En Guadeloupe, la montée en gamme du tourisme freinée par les réalités du terrain

Entre villas de luxe et hôtels-spa quatre étoiles, la Guadeloupe rêve d’un tourisme haut de gamme. Mais cette ambition se heurte à des faiblesses persistantes: infrastructures vieillissantes, coupures d’eau et d’électricité récurrentes, manque de formation et d’équipements, le tout sur fond de tensions sociales.L’effort de montée en gamme est bien réel pourtant. En 2023, le tourisme guadeloupéen a enregistré plus de 650.000 arrivées, encore largement porté par la clientèle hexagonale, selon le dernier bilan économique de l’Insee paru en juin.Le comité du tourisme des Îles de Guadeloupe (CTIG) mise désormais sur des visiteurs fortunés venus de l’étranger, moins sensibles à la flambée des prix des billets d’avion.”On sait qu’on a un réservoir de clientèles allemande ou suisse”, affirme Rodrigue Solitude, directeur par intérim du CTIG. Le cœur du marché étranger reste toutefois nord-américain, notamment canadien francophone, avec près de 40% des visiteurs étrangers selon l’Insee.Depuis 2020, la région, appuyée par des fonds européens, a renforcé son soutien à la montée en gamme de l’hébergement touristique, en finançant la rénovation de gîtes classés et le développement de projets hôteliers ambitieux.Le plus emblématique, un hôtel-spa sous l’enseigne Pullman du groupe Accor, est en construction au Moule, sur la côte atlantique, après avoir longtemps été à l’arrêt faute de financement. Un hôtel quatre étoile à destination de la clientèle d’affaire est aussi prévu près de l’aéroport international Maryse-Condé, qui doit être modernisé à l’horizon 2030.- Des services fragiles -“Il y a une montée en gamme nette sur les villas de luxe en Guadeloupe”, se réjouit Olivier Falise, directeur d’une agence de voyage spécialisée dans le haut de gamme.Mais l’offre peine encore à suivre la demande. Conciergerie, gastronomie, loisirs nocturnes parfois minés par des faits divers violents: plusieurs pans de l’expérience haut de gamme peinent à répondre aux standards internationaux.À ces failles s’ajoutent des handicaps structurels: coupures d’électricité, pannes d’eau courantes, plages parfois interdites à la baignade à cause de pollutions bactériologiques.”Tant qu’on n’aura pas d’eau, l’économie et le tourisme en pâtiront”, a averti mi-mars Patrick Vial-Collet, président de la chambre de commerce et d’industrie guadeloupéenne, lors d’une visite du ministre des Outre-mer Manuel Valls.Autre difficulté, pointée par les professionnels, la rareté de l’usage de l’anglais dans les services touristiques. “Cette clientèle est exigeante. Il ne faut pas la décevoir, ni survendre la destination si les services ne suivent pas”, reconnaît le CTIG.Enfin, la montée en gamme suscite des crispations locales. La construction de villas de luxe, concentrées sur le littoral, est accusée de faire grimper les prix de l’immobilier.À Capesterre-de-Marie-Galante, la hausse atteint 67% en cinq ans et à Saint-François, commune prisée du nord, 37% en cinq ans également, selon plusieurs baromètres immobiliers.Une tendance qui aggrave la pression foncière dans un territoire où plus de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté.L’essor de la plaisance n’est pas en reste mais faute d’infrastructures suffisantes, les bateaux s’accumulent dans les baies sans réglementation claire. À Bouillante, la commune a annoncé la création de 150 mouillages écologiques pour tenter d’endiguer la saturation.
Entre villas de luxe et hôtels-spa quatre étoiles, la Guadeloupe rêve d’un tourisme haut de gamme. Mais cette ambition se heurte à des faiblesses persistantes: infrastructures vieillissantes, coupures d’eau et d’électricité récurrentes, manque de formation et d’équipements, le tout sur fond de tensions sociales.L’effort de montée en gamme est bien réel pourtant. En 2023, le tourisme guadeloupéen a enregistré plus de 650.000 arrivées, encore largement porté par la clientèle hexagonale, selon le dernier bilan économique de l’Insee paru en juin.Le comité du tourisme des Îles de Guadeloupe (CTIG) mise désormais sur des visiteurs fortunés venus de l’étranger, moins sensibles à la flambée des prix des billets d’avion.”On sait qu’on a un réservoir de clientèles allemande ou suisse”, affirme Rodrigue Solitude, directeur par intérim du CTIG. Le cœur du marché étranger reste toutefois nord-américain, notamment canadien francophone, avec près de 40% des visiteurs étrangers selon l’Insee.Depuis 2020, la région, appuyée par des fonds européens, a renforcé son soutien à la montée en gamme de l’hébergement touristique, en finançant la rénovation de gîtes classés et le développement de projets hôteliers ambitieux.Le plus emblématique, un hôtel-spa sous l’enseigne Pullman du groupe Accor, est en construction au Moule, sur la côte atlantique, après avoir longtemps été à l’arrêt faute de financement. Un hôtel quatre étoile à destination de la clientèle d’affaire est aussi prévu près de l’aéroport international Maryse-Condé, qui doit être modernisé à l’horizon 2030.- Des services fragiles -“Il y a une montée en gamme nette sur les villas de luxe en Guadeloupe”, se réjouit Olivier Falise, directeur d’une agence de voyage spécialisée dans le haut de gamme.Mais l’offre peine encore à suivre la demande. Conciergerie, gastronomie, loisirs nocturnes parfois minés par des faits divers violents: plusieurs pans de l’expérience haut de gamme peinent à répondre aux standards internationaux.À ces failles s’ajoutent des handicaps structurels: coupures d’électricité, pannes d’eau courantes, plages parfois interdites à la baignade à cause de pollutions bactériologiques.”Tant qu’on n’aura pas d’eau, l’économie et le tourisme en pâtiront”, a averti mi-mars Patrick Vial-Collet, président de la chambre de commerce et d’industrie guadeloupéenne, lors d’une visite du ministre des Outre-mer Manuel Valls.Autre difficulté, pointée par les professionnels, la rareté de l’usage de l’anglais dans les services touristiques. “Cette clientèle est exigeante. Il ne faut pas la décevoir, ni survendre la destination si les services ne suivent pas”, reconnaît le CTIG.Enfin, la montée en gamme suscite des crispations locales. La construction de villas de luxe, concentrées sur le littoral, est accusée de faire grimper les prix de l’immobilier.À Capesterre-de-Marie-Galante, la hausse atteint 67% en cinq ans et à Saint-François, commune prisée du nord, 37% en cinq ans également, selon plusieurs baromètres immobiliers.Une tendance qui aggrave la pression foncière dans un territoire où plus de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté.L’essor de la plaisance n’est pas en reste mais faute d’infrastructures suffisantes, les bateaux s’accumulent dans les baies sans réglementation claire. À Bouillante, la commune a annoncé la création de 150 mouillages écologiques pour tenter d’endiguer la saturation.