Il n’y aura pas de duel d’anciens Premiers ministres pour s’emparer du parti du président: Élisabeth Borne s’est retirée mardi de la course à la tête de Renaissance pour une “candidature d’union” avec Gabriel Attal, qui conforte sa position de premier héritier, quoique rebelle, d’Emmanuel Macron.M. Attal a officialisé mardi soir sa candidature, dans une lettre aux adhérents du parti consultée par l’AFP.”Notre ambition, avec l’équipe qui m’accompagne et avec vous, militants, cœur battant de notre parti, est claire: rebâtir un parti d’idées, de terrain et de victoires”, écrit-il, rendant également hommage à Emmanuel Macron.Quelques heures auparavant, Elisabeth Borne avait annoncé son retrait au profit de son successeur à Matignon. Mettant un terme à une candidature qu’elle avait lancé dans un entretien accordé mi-août au Parisien, et qu’une grande majorité des cadres du parti jugeaient vouée à l’échec face à la popularité interne de M. Attal.”La division n’était pas une option”, “on est complémentaires”. “Qu’on puisse rassembler, jouer l’unité, c’est ce que les militants attendent de nous”, s’est justifiée Elisabeth Borne mardi soir sur LCP.Le Congrès de Renaissance est prévu les 23 et 24 novembre et l’élection du successeur de Stéphane Séjourné, récemment nommé commissaire européen, se tiendra le 7 décembre.Les candidats ont jusqu’à lundi pour déposer une liste pour l’élection du Conseil national. Lequel concourra, avec les présidents d’assemblées départementales, les membres du bureau exécutif du parti et ceux de l’Assemblée des territoires, à l’élection du nouveau secrétaire général.Mais il semble peu probable qu’une seconde liste vienne concurrencer celle du nouveau président du groupe macroniste à l’Assemblée.”Gabriel Attal et Élisabeth Borne ont fait le choix d’une candidature d’union et de rassemblement. Ni la situation de notre pays, ni celle de notre parti ne supporteraient la division”, écrivent les deux camps dans un communiqué commun.”Si les militants le confirment par leur vote, Gabriel Attal sera alors le secrétaire général de Renaissance. Élisabeth Borne sera présidente du Conseil national” (sorte de parlement du parti), selon le texte.Les deux anciens Premiers ministres d’Emmanuel Macron “s’engagent pour créer les conditions du rassemblement le plus large possible”.- “Fin du macronisme” -Mme Borne, qui vient de publier un livre sur son expérience à Matignon dans lequel elle n’épargne guère le président, avait reçu le soutien de plusieurs cadres du mouvement présidentiel comme les anciens ministres Aurore Bergé et Clément Beaune et l’ancien patron du groupe à l’Assemblée Sylvain Maillard.Surtout, la députée du Calvados avait d’emblée tenté de placer la pression sur son concurrent non déclaré en estimant qu’il n’était pas d'”usage” de cumuler les fonctions de premier dirigeant du parti et de président du groupe à l’Assemblée. Or Gabriel Attal s’est fait élire président du groupe macroniste en juillet. “Les deux fonctions sont très prenantes, je pense, qu’en responsabilité, il aura à prendre sa décision”, a fait valoir Elisabeth Borne sur LCP.”Je pense que ce n’est pas impossible qu’il (renonce à la présidence du groupe, ndlr) une fois élu, mais il ne le mettra jamais dans le deal”, expliquait lundi un soutien de M. Attal.L’entente au sommet porte également, selon plusieurs sources, sur la place accordée aux soutiens de Mme Borne au sein du futur bureau exécutif du parti.”On a obtenu un très bon accord. Au forceps. Un bon accord qui garantit une véritable représentation dans le parti”, assure un soutien de Mme Borne.Depuis plusieurs semaines, et malgré plusieurs rencontres de négociations, les deux dirigeants sillonnaient les fédérations du parti présidentiel, se succédant parfois dans un même lieu dans une sorte de jeu du chat et de la souris.Le ralliement de Mme Borne ôte un obstacle sur la route de Gabriel Attal, en froid avec Emmanuel Macron depuis la dissolution. L’Élysée avait déjà échoué à obtenir le report de l’élection à la présidence du groupe en juillet. Et avait tenté, sans aller jusqu’au bout, d’obtenir un report de ce Congrès.L’accord entre les deux anciens locataires de Matignon “correspond à la volonté d’union maintes fois réitérée par le président de la République, donc cela va dans le bon sens”, juge un conseiller de l’exécutif.Fondateur d’En Marche en 2016, devenu La République en marche en 2017, Emmanuel Macron est le président d’honneur de Renaissance, nouveau nom du parti depuis 2022.”Le fait qu’Attal prenne le parti et le groupe acte définitivement la fin du macronisme, et le début de l’attalisme”, résume un soutien de l’ancien Premier ministre.