8-Mars: le collectif identitaire Némésis veut défiler et suscite un tollé

Le collectif Némésis, proche de l’extrême droite et habitué aux actions coup de poing, compte rejoindre samedi la manifestation parisienne du 8-Mars, suscitant la colère d’associations féministes qui jugent son combat identitaire incompatible avec la cause des femmes.Pour cette journée internationale des droits des femmes, Némésis, qui se revendique féministe, a pour mots d’ordre “la fin de l’immigration de masse”, “l’application des OQTF” (obligation de quitter le territoire français) et “la mise en place de mesures efficaces contre l’insécurité”.Sarah Knafo, du mouvement zemmouriste Reconquête!, compte bien les rejoindre. “La cause des femmes françaises nous appartient autant qu’à elles”, les organisatrices de la manifestation, assène l’eurodéputée auprès de l’AFP.Mais parmi les militantes des droits des femmes, ces présences annoncées ne passent pas. “On est très en colère, elles n’ont rien à faire dans cette manifestation”, dénonce Marie Moreau (un pseudonyme), de l’organisation féministe Nous Toutes.C’est un “collectif identitaire, raciste, xénophobe qui stigmatise les migrants comme étant les responsables des violences sexistes et sexuelles dans la société”, critique Myriam Lebkiri, de la CGT, accusant Némésis de “bordéliser (les) manifestations”.”Violeurs étrangers dehors”, “Libérez-nous de l’immigration”: avec ses slogans et pancartes, le collectif Némésis, du nom de la déesse grecque de la vengeance, lance des actions coups de poing depuis novembre 2019, notamment dans les cortèges féministes. Sur ses réseaux sociaux – avec environ 46.000 followers sur Instagram et 94.000 sur X -, l’association répertorie des affaires de violences sexuelles, insistant souvent sur la nationalité étrangère des suspects. Autre caisse de résonance, des médias comme Radio Courtoisie, CNews ou Europe 1, où intervient sa directrice, Alice Cordier (nom d’emprunt).- “Pas de percée” -Pour le politologue Jean-Yves Camus, ce “mouvement identitaire” suit une orientation politique opposée à la plupart des associations féministes, “de gauche et même très souvent de gauche radicale”.Ce spécialiste de l’extrême droite ne constate cependant “pas de percée” du groupe, qui revendique 300 militantes.”Le noyau dur est encore moins nombreux”, complète Magali Della Sudda, directrice de recherche au CNRS, pointant une “visibilité sur les réseaux sociaux et dans les médias inversement proportionnelle à leur capacité d’action dans la rue”.Fin septembre, à l’appel de ce mouvement, environ 500 personnes s’étaient réunies à Paris après le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans. Le suspect est un Marocain de 22 ans déjà condamné pour viol, en instance d’expulsion.”On est face à des hommes issus de sociétés ultra-patriarcales qu’on croise dans l’espace public, qui ne sont pas du tout assimilés, qui n’ont pas du tout la même vision de la femme que notre vision occidentale et ça se ressent via du harcèlement sexuel, via des agressions sexuelles”, assène auprès de l’AFP Alice Cordier, 27 ans, cofondatrice du collectif.L’extrême droite met en avant la part des mis en cause étrangers dans les violences sexuelles, qui s’est établie à près de 40% dans l’agglomération parisienne, selon le bilan de la délinquance 2024 de la préfecture de police. Au niveau national, selon des statistiques portant sur les violences sexuelles élucidées, 13% des mis en cause étaient de nationalité étrangère en 2023, d’après le ministère de l’Intérieur.Mais la mouvance identitaire omet de rappeler que les violences sexuelles sont très majoritairement commises dans un cadre familial ou amical: en France, 61% des victimes de ces actes ont déclaré connaître leur agresseur, d’après des chiffres officiels de 2022.Némésis, qui avait appelé à voter pour le RN au second tour des élections législatives de 2024, tente de surfer sur la “normalisation” des idées d’extrême droite, assure Myriam Lebkiri. En janvier, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait salué le “combat” d’Alice Cordier, disant en être “très proche”, avant de rétropédaler. Samedi, il a toutefois assuré le collectif, sans citer son nom cependant, de son soutien sur X, accusant les organisatrices des principales manifestations prévues en France pour le 8-Mars du “pire des sectarismes” et d’user de méthodes “néototalitaires”.Alice Cordier dit, elle, avoir rejoint récemment Les Républicains. Pourtant, l’opposition du collectif “à l’immigration non occidentale et à l’islam” le range du côté de l’extrême droite, assure Magali Della Sudda, autrice de “Les nouvelles femmes de droite” (éd. Hors d’atteinte). La chercheuse parle de “fémonationalistes”, une “contraction de féminisme et de nationalisme”.”On est une association spécialisée sur les violences faites aux femmes, notamment dans l’espace public”, se défend Alice Cordier.Mais pour la porte-parole d’Osez le féminisme ! Elsa Labouret, “ce n’est pas parce qu’un groupe se dit féministe qu’il l’est, et ce n’est pas en réutilisant le langage du féminisme qu’il peut prétendre défendre vraiment les femmes”.  
Le collectif Némésis, proche de l’extrême droite et habitué aux actions coup de poing, compte rejoindre samedi la manifestation parisienne du 8-Mars, suscitant la colère d’associations féministes qui jugent son combat identitaire incompatible avec la cause des femmes.Pour cette journée internationale des droits des femmes, Némésis, qui se revendique féministe, a pour mots d’ordre “la fin de l’immigration de masse”, “l’application des OQTF” (obligation de quitter le territoire français) et “la mise en place de mesures efficaces contre l’insécurité”.Sarah Knafo, du mouvement zemmouriste Reconquête!, compte bien les rejoindre. “La cause des femmes françaises nous appartient autant qu’à elles”, les organisatrices de la manifestation, assène l’eurodéputée auprès de l’AFP.Mais parmi les militantes des droits des femmes, ces présences annoncées ne passent pas. “On est très en colère, elles n’ont rien à faire dans cette manifestation”, dénonce Marie Moreau (un pseudonyme), de l’organisation féministe Nous Toutes.C’est un “collectif identitaire, raciste, xénophobe qui stigmatise les migrants comme étant les responsables des violences sexistes et sexuelles dans la société”, critique Myriam Lebkiri, de la CGT, accusant Némésis de “bordéliser (les) manifestations”.”Violeurs étrangers dehors”, “Libérez-nous de l’immigration”: avec ses slogans et pancartes, le collectif Némésis, du nom de la déesse grecque de la vengeance, lance des actions coups de poing depuis novembre 2019, notamment dans les cortèges féministes. Sur ses réseaux sociaux – avec environ 46.000 followers sur Instagram et 94.000 sur X -, l’association répertorie des affaires de violences sexuelles, insistant souvent sur la nationalité étrangère des suspects. Autre caisse de résonance, des médias comme Radio Courtoisie, CNews ou Europe 1, où intervient sa directrice, Alice Cordier (nom d’emprunt).- “Pas de percée” -Pour le politologue Jean-Yves Camus, ce “mouvement identitaire” suit une orientation politique opposée à la plupart des associations féministes, “de gauche et même très souvent de gauche radicale”.Ce spécialiste de l’extrême droite ne constate cependant “pas de percée” du groupe, qui revendique 300 militantes.”Le noyau dur est encore moins nombreux”, complète Magali Della Sudda, directrice de recherche au CNRS, pointant une “visibilité sur les réseaux sociaux et dans les médias inversement proportionnelle à leur capacité d’action dans la rue”.Fin septembre, à l’appel de ce mouvement, environ 500 personnes s’étaient réunies à Paris après le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans. Le suspect est un Marocain de 22 ans déjà condamné pour viol, en instance d’expulsion.”On est face à des hommes issus de sociétés ultra-patriarcales qu’on croise dans l’espace public, qui ne sont pas du tout assimilés, qui n’ont pas du tout la même vision de la femme que notre vision occidentale et ça se ressent via du harcèlement sexuel, via des agressions sexuelles”, assène auprès de l’AFP Alice Cordier, 27 ans, cofondatrice du collectif.L’extrême droite met en avant la part des mis en cause étrangers dans les violences sexuelles, qui s’est établie à près de 40% dans l’agglomération parisienne, selon le bilan de la délinquance 2024 de la préfecture de police. Au niveau national, selon des statistiques portant sur les violences sexuelles élucidées, 13% des mis en cause étaient de nationalité étrangère en 2023, d’après le ministère de l’Intérieur.Mais la mouvance identitaire omet de rappeler que les violences sexuelles sont très majoritairement commises dans un cadre familial ou amical: en France, 61% des victimes de ces actes ont déclaré connaître leur agresseur, d’après des chiffres officiels de 2022.Némésis, qui avait appelé à voter pour le RN au second tour des élections législatives de 2024, tente de surfer sur la “normalisation” des idées d’extrême droite, assure Myriam Lebkiri. En janvier, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait salué le “combat” d’Alice Cordier, disant en être “très proche”, avant de rétropédaler. Samedi, il a toutefois assuré le collectif, sans citer son nom cependant, de son soutien sur X, accusant les organisatrices des principales manifestations prévues en France pour le 8-Mars du “pire des sectarismes” et d’user de méthodes “néototalitaires”.Alice Cordier dit, elle, avoir rejoint récemment Les Républicains. Pourtant, l’opposition du collectif “à l’immigration non occidentale et à l’islam” le range du côté de l’extrême droite, assure Magali Della Sudda, autrice de “Les nouvelles femmes de droite” (éd. Hors d’atteinte). La chercheuse parle de “fémonationalistes”, une “contraction de féminisme et de nationalisme”.”On est une association spécialisée sur les violences faites aux femmes, notamment dans l’espace public”, se défend Alice Cordier.Mais pour la porte-parole d’Osez le féminisme ! Elsa Labouret, “ce n’est pas parce qu’un groupe se dit féministe qu’il l’est, et ce n’est pas en réutilisant le langage du féminisme qu’il peut prétendre défendre vraiment les femmes”.