Au procès libyen, la commission fantôme d’Alexandre Djouhri sur la vente d’Airbus

L’intermédiaire Alexandre Djouhri est-il intervenu dans la vente d’Airbus en 2006 à la Libye? A-t-il été payé pour cela? Le tribunal de Paris a tenté de déterminer mercredi et jeudi la réalité d’une commission de 15 millions d’euros et l’éventuelle corruption qui en aurait découlé.Il s’agit d’un volet distinct des soupçons de financement libyen concernant la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, sur laquelle le parquet financier reviendra à la fin du mois de mars dans ses réquisitions.Airbus a vendu 12 avions (trois A319, six A320 et trois A330) à la compagnie aérienne libyenne Afriqiyah Airways, selon un contrat signé à l’automne 2006 pour environ 800 millions d’euros.Alexandre Djouhri assure avoir œuvré à la réussite de ce contrat, ce que contestent plusieurs anciens responsables du groupe.Le tribunal s’intéresse à un virement de 2 millions d’euros qu’il a reçu en novembre 2006 sur un compte UBS à Singapour de la part de la société thaïlandaise Network, agent habituel d’Airbus, avec sur l’ordre de virement: “commission to friend”.L’avionneur a signé deux conventions judiciaires d’intérêt public (CJIP) et payé plus de 3,6 milliards d’euros – dont 15,9 millions d’euros en 2022 pour éviter des poursuites pénales pour des soupçons de corruption, notamment lors de la vente de ces appareils à la Libye. Mercredi, Alexandre Djouhri a affirmé à la barre que “les dirigeants” du groupe lui avaient demandé d’intervenir, face à la “concurrence féroce” de Boeing qui avait la préférence du fils de Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam Kadhafi. Il a déclaré avoir “convaincu” Bechir Saleh, président du fonds souverain Libya Africa Investment Portfolio (LAP) qui finançait l’opération, de choisir Airbus.- “Des amis”? -“J’ai fait le job de A à Z”, a-t-il répété, “j’ai toujours été bleu blanc rouge”. Il assure avoir notamment accompagné Bechir Saleh au siège d’Airbus à Toulouse.Pourquoi n’y a-t-il pas eu de contrat ? “Je faisais confiance, à ce niveau de deal c’était la parole plus que l’écrit”.Le tribunal insiste: qui lui a promis 15 millions ? “Les dirigeants”, “tous, c’est indivisible”, répète le prévenu, avant de citer Jean-Paul Gut, ancien directeur international d’EADS et Edouard Ullmo, ancien cadre d’Airbus. “Des amis, on était en toute convivialité. Je connaissais leurs enfants, ils connaissaient les miens”, selon M. Djouhri.Pourquoi alors tout le monde dit qu’il n’a rien fait ? C’est parce qu'”ils ont peur ! La police, une enquête, la presse pas favorable…”, réplique l’intermédiaire.En 2009, il a tenté d’obtenir les 13 millions d’euros restants auprès de la direction de l’avionneur. Claude Guéant est soupçonné d’être intervenu en sa faveur. L’ex-secrétaire général de l’Elysée, absent de l’audience pour raisons de santé, l’a réfuté pendant l’instruction.Edouard Ullmo, à l’époque chef des ventes Asie-Pacifique et Afrique chez Airbus, ainsi que “chairman” du bureau qui gérait les consultants, est aussi jugé, soupçonné d’avoir versé la commission dans le but in fine de graisser la patte de Bechir Saleh. Mais il dément avoir été “ami” avec Alexandre Djouhri. “Je ne lui ai jamais demandé de contacter Bechir Saleh, je n’ai jamais pris d’engagement auprès de lui”, assure-t-il.Les 2 millions ? “Je n’ai jamais demandé de faire ce virement”. Le dirigeant de Network, Sunate Burakasikorn, a pourtant déclaré avoir viré l’argent à la demande d’Edouard Ullmo.”On a mis mon nom dans cette procédure, je me demande bien pourquoi”, s’interroge jeudi le prévenu, sans pouvoir dire qui a ordonné le virement.Cité comme témoin, Noël Forgeard, co-président d’EADS entre l’été 2005 et l’été 2006 – soit avant les faits examinés – indique que lorsque la vente des Airbus avait été convenue en 2004, lors d’une visite de Jacques Chirac en Libye, Kadhafi avait demandé à ce qu’il n’y ait “pas de consultant”.En 2005, Jean-Paul Gut l’informe “d’interventions réitérées” auprès de lui pour prendre Alexandre Djouhri comme agent, raconte M. Forgeard. Les deux hommes, “méfiants” face à sa stratégie d’influence, décident de ne pas donner suite, en accord avec Edouard Ullmo.”Pour vous il n’y a eu aucun rôle d’Alexandre Djouhri dans ce contrat?”, lui demande la présidente. “Aucun”.
L’intermédiaire Alexandre Djouhri est-il intervenu dans la vente d’Airbus en 2006 à la Libye? A-t-il été payé pour cela? Le tribunal de Paris a tenté de déterminer mercredi et jeudi la réalité d’une commission de 15 millions d’euros et l’éventuelle corruption qui en aurait découlé.Il s’agit d’un volet distinct des soupçons de financement libyen concernant la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, sur laquelle le parquet financier reviendra à la fin du mois de mars dans ses réquisitions.Airbus a vendu 12 avions (trois A319, six A320 et trois A330) à la compagnie aérienne libyenne Afriqiyah Airways, selon un contrat signé à l’automne 2006 pour environ 800 millions d’euros.Alexandre Djouhri assure avoir œuvré à la réussite de ce contrat, ce que contestent plusieurs anciens responsables du groupe.Le tribunal s’intéresse à un virement de 2 millions d’euros qu’il a reçu en novembre 2006 sur un compte UBS à Singapour de la part de la société thaïlandaise Network, agent habituel d’Airbus, avec sur l’ordre de virement: “commission to friend”.L’avionneur a signé deux conventions judiciaires d’intérêt public (CJIP) et payé plus de 3,6 milliards d’euros – dont 15,9 millions d’euros en 2022 pour éviter des poursuites pénales pour des soupçons de corruption, notamment lors de la vente de ces appareils à la Libye. Mercredi, Alexandre Djouhri a affirmé à la barre que “les dirigeants” du groupe lui avaient demandé d’intervenir, face à la “concurrence féroce” de Boeing qui avait la préférence du fils de Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam Kadhafi. Il a déclaré avoir “convaincu” Bechir Saleh, président du fonds souverain Libya Africa Investment Portfolio (LAP) qui finançait l’opération, de choisir Airbus.- “Des amis”? -“J’ai fait le job de A à Z”, a-t-il répété, “j’ai toujours été bleu blanc rouge”. Il assure avoir notamment accompagné Bechir Saleh au siège d’Airbus à Toulouse.Pourquoi n’y a-t-il pas eu de contrat ? “Je faisais confiance, à ce niveau de deal c’était la parole plus que l’écrit”.Le tribunal insiste: qui lui a promis 15 millions ? “Les dirigeants”, “tous, c’est indivisible”, répète le prévenu, avant de citer Jean-Paul Gut, ancien directeur international d’EADS et Edouard Ullmo, ancien cadre d’Airbus. “Des amis, on était en toute convivialité. Je connaissais leurs enfants, ils connaissaient les miens”, selon M. Djouhri.Pourquoi alors tout le monde dit qu’il n’a rien fait ? C’est parce qu'”ils ont peur ! La police, une enquête, la presse pas favorable…”, réplique l’intermédiaire.En 2009, il a tenté d’obtenir les 13 millions d’euros restants auprès de la direction de l’avionneur. Claude Guéant est soupçonné d’être intervenu en sa faveur. L’ex-secrétaire général de l’Elysée, absent de l’audience pour raisons de santé, l’a réfuté pendant l’instruction.Edouard Ullmo, à l’époque chef des ventes Asie-Pacifique et Afrique chez Airbus, ainsi que “chairman” du bureau qui gérait les consultants, est aussi jugé, soupçonné d’avoir versé la commission dans le but in fine de graisser la patte de Bechir Saleh. Mais il dément avoir été “ami” avec Alexandre Djouhri. “Je ne lui ai jamais demandé de contacter Bechir Saleh, je n’ai jamais pris d’engagement auprès de lui”, assure-t-il.Les 2 millions ? “Je n’ai jamais demandé de faire ce virement”. Le dirigeant de Network, Sunate Burakasikorn, a pourtant déclaré avoir viré l’argent à la demande d’Edouard Ullmo.”On a mis mon nom dans cette procédure, je me demande bien pourquoi”, s’interroge jeudi le prévenu, sans pouvoir dire qui a ordonné le virement.Cité comme témoin, Noël Forgeard, co-président d’EADS entre l’été 2005 et l’été 2006 – soit avant les faits examinés – indique que lorsque la vente des Airbus avait été convenue en 2004, lors d’une visite de Jacques Chirac en Libye, Kadhafi avait demandé à ce qu’il n’y ait “pas de consultant”.En 2005, Jean-Paul Gut l’informe “d’interventions réitérées” auprès de lui pour prendre Alexandre Djouhri comme agent, raconte M. Forgeard. Les deux hommes, “méfiants” face à sa stratégie d’influence, décident de ne pas donner suite, en accord avec Edouard Ullmo.”Pour vous il n’y a eu aucun rôle d’Alexandre Djouhri dans ce contrat?”, lui demande la présidente. “Aucun”.