Présidence LR: Wauquiez déterre à son tour la hache de guerre

Le patron des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a taclé jeudi son rival Bruno Retailleau lors du lancement de sa campagne à la tête de la présidence de LR, en assurant que “la France a besoin d’un ministre de l’Intérieur à temps plein”.”J’ai tout fait pour qu’on reste en équipe”, a déclaré le patron des députés LR à Valence devant près de 350 personnes qui l’ont accueilli au cri de “Laurent président !” lors de son premier meeting de campagne mis sur pied en “trois jours” sur ses terres d’Auverge-Rhône-Alpes. “J’aurais tant aimé que jusqu’au bout on reste comme cela”, a-t-il déploré, en allusion à la décision la veille de Bruno Retailleau, en verve dans les sondages, de se lancer dans la course, ajoutant qu’en politique “il faut additionner et non diviser”.Laurent Wauquiez, au contraire, a plaidé pour la “complémentarité” entre le parti et les membres du gouvernement.”Notre mouvement a évidemment besoin de ministres totalement engagés à leur tâche pour obtenir les résultats qu’attendent les Français (et) d’un président qui donne toute son énergie et son temps à la refondation” de LR, a-t-il soutenu, se disant opposé à des primaires ouvertes à droite.  Au lendemain de l’annonce de la candidature du ministre de l’Intérieur, le chef des députés LR, chargé de mener à bien la refondation d’un parti qui a frôlé la disparition, a d’abord annoncé sa candidature dans un entretien accordé au Figaro. Il s’est ensuite rendu à Valence où il a distillé des petites piques contre son adversaire qui lui dispute une présidence qui peut le propulser dans la course à l’Elysée. “Je ne dois rien à François Bayrou. J’ai donc la liberté de porter la parole de la droite sans être lié par la solidarité gouvernementale”, a-t-il soutenu devant la presse, prenant clairement ses distances par rapport à l’exécutif et le camp macroniste. Promettant de “faire tout pour aider Bruno Retailleau à obtenir des résultats” à Beauvau s’il prend la tête des Républicains, Laurent Wauquiez assure que sa “première responsabilité” comme président de LR “sera de rassembler”.A l’issue d’un conseil stratégique où les deux candidats se sont retrouvés au petit matin au siège du parti, le ministre de l’Intérieur a rejeté les accusations du clan Wauquiez qui lui reproche de ne pas avoir respecté un accord passé entre les deux hommes sur la distribution des rôles, l’un prenant le parti et l’autre entrant au gouvernement. “Voter ce n’est pas diviser. La démocratie a été inventée pour éviter la guerre, avec des règles”, s’est défendu Bruno Retailleau à l’issue de la réunion, rappelant que son rival avait lui aussi essayé d’entrer au sein des exécutifs successifs de Michel Barnier et de François Bayrou.Bruno Retailleau espère surfer sur sa popularité pour s’emparer du parti, héritier du gaullisme et dépourvu de patron depuis la décision en juin de l’ancien président Eric Ciotti de faire alliance avec le RN aux législatives. – La bataille a commencé -Lors de la réunion du conseil stratégique, les deux candidats ont soigneusement évité de mettre de l’huile sur le feu, tout en lançant une première bataille autour du calendrier pour l’organisation du congrès qui devra désigner le nouveau président des Républicains.Une note de juristes a “préconisé” un délai de 90 jours pour la convocation du congrès et non celui de 45 jours qui figure dans les statuts. Les partisans de Bruno Retailleau étaient favorables à une accélération du processus, tandis que Laurent Wauquiez a défendu que le délai de 90 jours soit respecté. La haute autorité du parti s’est réunie dans la soirée afin de trancher pour que le processus électoral soit lancé dès dimanche, veille du bureau politique qui doit entériner la date du congrès, mais sa décision n’a pas encore été communiquée.”Elle va probablement préconiser un délai de 90 jours”, a affirmé un participant à l’issue de la réunion, estimant qu’elle ne peut se permettre de prendre le risque d’une bataille juridique qui retarderait tout le processus. Le congrès aurait donc lieu le 17 mai.Dans son intervention au conseil stratégique, le patron des députés a assuré que l’élection du président de LR ne devait pas être “l’antichambre de 2027”. Ce à quoi Bruno Retailleau a immédiatement répondu en disant qu’il était “d’accord”. “Je suis bien d’accord”, a insisté le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui a d’ores et déjà annoncé sa candidature à l’Elysée tout en soutenant la candidature Retailleau pour la présidence de LR.