Les présidents chinois Xi Jinping et américain Joe Biden se rencontrent samedi à Lima pour un ultime tête-à-tête officiel, après avoir tous deux averti la veille d’une ère de “turbulences” et de “changement” à venir, dans le contexte de la réélection de Donald Trump.Les dirigeants des deux superpuissances ont prévu de se voir à 16H00 locales (21H00 GMT) à l’hôtel où loge Xi Jinping depuis son arrivée jeudi dans la capitale péruvienne, hôte du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec), qui regroupe 21 pays réalisant 60% du PIB mondial. En amont de leur tête-à-tête, Joe Biden et Xi Jinping sont arrivés samedi au Centre de convention de Lima, pour participer dans la matinée à une “retraite”, session d’échanges à huis clos des dirigeants de l’Apec, parmi lesquels notamment ceux du Japon, du Canada, du Chili, d’Australie.Ouvrant la session, la présidente péruvienne Dana Boluarte a invité les dirigeants d’Asie-Pacifique à “préserver la pertinence” de l’Apec, la “renforcer face aux défis mondiaux que nous affrontons”.La réunion Biden-Xi sera leur troisième et dernière, avant que le démocrate de 81 ans ne cède la présidence en janvier à son successeur républicain. Selon des responsables américains, il s’agira de capitaliser sur la rencontre historique qui avait permis d’apaiser les tensions il y a un an, au même sommet annuel de l’Apec à San Francisco.Les relations entre Chine et Etats-Unis se sont détériorées ces dernières années, du fait de désaccords sur le commerce, le statut de Taïwan, les droits humains, ou la compétition technologique. Le dialogue bilatéral s’est cependant tant bien que mal maintenu.Le conseiller américain à la Sécurité nationale Jake Sullivan a souligné cette semaine “l’importance” de la rencontre entre les deux dirigeants, afin de “gérer la relation (bilatérale) dans cette délicate période de transition”.- Pas seulement un adieu -Selon M. Sullivan, les questions des tensions en mer de Chine méridionale et du maintien des lignes de communication — militaires notamment — devraient aussi être abordées. “Ce ne sera pas seulement une rencontre pour se dire adieu”, a-t-il assuré.Mais l’ombre de Donald Trump, qui a déjà nommé dans son équipe des tenants d’une ligne dure face à Pékin, devrait planer sur leurs échanges.Pendant sa campagne, le milliardaire a promis de protéger l’industrie américaine, menaçant d’imposer des droits de douane de 10 à 20% sur les produits importés et même de 60% pour ceux provenant de Chine.Lors de son premier mandat (2017-2021), il avait déjà profondément perturbé les relations économiques bilatérales, en initiant une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer une balance commerciale.Vendredi, Xi Jinping “a mis en garde contre la montée de l’unilatéralisme et du protectionnisme” et averti d’une hausse de “la fragmentation de l’économie mondiale”, dans un discours cité par l’agence Chine nouvelle et diffusé au sommet.Le monde est “entré dans une nouvelle période de turbulences et de transformation”, a-t-il prévenu.- “Niveaux d’incertitude” augmentés -Une inquiétude relayée par son homologue américain, qui s’est cependant efforcé de rassurer ses alliés de la région Pacifique, lors d’une de ses dernières interventions sur la scène internationale.”Nous avons maintenant atteint un moment de changement politique important”, a-t-il reconnu vendredi en rencontrant les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud, ajoutant que leur alliance tripartite était “construite pour durer”.L’incertitude ambiante, souligne auprès de l’AFP l’analyste péruvien en relations internationales Farid Kahhat, tient au fait que “si vous concluez un accord avec Biden, il ira probablement jusqu’au bout, le problème avec Trump, c’est qu’il est imprévisible, comme il s’en targue lui-même”.En ouvrant le sommet vendredi, Dina Boluarte a évoqué elle aussi les “différents défis qui (…) augmentent les niveaux d’incertitude pour l’avenir”.Après Lima, Joe Biden, comme Xi Jinping, se rendront au Brésil pour participer au G20.Au Brésil, Joe Biden visitera l’Amazonie, lors d’un déplacement à Manaus au coeur de l’immense forêt tropicale, et son engagement à “lutter contre le changement climatique”, selon Jake Sullivan. Là encore, un décalage avec Donald Trump, qui a retiré les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat lors de son premier mandat, et assuré vouloir faire de même lors du second.
Sat, 16 Nov 2024 16:49:32 GMT