Trente-cinq ans après sa création, le Vendée Globe reste le “sommet” de la course au large, affirme Titouan Lamazou, son premier vainqueur, dans un entretien à l’AFP. Après sa victoire en 1990, le navigateur avait vite renoué avec ses pinceaux et sa “vocation d’artiste”. À quelques jours du départ de l’édition 2024, il inaugure au musée d’art moderne et contemporain des Sables d’Olonne une exposition inspirée des paysages de Polynésie française, où il réside, hommage à la biodiversité terrestre et marine.QUESTION: Que reste-il aujourd’hui du premier Vendée Globe ? REPONSE: “Ses fondamentaux n’ont pas changé. La base, c’est un bateau propulsé par le vent et le navigateur. Tout se fait à la force des bras. Ils font le tour du monde, à peu près le même parcours. Ils sont seuls sur l’océan. En novembre 1989, huit jours avant le départ, personne n’était au courant, à part nous, nos familles, nos équipes. Il n’y avait évidemment pas de +village Vendée Globe+. L’engouement a commencé d’une façon incroyable, à l’arrivée. Pour moi ce devait être vers deux heures du matin. Il y avait plus de 5.000 personnes sur les quais: ça a eu une répercussion, un succès médiatique qui était inédit dans le monde de la course large. Et ça ne s’est, bizarrement, pas démenti. Aujourd’hui, il y a toutes sortes de compétitions mais le Vendée Globe est toujours considéré comme le sommet.” Q: En 35 ans, quelles ont été les principales évolutions ?R: “Il y a beaucoup plus de normes aujourd’hui, c’est dans l’air du temps. Le niveau de performance des voiliers et leur fiabilité sont sans comparaison. Mais ce qui a le plus changé, c’est la communication. Aujourd’hui, à bord d’un bateau du Vendée Globe, ils envoient des vidéos, font des carnets de bord pour les médias. De mon temps, le seul moyen de communication qu’on avait, c’était la radio. Ça marchait quand ça voulait bien marcher. Et ça m’allait très bien comme ça. Avant la première course, l’organisation s’était dit que sans communication, on allait nous oublier. On partait trois mois, cinq mois, on ne savait pas. L’idée a été émise que l’on passe près de certaines îles pour pouvoir jeter une cassette vidéo que l’on aurait tournée à bord. On avait dit à l’organisateur: +Si tu mets des points de passage, la course, tu la feras tout seul+.” Q: En 1990, vous avez remporté le Vendée Globe et la Route du Rhum en monocoque. Puis vous avez arrêté la compétition. Pourquoi ? R: “Je me suis découvert des dispositions de marin en navigant avec Eric Tabarly. J’ai eu envie d’être moi-même capitaine. J’ai alors cherché des sponsors, fait des courses, et j’en ai gagné un certain nombre. À partir de là, j’ai repris ma vie avec les pinceaux. La course au large a été un épisode très bref dans ma vie, mais très médiatisé. La seule épreuve dont je m’occupe aujourd’hui, c’est celle que j’ai créée avec mon amie Florence Arthaud, le trophée Jules Verne. Dans cette course-là, il n’y a pas de norme et c’est ça que l’on aimait. On peut y aller avec un navire de 100 mètres ou un bateau en papier”. Q: Avez-vous continuer à naviguer, après l’arrêt des compétitions ? R: “Occasionnellement, mais je n’ai jamais navigué pour le plaisir. Ça ne me viendrait pas à l’idée d’aller passer un week-end sur l’eau. Un bateau, c’est un outil pour aller d’un point à l’autre. De préférence de l’autre côté de l’océan”.
Tue, 22 Oct 2024 15:01:30 GMT