L’Ukraine a affirmé jeudi que des soldats nord-coréens avaient été déployés dans la région russe de Koursk, où les troupes ukrainiennes contrôlent des centaines de kilomètres carrés, les Occidentaux craignant que leur participation aux combats n’entraîne une escalade majeure dans la guerre.Ces affirmations interviennent alors que les députés russes ont voté plus tôt dans la journée, à l’unanimité, la ratification du “traité sur le partenariat stratégique global” avec la Corée du Nord qui prévoit une assistance mutuelle en cas d’agression armée de la part d’un pays tiers.”Les premières unités de l’armée de la Corée du Nord, qui ont été formées sur des terrains d’entraînement de l’est de la Russie, sont déjà arrivées dans la zone de combat” entre l’Ukraine et la Russie, ont indiqué les services ukrainiens de renseignement militaire (GUR) dans un communiqué.”Le 23 octobre 2024″, soit mercredi, “leur apparition a été enregistrée dans la région (russe) de Koursk”, ont-ils ajouté.Interrogé sur le sujet, le président russe, Vladimir Poutine, qui a entrepris depuis 2022 un rapprochement diplomatique et militaire accéléré avec son homologue nord-coréen Kim Jong Un, a évité de répondre directement, préférant initialement critiquer le rôle des Occidentaux en Ukraine depuis 2014.”L’imagerie est une chose sérieuse, s’il y a des images (sur le déploiement de forces nord-coréennes en Russie), c’est qu’elles reflètent quelque chose…”, a-t-il ironisé. Et de lancer face aux journalistes: “Nous n’avons jamais douté que les Nord-Coréens prennent nos accords (de coopération, ndlr) au sérieux”.”Ce sont nos affaires”, a-t-il encore appuyé au moment d’évoquer l’article 4 du traité commun Russie-Corée du Nord, qui prévoit “une aide militaire immédiate” en cas d’agression armée de pays tiers. Ce traité entre la Russie et la Corée du Nord avait été signé le 19 juin durant une rare visite du président Poutine à Pyongyang, illustration de cette intensification des relations bilatérales. – “Pas les bras croisés” -Plus tôt jeudi, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol avait prévenu que son pays ne resterait “pas les bras croisés” face à un envoi de troupes nord-coréennes sur le sol russe, se disant même prêt à étudier “avec plus de souplesse” la possibilité de fournir des armes à l’Ukraine, “en fonction des actions des forces nord-coréennes”.Le Japon a lui jugé vendredi que ce déploiement s’ajoutait aux craintes “d’une nouvelle détérioration de la situation en Ukraine”. Il est “également très préoccupant du point de vue de son impact sur la sécurité de la région entourant le Japon”, a déclaré le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshimasa Hayashi.De son côté, la Corée du Nord nie fournir à la Russie des forces fraîches pour son assaut contre l’Ukraine, un représentant de Pyongyang à l’ONU parlant de “rumeur sans fondement”. Mais selon un porte-parole de la Maison Blanche, “entre le début et la mi-octobre, la Corée du Nord a déplacé au moins 3.000 soldats” dans l’est de la Russie, confirmant des informations initialement fournies par Séoul. Washington avait toutefois dit ne pas savoir s’ils allaient combattre aux côtés de l’armée russe en Ukraine, tout en estimant qu’il s’agissait d’une “possibilité très inquiétante”. Si c’est le cas, ces soldats seront des “cibles militaires légitimes”, avait prévenu le porte-parole américain.Les renseignements sud-coréens ont assuré la semaine dernière que la Corée du Nord avait décidé d’envoyer jusqu’à 12.000 soldats pour aider la Russie. Ces derniers mois, Pyongyang avait déjà été accusé par les Occidentaux de fournir quantités d’obus et de missiles à l’armée russe. – Vote unanime à Moscou -A Moscou, 397 députés de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, ont voté jeudi en faveur du “traité sur le partenariat stratégique global” entre Moscou et Pyongyang. Le texte doit être examiné le 6 novembre par la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, avant d’être signé, sans aucun doute, par Vladimir Poutine.Appelant à la mise en place d'”un système international multipolaire”, formule utilisée par Moscou pour contrer ce qu’elle appelle “l’hégémonie” des États-Unis, ce traité prévoit également “des efforts en vue d’une croissance des échanges commerciaux” et de “minimiser l’impact” de sanctions économiques pouvant être introduites par des pays tiers.Le vote de la Douma intervient le jour de la clôture à Kazan, en Russie, du sommet des Brics, groupe de neuf pays parfois présentés comme ceux du “Sud global”.En multipliant les rencontres bilatérales, Vladimir Poutine s’est employé à y faire la démonstration de l’échec de la politique d’isolement diplomatique et de sanctions économiques visant son pays.
Fri, 25 Oct 2024 03:43:54 GMT