Médecins du Monde, soutenue par d’autres associations, a annoncé lundi attaquer l’Etat pour son “inaction”, voire son obstruction”, relative aux “haltes soins addictions”, communément appelées “salles de shoot”, un dispositif dont l’avenir semble incertain.Créées en 2016, les deux “salles de consommation à moindre risque”, aujourd’hui nommées “haltes soins addictions” (HSA), existant en France, à Paris et Strasbourg, s’adressent aux personnes les plus démunies et exclues du système de soins. Leur expérimentation doit, en principe, s’achever fin 2025.Préoccupée par le sort de ce dispositif, l’ONG Médecins du Monde a décidé d’attaquer l’Etat français “pour inaction avec le lancement de deux recours en contentieux”, a déclaré Céline Debaulieu, sa référente en réduction des risques, devant la presse.”A visée nationale et cosigné par la Fédération Addictions”, “le premier (recours) porte sur la pérennisation des haltes soins addictions” et le second, “cosigné par AIDES, concerne Marseille, où il y a eu impossibilité en janvier 2024 d’aller au bout d’un projet de halte soins addictions”, a-t-elle détaillé.Pour les requérants, “l’inaction” des pouvoirs publics, “voire leur obstruction, face à la création de haltes soins addictions cause des préjudices et relève de la faute”, aux dépens de la santé des usagers et usagères de drogues.Après des “courriers amiables” au ministère de la Santé restés sans réponse dans le délai imparti, le premier recours, “en carence”, est “historique” sur ce sujet de santé publique, a affirmé Me Vincent Brengarth. “Le ministère de la Santé va devoir se justifier de sa politique” et l’espoir est ensuite d’obtenir “une décision du tribunal administratif” d’ici à “12 à 18 mois”, a précisé l’avocat, selon lequel le jugement national, à la “dimension symbolique importante”, pourrait faire “injonction de mesures précises”.Le second recours vise à obtenir “l’annulation du refus, implicite, de ne pas ouvrir de HSA à Marseille”, après “une obstruction politique”, a-t-il dit. Le juge pourrait “faire injonction au ministère d’ouvrir une HSA s’il estime un manquement caractérisé et, a minima, de réexaminer la demande”.- “Urgentissime” -Pour les associations à l’origine de la procédure, les haltes soins addictions ont “prouvé leur efficacité”: elles “offrent des services de soins, de suivi social, d’hébergement, et réduisent les risques liés à la consommation”.Elles font valoir que “divers rapports, y compris ceux demandés par le gouvernement”, le dernier à l’automne 2024, “soulignent la nécessité d’intégrer ce dispositif dans le droit commun”.Au regard du Code de la santé publique, ces haltes sont “l’un des dispositifs assurant le continuum de soins”, a noté Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addictions.Elles “réduisent les risques directement liés aux consommations mais aussi les conséquences médico-sociales de cette addiction sévère en situation de grande précarité”, a exposé le Dr Elisabeth Avril, directrice de l’association Gaïa, gestionnaire de la salle parisienne, évoquant aussi “une amélioration de la tranquillité publique”.”La sécurisation de l’espace public” fait partie des préoccupations des soignants défendant ces lieux, abonde Mme Delorme.A Marseille, bien que validé par différents acteurs sanitaires, dont l’Agence régionale de santé et l’AP-HM, le projet de halte soins addictions a fait les frais d'”une décision politique”, selon les requérants, pointant “un cas d’école” de “manquements”.En février 2024, la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, alors secrétaire d’Etat chargée de la Ville, s’était félicitée d’avoir “réussi à stopper l’installation d’une salle de shoot à Marseille”, a rappelé Mme Debaulieu.Or la deuxième ville de France connaît “une augmentation réellement préoccupante du nombre d’usagers de drogue de rue”, dont 1.500 à 2.000, “dans une situation dramatique”, dans le seul centre-ville, a déclaré lundi Antoine Henry, président de l’association Asud, lors d’une conférence de presse d’un collectif d’organisations défendant une salle phocéenne.Jugeant la situation “de plus en plus urgentissime”, Michèle Rubirola, première adjointe au maire de Marseille, chargée de la santé, a déclaré à l’AFP être “harcelée par la population qui dit +il y a des seringues partout en ville, qu’est-ce qu’on fait ?+”. “Si on avait fait la halte soins addiction, il y aurait moins de seringues, moins de gens dans la rue qui se piquent au vu des écoliers qui passent dans le centre-ville…”, a-t-elle estimé, déplorant la suspension après “une instrumentalisation d’opposants”.Il existe environ 80 haltes soins addictions en Europe, dont 24 en Allemagne. Chez nos voisins, a affirmé le Dr Avril, “ce n’est plus un débat, c’est un outil”.
Médecins du Monde, soutenue par d’autres associations, a annoncé lundi attaquer l’Etat pour son “inaction”, voire son obstruction”, relative aux “haltes soins addictions”, communément appelées “salles de shoot”, un dispositif dont l’avenir semble incertain.Créées en 2016, les deux “salles de consommation à moindre risque”, aujourd’hui nommées “haltes soins addictions” (HSA), existant en France, à Paris et Strasbourg, s’adressent aux personnes les plus démunies et exclues du système de soins. Leur expérimentation doit, en principe, s’achever fin 2025.Préoccupée par le sort de ce dispositif, l’ONG Médecins du Monde a décidé d’attaquer l’Etat français “pour inaction avec le lancement de deux recours en contentieux”, a déclaré Céline Debaulieu, sa référente en réduction des risques, devant la presse.”A visée nationale et cosigné par la Fédération Addictions”, “le premier (recours) porte sur la pérennisation des haltes soins addictions” et le second, “cosigné par AIDES, concerne Marseille, où il y a eu impossibilité en janvier 2024 d’aller au bout d’un projet de halte soins addictions”, a-t-elle détaillé.Pour les requérants, “l’inaction” des pouvoirs publics, “voire leur obstruction, face à la création de haltes soins addictions cause des préjudices et relève de la faute”, aux dépens de la santé des usagers et usagères de drogues.Après des “courriers amiables” au ministère de la Santé restés sans réponse dans le délai imparti, le premier recours, “en carence”, est “historique” sur ce sujet de santé publique, a affirmé Me Vincent Brengarth. “Le ministère de la Santé va devoir se justifier de sa politique” et l’espoir est ensuite d’obtenir “une décision du tribunal administratif” d’ici à “12 à 18 mois”, a précisé l’avocat, selon lequel le jugement national, à la “dimension symbolique importante”, pourrait faire “injonction de mesures précises”.Le second recours vise à obtenir “l’annulation du refus, implicite, de ne pas ouvrir de HSA à Marseille”, après “une obstruction politique”, a-t-il dit. Le juge pourrait “faire injonction au ministère d’ouvrir une HSA s’il estime un manquement caractérisé et, a minima, de réexaminer la demande”.- “Urgentissime” -Pour les associations à l’origine de la procédure, les haltes soins addictions ont “prouvé leur efficacité”: elles “offrent des services de soins, de suivi social, d’hébergement, et réduisent les risques liés à la consommation”.Elles font valoir que “divers rapports, y compris ceux demandés par le gouvernement”, le dernier à l’automne 2024, “soulignent la nécessité d’intégrer ce dispositif dans le droit commun”.Au regard du Code de la santé publique, ces haltes sont “l’un des dispositifs assurant le continuum de soins”, a noté Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addictions.Elles “réduisent les risques directement liés aux consommations mais aussi les conséquences médico-sociales de cette addiction sévère en situation de grande précarité”, a exposé le Dr Elisabeth Avril, directrice de l’association Gaïa, gestionnaire de la salle parisienne, évoquant aussi “une amélioration de la tranquillité publique”.”La sécurisation de l’espace public” fait partie des préoccupations des soignants défendant ces lieux, abonde Mme Delorme.A Marseille, bien que validé par différents acteurs sanitaires, dont l’Agence régionale de santé et l’AP-HM, le projet de halte soins addictions a fait les frais d'”une décision politique”, selon les requérants, pointant “un cas d’école” de “manquements”.En février 2024, la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, alors secrétaire d’Etat chargée de la Ville, s’était félicitée d’avoir “réussi à stopper l’installation d’une salle de shoot à Marseille”, a rappelé Mme Debaulieu.Or la deuxième ville de France connaît “une augmentation réellement préoccupante du nombre d’usagers de drogue de rue”, dont 1.500 à 2.000, “dans une situation dramatique”, dans le seul centre-ville, a déclaré lundi Antoine Henry, président de l’association Asud, lors d’une conférence de presse d’un collectif d’organisations défendant une salle phocéenne.Jugeant la situation “de plus en plus urgentissime”, Michèle Rubirola, première adjointe au maire de Marseille, chargée de la santé, a déclaré à l’AFP être “harcelée par la population qui dit +il y a des seringues partout en ville, qu’est-ce qu’on fait ?+”. “Si on avait fait la halte soins addiction, il y aurait moins de seringues, moins de gens dans la rue qui se piquent au vu des écoliers qui passent dans le centre-ville…”, a-t-elle estimé, déplorant la suspension après “une instrumentalisation d’opposants”.Il existe environ 80 haltes soins addictions en Europe, dont 24 en Allemagne. Chez nos voisins, a affirmé le Dr Avril, “ce n’est plus un débat, c’est un outil”.
