L’armée israélienne a appelé lundi à évacuer les habitants de plusieurs quartiers de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, laissant présager de nouveaux combats dans cette zone près de deux semaines après la reprise de son offensive contre le Hamas.Le porte-parole de l’armée en langue arabe, Avichay Adree, s’est adressé sur X aux habitants de vastes zones de Rafah et de la ville proche de Khan Younès.”L’armée israélienne revient pour combattre avec force afin d’éliminer les capacités des organisations terroristes dans ces zones. Pour votre sécurité, vous devez vous rendre immédiatement aux abris à Al-Mawasi”, au nord-ouest de Rafah, a-t-il déclaré.Des images tournées par l’AFP montrent de longues colonnes d’habitants fuyant à pied, à vélo ou dans des charrettes tirées par des ânes.”Une carte tout en rouge a été publiée aujourd’hui appelant à évacuer tout Rafah, et me voilà en train de marcher. Il n’y a pas de transport et je n’ai pas d’argent pour une voiture. Nous n’avons rien pris avec nous, nous avons tout laissé derrière”, a témoigné Ali Mansour, un habitant de la ville.Najah Dhahir, elle aussi de Rafah, fuyait à pied, son bébé de neuf mois dans les bras.”Nous avons pris nos enfants, nous avons laissé nos affaires, notre literie, notre nourriture, notre argent”, dit-elle.”Les gens sont brinquebalés au gré des ordres militaires incessants qui jouent avec leur destin et leur vie”, a déclaré lundi le chef de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini. “Comme si la mort, les maladies, les destructions et la faim ne suffisaient pas pour les Palestiniens de Gaza”, a-t-il écrit sur X.Rafah, une ville frontalière de l’Egypte où s’étaient réfugiés des centaines de milliers d’habitants de Gaza, avait déjà été la cible d’une offensive israélienne majeure il y a environ un an.Les troupes israéliennes sont repassées à l’offensive le 20 mars dans cette ville, deux jours après avoir rompu la trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier, pour contraindre le mouvement islamiste palestinien à libérer ses derniers otages.- “Passer à l’action” -Lundi, un responsable du Hamas a appelé “quiconque peut porter des armes” à combattre n’importe où le projet du président américain, Donald Trump, de déplacer les habitants de Gaza et prendre le contrôle du territoire.”Face à ce plan diabolique, qui combine massacres et famine, toute personne capable de porter une arme où que ce soit dans le monde doit passer à l’action”, a déclaré ce responsable, Sami Abou Zouhri. La veille, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait proposé de laisser les dirigeants du Hamas quitter Gaza à condition que le mouvement dépose les armes. Une telle hypothèse constitue une “ligne rouge” pour le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.M. Netanyahu a aussi indiqué qu’après la guerre Israël assurerait la sécurité à Gaza et “permettrait la mise en oeuvre du projet Trump”.Donald Trump avait soulevé un tollé international cet hiver en proposant que les 2,4 millions d’habitants de Gaza soient expulsés vers l’Egypte ou la Jordanie. Il a ensuite semblé faire marche arrière, déclarant qu’il “n’imposerait pas” ce projet.Les autorités israéliennes semblent cependant prendre au sérieux ce plan et “cela inquiète le Hamas, car son existence même repose sur le contrôle de Gaza”, selon Alan Mendoza, directeur exécutif de la Henry Jackson Society, un cercle de réflexion britannique. “Sans ce contrôle, le mouvement ne peut plus exister”, a-t-il expliqué à l’AFP. Depuis la reprise de l’offensive, 1.001 personnes ont été tuées à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, portant le bilan total à 50.357 morts depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste contre Israël le 7 octobre 2023.”Ces massacres sont commis sous les yeux du monde, contre des civils non armés et des déplacés sous leurs tentes”, a affirmé lundi le Hamas, condamnant “une politique d’extermination et de déplacement forcé”.Du côté israélien, l’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.218 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Mon, 31 Mar 2025 20:08:23 GMT
