Mondial: un "record historique" en finale pour couronner de bonnes audiences

Des supporters français regardent la finale de la Coupe du monde de foot au Qatar entre l'Argentine et la France à La Baule, dans l'ouest de la France, le 18 décembre 2022

Un “record historique” pour la finale perdue par les Bleus au terme d’un tournoi exceptionnellement joué en hiver et dont les audiences ont monté crescendo: les téléspectateurs français ont répondu présent pour le Mondial-2022, loin des appels au boycott qui l’avaient précédé.

Dimanche entre 16h00 et 19h00, la finale d’anthologie remportée aux tirs au but par l’Argentine (3-3, 4 t.a.b à 2) a été regardée par 24,08 millions de personnes sur TF1. 

C’est un “record historique d’audience” pour la télévision française, “tous programmes et chaînes confondus”, s’est félicitée la chaîne lundi. Cela veut dire qu’il n’y avait jamais eu autant de monde pour regarder un événement sur une même chaîne dans l’histoire de la télé hexagonale.

Avec une part d’audience de 81%, plus de 8 téléspectateurs sur 10 qui regardaient la télévision à ce moment-là étaient devant TF1. L’audience a même atteint un pic de 29,4 millions de téléspectateurs pour les tirs au but, selon la chaîne.

Ces chiffres sont toutefois à relativiser puisque Médiamétrie a élargi depuis 2020 la mesure des audiences “hors domicile”.

– Bars –

Cette catégorie, qui comptabilisait déjà les téléspectateurs en train de regarder une émission chez des amis ou sur des écrans connectés à internet hors de chez eux, prend désormais aussi en compte l’audience réalisée dans les bars, les hôtels, etc… Cela n’était pas le cas pour les précédentes Coupes du monde de football.

Selon Médiamétrie, l’ensemble du “hors domicile” a représenté dimanche 6 millions de téléspectateurs, soit 24% de l’audience totale de la finale, diffusée gratuitement sur TF1 et de manière payante par beIN Sports.

Le précédent record remontait à la demi-finale du Mondial-2006 Portugal-France, avec 22,2 millions de téléspectateurs sur TF1. Mais cela ne prenait pas en compte l’intégralité du “hors domicile” (à commencer par les bars).

“Hors domicile” ou pas, l’audience de la finale reste impressionnante. D’autant que “le paysage audiovisuel n’a plus rien à voir avec ce qu’il était en 2006”, estime l’analyste Philippe Bailly, du cabinet NPA Conseil.

“A l’époque, la TNT venait de démarrer: pour trois quarts des Français, l’offre audiovisuelle se limitait aux 5 chaînes historiques”, poursuit-il.

A l’inverse, en 2022, “ceux qui n’aiment pas le foot avaient mille autres manières de regarder un programme s’ils voulaient regarder la télé: cela valorise encore plus la performance” de cette finale, argumente cet expert.

Outre la finale, TF1 a enchaîné les performances d’audience durant cette compétition au Qatar, malgré les appels au boycott.

Selon la chaîne, les 28 matches qu’elle a diffusés ont attiré en moyenne 8,7 millions de téléspectateurs chacun. Les huit matchs des Bleus, eux, ont été regardés en moyenne par 16,2 millions de téléspectateurs chacun (20,69 millions pour la victoire 2-0 contre le Maroc 2-0 en demi-finale).

“Il y a pas eu d’effet boycott”, commente M. Bailly.

– “Effet de rareté” –

En outre, le fait que ce Mondial ait exceptionnellement eu lieu en hiver a “plutôt boosté les audiences” puisque les températures ont incité les téléspectateurs à rester chez eux, ajoute-t-il.

Plus largement, ces bonnes audiences sont riches d’enseignements à l’heure où l’on s’interroge sur l’avenir de la télé face aux plateformes à la demande, juge l’analyste.

“Il reste au moins un univers où la télévision touche son public: c’est tout ce qui se vit en direct, qui est de l’ordre de l’événement”, selon M. Bailly.

Dans le cas d’un Mondial, les audiences télé bénéficient aussi de “l’effet de rareté”, puisque cette compétition n’a lieu que tous les 4 ans.

Selon Philippe Bailly, cet argument plaide contre la création de nouvelles compétitions et contre le raccourcissement parfois évoqué du délai entre deux Coupes du monde.

“La rareté est une valeur”, fait-il valoir. “La diluer pour essayer de maximiser à court terme le volume de droits empochés, c’est prendre le risque de dévaloriser à long terme l’ensemble de la discipline”.