élu de tous les Français. Aujourd’hui, les conditions de cette co-responsabilité sont mieux affirmées”, expose à l’AFP le Premier ministre. “Le président est responsable de la politique étrangère et de la politique de défense, et chacun des grands projets du gouvernement est discuté avec lui. Mais le gouvernement prend toute sa responsabilité.”Emmanuel Macron et son plus ancien allié ont partie liée. La France insoumise, qui déposera une motion de censure dès la reprise parlementaire prévue en septembre, continue de lier chute du gouvernement et démission du chef de l’État.La tâche s’annonce ardue. En présentant les grandes lignes d’un exercice budgétaire à plus de 43 milliards d’euros d’économies, François Bayrou a braqué les oppositions et les syndicats de salariés, par ailleurs échaudés par sa volonté de réformer à nouveau l’assurance chômage.Le Premier ministre n’a pas pris de vacances. Seulement quelques week-ends à Pau. Et s’est lancé, en pleine pause estivale, dans un exercice de persuasion de l’opinion, à renfort de vidéos Youtube et de podcasts. A Matignon, on se félicite du nombre et du “sérieux” des contributions reçues, par mail (3.650 messages) ou via l’application Agora (1.400 questions et environ 2.000 contributions), auxquelles le destinataire a promis de répondre.- Contribution “des plus fortunés” -“Je ne laisserai pas se durcir un conflit entre pouvoir et Français. C’est le contraire de ma philosophie. Donc l’enjeu, pour moi, est de faire passer le caractère nécessaire, inéluctable de l’effort. C’est un travail de conviction”, explique le Premier ministre.”Je crois que la conscience de la difficulté a commencé à apparaître. Mais l’idée que chacun est concerné, cette idée-là n’est pas encore acceptée”, ajoute-t-il cependant.L’attention s’est focalisée sur la suppression de deux jours fériés sans contrepartie rémunératrice, qui interroge jusque dans les rangs du MoDem et chez Renaissance.”Les mesures peuvent toutes être discutées. C’est d’ailleurs la fonction du débat parlementaire comme des négociations sociales. J’ai dit que j’étais prêt à entendre d’autres propositions; sur les jours fériés, par exemple, peut-être d’autres dates sont-elles possibles. Mais la seule chose pour moi qui n’est pas possible, c’est qu’on renonce à la prise de conscience et à la volonté de sortir du piège infernal dans lequel nous sommes, celui du surendettement”, réaffirme le Premier ministre.Nouvelle étape la semaine prochaine. François Bayrou est attendu mardi à l’évènement de rentrée de la CFDT, puis à celui du Medef, avant une journée incertaine de blocage du pays prévue le 10 septembre.   Comme en début d’année, il lui faudra convaincre les socialistes. En juillet, M. Bayrou a évoqué “une contribution des plus fortunés”, à définir avec les parlementaires. Le sujet n’est “pas tranché”, explique le Premier ministre, qui avait marqué son désaccord, en 2017, avec la suppression de l’ISF. Mais contribution “il y aura. La justice est la condition de l’acceptation de cet effort. Autrement, je manquerais à mes engagements et à mes devoirs.”Sans cela, “même au sein de notre base à nous, ça ne tiendra pas”, explique un proche, qui ajoute une deuxième condition au succès de l’entreprise: “Qu’on ne se fasse pas lâcher par Macron en cours de route.”